TRANSCRIPT OF PROCEEDINGS
FOR THE CANADIAN RADIO-TELEVISION AND
TELECOMMUNICATIONS COMMISSION
TRANSCRIPTION DES AUDIENCES DU
CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION
ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES
SUBJECT / SUJET:
CONSULTATIONS PUBLIQUES PORTANT SUR LES SERVICES DE
RADIODIFFUSION DE LANGUE FRANÇAISE ACCESSIBLES AUX FRANCOPHONES HORS QUÉBEC
/
PUBLIC CONSULTATIONS ON FRENCH-LANGUAGE BROADCASTING SERVICES
AVAILABLE TO FRANCOPHONES OUTSIDE QUEBEC
HELD AT: |
TENUE À: |
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Richelieu Centre |
Centre Richelieu |
City Hall |
Hôtel de Ville |
300 des Pères Blancs |
300, des Pères Blancs |
Vanier, Ontario |
Vanier (Ontario) |
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October 16, 2000 |
Le 16 octobre 2000 |
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Transcripts
In order to meet the requirements of the Official Languages
Act, transcripts of proceedings before the Commission will be
bilingual as to their covers, the listing of the CRTC members
and staff attending the public hearings, and the Table of
Contents.
However, the aforementioned publication is the recorded
verbatim transcript and, as such, is taped and transcribed in
either of the official languages, depending on the language
spoken by the participant at the public hearing.
Transcription
Afin de rencontrer les exigences de la Loi sur les langues
officielles, les procès-verbaux pour le Conseil seront
bilingues en ce qui a trait à la page couverture, la liste des
membres et du personnel du CRTC participant à l'audience
publique ainsi que la table des matières.
Toutefois, la publication susmentionnée est un compte rendu
textuel des délibérations et, en tant que tel, est enregistrée
et transcrite dans l'une ou l'autre des deux langues
officielles, compte tenu de la langue utilisée par le
participant à l'audience publique.
Canadian Radio-television and
Telecommunications Commission
Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes
Transcript / Transcription
Consultations publiques portant sur les services de
radiodiffusion de langue française accessibles aux francophones hors Québec /
Public consultations on French-language broadcasting services available to
Francophones outside Quebec
BEFORE / DEVANT: |
Andrée Wylie |
Commissioner / Conseillère |
Andrew Cardozo |
Commissioner / Conseiller |
|
ALSO PRESENT / AUSSI PRÉSENTE: |
Manon Cloutier |
Hearing Manager and |
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Secretary / Gérante de |
|
l'audience et secrétaire |
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HELD AT: |
TENUE À: |
Richelieu Centre |
Centre Richelieu |
City Hall |
Hôtel de Ville |
300 des Pères Blancs |
300, des Pères Blancs |
Vanier, Ontario |
Vanier (Ontario) |
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October 16, 2000 |
Le 16 octobre 2000 |
TABLE OF CONTENTS / TABLE DES MATIÈRES
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PAGE |
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INTERVENTIONS PAR / INTERVENTIONS BY: |
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Sénateur Jean-Robert Gauthier |
4 |
M. Denis Bertrand
Théâtre Action |
28 |
Mme Betti Leblond |
36 |
M. Robert Charboneau
Productions R. Charbonneau Inc. |
44 |
Mme Lise Routhier-Boudreau
Enseignante |
61 |
M. Michel Delorme
Projet radio pour enfants |
73 |
Mme Marie-Hélène Courtemanche-Boyle |
85 |
M. Michel Ouimet |
96 |
Mme Lise Matte |
107 |
M. Yvan Dutrisac |
110 |
M. Raynald Charest |
122 |
Mme Dyane Ménard |
138 |
M. Gilles Myner
Radio communautaire de Prescott-Russell |
144 |
Vanier (Ontario) / Vanier, Ontario
--- La consultation débute le lundi 16 octobre 2000
à 1310 / Upon commencing on Monday, October 16,
2000 at 1310
1 CONSEILLERE WYLIE: Bonjour, monsieur le Sénateur Gauthier, mesdames et
messieurs. Je vous souhaite la bienvenue à cette consultation publique.
2 Mon nom est Andrée Wylie et je suis la vice-présidente, radiodiffusion du
CRTC. Je vous présente mon collègue, le Conseiller Andrew Cardozo, et à ma
gauche, Mme Manon Cloutier, qui agira comme Secrétaire de cette
consultation.
3 Nous vous remercions de vous joindre à nous pour discuter de
l'accessibilité des services de radiodiffusion de langue française à vous,
francophones et francophiles qui habitez à l'extérieur du Québec.
4 For the past month, my Commission colleagues and I have been hearing
opinions on this issue from people from Halifax to Vancouver. This meeting is
taking place in a more informal setting than the public hearing that begins on
October 18th. Your comments will be part of the public record, as are all the
comments, oral and written, that the Commission has received to date.
5 Comme ce sont des consultations - une consultation qui est un peu plus
informelle, vous êtes absolument bienvenus, ceux qui feront une présentation, de
vous asseoir près de nous ou plus près du micro.
6 Le but de ces consultations est de permettre au CRTC de recueillir toute
information pertinente qui l'aidera, d'une part, à faire rapport à la
gouverneure en conseil sur la disponibilité et la qualité des services de
radiodiffusion en langue française dans les communautés où le français est la
langue de la minorité, et d'autre part, à préparer un projet de politique qui,
en tirant partie du nouvel environnement numérique et de la concurrence en
distribution, rendrait plus facilement disponibles aux abonnés du câble des
services de télévision spécialisés dans la langue officielle de la minorité.
7 Vous connaissez les questions sur lesquelles vous êtes invités à vous
prononcer.
8 Ä celles soulevées dans les avis publics qui donnent suite à la politique
proposée par le Conseil et à la requête de la gouverneure en conseil, le CRTC a
ajouté la question suivante lorsqu'il a accordé une licence à la Télé des Arts,
et je cite:
"Dans le contexte de la politique proposée et dont nous discutions avec vous
aujourd'hui, le Conseil devrait-il accorder un statut de distribution
prioritaire en mode numérique à la Télé des Arts, le nouveau service national
axé sur les arts et la culture?" (Tel que lu)
9 And now, allow me to deal with some housekeeping matters.
10 Do not hesitate to talk to Mme Cloutier qui est près de moi si vous avez
des questions concernant la procédure ou toute autre question.
11 Do not hesitate to speak with Mme Cloutier if you have any questions
regarding procedure.
12 We will be calling upon participants in the order previously assigned with
some changes to accommodate presenters. We may put a few questions to you
following your presentation.
13 Comme je l'ai souligné au début, les discussions seront transcrites et
feront partie du dossier public.
14 Pour que nous puissions en faire des enregistrements fidèles, je vous
demanderais de bien vouloir presser sur le petit bouton blanc à la base du
microphone lorsque vous parlez et de re-presser le bouton quand vous aurez
terminé pour éviter l'interférence.
15 Nous vous remercions de votre attention et nous serons bientôt prêts à
commencer.
16 Je voudrais signaler que nous demandons à tous leur coopération de fermer
leur téléphone cellulaire ainsi que leur avertisseur pour qu'on ne dérange pas
les gens pendant leur présentation. C'est une distraction qui est souvent pas
très bienvenue.
17 Alors je demanderais à Mme Cloutier de nous présenter la première
partie.
18 Mme CLOUTIER: Merci.
19 Bon après-midi. J'inviterais le Sénateur Jean-Robert Gauthier à faire sa
présentation.
INTERVENTION / INTERVENTION
20 SÉNATEUR GAUTHIER: Merci.
21 D'abord, je vais vous présenter les gens qui m'accompagnent
aujourd'hui.
22 Ä ma gauche, mon adjointe parlementaire, Mme Drapeau et à ma droite, ma
recherchiste préférée. C'est une femme qui a travaillé à la Bibliothèque du
Parlement et qui a une grande expertise dans le domaine des langues officielles.
Je me permets, à l'occasion, de consulter Rolande Faucher.
23 Le document en question que je vous ai soumis et que j'ai circulé a été
inspiré en grande partie par le mémoire que j'ai déposé au mois d'août.
24 Nous vivons aujourd'hui des bouleversements profonds dans le monde la
télévision et de la radiodiffusion. Pour un profane, j'en suis un, il est
parfois difficile de s'y retrouver. C'est pourquoi le rôle du Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le CRTC, est si important
comme organe de réglementation de l'industrie de la radiodiffusion et des
télécommunications.
25 Cette industrie préférerait évoluer dans un contexte de complète
déréglementation, n'obéir qu'aux seules lois du marché, en particulier celle de
l'offre et de la demande. Le CRTC, de son côté, prêche l'autodiscipline et un
code de déontologie.
26 En plus de réglementer l'octroi de licences de radiodiffusion et de
télédiffusion selon la politique de radiodiffusion établie par le gouvernement
canadien et énoncée dans la Loi sur la radiodiffusion, le CRTC doit développer
des politiques en vue de répondre aux besoins particuliers de la société
canadienne. De plus, le CRTC est lié à la Partie VII de la Loi sur les langues
officielles, plus particulièrement aux articles 41 et 42 de cette loi.
27 Comment relever le défi canadien en matière de radiodiffusion? Comment
répondre aux besoins des Canadiennes et des Canadiens francophones et
anglophones à la grandeur de notre vaste pays? Et comment assurer que
l'industrie y trouve aussi son compte?
28 Devant le phénomène actuel de convergence dans le secteur des
communications -- on n'a qu'à penser à Quebecor-Vidéotron, BCE-CTV, le
Globe & Mail, Global TV et Hollinger, M. Black, le National Post --
comment faire face à une industrie de plus en plus puissante qui cherche à
optimiser le rendement de ses diverses filiales, mais dont les raisons-d'être
premières de ces filiales sont perdues à l'intérieur de conglomérats géants?
29 Vidéotron, une chaîne québécoise -- distributeur, je devrais dire,
québécois -- faisait paraître récemment dans les journaux distribués au
Québec, dont le journal Le Droit, notre journal local, une publicité faisant
état du bouquet offert par ce câblodistributeur. Dans sa réclame, Vidéotron
affirme, et je cite: "Le meilleur choix de télé à la carte en français". C'est
le haut de la réclame.
30 Si on regarde plus proche, ce choix comporte 60 pour cent de canaux de
langue anglaise, y compris TVO, et 40 pour cent de canaux de langue française
sans TFO, et ceci au Québec, s'il vous plaît, pour une majorité francophone!
31 Comment alors relever le défi de répondre équitablement aux besoins des
francophones vivant en situation minoritaire?
32 Où doit aller notre télévision canadienne? Comment relever le défi
canadien d'offrir aux communautés de langue officielle des services qui sont
essentiels à leur épanouissement et à leur développement? C'est la question sur
laquelle vous vous penchez, vous, les dirigeants du CRTC, selon le décret
2000-511 que vous avez reçu du Cabinet fédéral.
33 Ä l'heure de changements technologiques importants, je me suis fait un
point d'honneur de vous faire parvenir ma soumission écrite à la date prévue du
30 août dernier. Je me fais encore un point d'honneur de venir vous présenter de
vive voix mes vues en la matière.
34 Vous l'avez deviné, Madame la présidente, étant moi-même Franco-Ontarien,
ma grande préoccupation tourne autour des services aux francophones vivant en
situation minoritaire.
35 S'il est évident que les chaînes anglaises sont omniprésentes au Québec,
où il y a une majorité francophone, imaginez quelle est la situation dans les
autres provinces et territoires pour les minorités francophones où la langue
dominante est l'anglais.
36 Or, tout doit être fait pour développer et soutenir une solidarité au sein
de la francophonie canadienne. Cette solidarité passera par une meilleure
connaissance des réalités et des besoins de chacun, d'où qu'ils vivent dans
notre grand pays. Les Acadiens autant que les Franco-Ontariens ont une identité
propre, fondée sur leur histoire et leurs traditions. Leurs accents sont
différents, les réalités qui façonnent leur vécu est différent au jour le
jour.
37 Il ne devrait dont pas y avoir un seul moule pour refléter les réalités
canadiennes de langue française au pays, mais plusieurs moules, et des moules
reliés les uns aux autres. En d'autres mots, on a besoin de se parler, de
s'entendre, de se voir dans nos différences et dans nos ressemblances.
38 Les liens qui nous unissent sont un héritage commun, notamment la langue
française. Les moyens de communication que sont la radio, la télévision et
maintenant l'Internet doivent servir à nous unir tout en reflétant les
différentes réalités des francophones du pays.
39 Je pense à l'ARC, l'Association des radios communautaires qui a récemment
fondé le Réseau francophone d'Amérique en réunissant les radios communautaires
françaises en sol canadien en un seul réseau national. Quel bel exemple!
40 En passant, je n'arrive pas à m'expliquer ou à comprendre sur quelle base
le CRTC a refusé récemment la licence pour une radio communautaire à Toronto.
S'il est un endroit où les francophones sont dispersés et perdus dans une masse
anglophone, c'est bien à Toronto. S'il existe un endroit où les francophones ont
besoin d'un outil de communication qui les réunit, c'est bien à Toronto!
41 Maintenant, au niveau télévisuel. Historiquement, toute la communication
s'est faite dans un sens: Du Québec vers les communautés en situation
minoritaire. Ce sont les artistes québécois, les réalisateurs québécois, les
messages québécois, la culture et le parlé québécois qui ont fait leur entrée
chez-nous par le petit écran.
42 Toutes nos communautés ne s'identifient pas à "La Petite Vie". Loin de là,
très heureusement! Par contre, ces communautés auraient leur Petite Vie à eux ou
à elles à présenter.
43 On nous a cassé les oreilles pendant plusieurs années sur le besoin
d'avoir une économie, une politique économique ouverte et moderne. Le Canada a
conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis d'Amérique et le
Mexique.
44 S'il est bien de favoriser le libre-échange au niveau commercial à
l'intérieur du Canada, pourquoi le CRTC érige-t-il des barrières au
libre-échange entre les communautés de langue officielle? Il est grand temps que
les Québécoises et les Québécois entendent parler des cousins et cousines du
Canada. Il faudra ouvrir les communications entre les communautés et non pas les
fermer.
45 Il existe une richesse culturelle en plein développement dans ces
communautés, des ressources artistiques en émergence dans le secteur du théâtre,
par exemple, dans l'édition, la chanson ainsi que dans les arts visuels. Des
producteurs et des journalistes chevronnés travaillent à rendre disponibles
leurs réalités, en grande partie grâce à la venue d'une chaîne télévision
éducative en Ontario que vous connaissez bien, TFO.
46 Depuis quelques années, TFO, la seule chaîne canadienne de langue
française à l'extérieur du Québec, a développé une stratégie d'expansion de son
signal à travers le pays. Déjà, le Nouveau-Brunswick capte son signal et un
certain nombre de personnes au Québec, grâce à certains petits
câblodistributeurs qui y ont accès.
47 Mais les négociations dans le cas des plus grands parmi eux n'ont pas
réussi. C'est regrettable, mais c'est la réalité.
48 Votre organisme, le CRTC, n'a pas cru bon de soutenir la demande de TFO
faite en vue d'imposer à ceux du Québec, les grands distributeurs Cogeco et
Vidéotron, de porter obligatoirement son signal et de l'offrir de façon
facultative -- et j'appuie là-dessus. Ils devaient l'offrir, le client
pouvait dire non. Il me semble que c'est raisonnable. Ce n'est pas une
imposition. C'est à n'y rien comprendre. Il s'agissait là d'une occasion unique
pour renverser la situation ou la direction de la communication entre les
francophones du Québec et ceux d'ailleurs au pays. Pour une première fois, la
direction aurait été de l'Ontario français vers le Québec français. Il y a plus
de 4 000 000 d'unilingues français au Québec. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est
Statistique Canada dans le recensement de 1996 qui nous ont dit qu'il y en a
trois millions neuf cents quelques milles.
49 Il est évident que si on veut maintenir l'idéal de deux groupes
linguistiques au pays, il faut assurer une meilleure communication entre les
groupes francophones minoritaires hors-Québec et la majorité des francophones du
Québec.
50 Le CRTC est à développer une politique d'octroi des licences qui tienne
compte de la dualité linguistique du pays. Selon moi, il faut se méfier d'une
politique qui, fondée sur l'argument du nombre, maintiendrait l'accès à des
produits télévisuels en français à un niveau inacceptable et favoriserait
l'émergence d'une toujours plus grande invasion des ondes télévisuelles par des
chaînes de langue anglaise, surtout en provenance des États-Unis.
51 D'ailleurs, si le CRTC est un organisme de réglementation autonome
distinct qui fait rapport au Parlement par l'intermédiaire du ministre du
Patrimoine canadien, il n'en reste pas moins qu'il est une créature du
gouvernement fédéral.
52 Par le fait même, il est soumis aux obligations de la Loi sur les langues
officielles, entre autres, aux articles 41 et 42 de la Partie VII de cette
loi.
53 Le Commissariat aux langues officielles a déjà annoncé que, et je
cite:
"L'obligation d'appliquer la Partie VII concerne tous les organismes
fédéraux." (Tel que lu)
54 La Commissaire aux langues officielles, Mme Dyane Adam, renchérissait sur
ce point lors du dépôt de son premier rapport annuel tout récemment.
55 Le CRTC réglemente l'octroi des licences dans le domaine des
communications au pays. Il réglemente les instruments qui permettent au public
d'avoir accès aux aspects culturels du patrimoine canadien et des symboles de
l'identité canadienne.
56 Par le fait même, et par le fait de la loi qui le constitue, le CRTC
doit:
"S'engager à favoriser l'épanouissement des francophones et anglophones du
Canada et à appuyer leur développement, ainsi qu'à promouvoir la pleine
reconnaissance et l'usage du français et de l'anglais dans la société
canadienne". (Tel que lu)
57 Je viens de vous citer l'article 41 de la Loi sur les langues
officielles.
58 Je pense que votre mandat est également clair et précis dans la Loi sur la
radiodiffusion.
59 J'aimerais citer certains propos extraits de l'opinion rédigée par M.
Andrew Cardozo, un membre du CRTC qui est ici présent, sur la Décision CRTC
2000-72 qui rejetait la demande de TFO.
60 M. Cardozo écrit:
"Les avantages sociaux, culturels et nationaux d'un tel service non seulement
me semblent clairs, mais sont également parfaitement compatibles avec les
objectifs de la Loi sur la radiodiffusion." (Tel que lu)
61 L'opinion minoritaire du Conseiller Langford est aussi on ne peut plus
claire. Il écrit:
"En conclusion, j'aurais approuvé cette demande. Elle satisfait à la fois les
exigences des téléspectateurs, comme en témoigne le dossier, et les objectifs du
Parlement établis par la Loi. La refuser, c'est rejeter les deux, et j'estime
qu'il s'agit là d'une décision déraisonnable dans les circonstances et contraire
au mandat du Conseil." (Tel que lu)
62 Vous devinez, Madame la Présidente, que je suis entièrement d'accord avec
les propos de messieurs Cardozo et Langford.
63 Permettez-moi de conclure en exprimant ma vision pour le développement de
TFO. Je crois que cette chaîne de télévision éducative doit devenir une chaîne
nationale, -- et je vous ai expliqué tantôt pourquoi -- tout en
conservant ses assises franco-ontariennes.
64 Quand je voyage au Québec, quand n'importe quel Franco-Ontarien voyage au
Québec, on se fait dire très souvent, vous venez de l'Ontario et vous parlez
français? Ou encore, on reçoit le commentaire suivant: Votre français est bon,
compte tenu que vous habitez l'Ontario. Et ça, c'est la réalité. Les Québécois
et les Québécoises ignorent souvent l'existence la francophonie canadienne.
65 C'est un peu comme les Français en France. J'avais posé la question à M.
Giscard d'Éstaing une fois, c'est quoi la francophonie pour vous, M. Giscard
d'Éstaing. Il m'a répondu, la France, M. Gauthier.
66 Si on parle à un Québécois puis on lui demande, c'est quoi la francophonie
canadienne, il vous regarde puis il vous dit, bien, c'est le Québec. Je
m'excuse. C'est plus que ça.
67 Si la réalité franco-ontarienne parvenait aux Québécoises et aux Québécois
par le truchement de la chaîne éducative ontarienne TFO, peut-être qu'un jour
ceux-ci seraient moins nombreux à ignorer cette réalité, à savoir, -- et
là, je vais vous donner une liste de choses qui existent actuellement qui sont
vraies en Ontario.
68 Un demi-million de personnes de langue française maternelle habitent
l'Ontario. C'est la plus importante concentration de francophones à l'extérieur
du Québec.
69 Un million d'autres Ontariens parlent le français, d'après Statistique
Canada 1996.
70 Il existe une diversité ethnique au sein de la francophonie ontarienne,
comme au Québec, d'ailleurs.
71 Il existe en Ontario une créativité culturelle française qui anime plus de
20 centres culturels, deux centres de théâtre professionnel, de nombreuses
galeries d'art, un grand nombre de maisons d'édition, trois salons du livre, et
cetera.
72 Quatre cents écoles de langue française utilisent déjà les émissions
scolaires de TFO.
73 Six milles enseignants francophones dispensent un enseignement en français
dans ces 400 écoles à près de 100 000 enfants.
74 Quatre collèges de langue française servent les francophones dans les
trois grandes régions de la province.
75 Trois universités bilingues offrent des programmes universitaires en
français.
76 Un réseau de Caisses populaires, membres du Mouvement Desjardins sert une
vaste clientèle de coopérants francophones.
77 Il existe plus de 12 000 francophones qui gèrent leur propre
entreprise.
78 L'assimilation ne guette pas tout le monde, quoiqu'en disent nos
professionnels que j'appelle négatifs dans leurs projections.
79 Les francophones de l'Ontario s'intéressent à ce qui se passe au Québec et
dans le reste de la francophonie canadienne.
80 Que capter TFO, c'est un plus sur la francophonie canadienne.
81 Madame la Présidente, je voudrais vous citer, en terminant, un exemple.
Les grands réseaux canadiens de télévision de langue française ont négligé, ou
si vous préférez, abandonné les communautés vivant en milieu minoritaire. Il est
rare qu'on entend parler des Acadiens ou des francophones de l'extérieur du
Québec sur ces réseaux. Vous me direz que c'est une réalité économique.
Peut-être. Mais c'est aussi un manque d'intérêt de la part des journalistes et
des réseaux nationaux de langue française.
82 RDI, Radio-Canada, TVA, TV5, RDS, TFO et la future Télé des Arts, tous, je
souligne, tous, doivent être offerts dans le service de base par les
câblodistributeurs. Que ces chaînes soient regroupées dans les 20 ou 25
premières chaînes offertes, je trouve ça très, très raisonnable.
83 Que le CRTC exige des grands distributeurs de services de télévision
qu'ils se dotent d'une chaîne communautaire et engagent des fonds nécessaires
pour offrir un produit de qualité, il me semble que ce n'est pas trop
demander.
84 Laissez-moi terminer sur un exemple assez, comment dirais-je, triste. En
juin dernier, il y a eu à Ottawa, ici, au Sénat, la tenue du Concours provincial
de français en Ontario. Quatre-vingt-six institutions scolaires de l'Ontario ont
participé. Nous avions un budget de 60 000 $. Plus de 50 000 $ ont été
distribués aux candidates et aux candidats.
85 Je vous dirais en passant que la lauréate de ce concours de français qui
était organisé par l'Université d'Ottawa et l'Université Laurentienne, la
lauréate est une demoiselle, une jeune fille de l'École secondaire catholique
française Cardinal Carter de Aurora en Ontario.
86 Le concours de français est un concours annuel. Comme je vous l'ai dit,
les médias avaient reçu un avis de l'Université d'Ottawa et Laurentienne à
l'effet que ce concours se tenait le 5 mai. Aucun journaliste, je souligne,
aucun journaliste de la radio, de la télévision n'était là. Ce n'est pas qu'on
ne leur a pas dit. Mais c'était pas payant, il faut croire.
87 Ils étaient nombreux. La salle était pleine. Ils étaient très déçus. La
seule mention qui a été faite par la Presse écrite dans LeDroit, un petit
paragraphe disant "Une belle couvée". C'est tout ce que ça disait.
88 C'est extrêmement difficile pour les minorités de se faire entendre si on
refuse de propager la bonne nouvelle. C'était une bonne nouvelle. On a été
extrêmement déçu.
89 Je ne dis pas que le CRTC est à blâmer là-dedans. Je dis que les grands
réseaux de télévision et de radio manquent d'intérêt aux activités. Il y en a
qui ne s'intéressent pas du tout. Ils ont peut-être raison. C'est pas payant
bien gros.
90 Mais en Acadie, en Ontario, dans l'Ouest du Canada, il y a des choses qui
se passent qu'on aimerait partager avec nos frères et nos cousines et nos
cousins du Québec. Quand on nous empêche de parler, de se faire entendre, c'est
difficile. Je vous remercie.
91 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Sénateur Gauthier. Vous me rappelez des vieux
souvenirs en me parlant du Concours de français de l'Ontario, et aussi, vous
m'obligez à divulguer mon âge.
92 En 1952, je participais. Ça existe depuis très longtemps. Cela a peut-être
changé un peu de forme, mais... L'Académie du Sacré Coeur de Hawkesbury, où
j'étais étudiante.
93 Monsieur le Conseiller Cardozo a une question pour vous.
94 CONSEILLER CARDOZO: Merci, Madame la Présidente.
95 SÉNATEUR GAUTHIER: Vous m'excuserez, je souffre de surdité. C'est
extrêmement difficile... Je n'ai pas compris ce que vous avez dit, mais
j'imagine que vous avez...
96 CONSEILLÈRE WYLIE: Madame pourrait peut-être vous le dire.
97 Je sais exactement de qui vous parlez, parce que c'était très important
dans notre formation pour les Franco-Ontariens. C'est un bon signe que ça existe
toujours.
98 Monsieur Cardozo.
99 CONSEILLER CARDOZO: Merci, Madame la Présidente. Merci, sénateur, pour
votre présentation.
100 Je comprends très bien votre point de vue. J'ai lu votre soumission
écrite et j'ai une question pour vous, pour le futur de la télévision.
101 J'ai lu, dans quelques soumissions écrites, une proposition pour une
nouvelle chaîne dédiée aux francophones minoritaires. Pensez-vous qu'il est
possible d'avoir une chaîne comme ça, peut-être un TFO plus, une grande partie
de TFO, la programmation de TFO et le reste, par la programmation d'autres
provinces?
102 SÉNATEUR GAUTHIER: C'est possible. C'est faisable, je devrais dire, s'il
y a une volonté. Je pense qu'une chaîne nationale des groupes ou des minorités
de langue officielle dans les provinces autres que celle du Québec donnerait une
chance à nos réalisateurs, donnerait une chance à nos produits artistiques
d'être partagés par tous les Canadiens.
103 Le problème, c'est qu'on n'est pas connu. N'étant pas connu, on n'a pas
de, comment dirais-je, de capacité financière suffisamment pour pouvoir lancer
un tel réseau.
104 Mais il existe des réseaux... Vous venez d'accorder une licence à TVA. Je
regarde de temps en temps TVA. J'ai rarement entendu parler de la francophonie
canadienne à TVA.
105 Radio-Canada, c'est ma chaîne, c'est mon réseau et je me sens très
colonisé de Montréal, même à Ottawa. Demandez aux Acadiens, ils se sentent
colonisés de Montréal et d'Ottawa eux autres. On a une grande difficulté à
convaincre les grands réseaux.
106 Ils ont coupé notre télévision à l'heure de pointe le soir, notre
programme de nouvelles. C'est triste de vouloir vivre et survivre dans cette
langue au Canada et de ne pas avoir les outils pour le faire. C'est
difficile.
107 Monsieur Cardozo, si vous trouvez un moyen d'introduire l'idée ou de
présenter une idée qui forcerait -- je n'ai peut-être pas le bon mot
là -- mais qui exigerait que les grands réseaux qui font de
l'argent -- autrement ils ne seraient pas en affaires -- et les
câblodistributeurs qui font de l'argent... Un peu comme qu'est-ce qui se passe à
Ottawa.
108 Ä Ottawa, on a une radio communautaire et une télévision communautaire,
Rogers. Ils viennent, à l'occasion couvrir la scène nationale, couvrir la scène
francophonie et on l'apprécie beaucoup. Est-ce que c'est possible d'étendre ça à
l'Acadie puis à la francophonie hors-Québec?
109 Je pense qu'on a un outil, TFO. Je vois, moi, TFO devenir une chaîne
nationale avec, comme je l'ai vu dans mon mémoire tantôt, avec ses assises
franco-ontariennes. On nous a répondu, bien oui, bien il y a déjà une chaîne
éducative au Québec. Je le reconnais, ça. Mais 90 pour cent de ce que TFO fait
n'est pas fait par Télé-Québec. Quatre-vingt-dix pour cent. Ce n'est moi qui le
dis, ce sont les experts.
110 Alors il y aurait moyen de donner à TFO une meilleure expansion. Elle est
actuellement au Nouveau-Brunswick et un petit peu dans le Québec, je le
reconnais. Mais pourquoi cette résistance de la part des grands, Vidéotron et
Cogeco? Pourquoi cette résistance du CRTC à obliger?
111 Vous l'avez fait pour les autochtones et je reconnais que c'est une bonne
chose que vous ayez fait ça. Vous avez forcé la note là-dessus. Vous avez dit
aux câblodistributeurs, vous allez inclure le poste ATPM dans votre chaîne.
C'est correct ça. Cela a donné aux autochtones un outil de communication. Ils
ont des difficultés, mais ça se règle.
112 Alors pour moi, TFO chaîne nationale, je la vois. Il faudrait peut-être
que les provinces y contribuent. C'est à TFO de faire des démarches. Ce n'est
pas à moi. Mais je pense que c'est possible, c'est faisable, comme je le disais
tantôt.
113 CONSEILLER CARDOZO: Merci beaucoup.
114 J'ai aussi une question sur le sujet de la radio. Dans beaucoup de villes
hors-Québec, la viabilité des radios commerciales en français, c'est
difficile.
115 D'après vous, est-ce que la radio communautaire est un bon remplacement
pour remplir les besoins de radio communautaire?
116 SÉNATEUR GAUTHIER: Faute de l'intérêt du commercial et l'engagement des
communautés à se parler à travers la radio communautaire, moi je pense qu'il
faut être ouvert à ces opportunités. J'aimerais que Radio-Canada radio soit
peut-être un petit peu plus sensible aux besoins des minorités francophones.
Mais je reconnais qu'il y a des limites également.
117 Mais si on vous offre de faire une radio communautaire comme à Toronto,
il y avait trois licences accordées récemment, Monsieur Cardozo. Deux ont été
accordées à des postes anglophones, et Dieu sait comment il y en a à Toronto des
postes anglophones. Radio communautaire, zéro. Un poste autochtone.
118 J'ai regardé les statistiques. Ä Toronto, il y a 38 000 Franco-Canadiens
d'expression française. Il y a au-dessus de 150 000 bilingues à Toronto. Il y a
une clientèle qui justifiait une radio communautaire. Vous avez dit non. Ce
n'est pas à moi à vous dire quoi faire.
119 Dans votre compétence, vous avez toutes les compétences pour prendre ces
décisions-là. Je ne comprends pas honnêtement pourquoi vous avez refusé à
Toronto une radio communautaire. J'ai lu votre raisonnement, mais je ne suis pas
plus impressionné que TFO.
120 Votre raisonnement de TFO, sur les huit ou neuf pages de la décision, il
y avait un paragraphe ou deux sur le pourquoi du non et en grande partie, à
cause de la duplication des services.
121 Je vous ai expliqué tantôt, c'est faux de dire que c'est la même chose.
D'ailleurs, il y a un accès radio et télévision en anglais au Québec qui excède
de beaucoup, d'après moi, la justification pourquoi avoir droit à une offre plus
généreuse, plus ouverte, plus compréhensive, plus canadienne.
122 Vous étiez pour étudier -- je ne sais si vous l'avez fait. On m'a
dit que oui mais... Vous étiez pour étudier la venue de quatre chaînes
européennes récemment. J'avais écrit à madame la Présidente, Madame Bertrand,
pour lui demander, pour l'amour du Bon Dieu, attendez, avant d'approuver des
chaînes européennes, qu'on ait fini le processus de contestation judiciaire.
Parce que je conteste votre décision. Elle m'a répondu que oui.
123 Mais des sources bien informées, des journalistes, en particulier, m'ont
dit, ils ont déjà décidé. On va avoir quatre chaînes européennes. Et la chaîne
ontarienne TFO ne pourra pas aller au Québec. Elle pourrait y aller, vous avez
raison de me dire ça. Ce n'est pas une défense que vous avez faite. Vous n'avez
pas donné l'appui nécessaire de leur dire, vous allez l'offrir dans votre
formule de base, dans votre bouquet de base. Ils ne l'offrent pas.
124 Regardez, dans mon mémoire, j'ai publié l'annonce de Vidéotron. Regardez
ce qui est offert. Au Québec, s'il vous plaît. Imaginez-vous, nous autres, les
Franco-Ontariens, ce qu'on nous offre!
125 Alors ma réponse, Monsieur Cardozo, c'est s'il y a moyen de faire un
poste national avec TFO, faisons-le. Tant qu'à la radio, bien, je pense que la
radio communautaire répond à un besoin actuel des communautés. Elle essaie, elle
travaille très fort. Et si le commercial ne trouve pas ça assez payant, bien,
que le diable les emporte.
126 CONSEILLER CARDOZO: Merci beaucoup. Merci, Madame la Présidente.
127 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Monsieur Cardozo
128 Nous vous remercions, monsieur le sénateur. Nous apprécions grandement
que vous soyez venu nous faire part de vos préoccupations et de vos
recommandations.
129 Est-ce que vous avez autre chose à ajouter?
130 SÉNATEUR GAUTHIER: Si je continue, je vais parler pendant deux heures. Je
suis un petit peu politicien, vous savez!
--- Rires / Laughter
131 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous allez être bien fatigué!
--- Applaudissement / Applause
132 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci.
133 Madame Cloutier.
134 Mme CLOUTIER: Merci, Madame la Présidente.
135 M. Gilles Myner, président de la Radio communautaire de Prescott-Russell.
Est-ce qu'il est ici, M. Myner? Non.
136 Alors M. Denis Bertrand, directeur général de Théâtre Action. Il est ici?
S'il vous plaît.
INTERVENTION / INTERVENTION
137 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour, Monsieur Bertrand.
138 M. BERTRAND: Bonjour, Madame Wylie, Monsieur Cardozo, Monsieur le
Sénateur, mesdames et messieurs.
139 Je suis le nouveau directeur général de Théâtre Action. En fait, c'est ma
première journée au travail aujourd'hui, donc toute une sortie en quelque
sorte.
140 Permettez-moi de vous présenter très brièvement ce qu'est Théâtre Action
et j'entrerai ensuite dans le vif du sujet.
141 Cela fait déjà tout près de 30 ans que Théâtre Action oeuvre au
développement du milieu théâtral en Ontario français. T.A. travaille en
collaboration et offre des services directs aux compagnies professionnelles,
artistes, troupes communautaires et troupes scolaires. Nous organisons deux
festivals de théâtre provinciaux, un annuel en milieu scolaire et un autre aux
deux ans en milieu communautaire.
142 Nous avons publié huit ouvrages pédagogiques sur la pratique du théâtre.
Nous avons contribué aussi directement à l'édification d'un centre de théâtre à
Sudbury, géré par le Théâtre du Nouvel Ontario. Nous avons aussi contribué à la
création du Centre de théâtre d'Ottawa, que vous connaissez peut-être sous
l'appellation de La Nouvelle Scène, et nous travaillons présentement à la
création d'un troisième centre à Toronto sous la gouverne du Théâtre français de
Toronto.
143 Grosso-modo, nous voyons à la promotion de la vitalité, de la créativité
du milieu théâtral franco-ontarien à tous les niveaux, au niveau provincial,
national et international également.
144 Il est évident que par les temps qui courent, les médias électroniques,
la radio et la télévision en particulier, suivies de très près par l'Internet,
contribuent au rayonnement de la culture, peu importe sa forme, peu importe
l'origine.
145 En Ontario français, les radios communautaires, les services régionaux
radio et télé de la Société Radio-Canada et TFO diffusent le produit culturel
franco-ontarien localement. Et quand je dis localement, c'est essentiellement à
l'intérieur des frontières de l'Ontario. D'ailleurs, Radio-Canada télé et TFO
produisent toutes les deux des magazines culturels.
146 Le milieu artistique franco-ontarien, lui, voudrait bien avoir l'occasion
de se faire valoir sur la scène nationale via les médias électroniques. C'est
pourquoi Théâtre Action a appuyé la création de la Télé des Arts. D'ailleurs,
Madame Wylie, je peux vous dire tout de suite que nous approuvons la
distribution prioritaire en mode numérique de la Télé des Arts. On préférerait
en mode analogique, mais on connaît la réalité. Nous avons aussi appuyé la
diffusion de TFO au Québec.
147 Ä ce point-ci, évidemment, on se fait l'écho des propos du Sénateur
Gauthier. En vous opposant à la diffusion de TFO au Québec, c'est-à-dire le
CRTC, en s'opposant à la diffusion de TFO au Québec, vous avez nui au
rayonnement de la culture franco-ontarienne dans le marché francophone le plus
important en Amérique-du-Nord. Nous espérons que vous profiterez de la
consultation courante pour réviser votre décision à l'égard de TFO et que vous
lui permettrez effectivement d'accéder au marché québécois.
148 Théâtre Action croit aussi que les francophones de l'Ontario devraient
avoir accès au plus vaste éventail possible de chaînes de radio et de réseaux de
télévision de langue française pour contrecarrer l'influence des médias
anglophones. Après tout, la grande disponibilité des réseaux anglophones est un
facteur d'assimilation au sein même des foyers francophones.
149 Le CRTC doit faire tout en son pouvoir pour accroître de façon
significative le nombre de services en français auxquels les francophones ont
accès et ce, partout en Ontario. soit en obligeant les câblos analogiques à le
faire ou en adoptant des mesures qui accéléreront la mise en place et l'offre de
la télé numérique.
150 Le rayonnement des arts et de la culture passent entre autres par la
scène et les galeries d'exposition, par les produits imprimés tels les journaux
et les livres et par les médias électroniques. Ces plate-formes sont de plus en
plus dépendantes les unes des autres. C'est pourquoi les francophones de
l'Ontario veulent se voir, s'entendre et se présenter aux autres via les médias.
Ils veulent aussi savoir ce qui se passe ailleurs dans la francophonie
canadienne et internationale.
151 La radio et la télé de langue française sont les moyens privilégiés pour
ce faire et c'est pourquoi nous espérons que le CRTC ira de l'avant avec des
mesures qui vont faciliter le rayonnement d'une part de notre culture, et aussi,
permettre aux francophones de l'Ontario d'avoir accès à d'autres ressources
culturelles via la radio et la télévision de langue française.
152 Merci.
153 CONSEILLÈRE WYLIE: Monsieur Cardozo.
154 CONSEILLER CARDOZO: J'ai juste une petite question pour vous,
monsieur.
155 J'aimerais comprendre un peu mieux la connexion entre le théâtre et la
télévision. Est-ce qu'il y a une grande connexion? Est-ce que c'est la chance de
formation pour les acteurs, les écrivains, et cetera?
156 M. BERTRAND: La connexion est assez étroite en Ontario français. Il y a
des dramaturges, par exemple, qui écrivent pour le théâtre et qui écrivent aussi
pour la production télévisuelle. On a des comédiens qui font de la scène et qui
aussi se retrouvent à l'écran dans des séries, par exemple, à TFO.
157 Donc, le lien est étroit. Et de fait, Théâtre Action entretient des liens
privilégiés et assez étroits, à la fois avec Radio-Canada et TFO à bien des
égards. On est des alliés en tout et partout.
158 Par exemple, Radio-Canada télé offre des publicités en ondes aux
différentes productions produites par les compagnies de théâtre professionnel
franco-ontariennes. Radio-Canada et TFO sont des partenaires réguliers dans la
promotion d'activités théâtrales, que ce soit nos festivals, des présentations à
la fois professionnelles, communautaires ou scolaires.
159 CONSEILLER CARDOZO: Est-ce que votre présentation de théâtre est
télédiffusée?
160 M. BERTRAND: Il y a déjà eu des tentatives de présenter en ondes
certaines oeuvres de théâtre. Évidemment, ça s'est concrétisé à quelques
reprises, mais ce n'est pas une pratique régulière. C'est entre autres pourquoi
on a appuyé la création de la Télé des Arts, parce que là, du côté de
Radio-Canada, on nous a laissé entendre que si on avait à présenter, à un moment
donné, en ondes, une pièce de théâtre, -- parce qu'à une certaine époque,
c'était une pratique courante à Radio-Canada, c'était une pratique courante très
populaire -- rien n'empêcherait que les pièces qui seraient présentées en
ondes proviendraient de l'extérieur du Québec, de l'Ontario, de l'Acadie ou de
l'Ouest.
161 Donc, avec la venue de la Télé des Arts, il y a peut-être là une
opportunité nouvelle pour présenter, via la télé, des pièces de théâtre.
162 CONSEILLER CARDOZO: Okay, merci. C'est tout, Madame la Présidente.
163 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci.
164 Monsieur Bertrand, est-ce que vous oeuvrez surtout à Ottawa ou est-ce que
vous regroupez les communautés du reste de l'Ontario aussi?
165 M. BERTRAND: On est partout en Ontario. Nos membres sont partout...
166 CONSEILLÈRE WYLIE: Pas seulement dans l'est de l'Ontario?
167 M. BERTRAND: On a des membres dans le nord, dans le centre-sud-ouest,
Toronto, Sudbury, Ottawa, Hawkesbury, Alexandria. Nommez une ville et il y a
probablement une compagnie de théâtre, soit professionnelle, ou des troupes de
théâtre communautaires ou scolaires avec qui nous faisons affaires.
168 CONSEILLÈRE WYLIE: C'est un regroupement que vous faites d'Ottawa.
169 M. BERTRAND: Oui, nos bureaux sont ici. Par contre nos membres...
170 CONSEILLÈRE WYLIE: Et vous êtes en contact avec toutes les communautés
franco-ontariennes qui auraient des troupes de théâtre.
171 M. BERTRAND: Ce qui est à peu près le cas de presque toutes les
communautés.
172 CONSEILLÈRE WYLIE: Et évidemment, même si ce n'est pas à la télévision,
c'est quand même un véhicule de plus pour la francophonie.
173 M. BERTRAND: Écoutez, il y a sans doute... On n'a jamais fait le calcul,
puis j'espère qu'on va le faire bientôt, mais il y a probablement, bon an mal
an, tout près de 1 000 personnes en Ontario français qui participent, de près ou
de loin, à une production théâtrale. Puis là, je ne vous parle pas de gens qui
vont voir les spectacles. Je parle des gens qui travaillent à monter un
spectacle, à créer, mise en scène, décor, promotion. Il y a tout près au moins
1 000 personnes par année qui travaillent juste à mettre en scène des
spectacles de théâtre. Puis là, s'ajoute à ça évidemment les spectateurs, et
cetera.
174 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous remercions, Monsieur Bertrand, d'être venu
nous faire part de vos commentaires. Nous vous souhaitons beaucoup de succès
dans votre nouveau poste.
175 M. BERTRAND: Merci.
176 CONSEILLÈRE WYLIE: Madame Cloutier.
177 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
178 Alors Mme Betti Leblond va maintenant faire sa présentation.
INTERVENTION / INTERVENTION
179 Mme LEBLOND: Bonjour, mesdames et messieurs. Je vais d'abord remercier
monsieur le sénateur Gauthier d'avoir été un peu émotif dans sa présentation. Il
y a des choses comme ça où je pense que c'est presqu'impossible de ne pas
l'être, surtout sur la condition des femmes, l'environnement ou la santé en
français.
180 Ceci dit, le point principal que je trouve, c'est justement l'ignorance
presque planifiée ou l'indifférence à l'égard des francophones. Je me suis
réveillée quand j'ai appris, justement, que nos taxes allaient
directement - nos taxes municipales allaient directement aux commissions
scolaires publiques, donc anglophones, si on ne spécifiait pas que c'était les
écoles francophones. Alors là, cela a été mon baptême de la réalité
ontarienne.
181 Quand je vois la possibilité de communication en français avec d'autres
télévisions, que ce soit TFO dans les autres provinces ou que ce soit Câble
Fundy du Nouveau-Brunswick avec nous puis avec l'Ouest, je me demande quelle
serait, dans votre rôle, la capacité de faire intervenir plus sérieusement la
technologie.
182 Si je gagnais un million ou plus, est-ce que ce serait possible que je
puisse avoir mon propre satellite pour avoir ces postes que j'aimerais pouvoir
choisir, que ce soit du Nouveau-Brunswick, de la Colombie-Britannique? Je ne
veux pas entendre dire qu'on en a beaucoup. Puis je trouve que le problème de la
multitude de postes anglais n'est pas non plus une solution de dire qu'on est
inondé. Je pense que si on crie assez fort pour dire, bien, on est là aussi, on
va peut-être avoir un petit peu de considération.
183 Lorsque je vois que Historia n'est pas encore offert dans la région de
l'Ontario ici, puis ça fait déjà un bon moment que ça existe, moi je pense que
si les câblodistributeurs étaient obligés à une certaine observation stricte des
services francophones, commencer par ça, je pense qu'après, vous auriez tout le
temps de vous pencher sur les nouvelles demandes pour la Télé des Arts.
184 Mais si on commençait par se pencher sur le problème des francophones qui
se noient dans l'anglais. Moi, je trouve que c'est vraiment urgent.
185 On le sait que ça existe, Câble Fundy, tout comme les gens du Québec
savent que TFO existe.
186 Et là, je trouve que pour l'unité du Canada, n'en déplaise à Mme Copps,
ça prend beaucoup plus que des petites trousses avec un drapeau puis une
cassette!
187 On aurait les moyens de communication par ces câbles de l'extérieur du
Québec et de l'Ontario, puis là on aurait des communications, puis les deux
francophones... Peut-être un petit Blais dans le Territoire du Nord-Ouest, il y
a droit autant que les concentrations.
188 Pour moi, à ce moment-là, on respectera l'esprit de ce pays qui est un
des meilleurs du monde avec sa dualité linguistique. Ä ce moment-là, on pourra
commencer à brocarder. D'ici là, je trouve qu'on fait pitié entre la réalité et
les mots. Voilà.
189 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Madame Leblond.
190 Madame Leblond, vous n'avez pas besoin d'un million pour recevoir un
service de satellite. C'est déjà possible. Vous avez besoin d'un peu d'argent,
mais pas un million pour recevoir les services francophones. Tous les services
francophones sont accessibles.
191 M. LEBLOND: Je ne parle pas à travers mon chapeau quand je dis qu'au
Nouveau-Brunswick, le Câble Fundy, ça existe vraiment. Mais comment pourrais-je
le capter, si vous me dites que je pourrais.
192 CONSEILLÈRE WYLIE: Pas le Câble Fundy, mais vous pouvez, par exemple
avoir Historia. Le Câble Fundy, c'est un système de distribution lui aussi. Mais
si vous voulez recevoir plus de...
193 Mme LEBLOND: Mais sont-ils obligés de respecter certaines normes lorsque
vous leur donnez un permis?
194 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, mais à la câblodistribution, vous avez raison.
Sur le système analogique, il n'y a pas beaucoup de services francophones
accessibles. Par exemple, à Ottawa, il n'y en a pas autant que les gens
voudraient.
195 Si vous vous abonnez au service numérique déjà, il y a une beaucoup plus
grande offre, et aussi, si, au lieu du câble vous utilisez une soucoupe
satellitaire pour recevoir les services, vous avez - tous les services
francophones existants vous seraient accessibles.
196 Donc, oui, il faut - en ce moment, il faut se fier au service
numérique. Chez Rogers, en ce moment, ils ont une offre beaucoup plus large au
numérique qu'à l'analogique. Mais c'est vrai qu'il faut louer ou acheter un
décodeur et installer une soucoupe pour le recevoir. Mais ce n'est pas un
million.
197 Mme LEBLOND: Non, mais dans un cas où je vis dans une résidence, d'après
ce que je peux comprendre, il y a un forfait avec le câblodistributeur puis on
ne peut rien rajouter que ce qu'il nous donne.
198 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, vous êtes peut-être dans une situation...
199 Mme LEBLOND: Alors là, nos pressions devraient être sur le
câblodistributeur et non sur vous.
200 CONSEILLÈRE WYLIE: Si vous êtes desservie par le câblodistributeur, il
vous faut un décodeur numérique en ce moment pour pouvoir avoir accès à plus de
services, parce qu'au niveau analogique, il y a un nombre limités de canaux,
tandis qu'au niveau numérique, c'est beaucoup plus facile de faire la prestation
d'un plus grand éventail de services.
201 Mais il est très possible que vous soyez dans une situation où vous devez
vous fier à la câblodistribution analogique et à ce moment-là. Il est vrai qu'il
y a une offre qui n'est pas...
202 Mme LEBLOND: Limitée.
203 CONSEILLÈRE WYLIE: ...qui n'est pas satisfaisante pour les
Franco-Ontariens. Mais je ne voudrais pas que vous pensiez que les gens doivent
s'acheter un satellite pour y arriver.
204 Mme LEBLOND: Non, mais est-ce que je peux partir d'ici avec une
suggestion? Moi, pour taper sur la tête d'un clou, ça, je suis toujours prête.
Si ce n'est pas le vôtre, je voudrais savoir sur quel.
--- Rires / Laughter
205 CONSEILLÈRE WYLIE: En ce moment, il faudrait que vous tapiez sur la tête
de...
206 Mme LEBLOND: De mon câblodistributeur.
207 CONSEILLÈRE WYLIE: ...de la gérance...
208 Mme LEBLOND: De la résidence.
209 CONSEILLÈRE WYLIE: ...de la maison pour essayer d'obtenir l'offre
numérique. Mais nous, évidemment, nous essayons de voir comment nous pouvons
ajouter des services.
210 Mme LEBLOND: Ä l'éventail offert au grand public.
211 CONSEILLÈRE WYLIE: Ä l'éventail offert à l'analogique, qui n'est pas
facile parce qu'il y a un nombre limité de canaux disponibles.
212 Alors vous êtes peut-être dans une situation où vous n'avez pas tout à
fait vous même le contrôle de...
213 Mme LEBLOND: Pas de clou!
214 CONSEILLÈRE WYLIE: Pardon?
215 Mme LEBLOND: Il n'y a même pas de clou!
--- Rires / Laughter
216 CONSEILLÈRE WYLIE: Je dis, il n'y a même pas de clou sur lequel je peux
taper.
217 CONSEILLÈRE WYLIE: Ah, je vois. Ah oui, vous pouvez taper sur le CRTC
pour qu'il bouge les choses.
218 Mme LEBLOND: Pour garder ma musculature de lutte.
219 CONSEILLÈRE WYLIE: C'est ça. Mais maintenant que vous m'avez bien
avertie, je ne vais pas passer tout près de vous.
--- Rires / Laughter
220 Mme LEBLOND: Je veux mettre personne dans l'eau bouillante, mais je n'ai
pas bien l'habitude de...
221 CONSEILLÈRE WYLIE: On vous a bien comprise, Madame Leblond, et nous vous
remercions d'être venue nous voir. Nous espérons que la gérance de la maison où
vous êtes va essayer de régler votre problème. En attendant, nous, nous essayons
de taper les clous des câblodistributeurs.
222 Mme LEBLOND: Je vous remercie du temps que vous m'avez alloué à si bref
avis et sans une présentation écrite. Je l'apprécie énormément.
223 CONSEILLÈRE WYLIE: Et j'espère que vous allez rester avec nous aussi
longtemps...
224 Mme LEBLOND: Ah oui, je vais rester pour les autres présentations.
225 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci.
--- Applaudissement / Applause
226 CONSEILLÈRE WYLIE: Madame Cloutier.
227 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
228 Est-ce que M. Myner est arrivé? Non.
229 Alors j'inviterais M. Robert Charbonneau des Productions R. Charbonneau.
Est-ce qu'il est ici? Je vous laisse la parole.
INTERVENTION / INTERVENTION
230 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour, Monsieur Charbonneau.
231 M. CHARBONNEAU: Bonjour, Madame. Je vais avoir une cassette à présenter.
Je ferai ça tout à l'heure.
232 Bonjour, mon nom est Robert Charbonneau. Je suis producteur indépendant
dans la région d'Ottawa.
233 Les Productions R. Charbonneau Incorporée siège à Ottawa depuis 1978. Je
dois vous dire que depuis 1996, nous avons produit, pour le compte de TFO et le
réseau de Radio-Canada, près de huit millions de dollars en séries culturelles,
magazines, documentaires, dramatiques jeunesse et dramatiques pour enfants.
234 Nous somme en développement présentement, aujourd'hui, avec le réseau de
Radio-Canada pour un deuxième volet de notre série pour enfants intitulée
"Sciences.com" qui a débuté cet automne sur le réseau de Radio-Canada. Cela
injectera encore, l'an prochain, au-delà d'un million et demi dans la production
ici même à Ottawa.
235 Nous sommes présentement en pourparlers avec TFO afin de produire un
téléroman de qualité sur la vie rurale en est Ontario français. Ces
pourparlers-là peut-être mèneront au développement d'une série.
236 Laissez-moi vous présenter, pendant les cinq prochaines minutes, quelques
extraits de ces émissions. Elles ont été tournées à Ottawa et dans plusieurs
régions du pays, dont l'Acadie et le Manitoba.
237 Ensuite, j'aimerais vous parler spécifiquement -- je suis ici pour
ça aujourd'hui -- des lacunes et des défis que représente la prestation de
services de radiodiffusion. C'est surtout ce thème-là que j'aimerais élaborer
subséquemment.
238 Donc, on va présenter le vidéo pour les gens qui ne sont pas au courant
des oeuvres qui ont été mises en branle par les gens d'ici. Tout ce que vous
allez voir dans les cinq prochaines minutes, ce ne sont que des extraits qui ont
été conçus par des gens d'ici en région, qui ont été écrites par des scénaristes
justement qui faisaient partie des organisations en théâtre qu'on retrouve un
peu dans la région d'Ottawa et autres. Il y a Toronto, par exemple, et il y a
des comédiens qui viennent des régions éloignées, qui viennent d'Ottawa, mais
qui viennent aussi de Sudbury, de Toronto, de l'Acadie, Caraquet et d'autres
régions. Vous ne les verrez pas tous dans les cinq minutes, mais en voici
quelques extraits.
--- Présentation vidéo / Video presentation
239 M. CHARBONNEAU: Donc vous avez quelques extraits des productions qui ont
été réalisées surtout depuis les trois dernières années en région grâce à
l'effort considérable de mon organisation et l'appui incontesté de TFO et aussi
de Radio-Canada et l'appui de Téléfilm Canada et le Fonds canadien de la
télévision.
240 Les réseaux francophones qui siègent au Québec, ou plutôt à Montréal,
donc tous sauf TFO, exigent que tout producteur fasse ses preuves en dramatique
en passant surtout par les émissions jeunesse et pour enfants.
241 Je vais vous amener à un point particulier que j'ai remarqué c'est qu'il
va y avoir tendance dans les années à venir en programmation jeunesse et en
enfance que la production soit faite pour des séries quotidiennes. Donc les
Simpsons touchent tout le monde même les gens du Québec, et il n'y aura que
quatre ou cinq producteurs partout au Canada français. Il n'y aura que 4, 5
producteurs -- donc peut-être moi-même et les autres vont venir de
Montréal -- qui vont réaliser toutes les séries télévisuelles pour tous les
diffuseurs au Québec pour les prochaines années à suivre parce qu'en anecdote on
achète maintenant les séries à coup de 102, ou 78, ou 90 émissions. Donc on a
l'intention de remplir le cadre, la grille du lundi au jeudi avec la même
émission.
242 Ça va se faire avec Canal Famille, avec Télé-Québec, avec Radio-Canada et
on sait que TVA n'a pas de télévision pour enfants, ou presque pas. Pour
l'apprentissage de ceux qui sont dans le domaine à l'extérieur du Québec, c'est
une porte d'entrée pour éventuellement se faire valoir mais qui va naturellement
être très petite parce qu'il n'y aura pas beaucoup d'opportunité.
243 Moi ce que j'ai constaté depuis des années, c'est que la part de marché
et la cote d'écoute jouent un rôle important pour l'avenir des diffuseurs. Donc
il faudra toujours inclure un profil québécois dans nos propositions en tant que
producteurs qui réalisent des séries.
244 Si le sujet n'est pas québécois, nous atteindrons rarement, sinon jamais,
les grandes heures d'écoute non plus. TFO est assujettie aux humeurs d'un
gouvernement provincial qui n'a pas toujours les mêmes valeurs que celles du
gouvernement canadien. TFO a des budgets très limités et fait de son mieux pour
survivre.
245 Malgré tout, il est le plus grand contributeur de tous les produits
originaux qui sont créés en régions par les producteurs indépendants
francophones hors Québec.
246 Moi on m'a accordé dix minutes, donc je n'ai pas grand temps. Je pourrais
en dire beaucoup plus, mais étant donné --
247 CONSEILLÈRE WYLIE: Ne vous limitez pas trop.
248 M. CHARBONNEAU: Étant donné qu'il y a un million de francophones qui
vivent en français à l'extérieur du Québec et que la survie du française en
Amérique du Nord dépend de la qualité de l'enseignement de la langue ainsi que
le développement de la culture française, moi je proposerais au CRTC, sachant
d'où vient ce qui suit ces temps-ci, je proposerais au CRTC qu'on recommande au
Cabinet fédéral la formation d'une deuxième chaîne publique et générale --
je dis bien générale -- provenant du réseau de Radio-Canada, par exemple,
et peut-être de son amalgamation éventuelle avec TFO -- on ne sait
jamais -- une chaîne hors Québec, une chaîne qui diffuserait, par exemple,
de 15 heures à 23 heures. De 15 heures à 23 heures ce serait une
programmation des nouvelles, et ainsi produirait des programmes de qualité parce
que si on exige qu'on diffuse de 8 heures le matin à 24 heures le soit on dilue
le produit pour les budgets qui sont alloués pour la production.
249 Le siège social, par exemple, pourrait être situé à Ottawa ou à Moncton,
et aurait la responsabilité de produire de la télévision originale à 85 pour
cent francophone hors Québec. La production indépendante serait aussi produite à
80 pour cent par des producteurs indépendants qui sont francophones et qui sont
à l'extérieur du Québec.
250 Le contenu produit permettrait donc aux populations hors Québec de mieux
se miroiter par ces émissions au lieu de toujours d'éclipser vers une télévision
anglophone et souvent, par exemple, "sitcom" américaines.
251 Cela permettrait aussi sans équivoque un épanouissement aux ressources en
création, scénarisation, prestation artistique, et en appui technique et en
production. Il y aurait définitivement une renaissance en francophonie régionale
qui selon mes calculs pourrait amener dix fois plus d'argent en productions
régionales et en création originale.
252 Le Fonds canadien de télévision a remis cette année, en l'an 2000,
au-delà de 200 millions de dollars en argent pour près de 600 millions de
dollars de production et je peux vous dire que les montants qui ont été mis de
côté pour la production indépendante francophone hors Québec est microscopique
en comparaison avec les argents importants qui sont investis à
Montréal -- je dis bien Montréal -- pour la production à la
télévision de séries en français.
253 Donc le dilemme d'après moi -- et en même temps j'aimerais répondre
peut-être à la question que vous avez posée à l'autre monsieur tout à
l'heure -- c'est qu'on fait face à la majorité. On est une minorité qui
fait face à la majorité. Sans le savoir notre majorité n'est pas anglophone,
elle est francophone mais elle est québécoise.
254 Donc si vous voulez produire de la télévision originale qui représente
bien notre milieu -- et je peux vous dire que j'ai présenté au-delà de 75
propositions de sujets qui touchaient véritablement notre milieu qui ont toutes
systématiquement été refusées par les diffuseurs de Montréal -- si on veut
vraiment se défaire de cela je ne vois pas comment on va pouvoir le faire quand
la majorité de l'auditoire est toujours québécois.
255 On a d'autres problèmes. Je suis conscient que vous avez demandé nos avis
sur quatre ou cinq sujets. Moi j'ai mis l'accent sur celui-ci parce que je suis
directement impliqué dans la programmation ou dans la production de programmes
de télévision.
256 Je ne sais pas si vous avez le pouvoir de le faire. Je sais que le
Cabinet a des fois le pouvoir de vous demander de vous raviser sur vos décisions
comme on a eu sur la Télévision des Arts, par exemple.
257 D'ailleurs je félicite -- un petit à côté -- je félicite
le CRTC pour avoir insisté à ce qu'un pourcentage de cette télévision qui sera
produite par la Télé des Arts soit produite par des producteurs indépendants à
l'extérieur du Québec parce qu'autrement je ne pense pas qu'ils en auraient
fait. D'ailleurs je me suis déjà prononcé là-dessus.
258 Les grands dramaturges de la région d'Ottawa, par exemple, ou même de
l'Ontario français, ont produit des oeuvres qui ont eu du succès en Belgique et
en France, même à Montréal, mais leurs oeuvres on n'a pas voulu nous permettre
de les adapter pour la télévision en forme dramatique. Presque toutes les
oeuvres ont été présentées à Montréal sans exception. J'ai vu ça avec mes
confrères/consoeurs producteurs francophones hors Québec à Moncton et à
Winnipeg, on a tenté de persuader certains réseaux d'adapter ces pièces-là. On a
systématiquement dit non parce que ça touchait un sujet qui intéresserait moins
la population du Québec. On ne voyait pas comment la langue avait à faire avec
un problème dans plusieurs des pièces. Ça c'est juste un exemple.
259 Donc tant qu'il va y avoir une majorité francophone
québécoise -- évidement, on a tous nos problèmes avec les Américains
et leurs produits "sitcoms" ou dans l'animation, par exemple, mais je ne vois
pas comment on va pouvoir persuader le diffuseur, quel qu'il soit, à accepter la
réalisation de la production de télévision qui reflète et miroite nos milieux.
Et comme je vous ai dit, il faut passer par une étape avant de se rendre à
l'autre. Donc si on est déjà bloqués au début, on ne pourra même pas faire de
télévision à grandeur d'écoute genre téléromans ou autres.
260 Je ne sais pas si vous avez des questions. En tout cas moi je vous
propose de recommander ça au Cabinet. C'est comme une TF2, une Radio-Canada 2,
ou un genre de produits de la sorte. Il y a des infrastructures qui existent
présentement partout au pays. Je peux vous dire même que je connais certaines
personnes qui travaillent pour les grandes chaînes hors Québec et qui sont pas
mal frustrées par l'incapacité d'avoir le pouvoir de prendre des décisions
vis-à-vis l'achat éventuel de produits originaux qui aient chercher des fonds au
sein même du Fonds canadien de télévision qui est financé aussi par le million
de Canadiens-français qui vivent à l'extérieur du Québec.
261 Merci.
262 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Monsieur Charbonneau.
263 Alors vous n'avez pas grand espoir que la diffusion de TVA sur une base
nationale avec des exigences aussi minimes qu'elles soient puisse vous
offrir...
264 M. CHARBONNEAU: On m'a indiqué qu'il fallait toujours que ça intéresse 85
pour cent d'un auditoire. C'est-à-dire qu'il fallait que ça intéresse un
auditoire québécois.
265 Je n'ai jamais dit, par exemple, qu'on ne pouvait pas créer un produit
qui intéressait les Québécois.
266 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais qui refléterait moins clairement la minorité
francophone hors Québec.
267 M. CHARBONNEAU: Il y a eu quelques tentatives, mais naturellement on
parachutait un peu --d'ailleurs ça avait du succès. On a eu Claire Lamarche
qui s'est présentée à Moncton. Ç'a attiré beaucoup de foules sur le site mais
est-ce que c'est vraiment ça qu'on veut représenter? Je n'en suis pas
convaincu.
268 D'ailleurs une de leurs obligations étaient de créer à TVA plus
particulièrement une émission par semaine. Elle est créée à Québec. Donc ça ne
peut pas être plus québécois que ça.
269 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous vous inquiétez aussi des ressources de TFO.
Est-ce que vous êtes au courant si des compagnies comme la vôtre, des sociétés
comme la vôtre, et des associations que vous connaissez, font des efforts auprès
du gouvernement ontarien pour avoir des ressources peut-être plus grandes pour
TFO puisque c'est leur service.
270 M. CHARBONNEAU: Écoutez, on n'est pas plusieurs en Ontario. Finalement,
si vous regardez les producteurs indépendants d'Ontario qui ont pignon sur rue
et qui sont présents à la télévision de TFO ou de Radio-Canada, il y en a deux
sur une population de onze millions. Il y a moi-même ici à Ottawa et il y a Mme
Danielle Caleau à Toronto.
271 Donc si vous nous comparez disons dans le domaine du lobbying à
l'Association canadienne des radiodiffuseurs ou le Canadian Producers
Association c'est évident qu'on n'a pas leur argent de financement pour se
permettre de -- parce que finalement c'est le lobbying que ça prend.
272 Mais la réponse c'est de toute manière, oui, on tente de peine et misère
de faire connaître notre point de vue, mais je suis entièrement d'accord qu'il y
a de l'ouvrage à faire de ce côté-là mais c'est évident qu'il y a encore
beaucoup de travail à faire.
273 Moi-même j'ai fait des pressions personnellement. Présentement il n'y a
pas vraiment de volonté trop...
274 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors si je comprends bien, vous vous sentez malmenés
et par le système majoritaire au Canada hors Québec, et par le système
majoritaire francophone au Canada intra-Québec.
275 M. CHARBONNEAU: D'accord oui. Je ne me sens malmené.
276 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais pas bien compris ou bien servi.
277 M. CHARBONNEAU: Non, écoutez, je ne peux pas dire que moi personnellement
je suis mal servi ou malmené ou pas bien compris. Moi je comprends comment ils
fonctionnent, eux savent comment ils fonctionnent. Je ne m'attends à rien de la
télévision privée, rien du tout, de Télé-Québec encore moins, des diffuseurs
publics tels que par exemple -- bon, le diffuseur public Radio-Canada,
je m'attends à ce que le diffuseur fasse des efforts et je dois dire qu'il en
fait. Il y en a encore beaucoup à faire mais au moins il en fait.
278 Mais même ce diffuseur-là a le problème du fait qu'il a un auditoire qui
est 85 pour cent québécois, 80-85 pour cent québécois. Donc c'est une question
pragmatique, disons, une question toute évidente pour moi que les faits de la
vie sont là et un peu de la même façon, jusqu'à un certain point, que les
diffuseurs anglophones ont, j'imagine, avec la télévision américaine qui fait
vraiment le "prime time" au Canada anglais. Il ne faut pas se leurrer, Global,
CTV -- CTV fait des efforts, mais surtout Global. Encore là CTV et les
autres postes c'est surtout de la télévision américaine anglophone qu'on regarde
en anglais, au Canada anglais. Donc on a tous les mêmes problèmes.
279 Donc je crois qu'un réseau ou une télévision qui siège à l'extérieur du
Québec, qui est gérée par des gens qui connaissent la télévision -- je
dis bien qui connaissent la télévision -- et qui ont à coeur la
francophonie hors Québec en régions, pourrait composer mieux ça et pourrait
miroiter mieux.
280 Donc l'auditoire aurait le choix. Là on l'empêche d'avoir le choix.
Voyez-vous -- je vais vous donner juste un autre exemple. Vous avez
Virginie qui joue à sept heures le soir. On pourrait avoir St-Isidore ou une
émission de la sorte où on met en évidence une communauté francophone qui est à
l'extérieur du Québec, à l'est de l'Ontario, qui peut être rurale, qui est près
des grands centres mais quand même où il y a beaucoup d'activités qui touchent
un peu plus les valeurs, la société hors Québec où on voit qu'il y a des
pressions sociales qui sont différentes peut-être que celles qui sont à
Jonquière, par exemple, et à ce moment-là on pourrait passer ça à sept heures,
7 h 30 le soir, et peut-être que les francophones en Ontario seraient
vraiment intéressés à suivre ça de près.
281 Ou ça pourrait être à Sudbury où on parle de la réalité dans une ville
minière et les pressions sociales qui sont exercées auprès des jeunes pour
parler en anglais à l'extérieur de l'école, ou à l'intérieur de l'école, ou dans
les cours d'école. On a ça ici à Vanier, on a ces mêmes pressions-là.
282 Donc ce sont des sujets qui sont vraiment intéressants. On a des gens qui
sont créateurs intelligents qui peuvent nous assister et nous appuyer. Les
écoles, les cités collégiales, les universités, les écoles élémentaires, m'ont
prouvé ici dans la région qu'ils sont capables de nous fournir du talent
extraordinaire pour faire de la télévision qui reflète bien le milieu.
283 Si on est toujours bloqués par un diffuseur qui dit, "Finalement je ne
sais pas comment quelqu'un des Cantons de l'est ou des Laurentides va comprendre
ton point de vue, ton projet", ça va durer longtemps autrement dit si on
n'apporte pas un changement radical.
284 Je ne dis pas que TFO ne peut pas le faire, mais il ne faut pas que ce
soit une télévision qui est provinciale.
285 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que ce réseau que vous préconisez vous
l'entrevoyez comme étant un réseau qui utilise le spectre avec des transmetteurs
ou qui serait distribué seulement par des systèmes de distribution?
286 M. CHARBONNEAU: Écoutez, moi je ne suis pas un ingénieur en électricité
ou l'informatique. Tout ce que je peux vous dire c'est que j'imagine que
Radio-Canada a quand même beaucoup de succès à travers le pays, il y a des
antennes partout, donc ça pourrait être un réseau, si ça provient du gouvernent
fédéral, donc de Radio-Canada, on pourrait se servir de ces antennes-là pour
accéder à la plupart du pays.
287 Ça pourrait être aussi un produit qui est émis par voie de canaux
spécialisés, donc le câble ou les antennes, les satellites, mais vous savez que
ce n'est pas encore tout le monde qui achètent les services d'ExpressVu.
288 Pour moi ce n'est pas secondaire, mais disons que c'est évident qu'il
faudrait qu'on y parvienne par la source qui permettrait la plus grande
accession auprès de l'auditoire.
289 CONSEILLÈRE WYLIE: Et plus immédiatement ce dont Mme Leblond parlait
justement, il y a des possibilités mais elles en sont encore à leurs premiers
balbutiements, elles souvent sont des possibilités dispendieuses.
290 M. CHARBONNEAU: Mais je préviens ceux qui viennent de nos communautés qui
croient qu'une télévision provinciale va résoudre le problème. J'ai peur qu'on
risque de se retrouver avec des moments où il y a du chantage, mettons, parce
que je peux vous citer des cas où tout argent que des personnes à TFO trouvent
comme source de financement, les deux-tiers doivent être remis à TVO. Il n'y a
qu'un tiers qui reste à TFO.
291 L'argument est qu'il y a juste 5 pour cent de la population qui est
francophone qui vit en Ontario donc pourquoi est-ce qu'on remet à TFO près d'un
tiers du financement total de toute la télévision publique en Ontario? C'est
l'argument du gouvernement.
292 Si vous vous servez de l'argument, par exemple, pourquoi on ne veut pas
aller plus loin à TFO pour l'instant, c'est que déjà, selon le gouvernement
Harris, on en donne beaucoup plus que le nombre le justifie.
293 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous remercions, Monsieur Charbonneau, d'avoir
pris le temps de venir nous faire part de vos commentaires au sujet de nos avis
publics.
294 Nous vous remercions.
295 M. CHARBONNEAU: Merci beaucoup.
296 CONSEILLÈRE WYLIE: Madame Cloutier.
297 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
298 Alors j'inviterais Madame Lise Routhier-Boudreau.
INTERVENTION / INTERVENTION
299 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour.
300 Mme ROUTHIER-BOUDREAU: Bonjour.
301 Je suis la présidente de l'Association des enseignantes et des
enseignants franco-ontariens. Je représente au-delà de 8 000 enseignants et
enseignantes qui oeuvrent dans les écoles françaises en Ontario.
302 Nous travaillons auprès de plus de 95 000 élèves francophones et
vous savez chez nous en Ontario français nos écoles sont au coeur de nos
communautés et si on veut les voir s'épanouir et se développer il est certain
qu'elles doivent être informées et elles doivent avoir la possibilité d'informer
les Canadiens et les Canadiens. Alors vous comprendrez l'intérêt que nous avons
pour ce dossier.
303 Je veux aussi vous présenter ma collègue, Mme Marie-Elizabeth Brunet, qui
est agente de communication chez nous.
304 Je tiens à vous remercier d'abord de nous recevoir et je reconnais aussi
le fait que le CRTC a répondu rapidement aux demandes du fédéral de tenir ces
consultations. Je trouve malheureux par contre que cette action ait été prise
dans la foulée du refus du CRTC de permettre que TFO soit obligatoirement
diffusée au Québec.
305 L'AEFO appuie aussi les recommandations qui ont été soumises par les
différents représentants des communautés francophones en situation minoritaire
et en particulier nous nous associons aux observations de l'Association
canadienne française et l'Ontario et de la Fédération des communautés
francophones et acadiennes du Canada.
306 Via l'Article 41 de la Partie VII de la Loi sur les langues officielles,
le gouvernement fédéral s'est engagé et a engagé aussi ses agences, ses
ministères à favoriser l'épanouissement des minorités francophones et
anglophones du Canada.
307 On s'attend à ce qu'on puisse appuyer leur développement ainsi que
promouvoir la pleine reconnaissance et l'usage du français et de l'anglais dans
la société canadienne.
308 A notre avis, le CRTC en tant qu'organisme fédéral doit s'associer et
contribuer à la réalisation de cet engagement. Malheureusement, la
réglementation du CRTC, à notre avis, reconnaît deux catégories de francophones
: ceux qui habitent dans des régions ou des marchés à majorité francophone, et
ceux qui habitent dans des régions et des marchés à majorité anglophone.
309 La disponibilité des services radiophoniques et télévisuels ne dépend pas
du nombre de francophones ou d'anglophones dans une région, mais du poids
relatif des uns vis-à-vis les autres.
310 Le CRTC et les câblodistributeurs ont soutenu par le passé que le nombre
limité de canaux télévisuels en mode analogique ne permettait pas d'augmenter ou
d'obliger la diffusion de canaux francophones à l'extérieur du Québec.
311 Il va sans dire que la diffusion en mode numérique devrait donc permettre
au CRTC d'avoir les coudées franches et de ne pas être perçu comme étant
davantage au service des intérêts des télédistributeurs que des Canadiennes ou
des Canadiens.
312 Le nombre de stations de langue française est tellement limité par
rapport aux stations canadiennes et américaines de langue anglaise que le CRTC
devrait s'assurer que toutes les stations de langue française soient distribuées
et accessibles à tous les Canadiennes et Canadiens peu importe leur lieu de
résidence au Canada.
313 Au minimum et en attendant que la distribution numérique le permette, le
CRTC devrait s'assurer que toutes les stations canadiennes de langue française
soient distribuées par tous les systèmes exploités dans les zones à majorité
francophone. Cette mesure assurerait à un nombre substantiel de
Franco-ontariennes et de Franco-ontariens l'accès à un produit télévisuel dans
leur langue.
314 Nous ne croyons pas qu'il soit utile pour le CRTC de maintenir son projet
de réviser les zones qui seraient désignées assez bilingues pour recevoir ces
services additionnels en langue française.
315 Les services agréés par le CRTC doivent être obligatoirement offerts dans
toutes les régions desservies par la technologie nécessaire.
316 Finalement, nous sommes préoccupés par l'érosion de la programmation en
français dans les stations régionales de Radio-Canada au cours de la dernière
décennie. Fermeture de CBLFT à Toronto; réduction considérable du personnel à
CBEF-Windsor; réduction des ressources à l'émission Ontario-30. Nous nous
préoccupons particulièrement de la situation dans l'est ontarien, surtout à la
télévision mais aussi à la radio et plus particulièrement ce qui touche la
couverture de l'actualité ontarienne.
317 Si vous me le permettez, j'aimerais partager les préoccupations que nous
avons par rapport à l'est ontario.
318 D'abord à la télévision. La couverture de la nouvelle ontarienne par
CBOFT est problématique depuis de nombreuses années. A l'époque où le Ce Soir
durait une heure, les téléspectateurs de l'est ontarien avaient droit à quelques
reportages en provenance surtout de Queen's Park produits par CBLFT. Avec la
disparition de CBLFT, CBOFT est devenue la tête du réseau ontarien tout en
conservant son mandat de desservir l'Outaouais québécois.
319 Depuis, nous avons eu droit à quelques formules différentes qui ont
tenté, sans beaucoup de succès, de répondre à ces deux mandats. Après quelques
années de ce fonctionnement boiteux, CBOFT a adopté la formule actuelle : on
prépare deux bulletins, un pour l'Ontario et un pour la région de l'Outaouais.
Le problème c'est qu'en adoptant cette formule on a fait fi des francophones qui
habitent la région d'Ottawa et tous l'est ontarien : c'est plus de 150 000
personnes, le tiers de la population francophone de l'Ontario.
320 Un seul journaliste est affecté en priorité au côté ontarien de la
rivière, ce qui veut dire que nous avons généralement droit à un reportage par
jour.
321 La nouvelle provinciale on oublie ça. Il faut qu'une nouvelle de Queen's
Park ait pris des proportions épiques avant qu'on nous en fasse part dans un
bulletin de nouvelles à CBOFT et encore... Un petit exemple qui nous touche de
près. A l'automne 97, quand les 160 000 enseignantes et enseignants de
l'Ontario ont déclenché la plus importante manifestation de ce genre à jamais
s'être produite en Amérique du Nord, CBOFT nous a donné un petit reportage d'une
minute trente qui faisait état du débrayage dans la région d'Ottawa-Carleton.
Rien sur ce qui se passait à la grandeur de la province.
322 Nous avons bien l'Ontario en direct à RDI, mais cette émission n'a pas
les ressources pour être un véritable bulletin de nouvelles. De plus, elle est
diffusée à 14 h 30, par exactement une heure de grande écoute. L'émission Impact
assure une certaine couverture d'affaires publiques ontariennes mais ça ne
compense pas l'absence de nouvelles quotidiennes.
323 Pour la radio la couverture des nouvelles est plus équilibrée qu'à la
télévision. Il y a un souci de couvrir Ottawa et l'est ontarien dans les
bulletins de nouvelles et aussi dans les émissions locales. Le problème à la
radio c'est une absence quasi-totale de nouvelles provinciales ontariennes.
324 Le lundi matin l'émission Tous les matins du monde fait le tour de
l'actualité prévue pour la semaine à Queen's Park avec le correspondant Marc
Labelle, mais on n'en entend plus parler puisqu'il est très rare qu'on passe un
reportage en provenance de Queen's Park dans les bulletins de nouvelles.
325 Malgré le fait que la radio couvre mieux la nouvelle du côté ontarien,
plusieurs lacunes importantes demeurent, et en voici quelques exemples.
326 Pendant la tempête de verglas, Ontario-30 a préparé une émission spéciale
sur l'impact de la tempête sur l'est ontarien. La diffusion de l'émission a été
coupée dans l'est ontarien car CBOFT s'est raccordée à ce moment-là à une
émission spéciale sur la tempête en provenance de Montréal et dans laquelle,
bien tendu, il n'était nullement question de l'impact de la tempête en Ontario,
ou même dans l'Outaouais.
327 Depuis septembre dernier, l'émission Ici l'Ontario est diffusée partout
en Ontario sauf dans l'est ontarien. Nous y sommes raccordés seulement pour la
dernière demi-heure. Pendant la première heure et quart de Ici l'Ontario, nous
avons droit au Midi-15 qui traite à peu près exclusivement des questions
québécoises.
328 On a systématiquement réduit les ressources accordées à Ontario-230 si
bien qu'aujourd'hui l'équipe de Ici l'Ontario est composée de trois
personnes -- une animatrice à Sudbury, un réalisateur et un
recherchiste à Toronto -- qui doivent produire près de deux heures
d'émission par jour. L'équipe doit compter sur la participation des journalistes
en régions mais cela veut dire qu'elle ne fait que rarement de vraies affaires
publiques.
329 Il s'agit souvent de nouvelles prolongées. L'émission peut difficilement
produire des reportages en profondeur ou des séries uniques comme elle le
faisait du temps où une équipe de journalistes était affectée à Ontario-30.
330 Pendant bien des années, le bulletin de nouvelles de 13 heures provenait
de Toronto et nous fournissait des nouvelles de tout l'Ontario. Ce bulletin est
disparu au profit d'un bulletin de nouvelles en provenance des diverses régions
du Québec. Pourquoi? On ne l'a jamais su.
331 Le problème le plus flagrant à la télé comme à la radio c'est qu'on ne
couvre pas du tout la nouvelle provinciale de l'Ontario.
332 La nouvelle provinciale du Québec est abondamment couverte dans les
bulletins nationaux en provenance de Montréal mais celle de l'Ontario tombe dans
les craques en particulier dans l'est ontarien où tant CBOF que CBOFT
considèrent qu'elles ont le mandat de couvrir la nouvelle régionale et
locale.
333 Par de curieux rebondissements, on arrive parfois à avoir quelques
nouvelles ontariennes. Ainsi, on a eu droit à des reportages sur la crise que
suscite le projet de transport des déchets de Toronto à Kirkland Lake. Quand?
Seulement quand le Bloc québécois s'est mis à questionner la position du
gouvernement Bouchard sur cette affaire. Sans cela on n'en aurait pas entendu
parler dans les bulletins de Radio-Canada que nous captons ici.
334 Donc il faut trouver un angle québécois ou encore il faut que ce soit une
nouvelle incontournable du genre du scandale de l'eau contaminée à Walkerton.
Règle générale, nous n'avons pas dans l'est ontarien le sentiment d'être
raccordés à notre province.
335 Pour ce qui est des pistes de solution. A la télé, la seule solution nous
paraît être une antenne double qui nous permette de capter le bulletin de
nouvelles qui est préparé pour le restant de la province et dans lequel il
faudrait insérer des nouvelles de l'est ontarien. Le mandat bicéphale de Ce Soir
est impossible et fera toujours des insatisfaits d'un côté ou de l'autre de la
rivière.
336 A la radio, il faut au moins un bulletin de nouvelles ontariennes à une
heure de grande écoute, que ce soit le matin ou fin d'après-midi, une plus
grande diffusion dans les autres bulletins de nouvelles à caractère provincial
et une façon de nous raccorder à l'émission Ici l'Ontario.
337 En conclusion, l'AEFO croit que le CRTC peut jouer un rôle important dans
le développement et l'épanouissement des communautés francophones et anglophones
en situation minoritaire.
338 Premièrement, il devrait revoir sa décision dans le dossier de TFO, et
deuxièmement, suite aux présentes consultations, le CRTC devrait assurer la
diffusion obligatoire de tous les services télévisuels francophones en mode
numérique sur le territoire canadien.
339 Ces décisions permettraient au CRTC de s'associer à la politique du
gouvernement canadien, soit celle de respecter une des valeurs fondamentales de
notre pays qui est la dualité linguistique canadienne.
340 Je vous remercie de votre attention
--- Applaudissements / Applause
341 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous remercions, Madame Boudreau, Madame
Brunet.
342 Le Conseiller Cardozo, s'il vous plaît.
343 CONSEILLER CARDOZO: Merci. Merci pour votre présentation, Madame.
344 J'aimerais savoir un peu plus si selon vous TFO reflète les nouvelles des
francophones de l'Ontario, des Franco-ontariens, assez bien et si je comprends
bien vous avez dit que les autres réseaux comme Radio-Canada ne reflètent pas
assez ou reflètent un peu?
345 Mme ROUTHIER-BOUDREAU: Effectivement. Pour ce qui est de TFO, TFO son
mandat premier c'est d'abord une télévision éducative. Elle nous donne droit
tout de même à des émissions dans le style Panorama qui tente et qui réussit
très bien dans ce qu'elle a à nous transmettre qu'elle retrouve un peut partout
en province au niveau des communautés francophones. Mais TFO n'a pas les budgets
ou n'a pas ce qu'il faut, les ressources nécessaires pour être en mesure de nous
informer de façon régulière sur les nouvelles provinciales et locales de nos
communautés.
346 Alors ce n'est certainement pas suffisant pour répondre aux besoins.
347 CONSEILLER CARDOZO: Il y a quelques organismes qui ont proposé une
nouvelle chaîne pour les francophones minoritaires dans tout le pays, une chaîne
hors Québec.
348 Avez-vous des idées sur cette proposition?
349 Mme ROUTHIER-BOUDREAU: Il est essentiel que les communautés minoritaires
aient accès à une télévision française à travers le pays. Comment ça peut se
faire, avec qui, de quelle façon ça peut être profitable pour l'ensemble de nos
communautés minoritaires? Moi je n'ai certainement pas les habiletés pour être
en mesure de répondre à cette question-là mais je peux vous dire que c'est
définitivement essentiel.
350 CONSEILLER CARDOZO: Merci beaucoup.
351 Merci, Madame la Présidente.
352 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Madame Boudreau. Nous apprécions que vous soyez
venue nous faire part de vos recommandations et de vos préoccupations et merci,
Madame Brunet aussi.
353 Madame Cloutier, s'il vous plaît.
354 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
355 Alors je demanderais à M. Michel Delorme.
INTERVENTION / INTERVENTION
356 M. DELORME: Alors moi je suis un artisan de la radio communautaire depuis
les premières heures de la radio communautaire, depuis les années 72-75. J'étais
pionnier de la radio communautaire au Québec, j'ai démarré des radios dans le
nord du Québec en Abbitibi, et depuis 83-84 j'ai travaillé avec les communautés
francophones à l'extérieur du Québec à démarrer le Réseau des radios
communautaires que vous connaissez aujourd'hui jusqu'à tout récemment
l'implantation du Réseau de satellite qui réunit les radios communautaires.
357 Lorsqu'on a pris connaissance de la réforme de la réglementation
concernant l'obtention des permis pour les radios communautaires, moi j'ai
personnellement été très surpris de cette ouverture-là. J'avais le goût même
d'écrire un article dans les journaux, de dire que c'est la libération des ondes
à la manière canadienne.
358 Donc je trouvais que c'était une belle opportunité pour insuffler dans le
secteur de la radio communautaire surtout pour des communautés encore plus
réduites cette possibilité d'avoir cette radio surtout par les phases de
développement.
359 Mais à ma grande surprise -- et là il y a eu une confusion au début
de cette annonce parce que du côté francophone on disait que ça prenait au
minimum 5 watts, alors c'était bien ça, au minimum 5 watts, mais c'était du côté
anglophone parce que c'était maximum 5 watts -- on a accordé dans
cette phase de développement l'autorisation de diffuser à 5 watts alors qu'on se
rend bien compte -- et moi j'ai travaillé cet été en
Saskatchewan -- que cet élément, cette restriction de diffusion à 5
watts pendant la phase de développement était assez pour prouver à la communauté
que ça ne marchait pas, parce que toutes les communautés francophones, on le
sait, sont réparties sur de grands territoires.
360 Alors j'ose espérer que cet élément de la réglementation va être corrigé
pour permettre dans la phase de développement d'avoir une puissance plus grande
pour vraiment faire un test, vraiment essayer si ça fonctionne ou pas, et le
public qu'on est censé de desservir souvent sur des aires de rayonnement de
50-60 kilomètres, puisse être desservi même pendant cette phase de
développement.
361 Donc cette restriction, j'espère qu'elle va être modifiée parce qu'elle
change tout le portrait de toute l'intention de la réglementation. Donc c'est
une suggestion que je vous fait.
362 Depuis récemment, depuis peu, c'est-à-dire depuis un an, deux ans, je
travaille dans un autre domaine qui s'appelle, vous l'avez vu annoncée, la radio
avec les enfants. Donc on sait qu'au Canada, qui est un pays qui s'est toujours
vanté d'avoir développé au maximum ses services de radio-télévision, est très
peu soucieux de ce qui se passe notamment à la radio pour les enfants. Il n'y a
rien qui se fait. Quelques émissions à Radio-Canada, mais ce sont des émissions
qui sont faites par des adultes pour les enfants, mais il n'y a rien qui est
fait au Canada par les enfants pour les enfants alors qu'on sait très bien que
c'est possible et que c'est facilement réalisable.
363 Là j'ai entrepris une démarche qui m'amène à réaliser cette année une
opération d'un cinquantaine d'écoles. Moi j'ai commencé ça à l'école de ma fille
qui est au primaire -- et je parle des enfants du primaire, de 5 ans à
12 ans -- et j'ai commencé ça à l'école de ma fille qui est au primaire et
puis à la suite de cette expérience-là il y a eu beaucoup d'intérêt et là je me
retrouve avec une soixantaine d'écoles et de milieux différents à travers le
Canada -- ça va de la Colombie jusqu'à la Nouvelle-Écosse, concentrés
évidement en Ontario et au Québec -- d'écoles qui se sont dites
intéressées à instaurer dans leur milieu une petite radio locale pour une
période X -- ça va être dans le temps de la francophonie.
364 Mais tout ça, ça implique du financement et où on va chercher l'argent
pour louer les équipements, acheter les équipements, s'installer, avec le devis,
tout ça. Il y a un problème de financement.
365 Et là j'en arrive à un aspect de la réglementation, et ça touche aussi
les autres secteurs de la radiodiffusion. A mon avis, le CRTC a la possibilité
d'insuffler un essor dans le domaine de la radio et de la télévision en milieux
francophones si seulement il attribuait la contribution des entreprises de
diffusion et de radiodiffusion, contributions qu'ils sont obligés de consacrer à
la programmation canadienne.
366 Quand le gouvernement vous a dit, vous êtes obligés de demander à ces
compagnies-là de réserver je pense que c'est 3 ou 5 pour cent de leurs revenus à
titre de contributions, le CRTC a pris cette directive et a appliqué ça
uniquement au secteur de la télévision -- 200
millions -- qui sont attribués annuellement à la télévision, alors que
si on en donnait juste un million au secteur, par exemple, de la radio au Canada
dans les milieux francophones hors Québec on verrait tout un essor du
développement de ce secteur-là.
367 Alors moi je me dis qu'une des solutions vous l'avez, c'est de dire que
cette contribution à la programmation canadienne ne soit plus strictement
réservée au Fonds de télévision mais qu'elle peut être distribuée au Fonds de la
radio et d'être applicable non seulement sur des projets de radio pour les
enfants, mais des projets dans des communautés minoritaires qui n'ont pas toutes
les ressources pour se développer. Qu'on cherche de midi à 14 heures en
Saskatchewan quand vous avez une population de 1 000 francophones à
Gravelbourg, ils ne peuvent pas faire vivre une radio. Alors il est nécessaire
d'insuffler un budget annuellement pour les aider à mettre en marche, maintenir
leur radio, et à développer des productions qui font que le monde ils font des
choses dans la communauté.
368 Mais ce financement ne vient pas de la publicité, il ne devrait pas venir
du gouvernement, mais devrait venir de cette taxe qu'on impose aux entreprises
de distribution et de radiodiffusion et c'est vous qui avez la possibilité de
faire ça.
369 Moi j'ai été président pendant un certain nombre d'années de
l'Association mondiale des radios communautaires, l'AMRC, peut-être que vous
connaissez, et qui a organisé plusieurs conférences. J'ai eu l'occasion
d'observer ce qui se passe ailleurs et vous savez que ça se fait ailleurs, en
Europe, régulièrement -- et en France c'est institutionné, c'est
réglementé. Les radios privées commerciales sont obligées de contribuer à la
radio qui est dite non-commerciale.
370 Il me semble qu'ici au Canada on devrait le faire dans les prochaines
années, imposer une partie de cette contribution-là, que ça retourne au secteur
non-commercial, éducatif, pour qu'on puisse trouver un développement. C'est la
seule solution. Il ne faut pas toujours aller chercher du côté du gouvernement,
mais c'est vous qui l'avez la solution.
371 Alors ça c'était mon principal message. S'il y a une idée qu'il faut
retenir c'est d'ouvrir cette contribution-là des entreprises de distribution de
la radiodiffusion, et les entreprises de radiodiffusion qui sont obligées de
contribuer aux talents canadiens. Que ça ne s'en aille pas dans les poches des
grosses maisons de production, mais que ça s'en aille aussi au secteur
communautaire comme CANCOM le fait depuis un certain nombre d'années, et puis on
a vu tout le développement qui s'est fait dans le Nord canadien avec les radios
et la télévision autochtones.
372 C'est à cause de cette contribution qu'une entreprise comme CANCOM a fait
à ce secteur-là. Donc ça devrait être élargi et que les communautés
francophones, entre autres celles qui ne sont pas suffisantes pour faire vivre
une radio au point de vue commercial, qu'ils puissent avoir accès à cette
contribution.
373 Voilà. Si vous avez des questions à me poser, je suis là. Je suis un
petit pressé parce que j'ai une rencontre avec des enseignants pour justement
parler de radio avec les enfants.
374 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous remercions, Monsieur Delorme.
375 CONSEILLER CARDOZO: J'ai deux petites questions pour vous, Monsieur
Delorme.
376 Premièrement, c'est le problème des capacités dans les villes comme
Toronto. Il n'y a pas beaucoup de fréquences pour les radios. La contribution
dont vous avez parlé ne parle pas de ce problème.
377 Avez-vous des solutions, peut-être comme on dit "low power" radios?
378 M. DELORME: La solution, c'est sûr que ce n'est pas une solution le "low
power" parce que le "low power" 5 watts à Toronto, ça ne fait pas le tour d'un
édifice. Avec la surcharge des fréquences vous vous faites enterrer
complètement. C'est complètement ridicule de donner une autorisation de 5 watts
à Toronto en disant, "Vous allez desservir la population de Toronto". C'est
comme dire à un jeune, "Va faire ta radio mais dans ta chambre avec ton
juke-box". Donc ce n'est pas possible.
379 Moi je trouve que là ç'a été la même erreur que tout le monde a soulignée
ici. A Toronto vous auriez dû être équitables puis donner une fréquence aux
francophones. C'est évident. Je veux dire, comment ça se fait qu'à Montréal des
communautés anglophones peuvent avoir facilement une fréquence, et plus forte
que les radios communautaires francophones qui sont installées depuis longtemps,
et comme ça. Je veux dire, eux autres ils ne font pas de manifestations et ne
réunissent pas des foules dans des audiences. Ils l'ont comme ça.
380 Je veux dire on accorde une radio universitaire. Je n'ai rien contre,
c'est bon, mais je veux dire il me semble qu'il y a un manque d'équité quelque
part dans ces règles-là. Je ne sais pas quelles sont vos règles, mais il y a un
manque évident d'équité.
381 A Toronto ç'aurait été non seulement un sens d'équité, mais un sens aussi
de la diversité culturelle. Ça manque à Toronto une radio francophone. Ça manque
non seulement pour la population francophone, mais ça manque pour les
anglophones. Et puis c'est ça la solution, ç'aurait été de leur donner un
1 000 watts, un 2 000 watts bien positionné pour qu'ils couvrent la
région. Bon ce sont vos décisions. Je veux dire, ç'a été donné à d'autres
groupes.
382 Moi du temps que j'ai travaillé avec eux, j'étais convaincu aussi du
point et on le voyait aussi sur le terrain que c'était intéressant pour eux
autres, et ç'aurait été aussi un fleuron du réseau d'avoir une radio francophone
à Toronto.
383 Je ne sais pas quels sont vos critères, quels sont vos barèmes pour
arriver à des décisions semblables. Je vous dis qu'il y en a une gang qui sont
surpris.
384 CONSEILLER CARDOZO: J'ai aussi une question sur la radio pour enfants.
Selon vous, quel est le meilleur système de radio? La radio commerciale
ou...?
385 M. DELORME: Non. D'abord la réglementation canadienne empêche toutes
formes de publicités qui s'adressent aux enfants alors on la respecte pour la
radio aussi. Alors il n'est pas question de partir une radio style commercial.
Ça serait trop bête d'aller chercher, quémander de la publicité chez MacDonald
et envoyer les enfants chez Macdonald. Il faut faire une radio, à cet âge-là,
surtout privilégiée, une espèce d'aire de protection contre la publicité.
386 Alors la seule façon de faire un développement de la radio avec les
enfants au Canada, c'est de dire aux entreprises, "Vous allez contribuer à ça"
et les entreprises veulent le faire. Moi ils m'ont dit, "Delorme, va te chercher
une autorisation du CRTC comme quoi ma contribution va être comptabilisée dans
la contribution que je donne au système. Moi je ne veux pas que tu viennes me
voir et qu'en plus que ce que je donne actuellement dans le Fonds du film que tu
viennes m'en chercher un autre. Non, non, non! Va chercher une autorisation du
CRTC, du Conseil, comme quoi ma contribution va figurer dans le total que je
donne à la programmation canadienne".
387 Autant les radios que les entreprises de distribution m'ont toutes dit
ça, et "Après ça, nous autres, on va être super contents de t'aider là-dedans,
d'aider le développement de la radio". Mais si on veut arriver dans une dizaine
d'années, et des radios enfants, entre autres au Canada, on est complètement en
arrière. Ça existe ailleurs, ça existe en Europe, ça existe en Amérique latine,
ça existe dans plusieurs pays aux États-Unis de la radio pour les enfants.
"Children Radio" ça existe. Mais au Canada, niet, zéro.
388 Alors à un moment donné vous autres vous devriez vous relever les manches
et dire, "C'est vrai, il est temps qu'on révise cette politique-là". La
contribution des entreprises ça va juste dans le film, 200 millions, s'il y
avait juste un million sur les 200 millions qui était investi dans le secteur de
la radio, ça partirait et vous auriez de super bonnes productions et de super
talents qui seraient développés et à un moment donné s'en iraient sur le marché
du travail ailleurs.
389 Mais là on n'a pas fait ça et ça existe, ça se fait ailleurs. Ce n'est
pas une règle que ça ne se fait pas. Non, ça se fait. C'est ici au Canada qu'on
n'a pas fait le pas et il est temps qu'on le fasse.
390 CONSEILLER CARDOZO: Merci.
391 Merci, Madame.
392 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Monsieur Delorme, de votre présentation. Ce
n'est pas la première fois que nous vous voyons, je crois.
393 M. DELORME: Non, pas la dernière non plus, j'espère, si Dieu me le
permet.
394 Merci.
--- Applaudissements / Applause
395 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous êtes toujours le bienvenu.
396 Madame Leblond, je crois a une question.
397 Mme LEBLOND: Oui, j'ai une question.
398 Est-ce que vous travaillez à TFO, Monsieur?
399 M. DELORME: Non, je suis un travailleur autonome.
400 Mme LEBLOND: Ah, bon. C'est parce que TFO a un programme la nuit qui
occupe les insomnies de bien de gens dont moi, le Bloc scolaire. Si TFO était
diffusée ailleurs que dans l'Ontario, c'est un programme tellement bien fait.
Moi j'ai refait mon cours primaire avec le Bloc scolaire qui est diffusé la
nuit, et je pense qu'on encourage simplement les professeurs à l'enregistrer et
s'en servir après en classe.
401 Alors il y a de l'imagination dans ce poste qui ne devrait pas rester
sous cloche seulement pour l'Ontario.
402 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Madame Leblond.
403 Nous allons prendre une pause de dix minutes et nous reprendrons alors à
3 h 20 selon cette horloge.
404 Merci.
--- Suspension à 1510 / Upon recessing at 1510
--- Reprise à 1525 / Upon resuming at 1525
405 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors nous reprenons maintenant avec la prochaine
présentation.
406 Madame Cloutier, s'il vous plaît.
407 Mme CLOUTIER: Madame Wylie, merci.
408 Alors j'inviterais Marie-Hélène Courtemanche-Boyle et Yolande Noël, s'il
vous plaît.
INTERVENTION / INTERVENTION
409 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: Alors je suis un peu hors du sujet tout en
étant -- si vous voulez, ma présentation je pense est très
à-propos.
410 Et mon titre est Préparons le terrain pour la construction de la paix par
l'élimination de la violence, et je demande au CRTC de contrer la violence sur
nos ondes anglaises et françaises.
411 Mon message s'ajoute aux recommandations de la Marche des femmes à
travers le Canada et le monde entier. Cette semaine, des milliers de femmes d'un
bout à l'autre du pays se sont réunies à Ottawa pour faire entendre et démontrer
personnellement au gouvernement canadien le besoin et la nécessité d'enrayer la
violence sous toutes ses formes sur tous les réseaux.
412 Je désire réaffirmer aujourd'hui une solidarité vis-à-vis ces femmes qui
luttent contre le fléau qu'est la violence, et cet après-midi j'adresse ce même
message au CRTC, responsable du contenu de la programmation de la télévision et
de la radio sur les ondes canadiennes, donc bilingues.
413 La violence, le langage grotesque, les films pornographiques, sont de
plus en plus répandus. Même si certains films sont subtiles dans leur message,
tout est une guerre de violence. Quel exemple pensez-vous donner à nos jeunes,
aux adolescents et au moins jeunes?
414 Plusieurs adolescents se sont plaints eux-même, à moi-même, du manque de
respect qui leur est accordé sur le programme TAG à Radio-Canada à 21 heures, à
TVA Les deux frères présenté à 20 heures, sans oublier le film Rude à CBC même
si avertis auparavant qu'il pouvait être offensif, il était d'une vulgarité
incomparable et d'un contenu totalement inacceptable.
415 Saviez-vous que les jeunes désirent imiter ce qu'ils visionnent sur les
ondes? Le résultat d'une enquête récente confirme que les plaintes de violence
dans nos écoles depuis le début de cette année scolaire, qui n'est que deux
mois, affirme une augmentation incroyable d'armes de toutes
sortes --couteaux, armes à feu, lames aiguisées, et bien d'autres
encore -- retrouvées sur la personne de nos jeunes.
416 De plus, le taux de suicides, me disent les policiers d'Ottawa, chez nos
jeunes va aussi en augmentant à un rythme absolument anormal. Il est plus que
temps d'agir et votre programmation doit être regardée de plus près et il est
temps d'irradier la violence sous toutes ses formes.
417 N'êtes-vous pas en partie responsables des résultats qui en découlent?
Quelle sorte d'éducation désirons-nous pour nos jeunes? Sûrement pas des êtres
de guerre. Les milliers de femmes qui luttent contre ce fléau vous implorent de
faire front commun, d'irradier le comportement agressif dans un contexte de
collaboration et d'assistance mutuelles car ceci relève d'une responsabilité
collective en tant que citoyens et citoyennes de notre pays.
418 Tout comme le Manifeste de Séville sur la violence présenté à l'UNESCO le
dit si bien, "La paix grandit et demeure en chacun de nous. Nous devons
reconnaître en chaque femme et en chaque homme son unicité, son importance et sa
raison d'être".
419 Merci.
420 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous remercions, Madame Courtemanche.
421 Mme NOËL: Bonjour Mesdames, bonjour Messieurs. Nous allons vous faire
part de quelques réflexions sur des sujets complètement différents.
422 D'abord réflexion sur le bulletin de nouvelles nationales et
internationales Radio-Canada, RDI, CBC, Newsworld, radio et télévision en
français et anglais.
423 En tant que citoyennes canadiennes bilingues, nous recherchons
l'information, les nouvelles générales et spécifiques dans les deux langues
officielles. C'est pourquoi nous écoutons les nouvelles sur Radio-Canada et The
Canadian Broadcasting Corporation.
424 Les résultats que nous avons constatés sont que les bulletins de
nouvelles couvrent trop souvent des points entièrement différents. Parfois, on
pourrait se demander si la nouvelle provient du même pays.
425 On consacre peu de temps aux informations d'intérêt national, aux
informations qui nous renseignent adéquatement sur ce qui touche tous les
Canadiens et Canadiennes d'une part, et sur ce qui se passe d'important dans
toutes les régions du Canada, d'autre part.
426 Pour corriger la situation présente, il est fortement suggéré de
présenter au moins un bulletin par jour d'informations nationales et
internationales -- français et anglais, radio et
télévision -- à partir d'Ottawa, la capitale du pays.
427 Pour ce faire, il serait souhaitable que le bureau des directeurs
d'informations préparent ensemble des bulletins de nouvelles qui seraient
similaires pour tous les Canadiens autant en français qu'en anglais.
428 Je dois dire que les reportages bilingues de CBC lors des Jeux Olympiques
et du décès de Pierre Elliott Trudeau sont des exemples concrets de ce qui peut
être accompli.
429 Les informations pourraient avoir comme point de départ les événements
importants provenant de la capitale du pays pour ensuite présenter un survol des
événements majeurs qui surviennent dans les différentes régions du Canada afin
de permettre à tous les Canadiens d'être mieux informés de ce qui se passe d'un
bout à l'autre du pays.
430 Quant aux informations internationales, grâce à la technologie avancée au
cours de ce bulletin, nos correspondants à l'étranger pourraient entrer en
contact avec Ottawa plutôt qu'avec Toronto, Montréal ou Vancouver. Ceci
donnerait à Ottawa, capitale du Canada, l'importance qui lui est due tout en
rendant la nouvelle plus uniforme.
431 Ça c'est notre premier sujet.
432 Le deuxième, si je peux parler tout de suite du deuxième, c'est la
qualité du français à Radio-Canada, RDI, radio et télévision.
433 Quelques mots sur la piètre qualité du français sur les ondes de
Radio-Canada, radio et télévision, et RDI.
434 On peut observer le même phénomène sur les autres stations, mais je m'en
tiendrai à Radio-Canada qui fonctionne en grande partie avec l'argent des
contribuables canadiens.
435 Première chose, la langue des animateurs laisse parfois à désirer.
Deuxième chose, en ce qui a trait à la langue des téléromans, dans certains cas
ce n'est tout simplement plus du français.
436 Je déplore ce manque de rigueur et je souhaite que des mesures soient
prises pour corriger ce problème.
437 Merci d'avoir accepté de m'écouter.
438 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Madame Noël.
439 Monsieur Cardozo, s'il vous plaît.
440 CONSEILLER CARDOZO: J'ai une observation, premièrement. Vous avez parlé
des différentes nouvelles entre les deux réseaux et je regardais cette chose
aujourd'hui et la semaine passée sur la question de la Marche des femmes.
J'écoute beaucoup de nouvelles sur Radio-Canada et sur CBC. C'est très
intéressant et on fait des entrevues, on parle beaucoup à Radio-Canada mais
presque pas un mot sur le réseau anglais. C'est très intéressant.
441 Sur la question de violence, Madame Courtemanche-Boyle, pensez-vous que
la situation maintenant est mieux ou pire qu'il y a dix ans passés?
442 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: Elle est pire.
443 CONSEILLER CARDOZO: C'est pire.
444 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: J'ai fait des recherches à ce point parce que
dans les années 80 nous avons travaillé très fort, le Conseil consultatif
canadien de la situation de la femme dont j'étais vice-présidente pour tout
l'est du Canada, et on voyageait continuellement dans chacun de nos
secteurs.
445 Je dois admettre que nous avons fait des pas en avant à ce moment-là,
entre 83 et 86, mais maintenant je suis allée parler aux jeunes et ce sont eux
qui se plaignent maintenant de ce qui se passe sur les réseaux.
446 Alors en parlant aux policiers dans chacun des secteurs, on nous dit
exactement ce que j'ai rapporté tantôt et chaque policier est responsable de 25
écoles. Comment voulez-vous qu'ils répondent au 911 quand la semaine dernière un
professeur en sortant de son école a été attaquée avec des couteaux et des lames
de rasoir à l'extérieur de l'école? Et elle a posé la question le lendemain
disant, "Mais où avez-vous pris cette idée-là? Est-ce que vos parents le
savent?", et cetera, et ils ont dit, "Nous voyons ça continuellement à la
télévision".
447 Et c'est un des points qui doivent --je pense que vous êtes, à mon
avis, responsable de la programmation, et si je remonte un peu en arrière, quand
nous avons essayé de notre mieux d'éliminer la pornographie qui était
l'industrie financière la plus importante au Canada, nous sommes allées aux
douanes et ils ont embauché une personne qui devait connaître ce qu'était la
pornographie versus les magazines et les journaux ordinaires.
448 Je pense que votre programmation devrait être revue si elle affecte les
adolescents et qu'ils nous en parlent, et les programmes que je vous ai cités,
par la suite je les ai regardés, et je me suis forcée à regarder le film Rude et
je dois vous dire qu'après l'avoir vu j'ai vomi tellement il était cru à tous
points de vue.
449 CONSEILLER CARDOZO: Nous avons une politique depuis quelques années où il
est nécessaire de diffuser les programmations avec violence après neuf
heures.
450 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: Oui, c'était à onze heures, mais j'ai voulu le
regarder pour voir exactement ce que Radio-Canada, CBC, était capable de faire.
C'était contre mon vouloir, mais je ne suis dit il faut que je le fasse pour
connaître ce qui se passe. Et quand les adolescents -- par la suite,
quand j'ai fait un tour chez des jeunes et qu'ils m'ont donné le nom de ces
programmes-là je les ai regardés. Ils ont entièrement raison.
451 CONSEILLER CARDOZO: Et selon vous le problème existe pour la
programmation divertissement de même que dans les nouvelles?
452 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: Et des séries parce que le programme que je vous
ai mentionné c'est une série tous les soirs et les parents refusent maintenant
que les enfants les regardent.
453 CONSEILLER CARDOZO: Et qu'est-ce que vous pensez des nouvelles? Il y a
beaucoup d'histoires sur la violence, les agressions sexuelles, et cetera?
454 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: Oui, ça aussi.
455 CONSEILLER CARDOZO: Est-ce que c'est un problème aussi?
456 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: Il y en a trop. Il faudrait que ce soit visionné
avant de les passer tout simplement, comme nous avons fait d'ailleurs, comme je
vous l'ai dit, avec la pornographie, et nous avions réussi assez bien à laisser
aux douanes les revues qui étaient trop indécentes et nous les retournions d'où
elles venaient.
457 J'étais présente aux Nations Unies quand il y eu 20 chefs d'État, j'étais
une représentante canadienne, sur les drogues, et 20 chefs d'État d'à travers le
monde qui ont écrit et signé le document comme quoi les drogues ne seraient plus
présentes, ou moins présentes, dans chacun de leurs pays, y inclut la Colombie,
si c'est pensable.
458 Mais tout se produit, naturellement, tout est entouré avec les drogues,
cette violence accrue, mais elle est vraiment beaucoup plus forte, le
pourcentage est beaucoup plus élevé qu'il ne l'était à cause des drogues
naturellement que l'on retrouve partout.
459 CONSEILLER CARDOZO: Merci beaucoup.
460 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Monsieur Cardozo. Merci, Madame
Courtemanche-Boyle et Madame Noël. Nous vous remercions d'avoir attendu si
patiemment votre tour.
461 Nous vous remercions d'être venues partager avec nous vos
préoccupations.
462 Mme COURTEMANCHE-BOYLE: Merci beaucoup de nous avoir reçues.
463 CONSEILLÈRE WYLIE: Madame Cloutier, s'il vous plaît.
464 Mme CLOUTIER: Nous allons entendre M. Michel Ouimet, s'il vous plaît.
INTERVENTION / INTERVENTION
465 M. OUIMET: Bonjour, Madame Cloutier, Monsieur Cardozo et Madame
Wylie.
466 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour, Monsieur Ouimet.
467 M. OUIMET: Je suis un simple citoyen qui vient vous rencontrer
aujourd'hui et qui s'intéresse à la francophonie. Je ne représente aucune
association et mes propos sont strictement personnels.
468 J'aborderai deux points essentiels aujourd'hui : TFO et le contenu de la
chanson française sur les stations anglaises.
469 D'abord TFO. Je me trouve lésé en tant que contribuable parce que je n'ai
pas accès à TFO depuis son ouverture il y a de nombreuses années, sauf évidement
le dimanche jusqu'à tout récemment. Il y avait une partie française qui était
diffusée le dimanche.
470 Et pour ce qui est de TFO aussi, je n'ai pas compris votre refus de
diffuser TFO au Québec, et j'abonde dans le sens des propos du Sénateur
Jean-Robert Gauthier à cet égard et des autres qui m'ont précédé.
471 Vous me direz que la solution pour accéder à TFO c'est de m'abonner au
câble -- et j'y reviendrai -- mais là n'est pas la question. La
véritable question est celle-ci : le contribuable anglophone jouit de TVO sur le
service de base gratuit sans être obligé de s'abonner au câble, alors que le
contribuable francophone, lui, n'a pas cet avantage en ce qui regarde TFO.
472 Je n'ai jamais compris aussi pourquoi nous recevons à Ottawa, où
j'habite, Télé-Québec gratuitement sur le service de base tandis que nous ne
pouvons pas recevoir TFO, la télé française publique de l'Ontario pour laquelle
je paie des taxes.
473 Comment réagirait-un Québécois de l'Outaouais, de Gatineau ou d'Aylmer,
s'il recevait TFO sur le système de base gratuit et qu'il aurait à payer pour
recevoir Télé-Québec? Il existe ici d'après moi un illogisme et une iniquité
évidente qui doivent être corrigés sans tarder.
474 Cette situation est d'autant plus incompréhensible, à mon avis, en raison
du taux élevé de l'assimilation que l'on connaît en Ontario, et j'irais jusqu'à
dire que le CRTC encourage l'assimilation par son inaction et son indifférence à
l'égard des besoins des francophones du pays.
475 Ce qui m'amène à mon second point, mais avant j'aimerais ouvrir ici une
parenthèse. Je parlais du câble tantôt. Comme parents nous avons fait le choix
de ne pas s'abonner au câble parce qu'il y a trop de stations et émissions bidon
pour lesquelles nous ne voulions pas payer.
476 Les réflexions de mesdames Courtemanche et Noël, je les ai trouvées très
intéressantes à cet égard. J'irais même jusqu'à dire, Monsieur Cardozo, qu'avant
neuf heures il y a de la violence et je ne voudrais pas m'étendre sur le sujet,
mais je pourrais certainement vous entretenir des influences de la violence au
hockey à la télévision. Tel n'est pas mon propos aujourd'hui mais je crois qu'il
a un effet très grand sur notre jeunesse.
477 Donc nous avons élevé nos enfants sans câble, sans Nintendo d'ailleurs.
Nous avons préféré canaliser leurs énergies dans d'autres domaines plus utiles,
notamment l'activité physique et les arts, particulièrement la musique.
478 Ce sont aujourd'hui de jeunes adultes équilibrés qui fréquentent
maintenant l'université et se produisent sur scène à l'occasion dans la région
et ailleurs en province.
479 C'est certain que nous souhaitons que leur musique fasse l'objet de la
plus grande diffusion possible parce que nous sommes convaincus que ce qu'ils
produisent est aussi bon, sinon meilleur, que ce que l'on entend sur les ondes
en ce moment.
480 Très jeune, mon fils a lancé un disque l'an dernier et il en prévoit en
lancer d'autres au cours des prochaines années. Donc c'est normal de vouloir
entendre le produit de chez nous sur nos ondes.
481 Sauf que nous croyons que les dés sont un peu pipés pour dire le moins.
Les stations du Québec ne diffusent qu'en grande partie des artistes québécois
francophones et aussi des artistes anglophones, très peu d'artistes francophones
du reste du Canada.
482 Dans le reste du Canada, à part sur les ondes des stations de radios
communautaires, les talents locaux ne semblent pas très bien diffusés non
plus.
483 Donc ce qui m'amène à mon deuxième point, la diffusion de la chanson
française sur les ondes de stations radiophoniques et télés anglaises.
484 Les stations françaises diffusent déjà beaucoup de pièces anglaises et
parfois voudraient en diffuser davantage. Pourquoi ne pas en faire autant sur
les stations anglaises et exiger qu'elles diffusent un contenu francophone?
485 Je ne crois pas qu'il soit normal qu'une station anglaise privilégie de
la musique anglaise de l'étranger sans pour autant exposer son auditoire à de la
musique française d'ici, du pays.
486 C'est certain que le francophone d'Amérique du Nord ne peut faire
autrement que d'entendre et apprécier aussi des pièces en langue anglaise, mais
qu'en est-il du côté anglais? Peut-on dire que nos compatriotes anglophones du
Canada sont bien exposés par l'intermédiaire des stations anglaises à la chanson
et culture françaises au Canada?
487 J'admettrai que les stations françaises ont d'abord la responsabilité et
le devoir de diffuser de la chanson française. La réalité fait que nous vivons
en Amérique du Nord et que bien des stations diffusent de la chanson et de la
musique anglaises.
488 Mais il existe beaucoup de talents au sein de la communauté artistique et
musicale françaises au Canada et pas seulement au Québec. Il serait tout à fait
de mise d'encourager la diffusion de la chanson française partout au pays, pas
uniquement par le truchement de la radio et de la télé françaises, mais aussi du
côté anglais.
489 A mon avis, si nous voulons que les deux communautés linguistiques du
pays se rejoignent et apprennent à mieux s'apprécier, il me semble qu'il serait
important que chacune soit exposée à l'autre.
490 Je crois que les francophones sont assez bien exposés déjà à la musique
anglaise. Je ne crois pas cependant que les anglophones soient très exposés à la
musique française du Canada d'où, à mon avis, l'importance pour le CRTC de faire
en sorte d'augmenter le contenu de la chanson française diffusé sur les ondes
des radios anglaises, même aux heures de grande écoute, tout en respectant aussi
dans ce dit contenu une proportion importante de talents locaux.
491 Il me semble que l'auditoire anglophone d'Ottawa devrait entendre, entre
autres, de la musique d'artistes francophones d'Ottawa, tout comme l'auditoire
anglophone de Saskatoon devrait entendre de la musique d'artistes francophones
de ce coin du pays. Il faut donner aux nombreux francophiles du pays l'occasion
de se faire l'oreille aux rythmes et paroles françaises du pays.
492 Si l'héritage de M. Trudeau veut dire quelque chose, si la Loi sur les
langues officielles signifie quelque chose, si les efforts de rapprochement des
deux communautés linguistiques ont quelques significations, si nous croyons
encore au Canada d'ouverture et de tolérance, je crois que le CRTC doit user de
sa très grande influence pour accroître la diffusion du fait français dans
l'ensemble du pays, y compris sur les ondes de stations anglaises.
493 En terminant, et sans vouloir préjuger de vos intentions, j'ose croire
que l'exercice d'aujourd'hui ne se limitera pas à un simple exercice de
relations publiques. Trop souvent des organises publics de toutes sortes,
lorsqu'ils sentent des tensions émanant de la base, consultent la population
afin de faire principalement évacuer la vapeur.
494 On se donne bonne conscience d'avoir pris le poux des gens, commentaire
que l'on prend bien soin d'inscrire dans de beaux rapports, aux recommandations
les plus généreuses et optimistes.
495 Trop souvent on n'y accorde pas le suivi nécessaire et de guère lasse, le
temps passe, et l'on se retrouve des dizaines d'années plus tard au même point
ou presque.
496 Je compte sur vous et vos collègues pour agir cette fois-ci dans le sens
des remarques que l'on vous faits et je vous remercie de votre attention.
497 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Monsieur Ouimet, de votre présentation. Nous
n'avons pas de questions. Vos positions sont très claires et nous vous
remercions d'avoir pris le temps pour venir partager avec nous vos
préoccupations.
498 Je crois, Madame Cloutier, que nous avons entendu toutes les personnes
qui étaient inscrites. Mais est-ce qu'il y a quelqu'un dans la salle qui n'étant
pas inscrit voudrait quand même nous faire part de leurs commentaires?
499 Alors nous reprendrons à six heures. Nous avons des gens inscrits à six
heures, et nous sommes ici techniquement de six heures à dix heures si par
hasard il y a d'autres personnes qui s'inscrivent. Nous avons quatre
intervenants d'inscrits à date.
500 Alors je remercie mon collègue et Mme Cloutier, et nous remercions tous
ceux qui sont venus partager avec nous, et je vous rappelle que vos commentaires
seront inscrits au procès verbal de l'audience qui débute le 18 octobre,
c'est-à-dire mercredi, comme tous les commentaires qui ont été déposés dans
plusieurs villes à travers le Canada pendant nos consultations. Elles font
toutes partie du procès verbal du dossier.
501 Alors nous vous remercions et nous reprendrons à six heures.
--- Suspension à 1600 / Upon recessing at 1600
--- Reprise à 1820 / Upon resuming at 1820
502 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonsoir, mesdames et messieurs. Je vous souhaite la
bienvenue à cette consultation publique.
503 Mon nom est Andrée Wylie et je suis la Vice-Présidente, radiodiffusion du
CRTC. Je vous présente mon collègue, le Conseiller Andrew Cardozo, et a ma
gauche, Mme Manon Cloutier qui joue le rôle de Secrétaire pour cette
audience.
504 Nous vous remercions de vous joindre à nous pour discuter de
l'accessibilité des services de radiodiffusion de langue française à vous,
francophiles et francophones qui habitez à l'extérieur du Québec.
505 For the past month, my Commission colleagues and I have been hearing
opinions on this issue from people from Halifax to Vancouver.
506 This meeting is taking place in a more informal setting than the public
hearing that begins on October 18th in Hull, and your comments will be part of
the public record, as are all of the oral and written comments we have received
to date.
507 Le but de ces consultations est de permettre au CRTC de recueillir toute
information pertinente qui l'aidera, d'une part, à faire rapport à la
gouverneure en conseil sur la disponibilité et la qualité des services de
radiodiffusion en langue française dans les communautés où le français est la
langue de la minorité, et d'autre part, à préparer un projet de politique qui,
en tirant partie du nouvel environnement numérique et de la concurrence en
distribution, rendrait plus facilement disponibles aux abonnés du câble les
services de télévision spécialisés dans la langue officielle de la minorité.
508 Vous connaissez les questions sur lesquelles vous êtes invités à vous
prononcer. A celles soulevées dans les avis publics qui donnent suite à la
politique proposée par le conseil et à la requête de la gouverneure en conseil,
le CRTC a ajouté la question suivante lorsqu'il a accordé une licence à la Télé
des Arts, et je cite:
"Dans le contexte de la politique proposée et dont nous discutons avec vous
aujourd'hui, le Conseil devrait-il accorder un statut de distribution
prioritaire en mode numérique à la Télé des Arts, le nouveau service national
axé sur les arts et la culture?" (Tel que lu)
509 And now, allow me to deal with some housekeeping matters.
510 Madame Cloutier is our Director of French Language Radio-Television.
Please, don't hesitate to speak with her if you have questions concerning the
procedures or any other matter.
511 I apparently gave Madame Cloutier a promotion. That's fine, we'll leave
it at that.
512 We will be calling upon participants in the order previously assigned. We
may put a few questions to you following your presentation.
513 Comme je l'ai souligné au début, les discussions seront transcrites et
feront partie du dossier public. Pour que nous puissions en faire des
enregistrements fidèles, je vous demanderais de bien vouloir appuyer sur le
bouton rouge à la base du microphone -- c'est le bouton blanc dans ce
cas-ci -- à la base du microphone lorsque vous parlez et ensuite, de
l'éteindre pour éviter l'interférence.
514 Avant de commencer, je vous demanderais, si vous avez des téléphones
cellulaires, de les fermer et la même chose avec les avertisseurs parce que ça
dérange vraiment les gens pendant leur présentation.
515 Alors nous sommes prêts à commencer et à vous écouter. J'invite Mme
Cloutier à présenter la première personne.
516 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
517 J'inviterais Mme Lise Matte à se joindre à nous.
INTERVENTION / INTERVENTION
518 CONSEILLERE WYLIE: Bonsoir, Madame Matte.
519 Mme MATTE: Bonsoir. Je ne suivrai peut-être pas l'ordre des points
importants dont vous avez fait mention sur la feuille.
520 Mon désappointement vis-à-vis le CRTC date depuis très longtemps. Entre
autres, lorsqu'on a établi le Réseau d'information mais que le CRTC a oublié
d'indiquer aux câblodistributeurs que ça devrait être sur le service de base
pour les francophones, alors que plusieurs ont dû aller acheter un appareil
différent, donc des frais supplémentaires, pour être capables d'avoir accès à ce
système, ça, j'ai trouvé ça très regrettable. Ça laisse à penser que c'est
peut-être une entité qui n'a pas à coeur la progression du français langue
seconde et dans les régions minoritaires aussi.
521 Un autre point, là, on parle ici de télé payante pour la Télé des Arts.
Ça me fait peur dans le même sens. Est-ce qu'on va avoir le courage cette
fois-ci de le demander aux câblodistributeurs, alors que le câblodistributeur
ici, qui était Rogers et qui l'est encore, avait donné comme excuse que pour le
mettre sur la télé de base, il fallait enlever un poste américain. Alors ou bien
on est Canadien ou bien on est Américain, ou bien on donne accès à tous nos
services de base et, en luxe, aux autres.
522 On a tellement de chance d'être assimilé, au moins, rendez-nous la tâche
plus facile si on veut enrichir et maintenir notre français.
523 Pour la qualité des émissions autant télé que radio, personnellement et
avec un groupe d'amis, nous trouvons que ça se détériore. Actuellement, il y a
une émission du matin qui est à New York pour la semaine. Ils y vont souvent à
New York pour nous transmettre ce qui se passe à New York.
524 Mais qu'est-ce qui se passe dans les autres régions du pays? Il n'y a
personne d'autre d'intéressant dans les régions du pays? Au lieu de se baser
principalement à Montréal, est-ce qu'on ne pourrait pas utiliser davantage les
autres ressources. Il y a des bureaux de Radio-Canada un peu partout.
525 On a semblé faire un effort tout l'été, alors que chaque région avait une
soirée pour présenter ses émissions. Pouf! C'est tombé. Comment? Je ne sais pas.
Ça coûte moins cher? Je ne suis pas sûre que ça coûte moins cher. Si notre
qualité de vie et notre qualité de langue ont un prix, bien je pense que ça
vaudrait la peine d'y mettre le prix.
526 On passe toujours après la majorité parce qu'on dit, ah bien oui, mais
ça, ça vous coûte plus cher. Bien, je pense que l'excuse, elle est usée.
527 Pour ce qui est du multiculturalisme -- parce qu'il y a beaucoup de
francophones qui font partie des régions - des personnes du
multiculturalisme, ça serait peut-être intéressant de savoir, dans la région où
ils habitent, comment se vit leur culture comme personnes de l'étranger et comme
francophones. Aussi intéressant que de savoir qu'à New York, actuellement ça
coûte 15 $ si vous voulez faire promener votre chien. Personnellement, j'y
trouverais un intérêt beaucoup plus grand.
528 La force de transmission de Radio-Canada à l'extérieur des grandes
régions, elle est très faible. Je vous le dis par expérience puisqu'on a passé
quatre mois en voyage vers l'Ouest jusqu'au Yukon. A bien des endroits, on nous
annonce qu'on peut prendre le poste. A un moment donné, on s'est dit, notre
radio est trop faible dans la voiture. Mais après avoir parlé aux gens, ils
disent, quand c'est chez-nous, ce n'est pas mieux.
529 Alors est-ce qu'on devrait travailler sur la qualité de la transmission
de nos postes autant que sur la programmation elle-même?
530 Voilà, Madame.
531 CONSEILLERE WYLIE: Merci, Madame Matte. Nous n'avons pas de questions.
Nous vous remercions. Nous apprécions bien que vous soyez passée nous voir à
cette heure-ci de la journée particulièrement.
532 Merci.
533 Madame Cloutier.
534 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
535 Monsieur Yvan Dutrisac, s'il vous plaît.
INTERVENTION / INTERVENTION
536 M. DUTRISAC: Bonjour, mesdames et messieurs. Moi, je parle à titre
personnel. Je suis un artiste visuel originaire du nord de l'Ontario qui a
choisi de demeurer en Ontario pour continuer à essayer de faire une
carrière.
537 Depuis que je suis tout jeune, on a accès à deux postes. Il y a soit CBC
ou Radio-Canada, donc on a été élevé sous l'édige des deux postes.
538 Aujourd'hui, on a accès à toutes sortes de canaux. Il y a toutes sortes
de chaînes qui se présentent et toutes ces choses-là, et je trouve que plus
qu'on avance, plus que c'est dilué, plus qu'on se rapproche des Américains. Et
ça, c'est officiel.
539 Je crois que le CRTC a tous les pouvoirs du monde de faire en sorte qu'on
demeure Canadiens, autant sur le côté francophone que anglophone.
540 Moi, il y a une chose qui me préoccupe depuis toujours. Je suis dans le
domaine des arts, ça fait 30 ans. J'aurais pu m'exiler à Montréal et m'anéantir
dans le grand bateau que tout le monde se tape sur le dos constamment.
541 On a vu les Prix Gémeaux hier. C'est la Société Radio-Canada, puis ils
parlent toujours du Québec, le Québec, le Québec et le Québec. J'arrive de deux
semaines à Moncton. Savez-vous comment ils appellent la Société Radio-Canada à
Moncton? Ils appellent ça la "Société Cadenas".
542 Ici, dans notre région, souvent on appelle ça la "Société
Radio-Montréal".
543 Donc là, je vois la nouvelle Télé des Arts qui a été formée. Ils avaient
été rejetés avant et là, ils ont été acceptés. Ce que je vois moi,
personnellement, sans avoir des statistiques, je crois que Radio-Canada, à cause
des coupures, ils ont été récupérer ce volet-là pour se justifier un volet
national. Radio-Canada ne représente pas bien le pays dans son ensemble. Il
représente Montréal et c'est à peu près tout.
544 On regarde les nouvelles à Radio-Canada et ils parlent uniquement de la
région de Montréal et l'international. Sur le côté CBC, ils couvrent le pays au
complet. C'est dommage à dire. Moi, j'aimerais bien que ça soit plus
représentatif.
545 La Télé des Arts qui se jumelle avec d'autres postes qui arrivent de
l'Europe, c'est bien, en autant qu'on soit bien représenté. Je ne connais pas
les statistiques de quel pourcentage ils vont allouer à la francophonie hors
Québec, mais ça me fait très peur, parce que c'est toujours Montréal qui gère.
Et Montréal, quand ils gèrent, ils gèrent pour eux et personne d'autres. Ils
dictent pour le reste du pays. Nous, on n'a jamais rien à dire. Même si on
essaie de dire quelque chose, on n'a pas de représentant qui a le pouvoir de
faire la différence, et c'est votre responsabilité d'assumer ce rôle.
546 Moi je suis dans l'enseignement aussi. On voit nos jeunes se diriger vers
l'anglais. Pourquoi? Parce que c'est "cool", parce qu'il y a l'argent pour le
faire. Nous, on est toujours en train de ramasser les miettes pour essayer de
subsister. Et quand on travaille contre une grosse machine comme Montréal, c'est
presqu'impossible.
547 Moi, j'aimerais bien voir que le CRTC assure qu'on ait du contenu de
Vancouver, du nord de l'Ontario, de l'Acadie ou autres qui soit télédiffusé dans
la région du Québec. On peut traverser le Québec, on ne reçoit rien du reste du
Canada, puis la minute qu'on sort du Québec, on reçoit à Vancouver ce qui se
passe au Nouveau-Brunswick. Cela n'a aucun sens. On devrait être représenté à
travers le pays.
548 Moi, en tant qu'artiste, j'ai énormément de difficulté à sortir de ma
petite région, et si je ne suis pas capable d'être représenté ailleurs, je suis
aussi bien d'arrêter tout de suite parce que c'est Montréal qui me met les
bâtons dans les roues constamment.
549 C'est une grosse machine, Montréal. J'admets que Montréal c'est un centre
de diffusion de la culture. Mais ils doivent s'assurer de représenter le tout,
le pancanadien au complet du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, et ils ne le font
pas. C'est le CRTC qui est responsable de leur retirer une licence s'il le
faut.
550 On a des représentants qui nous représentent sur votre Conseil, des gens
qui illustrent très bien la francophonie hors Québec.
551 Par contre, une chose que je dois admettre, et ça, c'est très important
de le dire aussi, Montréal, s'ils fonctionnent bien avec toute la série
d'émissions qui reçoivent des prix entre eux sont télédiffusés à travers du
Canada, donc ça augmente leurs cotes d'écoute. Est-ce qu'on a le choix d'autre
que de les regarder? On n'a pas d'émissions qui nous représentent qui sont
télédiffusées. Ce sont eux qui décident, ils travaillent pour eux-mêmes, mais
ils sont bien contents d'aller chercher le un million de francophones hors
Québec, par contre, pour améliorer leurs cotes d'écoute. Ça fait trop longtemps
que ça dure ça, puis il faut que ça change. Sinon, l'image n'est pas très
belle.
552 Je vous laisse là-dessus. Merci beaucoup.
553 CONSEILLERE WYLIE: Merci, Monsieur Dutrisac. Je vous remercie de vos
commentaires qui sont bien compris. Je suis moi-même franco-ontarienne. J'y suis
née et j'ai toujours vécu dans l'est de l'Ontario, donc je sais exactement de
quoi vous parlez. C'est très difficile à corriger et le Conseil a bien essayé,
dans son dernier renouvellement, de retenir justement les revendications qui
nous ont été faites parmi les groupes francophones hors Québec.
554 M. DUTRISAC: Est-ce que je pourrais poser une question?
555 CONSEILLERE WYLIE: Oui.
556 M. DUTRISAC: Comment est-ce qu'on peut recevoir une réaction de voir
si... Face à la Télé des Arts, je suis en faveur de ça, en autant que le
"bulldozage" ne continue pas. Parce que c'est littéralement du "bulldozage"
culturel.
557 La culture francophone canadienne, ce n'est pas juste Montréal. Les gens
de Vancouver, les gens de la Colombie-Britannique, les gens de l'Ontario ont une
culture à eux-mêmes aussi. Les Acadiens en ont une. J'arrive de là-bas, puis
c'est incroyable, malgré le peu de ressources qu'ils ont, les choses qu'ils
réussissent à faire. Pourquoi est-ce que ce n'est pas diffusé à travers le pays?
Pourquoi est-ce que Montréal n'accepte pas de voir un peu puis, on échange? Ils
ont un peu cette mentalité américaine; on donne mais on ne veut jamais recevoir.
C'est pas bon ça.
558 CONSEILLERE WYLIE: Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de lire la
décision de la Télé des Arts, mais il y a des conditions, justement, pour
essayer d'assurer que la programmation provienne de différentes régions, non
seulement hors Québec, mais cette revendication-là se fait au Québec aussi. Les
gens se plaignent, évidemment, dans les régions, ce qu'on appelle les régions du
Québec que tout provient de Montréal.
559 Donc il y a un double problème. Il s'agit de représenter les régions du
Québec lui-même mais aussi de représenter les francophones hors Québec. Dans la
décision, nous avons fait des efforts d'exiger certains gestes pour que la
programmation, de fait, reflète en partie, sur une base nationale, la
francophonie du Canada.
560 Alors je vous comprends bien.
561 M. DUTRISAC: C'est bien ça. Mais quand est-ce qu'on peut juger, ou de
quelle façon on peut savoir si, justement, on est bien représenté? Je n'ai pas
de statistique, on n'a pas de chiffres à savoir, est-ce qu'ils donnent 20 pour
cent, est-ce qu'ils desservent 20 pour cent.
562 CONSEILLERE WYLIE: Dans la décision, il y a des chiffres précis. Alors il
faudrait... Nous allons trouver... Madame va vous donner sa carte et on peut
vous donner le numéro exact de la décision. Vous allez voir qu'il y a des
précisions - il y a des exigences dans ce domaine-là.
563 Maintenant, évidemment, la Télé des Arts n'est pas encore mise en oeuvre.
Alors il s'agit à ce moment-là de vérifier ce qui se passe. Ce sont des
exigences qui sont mesurées par le Conseil, et tôt ou tard, la Télé des Arts
doit être renouvelée, et aussi, elle doit répondre au Conseil de la façon
qu'elle rencontre les exigences.
564 M. DUTRISAC: Est-ce que le conseil de la Télé des Arts va avoir accès à
nos commentaires? Est-ce que vous leur faites part de...
565 CONSEILLERE WYLIE: Vous pouvez toujours faire des commentaires à
n'importe quelle titulaire et nous en envoyer une copie à nous.
566 M. DUTRISAC: C'est vous la police ici, aujourd'hui.
567 CONSEILLERE WYLIE: Vous pouvez nous envoyer vos commentaires,
évidemment...
568 M. DUTRISAC: C'est vous la police.
569 CONSEILLERE WYLIE: ...au Conseil.
570 M. DUTRISAC: Parce que trop souvent, on se fait solliciter de la part de
Radio-Canada ou autre pour des lettres d'appui quand c'est le temps de
renouveler leur licence auprès du CRTC, puis une fois qu'ils l'ont, on n'en
entend plus jamais parler. Et à chaque fois que c'est renouvelable, là, on en
reçoit des lettres, des fax et tout le "kit".
571 CONSEILLERE WYLIE: Oui, vous pouvez nous écrire...
572 M. DUTRISAC: On se butte à un mur de béton, Madame.
573 CONSEILLERE WYLIE: Évidemment. Vous pouvez nous écrire, évidemment. Et
dans le dernier renouvellement, nous avons aussi, sous plusieurs chapitres,
exigé des rapports qui seront déposés au dossier public. Mais le tout est très
complexe, comme vous le savez très bien.
574 M. DUTRISAC: Je n'en doute pas.
575 CONSEILLERE WYLIE: Vous oeuvrez vous-même dans la production?
576 M. DUTRISAC: Moi, je suis dans les arts visuels. Les arts visuels, si on
ne se produit pas en galerie deux semaines par deux ans, on n'a pas d'autre
vitrine.
577 Donc, si on regarde la Télé des Arts, qu'ils puissent faire des
reportages sur des artistes visuels ou des regroupements dans des régions ou
autres, voilà déjà une belle vitrine pour nous. Mais quelle garantie qu'on va
avoir que Montréal va venir faire un petit tour chez-nous?
578 CONSEILLERE WYLIE: Alors il faudra que vous relisiez la décision et que
vous surveilliez ce qui se passe.
579 Est-ce que vous avez un commentaire à faire sur ce que le Conseil a
proposé vis-à-vis la Télé des Arts pour la distribution hors Québec?
580 M. DUTRISAC: Je n'ai pas eu la chance de lire la documentation, je viens
d'arriver.
581 CONSEILLERE WYLIE: Le Conseil a proposé que, surtout dans le monde
numérique, que la Télé des Arts soit un service qui soit distribué - que
les câblos soient obligés de le distribuer avant tout autre service en mode
numérique, tout autre service spécialisé, de donner une priorité.
582 Évidemment, ça serait important aux yeux du Conseil, puisque nous avons
des exigences dans la décision pour qu'il y ait de la production qui reflète la
francophonie hors Québec et que ce soit un propos vraiment, que s'ils ont une
distribution nationale privilégiée, qu'ils puissent refléter les francophones
hors Québec aux Québécois et vice versa.
583 M. DUTRISAC: Très important. Primordial.
584 CONSEILLERE WYLIE: Alors Mme Cloutier va vous donner sa carte d'affaires
et on vous donnera le numéro exact de la décision pour que vous puissiez...
Probablement que si je le cherchais, je le trouverais. Mais je ne veux
pas...
585 M. DUTRISAC: Juste un chiffre comme ça, pour finir mon intervention, en
général, les Québécois pensent qu'il y a à peu près 100 000 francophones hors
Québec. On est un million. Je finis avec ça.
586 CONSEILLERE WYLIE: Le Conseiller Cardozo a une question aussi.
587 CONSEILLER CARDOZO: J'ai une question sur une suggestion que nous avons.
Il y a quelques organismes qui ont proposé une nouvelle chaîne dédiée aux
francophones minoritaires. Quand j'écoute votre présentation, je pense que vous
préférez que le réseau actuel va corriger le problème et que la solution, ce
n'est pas une autre chaîne. Est-ce que c'est correct?
588 M. DUTRISAC: Je ne suis pas d'accord avec une chaîne pour la francophonie
hors Québec. Pourquoi? Ça vient fortifier davantage le ghetto. Ce n'est pas ça
le problème. C'est que nous, on veut être vus autant au Québec qu'ailleurs, et
on veut que les Québécois nous voient aussi. Les Québécois -- je parle de
Montréal. Parce que Montréal, évidemment, c'est le centre... C'est un peu comme
dire à New York, il faut faire un effort pour représenter le New Jersey l'autre
bord. Eux, ils se considèrent le nombril du monde.
589 Mais en quelque part, quand vous, en tant que policiers des permis et
tout ça, vous devez vous assurer, surtout si c'est la Société
Radio-Canada -- je paie des impôts, je contribue à ça, j'aimerais bien que
ça reflète mes attentes et ce n'est pas ça qui se passe.
590 Si on crée une chaîne à part, bien on reste encore parmi nous puis on ne
va jamais plus loin que ça.
591 En tant que professionnel, tu atteins un certain niveau et tu arrêtes là,
sinon il faut que tu t'expatries ailleurs et tu décroches carrément de ton
circuit existant pour essayer de t'infiltrer dans un autre.
592 Moi, je le sais. En tant que Franco-Ontarien, aller à Montréal, je ne
peux pas trouver du travail adéquat parce que je ne suis pas de la place. Vous
comprenez un peu?
593 Si on en crée une autre, vous "duplicatez" les services et vous créez un
ghetto encore plus fortifié qu'avant. Cela n'a aucun sens.
594 CONSEILLER CARDOZO: Okay, merci. Je comprends bien.
595 M. DUTRISAC: Merci beaucoup.
596 CONSEILLERE WYLIE: Merci. Nous vous remercions d'être venu nous voir,
même si les gens ne sont pas toujours contents. La situation, comme vous
l'exposez vous-même, est toujours bien plus complexe. C'est bien difficile de
rencontrer toute les attentes. Mais c'est important que les gens nous rappellent
ce qu'ils veulent et ce qui ne va pas. Alors, nous vos remercions.
597 Madame Cloutier, s'il vous plaît.
598 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
599 Monsieur Raynald Charest.
INTERVENTION / INTERVENTION
600 M. CHAREST: Bonjour.
601 CONSEILLERE WYLIE: Bonsoir, Monsieur Charest.
602 M. CHAREST: Bonsoir. Je me présente. Je suis un francophone vivant dans
la banlieue est d'Ottawa. Je suis père de trois enfants, marié à une anglophone,
puis malgré le fait que mes enfants fréquentent l'école française et malgré le
fait que je leur parle exclusivement français, je trouve qu'il est difficile de
maintenir l'équilibre entre le français et l'anglais chez-nous. Je trouve aussi
qu'il y a beaucoup de jeunes qui décrochent.
603 C'est pour cette raison que je m'intéresse à ce qu'ils ont de disponible
à la télévision.
604 On me dit que j'ai seulement que 10 minutes, alors ça devrait peut-être
dire que je devrais lire mon...
605 CONSEILLERE WYLIE: Ne vous pressez pas.
606 M. CHAREST: D'accord.
607 CONSEILLERE WYLIE: Nous sommes là.
608 M. CHAREST: D'accord. Je reviens dans mon introduction.
609 Je pense aux enfants. Un enfant de six ans a presque 5 000 heures,
c'est-à-dire 13 heures et demie multiplié par 364 jours par année, presque
5 000 heures actives par année à sa disposition qu'il peut remplir. Mais il
passe en moyenne seulement que 1 100 heures à l'école. Ça veut dire qu'il
reste 3 800, 3 900 heures dont une bonne partie sont passées devant l'écran
de la télévision. C'est pour ça que je m'intéresse à ce dossier.
610 Mais la télévision, ce n'est pas seulement pour les enfants, c'est pour
les adolescents, c'est pour les adultes de tous les âges aussi.
611 Le CRTC est un organisme régulateur qui tient le volant d'un véhicule
lancé à toute allure à des vitesses fulgurantes. Il n'y a pas seulement que le
mauvais temps, mais il y a des problèmes de visibilité réduite, de courbes, de
bosses, de nids-de- poule, des ornières et parfois, des surfaces glacées sur la
chaussée.
612 Alors dans les prochaines minutes, je vais répondre aux questions qui
sont posées dans l'avis public 2000-74 et je vais combiner les deux premières,
si vous voulez. Je trouvais qu'elles étaient faciles à combiner ensemble.
613 On nous demande une question: Les lacunes et les défis qui représentent
la prestation et la disponibilité des services de radio et de télévision, y
compris la télévision spécialisée payante et à la carte de langue française dans
les communautés de minorités francophones du Canada...
614 CONSEILLERE WYLIE: Monsieur Charest, je m'excuse. Voulez-vous diminuer
votre débit, s'il vous plaît, parce qu'il y a de l'interprétation simultanée. Et
ne vous pressez pas, nous vous écoutons.
615 M. CHAREST: Okay, d'accord. Je m'excuse.
616 Ma réponse porte sur six défis. Je parlerai des lacunes un petit peu plus
tard.
617 Pour moi, le défi numéro un, c'est qu'étant donné l'éparpillement des
francophones sur un grand territoire, les minorités francophones doivent compter
en grande partie sur la programmation en provenance du Québec ou de l'étranger.
C'est malheureux, mais c'est comme ça. C'est un défi. Il est difficile de
produire des émissions de télévision à l'extérieur du Québec. C'est pour ça
l'importance de la radio communautaire en région minoritaire.
618 Défi numéro deux, c'est que l'espace sur les grilles des
câblodistributeurs est limité. Dans les régions majoritairement anglophones, il
y a plus de canaux qu'il y a de cases pour les grilles de câblodistribution.
C'est dû entre autres à la multiplication des chaînes de télé américaines.
619 Le défi numéro trois, c'est que la réglementation accorde la priorité aux
services télévisuels canadiens. C'est bien. C'est bon pour l'unité
canadienne.
620 Je remarque aussi que l'avis public 1997-25 de mars 1997 confirme la
prépondérance des services télévisuels canadiens sur les services étrangers, sur
le câble, en particulier.
621 Par contre, là où la population francophone est de moins de 50 pour cent,
le règlement sur la distribution de la radiodiffusion fait en sorte que les
canaux spécialisés et payants de langue anglaise autorisés, qu'ils soient
canadiens ou américains, bénéficient d'une priorité plus élevée que les canaux
canadiens dans la langue de la minorité, c'est-à-dire le français.
622 Pour ça, il faut faire référence à la Partie II, sous-alinéa 18(a)(i) et
sous-alinéa 18(a)(ii) du règlement où on dit que, s'il exploite son entreprise
dans un marché anglophone, le titulaire doit réserver de la place, distribuer en
fait, tout service spécialisés de langue anglaise que l'exploitant a la
permission de fournir dans sa zone de desserte ou tout service de télévision
payante de langue anglaise que l'exploitant a la permission de fournir.
623 Alors on ne fait pas, dans ce cas-là, de distinction entre les services
canadiens et américains.
624 Ce défi-là, ça pose un problème dans les régions majoritairement
anglophones au Canada. Ça veut dire que l'ordre prioritaire des chaînes
spécialisées est comme suit: D'abord, les chaînes spécialisées de langue
anglaise des chaînes canadiennes, ensuite viennent les chaînes étrangères de
langue anglaise, puis ensuite, en bas de l'échelle, les chaînes canadiennes de
langue française. Je parle évidemment des chaînes spécialisées.
625 Comme la Capitale du Canada est dans une zone majoritairement anglophone,
selon les définitions du règlement sur la distribution de la radiodiffusion, cet
ordre de priorité s'applique aussi.
626 Je dois dire ici que c'est le rôle du CRTC de veiller au rayonnement de
la télévision canadienne. Je pense ici que notre régulateur des ondes semble
s'être endormi au volant.
627 Défi numéro cinq. Le Canada anglais comme le Canada français, il y a
quelque chose qu'on a en commun. C'est qu'on est habitué, depuis les années 50,
aux stations américaines, à la télé américaine. C'est vrai un peu partout au
pays. C'est vrai au Québec aussi.
628 Dans le Canada anglais, la SRC a fait son apparition dans les années 70.
Je me rappelle, je demeurais à Toronto en 1974 et le canal 25 venait d'arriver
l'année d'avant.
629 Ensuite, s'est ajouté, en Ontario, du moins, TFO, puis TV5 un peu partout
au Canada ici et là, et un petit peu plus tard, sont arrivés MusiquePlus et
RDS.
630 Alors il faut dire que la télévision de langue française, c'est un
phénomène relativement nouveau dans le Canada anglais, alors que la télévision
américaine, on y est habitué depuis longtemps.
631 Défi numéro six, d'après moi, c'est que les francophones ont plusieurs
luttes à mener de front depuis quelques années auprès, en particulier de leurs
gouvernements provinciaux et même parfois du gouvernement fédéral, quand ils se
retrouvent en Cour suprême, si bien qu'ils n'ont pas souvent la force d'aller se
battre pour avoir plus de canaux.
632 La question numéro deux dans l'avis public 2000-74 est la suivante:
Comment les progrès technologiques peuvent-ils contribuer à relever ces
défis?
633 C'est sûr, avec le câble numérique, les systèmes de distribution
multi-points et par satellite direct, il y a plus de capacité de diffuser les
canaux, c'est vrai. Cela a été bon à un endroit. Cela a été bon à Ottawa, parce
que je remarque que depuis l'année passée, depuis février, en fait, Rogers a
ajouté plusieurs stations spécialisées de langue française à sa grille. Mais mes
concitoyens du reste de l'Ontario ne sont pas aussi chanceux. Je prends les
abonnés de Cogeco et de Shaw en particulier. L'arrivée du numérique ne les a pas
aidés.
634 Je vous fais remarquer aussi qu'ailleurs dans le pays, je prends par
exemple Star Choice, un disitributeur par satellite direct, n'offre pas de
bouquet de langue française dans l'Ouest du pays. Je sais que c'est supposé de
changer. Star Choice est supposé d'avoir accès à un satellite plus puissant cet
automne, mais c'est à surveiller.
635 Les satellites aussi ont leurs contraintes. On peut dire, le numérique,
oui, les satellites, ça va augmenter les choix pour les francophones hors
Québec, mais il y a des contraintes.
636 Je pense en particulier à mon beau-frère et ma belle-soeur qui demeurent
à Vancouver, North Vancouver. Ils ne peuvent pas s'abonner à Bell ExpressVu.
Pourquoi? Parce qu'il y a six grands pins de 35 mètres, 40 mètres au sud-est de
leur maison. Il faudrait orienter leur antenne parabolique au sud-est de la
maison, vers le sud-est. Ils ne peuvent pas couper les arbres. Une des raisons,
c'est que quatre de ces grands pins-là appartiennent à leurs voisins.
637 Alors l'accès à des chaînes de télévision de langue française ailleurs au
pays parce que vous avez le système de distribution multi-points ou le
satellite, c'est pas garantie. Il y a des fois des contraintes physiques. Il
peut y avoir un bloc appartements immense, une montagne ou des arbres qui sont
situés dans la mauvaise place et puis on peut ne pas y avoir accès.
638 Lorsque je pense aux gains qui n'ont pas toujours été réalisés, lorsque
je tiens compte des coûts d'installation, des contraintes de réception et du
fait que la génération de mes parents est facilement intimidée face à tout
nouvel équipement électronique, j'en conclus que les nouvelles technologies ne
règleront pas tous nos problèmes. Il faudra donc réglementer davantage la
distribution des canaux afin d'obtenir une gamme de choix télévisuel plus
acceptable.
639 Question numéro trois, de quelle façon pourrait-on encourager et
favoriser l'accès au plus large éventail possible de ces services dans les
communautés de minorités francophones? Bien à mon avis, il ne faut pas attendre
le déploiement de la technologie numérique.
640 La réglementation du CRTC sur la distribution de la radiodiffusion
devrait exiger la diffusion d'un certain nombre de chaînes de langue française
partout au pays sur les systèmes analogiques aussi, que ce soit la Classe 1,
Classe 2 et Classe 3. Je comprends bien qu'il y a des problèmes d'espace dans
les blocs analogiques, mais je pense qu'on devrait quand même... En particulier,
il y a des endroits où 40 pour cent de la population est de langue française, 50
pour cent même, et on n'a pas accès à beaucoup de canaux de lamage
française.
641 Dans le cas des systèmes numériques, le CRTC devrait, à mon avis,
renoncer à ces notions de marchés définis selon des critères linguistiques et du
nombre d'abonnés. Je pense qu'il devrait exiger plutôt la diffusion d'un nombre
équilibré de canaux de langue française et anglaise ainsi que tous les canaux
numériques canadiens de Catégorie 1 dans les deux langues officielles.
642 Pour ce qui est des canaux de Catégorie 2, je ne le sais pas, mais on
pourrait peut-être exiger la diffusion des canaux de Catégorie 2 de langue
française dans les régions un peu plus francophones, du moins pour un an ou deux
pour les faire accepter par les abonnés.
643 Il faudrait, à mon avis aussi, éviter d'émettre des permis pour des
ré-émetteurs à des stations privées à fort contenu canadien, comme c'est le cas
ici à Ottawa, avec les stations de Hamilton et de Toronto. Je me rappelle aussi
que les stations TVA et TQS ont failli être déplacées vers le 15 et le 20, alors
que ces stations-là ont un contenu canadien plus élevé que CHCH et Citytv.
Télé-Québec a tout simplement été reléguée à la case 70 à cause de ces
décisions-là.
644 Alors je pense que le CRTC à ce moment-là était endormi au volant
lorsqu'il a accordé ces permis-là à CHCH et Citytv. Il faut des règles à ce
sujet-là.
645 Question quatre, le Conseil devrait-il adopter une approche différente
dans la région d'Ottawa. Pour répondre à la question, ça dépend de la portée des
changements que le CRTC compte apporter au règlement sur la distribution de la
radiodiffusion. J'ai l'impression qu'il va y avoir des changements, des
ajustements ou même des corrections après ce processus-ci, mais je ne sais pas
quelle sera la portée de ces changements-là. Alors tout dépend.
646 Au minimum, le CRTC devrait imposer, dans le marché de la Capitale du
Canada, non seulement la diffusion obligatoire des stations canadiennes de
langue française et anglaise mais devrait aussi garantir les meilleurs
emplacements, à mon avis, aux stations canadiennes. Dans la Capitale du pays, je
pense que ça devrait être comme ça, les meilleurs emplacements aux stations
canadiennes, quelle que soit la langue de diffusion, surtout dans une des deux
langues officielles de diffusion. A mon avis, dans la Capitale du Canada, il ne
devrait pas y avoir de compromis là-dessus.
647 Ceci éviterait des situations anormales comme les suivantes: Par exemple,
PBS qui est un service éducatif en provenance d'un pays étranger est mieux
positionné que Télé-Québec, qui est un service éducatif du Canada sur la grille
de Rogers. Télé-Québec est positionné sur 70 alors que PBS est positionné sur
18.
648 En 1997, je me rappelle que lorsque Rogers a introduit sont forfait
Me-TV, il y avait quatre chaînes américaines puis on refusait quand même quatre
chaînes canadiennes spécialisées qui venaient juste d'entrer en ondes en
septembre 1997.
649 Toujours en 1997, je me rappelle que Rogers refusait le Canal Nouvelles
de TVA qui est un canal canadien, alors qu'on a trois stations ou trois chaînes
de nouvelles continues en provenance des États-Unis. Ces trois-là sont CNN, CNN
Headlines et puis CNBC News. Je me demande donc à ce moment-là si le CRTC était
endormi au volant.
650 Maintenant, j'aimerais ajouter une cinquième question et c'est la mienne.
Est-ce que le CRTC a appris quelque chose depuis deux ans, parce qu'il y a eu
bien des plaintes depuis deux ou trois ans. Ou, si vous voulez, aurons-nous à
faire face aux mêmes problèmes qu'auparavant et à ce genre de consultations?
651 Je vous avoue que je suis inquiet. Je suis inquiet parce que je trouve
que le CRTC a pris beaucoup de temps à tendre l'oreille aux francophones du pays
et à entendre nos doléances. Il a fallu que le ministère du Patrimoine canadien
s'en mêle.
652 Une autre chose que je constate, c'est que le CRTC est sur le point
d'accorder des permis à plusieurs chaînes numériques à contenu étranger très
élevé, c'est-à-dire les stations spécialisées numériques de Catégorie 2. C'est
dans l'avis public 2000-22 qu'on lançait un appel, qu'on lançait une invitation
pour des diffuseurs. Il y avait les Catégorie 1 et 2.
653 Alors durant la première année, ces stations seront autorisées à
fonctionner -- je parle des stations de Catégorie 2 -- seront
autorisées à fonctionner avec seulement 15 pour cent de contenu canadien et
devront l'augmenter progressivement jusqu'à 35 pour cent, lequel pourcentage
sera dorénavant suffisant pour demeurer en ondes avec un statut de station
canadienne. Ce qu'on a fait ici, c'est qu'on a baissé la barre d'exigence. On
nous dit qu'il y aura un nombre illimité de ces stations de Catégorie 2.
654 Or, à chaque fois que le CRTC baisse la barre d'exigence minimale de
contenu canadien, c'est la création de chaînes à langue anglaise à contenu
américain élevé qu'il favorise, reniant ainsi son rôle premier. Ce n'est donc
pas surprenant qu'il y a seulement une demande sur 15 pour des chaînes de
Catégorie 2 de langue française.
655 Cette approche sur les chaînes numériques de Catégorie 2 aura, pour moi,
des conséquences graves. Avec l'afflux de peut-être 300 nouvelles chaînes, les
grilles de câblodistribution numérique et des distributeurs par satellite seront
bientôt remplies. Nous nous retrouverons encore avec des contraintes
d'espace.
656 Rappelez-vous que les télédiffuseurs francophones et les téléspectateurs
francophones du pays font les frais de ce manque d'espace. On l'a vécu avec le
câble analogique et ça va revenir. Malgré les nouvelles technologies, d'après
moi, ça va recommencer de plus belle.
657 Le déséquilibre entre les choix télévisuels en anglais et en français
continuera de s'accroître. Vous savez comme moi, pour avoir entendu les
témoignages depuis trois semaines, comment ce déséquilibre menace la vivacité
des communautés francophones minoritaires du pays. En plus de ça, c'est la
programmation canadienne qui est mise en péril.
658 La programmation importée des États-Unis coûte moins cher que la
production locale. Plus il y aura les chaînes à contenu américain élevé, plus
les télédiffuseurs demanderont que le CRTC abaisse ou assouplisse les exigences
en contenu canadien.
659 Alors ici, je me demande encore si le CRTC est endormi au volant.
660 Finalement, je veux ajouter une parenthèse sur le projet de politique
2000-38 au nom d'un voisin qui vient d'un petit village de Prescott-Russell.
661 Avoir décidé de ne pas réglementer des petits systèmes de Classe 3 qui
sont souvent exploités par des firmes qui ne connaissent pas leur clientèle,
souvent, ces câblodistributeurs ont l'audace de facturer leur clientèle
francophone uniquement en anglais. Il faut avoir du culot, quand on est dans une
région très francophone.
662 Dans les villages comme Bourget, Plantagenet, Alfred, les petits systèmes
ont changé de mains plusieurs fois; Maclean-Hunter, Rogers, après ça, cela a
passé à Cogeco, et maintenant Regional. La première lettre que les nouveaux
abonnés ont reçue était en anglais. Ce sont des villages presque 80 pour cent ou
75 pour cent francophones.
663 Alors ça veut dire que les câblodistributeurs ne connaissent pas la
clientèle dans ces endroits-là.
664 Ces petits systèmes-là aussi diffusent parfois à une trentaine, sinon une
quarantaine de chaînes spécialisées captées par satellite. Donc, ce n'est pas un
lourd fardeau que de leur demander d'accorder la priorité aux chaînes diffusant
dans la langue de la majorité locale.
665 D'autant plus que ces exploitants de petits systèmes-là se sont engagés à
offrir -- auprès de leurs abonnés, ils se sont engagés à offrir des
services de distribution numérique.
666 Alors je conclus en disant qu'il y a beaucoup de pain sur la planche et
qu'il faudra rester réveillé. Merci.
667 CONSEILLERE WYLIE: Merci, Monsieur Charest. Nous n'avons pas de
questions. Vous avez vraiment fait le tour du jardin. Nous vous remercions
d'être venu partager avec nous vos préoccupations. Nous espérons nous
réveiller.
668 M. CHAREST: Si vous voulez, j'ai le texte aussi de ce que j'ai lu, si
jamais ça peut aider.
669 CONSEILLERE WYLIE: Mais vous comprenez bien qu'il sera transcrit et
ajouté au procès verbal. Mais je suis certaine que le texte est bienvenu.
670 Madame Cloutier, s'il vous plaît.
671 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
672 Madame Dyane Ménard, s'il vous plaît.
INTERVENTION / INTERVENTION
673 Mme MÉNARD: Bonsoir. Mon nom est Dyane Ménard.
674 Selon moi, la télévision est plus qu'un véhicule d'information. C'est
aussi celui de la langue, de la culture, de l'histoire. Nous passons un certain
nombre d'heures de nos loisirs à absorber inconsciemment souvent des idées et
des valeurs présentes dans tous ceux qui participent à la réalisation de ces
émissions.
675 Selon la loi de 1991, la Société Radio-Canada, à titre de diffuseur
public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui
comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit. Ils
devraient aussi refléter la globalité canadienne et rendre compte de la
diversité régionale du pays, tant au plan national qu'au niveau régional, tout
en répondant aux besoins particuliers des régions.
676 Un peu plus loin dans le mandat, on lit que Radio-Canada doit contribuer
activement à l'expression culturelle et à l'échange des diverses formes qu'elle
peut prendre. Radio-Canada, CBC, doivent être offertes en français et en
anglais, de manière à refléter la situation des besoins particuliers des deux
collectivités de langue officielle, y compris ceux des minorités de l'une ou
l'autre langue.
677 Le CRTC doit donc voir à ce que Radio-Canada respecte son mandat.
678 Les commentaires que je présente ce soir portent sur la programmation
nationale de Radio-Canada. Ses émissions ont souvent le meilleur temps d'antenne
et sont diffusées d'un océan à l'autre. J'espère que tous les Canadiens avec ou
sans câble y ont accès.
679 Je constate d'abord que la grande majorité des émissions produites par
Radio-Canada sont faites à Montréal. Si on regarde les téléromans, les
personnages, les mises en situation, les références sont québécoises.
680 Viennent ensuite les émissions de variété, de culture, de science et
d'économie. Les participants et les artistes sont québécois. On fait référence
aux spectacles de la région de Montréal. On critique ou annonce les spectacles
offerts surtout à Montréal ou en région. Ici, il faut lire au Québec.
681 Les enregistrements de spectacles en français sont surtout faits à
Montréal. A l'occasion, dans d'autres villes du Québec, mais rarement ailleurs,
sauf pour la messe.
682 Pendant les émissions d'information, le point de vue est québécois. C'est
le prédominant.
683 Les questions d'actualité sont québécoises d'abord. Les invités sont
principalement des représentants de la Presse, du monde des affaires, des
entreprises, des universités et institutions québécoises. Les références sont
aux lois et institutions québécoises.
684 En naviguant sur le site Web, je constate aussi que la sur-représentation
de l'actualité québécoise par rapport aux autres provinces se poursuit. Les
références mènent souvent aux institutions provinciales québécoises. Les
articles en provenance des autres sont habituellement des communiqués de presse
et non des reportages.
685 Un fait amusant, sur le Web, les nouvelles de l'est ontarien,
c'est-à-dire la section nouvelles Ontario, sont en fait les mêmes nouvelles que
la section nouvelles Québec-Outaouais.
686 Regardons le conseil d'administration de Radio-Canada. Montréal y est
très bien représentée, autant par des francophones que par des anglophones. Si
je ne m'abuse, il y a un Acadien sur le conseil.
687 J'ai moins de renseignements concernant la haute direction de
Radio-Canada, mais je suppose qu'une majorité des membres sont québécois ou
habitent tout au moins à Montréal.
688 S'agit-il d'une société d'État? Est-ce qu'on parle bien de
Radio-Canada?
689 Alors j'en tire certaines conclusions. Radio-Canada ne remplit pas son
mandat de présenter le point de vue pancanadien quand le meilleur temps
d'antenne, les productions et les reportages les plus importants et le personnel
proviennent majoritairement d'une seule province. J'en reviens au fait que la
télévision véhicule les idées et les valeurs présentes dans tous ceux qui
participent à la réalisation de ces émissions.
690 Dans le cas de la SRC, la société d'État véhicule culture, idées et
valeurs québécoises. Donc la SRC ne remplit pas son mandat.
691 En passant, je ne critique pas les valeurs et le travail des artisans
québécois, mais bien la sur-représentation.
692 J'en conclus qu'il est aussi impossible pour des francophones d'ailleurs
qu'au Québec de s'identifier à SRC qui fait toujours référence au Québec. Je
sais d'expérience que les francophones d'ailleurs qui n'ont accès qu'à la SRC
doivent se tourner vers les stations anglaises qui elles, ne présentent que très
rarement le point de vue francophone pour être informés ou divertis
convenablement. La SRC contribue donc passivement à la fragmentation et
l'assimilation des francophones en milieu minoritaire.
693 Les francophones d'ailleurs n'ont pas la chance de développer leurs
talents, leur carrière en travaillant à la SRC, puisque tout se passe au Québec
ou presque. En ne développant pas les artistes, les artisans et les journalistes
francophones d'ailleurs au Canada, nous n'avons pas les ressources humaines
francophones pour créer une industrie de radio et télé d'une qualité équivalente
mais qui représenterait tous les francophones.
694 N'offrant pas de perspective pancanadienne, la SRC contribue à
l'isolement de la population québécoise. La Société Radio-Canada contribue
passivement aux souverainistes. Le problème est systémique.
695 J'ai quelques recommandations. Que la SRC soit présente et forte dans
toutes les provinces canadiennes.
696 Que les membres du personnel de la SRC soit représentatif de toutes les
provinces, de toutes les communautés francophones du pays.
697 Que l'ouverture prévue des nouveaux bureaux de la SRC dans d'autres
régions du Québec soit retardée et que les ouvertures prévues ailleurs soient
devancées et augmentées.
698 Que les émissions présentées d'un océan à l'autre soient produites à part
égale dans toutes les provinces.
699 Que le mandat de la SRC soit modifié et augmenté de façon à ce que la SRC
ait l'obligation d'offrir une perspective reflétant les réalités francophones de
partout au Canada, et il s'agit ici d'une augmentation.
700 Dès maintenant, que les émissions d'un océan à l'autre incluent des
invités, des références, des informations francophones d'un océan à l'autre et
non plus majoritairement du Québec.
701 La liberté d'expression: Exiger que des émissions d'un océan à l'autre
aient un contenu francophone plutôt que québécois n'est pas une atteinte à la
liberté d'expression. Loin de là. Il s'agit de respecter et de favoriser la
liberté d'expression de tous.
702 Je vais d'ailleurs en profiter pour vous faire part des commentaires que
j'ai envoyés à Radio-Canada dernièrement. Je n'ai pas eu de réponse.
"Monsieur et Madame, la couverture médiatique de Radio-Canada lors du décès
de Trudeau m'a insultée pendant quatre jours. Parlons d'abord de la présence, ou
plutôt de l'acte de présence de M. DeRome à Ottawa. Nous avons eu droit à
quelques heures de M. DeRome. Ça doit être plus simple d'envoyer un gros canon à
Londres pour le décès de Diana que de faire des arrangements pour Ottawa pour le
décès d'un Canadien." (Tel que lu)
703 Je continue dans cette veine-là. Ce ne sont pas des compliments que je
leur fais.
704 Une autre parenthèse. La série Histoire du Canada qui sera bientôt
présentée, c'est une grosse production. Je pense qu'on parle de 25 millions. En
tant que francophone, vais-je m'y retrouver? Vais-je voir le visage francophone
du Canada ou vais-je encore voir le visage francophone québécois et le visage
"Canadian" des autres provinces? Vais-je entendre parler des luttes et progrès
francophones ou vais-je encore voir le visage francophone du Québec et le visage
"Canadian" des autres provinces?
705 Ce matériel servira de matériel pédagogique. Les francophones de partout
auront-ils l'occasion d'apprendre leur histoire en tant que francophones?
706 Originaire de Prescott-Russell, j'ai grandi dans une famille unilingue
française au son et aux images de Radio-Canada. A l'époque de l'antenne sur le
toît, nous n'avions qu'une station télé, CBOFT Radio-Canada. J'ai suivi la
colonisation des Pays d'en Haut, le social des Couche-Tard, les petits drames de
la Rue des Pignons, j'ai ri à l'humour de Moi et L'autre, j'ai applaudi le
succès des Canadiens de Montréal, j'ai été ébahie par le gigantisme des travaux
de la Baie James, j'ai ressenti l'humiliation d'Olivier Guimond en vigile à
Westmount, j'ai apprécié les spectacles des Beaux Dimanches, le Théâtre
Alcan.
707 Radio-Canada n'a jamais eu une programmation respectant les réalités des
Canadiens d'expression française à travers le pays. Montréal était au centre de
la vie des Canadiens français, mais graduellement, le nom "Canadiens français" a
été remplacé par celui de "Québécois". Le nom "Canadiens français" s'est
d'ailleurs politisé pour devenir synonyme de fédéraliste par opposition à
souverainiste.
708 Nous, francophones d'ailleurs au Canada, avons été laissés pour compte.
La société d'État se doit, pour assurer la survie des francophones de
l'extérieur du Québec, de favoriser notre développement culturel autant qu'elle
l'a fait et continue de le faire au Québec. La société d'État se doit de
rassembler toutes les communautés francophones, grandes et petites. Oui, ça
coûte cher, mais c'est le prix à payer pour les francophones d'un océan à
l'autre et d'amener les francophones québécois dans la fédération. Ça coûte
cher, ça prend du courage politique, mais il faut le faire. C'est au CRTC aussi
de faire le message au Parlement. Je vous remercie.
--- Applaudissement / Applause
709 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Madame Ménard.
710 Le Conseiller Cardozo a une question pour vous.
711 CONSEILLER CARDOZO: Merci, Madame la Présidente.
712 Madame Ménard, je vais vous poser une question sur RDI. Je vois des
programmes ou des reportages de petits programmes par quelques provinces.
Pensez-vous que ça suffise?
713 Mme MÉNARD: Tant et aussi longtemps que la programmation va partir de
Montréal, tant que la maison-mère va être à Montréal, tant que les journalistes
et les artisans vont tous être de Montréal, ça ne peut pas faire autrement. Ils
sont québécois. On ne peut pas leur enlever ça. Ils ne connaissent pas les
autres réalités.
714 Alors ils ne vont pas chercher les nouvelles ailleurs qu'au Québec. S'ils
vont les chercher, ils les comprennent mal parce qu'ils ne les vivent pas.
715 Et puis RDI, tant qu'à moi, c'est synonyme de SRC. C'est le réseau des
nouvelles. On voit les mêmes nouvelles à RDI qu'on voit à la société d'État.
716 CONSEILLER CARDOZO: Mais il y a des journalistes et des bureaux dans
d'autres provinces aussi.
717 Mme MÉNARD: Oui, mais moi je fais référence aux émissions qui sont
diffusées, pas aux émissions locales. SRC a deux mandats; celui d'avoir une
radio télévision locale, mais aussi de fournir des services à travers le
pays.
718 CONSEILLER CARDOZO: SRC, oui.
719 Mme MÉNARD: SRC. RDI essaie aussi de se présenter un peu partout, mais
ils n'ont pas les ressources, parce que je pense qu'on ne voit pas l'utilité.
Est-ce qu'il y en a suffisamment? Non. Ça doit être augmenté, de la même façon
que le service de SRC doit être augmenté. Mais on parle des émissions, ce qu'on
appelle en anglais le "prime time", ça doit provenir de partout, que ça soit
autant pour RDI que pour la Société Radio-Canada.
720 CONSEILLER CARDOZO: Et les reportages des autres bureaux, ce n'est pas
dans le "prime time".
721 Mme MÉNARD: Justement. Alors on a de la télédiffusion locale à d'autres
heures. Mais la majorité des meilleures heures d'écoute vont là. C'est important
d'avoir des bureaux locaux, comprenez-moi. Mais c'est important que ces
nouvelles-là soient diffusées au moment où les gens écoutent la télévision, ce
qui n'est pas toujours le cas.
722 CONSEILLER CARDOZO: Okay, merci.
723 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, madame Ménard, d'être venue nous faire part de
vos préoccupations qui sont très claires. Nous vous remercions.
724 Madame Cloutier, s'il vous plaît.
725 Mme CLOUTIER: Merci, Madame Wylie.
726 Je demanderais à M. Joël Beddows du Théâtre La Catapulte... Est-ce qu'il
est ici? Si non, M. Jean-Pierre Caissie de Vox Théâtre. Il n'est pas là non
plus. M. Myner, à vous la parole.
INTERVENTION / INTERVENTION
727 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonsoir, Monsieur Myner.
728 M. MYNER: Bonsoir. Je vous remercie beaucoup d'accepter de me recevoir ce
soir alors que j'étais inscrit pour cet après-midi. D'autres engagements
m'empêchaient d'être ici cet après-midi.
729 Moi je vais, dans mon intervention, surtout concentrer sur le domaine
radio parce que, comme vous le voyez sur votre feuille d'horaire, je suis le
présidente de Radio communautaire Prescott-Russell.
730 Il y a un élément que je veux souligner au départ qui pour moi est très
important. C'est le maintien de notre identité canadienne et de notre identité
francophone.
731 Madame Ménard a souligné toute une ribambelle de problèmes au niveau de
la programmation. Ces problèmes-là sont des problèmes réels en ce qui nous
concerne.
732 Juste un petit exemple. Dans la région où je vis, que vous connaissez, la
région de Prescott-Russell qui est voisine d'ici, on a une station radio privée
qui fonctionne dans la région de Hawkesbury mais dont la programmation ne vient
pas de Hawkesbury, malheureusement. La programmation vient ostensiblement de
Lachute, et Hawkesbury est principalement un ré-émetteur en période de jour.
733 En période de soirée, la programmation musicale vient toute programmée à
partir de Rouyn par le réseau Radio-Nord.
734 Durant les périodes d'écoute de jour, les périodes de haute écoute du
matin et les périodes de haute écoute de retour au travail, est-ce que vous
croyez que les résidents d'Alfred, de Plantagenet, de Limoges sont intéressés,
par exemple, à savoir les conditions routières sur l'Autoroute des Laurentides?
C'est ce que vous entendez, de la programmation venant de Lachute parce qu'eux
couvrent la région de Mirabel et des Basses Laurentides.
735 Les problèmes que l'on rencontre quand la programmation est faite par de
grands réseaux, c'est une centralisation et une programmation centrale qui ne
reflète pas du tout les besoins de la population locale.
736 De plus en plus, avec le changement dans le fonctionnement de la Société
Radio-Canada, et cetera, on doit se remettre, pour nos populations, à des radios
de type communautaire qui eux, ont un mandat très local.
737 De plus en plus, ça devient important, si on prend les statistiques
d'alphabétisation, les statistiques d'assimilation ainsi de suite dans la région
de Prescott-Russell, nous avons des statistiques d'alphabétisation, des
analphabètes fonctionnels, environ 35 pour cent.
738 Les gens ont besoin d'un média parlé pour obtenir leurs nouvelles. La
plupart des gens vont prendre un journal, le 35 pour cent de la population vont
prendre un journal, ils vont lire les gros titres, peut-être le premier
paragraphe qui est en plus gros caractères, le restant, ils ne le lisent pas, en
moyenne.
739 Alors les médias parlés sont très importants. Surtout dans la situation
où nous vivons dans la région de Prescott-Russell, étant à mi-chemin entre
Montréal et à Ottawa, nous recevons la programmation montréalaise, nous recevons
toute la programmation de la région d'Ottawa, et le seul moment où les gens
entendent parler de leur communauté, c'est quand il y a une catastrophe en
quelque part.
740 Sur les médias d'Ottawa, que ce soit la Société Radio-Canada, que ce soit
les diffuseurs privés radio ou télévision, la dernière fois que j'ai réellement
entendu parler de ma région par Radio-Canada à Ottawa, c'est lors de la crise du
verglas ou lorsqu'il y a un accident sur la 417, ainsi de suite. Ä part ça, on
n'entend pas parler de notre région.
741 Alors ça devient de plus en plus important de regarder les plus petites
unités, les petits diffuseurs de plus en plus.
742 On a parlé de télévision communautaire tantôt. Les grandes sociétés de
diffusion par câble, de plus en plus, minimisent la programmation en télévision
communautaire. Quelques-unes fonctionnent encore bien, mais à part de ça, en
général, c'est minimisé. Pour nous, ça devient extrêmement important.
743 Alors j'espère que le CRTC va, dans ses visions de l'avenir, prendre en
considération tous ces éléments que les programmations au niveau local sont
absolument importantes.
744 J'aimerais faire référence à un document que vous avez sûrement vu. Cela
a été publié par le journal Les Affaires de Québec, samedi, le 23 septembre.
Pour que le journal Les Affaires consacre sept pages de texte au domaine des
communications, je pense que ça devient important.
745 J'aimerais vous lire les commentaires d'une personne en particulier, qui
est un américain de la région de Milwaukee où ils ont vécu une extrême
concentration des médias écrits, parlés, télévisés, et cetera. Il dit ceci:
"J'ai peur que d'ici cinq ans, on ne lise plus rien sur les démunis de la
société, car on ne fera pas d'argent avec eux." (Tel que lu)
746 Les grandes corporations, vous les connaissez, BCE, Rogers, Quebecor,
CanWest, TéléMédia en radio qui devient une force assez importante avec 74
stations à travers le pays présentement, de plus en plus, ces gens-là
travaillent, font des acquisitions dans les domaines connexes et de plus en
plus, ces gens-là sont concernés strictement par les revenus et non pas par les
besoins de la population, et les programmations qui vont être présentées vont
être de moins en moins des programmations qui vont refléter les besoins de la
population.
747 Si vous ne les avez pas les documents du journal Les Affaires, j'en ai
apporté quelques copies. Merci de m'avoir entendu.
748 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci, Monsieur Myner. Oui, nous apprécierions bien
que vous nous en laissiez une copie avec nous. Ce sera bien assuré à ce
moment-là que ce soit déposé au dossier avec le procès verbal de votre
présentation.
749 Le Conseiller Cardozo a une question pour vous.
750 CONSEILLER CARDOZO: Merci, Monsieur. Comme vous le savez, le but de ces
consultations est d'examiner la disponibilité et la qualité des services de
radiodiffusion en langue française pour les minorités francophones.
751 J'aimerais comprendre votre point de vue clairement. Pensez-vous que
c'est plus important pour vos auditoires à Prescott-Russell et dans d'autres
régions, c'est plus important d'avoir des services en français ou en français
locaux?
752 M. MYNER: C'est plus important d'avoir des services en français locaux.
Parce que les services en français type grand réseau, nous les avons déjà par le
biais de la Société Radio-Canada, TVA, TQS et ainsi de suite. Mais au niveau de
la programmation locale Radio-Canada radio et télévision, nous avons aussi les
plus...
753 Si je me rappelle bien, dans la région de Prescott-Russell, selon notre
étude de marché, nous recevons quelque chose comme 58 postes radio, qu'ils
soient francophones ou anglophones.
754 Alors les besoins sont pour de la programmation francophone et
locale.
755 CONSEILLER CARDOZO: Pensez-vous qu'il y a assez de ressources et de
bénévoles, et cetera, pour préparer cette programmation?
756 M. MYNER: J'en suis sûr et certain. Lors d'émissions de courte durée,
nous avons utilisé tout près de 1 000 bénévoles dans huit fins de semaine. Et je
peux vous sortir les données éventuellement. Nous les avons toutes ces
données-là.
757 Pour qu'une radio de type communautaire fonctionne, il n'y a pas
seulement que les bénévoles. Les bénévoles sont importants, mais on a besoin
aussi d'un noyau de personnes rémunérées qui vont donner toute la saveur, et
cetera -- qui vont s'occuper de la programmation journalière, mais toute la
saveur va être donnée par les bénévoles en général.
758 CONSEILLER CARDOZO: Et quelles sont vos sources de financement?
759 M. MYNER: Pardon?
760 CONSEILLER CARDOZO: Quelles sont vos sources de financement?
761 M. MYNER: Les possibilités financières, selon une toute dernière étude de
marché, il y a un marché non-exploité de publicité de 880 000 $ dans la région
de Prescott-Russell, annuel. Alors nous n'avons pas de craintes. Si on va en
chercher 20 pour cent, on n'a pas de craintes, on peut aller opérer la
radio.
762 CONSEILLER CARDOZO: Okay, merci.
763 CONSEILLÈRE WYLIE: Monsieur Myner, vous habitez à Hawkesbury?
764 M. MYNER: Je suis natif de Hawkesbury, mais j'habite Saint-Eugène.
765 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que Saint-Eugène est desservie par le même
câblodistributeur que celui de Hawkesbury?
766 M. MYNER: Malheureusement, c'est un problème que l'on rencontre dans pas
seulement ma communauté, mais Saint-Eugène n'a pas de système de
câblodistribution et dans beaucoup du secteur rural de Prescott-Russell, il n'y
a pas de système de câblodistribution.
767 CONSEILLÈRE WYLIE: Ce n'est pas câblé du tout.
768 M. MYNER: Non.
769 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais à Hawkesbury, maintenant c'est desservi par
Cogeco?
770 M. MYNER: Cogeco, oui.
771 CONSEILLÈRE WYLIE: Et ça, c'est un marché qui, selon les critères
utilisés par le Conseil en ce moment, est un marché francophone.
772 M. MYNER: Oui.
773 CONSEILLÈRE WYLIE: Donc, à Hawkesbury, ceux qui sont abonnés au câble
auraient accessibilité à tous les services francophones spécialisés.
774 M. MYNER: En très grande partie par Cogeco, oui.
775 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais le problème est que ce n'est pas câblé.
776 Cogeco s'étend jusqu'où vers Ottawa? Par exemple, est-ce qu'il...
777 M. MYNER: Cogeco, la région de Hawkesbury immédiate et Vankleek Hill.
778 CONSEILLÈRE WYLIE: Et c'est tout. Pas Plantagenet...
779 M. MYNER: Plantagenet, non, c'est un autre câblodistributeur. Alfred,
c'est un autre câblodistributeur.
780 CONSEILLÈRE WYLIE: Ce serait Regional ou Rogers?
781 M. MYNER: Ä Alfred, je crois que c'est Laurentien, qui a été vendu dans
toutes les transactions, là, mais je crois que c'est Laurentien. Rockland,
c'était Laurentien. Casselman, c'est un autre câblodistributeur. Ce sont les
plus grosses communautés qui sont câblées. Les plus petites communautés ne le
sont pas.
782 CONSEILLÈRE WYLIE: Il y a seulement que Vankleek Hill qui serait
accrochée, disons, à Hawkesbury.
783 M. MYNER: Au câblodistributeur à Hawkesbury, oui.
784 CONSEILLÈRE WYLIE: Et qui donc, même Vankleek Hill, aurait tous les
services francophones puisqu'il serait desservi...
785 M. MYNER: Vankleek Hill est une communauté très particulière là.
786 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, je suis de cette région, alors je connais.
787 M. MYNER: J'ai reconnu votre nom, d'ailleurs.
788 CONSEILLÈRE WYLIE: Bien les Wylie, c'est Saint-Eugène, et moi, j'étais
Rivest, donc, c'est Hawkesbury. Alors je connais bien la situation minoritaire.
Je l'ai vécue moi-même.
789 M. MYNER: Il y a peut-être une chose qui est importante. Même si Rogers à
Hawkesbury donne une programmation francophone, si vous regardez, l'éventail des
postes qui sont distribués par Rogers sont principalement anglophones dans la
région de Hawkesbury. Il y a quelques postes francophones, TVA, TQS, SRC, TFO,
Radio-Québec. Mais le restant, c'est tout anglophone.
790 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous dites, par Rogers.
791 M. MYNER: Pas par Rogers, par Cogeco, excusez. Encore là, c'est parce que
cela a changé de mains tellement souvent.
792 CONSEILLÈRE WYLIE: Je vais revoir cette situation, parce qu'on m'a dit
dans une autre consultation que les postes - tous les services francophones
n'étaient pas offerts par Cogeco.
793 M. MYNER: Ä Hawkesbury proprement dit, ceux que j'ai nommés sont là.
794 CONSEILLÈRE WYLIE: Ils sont là, oui. Parce que c'est un marché qui est
majoritairement francophone, même selon les critères que le Conseil utilise en
ce moment.
795 Alors, Monsieur Myner, peut-être que vous et moi étions dans les mêmes
classes à l'école primaire.
796 M. MYNER: Ça se peut.
797 CONSEILLÈRE WYLIE: C'est très possible. Heureusement, nous ne nous
souvenons pas de nos mauvais coups.
798 M. MYNER: Ah bien non. Ça, il faut les cacher!
799 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous remercions d'être venu nous voir ce soir.
Nous sommes charmés que vous soyez venu, même si vous n'avez pas pu être là cet
après-midi. Merci beaucoup.
800 Madame Cloutier.
801 Mme CLOUTIER: C'est la fin de la liste de comparants.
802 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce qu'il y aurait, par hasard, d'autres personnes
dans la salle qui voudraient nous faire une présentation? Oui, madame
Ménard.
803 Mme MÉNARD: Pardonnez-moi mon ignorance. Monsieur peut peut-être me
répondre si vous ne pouvez pas.
804 Ici, on parle de radiodiffusion, télédiffusion par les nouvelles
technologies. J'ai habité au Nouveau-Brunswick dans un endroit où on n'avait pas
le câble dans le temps. J'avais même pas la télévision en français. Puis il n'y
a pas 20 ans de ça. Je suis partie en 93.
805 Il y a un pourcentage, je crois, assez élevé de Canadiens qui n'ont pas
accès au câble. Est-ce que je me trompe?
806 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, Madame. Il y a 25 pour cent des Canadiens au
Canada, probablement encore plus que 25 pour cent au Québec, puisqu'il y a moins
de foyers câblés au Québec qu'ailleurs -- pas moins de foyer câblés, mais
moins d'abonnés au câble au Québec pour bien des raisons. Mais il y a, en tout,
au Canada, 25 pour cent des gens qui reçoivent leurs services télévisuelles sans
distribution, c'est-à-dire sans câble, sans satellite, mais par une antenne. Il
y en a encore 25 pour cent.
807 Donc, dans les secteurs à minorité francophone, normalement, ce serait la
SRC qui serait le service. Il est accessible presque partout.
808 Mme MÉNARD: Est-ce que le service de la SRC est accessible partout?
809 CONSEILLÈRE WYLIE: Presque partout, oui, par des transmetteurs qui ne
sont pas toujours locaux. Évidemment, par exemple, on se plaint qu'à Toronto
maintenant, les francophones reçoivent le service qui émane de CBOFT.
810 Mme MÉNARD: Est-ce que le CRTC a le mandat d'obliger Radio-Canada à avoir
des transmetteurs suffisamment puissants pour rejoindre tous les Canadiens, que
ce soit rentable ou non?
811 CONSEILLÈRE WYLIE: Je ne sais pas si c'est vous ou une autre personne qui
lisait l'article de la loi qui dit, à mesure que les ressources sont
accessibles. Donc, par exemple, en radio, la chaîne culturelle n'est pas
accessible partout, mais le Conseil essaie de faire pression et d'avoir un
échéancier pour que certains planchers de diffusion soient, par exemple, à un
certain pourcentage des francophones dans les capitales provinciales, et
cetera.
812 Alors la première chaîne -- il y a des gens de Radio-Canada ici qui
peuvent peut-être nous aider, mais la première chaîne en français est accessible
à beaucoup plus de gens que la deuxième chaîne, la chaîne culturelle.
813 Et nous avons toujours des pressions et des échéanciers pour essayer
d'augmenter l'accessibilité à la chaîne culturelle, par exemple, de radio, et
nous avons en ce moment une... Je vous donne un exemple. Nous avons en ce moment
une demande, par exemple, à Vancouver qui sera entendue bientôt pour l'extension
du service de Radio-Canada radio.
814 Monsieur...
815 M. SIMARD: Bonjour. Denis Simard. Je suis directeur de la station de la
radio ici à Ottawa.
816 Effectivement, en ce qui concerne la première chaîne, on est
majoritairement reçu par l'ensemble des Canadiens par émetteur et
re-transmetteur. Ça, c'est bien clair.
817 Comme ici, par exemple, à Ottawa, on a un ré-émetteur qui est à Cornwall,
le 98,1 qui rediffuse les émissions du 90,7 ici.
818 En ce qui concerne ce que vous disiez, Madame Andrée, la chaîne
culturelle effectivement a des plans d'établis, des plans sur les prochaines
années pour donner le service de la chaîne culturelle dans des secteurs qui ne
l'ont pas actuellement. Par exemple, prochainement, durant le courant de
l'automne, -- normalement, c'est en novembre ou en décembre, je ne suis pas
certain de la date -- la chaîne culturelle sera disponible dans la région
de Sudbury en Ontario, ce qui n'était pas le cas auparavant.
819 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que vous pouvez établir jusqu'à quel point la
SRC est accessible au Canada? Est-ce que j'ai raison que c'est la majorité des
gens?
820 M. SIMARD: C'est la majorité. Je dirais que approximativement, je crois
que c'est 98 pour cent des Canadiens qui reçoivent la première chaîne de
Radio-Canada.
821 CONSEILLÈRE WYLIE: Non, je parlais, moi, de la télévision.
822 M. SIMARD: La télévision. Là, je ne peux pas me permettre parce que je
suis de la radio. Je suis désolé. Je ne suis pas au courant des chiffres de la
télévision.
823 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui.
824 M. DUTRISAC: Moi, j'aimerais savoir, Monsieur, vous êtes un responsable
du réseau de radiodiffusion?
825 M. SIMARD: Non, je suis le directeur de la station de radio de
Radio-Canada à Ottawa.
826 M. DUTRISAC: Ah, okay, d'accord.
827 Moi, une chose qui me préoccupe énormément, dans les régions, les postes
régions de Radio-Canada, en général au niveau de l'actualité, ils s'impliquent
quand même assez bien dans les régions comme pour couvrir des événements
culturels et autres.
828 Là où il y a un échec grandiose, c'est au niveau de la représentation de
nos créateurs, comme nos musiciens. Le seul temps qu'on va entendre une "tune"
de un de nos gars de notre coin, c'est parce qu'il a remporté un prix à Paris ou
quelque chose comme ça.
829 Sinon, dans la programmation quotidienne, on n'a pas l'éventail - la
représentation locale. On en a des musiciens ici qui travaillent assez fort pour
essayer de gagner leur vie. Mais c'est toujours, toujours, toujours le même
dilemme. C'est un peu comme moi, comme artiste visuel qui essaie de sortir de ma
région, mais je n'ai pas accès au réseau soi-disant pancanadien.
830 Donc, au niveau local... Je sais que dans la région de Sudbury, --
j'ai déjà rencontré le directeur, je voyageais dans ce coin-là -- il y a un
volet local qui est important. La raison pour laquelle je dis ça, c'est parce
que moi, je fais beaucoup d'animation dans les écoles. J'ai coordonné des
projets d'envergure artistique. On va recueillir nos jeunes francophones de
l'Ontario qui parlent tous anglais. Ils parlent tous anglais. Pourquoi?
MuchMusic est bien plus "cool" que n'importe quoi d'autre.
831 Donc là, on les amène, avec les miettes qu'on peut recueillir, puis une
fois qu'on les a initiés indirectement à la francophonie de chez-nous, c'est
hyper-émotionnel, tout le monde pleure, tout le monde s'échange leur adresse,
puis on revient-tu la semaine prochaine. Donc, on les a quelque peu.
832 Mais dans nos grands réseaux canadiens, et surtout si vous êtes dans la
région, il faut refléter ce volet-là qui n'existe pas.
833 Donc au niveau de la musique, faites un retour dans votre programmation
quotidienne et regardez combien de musique - une chanson de la région
d'Ottawa ou de l'Ontario ou de l'Acadie qui est jouée au courant de la journée.
Il y en a peut-être une par mois. Et ça, c'est un grand problème.
834 M. SIMARD: Je dois vous contrarier ici.
835 M. DUTRISAC: Oui?
836 M. SIMARD: Je m'en excuse, d'ailleurs.
837 M. DUTRISAC: D'accord, okay.
838 M. SIMARD: Dans un premier temps, je ne suis pas responsable de
l'ensemble de la programmation de Radio-Canada,...
839 M. DUTRISAC: Non, celle qui vient du local...
840 M. SIMARD: ...celle qui vient du réseau, vous en serez conscient. Donc,
c'est un point important.
841 En ce qui concerne la programmation locale donc, de six à neuf le matin
ainsi que de 15h30 aller jusqu'à 17h30 tous les jours, ainsi que la fin de
semaine, samedi matin aller de six heures à midi et le dimanche, de six heures à
neuf heures, nous avons une politique bien claire musicale par rapport à nos
émissions régionales qui demande aux gens de faire tourner de la relève d'ici à
cinq pour cent de leur choix de programmation. Pourquoi? Parce que un, dans un
premier temps - vous me direz que ce n'est pas beaucoup, mais dans un
premier temps, on la connaît peu cette musique-là et on la fait tourner.
842 Dans un deuxième temps, on organise chaque année des concours, un qui
s'appelle entre autres Ontario Pop que vous connaissez. Il est tout nouveau,
tout chaud. Même s'il est de l'autre côté de la rivière, il y a quand même
beaucoup de gens qui y participent.
843 Ce qu'il faut réaliser aussi, c'est que chaque année, nous employons
énormément de musiciens, de comédiens, de scénaristes ou dramaturges qui sont de
la région, des deux côtés de la rivière. J'en conviens, ce ne sont pas seulement
des Franco-Ontariens.
844 Mais cette année, on a fait des trucs, entre autres, avec Jean-Marc Dalpé
et avec Robert Marinier. On a fait des choses avec des musiciens de la région.
Ça, c'est à la chaîne culturelle. On l'entend un peu moins nécessairement à la
chaîne culturelle.
845 Mais vous pouvez être sûr et certain qu'on a des politiques très strictes
par rapport à...
846 Je vous écoutais tout à l'heure au niveau des arts visuels, vous
n'écoutez peut-être pas sur l'heure du midi une émission qui s'appelle
"Multimédiards" qui, chaque semaine, raconte, non pas seulement de la région ici
mais de toutes les régions du Canada -- chaque jour, c'est-à-dire --
de ce qui se passe au niveau culturel.
847 Vous avez raison qu'en grand pourcentage, c'est en provenance de
Montréal. Vous avez raison là-dessus, c'est un fait et on a à travailler
là-dessus. Mais par contre, il y a vraiment des choses qui se font.
848 Nous, régionalement, vous pouvez être certain que tous mes collègues qui
sont à l'extérieur du Québec, nous en parlons régulièrement de cela et je vous
écoutais avec beaucoup de joie, d'ailleurs, continuer le même discours que nous,
on a déjà.
849 M. DUTRISAC: Ce qui est intéressant, c'est que, comme vous dites, il y a
des choses qui se font en région, mais à un moment donné, il faut qu'il y ait
cette acceptation de le voir ailleurs aussi.
850 Moi, ce qui me préoccupe énormément, puis au sujet aussi de la Télé des
Arts c'est, est-ce que cette nouvelle télévision va s'assurer -- ce n'est
pas dans votre mandat, mais en quelque part, on peut aller chercher un peu de
qu'est-ce que vous faites, qu'est-ce que nous on fait directement dans notre
atelier et ainsi de suite, puis ce qui se passe un peu à travers le Canada, et
là, on va pouvoir aller vers le Québec et eux vont être ouverts à ce qui se
passe à l'extérieur aussi.
851 M. SIMARD: Vous l'avez très bien expliqué, Monsieur Dutrisac, tout à
l'heure quand vous disiez ceci. Vous ne parliez pas du Québec, vous parliez
plutôt de Montréal. Et le problème est vrai pour les régions du Québec aussi, à
savoir que...
852 M. DUTRISAC: Je connais des gens à Rouyn et c'est pareil.
853 M. SIMARD: ...l'artiste, qu'il soit du Lac St-Jean ou qu'il soit de la
région de Rimouski, a les mêmes problématiques que vous avez, à savoir
qu'effectivement, il y a une espèce de mur de béton métropolitain montréalais,
disons-le comme ça.
854 M. DUTRISAC: C'est le moyen-âge!
855 M. SIMARD: Vous avez raison.
856 CONSEILLÈRE WYLIE: Madame Ménard, j'ai des chiffres pour vous
maintenant.
857 La population totale du Canada couverte par les émetteurs télévision de
SRC est de 86 pour cent. Donc, 86 pour cent de la population totale du Canada
sont atteints par la SRC par émetteur.
858 Évidemment, dans plusieurs cas, c'est retransmis par un système de
distribution.
859 Et la population francophone couverte par les émetteurs de la SRC se
situe à 98.6 pour cent. Je n'ai pas en ce moment exactement comment nous avons
déterminé la population francophone, mais elle se chiffre ici à 6,7 millions à
peu près, ce qui veut dire que ça inclut tous les francophones, incluant les
Québécois.
860 Maintenant, la population francophone est rejointe hors-Québec par 55
transmetteurs. Donc la SRC, le système français de télévision a 55 émetteurs
hors Québec.
861 Évidemment, l'effort a toujours été de déployer les émetteurs là où il y
a des francophones et ça explique pourquoi pas tous les Canadiens sont rejoints.
Mais 98.6 pour cent des francophones peuvent recevoir la SRC, soit par les ondes
hertziennes dont je vous parlais il y a quelques minutes, qu'il y a 25 pour cent
des Canadiens en général qui ne reçoivent pas leur service télévision par
distribution mais plutôt par le spectre, par les ondes hertziennes.
862 Mme MÉNARD: Vous l'avez dit. J'aimerais pouvoir rejouer vos mots, ce que
vous venez tout juste de dire. J'ai cru comprendre qu'on a mis plus d'efforts
dans les endroits où il y a une majorité de francophones.
863 CONSEILLÈRE WYLIE: Où il y a une proportion plus élevée de
francophones.
864 Mme MÉNARD: Plus élevée de francophones.
865 CONSEILLÈRE WYLIE: Quelquefois, par exemple, dans le cas de la chaîne
culturelle, on s'est penché aussi sur d'autres critères tels que toute les
capitales des provinces, essayer d'avoir un échéancier qui permettrait à la
chaîne culturelle d'être transmise dans toutes les capitales des provinces.
866 Alors ce n'est pas toujours basé simplement sur là où il y a des
francophones. Il y a dans ce cas-là un autre critère.
867 Mais c'est évident, quand il y a un échéancier qui se rattache à cette
phrase à mesure que les ressources sont disponibles, c'est évidemment vrai qu'on
essaie de déployer surtout là où il y a des francophones qui veulent le service.
Par exemple, monsieur mentionnait Sudbury.
868 Et on a quelques endroits au Canada où c'est l'inverse, par exemple à
Gaspé où il y a une population anglophone qui ne reçoit qu'une seule station de
radio. C'est vrai que ce sont des exemples assez rares, mais il y en a quand
même.
869 Quelquefois, ils nous surprennent. Je me souviens, pendant les
consultations avant le renouvellement de Radio-Canada, d'être allée à Québec
pour une consultation comme celle-ci et la salle était pleine d'anglophones. Je
n'y comprenais rien jusqu'à ce que j'aie réalisé qu'il y avait des gens qui
étaient venus pendant une tempête de neige de Gaspé, de la région de Gaspé. Ou
par exemple, on va peut-être voir ça dans la région de Sherbrooke ou ce n'est
pas évident à nous. Vous avez raison, c'est plus rare.
870 Mais de comprendre tout à coup que ces gens-là revendiquent évidemment la
CBC, parce que c'est tout ce qu'ils ont, tous les services sont en français.
Mais je comprends très bien que c'est une situation qui n'est pas bien répandue
comme celle que nous revendiquons pendant ces consultations, au sujet des
francophones en milieu où ils ne sont pas majoritaires.
871 Mme MÉNARD: Si je peux me permettre. Justement, c'est là l'importance
d'avoir une société d'État qui est forte et présente partout. Ce n'est pas une
question de majorité ou de minorité. C'est une question de droits, en tant que
Canadiens d'expression française, d'avoir droit à des services de radiodiffusion
de télévision dans ma langue, peu importe où je suis, et puis d'une qualité et
d'une diversité exceptionnelles.
872 Je pense que c'est mon droit. C'est aussi mon héritage. Mais si je veux
me sentir bien à travers le pays, je dois avoir ce véhicule-là. Je dois avoir ce
service-là, et puis dans le fin fond, qu'il y ait 10 personnes, qu'il y en ait
100 ou qu'il y en ait 1 000 ou qu'il y en ait six millions, on est des
francophones pareil. C'est important qu'on puisse avoir accès à ces
services-là.
873 CONSEILLÈRE WYLIE: Et que le but devrait être à 100 pour cent
partout.
874 Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui...
875 Alors nous vous remercions tous de vous être présentés et d'être venus
partager avec nous vos préoccupations et vos recommandations.
876 Je vous rappelle que le tout est transcrit et fait partie du dossier
public et s'ajoutera au dossier qui sera créé pendant l'audience qui se
déroulera à Hull, mercredi et jeudi de cette semaine. Nous aurons une audience
plus formelle et nous entendrons d'autres représentations.
877 Alors nous vous remercions tous. Bonne fin de soirée.
--- La consultation se termine à 1950 / Upon adjourning at
1950 |