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Décision de télécom CRTC 2004-67
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Ottawa, le 8 octobre 2004 |
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Télébec et TELUS Québec - Justification de la facturation mensuelle
détaillée - Suivi de la décision 2002-43
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Référence : 8638-C12-76/02 |
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Dans la présente décision, le Conseil
ordonne à la Société en commandite Télébec (Télébec) et à TELUS Communications
Inc.1 de commencer à fournir tous les mois à leurs clients
des états de compte détaillés dans les neuf mois de la date de la
présente décision. Le Conseil rejette la demande de Télébec
visant à recouvrer les coûts associés à l'introduction de la facturation
mensuelle détaillée. |
1. |
Dans la décision Mise en oeuvre de la
réglementation des prix pour Télébec et TELUS Québec, Décision
de télécom CRTC 2002-43,
31 juillet 2002 (la décision 2002-43),
le Conseil a ordonné à la Société en commandite Télébec (Télébec)
et à TELUS Communications (Québec) Inc. (TELUS Québec) de justifier
pourquoi il ne devrait pas leur ordonner d'envoyer chaque mois à leurs
clients des états de compte aussi détaillés qu'elles le font actuellement
sur une base annuelle. |
2. |
Le Conseil a reçu des mémoires de Télébec
et de TELUS Québec le 30 août 2002 et des observations de l'Union des
consommateurs (l'Union) le 10 septembre 2002. Le Conseil a reçu des
observations en réplique de Télébec et de TELUS Québec le
20 septembre 2002. |
3. |
Le 19 décembre 2002, le Conseil a fait
parvenir des demandes de renseignements à Télébec et à TELUS Québec; les
deux compagnies ont déposé leurs réponses à ces demandes de
renseignements le 13 janvier 2003. Le 15 janvier 2003, l'Union a demandé
la divulgation de l'information déposée à titre confidentiel auprès du
Conseil par Télébec. Le 17 janvier 2003, Télébec a versé l'information
en question au dossier public. Le Conseil a reçu d'autres observations
de l'Union le 27 janvier 2003, et d'autres observations en réplique de
Télébec et de TELUS Québec les 4 février 2003 et 5 février 2003,
respectivement. |
4. |
Le 12 février 2003, le Conseil a reçu une
demande de TELUS Québec visant à proroger jusqu'au 25 février 2003 le
dépôt des réponses complémentaires aux demandes de renseignements du
Conseil dont il est question ci-dessus. La demande de TELUS Québec a
été approuvée le 13 février 2003 et la compagnie a déposé ses réponses
complémentaires le 25 février 2003. Le Conseil a reçu les observations
supplémentaires de l'Union dans une lettre datée du 17 mars 2003. |
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Historique
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5. |
Dans la décision Examen des règlements
généraux des transporteurs publics de télécommunications terrestres
assujettis à la réglementation fédérale, Décision Télécom CRTC 86-7,
26 mars 1986 (la décision 86-7), le Conseil a établi pour la première
fois les conditions relatives à la fréquence de la présentation des
états de compte détaillés.2 La décision 86-7 ne s'appliquait
qu'à CNCP Telecommunications, Bell Canada, British Columbia Telephone
Company, Norouestel Inc. et Terra Nova Telecommunications Inc., mais
d'autres entreprises ont adopté des pratiques similaires quand elles
sont devenues du ressort du Conseil. |
6. |
Dans la décision Cadre de réglementation
applicable à la deuxième période de plafonnement des prix, Décision
de télécom CRTC 2002-34,
30 mai 2002 (la décision 2002-34),
le Conseil a fait remarquer que les entreprises de services locaux
titulaires (ESLT) avaient diverses politiques concernant la fréquence
à laquelle les états de compte détaillés étaient envoyés aux clients.
Le Conseil remarquait en particulier que TELUS Communications
Inc. (TCI), MTS Communications Inc. et Saskatchewan Telecommunications
envoyaient des états de compte détaillés tous les mois. Le Conseil
a alors exprimé l'avis préliminaire qu'une telle politique devrait
s'appliquer à toutes les ESLT assujetties à la décision
2002-34. Par conséquent, le Conseil a ordonné à Bell Canada et
à Aliant Telecom Inc. (Aliant Telecom) de justifier pourquoi il ne
devrait pas les enjoindre à envoyer chaque mois aux clients des états
de compte aussi détaillés que celui qu'elles fournissaient annuellement.
Dans la décision Bell Canada et Aliant Telecom Inc. −
Justification de la facturation mensuelle détaillée − Suivi
de la décision 2002-34,
Décision de télécom CRTC 2003-86,
23 décembre 2003 (la décision 2003-86),
le Conseil a ordonné à Bell Canada et à Aliant Telecom de commencer
à fournir chaque mois des états de compte à leurs clients de façon
aussi détaillée qu'elles le faisaient à chaque année, dans les six
mois de la date de la décision 2003-86. |
7. |
Dans la décision 2002-43,
le Conseil a étendu l'avis préliminaire exprimé dans la décision 2002-34
selon lequel il faudrait étendre à Télébec et à TELUS Québec la pratique
d'envoyer tous les mois des états de compte détaillés à leurs clients
et il a ordonné aux compagnies de justifier pourquoi elles ne devraient
pas être tenues d'envoyer chaque mois aux clients des états de compte
aussi détaillés que celui qu'elles fournissent annuellement. |
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Position des parties
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Observations initiales
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Télébec
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8. |
Télébec a fait valoir que, selon elle, ses
clients étaient satisfaits de la facturation actuelle, et elle a fait
remarquer qu'elle fournissait déjà des états de compte détaillés à ses
clients tous les ans ainsi qu'après un changement à la tarification, aux
services ou à l'équipement. Télébec a fait valoir qu'il ne serait pas
nécessaire de fournir un état de compte mensuel détaillé à tous ses
clients étant donné que ses clients peuvent en tout temps demander et
recevoir verbalement de l'information relative à la facturation. |
9. |
Télébec a fait valoir que si le Conseil maintenait
son avis préliminaire visant à étendre la pratique d'envoyer tous
les mois des états de compte détaillés, la compagnie devrait avoir
le droit de recouvrer les dépenses administratives et les coûts de
modification des systèmes qui seraient engagés pour mettre en oeuvre
la nouvelle politique de facturation. Télébec a fait valoir que les
dépenses supplémentaires qu'elle devrait assumer pour produire des
états de compte mensuels détaillés satisfont aux critères du traitement
exogène établis par le Conseil dans la décision Réglementation
par plafonnement des prix et questions connexes, Décision Télécom
CRTC 97-9,
1er mai 1997. |
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TELUS Québec
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10. |
TELUS Québec a fait valoir que sa politique
sur la facturation détaillée était déjà conforme aux exigences du
Conseil. |
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L'Union
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11. |
L'Union a appuyé l'avis selon lequel
Télébec et TELUS Québec devraient fournir à leurs clients une
facturation mensuelle détaillée. L'Union a fait valoir que, dans
l'intérêt des consommateurs, la facturation mensuelle détaillée
obligatoire devrait être une pratique courante. |
12. |
L'Union a fait remarquer que la majorité
des compagnies de téléphone au Canada avaient adopté comme politique de
facturation l'envoi d'états de compte mensuels présentant le détail des
services de base et des services optionnels. L'Union a fait valoir que
tous les états de compte devraient être suffisamment détaillés pour que
les clients puissent clairement identifier à quels services ils sont
abonnés et combien ils payent pour chacun de ces services. |
13. |
L'Union a relevé l'avis de Télébec selon
lequel ses clients étaient satisfaits de la facturation actuelle, et
elle a fait valoir que cela ne justifiait pas le fait que les clients ne
pouvaient être clairement informés des services facturés sur chaque état
de compte. |
14. |
En ce qui a trait à la possibilité pour les
clients d'obtenir au téléphone de l'information détaillée sur leurs
états de compte, l'Union a fait valoir que cette pratique était
inacceptable parce que les clients avaient le fardeau d'obtenir cette
information. L'Union a fait valoir que cette pratique ne garantissait
pas que tous les clients d'un service téléphonique avaient accès à
l'information complète et transparente à laquelle ils ont droit. |
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Observations en réplique
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Télébec
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15. |
Télébec a fait valoir que les résultats des
sondages effectués par la compagnie n'ont pas révélé qu'il y avait un
besoin pour une facturation mensuelle détaillée. Elle a soutenu que
l'Union n'avait fourni aucune preuve à l'appui de son avis selon lequel
les clients étaient mécontents de l'information présentée dans leurs
états de compte actuels. |
16. |
Télébec a réitéré sa proposition selon
laquelle un rajustement du facteur exogène serait approprié si elle
devait être tenue de fournir des états de compte mensuels détaillés,
étant donné que toute dépense supplémentaire associée à ces états de
compte serait occasionnée directement par une exigence réglementaire
touchant spécifiquement Télébec, une compagnie de télécommunication, et
non toutes les compagnies qui produisent des états de compte. |
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TELUS Québec
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17. |
TELUS Québec a présenté une description
révisée de ses pratiques de facturation actuelle, ainsi que des
échantillons de ses états de compte détaillés et non détaillés. TELUS
Québec a également indiqué qu'elle fournissait des états de compte
détaillés à tous ses clients tous les ans ou après un changement aux
services ou à l'équipement. |
18. |
TELUS Québec a indiqué qu'elle avait adopté
en 1997 son modèle de facturation actuel ainsi que la pratique d'envoyer
par défaut à ses clients un état de compte sommaire en leur offrant la
possibilité de recevoir, sur demande, des états de compte mensuels
détaillés (la demande d'adhésion). TELUS Québec a affirmé que ce
changement avait été apporté suite à des consultations auprès des
groupes de discussion tant auprès de la clientèle du service de
résidence que de celle du service d'affaires, parce que des clients de
la compagnie s'étaient plaints que les états de compte étaient trop
détaillés et trop difficiles à comprendre. |
19. |
TELUS Québec a fait valoir qu'étant donné
les commentaires favorables des clients quant au contenu actuel de ses
états de compte sommaires et qu'étant donné que les clients pouvaient
demander et recevoir des états de compte mensuels détaillés, il ne
serait pas dans l'intérêt public d'exiger la facturation mensuelle
détaillée pour tous ses clients. |
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Réponses aux demandes de renseignements du Conseil
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Télébec
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20. |
Télébec a indiqué que pour produire des
états de compte mensuels détaillés pour tous ses clients du service de
résidence, elle devrait engager des coûts initiaux estimatifs de
11 360 $, ou 0,06 $ par service d'accès au réseau (SAR), et des coûts
mensuels estimatifs de 2 000 $, ou 0,01 $ par SAR.3 |
21. |
Télébec a estimé que les coûts initiaux
qu'elle devrait engager si elle mettait en place deux options, la
demande d'adhésion et la demande d'exclusion4, seraient de
55 000 $, ou 0,30 $ par SAR, et que des coûts mensuels de 1 000 $, ou
0,005 $ par SAR devraient être engagés dans les cas de demandes
d'adhésion, et des coûts mensuels de 1 500 $, ou 0,008 $ par SAR dans
les cas de demandes d'exclusion. Télébec a indiqué que la différence
dans les coûts initiaux engagés pour la facturation mensuelle détaillée
obligatoire ou facultative se justifiait par le besoin de développement
additionnel associé aux options d'adhésion ou d'exclusion liées à la
gestion d'un processus de consignation du choix des abonnés. |
22. |
Télébec a présenté les résultats de son
sondage qui révélaient selon elle que ses clients étaient satisfaits de
la facturation actuelle. Télébec a également présenté des échantillons
d'états de compte détaillés et non détaillés, de l'information relative
au pourcentage de ses clients qui souscrivent aux services optionnels et
au nombre de ses clients qui utilisent la facturation par Internet, et
elle a fourni la liste des services optionnels disponibles. |
23. |
Télébec a affirmé que si elle devait
fournir à tous ses clients des états de compte mensuels détaillés, il
lui faudrait ajouter en moyenne 25 lignes additionnelles d'information
par état de compte, et elle a estimé qu'elle devrait imprimer les pages
supplémentaires requises dans le cas d'environ 52 % de ses clients du
service de résidence. Télébec a fait valoir qu'apporter des changements
à la présentation actuelle des états de compte ne serait pas une
solution viable car elle estime que sa facturation actuelle est adéquate
et que toute modification de la présentation des états de compte
soulèverait des questions supplémentaires. |
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TELUS Québec
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24. |
TELUS Québec a indiqué que si elle devait
produire des états de compte mensuels détaillés pour tous ses clients du
service de résidence, elle devrait engager des coûts initiaux estimatifs
de 74 700 $, ou 0,34 $ par SAR, et des coûts mensuels de 1 000 $, ou
0,004 $ par SAR. TELUS Québec a également estimé que dans le cas d'une
demande d'exclusion, elle devrait engager des coûts initiaux de
118 000 $, ou 0,53 $ par SAR, et des coûts mensuels de 1 000 $ ou
0,004 $ par SAR. TELUS Québec a fait remarquer que toute option de
demande facultative l'obligerait à engager des coûts additionnels
similaires liés à la fourniture et à la gestion des demandes. |
25. |
TELUS Québec a affirmé que si elle devait
offrir un choix à tous ses clients, elle verrait le volume d'appels à
son service à la clientèle augmenter d'environ 4,5 % : les deux tiers de
ces appels mèneraient à un changement au dossier du client, tandis que
l'autre tiers des appels seraient logés dans le seul but d'obtenir de
l'information. TELUS Québec a estimé que si elle faisait parvenir des
états de compte détaillés à tous ses clients sans leur offrir la
possibilité de faire une demande d'adhésion ou d'exclusion, environ 3 %
de ses clients du service de résidence appelleraient son service à la
clientèle uniquement pour obtenir de l'information. |
26. |
TELUS Québec a estimé que les états de
compte mensuels détaillés destinés à sa clientèle du service de
résidence devraient compter en moyenne sept lignes de plus que les états
de compte sommaires actuels. TELUS Québec a également estimé qu'environ
10 % des états de compte exigeraient l'impression de pages
supplémentaires, tandis que 2 % obtiendraient des feuilles
supplémentaires si elle avait l'obligation de fournir à tous ses clients
des états de compte mensuels détaillés. Selon TELUS Québec, changer la
présentation de ses états de compte actuels n'était pas une option
viable. TELUS Québec a fait valoir que la seule façon d'apporter les
changements en économisant du papier serait de réduire la taille des
caractères imprimés ou l'espace entre les lignes. La compagnie fait
toutefois remarquer que de tels changements rendraient la lecture des
états de compte difficile pour les personnes âgées. TELUS Québec a fait
valoir que la présentation actuelle de sa facture a déjà été optimisée
au maximum et que toute nouvelle présentation ne compte aucune garantie
de l'atteinte des résultats espérés. |
27. |
À l'appui de sa position selon laquelle
elle ne devrait pas être obligée de fournir des états de compte mensuels
détaillés à ses clients, TELUS Québec a soumis des rapports qui ont été
préparés à la suite de groupes de discussion menés en 1996 et en 1997.
TELUS Québec a fait remarquer qu'à l'époque, en réponse aux plaintes des
clients relativement à la complexité des états de compte, elle avait
modifié la présentation de sa facturation et avait commencé à envoyer
des états de compte mensuels sommaires par défaut. La compagnie a
indiqué que ses clients avaient la possibilité de recevoir des états de
compte détaillés sur demande, mais que cette option n'était pas
publicisée actuellement. TELUS Québec a proposé d'ajouter à ses états de
compte un encart indiquant aux clients qu'ils peuvent recevoir des états
de compte détaillés sur demande. |
28. |
TELUS Québec a indiqué que ses clients
pouvaient accéder à leurs états de compte sommaires et détaillés par
Internet. |
|
Autres observations de l'Union
|
29. |
L'Union a fait valoir que les clients de
TELUS Québec ne savaient probablement pas qu'ils pouvaient recevoir des
états de compte mensuels détaillés puisque la compagnie ne les a pas
informés de ce service. L'Union a soutenu qu'en l'absence d'états de
compte détaillés, des clients qui désiraient réduire les coûts mensuels
de leurs services téléphoniques en raison de changements dans leur
situation financière pourraient ne pas savoir qu'ils peuvent annuler
certains services optionnels. |
30. |
L'Union a fait valoir que le fait que les
états de compte détaillés puissent être consultés sur Internet était une
situation insatisfaisante parce que tous les clients du service
téléphonique devraient avoir un accès égal à la facturation détaillée,
qu'ils aient accès à Internet ou non. |
31. |
L'Union remet en question les résultats des
groupes de discussion de TELUS Québec, faisant remarquer qu'un des
éléments clés relatifs à la clarté d'un état de compte est la qualité de
sa présentation en grandes sections. L'Union a fait valoir que les
groupes de discussion semblaient avoir identifié les listes détaillées
de services comme étant des éléments importants à conserver sur les
états de compte. L'Union a également fait valoir que les groupes de
discussion ne portaient pas un jugement unanime sur le nouvel état de
compte proposé ou sur la fréquence de l'émission de ces états de compte.
L'Union estime que des états de compte détaillés devraient être fournis
tous les mois. |
32. |
L'Union a établi diverses comparaisons
entre les coûts de la facturation détaillée par SAR soumis par Télébec
et ceux qui ont été soumis par Bell Canada dans l'instance qui
a mené à la décision 2003-86
et elle a fait remarquer que les coûts mensuels de Télébec étaient
sensiblement plus élevés que ceux de Bell Canada. L'Union a fait
valoir que Télébec avait peut-être surestimé le nombre moyen de lignes
qu'il lui faudrait ajouter, en faisant remarquer que l'échantillon
d'état de compte détaillé proposé par TELUS Québec ne comportait que
huit lignes supplémentaires. L'Union a fait valoir que, selon elle,
les coûts initiaux de la facturation mensuelle détaillée présentés
par Télébec étaient très peu élevés comparativement aux revenus générés
par les services locaux de résidence de la compagnie. |
33. |
L'Union a fait remarquer que parmi les trois
approches à l'égard de la facturation mensuelle détaillée, en l'occurrence
(i) obligatoire pour tous les abonnés, (ii) avec option d'adhésion,
et (iii) avec option d'exclusion, l'approche obligatoire serait l'option
la moins coûteuse. En ce qui a trait à l'adhésion et à l'exclusion
sur demande, l'Union a fait remarquer que les résultats d'une étude
de Bell Canada, déposée dans le cadre de l'instance qui a mené
à la décision 2003-86,
indiquaient qu'environ 10 % de ses clients feraient une demande
d'adhésion, tandis qu'environ 1 % feraient une demande d'exclusion
de la facturation mensuelle détaillée. L'Union a fait valoir que Télébec
et TELUS Québec devraient fournir par défaut des états de compte
mensuels détaillés à leurs clients, et leur offrir une option d'exclusion. |
34. |
En ce qui a trait à la pratique de TELUS
Québec de n'envoyer des états de compte mensuels détaillés que sur
demande, l'Union a soutenu que l'utilisation d'encarts de facturation
pour informer les clients de la possibilité d'adhérer à la facturation
mensuelle détaillée serait inefficace parce que de nombreux clients ne
consultent jamais, ou consultent rarement, ces encarts. À l'appui de
cette position, l'Union fait remarquer que le document Consumer
Perceptions surrounding Telephone Service, produit en 1996 par EKOS
Research Associates Inc. pour les Groupes de défense des consommateurs,
révèle que 34 % des répondants ont affirmé qu'ils consultaient rarement
les encarts de facturation, et que 35 % des répondants ne les
consultaient qu'à l'occasion. L'Union a soutenu qu'à cause de l'inertie
des clients, les options par défaut avaient toujours préséance sur les
options d'adhésion, et que les personnes qui préféreraient recevoir des
états de compte mensuels détaillés n'auraient pas de choix véritables
avec l'utilisation d'une telle approche. |
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Autres observations en réplique
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Télébec
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35. |
En ce qui a trait aux comparaisons que
l'Union a faites entre les coûts présentés par Télébec, TELUS Québec et
Bell Canada, Télébec a fait valoir qu'il était difficile de faire des
comparaisons car les systèmes de facturation des compagnies étaient
différents et qu'il ne faudrait pas y apporter les mêmes changements.
Télébec a également fait valoir que les comparaisons de coûts étaient
ardues car ces compagnies ne comptaient pas le même nombre de clients.
Télébec n'approuvait pas l'interprétation faite par l'Union relativement
aux coûts mensuels qu'elle devrait engager, et elle a soutenu qu'elle
avait dû étaler ses coûts fixes entre un plus petit nombre de clients,
ce qui expliquait pourquoi ses coûts par SAR étaient plus élevés. |
36. |
Télébec désapprouvait également
l'interprétation faite par l'Union quant au nombre estimatif de lignes
supplémentaires que devraient comporter les états de compte détaillés.
Télébec a fait valoir que son estimation de 20 à 25 lignes
supplémentaires, comme celle de Bell Canada, portait sur l'espace
nécessaire pour insérer un bloc entier sur les services et équipement,
contrairement aux quelques lignes prévues par TELUS Québec. Télébec a
affirmé que cela était dû aux différences de présentation des états de
compte des deux compagnies. |
37. |
Télébec s'est opposée à l'opinion de
l'Union selon laquelle la facturation détaillée était importante pour
les clients, en affirmant qu'elle n'avait reçu aucun commentaire à ce
sujet de la part de ses clients et que rien ne prouvait que la
facturation mensuelle détaillée était nécessaire. |
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TELUS Québec
|
38. |
TELUS Québec a fait valoir qu'elle avait
dépensé des milliers de dollars en 1997 et en 1998 dans le but d'offrir
à ses clients des états de compte qui répondraient à leurs besoins, et
que le petit nombre de plaintes déposées par les clients relativement
aux services de facturation semblaient prouver que la clientèle était
satisfaite des pratiques actuelles de la compagnie. TELUS Québec a fait
valoir que les sondages et les consultations auprès des groupes de
discussion qu'elle a réalisés l'ont convaincue de présenter à ses
clients une facturation sommaire par défaut, et une facturation
détaillée une fois par année, ou lors d'un changement au dossier du
client. TELUS Québec a fait valoir que cinq ans après avoir mis en ouvre
cette pratique, elle n'avait aucune raison de croire que ses clients
étaient insatisfaits de la facturation actuelle. TELUS Québec a
également fait valoir que, compte tenu de l'apparente satisfaction des
clients relativement aux états de compte fournis actuellement par la
compagnie, de l'ampleur des coûts estimatifs qui seraient engagés pour
fournir une facturation mensuelle détaillée, et des risques d'une
incidence négative sur les indicateurs de la qualité du service à cause
de l'augmentation possible du nombre d'appels téléphoniques qui seraient
logés à son bureau d'affaires, rien ne permettait de conclure que sa
pratique de facturation devait être modifiée. |
39. |
TELUS Québec s'opposait à l'opinion de
l'Union sur l'efficacité des encarts de facturation pour informer les
clients qu'ils pourraient recevoir des états de compte détaillés, et
elle a fait référence à un sondage réalisé en 2001 selon lequel les
encarts étaient un moyen valable de communiquer avec une clientèle. |
|
Observations supplémentaires de l'Union
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40. |
L'Union a fait remarquer que les coûts
estimatifs fournis par TELUS Québec étaient plus élevés que ceux fournis
par Télébec, mais que dans les deux cas, les coûts confirmaient que les
demandes d'adhésion et d'exclusion constituaient les approches les plus
coûteuses pour les compagnies. |
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Analyse et conclusion du Conseil
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41. |
Le Conseil fait remarquer que Télébec et
TELUS Québec fournissent actuellement à leurs clients du service de
ligne individuelle des états de compte présentant le détail des frais de
services et d'équipement après un changement à la tarification, aux
services ou à l'équipement, et au moins une fois l'an. Les clients de
TELUS Québec peuvent également demander de recevoir des états de compte
mensuels détaillés en communiquant avec le bureau d'affaires. |
42. |
Le Conseil fait remarquer que dans la décision
2002-43, il
était d'avis préliminaire qu'il faudrait étendre à Télébec et à TELUS
Québec la pratique d'envoyer tous les mois des états de compte détaillés
à tous les clients. |
43. |
Le Conseil fait remarquer que Télébec et
TELUS Québec ont fait valoir qu'elles ne devraient pas être tenues
d'envoyer chaque mois des états de compte détaillés à leurs clients
parce que ceux-ci semblent satisfaits des pratiques de facturation
actuelles. Le Conseil fait remarquer que les arguments relatifs à
la satisfaction des clients présentés par Télébec et par TELUS Québec
sont conformes à la preuve présentée au Conseil lorsqu'il a émis son
avis préliminaire dans la décision 2002-43.
Toutefois, le Conseil n'est pas convaincu que les résultats du sondage,
tels qu'interprétés par Télébec et par TELUS Québec, fournissent des
preuves quant aux préférences des clients en matière de facturation,
et il estime que les résultats des groupes de discussion faits par
TELUS Québec pourraient laisser croire que les clients préfèrent des
états de compte détaillés. Le Conseil estime en outre que les résultats
de sondage présentés par Télébec et par TELUS Québec n'indiquent pas
une préférence nette des clients quant à la fréquence à laquelle ils
désirent recevoir des états de compte détaillés, ou l'ampleur des
détails que devraient contenir les états de compte. |
44. |
Le Conseil estime que tous les états de
compte devraient fournir suffisamment de détails pour permettre aux
clients de savoir clairement à quels services locaux et optionnels ils
sont abonnés et combien ils payent pour chaque service. Le Conseil est
d'avis que la facturation mensuelle détaillée permettrait aux clients de
vérifier régulièrement l'exactitude de leurs états de compte et de les
faire rectifier rapidement. Le Conseil est également d'avis que
lorsqu'ils ne reçoivent pas d'états de compte mensuels détaillés, les
clients qui connaissent des changements dans leur situation financière
et qui cherchent des moyens de gérer les coûts mensuels de leurs
services téléphoniques pourraient ne pas savoir qu'ils peuvent réduire
leurs dépenses en annulant certains services optionnels locaux. |
45. |
À cette fin, le Conseil fait remarquer
que dans la décision Options de tarification des services locaux,
Décision Télécom CRTC 96-10,
15 novembre 1996, et dans l'ordonnance Le Conseil
modifie les exigences en matière de rapport concernant l'abordabilité,
Ordonnance CRTC 2000-393,
10 mai 2000, le Conseil a introduit des outils de gestion
des états de compte afin de faciliter l'accès des consommateurs aux
services téléphoniques, ainsi que leur gestion de ces services. Le
Conseil estime qu'obliger Télébec et TELUS Québec à produire des états
de compte mensuels détaillés serait dans l'intérêt du public et permettrait
d'aider les consommateurs à comprendre et à gérer leurs comptes, tout
en conservant le service téléphonique local de base. |
46. |
Le Conseil fait remarquer que TELUS Québec
a dit être prête à fournir un état de compte mensuel détaillé aux
clients qui feraient connaître leur préférence à ce sujet en faisant une
demande d'adhésion. Le Conseil prend note de la proposition de l'Union
selon laquelle l'inertie des clients expliquerait le faible taux
d'adoption de la facturation mensuelle détaillée qui a été estimé dans
le cadre de l'approche sur demande. Le Conseil estime qu'il ne faudrait
pas que cette inertie empêche les clients de recevoir chaque mois des
états de compte détaillés alors que ce type de facturation leur serait
profitable. Le Conseil fait également remarquer que les coûts estimatifs
relatifs aux demandes d'adhésion et d'exclusion sont supérieurs à ceux
de la facturation détaillée obligatoire à tous les clients. |
47. |
Le Conseil estime que rendre obligatoire la
facturation mensuelle détaillée pour tous les clients serait dans
l'intérêt du public parce qu'il serait possible d'atteindre les
objectifs suivants : assurer la conformité aux initiatives du Conseil
visant à aider les clients à gérer leurs services téléphoniques;
permettre aux clients de vérifier l'exactitude de leurs états de compte
de façon rapide et continue; aider les consommateurs à faire des choix
dans un environnement concurrentiel grâce à la vérification. |
48. |
Par conséquent, le Conseil juge que la
facturation mensuelle détaillée obligatoire est l'approche préférable. |
49. |
Compte tenu du fait que la facturation
mensuelle détaillée peut provoquer une augmentation du nombre d'appels à
son service à la clientèle, le Conseil est d'avis que la mise en oeuvre
progressive permettrait de réduire cet impact. |
50. |
Compte tenu de ce qui précède, le Conseil
ordonne à Télébec et à TCI5 de soumettre à leurs abonnés,
dans les neuf mois de la date de la présente décision, des états de
compte mensuels aussi détaillés que l'état de compte envoyé
annuellement. Télébec et TCI peuvent procéder à une mise en oeuvre
progressive dans la mesure où, d'ici la fin de ces neuf mois, tous les
clients recevront des états de compte mensuels détaillés. |
51. |
Le Conseil fait remarquer que Télébec a demandé
l'autorisation de recouvrer les coûts associés à l'introduction de
la facturation mensuelle détaillée par le rajustement du facteur exogène.
Le Conseil fait remarquer qu'il a établi les critères du facteur exogène
dans la décision 2002-43.
Le Conseil a affirmé que le facteur Z, ou rajustement du facteur
exogène, serait envisagé dans le cas d'événements ou de mesures qui
satisfont aux critères suivants : (a) il s'agit de mesures législatives,
judiciaires ou administratives indépendantes de la volonté de la compagnie;
(b) les événements ou les mesures visent spécifiquement
l'industrie des télécommunications; et (c) les événements ou
mesures ont une incidence importante mesurée par rapport à l'ensemble
de la compagnie. Le Conseil estime que l'exigence relative à l'envoi
d'états de compte mensuels détaillés répond aux critères (a) et (b),
mais pas au critère (c) puisque les dépenses ne sont pas considérables.
Le Conseil fait remarquer que Télébec a estimé que l'envoi mensuel
d'états de compte détaillés entraînerait des coûts initiaux de 11 360 $
et des coûts de 2 000 $ par mois par la suite. Le Conseil
estime que lorsqu'on les compare aux revenus totaux de la compagnie,
ces dépenses ne sont pas importantes. Par conséquent, le Conseil conclut
que l'incidence financière sur Télébec n'est pas suffisamment grande
pour qu'il soit justifié d'accorder une compensation. |
52. |
Compte tenu de ce qui précède, le Conseil
rejette la demande de Télébec voulant qu'il l'autorise à
recouvrer les coûts associés à l'introduction de la facturation
mensuelle détaillée par le rajustement du facteur exogène. |
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Secrétaire général |
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en média substitut et peut également être consulté sur le site Internet
suivant : www.crtc.gc.ca
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