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Décision de télécom CRTC 2004-68
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Ottawa, le 21 octobre 2004 |
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Suivi de la décision de télécom 2003-76 : Rogers Wireless Inc. c.
TELUS Communications Inc. - Arrangements d'acheminement du trafic
interurbain
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Référence : 8638-C12-200317918 |
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Dans la présente décision, un suivi de
la décision Rogers Wireless Inc. c. TELUS Communications Inc.
- Arrangements d'acheminement du trafic interurbain, Décision de
télécom CRTC 2003-76,
7 novembre 2003, le Conseil ordonne à TELUS Communications Inc.
(TCI) d'offrir aux fournisseurs de services sans fil (FSSF) un nouveau
service optionnel de circuits bidirectionnels. Cette nouvelle option
permettrait aux FSSF de regrouper le trafic interurbain d'arrivée
et le trafic local sur des circuits locaux reliant le point d'interconnexion
des FSSF et les commutateurs locaux de TCI. |
1. |
Dans la décision Rogers Wireless Inc.
c. TELUS Communications Inc. - Arrangements d'acheminement du
trafic interurbain, Décision de télécom CRTC 2003-76,
7 novembre 2003 (la décision 2003-76),
le Conseil a ordonné à TELUS Communications Inc. (TCI) de justifier
pourquoi il n'y aurait pas lieu de déposer un tarif à l'égard d'un
service optionnel de circuits bidirectionnels qui permettrait aux
fournisseurs de services sans fil (FSSF) de regrouper le trafic interurbain
d'arrivée et le trafic local sur des circuits locaux reliant le point
d'interconnexion des FSSF et les commutateurs locaux de TCI (l'option
d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain). Le Conseil
a également ordonné à TCI de déposer un projet de tarif à l'égard
de ce service. |
2. |
Conformément aux directives données par le
Conseil, TCI a déposé des observations le 27 novembre 2003. Rogers
Wireless Inc. (RWI) a déposé des observations en réplique le
8 décembre 2003. |
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Historique
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3. |
Pour établir la communication des appels
locaux et interurbains en provenance et à destination des abonnés du
téléphone sans fil, les FSSF doivent se raccorder à d'autres
entreprises. Lorsque le service cellulaire a fait son entrée au Canada
au milieu des années 1980, les FSSF s'interconnectaient aux entreprises
de services locaux simplement à l'aide de raccordements côté ligne. Plus
récemment, les FSSF ont obtenu accès à des raccordements côté circuit.
Contrairement à l'accès côté ligne, l'accès côté circuit sert
exclusivement à interconnecter les entreprises. Cet accès offre
également des capacités de signalisation par canal sémaphore no 7
(CCS7). Les circuits peuvent être unidirectionnels ou bidirectionnels.
Les circuits unidirectionnels permettent à une entreprise interconnectée
d'acheminer ou de recevoir des appels sur le réseau de l'autre
entreprise, tandis que les circuits bidirectionnels permettent aux deux
entreprises interconnectées d'utiliser indistinctement le réseau de
l'une ou de l'autre pour acheminer et recevoir des appels. |
4. |
Le 18 mars 2003, lorsqu'elle a présenté sa
demande, RWI a fait valoir que TCI insistait pour utiliser des circuits
unidirectionnels distincts pour acheminer son trafic interurbain dans le
réseau de RWI. RWI a demandé, entre autres, que le Conseil ordonne à TCI
de fournir l'option d'acheminement bidirectionnel du trafic
local/interurbain. |
5. |
Dans la décision 2003-76,
le Conseil n'a pris aucune décision définitive concernant cette demande,
mais il a amorcé une instance de justification. |
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Position des parties
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Observations de TCI
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6. |
TCI a fait valoir que l'avis Modalités
définitives de la fourniture de l'accès côté réseau et de la
signalisation par canal sémaphore no 7 aux fournisseurs
de services sans fil, Avis public Télécom CRTC 98-15,
9 juillet 1998, qui a conduit à l'ordonnance CRTC 2000-395,
12 mai 2000 (l'ordonnance 2000-395),
avait pour objectif principal d'établir les modalités et les conditions
définitives de l'interconnexion sans fil côté circuit par canal sémaphore
no 7. Voilà pourquoi TCI estime que le Conseil ne
devrait pas lui enjoindre de développer des services supplémentaires
uniquement parce qu'un FSSF le demande et elle a fait valoir que le
développement de services devait se faire à l'intérieur du cadre établi
par le Conseil, et non de manière ponctuelle et imprévisible. |
7. |
TCI a fait valoir que la décision 2003-76
ne renferme aucune explication permettant de justifier l'introduction
d'un nouveau service de circuits optionnels pour les FSSF dans le
territoire de TCI. |
8. |
TCI a souligné que le Conseil faisait remarquer
dans la décision 2003-76
qu'ailleurs au pays, des entreprises de services locaux titulaires
(ESLT) offraient à des FSSF les arrangements demandés par RWI. TCI
a fait valoir que cela ne justifiait pas l'introduction de l'option
d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain. |
9. |
TCI a affirmé que le Conseil s'était prononcé
sur cette question dans l'ordonnance 2000-395.
La compagnie a fait valoir que lui ordonner d'offrir l'arrangement
de raccordement conclu par d'autres ESLT constituerait une révision
et une modification de l'ordonnance 2000-395
au sujet desquelles il faudrait que toutes les parties intéressées
puissent présenter leurs observations. |
10. |
TCI a en outre fait valoir que rien dans
l'ordonnance 2000-395
ne justifiait que l'uniformité pour la simple uniformité soit imposée. |
11. |
TCI a fait remarquer que dans la décision
2003-76,
le Conseil a souligné qu'un raccordement bidirectionnel côté circuit
au commutateur local qui transporte à la fois le trafic local et le
trafic interurbain au moyen des mêmes installations pouvait être plus
rentable qu'un raccordement unidirectionnel côté circuit. TCI a fait
valoir que la rentabilité du type de raccordement dépend de nombreux
paramètres autres que ceux liés à l'orientation (unidirectionnelle
c. bidirectionnelle) des groupes de circuits. TCI a soutenu que dans
le cas des grands groupes de circuits, le circuit bidirectionnel permet
un gain en efficience négligeable par rapport au circuit unidirectionnel,
et qu'il faut évaluer les gains en efficience d'un groupe de circuits
par rapport à l'efficience globale du réseau. TCI a fait valoir que
dans le cas de la proposition de RWI, les raccordements à différents
centraux pourraient devoir être augmentés, et elle a soutenu que malgré
un gain en efficience négligeable réalisé dans le niveau des circuits
locaux, RWI et TCI souffriraient d'un problème général d'efficience
dans le réseau de transport. |
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Observations en réplique de RWI
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12. |
Fortement en désaccord avec TCI, RWI a fait
valoir que dans la décision 2003-76,
le Conseil avait clairement justifié l'introduction de l'option
d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain. RWI a fait
valoir que, selon le Conseil, la fourniture de l'option d'acheminement
bidirectionnel du trafic local/interurbain améliorerait les services
de gestion des appels pour les clients, et accroîtrait l'efficience
des arrangements d'interconnexion pour les FSSF. RWI a fait valoir
que ces deux résultats serviraient l'intérêt public et seraient conformes
à des décisions antérieures concernant les arrangements d'interconnexion
des FSSF. |
13. |
RWI a fait valoir que dans l'ordonnance
2000-395, le Conseil
avait conclu qu'en matière d'acheminement du trafic interurbain, les
FSSF devaient avoir accès à des arrangements optionnels. RWI a également
fait valoir que dans la décision 2003-76,
le Conseil avait simplement précisé que ces arrangements optionnels
devraient inclure l'acheminement du trafic interurbain au moyen des
raccordements bidirectionnels côté circuit utilisés pour acheminer
le trafic local des FSSF, parce que cette forme d'interconnexion serait
plus efficiente et plus attrayante pour le client. |
14. |
RWI a désapprouvé l'affirmation de TCI selon
laquelle les FSSF n'avaient pas droit à l'option d'acheminement bidirectionnel
du trafic local/interurbain parce qu'ils s'interconnectaient à titre
de « client » et non de « coentreprise », et elle
a affirmé que le Conseil avait déjà conclu que les FSSF avaient droit
à des arrangements d'interconnexion efficients. RWI a fait valoir
que dans la décision 2003-76,
le Conseil avait convenu avec RWI que l'option d'acheminement bidirectionnel
du trafic local/interurbain était une forme d'interconnexion plus
efficiente que les arrangements actuellement offerts par TCI. Par
conséquent, contrairement à ce que TCI a affirmé, les FSSF avaient
droit, selon RWI, à l'option d'acheminement bidirectionnel du trafic
local/interurbain et qu'ils ne devraient pas être obligés de se transformer
en entreprise de services locaux concurrente (ESLC) pour avoir accès
à cette option dans le territoire d'exploitation de TCI. Selon
RWI, le fait que des ESLT offraient ce service à des FSSF ailleurs
au pays constituait une preuve supplémentaire. RWI a affirmé que les
autres ESLT ne considéraient pas l'option d'acheminement bidirectionnel
du trafic local/interurbain comme un service réservé exclusivement
aux ESLC. |
15. |
RWI a fait remarquer que selon TCI, RWI et
TCI souffriraient toutes deux d'un problème général d'efficience dans le
réseau de transport et que tout gain éventuel en efficience serait
négligeable. RWI a fait valoir que les affirmations de TCI ne sont pas
fondées et que le Conseil ne devrait donc pas en tenir compte. Elle a en
outre fait remarquer qu'elle avait déjà prouvé que l'arrangement actuel
imposé par TCI est plus coûteux que l'option d'acheminement
bidirectionnel du trafic local/interurbain. |
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Analyse et conclusion du Conseil
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16. |
En ce qui a trait à l'argument de TCI concernant
le caractère définitif des modalités et des conditions établies dans
l'ordonnance 2000-395,
le Conseil fait remarquer qu'en enjoignant à TCI d'offrir l'option
d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain, le Conseil
ne rajusterait pas rétroactivement de modalités et de conditions obligatoires
à l'égard de l'interconnexion côté circuit, mais qu'il obligerait
plutôt TCI à offrir à l'avenir un service supplémentaire. Le Conseil
fait également observer que la question de savoir si TCI devrait offrir
ce service a fait l'objet d'une instance publique dans le cadre de
laquelle TCI a eu l'occasion de s'exprimer. |
17. |
Le Conseil fait remarquer que TCI a fait
valoir que rien dans l'ordonnance 2000-395
ne justifie qu'il faille imposer l'uniformité pour l'uniformité.
Par conséquent, TCI a maintenu que l'obligation qu'il lui ferait d'offrir
les arrangements de raccordement conclus par d'autres ESLT constituerait
une révision et une modification de l'ordonnance 2000-395. |
18. |
TCI a dit estimer également que l'observation
du Conseil, dans la décision 2003-76,
selon laquelle l'option d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain
était offerte à des FSSF par d'autres ESLT, ne justifiait pas
l'introduction de la nouvelle option. |
19. |
Le Conseil fait remarquer qu'il n'a pas
utilisé cette observation pour justifier l'introduction de la nouvelle
option, mais qu'il a simplement indiqué que d'autres entreprises
jugeaient l'option possible sur le plan technique. |
20. |
De plus, l'obligation imposée à TCI
d'offrir l'option d'acheminement bidirectionnel du trafic
local/interurbain ne le serait pas par souci d'uniformisation pas plus
qu'elle ne signifierait pas l'établissement d'un tarif national uniforme
pour l'interconnexion avec les FSSF. En fait, les tarifs de TCI
applicables à l'option d'acheminement bidirectionnel du trafic
local/interurbain dépendraient des coûts et des caractéristiques des
réseaux de TCI figurant dans le tarif de TCI. |
21. |
Compte tenu de ce qui précède, le Conseil
estime que contrairement à ce que TCI soutient, obliger TCI à offrir
l'option d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain
n'équivaut ni à une révision ni à une modification de l'ordonnance
2000-395. |
22. |
Le Conseil prend note des affirmations de
TCI selon lesquelles le gain en efficience associé au circuit
bidirectionnel par rapport au circuit unidirectionnel est négligeable et
que RWI, tout comme TCI, souffriraient d'un problème général
d'efficience dans le réseau de transport. Le Conseil fait remarquer que
RWI est tout à fait en désaccord. |
23. |
Le Conseil fait remarquer que dans la décision
2003-76,
il a indiqué que l'option d'acheminement bidirectionnel du trafic
local/interurbain pourrait être plus rentable. À son avis, l'option
d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain offerte
aux FSSF était que ces derniers devraient pouvoir choisir les solutions
d'interconnexion les plus rentables et qu'il « serait dans l'intérêt
public et conforme à la décision 84-10
d'élargir la gamme d'options offertes en matière d'interconnexion
aux FSSF désirant une capacité CCS7 et de promouvoir les possibilités
visant à améliorer l'efficacité des réseaux ». |
24. |
Le Conseil a également fait observer dans
la décision 2003-76
que les circuits bidirectionnels permettaient d'éliminer la congestion
puisque le trafic est réacheminé à un autre groupe de circuits tant
que des circuits supplémentaires ne sont pas ajoutés au groupe de
circuits bidirectionnels. Le Conseil est d'avis que l'efficience du
réseau s'en trouve ainsi améliorée. |
25. |
Le Conseil estime que l'option
d'acheminement bidirectionnel du trafic local/interurbain permet
d'améliorer les services de gestion des appels pour les clients et offre
des arrangements d'interconnexion plus efficients, ce qui est dans
l'intérêt public. |
26. |
Par conséquent, le Conseil ordonne à TCI
d'offrir un nouveau service optionnel de circuits bidirectionnels
qui permettrait aux FSSF de regrouper le trafic interurbain d'arrivée et
le trafic local sur les circuits locaux reliant le point
d'interconnexion des FSSF et les commutateurs locaux de TCI. |
27. |
Les décisions du Conseil concernant le
tarif que TCI a proposé à l'égard de l'option d'acheminement bidirectionnel
du trafic local/interurbain sont énoncées dans l'ordonnance Arrangements
d'acheminement du trafic interurbain, Ordonnance
de télécom CRTC 2004-351,
21 octobre 2004. |
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Secrétaire général |
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suivant : www.crtc.gc.ca
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