ARCHIVÉ -  Transcription - Moncton, NB - 2000/03/08

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Prière de noter que la Loi sur les langues officielles exige que toutes publications gouvernementales soient disponibles dans les deux langues officielles.

Afin de rencontrer certaines des exigences de cette loi, les procès-verbaux du Conseil seront dorénavant bilingues en ce qui a trait à la page couverture, la liste des membres et du personnel du CRTC participant à l'audience et la table des matières.

Toutefois, la publication susmentionnée est un compte rendu textuel des délibérations et, en tant que tel, est transcrite dans l'une ou l'autre des deux langues officielles, compte tenu de la langue utilisée par le participant à l'audience.

TRANSCRIPT OF PROCEEDINGS

FOR THE CANADIAN RADIO-TELEVISION AND

TELECOMMUNICATIONS COMMISSION

 

 

 

TRANSCRIPTION DES AUDIENCES DU

CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION

ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES

 

 

 

 

 

 

 

SUBJECT / SUJET:

 

BROADCASTING APPLICATIONS AND LICENCES/

DEMANDES ET LICENCES EN RADIODIFFUSION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

HELD AT: TENUE À:

Hôtel Beauséjour Hôtel Beauséjour

Ballroom A Salle de bal A

750 Main Street 750, rue Main

Moncton, N.B. Moncton (N.-B.)

March 8, 2000 le 8 mars 2000

 

 

 

 

Volume 3

 

 

 

 

Transcripts

In order to meet the requirements of the Official Languages

Act, transcripts of proceedings before the Commission will be

bilingual as to their covers, the listing of the CRTC members

and staff attending the public hearings, and the Table of

Contents.

However, the aforementioned publication is the recorded

verbatim transcript and, as such, is taped and transcribed in

either of the official languages, depending on the language

spoken by the participant at the public hearing.

 

 

 

Transcription

Afin de rencontrer les exigences de la Loi sur les langues

officielles, les procès-verbaux pour le Conseil seront

bilingues en ce qui a trait à la page couverture, la liste des

membres et du personnel du CRTC participant à l'audience

publique ainsi que la table des matières.

Toutefois, la publication susmentionnée est un compte rendu

textuel des délibérations et, en tant que tel, est enregistrée

et transcrite dans l'une ou l'autre des deux langues

officielles, compte tenu de la langue utilisée par le

participant à l'audience publique.

Canadian Radio-television and

Telecommunications Commission

Conseil de la radiodiffusion et des

télécommunications canadiennes

Transcript / Transcription

Public Hearing / Audience publique

Broadcasting Applications and Licences/

Demandes et licences en radiodiffusion

 

BEFORE / DEVANT:

Joan Pennefather Chairperson / Présidente

Andrew Cardozo Commissioner / Conseiller

Andrée Noël Commissioner / Conseillère

 

 

 

ALSO PRESENT / AUSSI PRÉSENTS:

Peter McCallum Commission Legal Counsel /

Conseiller juridique

Lynne Poirier Hearing Manager /

Gestionnaire de l'audience

Lynda MacDonald Hearing Secretary /

Secrétaire de l'audience

 

 

 

 

 

 

 

HELD AT: TENUE À:

Hôtel Beauséjour Hôtel Beauséjour

Ballroom A Salle de bal A

750 Main Street 750, rue Main

Moncton, N.B. Moncton (N.-B.)

March 8, 2000 le 8 mars 2000

 

Volume 3

TABLE OF CONTENTS / TABLE DES MATIÈRES

PAGE

PHASE III

Intervention by / Intervention par:

l'Association des radios communautaires

acadiennes du Nouveau-Brunswick 461

Médias acadiens universitaires 494

Moncton Headstart 513

Aboriginal Voices Radio 518

l'Association acadienne des artistes

professionnels du Nouveau-Brunswick 539

La Société nationale de l'Acadie 560

Distribution Plages Limitée 577

Le Centre culturel Aberdeen 592

La Société des Acadiens et Acadiennes

du Nouveau-Brunswick 614

Municipalité de Saint-Louis-de-Kent 645

L'Alliance des radios communautaires du Canada 654

 

 

 

PHASE IV

Reply by / Réplique par:

Radio Beauséjour Ontario Inc. 681

Atlantic Stereo Ltd. 700

Denis Losier 711

Maritime Broadcasting Systems Limited 722

Telemedia Radio Atlantic Inc. /

Télémédia Radio Atlantique Inc. 725

Moncton, N.B. / Moncton (N.-B.)

--- Upon resuming on Wednesday, March 8, 2000

at 0900 / L'audience reprend le mercredi

8 mars 2000 à 0900

2500 MS MacDONALD: I would like to provide an overview of today's agenda. We will start with Phase III where we will be hearing interventions received from the public. We will also deal with Phase IV today where the competitive applicants will reappear in reverse order than they have appeared over the past two days.

2501 They will have an opportunity at this stage to comment on or rebut interventions filed to their application.

2502 First, we will start with the interventions from the public where 10 minutes maximum are allowed and I would like to note the first intervenor, l'Association des radios communautaires will be presenting two interventions: The first on the application by Radio Beauséjour and the second on the application by Denis Losier.

2503 L'Association des radios communautaires will be allowed 20 minutes for each intervention. I am sorry, correction. That would be 10 minutes for each presentation.

2504 J'inviterais maintenant le premier groupe d'intervenants, l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick.

2505 Si vous voulez bien introduire les membres de votre groupe afin de les placer sur le dossier.

2506 Merci.

INTERVENTION / INTERVENTION

2507 M. LÉGÈRE: Merci.

2508 Madame la Présidente, membres du Conseil, Mesdames et Messieurs.

2509 J'aimerais vous présenter donc le directeur général de l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick, M. François Émond qui m'accompagne et moi-même, René LÉGERE. Je suis président de l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick.

2510 Juste un petit mot avant de commencer parce qu'aujourd'hui c'est le 8 mars et en cette journée internationale de la femme, j'aimerais tout spécialement reconnaître le travail des femmes qui quotidiennement assurent le fonctionnement de Radio Beauséjour et de l'ensemble de nos radios communautaires et aussi reconnaître la contribution des femmes dans tous les secteurs d'activités de la communauté.

2511 Madame la Présidente, depuis plus de 30 ans les très nombreuses interventions de la communauté acadienne auprès du CRTC témoignent de la grande importance que nous attachons à la communication.

2512 En qualité de président de la coalition pour une télévision de langue française en Acadie, j'ai notamment été appelé à comparaître à la dernière audience du Conseil à Moncton pour le renouvellement de licence de Radio-Canada.

2513 Madame la Présidente, membres du Conseil, nous savons que le dossier de la télévision en Acadie alimentera encore longtemps d'autres audiences du CRTC. Mais celui de la radio, qui nous occupe ici, est plus crucial encore car il concerne un acquis, une institution, parmi les plus récemment créées de toutes celles qui contribuent à l'épanouissement de la communauté acadienne. L'ARCANB regroupe à l'heure actuelle le tiers des radios francophones communautaires en opération à l'extérieur du Québec.

2514 Comme la Fédération des Caisses populaires acadiennes, comme la SAANB, le mouvement coopératif ou l'Université de Moncton et tant d'autres qui se définissent dans la pluralité de leurs composantes, l'ARCANB est formée de plusieurs éléments. Chacun émane d'une communauté, d'une région, d'une réalité à la fois similaire et distincte par rapport aux autres.

2515 Les sept radios membres de l'ARCANB ont été fondées par la volonté, l'effort et la détermination de citoyens bénévoles, dans un objectif de développement et pour le bénéfice de l'auditoire qu'elles desservent.

2516 Chacune répond à ce besoin depuis longtemps exprimé par les Acadiens, de pouvoir disposer de moyens de communication à leur mesure et à leur image. Ces sept radios communautaires forment l'ARCANB, notre association, le seul réseau de communication de masse à l'échelle provinciale qui relève intégralement de la responsabilité et la compétence de la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick.

2517 En fait, les membres de l'ARCANB constituent le seul réseau de communication électronique de notre province qui soit la propriété exclusive des citoyens du Nouveau-Brunswick. En dix ans à peine, la communauté acadienne a non seulement comblé un besoin vital, elle s'est en même temps dotée d'un mécanisme d'échange et de concertation, d'un lien capable de la réunir d'une région à l'autre.

2518 Trois autres radios, actuellement en phase d'implantation, sont absolument nécessaires pour réaliser notre objectif de service intégral à la communauté francophone là où elle se trouve. L'ARCANB appuiera fermement les efforts des communautés de Saint-Jean et de Miramichi à cet effet.

2519 Celle qui nous occupe ici, déposée par Radio Beauséjour, s'inscrit dans un bassin de population qui compte pour 30 pour cent de l'ensemble des effectifs francophones de la province.

2520 A l'instar de ses collègues de l'ARCANB, Radio Beauséjour s'avère un partenaire de première ligne dans le développement du milieu desservi. A la différence de régions telles la Péninsule acadienne, le Restigouche ou le Madawaska, celle du sud-est avait cependant au départ le double défi d'implanter une radio communautaire et d'attirer un auditoire généralement acquis à l'anglais vers une radio française. Radio Beauséjour a, avec CJSE, démontré pleinement sa capacité de relever un pari aussi difficile.

2521 En cinq ans d'existence, l'impact de CJSE sur le développement du sud-est se trouve confirmé dans sa réussite même et dans l'appui témoigné envers la création de Radio Soleil.

2522 Avec deux studios, elle fait preuve de sa volonté d'être disponible et accessible à l'ensemble de son auditoire. La qualité et le nombre de ses bénévoles, l'attention accordée aux questions qui animent la communauté, sa présence dans les événements quotidiens ou plus grandioses qui s'y déroulent, son accueil et son souci d'inclure, de donner la parole à toutes les expressions du milieu qu'elle dessert. Telle est, croyons-nous, la recette du succès de CJSE.

2523 En pourcentage aussi bien qu'en chiffres réels, sa part d'écoute est la plus importante de toutes les autres radios francophones desservant un territoire comparable au Nouveau-Brunswick. CJSE est également une réussite au plan de la gestion, de la performance économique et du développement de marchés.

2524 A toutes fins utiles, Radio Beauséjour offre en CJSE un modèle et son succès a une incidence directe, très positive et stimulante sur le développement de l'ensemble des radios acadiennes.

2525 Sa contribution exemplaire à la promotion des artistes acadiens a été citée à maintes reprises dans les lettres d'appui qu'a reçues le Conseil.

2526 Cet engagement ferme de Radio Beauséjour la pousse à déployer son action au-delà du cadre de sa fonction principale de diffusion pour soutenir et contribuer à une multitude d'activités connexes telles l'organisation de spectacles, lancements ou autres.

2527 Certains projets amorcés par Radio Beauséjour atteignent une résonance qui dépasse, et de loin, les limites de son territoire. Ainsi en va-t-il du Gala FM en Acadie qui couronne les artistes de la chanson dans tous les genres. Formidable outil de promotion de la musique acadienne, le Gala FM permet au public, à travers les radios communautaires, d'exprimer son appréciation aux artistes qui la créent.

2528 C'est à Radio Beauséjour et à ses bénévoles que nous devons cette importante manifestation culturelle qui rejoint aujourd'hui l'ensemble de la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick.

2529 Il nous est impossible à ce point-ci de ne pas évoquer l'expérience formidable de Radio Jeunesse l'été dernier. A l'image et sur le thème du Sommet de la Francophonie, Radio Jeunesse a enrichi de sa présence toutes les activités entourant le Sommet de Moncton en Acadie.

2530 Réunissant 75 jeunes en provenance de la majorité des pays de la Francophonie internationale, Radio Jeunesse a diffusé pendant deux semaines l'été dernier à partir des studios de CKUM et sur, justement, la fréquence 99,9. Sans nous étendre davantage, disons simplement que Radio Jeunesse a mis à contribution de nombreuses ressources, tant au niveau régional que national. Parmi celles-là, l'expertise et la disponibilité de CJSE se sont avérées constantes et certainement déterminantes.

2531 Comme nous le disions en début de présentation, Radio Beauséjour évolue dans un bassin d'environ 75 000 personnes, 30 pour cent de la population francophone du Nouveau-Brunswick. Soixante pour cent de celle-ci, 45 000 personnes, écoutent CJSE -- une masse d'auditeurs équivalente à l'auditoire total potentiel d'autres régions de la province.

2532 Dans ces conditions, nous croyons qu'il serait très difficile pour elle d'aller chercher davantage d'auditeurs sur le format CJSE.

2533 Forcée par sa situation de viser à satisfaire une clientèle très disparate dans ses intérêts et ses goûts, Radio Beauséjour ne peut évidemment combler pleinement les besoins de son auditoire avec CJSE. Entre le "country", le rock, le "rap" ou le "heavy metal", sans oublier la musique traditionnelle acadienne, les classiques du passé, les nouveautés, et en ajoutant à cela un contenu verbal susceptible d'être apprécié par le pêcheur de Cap-Pelé ou de Baie-Sainte-Anne, autant que par la femme d'affaires à Memramcook, l'avocat de Dieppe ou l'écrivain de Moncton, la tâche de Radio Beauséjour est ardue.

2534 Considérable au plan numérique, la population du sud-est est forcément diversifiée et il est impossible pour une seule radio véritablement communautaire comme l'est CJSE de satisfaire complètement tous les besoins.

2535 Nous recevons et appuyons la proposition de Radio Soleil comme une réponse judicieuse au désir exprimé par la communauté. La perspective d'une courbe musicale plus conforme aux goûts et son premier auditoire, principalement mais non exclusivement rural, permettra à CJSE de refléter plus fidèlement encore l'auditoire dont elle représente le premier choix musical.

2536 Parallèlement, une proportion importante de la population qui n'est pas actuellement desservie à sa mesure trouvera en Radio Soleil un service qui correspond davantage à ses exigences.

2537 Finalement, nous reconnaissons en Radio Soleil la meilleure proposition pour une radio qui complémente de façon harmonieuse les services offerts par les autres radios sur le territoire.

2538 En ce qui concerne ses prévisions, son impact sur le marché ne menace pas les autres radios, y compris CKUM, Radio J, un de nos partenaires de l'ARCANB, particulièrement concerné par l'issue de cette audience.

2539 Par sa puissance d'antenne et par sa mission Radio Soleil sera accessible au plus large auditoire. Elle se présente comme une valeur ajoutée à un service déjà exemplaire.

2540 De toutes les façons possibles, celle-ci offre la meilleure utilisation de la fréquence dans une perspective de développement durable et dans le meilleur intérêt du public et de la communauté acadienne.

2541 L'ARCANB salue donc avec enthousiasme la perspective de voir ainsi s'agrandir et se compléter le réseau radiophonique des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick avec la création de Radio Soleil.

2542 Mesdames et messieurs, la décision qui se présente à vous face à la demande concurrente est cruciale, non seulement pour Radio Beauséjour mais aussi pour l'avenir du réseau de nos radios acadiennes.

2543 Très positive ou potentiellement fatale, la décision que vous prendrez sera déterminante.

2544 Au milieu de tous les arguments qui sont portés à votre considération, nous vous invitons particulièrement à entendre la volonté de la population, à prendre connaissance de tous les appuis, des témoignages, des lettres très nombreuses portées au dossier de Radio Soleil.

2545 Cet appui indique la voie de la continuité dans le sens du développement soutenu des médias francophones en Acadie. Nous incitons respectueusement le Conseil à faire en sorte que les acquis de la population acadienne en la matière soient protégés au-delà de toute autre considération.

2546 Merci.

2547 Voulez-vous que j'enchaîne?

2548 LA PRÉSIDENTE: S'il vous plaît.

2549 M. LÉGERE: Je vais prendre une gorgée d'eau quand même.

2550 LA PRÉSIDENTE: C'est permis.

2551 M. LÉGERE: Merci.

2552 LA PRÉSIDENTE: Trente secondes.

--- Rires / Laughter

2553 M. LÉGERE: Madame la Présidente, nous tenons d'abord à exprimer la vive inquiétude que nous inspire le projet Denis Losier/Maritime Broadcasting.

2554 A première vue, quiconque ne connaît pas la situation percevra dans cette proposition le signe prometteur d'une économie à la hausse. On pourra aussi se dire qu'il est positif que des entrepreneurs reconnaissent enfin un potentiel que nous nous afférons à promouvoir depuis longtemps.

2555 Cette conclusion qui revient à laisser, pour ainsi dire, la chance au coureur, présente de très graves dangers pour les radios acadiennes existantes. Elle remet en cause des acquis gagnés de haute lutte par nos communautés. Une radio communautaire n'est pas simplement un moyen de communication mais d'abord et avant tout un outil de développement au service de la communauté.

2556 Pour cette raison, toute décision qui concerne l'avenir de telles institutions est lourde de conséquences pour l'ensemble.

2557 Or, deux de nos radios communautaires acadiennes se trouvent directement menacées par l'initiative de M. Losier en association avec Maritime Broadcasting. A moyen terme, l'intégrité du réseau de l'ARCANB est elle aussi remise en cause, ses membres affaiblis et potentiellement exposés à leur tour.

2558 L'exploitation d'un marché, la libre entreprise, l'esprit de concurrence, nous croyons nous aussi à ces principes libéralistes et à la réussite individuelle et collective de nos membres en fait foi. Mais, comme Acadiens en situation minoritaire, nous accordons une plus grande importance à l'intérêt commun, à la préservation des acquis et au développement durable.

2559 En bout de ligne, l'enjeu de cette audience sera de peser ces notions divergentes et d'en mesurer la valeur pour l'avenir des communications en Acadie.

2560 Rien dans la demande, ni dans les documents qui s'y rattachent, ne pourra nous convaincre du contraire. Ce projet en est un de Maritime Broadcasting autant que de M. Losier.

2561 Il est clair que M. Russell est le plus indispensable des partenaires de cette association et le plus expérimenté à gérer une radio. Nous avons pris bonne note de la part d'actions à 51 pour cent de M. Losier. Mais entre les notions sur papier et la réalité quotidienne d'une radio, le vrai pouvoir n'est pas ici du côté de cette mince majorité.

2562 Maritime Broadcasting opère actuellement deux radios sur le territoire de Moncton. Maritime Broadcasting est propriétaire d'une station à Miramichi, à Campbelton, à Saint-Jean, à Sussex. En fait, nous pouvons capter au moins neuf radios appartenant à Maritime Broadcasting dans la région du sud-est du Nouveau-Brunswick.

2563 Rien ne pourra nous convaincre qu'elle n'est qu'une sorte d'ange serviable dans cette présente incarnation pour soutenir, si on veut, les premiers pas de M. Losier dans l'univers des communications.

2564 M. Losier est une personnalité connue de la communauté acadienne. Plusieurs lui attribuent un rôle de leader dans la promotion du fait français et lui reconnaissent un rôle déterminant dans le développement économique de nos communautés acadiennes. Dans ces conditions, nous nous expliquons mal son association avec une entité déjà reconnue pour son peu de considération à l'égard de la population acadienne.

2565 Nous comprenons mal les raisons qui amènent M. Losier à défendre publiquement son intérêt et sa capacité de gérer indépendamment une radio acadienne dans les locaux de Maritime Broadcasting. Nous avons nous aussi remarqué le "shareholders' Agreement" préparé par un bureau d'avocats de Halifax, en Nouvelle-Écosse, siège social de partenaires prétendus minoritaires.

2566 Nous avons du mal à visualiser les employés de cette nouvelle stations travaillant en total dichotomie linguistique pour une radio en français dans un environnement anglophone.

2567 Quoiqu'il en soit, Maritime Broadcasting serait le seul vrai gagnant dans l'éventualité d'une réponse favorable du Conseil.

2568 Déjà implanté un peu partout dans la province, Maritime Broadcasting occupe une place prépondérante dans le marché de Moncton. La présente session du CRTC examinera par ailleurs une autre demande de Maritime Broadcasting, celle d'un changement à la fréquence FM pour CKCW.

2569 Avec une puissance de 100 000 watts, CKCW deviendra à toutes fins pratiques une super station "country". Sa pénétration sur le territoire rural de Radio Beauséjour risque d'affecter considérablement sa part d'écoute sur un auditoire amateur de "country" autant que de musique d'artistes acadiens.

2570 Dans cette perspective, accorder à Maritime Broadcasting la modification de licence souhaitée pour CKCW sans accorder à Radio Beauséjour la marge de manoeuvre nécessaire pour contrer cette compétition revient à lui porter un coup potentiellement fatal.

2571 Pour résister à l'arrivée de CKCW -- une station anglophone "country" sur la bande FM partout sur son territoire -- CJSE doit pouvoir axer plus précisément sa programmation sur ce segment de son auditoire.

2572 Dans ces conditions, accorder à Maritime Broadcasting le permis souhaité au détriment de la demande de Radio Beauséjour prive la communauté de sa capacité de réagir à cette situation potentiellement très néfaste pour la survie à long terme de sa radio.

2573 Mais cette demande pour une station "easy listening" aura un effet immédiat et encore plus grave sur une autre radio membre du réseau de l'ARCANB, CKUM, Radio J, la radio communautaire étudiante de l'Université de Moncton.

2574 Nous en concluons qu'accorder à M. Losier ce permis c'est ouvrir tout grand la porte à l'invasion possible de Maritime Broadcasting sur le territoire francophone actuellement desservi par nos radios.

2575 Ainsi une entreprise déjà très puissante sur le marché anglophone serait à même de pénétrer le marché francophone, capable de paralyser l'évolution de deux radios acadiennes, capable d'affaiblir et possiblement de détruire un réseau appartenant en propre à la communauté acadienne et créé avec l'appui et la pleine collaboration des deux paliers de gouvernement.

2576 La présentation de Radio Beauséjour a largement fait état des projections financières reliées à chaque proposition. Nous partageons intégralement les conclusions apportées par les représentants de Radio Soleil. Le projet de M. Losier aurait pour effet d'attaquer la base économique de Radio Beauséjour.

2577 Membres du Conseil, Mesdames et Messieurs, l'Acadie du sud-est du Nouveau-Brunswick est peut-être un vaste territoire mais les Acadiens connaissent les limites de leurs ressources. Radio Beauséjour a développé, créé de toutes pièces un marché inexistant il y a cinq ans à peine. Elle a donné à des dizaines de petits et moyens entrepreneurs l'accès à la publicité radiophonique, ceci en pratiquant des tarifs à la mesure de leurs capacités et avec plusieurs incitatifs avantageux. Une entreprise privée n'a aucune obligation à cet égard et son engagement vise d'abord et avant tout le profit.

2578 Avec CKUM et Radio Beauséjour combinées, les revenus publicitaires des deux radios francophones sont de l'ordre d'environ 600 000 $ à l'heure actuelle. Bien entendu, le potentiel de la région s'agrandit et il y a encore place pour une certaine croissance. Mais nous sommes convaincus qu'il sera impossible de doubler seulement à Moncton cette performance en un an.

2579 Or, Maritime Broadcasting vise une part de marché de 550 000 $ dès la première année d'opération. Il est inévitable que les clients publicitaires de CJSE et de CKUM soient sollicités.

2580 Il est probable que les ressources à la disposition de M. Losier et Maritime Broadcasting leur permettent de se montrer très agressifs pour conquérir le marché -- réduction de tarifs et "package deals" sont des pratiques légitimes dans une guerre de concurrence.

2581 A moyen et à long termes, il est clair que nos radios acadiennes seront affaiblies par cette lutte.

2582 Attaquée dans sa part d'écoute rurale par l'expansion de CKCW, une station "country" anglophone appartenant à Maritime Broadcasting, attaquée dans sa part de marché par M. Losier en association avec Maritime Broadcasting, Radio Beauséjour serait paralysée dans son essor et son engagement à servir pleinement la communauté.

2583 Elle serait condamnée à se replier dans une attitude défensive pour assurer sa survie. Ses ressources diminuées viendraient en retour restreindre son action et diminuer sa contribution au développement du milieu.

2584 Quant à CKUM, une radio unique en son genre, elle serait inévitablement elle aussi victime de l'hécatombe, elle aussi privée de toute possibilité de croissance, elle aussi repliée, reléguée au statut de radio campus, sans avoir eu l'occasion d'accomplir sa mission de radio jeunesse dans la communauté.

2585 Mesdames et Messieurs, nous disions plus tôt que d'accorder ce permis à M. Losier reviendrait à ouvrir les portes du marché acadien à Maritime Broadcasting.

2586 Qui aurait pu prévoir en 1993 que le Conseil et la communauté acadienne en seraient à évoquer une telle perspective aujourd'hui alors que M. Russell lui-même balayait nos arguments du revers de la main? Mais si son jugement à pu à l'occasion être fautif, nous reconnaissons en M. Russell un homme d'affaires avisé. Nous sommes certains que M. Russell est informé de la situation de la radio dans d'autres régions acadiennes plus faciles à pénétrer et moins favorablement positionnées face à la compétition.

2587 Oui, en effet, qui peut prédire ce qui pourrait arriver à l'ensemble des membres de L'ARCANB dans cinq ou dix ans?

2588 Membres du Conseil, cette demande de MM. Losier et Russell est un cheval de Troie. Cadeau empoisonné, elle cache une force destructive.

2589 Entendons-nous. Nous ne méjugeons, ni ne préjugeons ici les intentions de MM. Losier et Russell. Nous insistons simplement sur les conséquences inévitables d'une décision qui donnerait à une telle entreprise, dotée de tels moyens, le pouvoir d'attaquer simultanément la plus solide et la plus petite de nos radios communautaires acadiennes.

2590 En terminant notre présentation sur la requête de Radio Beauséjour, nous avions invité le Conseil à prendre connaissance des appuis qui vont à cette demande.

2591 Nous avons, par ailleurs, noté qu'aucune lettre au dossier de M. Losier ne fait référence à la participation de Maritime Broadcasting.

2592 Aussi bien intentionnés soient-ils dans leur appui à un projet de radio en français à Moncton, les supporters du projet de M. Losier n'ont pas su reconnaître le cheval de Troie. Ils n'ont pas été en mesure de bien examiner le contenu, ni le prix, sous les apparences séduisantes de l'emballage -- une radio privée francophone à Moncton.

2593 Aucun d'entre eux, nous en sommes convaincus, ne serait prêt à payer de la survie et du développement des radios communautaires existantes pour ce projet.

2594 Nous prions sincèrement le Conseil, ceci avec tout l'engagement, l'expérience et la conviction que animent notre action pour le développement des communications en Acadie, de rejeter cette requête qui limite nos perspectives d'avenir et menace l'existence de nos radios.

2595 Merci.

2596 LA PRÉSIDENTE: Merci, Monsieur Légère.

2597 La conseillère Noël, s'il vous plaît.

2598 CONSEILLÈRE NOËL: Bonjour, Monsieur Légère.

2599 M. LÉGÈRE: Bonjour.

2600 CONSEILLÈRE NOËL: J'ai quelques questions qui vont porter sur vos deux mémoires. Je n'avais pas réalisé que vous présenteriez deux mémoires distincts, alors nous avons quelques questions.

2601 D'abord, j'aimerais que vous nous expliquiez comment, à votre avis, une deuxième station communautaire opérée par Radio Beauséjour, la proposition de Radio Soleil, apporterait-elle plus de diversité dans le marché qu'une nouvelle station qui ne serait pas liée à Radio Beauséjour. On parle toujours de radio francophone.

2602 M. LÉGÈRE: Oui. Bien pour avoir été -- c'est moi qui était président lors de la première audience pour l'obtention de la première licence de Radio Beauséjour, j'étais donc président du conseil d'administration à l'époque et je me rappelle très bien des discussions que le conseil d'administration avait à ce époque. Comment allions-nous être en mesure de mettre en ondes un produit qui puisse répondre à l'ensemble et à la diversité de la communauté acadienne du sud-est du Nouveau-Brunswick que l'on situe à deux niveaux, c'est-à-dire le milieu urbain et le milieu rural.

2603 Nous savions à l'époque que ces deux populations se retrouvaient dans des genres et des styles différents et dans des contenus différents. Donc ce que nous avons fait à l'époque c'est que, étant donné que c'était le premier projet de radio communautaire -- autre que CKUM mais qui était à vocation pour les étudiants pour l'Université de Moncton et pour un marché plus jeune. Nous nous étions dis à l'époque, "Nous n'avons pas le choix. Il va falloir mettre un produit qui sert tout le monde" sachant très bien que nous allions, avec cette décision-là -- que nous ne serions pas en mesure avec cette décision-là d'atteindre tous les publics. C'était clair dans notre esprit.

2604 Dans notre esprit on s'était dis que l'évolution des communications en Acadie, le dossier des radios, particulièrement dans la région du sud-est, allait évoluer et aujourd'hui, donc cette semaine, cette évolution est en train de se faire avec la deuxième station, qui elle permettra aux deux stations de préciser davantage leur public cible et de cette façon être en mesure de toucher l'ensemble de la communauté acadienne.

2605 Donc c'est un peu dans cette perspective-là qu'on l'avait vu.

2606 CONSEILLÈRE NOËL: Maintenant, au niveau de la création orale, si j'ai bien compris ce qui s'est dit hier, on va puiser la création orale aux mêmes -- je ne parle pas de la présentation des artistes, mais je parle des bulletins de nouvelles, et cetera -- sources.

2607 Alors je vois difficilement ce que ça apporte comme diversité. Si on ne les passe pas à la même heure, ça reste que c'est quand même le même bulletin de nouvelles.

2608 Expliquez-moi pourquoi il y aurait plus de diversité avec une station qui repasse les mêmes bulletins de nouvelles -- je vous concède que ça ne sera pas aux mêmes heures -- que si on avait une station entièrement nouvelle et qui n'a pas de liens avec la station existante?

2609 M. LÉGÈRE: Bien ça revient à dire ce que je disais un petit peu tantôt. Je pense que dans la présentation des contenus des deux stations, il va y avoir des différences marquantes. Je pense que la deuxième station, Radio Soleil, s'attaquera à un public différent de la première.

2610 Donc c'est sûr que le public urbain, avec des goûts différents qui s'inscrivent plus dans des musiques populaires, des musiques aussi alternatives, les musiques classiques, et cetera, et cetera, donc pour cet auditoire-là il va falloir mettre un contenu différent, peut-être plus recherché qui sera -- au niveau de l'information aussi, il va falloir être plus spécifiques.

2611 Je pense qu'il va falloir en donner un petit plus au niveau du contenu verbal que la première station qui elle s'attaquera à un marché qui souhaite recevoir chez lui un produit un petit plus -- je vais utiliser l'expression léger, pour ne pas dire légère.

2612 Je pense que c'est un petit peu de cette manière-là et moi je vois vraiment une différence marquée entre les deux produits qui vont être mis en ondes.

2613 CONSEILLÈRE NOËL: Maintenant, je vais me référer à votre intervention écrite -- et je parle de l'intervention en opposition à la requête de M. Losier. Vous parlez des effets déstabilisants de l'arrivée de la radio proposée par M. Losier dans une région comme l'Acadie du sud-est.

2614 Vous dites aussi que l'impact pour les radios francophones risque d'être très grave et possiblement nocif à moyen terme.

2615 Pouvez-vous nous préciser quel serait l'impact sur les stations proposées et sur les stations francophones existantes?

2616 M. LÉGÈRE: Bon, bien moi...

2617 CONSEILLÈRE NOËL: L'impact de la station de M. Losier -- excusez-moi -- sur les stations francophones existantes.

2618 M. LÉGÈRE: Bien, c'est-à-dire que moi je prends les analyses qui ont été faites par l'équipe de Radio Beauséjour.

2619 Je pense que ces gens-là ont une excellente...

2620 CONSEILLÈRE NOËL: Je vous arrête. Est-ce que vous parlez du sondage?

2621 M. LÉGÈRE: Non.

2622 CONSEILLÈRE NOËL: Non?

2623 M. LÉGÈRE: Non, non, pas du tout. Je parle tout simplement des réflexions et aussi du constat que ces gens-là ont pu faire au fil des ans. Ça fait quand même plus de cinq ans qu'ils fonctionnent et je pense qu'ils ont réalisé que d'aller -- comment dirais-je ça, de briser -- parce que c'est ce qu'ils ont fait -- de briser une culture au niveau de l'entreprise privée dans la région du sud-est du Nouveau-Brunswick, que faire des affaires c'était faire des affaires en anglais. C'est-à-dire que c'était fonctionner dans le milieu anglophone. Et là je ne parle pas seulement des gens d'affaires anglophones. Je parle des gens d'affaires francophones aussi.

2624 Il ne faut pas oublier que 250 ans de domination britannique ça a des effets quelque part sur le conscient d'une population qui a vécu des situations tout à fait inacceptables au fil des ans.

2625 Tous les médias francophones d'ailleurs qui essaient de percer le marché francophone -- et là je parle de télévision, de journaux, d'hebdos, de magazines qui essaient de percer le marché des affaires du sud-est du Nouveau-Brunswick -- se heurtent à la même situation.

2626 Radio Beauséjour -- de toutes les expériences que moi j'ai vues -- a réussi, pièce par pièce, à convaincre ces gens-là qui au départ avaient des doutes incroyables par rapport à la viabilité et par rapport au succès de projets comme ceux-là, donc pièce par pièce on a réussi à gagner cette lutte-là. C'est un casse-tête qui est en train de se construire et c'est un casse-tête qu'on peut facilement détruire.

2627 De là, le danger du projet de M. Losier et de Maritime Broadcasting de briser ces gains qui ont été faits au fil des ans, un par un et voilà l'inquiétude qu'on a voulu exprimer.

2628 CONSEILLÈRE NOËL: Maintenant, si on allait justement à ce lien que vous faites entre Maritime Broadcasting et la demande de M. Losier, je vais lire le premier paragraphe qui est à la page 5 de votre intervention de ce matin:

"M. Losier est une personnalité connue de la communauté acadienne. Plusieurs lui attribuent un rôle de leader dans la promotion du fait francophone et lui reconnaissent un rôle déterminant dans le développement économique de nos communautés acadiennes. Dans ces conditions..."

2629 Et c'est ici que je veux vous poser une question.

"...nous nous expliquons mal son association avec une entité déjà reconnue pour son peu de considération à l'égard de la population acadienne et francophone".

2630 J'aimerais savoir ce que vous voulez dire par là.

2631 M. LÉGÈRE: C'est très simple à répondre. Regardez au fil des ans comment Maritime Broadcasting a traité la communauté artistique acadienne -- et même j'irai plus loin, la communauté artistique anglophone du Nouveau-Brunswick. Regardez quelle place Maritime Broadcasting a faite aux artistes anglophones du Nouveau-Brunswick, quelle place il a faite aux artistes francophones acadiens du Nouveau-Brunswick.

2632 Dans la présentation hier je trouvais que c'était très symbolique. Le group le plus populaire probablement de l'histoire du Nouveau-Brunswick -- "1755" est un groupe acadien -- demandez à Maritime Broadcasting combien de fois ils ont fait jouer "1755" sur les ondes de leur station. Alors que "1755" allait même jusqu'à payer de la publicité pour promouvoir leurs événements, leurs spectacles, Maritime Broadcasting refusait de faire jouer de la musique de "1755". Et pour avoir suivi le groupe -- parce qu'il est de ma génération -- pendant près de 15 ans, je peux vous dire que lorsqu'on allait voir les spectacles de "1755", il y avait beaucoup d'anglophones qui étaient là, qui comprenaient très mal pourquoi les stations anglophones de Moncton refusaient de faire jouer ce groupe-là qui sont des jeunes qui étaient originaires de la ville de Moncton -- ils ne venaient pas du Pakistan ou de l'Éthiopie. C'est ce genre de situations.

2633 Aussi pour avoir été impliqué à l'Université de Moncton, pour avoir été impliqué dans une quinzaine d'associations acadiennes du Nouveau-Brunswick et même des provinces de l'Atlantique, je peux vous assurer que cette radio-là, ces radios de Maritimes Broadcasting, faisaient complètement abstraction de la vitalité de la communauté acadienne, de l'existence même de cette communauté, refusant même d'assister à des conférences de presse, de suivre les activités de ces groupes-là qui pourtant participaient au développement de la communauté acadienne et anglophone non seulement de la région de Moncton mais du Nouveau-Brunswick au complet.

2634 Donc je pourrais en dire beaucoup plus sur ce sujet, mais je pense que ça fait le point.

2635 CONSEILLÈRE NOËL: Maintenant, si je vous amène -- vous semblez déduire des ententes qu'il y a entre M. Losier et Maritime Broadcasting qu'il s'agit de ce qu'on appelle une entente de gestion locale.

2636 Pourtant je pense que M. Losier a été très clair à cet effet-là. Le seul employé qui sera partagé avec Maritime est la téléphoniste.

2637 Est-ce que vous voulez modifier votre position étant donné ce qui a été dit à l'audience là-dessus parce qu'on ne parle pas de "package deal", on parle d'élever un mur entre les deux et qu'il y ait une téléphoniste qui réponde aux deux lignes téléphoniques. Alors j'aimerais avoir des précisions sur ce en quoi ça pourrait être considéré comme une entente de gestion locale.

2638 M. LÉGÈRE: Je pense qu'il y a une expression qui a été utilisée hier: Le passé est garant de l'avenir. Je vais peut-être l'utiliser moi aussi.

2639 Les Acadiens, on a appris au fil dans ans, de toujours être très "suspicieux", si je peux utiliser ce mot.

2640 Je dirais que c'est comme -- en tout cas moi, dans mon vécu -- c'est difficile... Comment je dirais ça? C'est qu'on ne prend rien pour acquis. C'est-à-dire que lorsqu'on regarde, et lorsqu'on essaie d'analyser cette situation-là, je pense qu'on a toutes les raisons de s'inquiéter, et c'est un petit peu ce qu'on a voulu exprimer et c'est dans la nature même des Acadiens parce qu'au fil des ans mettons qu'on s'en est fait passer plusieurs.

2641 C'est peut-être ce vécu-là qui fait qu'on a toujours ces inquiétudes et qu'on n'est jamais prêts à donner des chèques en blanc et souvent la confiance, on a de la difficulté à l'accorder complètement.

2642 CONSEILLÈRE NOËL: Maintenant on va parler du marché publicitaire. J'aimerais savoir quelle est votre évaluation du marché publicitaire radiophonique pour la région de Moncton.

2643 Est-ce que vous êtes convaincu qu'il n'y a pas de place pour aller chercher plus qu'environ 150 000 $ de revenus additionnels -- enfin, les 150 000 $ que Radio Soleil se propose d'aller chercher?

2644 M. LÉGÈRE: C'est 100 000, je pense.

2645 CONSEILLÈRE NOËL: C'est 100 000.

2646 M. LÉGÈRE: Oui.

2647 CONSEILLÈRE NOËL: Et d'après vous le marché francophone de publicité à Moncton n'est pas capable de générer plus de...

2648 M. LÉGÈRE: Plus de 100 000?

2649 CONSEILLÈRE NOËL: Cent milles additionnels.

2650 M. LÉGÈRE: Moi personnellement je pense que le marché est capable d'en générer un peu plus, mais je peux vous dire une chose, c'est que chaque dollar va être gagné graduellement et ce n'est pas vrai que ça va se faire rapidement. Ça va être une lutte de tous les instants pour convaincre ces entrepreneurs qui jusqu'à présent boudent encore les outils de communications francophones pour les raisons que j'exprimais un peu plus tôt.

2651 Je pense qu'il y a un travail énorme de développement qui doit se poursuivre, qui va prendre encore plusieurs années et c'est pour ça, je pense, que dans les chiffres qui ont été exprimés par Radio Beauséjour, ils ont été très conservateurs parce qu'ils parlent par expérience et ça se reflète donc dans cette position-là.

2652 CONSEILLÈRE NOËL: Maintenant, si le Conseil décidait d'accorder une licence à M. Losier, d'après-vous quel serait l'impact sur les ventes de publicité de CJSE, de Radio Beauséjour?

2653 M. LÉGÈRE: A mon avis, l'impact serait majeur parce que -- et ça revient toujours au même commentaire que j'ai fait, par ces habitudes qui ont été développées au fil des ans par les entrepreneurs, les marchands de la région du sud-est du Nouveau-Brunswick. Je pense que le premier groupe qui serait favorable à appuyer -- à utiliser, je devrais dire -- à utiliser la nouvelle station, mettons que le Conseil décide d'accorder une licence à Maritime Broadcasting et Denis Losier, je pense que le premier groupe qui serait visé c'est ceux qui ont développé une habitude d'acheter dans des outils de communications francophones au cours des cinq dernières années.

2654 C'est inévitable parce que si le groupe Denis Losier et Maritime Broadcasting s'attaquent à un nouveau dossier, ils vont frapper les mêmes problèmes que nos vendeurs ont pu frapper au départ, c'est-à-dire d'être très méfiants, de ne pas reconnaître le pouvoir de ces outils de communications.

2655 Donc c'est évident que le premier groupe qui sera frappé c'est 700 quelque marchands qui déjà achètent la publicité à Radio Beauséjour.

2656 CONSEILLÈRE NOËL: Je n'ai pas d'autres question, Monsieur Légère, merci.

2657 CONSEILLER CARDOZO: Juste une question pour le long terme. A votre avis, il y a une place pour place pour des joueurs commerciaux dans le marché francophone de la radio?

2658 M. LÉGÈRE: Dans la ville de Moncton?

2659 CONSEILLER CARDOZO: Dans la ville de Moncton ou dans la province.

2660 M. LÉGÈRE: Est-ce qu'il y a de la place pour des radios privées?

2661 MEMBRE CARDOZO: Oui.

2662 M. LÉGÈRE: Moi je pense que oui. Je pense qu'honnêtement les radios privées vont éventuellement se développer elles aussi, mais ce qui se passe à l'heure actuelle c'est que l'initiative de la radio francophone au Nouveau-Brunswick a été définitivement prise par le mouvement des radios communautaires qui depuis dix ans a décidé de mettre en place un réseau de radios communautaires partout sur le territoire francophone acadien du Nouveau-Brunswick.

0950

2663 Mme MacDONALD: J'inviterais maintenant les Médias acadiens universitaires de venir présenter leur intervention envers la demande de Denis Losier. Dix minutes maximales seront accordées.

2664 Si les membres de votre groupe, une fois installés, pourraient s'introduire pour les fins du dossier.

2665 Quand vous serez prêts, messieurs, allez-y.

INTERVENTION / INTERVENTION

2666 M. GIROUX: Bonjour, Mesdames et Messieurs, membres du Conseil.

2667 Mon nom est François Giroux. Je suis membre du conseil d'administration des Médias acadiens universitaires, la corporation qui gère CKUM.

2668 Le directeur général de la station, Serge Parent, et M. Serge Paquin, de l'Alliance des radios communautaires du Canada m'accompagnent.

2669 Nous vous remercions de donner à CKUM l'occasion de réagir aux demandes d'exploitation de nouvelles radios dans la région. En tant que station francophone, nous nous sentons directement concernés par les besoins médiatiques de la communauté acadienne de Moncton et des environs. Notre souci porte également sur un aspect socioculturel important pour cette communauté, celui de la survie et du développement de notre petite industrie francophone de la radio dans le sud-est du Nouveau-Brunswick.

2670 CKUM diffuse sur le campus de l'Université de Moncton depuis 1971. En 1986, nous devenions une radio campus et communautaire rayonnant pour la première fois à l'extérieur des murs de notre institution. Nos 50 watts d'alors nous permettaient d'atteindre une partie seulement du public de la ville.

2671 En 1996, nous étendions notre territoire à toute la région immédiate de Moncton, diffusant sur la bande FM au 93,5 avec une puissance de 250 watts. Nous offrons à la population, et particulièrement à la jeunesse francophone de la communauté universitaire et régionale, une programmation originale et dynamique destinée à lui permettre de s'affirmer et de s'épanouir.

2672 On peut y entendre une musique populaire, une variété de style "rock, la musique du monde et différents autres genres, tout cela avec une emphase sur la chanson acadienne, francophone et canadienne. Nous présentons sur nos ondes des nouvelles et depuis novembre des bulletins du Réseau francophone d'Amérique distribués d'Ottawa par satellite grâce à l'Alliance des radios communautaires du Canada.

2673 Notre contenu parlé inclut aussi de l'information sociale, économique et culturelle pertinente aux enjeux collectifs de la communauté universitaire et régionale, en plus de spéciaux d'information en direct d'événements d'importance pour le campus et la collectivité acadienne.

2674 Encadrés par une équipe réduite d'employés, CKUM repose sur le travail de bénévoles, tant parmi une population étudiante provenant des différents coins de l'Acadie, du Canada et de la Francophonie mondiale, que parmi la communauté régionale hors-campus. Nos installations se trouvent au Centre étudiant de l'Université.

2675 Il est à noter que nous avons aussi des studios satellites au Collège communautaire et à la polyvalent Mathieux-Martin, tous deux à Dieppe.

2676 Enfin, nous accordons annuellement 6 000 $ en bourses étudiantes pour encourager l'implication des jeunes dans notre radio et dépensons 30 000 $ en services fournis aux organismes de la communauté régionale.

2677 L'un des mandats de CKUM est d'assurer une symbiose avec les autres radios. Dès 1992, les corporations gérant CKUM et CJSE signaient un protocole d'entente établissant une complémentarité de buts et d'objectifs en vue de l'arrivée, deux ans plus tard, de Radio Beauséjour.

2678 Depuis, des échanges périodiques se sont toujours déroulés pour préserver cet équilibre. Notre plus récente rencontre a évidemment porté sur le projet de CJSE d'établir une seconde station FM, et encore une fois avec ce nouveau scénario en tête, nous nous sommes mutuellement assurés de préserver notre complémentarité.

2679 Non seulement cela, mais CKUM et CJSE ont discuté de la formation d'un comité conjoint qui aurait pour mandat d'optimaliser la collaboration entre nous, particulièrement au niveau de nos efforts d'expansion du marché publicitaire francophone.

2680 Il est aussi intéressant de noter que nous sommes toutes deux membres de l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick et de l'Alliance des radios communautaires canadiennes. Dans ces deux groupes, CKUM et CJSE représentent le seul cas où deux stations membres cohabitent sur le même territoire.

2681 Nous pouvons oser dire que notre relation constitue un modèle du genre, un modèle axé avant tout sur le service à la communauté plutôt que sur la concurrence commerciale.

2682 CKUM reconnaît à l'entreprise privée un rôle important dans le développement social et même culturel d'une population. Mais dans le contexte d'une communauté minoritaire, fragile à l'assimilation, la prudence est essentielle. On ne doit pas prendre le risque de briser des alliances aussi efficaces que précieuses que celles existant entre CKUM et CJSE, comme celles existant entre ces deux radios et les autres stations communautaires du Nouveau-Brunswick et du Canada -- une coalition d'ailleurs qui recèle un potentiel d'échanges de productions et de services extraordinaires -- des alliances, enfin, comme celles qui existent depuis de nombreuses années entre nos deux radios et les organismes sociaux et culturels, les différentes communautés desservies ainsi que le milieu artistique acadien.

2683 Au contraire, il faut aider ces regroupements à oeuvrer pour leur communauté en les protégeant d'une compétition commerciale définie par les grands joueurs de notre marché régional. Ceux-ci desservant la majorité anglophone ont accès à des parts de l'assiette publicitaire locale qui sont démesurées par rapport à celles auxquelles nos radios communautaires francophones peuvent raisonnablement prétendre.

2684 Si on laisse cette approche privée prévaloir dans le secteur de la radio francophone, il est évident que nos stations communautaires seront menacées dans leur survie même.

2685 Avec la toute jeune CJSE qui fêtera en juillet prochain son sixième anniversaire de naissance, nous constituons les deux seules radios francophones à développer, depuis quelques années seulement, le marché publicitaire francophone dans la région de Moncton. Une partie importante du financement de CKUM provient de la vente de publicités locales, ce qui représente 40 pour cent de notre budget total de fonctionnement qui est d'environ 150 000 $.

2686 Notre radio traîne une dette qui a pratiquement quintuplé depuis 1990. Nous avons enregistré cinq déficits annuels en dix ans, dont celui de l'an dernier qui a accru notre dette de 24 pour cent. Pour la présente année financière, après seulement quatre mois d'opération, cette dette s'est déjà alourdie de 38 pour cent.

2687 Le nouveau conseil d'administration des Médias acadiens universitaires, qui gère CKUM, a bon espoir que les mesures déjà prises depuis janvier et celles qui seront adoptées sous peu assainiront les finances de notre station.

2688 Par contre, nous considérons extrêmement dangereux pour notre avenir l'arrivée éventuelle dans notre marché de Moncton du projet de M. Denis Losier et de la Maritime Broadcasting System. Les prévisions de revenus publicitaires locaux de cette éventuelle station varient de près de 600 000 $ la première année à près de 800 000 $ la cinquième. Il s'agit là, à elles seules, de sommes qui sont près de trois fois et demie plus grandes au début, et plus de quatre fois et demie plus grandes dans cinq ans que le total actuel de ventes locales annuelles de CJSE et de CKUM réunies, soit 125 000 $ pour eux environ et 50 000 $ pour nous.

2689 Cette ponction majeure prévue par le groupe Losier-Maritime Broadcasting System dans notre marché publicitaire local, s'ajoutera à celle des trois stations privées anglophones actuelles. D'ailleurs, l'octroi d'un nouveau permis dans ce secteur linguistique ne ferait qu'empirer la situation surtout s'il s'agit d'une troisième radio anglophone de succès musicaux contemporains qui, s'ajoutant aux deux autres de ce genre existant déjà en anglais à Moncton, affecterait directement notre public de jeunes francophones.

2690 Dans l'examen des possibilités d'accroissement du marché publicitaire local, il ne faut pas oublier la concurrence des autres médias: télévision, journaux, panneaux publicitaires, affichage et courrier commercial -- ce qu'on appelle "junk mail".

2691 Il est vrai que l'assiette publicitaire locale pourrait possiblement être encore accrue mais jusqu'à une certaine limite. C'est ce que CKUM se propose de faire dans une proportion de quelques dizaines de milliers de dollars par année. C'est ce que CJSE se propose de faire avec son projet d'une seconde station dans un ordre de grandeur qui ne remet pas en question la viabilité de CKUM, soit entre 100 000 $ et 120 000 $ annuellement.

2692 Mais avec des projections de revenus de publicité locale de 600 000 à 800 000 $ par année, avec la compétition supplémentaire qu'il représente dans le secteur des publicités nationales, où il projette d'ici cinq ans des revenus annuels de 110 000 $, équivalant en gros à ce que vont actuellement chercher ensemble dans ce marché CJSE et CKUM, le projet Losier-Maritime Broadcasting System constitue une menace réelle pour la survie de CKUM et de CJSE.

2693 Nous reconnaissons le besoin de la population acadienne et francophone de la région de Moncton de bénéficier de radios lui permettant d'assurer son expression et son enrichissement socioculturel. C'est pourquoi nous appuyons pleinement l'attribution d'une nouvelle fréquence FM en français.

2694 Mais entre les deux demandes qui vous sont présentées, CKUM vous recommande d'adopter celle de Radio Beauséjour. Son projet de radio rock populaire destiné aux adultes du sud-est de la province se veut un complément de notre propre travail à l'endroit de la jeunesse de Moncton et des environs.

2695 Au contraire, le projet Losier-Maritime Broadcasting System, qui de son propre aveu s'inspire du modèle CKOI-FM à Montréal, empiétera directement sur notre public urbain de jeunes francophones. Et son but semble plus axé sur la recherche de profits que la volonté d'assurer une complémentarité des radios acadiennes et de se mettre au service de notre communauté.

2696 Mesdames et Messieurs du Conseil, CKUM appuie à 100 pour cent le projet de Radio Beauséjour. Il représente une nouvelle initiative d'une équipe très dynamique d'Acadiens qui depuis 1994 nous a prouvé son sérieux ainsi que la pertinence et la nécessité de sa radio. Celle-ci est devenue un outil privilégié de la communauté pour lutter contre l'assimilation culturelle et linguistique et pour redonner aux Acadiens du sud-est du Nouveau-Brunswick, noyés dans une mer de culture anglophone et américaine, une fierté à écouter et à parler leur langue et leur accent.

2697 Non seulement nous ne devons pas risquer la survie de ce précieux outil, mais nous nous devons de l'aider à mieux s'infiltrer dans nos foyers francophones en lui permettant de spécialiser chacune de ses antennes aux deux genres musicaux les plus recherchés par le public adulte acadien d'ici, le "country" et le rock populaire.

2698 Au nom des Médias acadiens universitaires et de CKUM, je vous remercie de votre attention.

2699 LA PRÉSIDENTE: Merci, Monsieur Giroux et bienvenu à cette audience.

2700 J'aurais quelques questions, si vous voulez, pour vous donner la chance d'élaborer sur certains points que vous avez soulevés ce matin et dans votre présentation écrite, deux éléments en effet simples.

2701 Un c'est l'aspect financier, l'aspect économique que vous avez clarifié encore plus ce matin, et l'autre -- et j'aimerais commencer avec ça.

2702 Vous dites à la page 6, ce matin:

"Nous reconnaissons le besoin de la population acadienne et francophone de la région de Moncton de bénéficier de radios lui permettant d'assurer son expression et son enrichissement socioculturel. C'est pourquoi nous appuyons pleinement l'attribution d'une nouvelle fréquence FM en français".

2703 J'ai bien lu, je comprends que ça vous amène à appuyer Radio Beauséjour pour son projet, mais un peu comme on avait mentionné tantôt avec M. Légère, est-ce que pour vous, à l'avenir, la population acadienne francophone de la région de Moncton ne bénéficierait pas aussi d'une radio commerciale privée, une radio privée?

2704 Pouvez-vous élaborer un peu plus sur ce point-là qui est aussi mentionné plus tôt dans votre présentation concernant les efforts d'expansion:

"Nous devrons protéger notre communauté de cette compétition commerciale". Si on laisse cette approche privée prévaloir dans le secteur de la radio francophone..."

2705 Ça me donne l'impression que vous voyez un avenir pour les francophones et Acadiens que jamais on ne puisse avoir une radio commerciale. Est-ce que ce n'est pas aussi le droit des francophones d'avoir une approche commerciale dans ce secteur de Moncton et le sud-est du Nouveau-Brunswick?

2706 M. GIROUX: Nous de CKUM nous sommes d'accord à ce qu'il y ait une variété de médias offerts aux Acadiens mais dans le contexte où un nouveau joueur entre, dans ce cas-ci dans l'industrie de la radio, il est évident que cela ne doit pas remettre en question la survie de ceux qui existent déjà et qui ont fait leurs preuves et qui ont toujours une influence très positive dans le milieu.

2707 Le risque d'autoriser le projet de M. Losier-Maritime Broadcasting System, c'est évidemment de remettre en question au niveau financier CKUM directement et CJSE et nous croyons, les Médias acadiens universitaires, qu'il s'agirait là d'un drame. On doit être très ouverts à l'arrivée d'un nouveau joueur mais en autant, et je me répète, que cela ne tue pas ceux qui existent présentement et dans le cas du projet Losier-Maritime Broadcasting System, les chiffres qui sont mentionnés, comme je l'ai exprimé, sont tellement gros par rapport à ce que nous, nous allons chercher présentement, qu'inévitablement il nous semble que nous aurons de la difficulté à les concurrencer sur le marché publicitaire local.

2708 LA PRÉSIDENTE: Justement c'est ma prochaine question.

2709 Je vois que votre thèse est sûrement basée sur quelques aspects économiques et la survivance, en effet, de CKUM et certainement vous dites dans votre intervention écrite la même chose, qu'une des raisons qui motivent votre position au projet de radio commerciale est que le marché publicitaire serait saturé.

2710 Quelle est votre évaluation du marché publicitaire radiophonique de Moncton? Autrement dit, quelle est, selon vous, l'importance des revenus publicitaires potentiels pour le marché de Moncton et quel est ce potentiel pour le marché francophone en particulier?

2711 M. GIROUX: Là-dessus je dois vous avouer mon incompétence. Nous n'avons pas fait d'études là-dessus et notre position repose essentiellement sur nos difficultés actuelles de percer le marché publicitaire local, ce qui nous amène à être très, très nerveux dans le contexte financier où nous nous trouvons, pas seulement depuis cette année mais depuis plusieurs années. Donc à être très nerveux face à l'arrivée d'un joueur aussi gros que M. Losier et Maritime Broadcasting System.

2712 LA PRÉSIDENTE: Alors quand vous dites "un marché publicitaire déjà saturé", votre commentaire est basé sur votre expérience concernant CKUM, pas une analyse du marché en soi.

2713 M. GIROUX: Voilà

2714 LA PRÉSIDENTE: Vous dites aussi dans votre intervention écrite que l'arrivée de la radio proposée par M. Losier voudrait sans aucun doute dire la dévolution de CKUM-FM à court terme, qui est un point très sérieux.

2715 A combien estimez-vous les revenus publicitaires que votre station CKUM-FM perdrait au profit de la radio proposée par M. Losier? Pourriez-vous être un peu plus précis là-dessus parce que c'est un commentaire assez important.

2716 M. GIROUX: Annuellement, Radio J- CKUM va chercher entre 50 et 51 000 $. Dans ces meilleures années, soit en '94 on parlait de 70 000 $ en publicité locale. Si on se fie au projet de M. Losier, et comme on l'a dit à plusieurs reprises aujourd'hui et hier, nos clients seront les premiers à être ciblés par ce genre de radio-là, par l'arrivée d'une radio privée.

2717 Donc on peut immédiatement déduire que de 50 à 70 000 maximal sera immédiatement amputé.

2718 LA PRÉSIDENTE: Alors la Radio campus cherche les mêmes annonceurs que la radio commerciale?

2719 M. GIROUX: Non. Nous on fait la sollicitation tout simplement pour les gens, les hommes d'affaires de la région de Moncton, les hommes et les femmes d'affaires évidemment, les entreprises de Moncton. Nous cherchons la viabilité de notre radio, non pas le profit de la radio, continuer notre travail. C'est tout simplement que les sous qui nous sont accordés par le biais de publicité annuellement seraient immédiatement pris par la radio privée parce qu'eux offriraient une plus grande sollicitation.

2720 LA PRÉSIDENTE: Mais je veux être claire. Le résultat c'est parce que vous cherchez les revenus des mêmes clients, des mêmes annonceurs que la radio commerciale proposée.

2721 M. PARENT: Un peu comme l'a fait Radio Beauséjour, c'est que nous avons développé un marché, nous avons développé des amitiés, des liens avec la Radio universitaire CKUM et depuis ces gens-là reviennent chez nous. Ça pourrait être la fin de ce développement-là.

2722 LA PRÉSIDENTE: Alors pour vous l'arrivée de la proposition commerciale aura un résultat néfaste pour CKUM, ça veut dire un autre joueur dans le portrait, surtout le portrait francophone que vous décrivez dans votre présentation écrite comme étant un territoire qui se respecte, qui se complète.

2723 Alors je comprends le raisonnement derrière l'arrivée d'une nouvelle station commerciale. Mais quel sera l'impact sur l'arrivée d'une autre station FM, disons le projet Radio Beauséjour, dans le marché? Est-ce qu'il n'y aura pas un impact sur CKUM-FM aussi?

2724 M. GIROUX: Oui, il y aura toujours un impact mais beaucoup moindre et nous sommes rassurés par le fait que depuis des années il y a un dialogue entre les deux stations. Les deux stations également visent deux marchés qui, évidemment, coïncident dans une certaine proportion, mais quand même dont l'axe est légèrement différent.

2725 Quand on pense aux deux projets de Radio Beauséjour, d'abord une radio "country" et une radio pop-rock, ces gens visent un public adulte et un public qui reste quand même le public de l'ensemble du sud-est du Nouveau-Brunswick alors que du côté de CKUM, notre mandat est beaucoup plus sur la jeunesse et un public strictement urbain. Et dans ce sens-là, ça laisse quand même des avenues pour établir une collaboration entre les deux stations qui évidemment pour nous est beaucoup plus rassurante, beaucoup plus gage de succès qu'un compétition directe avec un projet privé qui s'attaquerait au marché urbain directement et dont la conception, d'après ce que l'on a compris, rejoindrait beaucoup plus que le projet de Radio Soleil notre public de jeunes urbains.

2726 LA PRÉSIDENTE: Oui, c'est clair. Merci, Monsieur Giroux. Je n'ai plus de questions.

2727 Je ne sais pas si mes collègues en ont. Madame Noël.

2728 CONSEILLRE NOL: Oui j'aurais une question.

2729 Monsieur Giroux à la page 5 de votre document, vous parlez des ventes locales annuelles --c'est à peu près au milieu de la page 5, plus vers le bas que le haut. Vous dites que:

"Les ventes locales annuelles de CJSE et de CKUM réunies, soit 125 000 $ pour eux environ et 50 000 $ pour nous".

2730 Est-ce que je peux vous demander où vous avez pris le chiffre de 125 000?

2731 M. GIROUX: D'abord, ce sont des chiffres actuels et non pas dans cinq ans.

2732 CONSEILLRE NOL: Je comprends que ce sont des chiffres actuels, mais hier les gens de Radio Beauséjour nous parlaient de revenus de 475 000 $ pour les ventes locales. Alors je pense qu'il y a un petit problème ici.

2733 M. GIROUX: Oui, je comprends le problème mais il s'agit d'une proportion. Le 475 000 $ englobe le marché du sud-est au complet. Selon les chiffres que nous a fournis CJSE, la proportion de ce montant qui provient du milieu urbain est de 26 pour cent. Donc ça vous donne à peu près 125 000 $ que CJSE va chercher directement dans la ville de Moncton. Le reste du montant qui totalise 475 000 $ provient des commerces du sud-est.

2734 CONSEILLRE NOL: A ce moment-là, est-ce que vous ne pourriez pas faire une allocation similaire pour les revenus projetés de M. Losier parce que lui aussi parle d'une station de radio qui ne sera pas exclusivement dans Moncton mais qui va couvrir le sud-est. Je veux dire, moi j'ai tiqué quand j'ai vu 125 000 parce que les gens de Radio Beauséjour hier nous ont dit 475 000.

2735 M. GIROUX: C'est sûrement une considération à vérifier de près avec l'équipe de M. Losier et Maritime Broadcasting System. Maintenant, avec l'envergure que le projet de M. Losier, avec le fait que c'est un produit qui est surtout centré sur un public urbain, j'ai l'impression que le montant projeté par M. Losier et Maritime Broadcasting en milieu urbain ne doit pas descendre énormément en-dessous de la barre des 600-800 000 $. Mais c'est un point à vérifier. J'avoue que je n'ai pas ces précisions-là.

2736 CONSEILLRE NOL: Je vous remercie.

2737 LA PRÉSIDENTE: Le conseiller juridique aura une question aussi.

2738 CONSEILLER CARDOZO: Ma question a été posée.

2739 LA PRÉSIDENTE: Alors c'est tout. Merci beaucoup, messieurs.

2740 Madame la Secrétaire. Madam Secretary, I think we can do one more.

2741 MS MacDONALD: Thank you, Madam Chair.

2742 I would now like to invite Moncton Headstart Incorporated to come forward to make their intervention to the applicant of Atlantic Stereo Limited.

2743 I would remind you, you have 10 minutes maximum to make your presentation and if you could please introduce yourself to the court reporter. Thank you.

INTERVENTION / INTERVENTION

2744 MR. BRADSHAW: My name is Doug Bradshaw. I am the Executive Director of Moncton Headstart.

2745 The Moncton Headstart is a registered non-profit charity that has worked in the greater community of Moncton and Dieppe for the past quarter century.

2746 We work with disadvantaged children and families, those that are truly marginalized and that are at high social risk and many of them come from generations of welfare and dependency. So we are dedicated to breaking that cycle and as such we offer a range of service. But as such we are also one of several hundred non-profit organizations in this community and we depend upon a partnership with the media and for volunteer and to obtain our financial support.

2747 C-103 Atlantic Stereo has been very accommodating in assisting us towards this end and have been a major factor in our maintaining our existence. They have provided us with public service announcements, the opportunity to do these daily announcements. They have provided us with site broadcasts and updates when we have done our annual food drives for Christmas, for Toy Land, et cetera. They have even had their staff volunteer to actually physically work within these projects and helping us prepare the food boxes and working on our yard sale.

2748 We have had some special events from sponsoring name stars to providing a local flavour activity and they have been there to help us with the promotion on these and to help us with interviews. They have also aided us in bringing topics of concern to the community through interviews and advocacy for the people we are dedicated to working with and to aiding.

2749 We are just one social agency within this community of these several hundred organizations that depend upon this kind of community service and the radio station C-103, which is Atlantic Stereo, has been very involved within our community and they have been very good corporate citizens and we consider them to be a truly caring and involved community station. We would urge, or ask the Commission to consider this aspect of community service strongly in the applications and we feel very comfortable in advocating for C-103.

2750 THE CHAIRPERSON: Thank you very much, Mr. Bradshaw. Commissioner Cardozo will ask you some questions, clarification.

2751 COMMISSIONER CARDOZO: Thank you, Madam Chair. Thank you, Mr. Bradshaw, for coming here.

2752 Can I just ask a little more about your organization? The service that you provide, is it actually in the schools that you are providing? Is it sort of like private tuition to kids or is it after school?

2753 MR. BRADSHAW: Our program is early intervention. We work with them as early as the age of two, up to the age of five, and that is our major concern, but we are what is termed a "two generation service" which means we work with the children and we work with the parents, the family. Our belief is that you can change things with the children, but to make a truly lasting change you have to deal with the family.

2754 COMMISSIONER CARDOZO: I noticed you mentioned that C-103 employees were coming out to help you as well.

2755 Is it your feeling that with the PSAs you are really getting through the community at large and the public was coming out to your events through those PSAs or through the promotion that the station has done for you?

2756 MR. BRADSHAW: Very much so. We see a marked increase in the amount of support that we get when they participated. It just helps us get the public aware and involved and they are very instrumental in that.

2757 COMMISSIONER CARDOZO: Besides the work that they do for you, what are your means of communicating with the public? How do you get your word out?

2758 MR. BRADSHAW: Well, always one of the most effective is word of mouth, but we depend upon the other media elements. The television stations will do certain assistance and the print media as well. But it's not quite the same as having an on-site broadcast that is following the event from beginning to end and that is what makes it more helpful to us.

2759 COMMISSIONER CARDOZO: So they come to your event and provide coverage from there?

2760 MR. BRADSHAW: They have done that quite frequently. At our yard sale, for instance, they will put a site remote broadcast in and they have done with other events that we have had as well. And this is all on a voluntary basis too. It's towards the community betterment.

2761 COMMISSIONER CARDOZO: Okay. Well, I hear you clearly as to what you are saying and the kind of benefits you get from them.

2762 Is there any sense that with two radio stations you would get more than what you are getting now?

2763 MR. BRADSHAW: Well, it's a matter of, I think, we would be covering a different element of the public. We would be getting a fuller coverage, yes. There are people that, because of the different focus of the station -- so we would hit a more complete coverage of the community.

2764 COMMISSIONER CARDOZO: Well, thank you. You are a good spokesman for your cause and also for PSAs in general.

2765 Thanks very much for coming here.

2766 THE CHAIRPERSON: Thank you very much, Mr. Bradshaw.

2767 Madam Secretary.

2768 MS MacDONALD: Thank you, Madam Chair.

2769 I would now like to invite the next intervenor, Aboriginal Voices Radio's board of directors to come forward to present their intervention to the application by Atlantic Stereo Limited.

2770 I would ask the group to please introduce the members of their panel and would like to remind you that ten minutes maximum will be allowed for the presentation.

2771 Thank you.

2772 THE CHAIRPERSON: Just wait until we have a copy of your material. Thank you.

--- Pause

2773 THE CHAIRPERSON: Good morning, Mr. Farmer. You may proceed.

INTERVENTION / INTERVENTION

2774 MR. FARMER: Good morning. Sekon, which translates to is there peace in your heart, peace. And in Maliseet it's Don Gaag, Don Geng. In Mi'Kmaq, it's May Dal Ho Tiuk. So greetings to you all.

2775 Madam Chair, members of the Commission, Commission staff, fellow broadcasters and members of the public.

2776 We are honoured to appear before you today on behalf of Aboriginal Voices Radio to speak in support of the application of Atlantic Stereo for a new Moncton FM undertaking.

2777 My name is Gary Farmer and I am the speaker of the board of directors of Aboriginal Voices Radio.

2778 Before we begin our presentation, I would like to introduce you to the other members of our intervention team.

2779 To my immediate left here is Jimmy Augustine who is a recording artist and also owns a recording studio here in the vicinity of Big Cove.

2780 Next to Jimmy is David Paul who is the former economic development director at Tobique First Nations and currently president of Aboriginal Resources Consultants, Atlantic Canada's largest Aboriginal owned and operated consulting company.

2781 Up at the top left is Gerald Bear, a former Maliseet Tobique First Nation Tribal Councillor and current owner and operator of CFNT 104.5 FM, Maliseet Radio.

2782 Next to Gerald is Tammy. She is a co-worker of Mr. Bear and commercial technician for CFNT. And also to my immediate right here, is Melvin Augustine and he is the director of CFTI 101.1 FM located in the Big Cove Mi'Kmaq community.

2783 Aboriginal Voices Radio, which we will shorten, of course, to AVR, is a non-profit Aboriginal radio development organization.

2784 In previous appearances before the Commission, AVR has outlined our long term vision for the development of Aboriginal radio in Canada and the important role we believe a national Aboriginal radio service can play in that expansion. We have also highlighted the commitment of NewCap Broadcasting in supporting that vision.

2785 Today, we appear before you to elaborate on our reasons for supporting the Atlantic Stereo application and to brief the Commission on the potential impact of Atlantic Stereo's public benefit funding to native radio in New Brunswick.

2786 First, we support the Atlantic Stereo application because it is the only proposed service which is capable of fully restoring the country music format to its former large Moncton and area community of service. Aboriginal people know too well, in New Brunswick especially, and understand the frustration of being without a radio service which caters to their needs and interests.

2787 Secondly, and more directly related to our concerns, we support Atlantic Stereo's application because they are the only applicant offering to share the benefit of their commercial profitability with the First Nations people of New Brunswick.

2788 The initiative which Atlantic Stereo has committed to support, AVR's plan for the development of Aboriginal radio across Canada, has tremendous support among the native people of New Brunswick.

2789 AVR has met with native New Brunswick broadcasters, urban friendship centres directors, historians, authors and business persons, and we intend to work closely with these people and others to realize the dream of a fully radioized New Brunswick.

2790 MR. BEAR: Members of the Commission. I wish to extend to you a welcome to the land of the Maliseet and Mi'Kmaq people. My name is Gerald Bear.

2791 I drove here with fellow radio broadcaster Tammy Savoy to appear before you from the Maliseet Tobique First Nation, which is located about a two-hour drive north of Fredericton. Our reserve is located just north of Perth-Andover in the upper part of the St. John Rivet Valley. Maliseet Tobique is the largest of six Maliseet reserves, with a population base of about 1,800 and a land mass of 5,600 acres. We are often referred to as the St. John River Indians.

2792 Our community radio station, CFNT 104.5 FM is the only New Brunswick Maliseet radio undertaking. We operate completely independently of any government funding and have been broadcasting for nearly three years.

2793 MS SAVOY: Our community station offers a wide variety of music and information programming: The PowWow Power Hour, the DJ Junior Request Show, In Indian Country, Freaken Friday Show and CFNT Speaks.

2794 CFNT also spearheads fundraising for local non-profit community groups, helping them achieve their goals. We are currently developing a Maliseet language program for broadcast and will distribute the program by CD to schools to promote the Maliseet language as a living language again.

2795 As a small independent native undertaking, it is always necessary to seek ways and means to gather funding for development. We support the Atlantic Stereo application because Atlantic Stereo has recognized and committed to providing financial and professional broadcast expertise to Canadian native broadcasting. We intend to work closely with AVR to utilize their assistance in the development of native community radio for the Maliseet and Mi'Kmaq First Nations.

2796 MR. BEAR: Radio service is needed in our communities. We have a strong oral tradition in our culture and radio plays to the strength of that tradition. Radio is also universally accessible to our people and the most affordable media to produce.

2797 Radio programming is used in our communities. Whenever our people have drawn together the resources to provide a radio service, that service has been popular. This is certainly the case in our community at Tobique.

2798 Radio development is difficult in our communities. All six Maliseet reserves in New Brunswick have small, rural populations. The local economies in these smaller communities make it very difficult to support the initial costs of establishing community radio service.

2799 Public benefit funding committed by Atlantic Stereo will support Aboriginal radio development work at three levels: nationally, regionally and locally.

2800 This support will assist the effort to develop a national Aboriginal programming service; communication and cooperation between native broadcasters in New Brunswick and across Canada, and the development of existing and emerging community radios.

2801 I strongly support Atlantic Stereo in their initiative, and assure the Commission that Atlantic Stereo's funding will have a meaningful, long term impact on New Brunswick native radio. The very offer of financial support is already an inspiration to our radio efforts.

2802 MR. AUGUSTINE: My name is Melvin Augustine and I am a member of the Mi'Kmaq First Nations at Big Cove, which is about an hour's drive north of Moncton near the shore of the Northumberland Strait.

2803 At the present time, I own and operate a 50 watt FM not-for-profit community controlled radio station on the Big Cove Reserve. I believe it was the first Aboriginal radio station in New Brunswick when licensed by the CRTC in September of 1994.

2804 The station broadcasts important cultural and information programming to the 2,200 plus residents of Big Cove, for the most part in the Mi'Kmaq tribal language.

2805 Current financial constraints limit station broadcasting to seven hours daily. The Big Cove community wishes longer hours of programming. We would like to see our very basic requirement updated to industry standards.

2806 In order to reach these goals and ensure that the very important voice of the people does not fall silent, we need to take our radio station to a new level. This is why I am here today to provide my support for the application of Atlantic Stereo. They have committed to provide vital financial support for the development of a national Aboriginal radio service.

2807 It is this national initiative which I believe can be both the inspiration and the practical assistance that our station needs to realize dramatic improvements.

2808 Big Cove is a native community of which I am justifiably proud. However, it is also a community beset by many social ills. Many members of the community are in danger of even losing their Mi'Kmaq language and culture.

2809 Our station has proven very valuable to the community by providing such services as emergency preparedness broadcasting, conveying suicide prevention messages, serving as an open forum on community issues and acting as an instrument of cultural and language preservation and promotion. This is not enough.

2810 To truly change the community, you need to change the community attitude. Radio can provide the flow of creative programming which can change a community's attitude. The development of AVR's national service would provide vital support for our community-building efforts.

2811 From technical, marketing and organizational development assistance, to actual delivery of training to our radio staff, we expect the development of AVR's capabilities to provide indirect assistance and potential direct support to our efforts.

2812 The widespread availability of native radio in New Brunswick is long overdue. The potential effect on our communities from the further development of current radio operations and an explosion of new broadcasters will be substantial.

2813 It is the offer of support from Atlantic Stereo which ultimately fuels our inspiration and it is to Atlantic Stereo which we now return our support.

2814 Thank you.

2815 MR. PAUL: My name is David Paul. I am the president of Aboriginal Resource Consultants.

2816 I have been working with AVR over the last while, but the crux of my work is with corporate Canada. It is through that work that I have come to understand the requirement for communications as being a strategic tool to assist in the development of Aboriginal inclusion into Canada's mainstream economy.

2817 The Atlantic Provinces Economic Council have indicated -- I am sorry, I am digressing from my scripted speech here. But the Atlantic Provinces Economic Council have indicated that in the next ten years in this region over $40 billion will be invested in this region.

2818 My company assists corporate Canada in accessing Aboriginal employees, contracts and procurement activities to allow for Aboriginal inclusion into those types of projects, the mega projects.

2819 Previously, we had the PEI link project, the Confederation Bridge, a billion project. The economic benefit derived by First Nations people was zero. Hibernia, $8.5 billion in a mega project again. The economic benefit derived by First Nations people again was zero. Sable offshore, Maritimes Northeast pipeline, that project totalling $4 billion. We made inroads in terms of millions and millions of dollars of the economic derived benefit, hundreds and hundreds of job opportunities for youth training.

2820 It is these activities now that corporate Canada is providing us access to these project, though we haven't the proper tools to communicate these opportunities to our people who desperately need them from the communities. We are reliant upon two forms of expression. One is the print media through the Mi'Kmaq-Maliseet news which isn't read in every household and the other is through direct recruitment where I have to send recruiters out to the First Nation communities -- over 35 in this region to do actual or hands-on physical recruitment.

1040

2821 We feel that the application by Atlantic Stereo would assist in the development of the native infrastructure in terms of their radio network and it is with this that we bring support for the Atlantic Stereo's application to your board and your Commission.

2822 MS MacDONALD: Excuse me, we would like to remind the intervenors that we have ten minutes per presentation. There remains three minutes. Thank you.

2823 MR. PAUL: I will end. Thank you.

2824 MR. FARMER: The long term vision of AVR and other Maliseet and Mi'Kmaq broadcasters is a networked radio service to unite and support communications between New Brunswick and other Canadian native communities. However, there are many steps which still need to be taken in reaching those heights.

2825 The financial public benefits commitment of Atlantic Stereo will be a significant catalyst in the development of our dream.

2826 A national radio service would provide a first service to most of Canada's urban Aboriginal people, while expanding the diversity of programming choices available to all Canadians in the proposed network coverage areas. The programming will help Canadians better understand the Aboriginal perspective on our common history and heritage.

2827 Atlantic Stereo's commitment to support the development of a national Aboriginal radio network addresses the Broadcasting Act's requirement that our broadcasting system recognize the special place of Aboriginal people within Canadian society.

2828 In addition, Atlantic Stereo has recognized that the development of urban Aboriginal radio relies heavily on the availability of financial resources. Atlantic Stereo has committed significant funding towards making national Aboriginal radio a reality.

2829 AVR and Atlantic Stereo agree that the establishment of a national Aboriginal radio network would contribute to a better and more balanced Canadian broadcasting system. The development of such a new Aboriginal programming service will rapidly accelerate the development of Canadian Aboriginal broadcasting and musical talent. This is especially important for the artistic media development of Canada's Aboriginal youth.

2830 Canada's Aboriginal population is growing and its rapidly increasing youth have special needs. We need a radio voice to promote the struggle for healthy communities and build understanding between Aboriginal people and other Canadians, overcome the ignorance of history and of Aboriginal experience and provide role models and balance negative media stereotypes.

2831 Members of the Commission, the time has come for commercial radio to support the development of Aboriginal radio in Canada.

2832 Today we urge you to recognize the importance of the commitment by Atlantic Stereo to support the development of Canadian Aboriginal radio. Their support will be a catalyst for the voice of the First Canadians to be heard throughout this land.

2833 We thank you and welcome your questions.

2834 THE CHAIRPERSON: Thank you, Mr. Farmer and colleagues.

2835 I will ask Commissioner Noël to take you through a few questions.

2836 COMMISSIONER NOËL: Good morning, Mr. Farmer.

2837 The presentation was quite clear. I don't have many questions -- I actually have only one question.

2838 Could you tell us how in your view the contribution, the proposed contribution of Atlantic Stereo to the proposed Aboriginal radio network constitutes a Canadian talent development commitment in line with what is defined as a Canadian talent development initiative?

2839 MR. FARMER: Well, in my view it's the first time ever really that Canadian talent development idea is I think justifiably applied.

2840 My experience in the broadcast industry is that the current system of what is deemed acceptable is quite frivolous to what we are proposing in terms of the talent development that we would be undertaking within the Aboriginal community of Canada to nurture broadcasting as a central source of being able to enable our communities to do so much infrastructure building within those communities.

2841 I think it is classic Canadian talent development. I hope that we can work to change the policies that exist to include Aboriginal people at this level. There is no stipulation currently in the Act or the laws that govern the CRTC to enable us to receive this kind of benefit to develop the kind of work that we are doing.

2842 So I encourage you to accept this classic Canadian development.

2843 COMMISSIONER NOËL: As a direct contribution.

2844 MR. FARMER: Yes.

2845 COMMISSIONER NOËL: Could you tell us a little bit more about the network concept because from what I heard this morning we have the feeling now that the network, although there is no application yet for a network licence, the network will -- "regrouper", I am trying to -- regroup stations that are already in existence in various parts of the country.

2846 Am I correct?

2847 MR. FARMER: Yes, our experience with -- I mean I have been developing community radio stations in native communities for 20 years and what I find is that you can drop the seed of a radio licence in a community, but it's going to take 10 or 15 years for it to mature into something that is of value to the community.

2848 If you grew up listening to country music, when you get a radio licence that is what you are going to play because that is what you know. If there is an explosion of native music and culture coming at you, it's going to take you some time to absorb that and to begin to program that.

2849 We find that if we can establish radio stations in a community and there is already programming scheduled there for them to attune and then we can go in an begin to train the communities into the operations of that and to work as producers for the network, it really helps in the overall impact of radio in the native community in both the urban and rural setting.

2850 So it really is a tool to enable us to really provide the kind of programming that we need in communities to really effect positive change.

2851 COMMISSIONER NOËL: But if I understand well, the backbone of the proposed network, if we grant a licence -- if you file an application first and then we grant a licence for a network -- the would be stations that are already in existence all across Canada, including the stations here in New Brunswick.

2852 MR. FARMER: Yes, but the primary area that we see the development happening for the core of the programming to be undertaken is, of course, in the Toronto region where we are developing the Aboriginal Voices Radio.

2853 COMMISSIONER NOËL: Aboriginal Voices Radio.

2854 MR. FARMER: Yes.

2855 COMMISSIONER NOËL: Thank you, Mr. Farmer. I don't have any more questions.

2856 MR. FARMER: Thank you very much.

2857 THE CHAIRPERSON: Commissioner Cardozo.

2858 COMMISSIONER CARDOZO: Thank you, Madam Chair.

2859 I just want to pick up on the last point of Commissioner Noël. Your application for AVR in Toronto is before us and so at some point in the next couple of months, I suppose, we will be ruling on that.

2860 If that were not licensed, are there enough other stations around in New Brunswick, in Manitoba and elsewhere that would still be interested in forming a radio network? I understand your plan, but I am saying do you have a plan B? And this is not in any way to discuss that application because you see the other part of it is then, in terms of this benefits package, what Atlantic Stereo has suggested, is that if the network is not established they would have an alternate plan which would kick in.

2861 MR. FARMER: Yes, of course, we do have an alternate plan. We will carry on and begin the production and training centre and begin to produce programming and we will deliver it via the satellite or through APTN which are committed to this project or via the Internet and we will continue to create that programming centre for distribution. We just won't have the Toronto market to rely heavily to finance the whole thing and we will have to do a lot more fundraising which is what David is committed to.

2862 COMMISSIONER CARDOZO: Okay. Now, let me just ask you about the -- coming back to Canadian talent development. Yesterday Mr. Templeton was asked how this particular idea would constitute Canadian talent development and the gist of I think what he said focused on the word "Canadian" and there is no doubt that.

2863 Let me ask you to focus on the words "talents development". How would this money from Atlantic Stereo contribute to talent development because that is essentially what we are talking about. In your presentation today, you talked about assisting various stations and their development. At the end you talked a little bit about Canadian talent development.

2864 So I guess what I would like to hear is just a sense of where the actual talent development for Aboriginal people comes into your project.

2865 MR. FARMER: Maybe Melvin and Gerald could give us some good insight on that.

2866 MR. BEAR: I guess basically my opinion or my thoughts would be through AVR in Toronto, and when we talk about network basically it's an alliance. In rural communities like tobique what you hear on the news is what you get basically. Developing the talent -- in each community there is artistic talent, both in music or drawing or writing or those kinds of skills. It's to bring it forward.

2867 Like in my community, I do interview sessions with community members and I do live music with some of the members. They will come in and play and we will do it over the air and through AVR and us, we would package their talents so that they would get the exposure. So from Tobique to Vancouver, it's almost instantaneously that they would know about an artist in Tobique, whereas now you only hear once a year. If it hits the top 10 charts maybe you will hear the artist. But there are dozens or maybe hundreds of artists out there that need that kind of exposure.

2868 COMMISSIONER CARDOZO: Okay. Thanks. Thanks, Madam Chair.

2869 THE CHAIRPERSON: Thank you.

2870 Just to complete that, Mr. Farmer. You have been before us many times and you understand what we are after here. The proposal on the table at this point has Canadian talent development as the rationale behind the support to the potential network and we discussed it in those lines. So it was important for us to have on the record from you your thoughts on how that contribution could fit in the rubric of Canadian talent development which, as you know, is designed to assure that such Canadian talent development resources do, in fact, go to Canadian talent.

2871 We are looking at how the network proposal fits into that and you have given us some background through our questions on that point. So I hope you understand why we are raising it and want some clarification from you to assist us in looking at this.

2872 MR. FARMER: If I might add? Melvin might jump in, but all of our -- I see all of it as Canadian talent development because our people don't have experience in broadcasting.

2873 Aboriginal Voices Radio is a ray of light in our communities that is going to enable them to say, "Yes, we do have access to broadcasting. Yes, I can go on air". The contribution that Atlantic Stereo is making to us is inspiring our community to really hope. There is hope where there has been none. And so that is what I mean by Canadian talent. Just the basic of taking control of the media and making it work for yourself and your community is all talent development as I see it. The whole project is talent development from the top down. It is all.

2874 THE CHAIRPERSON: Thank you, Mr. Farmer, that is very helpful

2875 MR. FARMER: Thank you.

2876 THE CHAIRPERSON: And thank you to your colleagues for being with us today. We appreciate it.

2877 Madam Secretary, are we going to take a break at this point?

2878 MS MacDONALD: Thank you, Madam Chair. Yes, we will take a 15-minute break and should reconvene at approximately 11:05.

2879 LA PRÉSIDENTE: On reprend à 11 h 05.

--- Recess at 1055 / Suspension à 1055

--- Upon resuming at 1110 / Reprise à 1110

2880 Mme MacDONALD: Nous allons maintenant continuer avec les présentations par les intervenants.

2881 J'inviterais donc maintenant l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick de venir présenter leurs interventions envers la demande de Radio Beauséjour.

2882 Je rappelle que vous avez dix minutes maximales pour faire votre présentation et si vous voulez bien vous introduire.

2883 Merci.

INTERVENTION / INTERVENTION

2884 Mme FARRAH: Bonjour. Mon nom est Jeanne Farrah. Je suis directrice générale de l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick.

2885 L'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick fut fondée le 21 avril 1990 par des artistes représentant toutes les disciplines artistiques, soit la musique, les arts visuels, le théâtre, la littérature, la danse et les arts médiatiques.

2886 Elle a pour mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts des artistes professionnels de chacune de ces disciplines afin d'améliorer leurs conditions de vie et de travail. A titre de porte-parole, L'AAAPNB représente ses membres auprès des instances de pouvoir et offre des services de développement, de promotion, de diffusion, d'information et de perfectionnement.

2887 La diversité de ses actions et de ses projets font en sorte que l'Association est impliquée dans plusieurs aspects de la profession artistique. Ainsi, afin d'arriver à ses objectifs, elle initie des projets en partenariat avec divers secteurs de la société acadienne.

2888 Mesdames et Messieurs les Commissaires, vous n'êtes pas sans savoir que les arts jouent un rôle de premier plan dans toute culture. La société acadienne ne fait pas exception à cette règle universelle. Trois axes cruciaux englobent généralement le travail artistique: la création, la production et la diffusion.

2889 Si on ajoute à ces axes le perfectionnement continu, nous obtenons, pour parler en termes économiques, une ressource prolifique et renouvelable. Or, pour bien assumer leur rôle, les artistes francophones ont besoin d'un encadrement et d'un soutien propices à leur développement.

2890 Les 20 dernières années ont été fructueuses en ce qui a trait à la mise en place d'outils de développement culturels. Les centres d'artistes auto-gérés comme la Galerie Sans Nom, les compagnies professionnelles de théâtre comme l'Escaouette et le Théâtre populaire de l'Acadie, le Conseil provincial des sociétés culturelles, les regroupements des artisans des industries du cinéma et de l'édition ont, entre autres, permis à l'expression artistique de s'épanouir.

2891 Toute cette activité artistique et culturelle se traduit également, faut-il encore le souligner, en termes économiques. Malgré l'investissement provincial par capita le plus bas au Canada, le secteur culturel acadien enregistre quand même une croissance à chaque année.

2892 Au Nouveau-Brunswick, ce secteur d'activité à lui seul a généré en 1995 des retombées directes et indirectes de l'ordre de 400 millions de dollars avec près de 20 000 emplois atteignant ainsi un taux de croissance d'emplois de 12,2 pour cent.

2893 Pour des besoins de mise en contexte, et pour nous rapprocher de la radiophonie, nous vous devons de résumer l'état de l'industrie de l'enregistrement sonore en Acadie avant 1994.

2894 A cette époque, il n'y avait qu'un disque acadien enregistré chaque année et, trop souvent, on pouvait questionner la qualité de son enregistrement.

2895 L'AAAPNB a mis sur pied des partenariats concrets qui ont permis de doter l'Acadie d'infrastructures aux niveaux de l'enregistrement sonore, de la distribution et de la promotion. En cinq ans, la production annuelle est passée de un à plus de 75 enregistrements sonores et les chiffres continuent à augmenter. Cette époque marqua les débuts d'une réelle industrie sonore acadienne.

2896 Soulignons que l'essor de cette industrie fut le fruit d'une réflexion sur l'état de la musique au Nouveau-Brunswick et d'une volonté de créer une réelle industrie en Acadie. Le plan d'action mis de l'avant visait à démonter le talent des artistes acadiens qui était, jusqu'à cette époque, presqu'inexploité.

2897 Plusieurs étapes du développement de l'enregistrement sonore étant franchies, il nous fallait maintenant travailler en collaboration avec les radios communautaires pour assurer la promotion et la diffusion.

2898 CJSE, un de nos premiers partenaires, s'est impliqué dans la diffusion et la promotion de ces produits, par des entrevues, des lancements de disques compacts, l'établissement du Gala FM en Acadie, la couverture complète d'événements rassembleurs comme la FrancoFête Dieppe-Moncton, les ECMA, le Symposium d'art actuel Moncton 1999 et en s'impliquant activement dans un projet de création d'un palmarès acadien provincial, par l'entremise de l'ARCANB, Radio Beauséjour a grandement contribué à ce regain de vitalité.

2899 Les industries culturelles que nous avons collectivement mises en place commencent à porter fruit. Les radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick ont contribué, de façon incontournable, à la promotion et à la diffusion des arts et de la culture.

2900 Les émissions, les chroniques ou encore les entrevues consacrées aux arts et à la culture répondent à un mandat que partagent toutes nos radios communautaires: promouvoir et diffuser la culture acadienne.

2901 Nous sommes convaincus que la radio communautaire est un maillon essentiel à cette industrie en plein croissance.

2902 Mesdames et Messieurs les Commissaires, maintenant que nous avons brossé un tableau sommaire du développement artistique et culturel en Acadie, permettez-nous de vous présenter un peu plus l'une des plus grandes radios communautaires francophones du Canada, soit CJSE.

2903 Nous ne vous remercierons jamais assez d'avoir accordé une licence à Radio Beauséjour en 1993. En cinq ans, sa station radiophonique, CJSE, a su mettre en place un service qui non seulement s'allie aux forces réactrices et culturelles acadiennes mais qui innove et qui inspire au dépassement. Il serait trop long d'énumérer ici tous les projets qui ont bénéficié de l'implication quotidienne de Radio Beauséjour.

2904 Ce qui importe c'est qu'elle a prouvé qu'elle est ancrée dans la réalité radiophonique du sud-est du Nouveau-Brunswick et de toute l'Acadie des maritimes et qu'elle agit de façon pro-active dans notre devenir collectif.

2905 L'attachement des auditeurs à leur radio communautaire n'a d'ailleurs pas tardé à se faire sentir. Dès 1997, CJSE recevait le Prix Éloize pour l'événement de l'année, soit la création du Gala FM en Acadie.

2906 Par la suite, le milieu culturel lui a exprimé sa reconnaissance et sa confiance en lui discernant le titre -- et les responsabilités qui vont avec -- de Radio officielle le la FrancoFête Dieppe-Moncton, Édition 1999.

2907 Il est important de souligner que Radio Beauséjour est bien entourée au niveau corporatif pour défendre ses intérêts aux différents échelons provincial, national et international. Nous parlons ici de l'ARCANB et de l'ARC. Cette dernière a d'ailleurs mis en place le Réseau francophone d'Amérique qui diffuse des bulletins de nouvelles tous les jours sur les ondes de CJSE. Nous voyons là une fenêtre pour observer ce qui se passe ailleurs au pays mais également une façon de montrer ce que nous faisons ici.

2908 En plus de travailler à l'établissement d'une politique cultuelle pour l'Acadie du Nouveau-Brunswick et à d'autres projets avec l'ARCANB, il est intéressant de souligner, en exemple, un projet qui nous tient à coeur depuis cinq ans déjà et que l'ARCANB et Radio Beauséjour ont pris en charge. Il s'agit de l'établissement d'un palmarès acadien provincial.

2909 En 1995, nous avions fait des démarches pour établir un palmarès de la musique acadienne dans les radios communautaires. Nous nous sommes vite aperçus que nous ne disposions ni de l'infrastructure nécessaire, ni des ressources adéquates pour en assurer la réalisation. Le projet a officiellement été transféré à l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick puisque nous étions confiants que c'était l'organisme clé pour voir à sa réalisation.

2910 Un comité de l'ARCANB a entrepris un exercice de concertation auprès de ses membres et il s'est avéré que tous étaient intéressés par ce projet. L'élaboration en a été confiée à deux membres de l'équipe CJSE puisqu'il s'agit-là de la seule station qui, pour l'instant, prépare et diffuse un palmarès acadien.

2911 Sous la supervision du Comité de Palmarès ce projet s'inscrit dans le respect des stations membres et dans la réalité du milieu musical. S'il va de l'avant, un comité aviseur composé de représentants de l'ARCANB, de l'AAANPNB et de l'industrie acadienne de l'enregistrement sonore sera mis en place pour voir au déroulement du projet.

2912 L'un des éléments importants de ce projet est qu'il se lie au Gala FM en Acadie. Cela démontre que grâce à CJSE nous évoluons vers la consolidation d'un star système musical acadien. C'est tout un exploit pour une station radiophonique qui n'est en ondes que depuis cinq ans.

2913 Forts des expériences passées dont nous venons de vous parler brièvement, nous sommes ici aujourd'hui, Mesdames et Messieurs les Commissaires, pour appuyer la demande d'une deuxième licence de Radio Beauséjour.

2914 En effet, CJSE a déjà démontré avec brio et hors de tout doute possible son professionnalisme et sa volonté de collaborer avec les différents intervenants socio-économiques et culturels de la région du grand Moncton.

2915 En diversifiant les services radiophoniques qu'elle offre à la communauté acadienne, CJSE répondra mieux aux besoins d'un auditoire urbain et cosmopolite, ayant des goûts et des attentes différents de ceux des populations rurales qu'elle dessert déjà très bien. Relevant souvent d'un discours spécialisé, les arts pourront profiter ainsi d'une tribune supplémentaire pour atteindre un auditoire élargi.

2916 En conformité avec notre mandat, nous ne pouvons donc que réitérer notre appui à cette initiative. Nous comprenons aussi que plusieurs autres secteurs professionnels de notre société y trouveront leur compte.

2917 De plus, en ayant une radio communautaire plus ouverte sur l'international, la communauté artistique et culturelle aura un outil supplémentaire pour évoluer au rythme des contacts et des échanges que nous continuons d'établir à travers notre pratique et notre participation à des événements mondiaux comme ce fut le cas pour le Sommet de la Francophonie ou encore le Congrès mondial acadien.

2918 Contrairement à ce que tentent de démontrer les promoteurs d'un projet de station privée francophone, nous ne croyons pas qu'une telle entreprise à but commercial pourrait nous appuyer dans notre travail de promotion et de développement des arts et de la culture aussi efficacement que ce que l'ont fait l'ARCANB, Radio Beauséjour et CJSE. Jusqu'à ce jour, nos radios privées provinciales n'ont pas démontré une grande volonté de promouvoir les jeunes talents ou de s'impliquer dans le développement de la communauté. A court terme ce n'est, bien sûr, pas très rentable.

2919 Au stade de développement où se trouve encore l'industrie de l'enregistrement sonore en Acadie, L'AAAPNB considère que la communauté a toujours besoin et de façon prioritaire d'un outil de communication dont la mission première est bien celle d'agir comme réel agent de développement.

2920 De plus, l'expérience nous prouve que CJSE investit chaque jour des moyens humains et financiers qui rapportent des profits durables à l'ensemble de notre collectivité. Une radio privée générera peut-être des profits monétaires plus rapidement pour quelques-uns, mais rien ne nous assure que l'ensemble de la collectivité en bénéficiera à plus long terme.

2921 Mesdames et Messieurs les Commissaires, puisque nous appuyons ici un projet radiophonique, celui de Radio Beauséjour, nous avons beaucoup parlé de l'industrie acadienne de l'enregistrement sonore. Il nous importe cependant de souligner encore que nous représentons toutes les formes d'art. Comme association, nous sommes liés à des partenaires de plusieurs sphères d'activités.

2922 Nous sommes à la fois témoins et acteurs du devenir collectif de notre surprenante Acadie. CJSE est un partenaire qui a non seulement fait ses preuves mais qui partage au quotidien nos luttes vers l'épanouissement de notre communauté culturelle.

2923 Nous croyons que le projet de deuxième licence sera un outil de travail supplémentaire pour Radio Beauséjour mais également pour toute la communauté artistique avec qui elle évolue depuis le tout début.

2924 En 1993, nous avons supporté le projet de Radio Beauséjour. Les espérances que nous avions placées en elle ont été accomplies et dépassées. Non seulement diffuse-t-elle les produits de nos musiciens, les connus et ceux de la relève, et leur donne la parole à de nombreuses occasions, mais elle présente, rapporte et soutient les activités de toutes les autres disciplines artistiques. Se faisant, elle s'inscrit comme une corporation qui incite au dépassement.

2925 Merci de votre attention.

2926 LA PRÉSIDENTE: Merci, Madame, et bienvenue. J'aurais quelques questions concernant votre présentation aujourd'hui.

2927 En effet, vous décrivez très bien le passé, le présent, mais moi je veux me pencher un peu sur l'avenir aussi.

2928 Vous êtes là aujourd'hui pour représenter le point de vue des artistes professionnels, si j'ai bien compris.

2929 Mme FARRAH: C'est bien ça.

2930 LA PRÉSIDENTE: Mettant surtout l'accent sur les activités en chansons, de l'industrie sonore, et cetera.

2931 Vous avez donné les exemples de la participation à date de Radio Beauséjour au développement de la communauté acadienne du sud-est et surtout la communauté artistique mais en reflétant sur le nouveau projet de Radio Beauséjour, comment précisément ce nouveau projet va donner davantage de visibilité aux artistes de la région? Pourriez-vous nous donner des exemples précis parce que vous l'avez décrit et si j'ai bien compris non seulement dans votre présentation mais la présentation hier de Radio Beauséjour, vous parlez d'une série d'événements qui sont en existence déjà avec un certain succès que vous soulignez.

2932 Mais qu'est qui amène à dire qu'il y aura encore plus? En quoi le nouveau projet va ajouter à ça? Comment?

2933 Mme FARRAH: L'industrie de l'enregistrement sonore acadien actuellement est en pleine croissance. Nous travaillons avec plusieurs partenaires pour voir à son développement, à la mise de l'infrastructure et le projet de CJSE, la deuxième licence, va permettre de peut-être mettre l'accent un peu plus sur la musique plus actuelle, plus moderne, plus axée vers l'international.

2934 Je crois qu'en ayant un appui et une promotion d'un genre de musique qui est pleine croissance actuellement au niveau de la musique acadienne, ça va nous aider à nous propulser vers un plus grand auditoire, un auditoire qui connaît peut-être moins la musique actuellement et ça va nous permettre de faire des liens avec d'autres promoteurs à l'extérieur de la province parce que nous travaillons aussi avec d'autres partenaires actuellement au niveau international.

2935 Donc c'est comme un appui, c'est comme un peu un outil de développement pour nous pour les artistes qui sont dans un genre de musique où on les entend peut-être un peu moins actuellement.

2936 LA PRÉSIDENTE: Alors pour vous le besoin principal pour les artistes ici c'est vraiment une certaine promotion et une présence à l'extérieur aussi du Nouveau-Brunswick. Alors vous cherchez les moyens de poursuivre ce but-là?

2937 Mme FARRAH: Oui, exactement. C'est une promotion qui est très nécessaire, on l'a vu par le passé avec la collaboration de CJSE et les autres membres des radios de l'ARCANB. Sans les radios communautaires, je ne crois pas que l'industrie de l'enregistrement sonore serait rendue à l'étape où elle est rendue aujourd'hui.

2938 On a relevé ce défi et on est prêts à relever de nouveaux défis et je crois que la deuxième licence va nous permettre d'arriver à un pas plus loin dans notre développement de l'industrie de l'enregistrement sonore.

2939 LA PRÉSIDENTE: Mais ce n'est pas très clair encore pour moi. Précisément, qu'est-ce qui va faire en sorte que vous pourrez aller plus loin avec cette deuxième antenne? Quels sont les projets précisément qui vont vous donner cette promotion et cette diversification des services?

2940 Mme FARRAH: D'accord. Je prends un exemple. Actuellement, on a un événement qui s'appelle la FrancoFête Dieppe-Moncton qui se tient depuis trois ans. La FrancoFête Dieppe-Moncton est rendue à un point où elle a besoin d'être avec de nouveaux partenaires et est en train d'explorer des pistes au niveau international.

2941 En ayant une radio axée sur l'international, comme CJSE se propose de faire, en travaillant comme un partenaire à la table, on va pouvoir travailler à identifier, par exemple, des artistes qui sont prêts à tourner dans la radio de CJSE, la nouvelle licence qui va être possiblement octroyée, et d'amener ces artistes-là aussi à tourner au niveau international.

2942 Donc c'est un travail qui se fait de pair avec la radio qui va être instaurée et qui va aussi nous permettre d'amener certains de ces artistes-là à l'échelle nationale et internationale.

2943 LA PRÉSIDENTE: Il y a aussi une autre thèse qui dit qu'il y a toujours, surtout pour le milieu artistique de tous les métiers, d'avoir plus qu'une porte où aller chercher un support, non seulement pour la promotion mais peut-être pour la production et d'autres aspects.

2944 Vous ne trouveriez pas intéressant d'avoir aussi une autre façon de supporter la vie artistique en province y inclus cet aspect d'aller chercher une certaine promotion à l'extérieur de la province?

2945 En d'autres mots, pourquoi vous n'appuyez pas aussi un effort commercial de mettre à peu près 150 000 $ pendant cinq ans dans les mains des artistes sous un programme de développement de talent canadien?

2946 Mme FARRAH: Bien peut-être pour comprendre un peu le contexte dans lequel on vit actuellement, l'industrie de l'enregistrement sonore acadien n'est pas rendu à un stade où la radio privée peut jouer son rôle de façon efficace, à notre avis.

2947 LA PRÉSIDENTE: Pourquoi? Pourquoi, Madame? Je ne comprends pas.

2948 Mme FARRAH: Parce que nous sommes encore en stade de développement. Nous avons encore besoin des partenaires qui vont consacrer plus que juste de l'argent. On parle de collaborer, on parle de s'asseoir autour d'une table, on parle de travailler vers le développement de plus que juste l'industrie de l'enregistrement sonore. On parle en fait de développer les arts et la culture à l'échelle provinciale et de la propulser au niveau national et international.

2949 Ça nous prend des gens qui s'investissent plus qu'au niveau financier et l'ARCANB, Radio Beauséjour ont prouvé avec leur projet de CJSE que c'était des partenaires sérieux qui voulaient investir pas seulement de l'argent, mais leur temps et leur expertise au développement de cette industrie-là et nous croyons que la radio de la Radio Beauséjour pourra jouer ce même rôle avec un nouveau genre de musique que nous voulons mettre de l'avant dans les prochaines années.

2950 Je ne dis pas que la radio privée n'a pas un rôle à jouer. Elle aura un rôle à jouer mais dans le stade où on est actuellement, je ne crois pas que c'est le partenaire idéal duquel on a besoin.

2951 LA PRÉSIDENTE: Ça sera quand le moment?

2952 Mme FARRAH: Je souhaite que -- et ça c'est ma vision personnelle...

2953 LA PRÉSIDENTE: Du point de vue des artistes.

2954 Mme FARRAH: Du point de vue des artistes, je crois sincèrement que peut-être dans dix ans d'ici on sera prêts à avoir des entreprises privées commerciales parce qu'il y aura une industrie solide, il y aura des infrastructures culturelles solides qui seront mises en place. Il n'y aura pas de question de peut-être mettre en péril les infrastructures, ce qui est le cas actuellement.

2955 LA PRÉSIDENTE: Je comprends, Madame. J'ai juste exploré ce propos de partenariat entre le secteur privé commercial, non-commercial, dans le but que vous avez devant vous, c'est-à-dire de supporter l'avenir des artistes acadiens, et vous dites que c'est toujours en développement et là vous parlez de l'industrie, j'imagine.

2956 Alors je voulais savoir comme industrie aussi, pourquoi vous retenir à cet appui seulement pour une approche au lieu d'aller un peu plus loin. Mais c'est très intéressant.

2957 Merci.

2958 Mme FARRAH: Merci.

2959 LA PRÉSIDENTE: Est-ce que vous avez des questions? Le Conseiller juridique, s'il vous plaît.

2960 M. McCALLUM: Oui, s'il vous plaît. Juste une précision sur quelque chose que vous avez dit à la page 6 de votre présentation ce matin.

2961 Mme FARRAH: Oui.

2962 M. McCALLUM: Au quatrième paragraphe, vous dites:

"Sous la supervision du Comité de Palmarès ce projet s'inscrit dans le respect des stations membres et dans la réalité du milieu musical. S'il va de l'avant, un comité aviseur serait mis en place, et cetera..."

2963 Qu'est-ce qui empêche ce projet d'aller de l'avant actuellement?

2964 Mme FARRAH: Actuellement, nous avons des demandes pour recevoir du financement pour le mettre de l'avant, des demandes de financement.

2965 M. McCALLUM: C'est déposé auprès de qui?

2966 Mme FARRAH: Patrimoine canadien.

2967 M. McCALLUM: Et quelles sont les conditions concernant ça? Quel est le délai dans lequel ils vous donneront une réponse?

2968 Mme FARRAH: On s'imagine qu'on devrait avoir une réponse au cours des prochaines semaines, mais on est très optimistes.

2969 M. McCALLUM: Donc ceci ne dépend pas nullement de si on donne une deuxième licence à CJSE ou pas.

2970 Mme FARRAH: Non. Le projet irait de l'avant.

2971 M. McCALLUM: Il irait de l'avant si vous avez ce financement avec Patrimoine canadien.

2972 Mme FARRAH: Oui.

2973 M. McCALLUM: Et si ce financement est refusé, est-ce que ça irait de l'avant quand même?

2974 Mme FARRAH: On va trouver une autre façon de le mettre en place, oui.

2975 M. McCALLUM: Donc ça va aller de l'avant.

2976 Mme FARRAH: Oui, mais peut-être avec un peu plus de temps à investir et trouver de nouvelles sources de financement. Mais c'est un projet très important pour l'industrie de l'enregistrement sonore.

2977 M. McCALLUM: Merci.

2978 LA PRÉSIDENTE: Merci et merci, Madame Farrah.

2979 Mme FARRAH: Merci.

2980 LA PRÉSIDENTE: Madame la Secrétaire.

2981 Mme MacDONALD:

2982 Merci, Madame la Présidente.

2983 J'inviterais maintenant la Société nationale de l'Acadie de venir présenter leurs interventions envers la demande de Radio Beauséjour.

2984 Je vous rappelle que vous avez dix minutes maximales pour faire votre présentation et si vous voulez bien vous introduire.

2985 Merci.

INTERVENTION / INTERVENTION

2986 M. LaPLANTE: Bonjour. Mon nom est Denis LaPlante et je suis le secrétaire général de la Société nationale de l'Acadie.

2987 Donc, Madame la Présidente et membres du Conseil. La Société nationale de l'Acadie désire remercier tout premièrement le Conseil de la radiodiffusion et des communications canadiennes d'avoir acquiescé à sa demande de comparution à cette audience afin d'appuyer la demande de Radio Beauséjour pour l'obtention d'une nouvelle licence.

2988 je tiens à vous souligner que le mémoire ne sera pas lu dans son intégralité afin justement de respecter le temps qui m'est accordé.

2989 Donc avant d'aborder la question spécifique de l'appui de la Société nationale de l'Acadie pour la demande d'une deuxième licence pour Radio Beauséjour, je voudrais vous entretenir brièvement de la SNA et de son rôle. Cette mise en contexte devrait faciliter la compréhension de notre intervention devant vous aujourd'hui.

2990 L'objectif principal de la Société nationale de l'Acadie est la promotion de l'Acadie et la défense des droits et des intérêts des Acadiens et des Acadiennes des quatre provinces de l'Atlantique. Pour ce faire, elle mène différentes activités au niveau international et interprovincial.

2991 Sur la scène internationale, la SNA entretient des liens privilégiés avec différents pays ou communautés de la Francophonie internationale, notamment avec la France et la Communauté Wallonie-Bruxelles.

2992 Sur le plan interprovincial, la SNA mène des actions de concertation en oeuvrant sur des dossiers d'intérêt commun aux associations provinciales des quatre provinces atlantiques.

2993 La SNA a d'ailleurs mis en place récemment une commission sur les communautés ingénieuses. Ceci démontre, à notre avis, clairement notre intérêt dans le secteur des communications incluant le secteur des technologies des informations et des communications.

2994 Vous comprendrez donc pourquoi nous abordons la question d'une seconde licence pour Radio Beauséjour selon deux optiques. Tout d'abord, nous avons avec Radio Beauséjour une radio qui connaît bien le marché de l'auditoire du sud-est du Nouveau-Brunswick, ses intérêts et ses besoins.

2995 De plus, elle a grandement contribué depuis sa mise en ondes à l'effervescence culturelle et artistique de la région et à l'épanouissement et au développement général de la population acadienne et francophone de cette partie de la province.

2996 En second lieu, vous avez aussi une radio qui apporte une contribution significative à l'extérieur de son aire principale de desserte et ce à différents niveaux.

2997 On pourrait citer en exemple la population acadienne et francophone de l'Ile-du-Prince-Édouard qui peut capter les émissions de CJSE. Les artistes de l'ensemble de l'Acadie qui ont bénéficié de la présence de Radio Beauséjour ou encore de la compréhension et de l'appui qu'a apporté Radio Beauséjour à l'actualisation de la vision de la SNA dans le domaine de la francophonie régionale, nationale et même internationale.

2998 Le dossier des communications est confiée à la Société nationale de l'Acadie par ses associations membres lorsque cette question a une influence sur l'ensemble de la région atlantique et non seulement une province.

2999 Historiquement, la SNA a appuyé la mise en place des radios communautaires dans les régions francophones de la région atlantique sans toutefois demander de comparaître devant le Conseil. Notre appui était basé sur notre constatation qu'il y avait un besoin dans nos régions acadiennes, qui connaissent déjà très bien la formule coopérative pour assurer leur développement, de la présence d'une radio bien ancrée dans le milieu et au service du développement de la communauté. En effet, il est évident que la radio de la Société Radio-Canada ne saurait rencontrer tous les besoins de la population acadienne et francophone de la région.

3000 Pour ce qui est de la radio privée dite commerciale, celle-ci n'a aucune présence dans les provinces de Terre-Neuve et Labrador, la Nouvelle-Écosse et l'Ile-du-Prince-Édouard. Évidemment, on fait allusion aux régions francophones.

3001 La population francophone de ces trois provinces étant réparties dans des régions éloignées les unes des autres et les lois du marché étant ce qu'elles sont, il serait irréaliste d'imaginer la venue d'une radio francophone privée dans ces provinces.

3002 Si nous sommes devant vous aujourd'hui pour appuyer la demande de Radio Beauséjour pour une deuxième licence, c'est parce que nous considérons que certains des enjeux que vous avez à considérer dans cette question dépassent les frontières de la région de desserte de Radio Beauséjour et ont une portée qui peut influer sur le développement de l'ensemble des radios communautaires oeuvrant ou en voie de développement dans l'ensemble des communautés de langue officielle minoritaire en Atlantique.

3003 La SNA considère les communications vitales à la survie et au développement de toutes les communautés, particulièrement celles qui sont minoritaires, souvent petites et éloignées les unes des autres, comme d'ailleurs la majorité des communautés acadiennes en Atlantique.

3004 Il est évident que les communautés acadiennes et francophones de la région sont du même avis car 10 des 18 radios communautaires qui sont membres de l'ARC du Canada sont situées dans cette région. Notons en plus que plus que quatre demandes additionnelles, en plus de celle de Radio Beauséjour qui est devant vous aujourd'hui, sont en voie de préparation.

3005 La décision de la SNA d'appuyer CJSE-II émane de notre constat que Radio Beauséjour a su permettre à la population du sud-est depuis ses débuts de s'exprimer sur les réalités, les défis et les rêves qui les animent en lui donnant la parole. En syntonisant Radio Beauséjour, plusieurs Acadiens et Acadiennes qui avaient développé une habitude d'écoute de la radio de langue anglaise sont maintenant des inconditionnels de la radio en français. La raison en est à la fois simplet et éloquente: les auditeurs se reconnaissent dans leur radio communautaire.

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3006 La SNA est heureuse de la collaboration qui s'est développée avec Radio Beauséjour. On pourrait souligner le partenariat entre Radio Beauséjour et la SNA pour l'acquisition d'une antenne parabolique de RFI, Radio-France International, qui permet une complémentarité à son service de nouvelles et à sa programmation musicale.

3007 Cette antenne servirait d'autant plus avec la venue d'une deuxième licence qui accorderait plus de flexibilité à Radio Beauséjour.

3008 Je voudrais aussi porter à votre attention le partenariat qui s'est développé entre Radio Beauséjour et la SNA pour la couverture d'événements internationaux tels la Place de l'Acadie au Village de la Francophonie et la visite officielle du président de la République française, M. Jacques Chirac, à Memramcook en marge du Sommet.

3009 On peut également souligner la véritable floraison des artistes acadiens qui s'est développée dans la région depuis la venue de Radio Beauséjour en ondes. Notons que plusieurs artistes ont déjà fait connaître leur appréciation à Radio Beauséjour en appuyant cette nouvelle licence et j'invite les membres du Conseil, si ce n'est pas déjà fait, de lire ces témoignages qui sont tout à fait convaincants sur l'apport de la radio communautaire à leur développement professionnel.

3010 Dans ce contexte, je voudrais informer les membres du Conseil que la SNA a convoqué les divers intervenants du milieu artistique de la région atlantique jeudi et vendredi de cette semaine en vue d'initier une stratégie de développement et de promotion des artistes acadiens en Europe, et je tiens à souligner que c'est grâce en grande partie aux radios communautaires si nos artistes acadiens et acadiennes ont atteint un stade de développement qui nous permet maintenant d'envisager cette initiative.

3011 Madame la Présidente, je soulignais tout à l'heure que 10 des 18 membres de l'ARC du Canada présentement en ondes sont des radios communautaires en Atlantique. Quelques chiffres permettent de comprendre l'importance de Radio Beauséjour dans ce réseau. En effet, Radio Beauséjour compte 16 des 100 employés des radios membres de l'ARC du Canada et 135 bénévoles sur un total d'environ 1 000.

3012 Ses revenus, qui dépassent le million de dollars, font que Radio Beauséjour est première à cet égard et par une bonne marge comparativement aux autres membres de l'ARC du Canada.

3013 Pour démontrer l'importance du réseau, il est intéressant de noter que le 4 février 1998, le CRTC accordait une licence réseau à l'ARC du Canada et de cela est né RFA, le Réseau francophone d'Amérique. D'ailleurs, les 18 radios communautaires sans but lucratif rejoignent un peu plus de 400 000 auditeurs.

3014 Il faut donc prendre les mesures nécessaires pour ne pas affaiblir les radios communautaires mieux portantes car celles-ci sont précisément les plus susceptibles de donner la vitalité nécessaire à ce réseau national qui en est encore à ses débuts.

3015 Nous demandons au Conseil de tenir ces propos en considération dans un contexte où plusieurs radios commerciales se disputent une plus grande part du marché publicitaire dans la région du sud-est du Nouveau-Brunswick.

3016 Nous sommes témoins aujourd'hui dans le secteur des communications, comme dans plusieurs autres secteurs d'ailleurs, de fusions et d'achats et le nombre de joueurs indépendants diminue sans cesse.

3017 Nous croyons indispensable que la population acadienne continue d'avoir une mainmise sur des moyens de communication qui sont essentiels à son développement. Par la force des choses, certains parmi ceux-là demeurent difficilement accessibles. Mais alors qu'un réseau de radios communautaires en santé est à la portée de nos moyens, et même en voie de réalisation, nous demandons au Conseil de mettre en place les dispositifs nécessaires pour que ces radios puissent conserver leur place au soleil.

3018 Nous sommes d'avis que la nouvelle politique sur les radios communautaires est un excellent début dans ce sens et nous osons espérer que la deuxième licence pour Radio Beauséjour représentera une étape importante dans le même sens.

3019 En vertu de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles, le gouvernement fédéral s'est engagé à favoriser et à promouvoir l'épanouissement de la minorité anglophone au Québec et de la minorité francophone dans les autres provinces. La performance de Radio Beauséjour depuis sa venue en ondes démontre clairement que l'octroi de la première licence a eu l'effet visé par l'article de la Loi.

3020 Nous sommes également convaincus que l'octroi par le Conseil d'une second licence à Radio Beauséjour permettrait à cette radio communautaire florissante de faire encore plus pour le développement et l'épanouissement de la population acadienne et francophone de la région.

3021 Madame la Présidente et membres du Conseil, nous vous remercions de votre attention et de la considération que vous accorderez à nos propos.

3022 Merci.

3023 LA PRÉSIDENTE: Merci. Je vous passe au Conseiller Cardozo.

3024 COMMISSAIRE CARDOZO: Merci, Madame la Présidente. Merci, Monsieur LaPlante. Merci pour votre présentation.

3025 Premièrement, juste pour ma compréhension en général. Je veux comprendre le mandat de votre organisme et le mandat des autres.

3026 Quelle est la différence entre votre organisme et la SAANB? Est-ce qu'il y a -- je vois que la SAANB est un membre de votre regroupement mais vous vous intéressez à la même chose, les mêmes politiques?

3027 M. LaPLANTE: Non, on est complémentaire. D'abord la SNA est une fédération d'organismes dont d'ailleurs est membre la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick, à laquelle vous avez fait allusion.

3028 Le mandat de la Société nationale de l'Acadie est premièrement la promotion de l'Acadie et la représentation des Acadiens et Acadiennes des quatre provinces de l'Atlantique sur deux plans: le plan interprovincial, donc lorsque des dossiers sont d'intérêt commun aux quatre provinces de l'Atlantique et le deuxième étant le volet international, parce que nous sommes signataires d'ententes de collaboration avec le gouvernement de la France et de la Communauté Wallonie-Bruxelles, entre autres. Tandis que du côté provincial, dans les quatre provinces, la juridiction provinciale émane au Nouveau-Brunswick de la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick qui eux sont un peu, si on veut, les chiens de garde pour tous les francophones acadiens de la province.

3029 Donc les questions provinciales, nous ça ne nous touche pas, c'est juridiction de la SAANB. Mais lorsqu'on parle de juridiction atlantique sur des dossiers d'intérêt commun aux quatre provinces, la SNA entre en jeu.

3030 COMMISSAIRE CARDOZO: D'accord. Vous êtes un organisme mondial un peu. Je regarde, vous avez des membres à Paris aussi.

3031 M. LaPLANTE: Oui. Nous avons des membres affiliés justement aux Iles-de-la-Madeleine et à Paris et puis d'ailleurs on a beaucoup de collaboration avec les Iles Saint-Pierre et Miquelon, quelques-unes avec le Val d'Aoste en Italie, et cetera.

3032 COMMISSAIRE CARDOZO: Avez-vous des liens avec les communautés à la Nouvelle-Orléans?

3033 M. LaPLANTE: Oui, c'est une qui est parmi les plus importantes et d'ailleurs nous étions en force au dernier congrès mondial acadien en Louisiane l'été dernier.

3034 COMMISSAIRE CARDOZO: Pour vous, quelle est -- je vais poser des questions sur cette demande.

3035 Pour vous, quel est l'objectif le plus important, d'avoir plus de services radiophoniques francophones ici à Moncton ou d'avoir la Radio Beauséjour?

3036 M. LaPLANTE: Bien pour nous c'est, comme je l'ai dit tantôt, dans l'optique de la SNA je crois que les radios communautaires appartiennent à la communauté et certainement je crois qu'avec une deuxième licence, lorsqu'on parlait d'une flexibilité, je crois qu'au niveau de l'auditoire Radio Beauséjour réussira à aller chercher encore j'imagine à essayer de servir encore plus sa clientèle.

3037 Donc ça permet finalement un plus grand éventail de services et c'est pour ça que pour nous c'est quelque chose qui revient un peu à la communauté et d'avoir accès à ces services-là.

3038 COMMISSAIRE CORDOZO: D'accord. Deuxièmement, est-ce qu'il y a selon vous une place pour une radio privée en français ici maintenant ou dans le futur?

3039 M. LaPLANTE: Je vais vous dire sincèrement, pour le conseil d'administration de la Société nationale de l'Acadie, nous on s'est penchés strictement sur le côté communautaire parce que c'est un volet que l'on connaît très bien et on sait qu'il fonctionne admirablement bien dans les communautés acadiennes de l'Atlantique.

3040 Donc c'est pour ça que l'intervention a porté vraiment sur l'impact au niveau des radios communautaires comme tel, pour la raison que ça appartient aux communautés.

3041 Donc c'est pour ça qu'on ne se prononce pas nécessairement pas sur les radios dites commerciales. On se prononce sur des choses que l'on connaît et qu'on sait qui fonctionnent très bien.

3042 COMMISSAIRE CORDOZO: Vous ne dites pas qu'il n'y a pas de place pour la radio privée, mais la radio communautaire donne de meilleurs services.

3043 M. LaPLANTE: Oui. Mais peut-être ce qu'il faut dire un peu lorsque je soulignais dans les quatre provinces atlantique il faut dire que dans les provinces autres que le Nouveau-Brunswick, comme je le soulignais, l'établissement de radios privées, finalement, n'est pas nécessairement faisable dans les années à venir pour les raisons que l'on connaît au niveau du marché, et cetera, et c'est pour ça à la SNA qui sont des représentants des quatre provinces atlantiques, pour les gens c'est clair que dans leur vision que les radios communautaires, comme je vous le dis encore, sont les mécanismes par excellence pour arriver au développement de nos différentes communautés.

3044 COMMISSAIRE CORDOZO: Merci beaucoup, Monsieur LaPlante. Ce sont mes questions. Merci, Madame la Présidente.

3045 LA PRÉSIDENTE: Monsieur LaPlante, la Conseillère Noël aura des questions.

3046 CONSEILLÈRE NOËL: Je pense que je vais enchaîner, je vais revenir à votre texte, à la page 6, le dernier paragraphe, et le haut de la page 7, le premier paragraphe.

3047 Je vais vous relire ça:

"Pour ce qui est de la radio privée dite commerciale..."

3048 Et on rejoint ce que vous disiez tout à l'heure, Monsieur Cardozo.

"... celle-ci n'a aucune présence dans les provinces de Terre-Neuve et Labrador, la Nouvelle-Écosse et l'Ile-du-Prince-Édouard, la population francophone de ces trois provinces étant réparties dans des régions éloignées les unes des autres et les lois du marché étant ce qu'elles sont, il serait irréaliste d'imaginer la venue d'une radio francophone privée dans ces provinces".

3049 Ma question, c'est à contrario, étant donné qu'il y a une forte concentration de francophones dans la région de Moncton et du sud-est du Nouveau-Brunswick, est-ce que ça ne serait peut-être pas le moment d'avoir une radio privée commerciale au Nouveau-Brunswick?

3050 M. LaPLANTE: Mais encore une fois je dois revenir au fait qu'étant le porte-parole aujourd'hui de la Société nationale de l'Acadie, de son conseil d'administration, encore une fois je tiens à reconnaître et à admettre que nous nous sommes penchés clairement sur l'impact au niveau communautaire, donc pour les gens. On n'a pas regardé de façon précise une licence envers l'autre mais c'était de façon globale, que pour nous Radio Beauséjour par le biais de la communauté est importante.

3051 CONSEILLÈRE NOËL: Je vous remercie.

3052 LA PRÉSIDENTE: Juste une dernière chose, Monsieur LaPlante, avant qu'on vous laisse partir.

3053 Pour continuer un peu, pour être clairs là-dessus, vous parlez -- et les autres intervenants ont parlé avec beaucoup d'élégance sur le succès de Radio Beauséjour et en effet je pense que c'est la radio communautaire avec le plus grand succès au Canada.

3054 Je n'ai pas toujours saisi pourquoi vous trouvez spécifiquement que c'est important que Radio Beauséjour aille ce deuxième projet.

3055 M. LaPLANTE: Mais pour nous c'est que, comme je le disais, selon nous Radio Beauséjour a toujours été à l'écoute de sa population. Donc c'est clair et puis avec une deuxième station, je crois qu'il faut reconnaître que Radio Beauséjour -- parce que je vis au sud-est également, comme bien des gens et on ne peut pas non plus dire que Radio Beauséjour rejoint 100 pour cent des francophones,évidemment, ou des Acadiens.

3056 Donc avec une deuxième station, c'est l'éventail ou la flexibilité pour aller chercher encore plus de gens au sein de la communauté et c'est tout.

3057 LA PRÉSIDENTE: Et sans cette deuxième antenne est-ce que Radio Beauséjour va continuer d'après vous de remplir le mandat que vous décrivez ici?

3058 M. LaPLANTE: Ils vont continuer de le faire comme ils le font actuellement, oui, mais c'est simplement une valeur ajoutée.

3059 LA PRÉSIDENTE: Merci, Monsieur LaPlante.

3060 M. LaPLANTE: Bienvenue.

3061 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup.

3062 Madame la Secrétaire, s'il vous plaît.

3063 Mme MacDONALD: Merci. J'inviterais maintenant la Distribution Plages Limitée de venir présenter leurs interventions envers la demande de Radio Beauséjour.

3064 On vous rappelle que vous avez dix minutes maximales pour faire votre présentation et si vous voulez bien vous introduire.

3065 Merci.

INTERVENTION / INTERVENTION

3066 Mme THÉRIAULT: Bonjour. Je m'appelle Claude Thériault. Je suis PDG de Distribution Plages Limitée et avec moi c'est Jean-Marc Dufour, président au début de la compagnie.

3067 Merci de nous donner l'opportunité de présenter ce mémoire lors de cette audience. Pour nous, il s'agit d'un geste naturel parce que nous sommes ici pour continuer à défendre ce que nous avons contribué à bâtir avec les autres intervenants de l'industrie musicale acadienne de l'enregistrement sonore depuis les cinq dernières années.

3068 Nous comptons mettre en lumière, si vous le voulez bien, le dynamisme des radios communautaires et en particulier celui de Radio Beauséjour Inc. dans le développement de notre marché domestique.

3069 Enfin, nous voulons vous sensibiliser aux conséquences de l'arrivée d'un radiodiffuseur privé sur la distribution de produits durables d'enregistrements sonores dans le paysage acadien.

3070 Pour nous il s'agit d'un geste naturel parce que nous sommes ici pour continuer à défendre ce que nous avons contribué à bâtir avec les autres intervenants de l'industrie musicale acadienne de l'enregistrement sonore depuis les cinq dernières années.

3071 Distribution Plages est une compagnie entièrement francophone qui a été fondée en novembre 1996. Le coeur de sa raison d'être est de rendre disponible à autant de gens que possible les albums des artistes acadiens.

3072 Notre catalogue compte actuellement 60 artistes et une centaine de produits sonores que nous distribuons dans plus de 200 points de ventes au Canada, surtout en Atlantique et au Québec.

3073 En plus de travailler au développement de notre entreprise, nous oeuvrons à développer et à supporter l'industrie musicale acadienne au Nouveau-Brunswick.

3074 Nous avons ainsi été appelés à participer à différents comités de l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick, de Musique Nouveau-Brunswick, à une rencontre de consultation au développement culturel de Patrimoine canadien et plus récemment au Regroupement national des professionnels de la chanson et de la musique, le RNPCM, sous l'égide de la Fédération culturelle canadienne-française, la FCCF.

3075 Au début des années 90, la production des produits durables a fait l'objet d'un effort de l'AAAPNB par le biais d'un programme important pour la mise en marché des produits sonores. En peu de temps, nous sommes passés de peu ou pas de production annuelle à une quarantaine de produits par année. Le comité du milieu musical s'est penché sur la production et la distribution des produits durables.

3076 Ceci a amené à une alliance avec le distributeur anglophone Atlantica. Dirigée par des intérêts anglophones de l'Atlantique et par un comité aviseur issue du milieu musical acadien, plus d'un quart de million de dollars a été investi à la création d'un circuit de distribution.

3077 Lorsque la compagnie déclara faillite en 1997, certains artistes acadiens qui faisaient partie de ce catalogue ont perdu des sommes considérables d'argent. Distribution Plages, déjà bien rodée, a su relever avec brio le défi de regrouper la majorité des artistes sous un même toit.

3078 Pour avoir des produits sonores durables à distribuer, toujours faut-il y avoir des produits. Le développement de base de l'industrie s'est fait à partir de chaudes luttes menées par des organismes et des individus. Les forces vives acadiennes au niveau des artistes, des fonctionnaires, des femmes et des hommes d'affaires se sont concertées pour mener à bon port ces différents projets de développement touchant principalement le développement des studios d'enregistrement, la production, la promotion et la distribution.

3079 En quelques années seulement, nous sommes passés d'un territoire dénudé sur le plan de l'infrastructure à un espace de création, de production, de promotion et de distribution de produits durables.

3080 Ceci s'est fait sans aide monétaire significative. L'engouement de la population pour la chanson acadienne est indéniable. Cet intérêt du public est dû au travail inlassable de nos artistes, producteurs et des radios communautaires. Nous tenons à souligner que les radios communautaires ont à coeur la réussite de nos artistes.

3081 Jean-Marc.

3082 M. DUFOUR: Mesdames et Messieurs les Commissaires, vous n'êtes pas sans savoir que, comme dans plusieurs autres secteurs, la promotion est centrale au succès de nos entreprises. Radio Beauséjour a toujours supporté les artistes acadiens. D'ailleurs, la section de la discothèque de CJSE est l'une des plus fournies en produits acadiens.

3083 Avec des formules de programmation adaptées, Radio Beauséjour réussit à remplir 50 pour cent de son contenu total francophone en produits acadiens.

3084 Sur le plan palmarès, CJSE prépare et diffuse le seul palmarès acadien au Canada. Ce palmarès est imprimé dans l'accent acadien, le cahier télé-horaire de notre journal quotidien, l'Acadie Nouvelle. Et que dire de l'initiative d'un comité de Radio Beauséjour de mettre sur pied le Gala FM en Acadie qui célèbre le dynamisme de notre musique.

3085 Ce dossier, maintenant dans les mains de l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick ne cesse d'augmenter en popularité auprès du public et, bien sûr, auprès de tous les intervenants de l'industrie musicale. Mais ce n'est pas tout. La formule de palmarès de CJSE pourrait être reprise à l'échelle provinciale et même à partir du Réseau francophone d'Amérique.

3086 Rappelons que CJSE travaille actuellement à un décompte acadien et à un décompte francophone au niveau provincial pour les radios membres de l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick. Ces décomptes sont conçus de façon à favoriser l'émergence de nouveaux talents tout en stimulant la carrière des artistes à tous les niveaux. Distribution Plages a été invitée à siéger sur un comité aviseur qui verra au bon déroulement du projet. Dans sa conception, le projet palmarès est lié au Gala FM en Acadie.

3087 Entre-temps, nous pouvons compter sur les services de Radio Beauséjour pour des activités promotionnelles comme des lancements d'albums ou encore sa participation remarqué à des événements qui regroupent non seulement le public mais aussi l'industrie musicale.

3088 Nous parlons ici de la FrancoFête Dieppe-Moncton, des ECMA, pour ne parler que d'événements à forte teneur musicale. Si l'on ajoute les entrevues, les bulletins communautaires et tous les autres services offerts gratuitement et avec le plus grand professionnalisme, Radio Beauséjour a été, et demeure, un exemple à suivre pour la radiophonie acadienne et canadienne, à cause de son impact communautaire.

3089 Au niveau des ventes des produits durables sonores, nous sommes bien conscients que les auditoires diffèrent selon les styles musicaux. Jusqu'à présent, Radio Beauséjour a travaillé avec la formule de la tolérance entre les adhérents des différents styles musicaux.

3090 L'effet a été positif étant donné que la radio francophone en était à ses débuts dans cette région. Nous croyons que le temps est maintenant venu pour cet organisme de diversifier son marché En assurant plus de pénétration dans différentes catégories, Radio Beauséjour pourra mieux cibler son auditoire. Il nous sera alors plus facile de promouvoir spécifiquement les produits des différentes catégories de musique que nous distribuons.

3091 Il ne fait aucun doute que Radio Beauséjour Inc. a accompli un travail de pionnier dans le rôle concret des radios acadiennes par rapport à l'ensemble de notre industrie musicale. En même temps, sa fiche de route au niveau du développement de sa propre antenne est remarquable.

3092 Son efficacité à travailler en équipe fait de Radio Beauséjour un outil et un exemple qu'il faut encourager et promouvoir. Radio Beauséjour a fait ses preuves et mérité un respect qui lui vaut aujourd'hui des cotes d'écoutes jamais vues pour une station radiophonique francophone dans le sud-est de la province.

3093 C'est dans un esprit de continuité et de professionnalisme que Radio Beauséjour a su s'insérer dans le quotidien de toute une communauté. C'est avec ce même esprit que nous vous demandons respectueusement, Mesdames et Messieurs les Commissaires, de considérer les arguments de la majorité des intervenants de l'industrie musicale acadienne, en accordant à Radio Beauséjour une deuxième fréquence pour sa radio communautaire.

3094 Merci beaucoup de votre attention.

3095 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup.

3096 Conseillère Noël, s'il vous plaît.

3097 CONSEILLÈRE NOËL: Dans votre intervention écrite, vous parlez, Madame Thériault, de la participation de CJSE au développement de la communauté acadienne du sud-est du Nouveau-Brunswick.

3098 Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples précis de cette participation-là?

3099 Mme THÉRIAULT: Pour ce qui est de Distribution Plages c'est surtout au niveau du Palmarès et du Gala. Le Gala c'est un événement pour nous comme l'ADISQ au Québec. Vous célébrez vos artistes. Avant nous on n'avait rien. Maintenant avec ce Gala c'est la fête. On se réunit tous les ans, on récompense les artistes. Si ce n'était pas d'eux, on n'aurait pas ça aujourd'hui.

3100 CONSEILLÈRE NOËL: Pouvez-vous nous dire comment, d'après-vous, le projet de Radio Beauséjour, de Radio Soleil pourrait accroître la visibilité des artistes de la région?

3101 Mme THÉRIAULT: A ma connaissance, c'est ce qu'ils font tous les jours. Moi je viens de Caraquet. Si moi je viens à Moncton et j'écoute CJSE, je vais entendre des artistes acadiens continuellement.

3102 Peut-être, Jean-Marc, que tu avais quelque chose aussi là-dessus.

3103 M. DUFOUR: Au niveau de la promotion des artistes ou des albums des artistes acadiens, les faits sont là. C'est indéniable que les radios communautaires c'est le fer de lance de la promotion de nos artistes. La plupart de nos artistes sont maintenant rendus au point où on va produire des albums de qualité professionnelle. Il y a un potentiel non seulement local mais national.

3104 Les radios communautaires, et c'est un fait, font tourner nos artistes ce qui n'arrive pas au niveau des radios privées commerciales, pas par un manque de volonté, mais c'est un fait que les radios commerciales vont chercher les chansons qui font partie du Top 50 et c'est un fait et c'est comme ça.

3105 Donc nos artistes ne sont pas nécessairement -- l'industrie n'est pas rendue au point où on va réussir à placer plusieurs de nos artistes au niveau du Top 50, peut-être à l'exception de Rock Voisine. Nos artistes ont plutôt un style musical qui va se rapprocher du "country" et du traditionnel. Donc c'est très difficile d'arriver au niveau d'une radio commerciale et de monter dans le palmarès pour intéresser les radios privées commerciales.

3106 Donc les radios communautaires sont presqu'exclusivement les seules radios qui font tourner nos artistes sur une base régulière. Donc en ce qui nous concerne les radios communautaires sont un très bon outil de développement pour nos artistes.

3107 CONSEILLÈRE NOËL: Mais à l'heure actuelle, il n'y a pas de radios privées commerciales francophones, alors c'est difficile pour une radio privée francophone de faire tourner qui que ce soit si elle n'est pas là.

3108 M. DUFOUR: Il n'y en a pas ici, mais il y en a ailleurs et toutes les radios -- juste un exemple depuis la dernière année où un de nos artistes que nous distribuons a fait un effort de promotion remarquable au Québec et là je parle d'un investissement de plusieurs milliers de dollars. Cet artiste qui a un très grand potentiel au Québec tourne presqu'exclusivement sur les radios communautaires. Les radios commerciales, et de l'aveu de plusieurs directeurs musicaux, disent, "Si tu n'arrives pas dans le top 50, tu ne joues pas sur notre poste de radio".

3109 Donc le même phénomène qu'on voit au Québec existe ici au Nouveau-Brunswick. Les autres commerciales et au Nouveau-Brunswick on le même aspect, vont agir de la même façon que les radios conventionnelles au Québec et les radios communautaires au Québec agissent de la même façon que les radios communautaires en Acadie, c'est-à-dire faire tourner la majorité des artistes, ce que la population veut. On n'a pas besoin d'avoir un certain créneau musical "pop rock" pour être joué, que ce soit à consonance "country", folklorique ou autre, on va le faire jouer sur les radios communautaires et non sur les radios commerciales.

3110 CONSEILLÈRE NOËL: Mais le projet de Radio Beauséjour pour sa deuxième antenne, c'est justement d'avoir un son plus ciblé, plus concentré sur le public urbain.

3111 Est-ce que ça ne contredit pas un petit peu ce que vous nous dites? Ils vont vouloir eux aussi à ce moment-là aller chercher des sons qui plaisent plus.

3112 Mme THÉRIAULT: C'est qu'à ce moment-là ça va permettre à des artistes -- pour nommer, je ne sais pas, si je peux nommer des artistes; ce n'est peut-être pas une bonne chose à faire. Mais mettons des artistes qui font plus du "world beat" auront plus de temps d'antenne à cette station-là puis les "country" joueront plus à la première station.

3113 CONSEILLÈRE NOËL: Et vous pensez que si on accordait une licence à une radio privée francophone plutôt qu'une deuxième licence à Radio Beauséjour ce phénomène-là ne se produirait pas.

3114 Mme THÉRIAULT: Honnêtement, non.

3115 CONSEILLÈRE NOËL: Maintenant, sur une perspective peut-être un peu plus large, pouvez-nous expliquer comment une deuxième antenne communautaire qui serait finalement gérée par le même groupe que celle qui opère la première sur Radio Beauséjour pourrait servir à diversifier les services aux francophones?

3116 M. DUFOUR: C'est certain qu'au niveau d'une radio communautaire, je pense que l'esprit communautaire demeurerait sur une deuxième radio comme sur la première. C'est indéniable que séparer les styles musicaux en ayant une radio plus "country", folklorique et une autre avec une style plus "pop" aurait un gros avantage. C'est certain qu'une deuxième radio communautaire avec un style plus "pop" va faire jouer de la musique même si ce n'est pas une musique qui va peut-être atteindre les Top 50 ou les Top 100 du palmarès.

3117 Il y aussi différents services qui sont donnés à une radio communautaire qu'on ne peut pas retrouver dans les radios commerciales, lorsqu'on parle au niveau du lancement de disques, au niveau des entrevues, au niveau de l'antenne qu'on accorde aux artistes locaux, on risque d'être mieux servis sur une radio communautaire même avec un style musical différent que sur une radio privée commerciale.

3118 Ceci dit, nous ne sommes pas contre la venue d'une radio francophone dans le sud-est même si elle est commerciale. Ce que nous disons, et ce que les faits nous démontrent, c'est qu'une radio commerciale favorise le développement des artistes à un plus haut point de vue qu'un radio privée.

3119 Juste un exemple que je peux vous donner un niveau des redevances que les artistes reçoivent de la SOCAN qui sont les droits d'exécution à la radio et si on prend, peut-être, un de nos artistes qui tournent le plus au niveau des radios peut-être au Canada, que nous distribuons, plus de 90 pour cent des redevances proviennent des radios non-commerciales, c'est-à-dire les radios communautaires.

3120 Le 10 pour cent de la balance provient de l'ensemble des radios AM de Radio-Canada et des radios privées commerciales. Donc les faits sont là. Pour le développement de nos artistes, les radios communautaires font un très bon travail et c'est ce que vous voulons dire essentiellement.

3121 CONSEILLÈRE NOËL: Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres questions.

3122 LA PRÉSIDENTE: Je vous remercie. Merci, c'est tout.

3123 Mme THÉRIAULT: Bonne journée de la femme.

3124 LA PRÉSIDENTE: Merci.

3125 Je pense qu'on peut prendre notre break de déjeuner.

3126 Mme MacDONALD: Merci, Madame la Présidente. Nous allons maintenant prendre l'heure du dîner. Il est maintenant 12 h 10. On retournera vers midi 30 -- 13 h 30.

3127 LA PRÉSIDENTE: Est-ce que c'est bien compris?

3128 I thought so.

3129 Nous reprenons à midi et demi?

3130 Mme MacDONALD: Une heure et demie.

3131 LA PRÉSIDENTE: Bon recommençons.

--- Rires / Laughter

3132 C'est clair qu'on a besoin de manger.

--- Luncheon Recess at 1210 / Déjeuner à 1210

--- Upon resuming at 1330 / Reprise à 1330

3133 Mme MacDONALD: Bon après-midi tout le monde.

3134 Nous allons maintenant continuer avec les présentations des intervenants. On demandera à M. Herménégilde Chiasson de présenter son intervention envers la demande de Radio Beauséjour.

3135 Alors dix minutes maximales vous seront accordées.

3136 Merci.

INTERVENTION / INTERVENTION

3137 M. CHIASSON: Merci.

3138 Alors mon nom c'est Herménégilde Chiasson et je suis artiste multidisciplinaire. Je comparais devant vous à titre de président du Centre culturel Aberdeen à titre personnel et comme observateur de la scène médiatique.

3139 Radiophoniquement parlant, les francophones de la région de Moncton ont accompli énormément de choses depuis l'époque lointaine où Radio-Canada est arrivée sur les lieux dans les années 60.

3140 Implorée par un groupe de citoyens concernés, la nouvelle radio CBAF pour Acadie française, allait devenir l'une des stations les plus importantes du réseau de Radio-Canada. La radio était alors écoutée par une élite qui comprenait les enjeux de la francophonie canadienne et la pertinence culturelle élevée de sa programmation.

3141 Toutefois, ces émissions provenaient de Montréal et nous nous sentions plus ou moins préoccupés par un discours qui émanait du centre et non de la périphérie où nous étions.

3142 Puis au début des années 70, on a commencé ce qu'on appelait alors une programmation régionale. Entre-temps, il y avait eu Louis J. Robichaud, premier Premier ministre acadien du Nouveau-Brunswick et réformateur hors-pair qui allait donner aux Acadiens des outils indispensables et une confiance accrue pour se forger une nouvelle identité, une identité moderne dont la radio allait devenir l'un des chaînons importants. Comme résultat de ces réformes l'Université de Moncton allait devenir le lieu d'où émanerait cette nouvelle identité grâce aux penseurs et la quantité de diplômés qu'elle allait produire.

3143 Le projet de radio qui nous concerne aujourd'hui est le fait de cette génération de penseurs, d'intellectuels et d'entrepreneurs qui veulent donner à l'Acadie ce nouveau visage, un visage tourné vers l'avenir et non vers le passé dont on nous a tant parlé et dont on voudrait nous faire croire qu'il constitue notre avenir.

3144 J'ai commencé à travailler à la radio de Radio-Canada en 1972, comme recherchiste d'abord et plus tard comme réalisateur, une activité que j'ai poursuivie jusqu'à mon départ pour la télévision en 1985.

3145 Je me souviens qu'à l'époque il était très difficile de faire venir les gens au micro. Leur gêne provenait non pas du fait qu'ils n'avaient rien à dire mais du fait qu'ils se sentaient handicapés par une langue dont on leur avait dit qu'ils ne la maîtrisaient pas, qu'ils parlaient mal et dans la logique des choses ceux qui parlent bien parleront, et ceux qui parlent mal se tairont.

3146 Je ne blâme pas Radio-Canada. Il faut simplement reconnaître que le haut niveau de performance de discours qu'on y tient a souvent pour effet d'intimider le commun des mortels.

3147 L'auditoire auquel nous nous adressions se sentait peu concerné par la programmation et les cotes d'écoute, quand elles arrivaient, semaient un découragement que nous arrivions mal à contenir.

3148 Ceci est un moyen détourné pour vous dire qu'à toute fin pratique nous avions, comme on dit à Moncton, "giver up" sur la possibilité de rallier cet auditoire qui s'en allait prendre son information et son divertissement à la radio anglophone.

3149 L'assimilation battait son plein et nous avions l'impression de faire partie d'une élite intellectuelle qui s'adressait à une élite d'auditrices et d'auditeurs souvent gagnés à l'avance par leur engagement indéfectible à la francophonie ou du moins à l'Acadie française.

3150 Puis vint l'aventure de CHLR, la seule et unique radio privée francophone à voir le jour dans la région de Moncton. On avait cru, en raison du succès de CJVA dans la Péninsule acadienne, que la même chose pouvait se produire dans le sud de la province mais, comme vous le savez, chaque auditoire est différent et ce qui marche pour l'un peut laisser l'autre tout à fait indifférent.

3151 Ce fut le cas de cette première aventure d'une radio "commerciale" qui après plusieurs tentatives pour assurer sa viabilité dut fermer ses portes laissant la région aux prises avec un vide radiophonique qui laissait entrevoir les pires scénarios quant à l'avenir des ondes francophones dans cette région de l'Acadie. Moncton qui est considérée comme le lieu où sont rassemblées les forces vives de la francophonie acadienne faisait montre d'un échec quant à la possibilité de se donner une voix distincte qui pourrait rallier sa population et surtout assurer la viabilité d'une radio qui en serait l'expression.

3152 C'est alors qu'apparut Radio Beauséjour. Tout au moins le concept de faire une radio par des gens qui s'adresserait à cet auditoire non pas dans le but condescendant de les sauver de l'enfer de l'assimilation mais dans le but de pouvoir établir des liens de communication pour permettre à des gens de se parler.

3153 On a souvent cru que la crainte du châtiment engendrait la vertu mais on a peu misé sur le fait que le plaisir génère une énergie qui nous permet de progresser. La stratégie de Radio Beauséjour a donc consisté à donner aux gens le plaisir de se parler et d'être entendus, d'établir une communication pour briser le mutisme que l'on acceptait alors comme un trait de caractère ou un état de fait culturel de l'Acadie du sud-est.

3154 On a souvent au cours de l'histoire fait état du silence des Acadiens, de leurs craintes collectives, de leur répugnance au changement et de leur démotivation à travailler ensemble vers un but commun. Radio Beauséjour a prouvé que cette situation, loin d'être un fait historique ou un état psychologique, devait son existence à l'attitude d'une élite pour qui le bien parler fait figure de salut.

3155 Or, nous savons tous, et à la radio plus spécialement, que l'intérêt provient du plaisir que l'on a de parler, de communiquer, d'être entendus et de faire en sorte que le contenu passe avant la forme.

3156 Nous avons tous des choses à dire et nous avons tous nos manières plus ou moins sophistiquées, plus ou moins élégantes, de les dire, mais l'important c'est de les dire. Voilà, selon moi, les raisons profondes du succès de Radio Beauséjour. J'ai toujours dit que le temps viendra où notre discours deviendra plus sophistiqué. Jusqu'à maintenant il était trop urgent. Peut-être n'avions nous pas non plus le temps suffisant ni les ressources nécessaires pour nous attarder à la forme.

3157 Mais je crois aujourd'hui qu'il est temps de passer à cette dimension plus sophistiquée de notre discours. Présentement, la région de Moncton bénéficie d'une croissance et d'une réputation largement dues aux entrepreneurs et aux artistes formés à l'Université de Moncton et qui ont choisi de faire leur vie en Acadie.

3158 Évidemment, cette démarche a besoin d'un support médiatique important considérant que notre seule issue à ce niveau nous est présentement fournie par Radio-Canada. Or, nous savons que cet organisme a un mandat national très large et l'addition d'une programmation régionale dans les années 70 s'est vue depuis considérablement réduite au cours des récentes années suite aux nombreuses coupures dont la Société a fait l'objet.

3159 De plus, la promesse, au moment de ces coupures, d'accorder à l'Acadie une plus grande place au réseau ne s'est pas matérialisée et nous sommes restés avec un vide que Radio Beauséjour a comblé tant bien que mal.

3160 Le projet qui vous est proposé ici est donc de la plus haute importance pour donner à l'Acadie ce nouveau profile mais pour que cette image soit authentique il est important que nous en ayons le contrôle.

3161 Durant longtemps, nous avons eu une Acadie médiatique "made in Quebec". Il serait peut-être temps que nous en ayons une qui soit fabriquée ici mais par ceux qui en constituent les nouvelles forces vives.

3162 Ayant travaillé avec plusieurs, et ce depuis 30 ans, à fabriquer cette nouvelle Acadie, je crois à l'heure actuelle qu'il est temps de lui donner les moyens pour se préciser. Les arts et la culture, puisqu'il s'agit là du domaine qui me touche de plus près, ne peuvent exister de nos jours sans un support médiatique car nous savons qu'une oeuvre d'art ce n'est qu'un tout petit signal qui, s'il n'est pas amplifié par les médias, risque de s'étendre sans avoir rejoint le public qu'il voulait rejoindre.

3163 A ce sujet, je dois souligner l'extrême générosité de Radio Beauséjour qui s'est toujours fait le reflet de la région et ce sans discrimination aucune tenant compte de la situation et du public auquel elle s'adresse. Je n'ai pas de difficulté à croire que ce soutien sera aussi le fait de la nouvelle entreprise, celle pour laquelle ils vous demandent de leur accorder une licence de diffusion.

3164 J'ai donc pleinement confiance dans ce projet. J'y crois parce qu'il émane d'un groupe qui a fait ses preuves et dont l'engageant envers la communauté ne fait aucun doute. J'y crois aussi parce que notre génération s'est enfin décidée à ne plus se confondre en revendications de toutes sortes mais a décidé de passer à l'action se donnant ses propres moyens et sa propre vision.

3165 J'y crois enfin parce que je sais que pour les francophones de Moncton il est important d'avoir cette radio qui comblerait un manque, une radio dont ils sauront, j'en suis certain, se montrer solidaires et enthousiastes.

3166 Le temps d'une Acadie silencieuse et en voie de devenir un mythe du passé. Il serait encourageant de crois que c'est par les ondes médiatiques que ce mythe, que ce silence, sera définitivement brisé.

3167 Il est bien évident que ceux qui ont fait un succès de Radio Beauséjour sont les seuls, à mon avis, qui pourront se permettre de rallier la communauté et d'en articuler les propos à ce niveau-là. Cette expertise est inestimable. Elle est habitée d'une conscience, d'une âme et d'un désir de donner une véritable voix à l'Acadie, une voix pour et par les Acadiens.

3168 Une radio c'est souvent une entreprise commerciale mais dans les meilleurs cas -- et l'on voudrait qu'il en soit toujours ainsi -- c'est aussi une entreprise de communication.

3169 C'est à ce niveau qu'il serait réconfortant d'entendre ici une radio habitée et utile à la communauté et non pas le fait de quelques-uns pour qui le profit passe avant la conscience.

3170 Je ne peux donc faire autrement, en considérant le succès de Radio Beauséjour, que d'accorder à ce groupe mon entière collaboration et l'assurance de mon soutien indéfectible.

3171 Je vous remercie.

3172 LA PRÉSIDENTE: Merci, Monsieur Chiasson, et bienvenue.

3173 C'est moi qui aurai le plaisir de vous lancer quelques questions et clarifications.

3174 Je vois ici et dans l'intervention écrite que vous nous avez passé une description éloquente et passionnée pour le travail de Radio Beauséjour, non seulement pour les aspects de radio mais les aspects de communauté et l'aspect culturel que vous apportez. C'est un support éloquent pour que Radio Beauséjour continue, si j'ai bien compris.

3175 Mais ce que je n'ai pas très bien saisi encore c'est pourquoi vous pensez que ce nouveau projet, une deuxième station, devrait être en place ici, parce que tout ce que je vois ici c'est vraiment un support qui peut faire en sorte que Radio Beauséjour, comme elle est aujourd'hui, continue et je comprends très bien les raisons.

3176 Vous dites, "une dimension plus sophistiquée". Alors, pouvez-vous élaborer un peu sur pourquoi vous pensez que Radio Beauséjour ne devrait pas continuer, n'est pas important -- mais pourquoi précisément il devrait y avoir une deuxième licence?

3177 M. CHIASSON: C'est-à-dire que peut-être je me suis fait mal fait comprendre, mais je crois que Radio Beauséjour doit continuer effectivement parce qu'elle rejoint une base qui est vraiment importante, mais je crois qu'on doit aussi avoir accès à une radio un peu plus sophistiquée. Je crois que le succès de Radio Beauséjour s'est fait par le fait qu'il a rejoint ce public-là qui était à toutes fins pratiques perdu pour nous et à l'heure actuelle je crois qu'il faut procéder peut-être de manière un peu plus organique que de dire on va mettre la barre très haute et on va demander aux gens de sauter. Je pense que là la barre est là, on peut la monter un peu plus haut, on peut la monter plus haut jusqu'à ce qu'on arrive à rejoindre un peu ce que moi j'appelle une radio plus sophistiquée dont le modèle serait peut-être Radio-Canada.

3178 Ça me fait un peu penser à l'exemple du Canal 10. A un temps on disait, "Oh, le Canal 10 c'est vraiment la radio du peuple", et finalement à l'heure actuelle le réseau -- enfin pas le Canal 10, mais le réseau de TVA est à peu près à égalité avec les productions qu'on peut voir à Radio-Canada et s'échangent les vedettes et tout.

3179 Donc, finalement, moi je vois ça comme un développement organique de la communauté. Je crois qu'à l'heure actuelle on a rejoint un public, maintenant on peut amener ce public-là un peu plus loin.

3180 LA PRÉSIDENTE: On ne peut pas faire ça à l'intérieur de la licence que Radio Beauséjour a en ce moment?

3181 M. CHIASSON: Non. Moi je crois qu'il serait intéressant que ce soit une fréquence séparée pour justement arriver à départager un peu les différents auditoires ou les différents degrés, si on peut dire, dans cet auditoire-là.

3182 LA PRÉSIDENTE: Quel sera -- alors une autre façon de demander, peut-être, la même question. Quel sera le nouveau contenu?

3183 M. CHIASSON: Pardon?

3184 LA PRÉSIDENTE: Le nouveau contenu du nouveau projet. Quelle sera la diversité et la complémentarité que ce nouveau projet va apporter? En d'autres mots, est-ce qu'il y a un nouvel auditoire, est-ce qu'il y a un nouveau contenu, est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas là en ce moment avec ce deuxième projet?

3185 M. CHIASSON: Non, je ne crois pas. Je crois que c'est une question de croissance de l'auditoire. Je crois que l'auditoire à l'heure actuelle est arrivé à un certain niveau et je pense qu'on peut l'emmener plus loin, mais je pense à ce moment-là qu'il faudrait qu'il y ait une espèce de concentration sur un auditoire en particulier.

3186 A l'heure actuelle Radio Beauséjour, je pense, doit répondre à plusieurs auditoires et j'ai l'impression que ça dilue un peu peut-être le focus qu'on pourrait donner à la nouvelle station.

3187 LA PRÉSIDENTE: Si j'ai bien compris, la présentation, ce nouveau focus prend une division entre les auditoires urbains, les auditoires ruraux et aussi une certaine division de musique "pop" et de musique "country".

3188 Est-ce que, quand je parle comme ça, je parle d'une radio qui remplit toutes les contributions de communication dont vous parlez ici. Si je parle en ces termes-là, ça me semble être des termes qu'on puisse appliquer à la radio commerciale.

3189 M. CHIASSON: Non, pas nécessairement. Je crois qu'il va y avoir un contenu culturel qui va être un peu plus développé. Je pense qu'à l'heure actuelle ce que Radio Beauséjour fait c'est plus sous forme de capsule. Il n'y a pas véritablement d'émissions culturelles comme tel où on peut approfondir des sujets ou s'attarder à des événements. Je pense que la deuxième station serait probablement plus habilitée à faire ça et aussi à cause du public qu'elle va vouloir rejoindre, qui est un public urbain, donc qui est plus habitué à une fréquence un peu plus moderne, un peu plus contemporaine.

3190 LA PRÉSIDENTE: Alors une autre façon de demander la question si on pousse un peu plus loin. Vous avez comme vous dites, et j'en suis au courant, une expérience longue dans ce secteur d'art, culture et surtout au sein de l'Acadie. Mais vous semblez être d'avis que seule une radio communautaire peut réussir à respecter les besoins de la communauté francophone du sud-est du Nouveau-Brunswick.

3191 Pourquoi êtes-vous de cet avis?

3192 M. CHIASSON: Je crois que c'est une espèce de fondue enchaînée qu'on s'apprête à faire entre la radio qui existe déjà, qui est la Radio Beauséjour qui a un mandat très, très global et très large, à un mandat un peu plus ciblé au niveau de l'auditoire et dans ce sens-là je crois que c'est probablement à ce niveau-là que la principale contribution pourrait se faire.

3193 Maintenant, comment ça va se faire, ça reste encore à déterminer.

3194 LA PRÉSIDENTE: Mais qu'est-ce qui empêcherait une radio privée, comme le projet de M. Losier, de respecter les besoins de la communauté acadienne?

3195 M. CHIASSON: Bien si je me fie à la radio privée, c'est très rare qu'on va voir des émissions culturelles, c'est très rare qu'on va voir des gens qui vont couvrir quelque chose qui est quand même assez ciblé au niveau de cet auditoire-là.

3196 Deuxième argument, il y a déjà eu une radio privée à Moncton et ce fut un échec. Alors j'ai l'impression que la radio privée fonctionne d'après une espèce de formule et cette formule-là est elle pas mal semblable un peu partout et elle est axée sur une rentabilité qu'une radio, comme Radio Beauséjour, par exemple, qui est très sensible à la communauté -- et la preuve en est ce matin les organismes qui ont présenté des mémoires en appui. Alors j'ai l'impression que probablement c'est à ce niveau-là.

3197 Je ne dis pas qu'éventuellement il ne devrait pas y avoir un radio privée. Je cris qu'éventuellement ça va se faire. Je pense que c'est une étape qui va arriver. Mais, comme je le disais tantôt, ce sont des étapes et à l'heure actuelle je n'ai pas l'impression qu'on est arrivés à cette étape-là.

3198 LA PRÉSIDENTE: Justement on a passé sur ce point-là avec Mme Farrah tantôt.

3199 Est-ce que vous avez examiné le dossier de M. Losier en détail?

3200 M. CHIASSON: Pas véritablement, non, je dois avouer.

3201 LA PRÉSIDENTE: Parce que je voulais vous demander comment les contributions envers le talent canadien ne remplissent pas un mandat disons culturel. Au moins si vous dites que ce n'est pas le besoin de la communauté, on peut se parler peut-être des artistes de cette communauté, des artistes de toutes sortes de métiers.

3202 Comment vous trouvez que ce n'est pas un atout d'avoir une entreprise privée qui est prête à mettre dans les mains des artistes de l'argent pour continuer leur carrière et leur métier?

3203 M. CHIASSON: Je crois que je reviendrais peut-être aux arguments que Jean-Claude Dufour fournissait ce matin, c'est-à-dire que la radio privée c'est 50 disques qui forment le Top 50 et souvent on puise là-dedans parce qu'on sait que ça va plaire à un auditoire qui est un "mid-range", tandis que, évidement, je crois que les artistes acadiens ne sont peut-être pas arrivés à produire des produits aussi bien finis, aussi élégants et qui coûtent aussi cher, évidement, et c'est une question de moyens, c'est une question, je crois de développement, mais il y a eu un développement énorme qui s'est fait au cours des dix dernières années.

1352

3204 Alors je me dis qu'une communauté c'est quelque chose qui grandit de manière organique. Je veux dire que c'est sûr que si à un moment donné on dit, "Il faut une radio privée qui va ressembler à une radio privée qu'on va avoir à Montréal ou un peu partout", à ce moment-là nous on va être perdants là-dedans parce qu'on n'arrivera pas à produire des événements, à produire des produits au niveau des disques, par exemple, qui vont arriver à compétitionner avec le Top 50.

3205 LA PRÉSIDENTE: Je pense que c'est une discussion importante parce que si on parle d'une façon générale en disant qu'une radio privée ne va jamais supporter l'art et la culture dans ce pays on serait un peu en difficulté.

3206 M. CHIASSON: Je l'ai rarement vu.

3207 LA PRÉSIDENTE: Et je pense que c'est important d'appliquer notre réflexion sur un propos précis et dans ce sens-là on parle de radio, on parle d'un point très important qu'on a soulevé tantôt avec Distribution Plages. Ça veut dire qu'à un moment donné, oui, c'est une réalité qu'il y ait un support pour les artistes dans le système communautaire francophone, mais à un moment donné pour les artistes il faut briser cette barrière et si ce n'est pas une entreprise francophone qui va faire en sorte que les artistes francophones soient présents non seulement dans un certain milieu mais un autre milieu, même le Top 40, quand est-ce que ça va commencer?

3208 M. CHIASSON: Bien je vais vous donner un exemple à partir d'un autre organisme. Ça ne prendra pas longtemps.

3209 J'ai été au conseil d'administration du Conseil des arts du Canada. Il y avait à l'époque un programme qui s'appelait le Programme exploration et c'était jugé par un jury multidisciplinaire par province ou par région et on faisait très bien là-dedans parce qu'on avait l'impression qu'on se retrouvait avec des artistes de notre calibre, de notre dimension et que ça pouvait fonctionner.

3210 A l'heure actuelle ils ont dit, "Non, non. On va effacer ce programme-là, on va mettre tout le monde dans le même paquet et vous allez compétitionner avec des artistes qui sont à Montréal et Toronto" et je peux vous dire que les bourses du Conseil des arts dans les provinces maritimes il n'y en a plus beaucoup depuis ce temps-là. Et c'est un peu la même chose.

3211 Je crois qu'à l'heure actuelle nous avons fait d'énormes progrès et je pense que nous allons continuer à faire d'énormes progrès mais il faut dire que nous venons aussi avec un énorme retard.

3212 LA PRÉSIDENTE: Juste un dernier mot là-dessus, et je pense que c'est important de dire qu'on peut cerner la même, disons, réflexion sur tous les projets qui parlent de disons la musique "pop" parce que dans ce sens-là pourraient être en "business" parce que si on parle de comment l'avenir de la radio communautaire va poursuivre, ce n'est pas juste le bénévolat. Il y a de l'argent qui est impliqué et la musique "pop" ça peut inclure le Top 40 aussi, alors il faut faire attention, j'imagine, de ne pas appliquer des idées généralistes à certains propos.

3213 Je n'ai pas d'autres questions. Je ne sais pas si mes collègues ont des questions.

3214 Madame Noël.

3215 CONSEILLÈRE NOËL: Monsieur Chiasson, j'aimerais juste que vous commentiez.

3216 Dans le projet de Losier on parle de 175 000 $ sur une période de sept ans qui vont être dévolus au développement de talents canadiens et de ce montant-là, il y a 154 000 $ qui seraient dépensés avec des artistes de Moncton du comté de Kent et du comté de Westmorland et je pense que c'est ce qu'on appelle l'Acadie du sud-est, si je ne m'abuse.

3217 Alors, est-ce que vous ne pensez pas que ça serait un moyen d'aider les artistes acadiens en dépensant ces montants-là pour les aider à faire des spectacles, à enregistrer des CD, et cetera. Et je vois un montant de 154 000 $ et moi je trouve que ce n'est pas négligeable. Alors j'aimerais comprendre pourquoi vous pensez qu'on devrait mettre ça de côté et accorder une licence à la radio communautaire.

3218 M. CHIASSON: Bien moi je crois d'abord que c'est comme une promesse électorale et que on peut la remplir ou ne pas la remplir et l'autre chose...

3219 LA PRÉSIDENTE: Je m'excuse, Monsieur Chiasson, mais c'est un processus ici qui donne les licences et quand on reçoit une licence c'est un privilège, c'est aussi un devoir, une responsabilité. On donne les conditions de licence. C'est un aspect légal ici, ce ne sont pas les promesses.

3220 M. CHIASSON: Je faisais simplement référence -- je dois avouer, que oui, oui, effectivement on ne peut pas être contre la vertu.

3221 L'autre chose c'est moi je me suis appuyé sur le passé en disant que le passé est peut-être garant de l'avenir et c'est peut-être une erreur, mais je crois qu'une autre chose aussi c'est que tout ce qui s'est fait en Acadie -- et croyez-moi j'y travaille depuis longtemps et avec acharnement -- c'est fait avec beaucoup de passion et c'est fait avec un engagement total.

3222 Et je crois que, effectivement, l'argent est une dimension importante mais je crois que si on parle encore français à l'heure actuelle et qu'il y a encore une Acadie ça n'a pas été fait avec de l'argent.

3223 CONSEILLÈRE NOËL: Juste une autre question. Vous avez mentionné l'échec de la station SHLR qui a été lancée dans les années 80.

3224 Est-ce que vous pensez que la situation économique à l'heure actuelle n'est pas un peu plus propice au lancement d'un nouveau poste de radio que les années 80 où on a connu des taux d'intérêts de 24, 25 pour cent et où je pense que les dollars de publicité devaient rester dans le fonds de roulement des commerçants pour se tenir à flot.

3225 M. CHIASSON: Oui, je comprends votre point de vue, mais je crois que c'est aussi l'idée que les gens n'ont peut-être pas adopté cette radio-là. Peut-être que la formule ne leur a pas plu. Je pense que c'est probablement plus ça. J'étais très près des gens qui faisaient cette radio-là à l'époque et ça m'a fait un peu cet effet-là.

3226 Je crois qu'effectivement à l'heure actuelle ça serait peut-être plus propice, entre autres à cause du travail que Radio Beauséjour a fait justement pour aller chercher un auditoire.

3227 CONSEILLÈRE NOËL: Je n'ai pas d'autres questions.

3228 LA PRÉSIDENTE: C'est tout. Merci beaucoup, Monsieur Chiasson.

3229 Madame la Secrétaire. Voulez-vous appeler le prochain intervenant.

3230 Mme MacDONALD: Merci, Madame la Présidente.

3231 J'invite maintenant la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick de venir présenter leurs interventions envers la demande de Radio Beauséjour.

3232 On vous rappelle qu'on a dix minutes maximales qui vont être accordées pour faire la présentation et si vous voulez bien vous introduire.

3233 Merci.

INTERVENTION / INTERVENTION

3234 Mme FOULEM: Alors merci. Madame La présidente, membres du Conseil.

3235 Je vais tout d'abord me présenter. Je suis Ghislaine Foulem, présidente de la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick et pour m'accompagner, Monsieur Robert Thibeault, qui est le président de la section locale de la section locale de la région de Moncton et celle de Petit Kodiak.

3236 La présentation que je vais faire va être quelque peu abrégée par rapport à ce que vous avez devant vous. Naturellement, c'est à cause de la contrainte de temps.

3237 Puisque tous les membres du Conseil ne sont pas nécessairement familiers avec la communauté acadienne qui fait du Nouveau-Brunswick la seule province officiellement bilingue au Canada, commençons d'abord par dire qu'elle regroupe environ 250 000 francophones, le tiers de la population totale.

3238 Cette masse critique donne en principe aux Acadiens et Acadiennes un statut d'égalité linguistique, égalité confirmée par la Constitution de notre pays, aussi bien que dans les lois de notre province. Mais entre les principes et leur mise en appréciation, beaucoup de chemin reste à parcourir.

3239 La communauté acadienne du Nouveau-Brunswick est tout aussi dispersée à l'échelle de notre province que peut l'être la communauté francophone partout au Canada. Elle fait face aux mêmes défis et affronte les mêmes dangers que tous ceux qui confrontent les francophones en situation minoritaire dans notre pays.

3240 Du nord au sud, de l'est à l'ouest, la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick est répartie en six régions. Parmi celles-là, l'une des plus populeuses, celle du sud-est de la province, est en même temps l'une des plus vulnérables à l'assimilation. La cause? Une autre donnée démographique, celle de Moncton qui avec 70 pour cent d'anglophones représente parallèlement un important carrefour d'activités de toute la région francophone avoisinante, comme de la population acadienne du Nouveau-Brunswick en général.

3241 Dans cette perspective, Moncton et la communauté du sud-est contiennent à la fois une part vitale des forces vives de l'Acadie et son véritable tendon d'Achille: un taux d'assimilation de 13,27 pour cent en zone urbaine, la plus élevée au Nouveau-Brunswick selon les données de 1991.

3242 Au fil des ans, les Acadiens et Acadiennes se sont dotés des outils de leur développement dans tous les secteurs d'activités. Ainsi, université, collèges communautaires, caisses populaires, institutions, organismes et associations représentent pour eux le moyen de se regrouper, de se définir et de se concerter.

3243 A l'instar de toues les intervenants, la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick reconnaît elle aussi cette initiative comme le moyen d'assurer les acquis de la communauté concernée et de continuer le travail spectaculaire accompli par Radio Beauséjour dans cette région et pour l'Acadie.

3244 Madame la Présidente, membres du Conseil, les archives du CRTC comptent un volume imposant de témoignages, d'interventions, de mémoires, soumis au Conseil depuis de nombreuses années sur les besoins des Acadiens et Acadiennes en matière de communication.

3245 Pour nos communautés dispersées, il s'agit d'une nécessité primordiale tant pour informer que pour unir. En effet, comme tous les autres peuples, les Acadiens et Acadiennes ont besoin de ce lien que sont les médias de communication. Ils ont besoin, pour se reconnaître et se définir, de s'entendre, de se voir, de se parler.

3246 Alors que la télévision reste à ce jour difficilement accessible, la radio s'est présentée d'emblée comme un moyen réalisable pour combler ce besoin. Les Acadiens et Acadiennes ont rapidement saisi l'occasion ainsi offerte et il y a présentement sept radios communautaires dans notre province. Chacune est le reflet et l'expression du milieu qu'elle dessert. Chacune met à la disposition de son public un outil fondamental, indispensable au développement: le pouvoir de communiquer.

3247 Mais dans une région aussi complexe que celle du sud-est, et face à une situation très défavorable au départ, l'expérience de Radio Beauséjour mérite que l'on s'y arrête un instant.

3248 Cote d'écoute, performance économique, qualité des bénévoles et appui unanime de la communauté en sont la preuve éclatante: CJSE est une réussite sur tous les plans.

3249 Ceci, Madame la Présidente, dans une région qui n'avait généralement pas l'habitude de la radio ni de la musique en français. Ceci, de la part d'une population qui n'avait jamais entendu de façon quotidienne son propre accent sur les ondes.

3250 D'autres y ont certainement fait allusion: le succès de Radio Beauséjour a été fulgurant. Il n'y a là aucun mystère, simplement que l'arrivée de cette radio comblait un besoin, une soif de se dire. Ce que d'aucuns décrivent comme le "miracle Radio Beauséjour" démontre de façon exemplaire sa pertinence et l'ampleur de sa contribution.

3251 Nous avons assisté avec beaucoup de satisfaction à un renouveau prodigieux de l'identité et de l'appartenance acadiennes dans cette région autrefois parmi les plus à risque de l'Acadie du Nouveau-Brunswick.

3252 Nous avons entendu avec plaisir des artistes de la région de plus en plus nombreux chanter en français des chansons composées par eux. Nous avons été fiers de leur succès chez eux et ailleurs.

3253 Nous avons constaté avec admiration que des entreprises, pour la plupart des PME, qui n'avaient jamais auparavant fait la promotion de leurs services, annoncent aujourd'hui en français à CJSE et voient leurs affaires augmenter.

3254 Nous avons applaudi à l'émergence d'une identité régionale et d'une nouvelle solidarité entre les localités de ce vaste territoire.

3255 Tout ceci, membres du Conseil, parce que Radio Beauséjour a joué impeccablement son rôle, celui d'être une véritable radio de proximité, le véhicule de la communauté qu'elle dessert.

3256 Cette même communauté est aujourd'hui devant vous, représentée par Radio Beauséjour, pour cette requête. Dans le présent contexte, celle-ci nous apparaît comme une valeur ajoutée, comme un complément nécessaire à la structure existante, alors qu'une entité extérieure et artificielle viendrait plutôt menacer l'équilibre et mettre en péril le développement de nos radios.

3257 La demande de Radio Beauséjour offre une réponse judicieuse et réaliste au besoin et au désir d'une communauté aussi composite que celle du sud-est du Nouveau-Brunswick. Sur un territoire si vaste qu'il faut près de trois heures de route pour le travers d'une extrémité à l'autre, la population que dessert Radio Beauséjour est la plus nombreuse de celles desservies par les radios communautaires de la province. Entre les villages de la côte acadienne et les nombreuses localités qui en sont la composante rurale -- et Moncton, nécessairement urbaine par définition -- c'est aussi la plus diversifiée de toutes.

3258 Mais ce serait simplifier à outrance que de prétendre que Radio Beauséjour sera une radio pour la population de Moncton. En effet, on peut avoir vécu toute sa vie "à la ville", comme disent les Acadiens et Acadiennes de par ici, et être friands de musique "country, être intéressés à ce qui se passe à Cocagne ou Cap-Pelé. On peut aussi vivre à Grande-Digue et préférer le jazz, avoir le goût d'entendre une critique du dernier livre d'Herménégilde Chiasson, ou de participer à un débat en profondeur sur une question d'actualité.

3259 Quoiqu'il en soit, la spécificité de Radio Soleil ne se définit pas uniquement par rapport à Moncton, mais bien davantage par rapport au contenu, par rapport à la diversité de choix, par rapport à un besoin reconnu et exprimé.

3260 C'est pour cette raison sur tout que la SAANB appuie sans réserve ce projet. Parce que nous percevons Radio Soleil comme un service complémentaire pour le développement de notre communauté. Plus internationale et polyvalente dans sa courbe musicale, cette radio rejoindra un autre public qui sera ainsi mieux desservi et informé.

3261 Mais l'avantage de Radio Soleil qui prime sur tous les autres, c'est ce que nous décrivons comme la synergie, la possibilité de faire des deux antennes des vases communicants et ce justement pour que la communication continue à se faire entre la classe professionnelle, les artistes, les jeunes adultes de Moncton et ceux d'ailleurs dans la région, certes, mais également entre le public de Radio Soleil et celui de CJSE, lui aussi réparti sur l'ensemble du territoire.

3262 Dans un même ordre d'idées, la possibilité de communiquer en réseau à partir des radios communautaires représente pour les Acadiens et Acadiennes un atout incommensurable. Déjà, nous avons fait l'expérience de telles diffusions communes. Reconnaissant le besoins pour toutes les régions acadiennes de mieux se connaître entre elles, la SAANB appuie fortement ce genre d'initiatives.

3263 A cet égard, l'addition de Radio Soleil à ce réseau, comme ses contributions au réseau de l'ARC du Canada, RFA, apporte une dimension et une couleur complémentaires pour le bénéfice de l'ensemble des communautés acadiennes et francophones.

3264 Radio francophone, radio urbaine, radio plus ceci et moins cela, plus internationale, plus culturelle, moins populiste, quel que soit le qualificatif, Radio Soleil sera par définition une radio acadienne. Complémentaire de la station mère, elle continuera comme cette dernière à exploiter et à mettre en valeur une facette de l'Acadie moderne dont nous sommes collectivement très fiers, la capacité d'excellence de nos artistes et de tous ceux qui définissent nos réalités.

3265 En terminant, nous désirons souligner la valuer hautement symbolique de cette requête pour toute l'Acadie. Nous constatons que le Conseil a reçu des lettres en provenance de nombreux Acadiens d'ici et d'ailleurs en appui à ce projet de Radio Soleil. Ces témoignages nous indiquent clairement l'estime des artistes, le respect, la reconnaissance pour une contribution exemplaire. Mais une telle vague, un tel déferlement d'appuis dans la région même -- et de très loin ailleurs, saluent en même temps une ère nouvelle pour l'Acadie.

3266 Devenue plus solidaire et plus consciente parce que mieux informée, la communauté acadienne aspire désormais à se doter d'autres outils que ceux dictés par l'absolue nécessité. Il est là le véritable miracle, Messieurs et Mesdames les Commissaires. Un miracle qui s'est accompli grâce tout simplement à la communication, grâce à ce pouvoir d'expression qu'offre la radio communautaire. Non pas une seule, mais bien deux radios communautaires dans une région, n'est-pas là le plus positif et le plus stimulant de tous les messages pour les autres francophones en situation minoritaire au Canada?

3267 Dans l'esprit de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles qui vise à protéger et à promouvoir notre développement, il serait tout à fait impensable de tuer un tel espoir, d'effacer un tel exemple. Comment ne pas appuyer Radio Soleil? Comment refuser à une communauté cette chance de démontrer ses capacités d'épanouissement?

3268 Que ce soit par l'exemple de réussites ainsi offert, ou plus directement grâce à son action dans le territoire desservi, les Acadiens et Acadiennes et francophones ont tout à gagner avec la venue de Radio Soleil. La perspective d'une décision défavorable comporte en revanche une menace, une menace dis-je bien, à l'intégrité de ce qui a été créé jusqu'ici à force de détermination et par nécessité vitale.

3269 Nous sommes confiants que le Conseil saura mettre dans la balance les enjeux cruciaux liés à sa décision et trancher, comme il se doit, dans le sens de la continuité et du côté de l'intérêt supérieur du plus grand nombre.

3270 Merci.

3271 LA PRÉSIDENTE: Merci, Madame.

3272 Le Conseiller Cardozo, s'il vous plaît.

3273 CONSEILLER CARDOZO: Merci, Madame la Présidente.

3274 Madame Foulem, Monsieur Thibault, bienvenue. Merci de votre présentation.

3275 Je veux parler premièrement sur la question de la balance dont vous avez parlé dans le dernier paragraphe, la balance entre le privé et le public et je veux parler de la question de diversité.

3276 Depuis longtemps, il y avait une politique du CRTC pour augmentation de diversité dans un marché, la diversité des propriétés, la diversité des programmations, diversités des voix, et cetera.

3277 Mais j'entends de beaucoup des amis de Radio Beauséjour que la diversité peut-être n'est pas la chose la plus importante et peut-être dans le domaine de diversité de propriétés ça ce n'est pas très important mais il y a assez de diversité des voix, diversité des idées, et cetera dans le service de Radio Beauséjour.

3278 Pour vous la question de diversité des priorités, est-ce que c'est très important pour vous?

3279 Mme FOULEM: Non. Pour nous ce qui est important de par la mission qu'on a, nous la Société, c'est de voir à ce que le développement de nos communautés se fasse et ce que nous avons constaté depuis l'émergence des radios communautaires, non seulement dans la région d'ici mais toute la province, c'est que les gens s'approprient de cet outil de communication. Il leur appartient véritablement et cet outil de communication reflète vraiment la réalité du milieux.

3280 Et pour voyager depuis plusieurs années à travers la province, j'ai l'occasion d'écouter la radio, je suis une grande écouteuse de radio, et je dois vous dire que le phénomène ici dans la région du sud-est a été tout à fait extraordinaire. Je veux dire, j'ai rencontré des gens qui me disaient, "As-tu entendu la nouvelle chanson québécoise qui est sortie?". Je disais, "Laquelle?" -- un exemple Jean-Pierre Ferland. Ou même des chansons acadiennes, que moi, du milieu où je viens, Caraquet, j'avais écoutées il y a 20 ans parce que j'avais eu accès à une radio francophone.

3281 Alors ces gens-là ont peu à peu entendu leur langue, peu à peu s'entendent parler, entendent les gens dans leur accent et ont finalement développé cette fierté et peuvent s'identifier à cet outil-là.

3282 Alors pour moi la diversité des priorités n'est pas importante. L'important pour moi c'est qu'elle comble le besoin, qu'elle réponde aux aspirations de développement d'une communauté et tant qu'à moi la radio communautaire jusqu'à maintenant est la plus propice. Pour le moment en tout cas.

3283 CONSEILLER CARDOZO: J'ai une question sur la demande de M. Losier. Il y a quelques personnes ici, quelques intervenants qui ont dit que M. Losier est un homme très connu ici, une personne avec crédibilité dans la communauté acadienne, un activiste.

3284 Pensez-vous que si sa demande est acceptée qu'il est possible que M. Losier va établir des liens entre la communauté, les groupes communautaire et sa station de radio? Pensez-vous que sa promesse du développement de talents va donner un signal qu'il a des histoires de faire des liens entre la communauté et la station de radio?

3285 Mme FOULEM: Moi j'ai une horreur des personnes qui veulent donner de l'argent pour développer des choses par rapport à l'entreprise dans laquelle ils sont.

3286 La radio est là pour diffuser sur les ondes, alors moi si on donne de l'argent à des artistes pour se développer ça peut être une chose, mais si on ne leur permet pas d'être entendus et être diffusés sur la radio, alors comment est-ce que ces artistes-là vont pouvoir se reconnaître?

3287 CONSEILLER CARDOZO: Mais on ne dit pas -- on dit qu'on donne le "air time" pour les artistes.

3288 Mme FOULEM: Alors je ne suis pas nécessairement au courant de ça, mais moi je pense qu'actuellement ce n'est pas non plus la question d'être contre la radio privée. C'est que moi je pense actuellement que la radio communautaire ici a permis de faire un certain développement, une certaine évolution par rapport à ce qu'il y avait avant. Les gens ont appris à écouter la radio francophone et je pense que la deuxième station va permettre de franchir un pas plus loin par rapport à ce qu'elle a accompli, d'ouvrir des créneaux finalement qu'elle ne peut pas accorder actuellement parce qu'elle a une population trop diversifiée, si on veut, à qui répondre.

3289 Alors je pense qu'il faut donner une chance à tout ce projet-là parce qu'on ne peut pas dissocier Radio Beauséjour de Radio Soleil. C'est une continuité de ce que Radio Beauséjour fait ici. C'est une pas plus en avant, et je pense que dans le moment il faut absolument permettre cette évolution-là et ce développement-là parce que moi ce qui me préoccupe c'est que pourquoi il y a dix ans la radio privée aurait eu l'opportunité de faire le travail que Radio Beauséjour a fait depuis qu'elle est en ondes et maintenant qu'on voit les fruits murs prêts à être récoltés, bien là, oups! L'opportunité est là et on veut sauter dans le marché parce qu'il y a des possibilités.

3290 Alors moi je pense que cet aspect de mission fondamentale de la radio communautaire qui est de faire du développement de la communauté qu'elle dessert comparativement à celle d'une radio privée qui a une mission un peu plus axée par rapport à la rentabilité -- étant moi aussi du secteur privé, je peux comprendre cet aspect-là, mais je pense que dans le moment il faut laisser une chance à cet outil de continuer à faire ses pas et de permettre à la communauté francophone et acadienne de cette région-là de développer et de continuer à développer cette fierté qu'ils ont d'être francophones et acadiens et surtout de continuer à développer les habitudes d'écouter la radio francophone qui leur ressemble et qui parle leur langue.

3291 CONSEILLER CARDOZO: Je veux parler un peu de votre point de vue en général. Comme représentant de SAANB, vous parlez et vous pensez au futur de la communauté acadienne, le peuple acadien.

3292 Depuis quelques années la radio communautaire a joué un rôle important. Pensez-vous que le temps pour la radio privée pour cette communauté est maintenant ou dans le futur? Est-ce qu'il y a un rôle pour la radio privée dans le développement de la communauté.

3293 Mme FOULEM: Pour le moment je pense que pour le développement de la communauté, les radios communautaires ont un rôle crucial à jouer. La création du nouveau réseau, par exemple, va permettre aux communautés de se faire entendre.

3294 Quand je dis dans mon mémoire qu'on est un peu la mosaïque du Canada, les Acadiens au Nouveau-Brunswick sont répartis en six régions qui sont isolées. Alors moi je peux connaître la réalité de ma région, puis les gens du sud-est connaissent la réalité de leur région, mais la création du réseau de radios communautaires va nous permettre justement de savoir et de connaître ce qui se passe entre nous dans les régions, ce que la radio privée ne semble pas être prête à faire parce qu'on n'a pas entendu parler de création de réseau des radios privées qui existent en français au Nouveau-Brunswick encore.

3295 Alors moi je pense que cette dimension-là est très, très, très importante et cruciale à ce stade-ci alors qu'on voit des reculs importants qui se font dans certains acquis que nous avions, et justement la présence des radios communautaires dans nos milieux, et de façon très forte, je pense est absolument essentielle et de mettre en péril l'existence de Radio Beauséjour qui est un maillon très fort de cette chaîne par la venue prématurée, je pense, d'une radio privée à ce moment-ci, il faut penser sérieusement à l'impact que ça aurait sur l'ensemble du développement de la communauté.

3296 CONSEILLER CARDOZO: Ma dernière question est sur le rôle de société civile. Les groupes communautaires, quand j'ai vu les listes des interventions de beaucoup de groupes communautaires comme vous mais beaucoup d'autres aussi. C'est très impressionnant.

3297 Selon vous, qu'elle est l'explication pour cet haut appui par beaucoup des groupes communautaires pour Radio Beauséjour?

3298 Mme FOULEM: C'est peut-être un petit peu l'expérience du passé qui nous a démontré que -- on a mis en place des outils pour assurer notre développement. Je les ai mentionnés dans le mémoire. On a vu aussi qu'en ce qui concerne le développement de la radio -- actuellement il y a deux, trois radios privées francophones qui existent à travers la province, une dans le nord-ouest, et une qui regroupe deux radios situées à Bathurst, et par le passé je pense qu'on n'a pas nécessairement constaté le fait que c'était ces outils-là qui aidaient le mieux à supporter le développement des communautés par rapport à l'expression de nos besoins aussi par des émissions qui pouvaient, par exemple, faire parler les artistes, leur donner une chance de s'exprimer, et toutes sortes d'autres émissions que la radio communautaire nous procure.

3299 Alors je pense que c'est par cette expérience-là et par le constat aussi que depuis l'avènement des radios communautaires, on vu justement cet engouement de la communauté, ce sens d'appartenir un outil qui correspond à leurs besoins et à leur réalité et qui parle vraiment d'eux et de la façon dont nous le souhaitons.

3300 CONSEILLER CARDOZO: Et avez-vous du temps -- pour les groupes communautaires, les organismes, avez-vous des temps sur les ondes?

3301 Mme FOULEM: A la radio communautaire?

3302 CONSEILLER CARDOZO: Oui.

3303 Mme FOULEM: Nous la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick on a eu des émissions hebdomadaires dans la radio communautaire dans la région où j'habite et on nous l'a offert à nouveau cette année. On n'avait pas le matériel nécessairement pour y aller, mais la disponibilité et la place pour véhiculer nos messages et présenter ce qu'on veut -- et ça pas seulement dans notre domaine mais dans d'autres activités sociales de la communauté -- je pense qu'il y a une très grande ouverture de la part des radios communautaires qu'on ne rencontre peut-être pas nécessairement du côté de la radio privée parce que les missions sont différentes et les objectifs sont différents.

3304 CONSEILLER CARDOZO: Merci beaucoup, Madame Foulem. Merci, Madame la Présidente.

3305 LA PRÉSIDENTE: La Conseillère Noël, s'il vous plaît.

3306 CONSEILLÈRE NOËL: J'aurais quelques petites précisions à vous demander.

3307 A la page 2 de votre mémoire vous nous dites qu'à Moncton le taux d'assimilation en zone urbaine est de 13,27 pour cent selon les données de 1991.

3308 Mme FOULEM: Oui.

3309 CONSEILLÈRE NOËL: Est-ce que vous avez des données un peu plus récentes?

3310 Mme FOULEM: Ce sont les seules que j'avais à ma disposition au moment où on a écrit ce mémoire et peut-être qu'il y en a eu de plus récentes, mais on ne les avait pas.

3311 CONSEILLÈRE NOËL: A votre avis, est-ce que -- je ne vous demande pas une opinion d'expert -- la présence de Radio Beauséjour depuis cinq ans ou six ans qu'ils sont en ondes a pu améliorer ce score?

3312 Mme FOULEM: Moi je suis convaincue que ce score a dû être amélioré mais il y a d'autres facteurs aussi. Il faut dire que la population de la région a grandi aussi. On a beaucoup de francophones, par exemple, de la région du nord qui s'en viennent dans le sud-est alors d'où l'importance de pouvoir entendre justement une radio francophone à vocation communautaire et plus populaire.

3313 Mais moi pour avoir entendu des gens qui n'avaient jamais écouté la radio en français avant, ça n'a pas pu faire autrement parce que dans nos études on a pu déceler qu'un outil comme la radio est un facteur d'assimilation. Si continuellement on entend de la musique, on entend parler en anglais, c'est sûr qu'on finit par rentrer dans le moule.

3314 Alors je pense que ça a commencé à faire renverser la vapeur et les gens sont beaucoup plu fiers grâce à cet outil-là et à d'autres événements aussi qu'on a vus dans la région de Moncton de s'affirmer en français et de vouloir résister à ce phénomène qu'est l'assimilation.

3315 CONSEILLÈRE NOËL: Dans un autre ordre d'idées, je vous réfère à la page 6 de votre présentation, à l'avant-dernière ligne, ou enfin au dernier paragraphe. Je vais vous le relire:

"Cette même communauté est aujourd'hui devant vous, représentée par Radio Beauséjour, pour cette requête. Dans le présent contexte, celle-ci nous apparaît comme une valeur ajoutée, comme un complément nécessaire à la structure existante, alors qu'une entité extérieure et artificielle viendrait plutôt menacer l'équilibre et mettre en péril le développement de nos radios".

3316 J'aimerais que vous me disiez ce que vous entendez par "une entité artificielle", s'il vous plaît.

3317 Mme FOULEM: Alors nous naturellement ce qu'on pense c'est que Radio Beauséjour est une entité qui a été conçue par rapport aux besoins de la base, qui a été conçue par la base pour le développement et la structure complémentaire qui vient s'ajouter est absolument nécessaire.

3318 Maintenant, "une entité extérieure artificielle" et bien dans le contexte actuel c'est qu'on vient, comme je l'ai mentionné tantôt, un peu récolter parce que cinq, six ans passés on ne croyait pas à la possibilité de Radio Beauséjour de pouvoir être rendue, de pouvoir réaliser ce qu'on connaît aujourd'hui et maintenant on voit des opportunités, le marché a été développé, il y a des habitudes de cotes d'écoutes en français qui sont développées, alors on vient comme tout de suite se parachuter dans ce milieu-là alors qu'on aurait eu l'opportunité de le faire dix ans passés.

3319 Alors moi je pense que c'est de façon artificielle qu'on veut venir s'implanter ici et je pense que dans le contexte de la population qui est quand même entourée, ou qui baigne surtout dans un milieu anglophone, je pense qu'actuellement il faut donner une chance à la radio Beauséjour et son projet finalement de prolongation par rapport à sa mission de pouvoir continuer parce qu'on considère que c'est vraiment la seule façon d'offrir un produit qui va correspondre à la réalité et aux besoins des gens de cette région. Pour le moment.

3320 CONSEILLÈRE NOËL: Une dernière question.

3321 Vous avez parlé du développement de la fierté acadienne. Est-ce que d'après vous ce développement de la fierté acadienne passe uniquement par le biais de la radio communautaire ou s'il serait envisageable que cette fierté puisse s'épanouir d'une autre manière?

3322 Mme FOULEM: Bien les radios communautaires c'est qu'il y a une façon -- la programmation, la façon dont elle est présentée, toute la philosophie de base de la façon dont les radios communautaires présentent leurs projets, font leurs programmations, diffère de la radio commerciale et je pense qu'on a su, avec la radio de cette région-ci, parler dans le même langage que les gens parlaient. Donc, ils se sentaient très fiers de s'associer à ce produit-là parce que c'est à eux autres, alors que d'autres radios plus sophistiquées et plus commerciales bien souvent ne vont pas avoir les mêmes résultats et les gens bien vont l'entendre comment on entend n'importe quelle autre radio qu'on peut syntoniser sur le câble, sur l'Internet, parce que vous savez la radio privée, avec tous les moyens de communication qu'on a, on peut les syntoniser de partout.

3323 Moi-même à mon câble je peux entendre Cité rock détente et je vois que ces radios-là ne sont pas différentes, les radios privées, que celles qu'on entend un peu partout à travers le Canada-français, surtout celles du Québec.

3324 Alors c'est une radio qui est beaucoup plus impersonnelle. On a moins de facilité à s'identifier à ce genre de médias-là. On l'écoute peut-être pour un certain genre de musique, et tout ça, mais la radio communautaire a l'accent de l'endroit. On écoute la Radio Beauséjour et ce n'est pas le même accent que celle du nord-ouest, ce n'est pas le même accent que celle de la péninsule, ce n'est pas le même accent que celle de la région de Campbelton. Chacune permet à la communauté qu'elle dessert de sentir que c'est pour elle que la radio est là et qu'elle parle son langage avec toutes les différences qu'on a.

3325 CONSEILLÈRE NOËL: Mais on ne parle pas de radio rock détente ici. On parle de la demande de M. Losier.

3326 Est-ce que c'est possible que l'épanouissement de la fierté acadienne passe aussi par une radio commerciale faite par des Acadiens?

3327 Mme FOULEM: Bien c'est un petit peu là qu'on est perplexes parce qu'il reste que le projet privé comporte aussi un partenaire anglophone, et on sait que dans le passé les Acadiens du Nouveau-Brunswick et ceux de Moncton tout spécialement, on a une longue expérience de luttes pour se donner une institution, comme je l'ai mentionné, alors ça a nécessité un appui, un labeur, une détermination et une vigilance sans failles.

3328 Et puis on a aussi une longue mémoire en Acadie. Nous savons que les structures bilingues ne sont pas des structures qui tiennent compte nécessairement des réalités et qui respectent nos intérêts.

3329 Alors c'est ce questionnement que nous avons par rapport aux projets et du fait aussi que la station privée serait située dans les mêmes édifices avec des services connexes.

3330 Alors si, comme l'expérience de la première radio privée a démontré, il y avait des difficultés financières, alors il n'y a rien qui empêche, une fois qu'on a la licence, de se virer de bord et demander qu'elle ait une autre orientation que celle quoi elle a été accordée.

3331 Alors nous ça nous pose de sérieuses question à ce sujet-là et pour le moment on aimerait mieux voir la deuxième station que Radio Beauséjour demande être mise à l'oeuvre pour ne pas justement briser cet équilibre qui comment à se faire par rapport aux développements, par rapport à tous les besoins d'écoute de musique française, de promotion des artistes sur les ondes qui commence à se faire et ce sentiment de fierté qui émerge surtout depuis la venue de la radio communautaire dans le sud-est ici.

3332 CONSEILLÈRE NOËL: Je veux juste apporter une précision. Vous parlez de structure bilingue. Ce que nous a dit M. Losier hier c'est qu'il y aurait une téléphoniste commune et que tout le reste serait des employés complètement séparés et qu'il n'y aurait même pas de -- il y aurait un mur dans la bâtisse. La bâtisse serait carrément séparée en deux, comme si votre bureau était au troisième et le bureau de la Société de comptables agréés serait au quatrième. Je ne pense pas qu'il y aurait beaucoup de pénétration des intérêts respectifs de l'une et l'autre.

3333 Alors je me pose la question pourquoi vous nous parlez d'une structure bilingue quand on nous a dit clairement hier que la seule fonction commune serait la réceptionniste.

3334 Mme FOULEM: Bon, bien disons que ce qui a été dit a été dit, mais nous on a quand même des préoccupations par les possibilités, par exemple, qu'au niveau du marché on sait qu'il y a des espoirs de rencontrer un tel montant d'argent pour se rentabiliser et si cet espoir n'était pas rencontré à un moment donné, il va falloir qu'il y ait des changements qui se fassent.

3335 Alors nous quand on pense à ce projet que nous supportons c'est qu'on essaie de voir à plus long terme aussi. Ce n'est pas quelque chose qui va durer un an, deux ans. Alors il faut nous qu'on soit assurés dans cette région-ci qu'il y ait un projet de radio qui va continuer à offrir ce qu'elle a à offrir, à développer selon sa mission et pour la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick, la mission des radios communautaires correspond vraiment à ce que nous envisageons comme possibilité et comme outil de développement dans un endroit comme celui-ci.

3336 CONSEILLÈRE NOËL: Je n'ai pas d'autres questions.

3337 LA PRÉSIDENTE: Merci.

3338 Madame Foulem, j'aimerais prendre un plus avantage de votre présence ici et vous demander une autre clarification d'un autre point de vue un peu.

3339 J'ai un petit malaise, un petit problème. Je pense qu'on ne met pas en question l'importance de la radio communautaire dans ce pays. Je pense qu'en effet le Conseil vient de publier sa nouvelle politique et M. LaPlante, plus tôt ce matin, en avait parlé.

3340 On parle ici précisément d'un projet Radio Beauséjour communautaire et vous avez parlé d'une façon très claire de l'importance de ce genre de radios. Ce dont on parle ici aujourd'hui c'est une deuxième station précisément pour Radio Beauséjour.

3341 D'après vous, est-ce que -- et j'essaie de lire avec ce que vous avez dit ce matin -- ce deuxième projet est absolument nécessaire pour que la Radio Beauséjour continue son travail qui vous dites très clairement est très important, et on prend ça comme atout, c'est important. Mais pourquoi est-il nécessaire d'avoir cette deuxième station?

3342 Vous décrivez à la page 8 certains éléments qui sont la complémentarité, plus internationale, polyvalente, un autre public, et cetera.

3343 Mais vous dites à la page 11:

"La perspective d'une décision défavorable comporte en revanche une menace à l'intégrité de ce qui a été créé jusqu'ici...".

3344 Est-ce que vous dites que sans cette deuxième licence il y a une menace à l'avenir de Radio Beauséjour? Est-ce que c'est ça que vous dites?

3345 Mme FOULEM: Bien si le permis est accordé à la station privée en dévafeur de Radio Soleil, c'est qu'actuellement cette radio-là, Radio Beauséjour a besoin d'une deuxième station pour pouvoir continuer à s'épanouir, à se développer et aller aussi chercher une autre part de clientèle qu'elle ne peut pas aller chercher à cause des limites que comporte sa seule radio au niveau de sa programmation musicale et le reste.

3346 Alors moi je pense que si on ne nous donne pas une chance de réaliser cet objectif-là, on va, par le fait même, mettre en péril Radio Beauséjour parce que la radio privée, si elle avait la licence, va rentrer dans le marché de Radio Beauséjour, va rentrer dans la même assiette publicitaire et à un moment donné la compétition -- on peut même parler de dumping à un moment donné. On sait quelles sortes de jeux qui se sont joués dans certains endroits à un moment donné pour faire baisser les taux de publicité que finalement si Radio Beauséjour ne peut pas rencontrer ses obligations au niveau des argents dont elle a besoin pour fonctionner, et si elle est obligée de baisser à ce niveau-là, alors on va mettre l'existence de cette station-là en péril et si la Radio Beauséjour diminue et devient moins forte quitte éventuellement, à long terme, à fermer bien là c'est tout l'ensemble du système des radios communautaires de la province qui va dégringoler. On ne peut pas dissocier l'impact de cette radio-là qui, je pense, est la chef de fil au niveau des radios communautaires par son dynamisme et par tous les exploits qu'elle a réalisés dans la province.

3347 LA PRÉSIDENTE: Alors d'après vous n'importe quelle autres station FM anglophone ou francophone sera un problème pour Radio Beauséjour telle qu'elle existe aujourd'hui?

3348 Mme FOULEM: Je pense qu'une radio francophone actuellement c'est qu'elle va aller chercher le marché publicitaire. Radio Beauséjour, on a entendu la façon dont ils ont dû travailler. Nous dans le langage acadien on dit qu'ils ont dû "harcer" pouce par pouce pour aller chercher justement cette clientèle-là, la convaincre qu'ils pouvaient annoncer en français et que ça leur rapporterait de l'argent de le faire, qu'ils feraient de bonnes affaires et actuellement le marché francophone il a quand même ses limites, ici dans la région, et il est développé et si une autre entité extérieure à celle de Radio Beauséjour et sa nouvelle composante entrait dans ce marché-là, je ne peux pas voir que ça va faire autrement que de l'affaiblir et de la mettre en péril.

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3349 LA PRÉSIDENTE: Alors vous comprenez pourquoi le Conseiller Cardozo a parlé de la diversité parce qu'on parle de la diversité et complémentarité pour l'auditoire francophone et on revient à ce point-là en ce que vous dites.

3350 Mme FOULEM: Oui.

3351 LA PRÉSIDENTE: Le Conseiller juridique aura une question.

3352 CONSEILLER CARDOZO: Ma question a été posée, Madame.

3353 LA PRÉSIDENTE: Alors je pense que vous êtes très patients et je vous remercie tous les deux d'avoir été avec nous cet après-midi.

3354 Merci.

3355 Mme FOULEM: C'est nous qui vous remercions.

3356 Mme MacDONALD: Alors on invite maintenant le Village de Saint-Louis-de-Kent à venir présenter leurs interventions envers la demande de Radio Beauséjour.

3357 On vous rappelle qu'il y a dix minutes maximales qui sont accordées pour faire la présentation et si vous voulez bien vous introduire.

3358 Merci.

3359 LA PRÉSIDENTE: Quand vous serez prêts. Soyez les bienvenus.

INTERVENTION / INTERVENTION

3360 M. FRIGAULT: Bonjour. Moi c'est Léo-Paul Frigault. Je suis administrateur à la municipalité de Saint-Louis-de-Kent.

3361 M. VAUTOUR: Moi c'est Arnold Vautour. Je suis le maire de Saint-Louis-de-Kent. Bonjour.

3362 M. FRIGAULT: La municipalité de Saint-Louis-de-Kent est un petit village typiquement acadien. Sa population est composée à grande majorité de gens d'origine acadienne. Le village compte 1 015 habitants tandis que la paroisse et la communauté voisine de Saint-Ignace est composée de plus de 4 000 habitants. Nous sommes fiers de la façon dont notre village s'inscrit dans l'histoire acadienne.

3363 En effet, Saint-Louis-de-Kent est identifié à Monseigneur Richard, celui qui a proposé ce qui est devenu le drapeau national de l'Acadie.

3364 Depuis le début de la grand aventure qu'est Radio Beauséjour, nous avons senti qu'on s'occupait de nos préoccupations. Ainsi, nous avons à maintes fois accueilli des diffusions mobiles. Radio Beauséjour a toujours reflété notre réalité au quotidien.

3365 En 1998, un grand événement s'est produit dans notre municipalité. En effet -- et comme promis lors de la présentation de Radio Beauséjour lors des audiences de 1993 -- un bureau satellite a été ouvert chez nous. Grâce à un partenariat avec Radio Beauséjour, les gouvernements fédéral, provincial et notre municipalité, nous avons bâti de toutes pièces un studio satellite dans le sous-sol de l'édifice municipal. Une journaliste y travaille plusieurs jours par semaine. Des bénévoles des environs y animent des émissions radiophoniques en direct sur les ondes de CJSE.

3366 Radio Beauséjour a donc facilité l'accès à ses ondes à toute la population du nord du territoire qu'elle dessert.

3367 La direction de Radio Beauséjour est venue à quelques reprises consulter avec notre conseil municipal afin de faire le point sur la question du studio satellite. Ainsi, nous avons récemment mis en place un comité de support formé de membres de la communauté. Ce comité verra à épauler la direction de Radio Beauséjour, notamment en ce qui touche les ressources humaines pour les questions reliées à des domaines comme les bénévoles affectés à la diffusion, à la recherche, à la technique ou encore à la sécurité. Nous croyons que Radio Beauséjour contribue à nous intégrer un peu plus à la grande communauté acadienne du sud-est du Nouveau-Brunswick.

3368 Avec le projet de deuxième licence que Radio Beauséjour demande au CRTC, nous croyons que la population aura un meilleur choix. Ainsi, les personnes préférant certains styles musicaux pourront régler leur cadrans sur l'un ou l'autre poste. La venue de cette nouvelle station permettra aussi à ceux et celles qui préfèrent des contenus de créations orales plus spécialisés de capter des émissions plus détaillées sur les sujets qui les intéressent.

3369 Comme pour le reste de la population du sud-est, Saint-Louis-de-Kent reçoit bien ce concept de diversification de services.

3370 Finalement, puisque nous avons confiance en la capacité de Radio Beauséjour de relever et de solutionner des défis de taille, nous sommes positifs quant à la compétence de cette équipe à mener ce projet à terme dans les meilleurs délais. D'ailleurs, l'obtention d'une deuxième licence signifie pour notre municipalité l'ajout d'une deuxième station radiophonique: Radio Soleil.

3371 Pour nous, il s'agit d'une bonne nouvelle puisqu'elle renferme en elle l'esprit de continuité en ce qui touche le développement radiophonique acadien dans le sud-est et dans toute l'Acadie.

3372 Nous sommes confiants que l'attribution d'une deuxième licence à Radio Beauséjour contribuera, bien sûr, à la population de Saint-Louis-de-Kent mais aussi à tous les partenaires socio-économiques ou culturels de Radio Beauséjour.

3373 Radio Beauséjour s'inscrit comme la corporation qui sert le sud-est en matière de services radiophoniques francophones. Tout cela se déroule dans le plus grand respect de nos populations. Nous sommes heureux de pouvoir nous présenter devant vous afin de leur retourner la pareille.

3374 L'étude du dossier public nous montre que toutes les municipalités francophones du sud-est ainsi que l'Association des municipalités francophones du Nouveau-Brunswick ont appuyé elles aussi ce projet méritant.

3375 C'est donc avec un profond respect pour le travail effectué à date par Radio Beauséjour que la municipalité de Saint-Louis-de-Kent apporte à votre considération ce mémoire. La performance de cette station radiophonique a marqué à jamais le visage acadien de notre municipalité et des autres municipalités de la région d'Acadie-Beauséjour.

3376 Soyez assurés que votre appui s'ajouterait à celui d'une vaste majorité d'individus, d'organismes, d'artistes et de municipalités du sud-est.

3377 Merci.

3378 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup, Monsieur Vautour, Monsieur Frigault.

3379 La Conseillère Noël aura quelques questions.

3380 CONSEILLÈRE NOËL: J'aurais quelques petites questions qui ont surtout trait au fameux studio de Saint-Louis-de-Kent.

3381 Alors, pouvez-vous nous décrire quels arrangements sont en cours à l'heure actuelle relativement à l'exploitation du studio de Saint-Louis-de-Kent au niveau de la fourniture des équipements et des ressources humaines? Est-ce que les équipements sont fournis ou les locaux sont fournis par la municipalité?

3382 M. FRIGAULT: Oui. Actuellement l'infrastructure en place, je devrais dire le bâtiment est fourni gratuitement. Il y a des services tels que les services de nettoyage qui sont offerts gratuitement, services de surveillance quotidienne qui sont offerts gratuitement et Radio Beauséjour fournit la ressource humaine et la communauté participe aussi dans la programmation qui fait partie de la ressource humaine.

3383 CONSEILLÈRE NOËL: Alors la ressource humaine c'est la journaliste qui est là quelques jours par semaine, c'est ça?

3384 M. FRIGAULT: Oui.

3385 CONSEILLÈRE NOËL: D'accord. Les équipements comme tels de radiodiffusion sont fournis par la municipalité ou par Radio Beauséjour?

3386 M. FRIGAULT: Par Radio Beauséjour.

3387 CONSEILLÈRE NOËL: Par Radio Beauséjour.

3388 Si on accordait une deuxième licence à Radio Beauséjour, quel serait l'impact au niveau de l'exploitation de la station de Saint-Louis-de-Kent? Est-ce que ça exigerait plus d'efforts de la municipalité en terme de ressources à fournir pour le deuxième projet?

3389 M. FRIGAULT: J'imagine que ce qui est réservé pour Radio Beauséjour actuellement sera et est adéquat par rapport à d'autres implications de la municipalité.

3390 CONSEILLÈRE NOËL: Alors ce serait le même local. Ils mettraient éventuellement de l'équipement supplémentaire mais comme vous ne fournissez pas autre chose comme ressources humaines que la surveillance et le nettoyage, ça n'implique pas de dépenses additionnelles pour la municipalité.

3391 M. FRIGAULT: Parce qu'on a établi le studio avec des visions à long terme. Ça fait qu'on a aménagé de l'espace adéquat pour des développements futurs.

3392 CONSEILLÈRE NOËL: D'accord. Au chapitre des émissions locales -- et je vais aller à votre mémoire écrit parce qu'il y a une petite phrase qui me fait tiquer, et je pense que je vais m'adresser à Monsieur le Maire cette fois-là.

3393 Vous dites qu'un sous-comité du conseil municipal de Saint-Louis-de-Kent aide à la programmation. Est-ce que vous parlez de conseillers municipaux élus ou si ce sont des employés de la municipalité.

3394 M. VAUTOUR: Il y a un conseiller élu qui siège sur le comité.

3395 CONSEILLÈRE NOËL: Qui siège sur le comité.

3396 M. VAUTOUR: Exactement, oui.

3397 CONSEILLÈRE NOËL: Est-ce que votre conseil de ville est homogène, c'est-à-dire est-ce que vous avez de l'opposition?

3398 M. VAUTOUR: Non, nous ce qu'il arrive c'est que la conseillère siège sur le comité et on a un comité en place et ils font des décisions avec Radio Beauséjour.

3399 CONSEILLÈRE NOËL: Est-ce que vous avez des politiques en place en période électorale?

3400 M. VAUTOUR: Non.

3401 CONSEILLÈRE NOËL: Ça c'est ce qui me faisait tiquer.

3402 Si on approuve la deuxième demande de Radio Beauséjour pour Radio Soleil, est-ce que vous prévoyez qu'il y aura une augmentation de la programmation locale à Saint-Louis-de-Kent?

3403 M. VAUTOUR: Moi je pense que oui parce qu'avec la façon que ça va là présentement il va y avoir plus de tâches à faire avec Radio Beauséjour et Radio Soleil. Donc chez nous on va avoir plus de diffusion à Saint-Louis.

3404 CONSEILLÈRE NOËL: En provenance de Saint-Louis-de-Kent.

3405 M. VAUTOUR: Exactement, oui.

3406 CONSEILLÈRE NOËL: Je vous remercie ce sont toutes les questions que j'avais.

3407 M. VAUTOUR: Merci.

3408 LA PRÉSIDENTE: Alors je pense que ce sont toutes les questions qu'on aura. Je vous remercie.

3409 Mme MacDONALD: J'invite maintenant l'Alliance des radios communautaires du Canada de venir présenter leur intervention envers la demande de Radio Beauséjour.

3410 Je vous rappelle qu'on a dix minutes d'allouées pour la présentation et si vous voulez bien vous introduire.

3411 Merci.

INTERVENTION / INTERVENTION

3412 M. McGRAW: Bonjour, Madame le Présidente, Messieurs, Dames les Commissaires.

3413 Mon nom est Maurice McGraw, président de l'Alliance des radios communautaires du Canada et j'ai à ma gauche le secrétaire général de l'Alliance.

3414 Notre association consoeur, l'ARCANB, l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau-Brunswick, nous demande de porter à votre attention une correction à leur mémoire d'appui présenté ce matin vis-à-vis Radio Soleil.

3415 Concernant le projet de Radio jeunesse, la fréquence qui a bel et bien été utilisée fut 91,7 et non la fréquence 99,9 tel que cité dans le mémoire. Nous tenions à vous le préciser.

3416 Maintenant procédons avec notre mémoire.

3417 L'implantation de radios communautaires dans les milieux francophones minoritaires est coordonnée au niveau national par l'Alliance des radios communautaires du Canada.

3418 L'ARC du Canada, fondée en 1991, vise à contribuer à l'épanouissement des Canadiens et Canadiennes d'expression française par la création, le maintien et de développement d'une ensemble de radios communautaires de qualité. L'ARC du Canada compte présentement 29 membres actifs dont 18 radios en ondes reliées entre elles par un réseau satellite: RFA, le Réseau francophone d'Amérique.

3419 Depuis juillet 1994, Radio Beauséjour vit une relation privilégiée avec ses auditeurs. En effet, le Conseil sera à même de constater à la lecture des données BBM mises à sa disposition, que CJSE s'accapare une part significative du marché. Cependant, comme Radio Beauséjour vous l'a mentionné plus tôt cette semaine, les sondages BBM ne tiennent pas compte de la non-homogénéité de la région qu'elle dessert. Nous laisserons donc le Conseil tirer leurs propres conclusions sur l'importance de la cote d'écoute de Radio Beauséjour.

3420 Parlons de diversité de l'information. Étant membre actif du Réseau francophone d'Amérique, les deux stations de Radio Beauséjour auront accès à un éventail impressionnant de sources d'information. En effet, RFA a conclu, entre autres, des ententes avec NTR, Radio-France International, Canada News Wire, le Groupe TVA et son service de nouvelles LCN, les contributions quotidiennes des 18 radios communautaires en ondes, les dix bulletins maisons de l'équipe journalistique de RFA ainsi que les 10 autres bulletins d'Info-Plus, service offert par la Société Radio-Canada.

3421 Ces sources d'information variées et diversifiées permettront aux journalistes des deux stations de Radio Beauséjour de concentrer leurs efforts à la recherche de nouvelles locales et régionales en fonction des besoins spécifiques des deux auditoires cibles. En contrepartie, nous avons des réserves sur la diversité de l'information offerte par la demande de M. Losier.

3422 En 1998, le CRTC accordait à l'ARC du Canada une licence pour opérer un réseau radiophonique national. L'ARC du Canada, à l'instar de l'industrie des communications, a compris l'importance de la notion de réseautage pour assurer la survie et le développement de ses membres. Dans l'éventualité où le Conseil allouerait un permis à M. Losier et à une requérante en liste, il est évident que cette décision aurait des répercussions néfastes sur la viabilité, voire même la survie de deux membres de RFA.

3423 Nous remercions le CRTC d'avoir doté les communautés francophones et acadiennes du pays d'un outil de communication, d'échanges et de consolidation dans un univers de globalisation des marchés.

3424 L'état de santé financier de CJSE et la compétence de ses administrateurs ne laissent aucun doute. En effet, des revenus annuels d'environ un million, dont 472 000 $ pour la publicité locale, 66 000 $ pour la publicité nationale et près de 500 000 $ en revenus autonomes ne font que renchérir sur l'excellente réputation dont jouit Radio Beauséjour depuis son entrée en ondes. Ces données démontrent clairement que Radio Beauséjour a relevé avec succès le défi de l'autofinancement et de la diversification de ses sources de revenus.

3425 Lorsque les administrateurs de Radio Beauséjour ont déposé la demande de licence pour une deuxième station de radio communautaire, c'était d'abord et avant tout afin de pouvoir mieux desservir l'ensemble du marché potentiel de cette région du Nouveau-Brunswick. Seule Radio Beauséjour peut prétendre connaître à fond le marché du sud-est du Nouveau-Brunswick.

3426 D'ailleurs, lors du dépôt de la demande de licence de CJSE en 1993, les promoteurs du projet n'avaient-ils pas été les seuls à fournir des prévisions de revenus publicitaires qui allaient s'avérer exactes?

3427 En 1999, CJSE obtenait une dérogation à sa licence de type B de la part du CRTC qui supprimait les restrictions relatives à la quantité de publicité diffusée. Malgré cette situation, les revenus publicitaires de la station ont connu une très faible augmentation. Nous croyons donc que seule Radio Beauséjour devrait se voir octroyer une licence car elle est la seule qui présente un projet radiophonique réaliste qui tient compte du niveau des revenus publicitaires locaux potentiels.

3428 De plus, Radio Beauséjour a la maturité et l'expertise requises qui lui permettent de passer à cette nouvelle étape, soit celle d'offrir une plus grande diversité à l'auditoire de la région qu'elle dessert depuis presque six ans.

3429 En effet, le format d'émissions que propose d'exploiter Radio Soleil se veut à la fois original et complémentaire. Si nous comparons la programmation proposée par celle-ci avec l'autre demande compétitive de la présente audience publique, seule Radio Beauséjour offre l'opportunité de bien desservir l'ensemble de la communauté par son approche, sa couverture journalistique et sa programmation.

3430 C'est, selon nous, cet élément qui importera le plus dans l'éventuelle décision du Conseil.

3431 En ce qui concerne l'autre demande compétitive en liste pour la même fréquence, celle-ci propose un format d'émissions généraliste à vocation "pop rock". A notre avis, non seulement cette nouvelle station ajouterait peu de nouveau aux services présentement offerts par CJSE et CKUM, mais de plus elle contribuerait significativement à fragmenter les revenus publicitaires de ces dernières.

3432 Il y va ici de l'intérêt public des auditeurs du sud-est du Nouveau-Brunswick de se voir offrir une diversité pour laquelle ils ont manifesté un désir concret et constant.

3433 Sur ce dernier point, la proposition de Radio Beauséjour serait tout à fait en concordance avec la Loi sur la radiodiffusion. Celle-ci stipule:

"... favoriser l'épanouissement de l'expression canadienne en proposant une très large programmation qui traduise des attitudes, des opinions, des idées, des valeurs et une créativité artistique canadiennes..."

3434 La demande de Radio Beauséjour rejoint en tous points cette notion de "large programmation" tel que le stipule la Loi.

3435 Il faudrait se demander comment la requérante, à laquelle nous faisions allusion précédemment, prévoit des ventes de publicité locales annuelles de 590 000 $ après 12 mois d'opération.

3436 Notons que CJSE, même en étant la station numéro un dans le marché francophone de cette région et après 68 mois d'opération n'a pas encore atteint ce niveau de ventes locales. Lors de l'allocution de M. Losier, ce dernier prétendait développer un nouveau marché de l'ordre de 300 000 $ sur le montant de 590 000 $ et que sa venue affecterait très peu les deux stations francophones existantes.

3437 Malgré plusieurs années d'efforts dans le développement du marché francophone du sud-est par les stations CJSE et CKUM, celles-ci n'ont inévitablement pas identifié ces nouveaux clients potentiels que M. Losier prétend connaître dans cette mesure.

3438 Nous nous expliquons bien les raisons qui amènent M. Losier à demander un moratoire de deux ans pour exploiter pleinement le marché en grande partie déjà développé par CJSE et CKUM.

3439 Autre élément troublant de la demande de M. Losier est le sondage qu'il soumet, réalisé en juin dernier par la firme Angus Reid. Comment se fait-il que CJSE n'y récolte que 5 pour cent de la cote d'écoute alors que tel que mentionné précédemment les données BBM démontrent, malgré un problème de non-homogénéité, une cote d'écoute déjà supérieure? De plus, il est tout à fait incompréhensible que la station CFAI d'Edmunston, un de nos membres, se retrouve dans le sondage Angus Reid avec 1 pour cent de cote d'écoute alors que celle-ci se trouve à plus de 500 km de Moncton.

3440 Nous devons donc conclure que ce sondage et certaines conclusions qui en découlent sont très discutables et ne devraient pas être considérés par le CRTC lors de l'évaluation de cette demande.

3441 En guise de conclusion, la demande qui vous a été soumise par Radio Beauséjour répond en tous points à vos attentes à ce niveau et à celles que vous énoncez par la suite dans cette même politique, soit:

"Ces stations se trouvent en mesure de contribuer grandement à l'expression de la diversité culturelle du Canada, notamment en présentant et en mettant en valeur les artistes des groupes culturels minoritaires".

3442 Depuis 1994, la communauté francophone du sud-est du Nouveau-Brunswick démontre un appui inconditionnel et un dynamise constant face à CJSE. Les centaines de lettres d'appui au nouveau projet soumis par Radio Beauséjour témoignent concrètement de la nécessité d'octroyer la licence à cette requérante car c'est elle qui a investi six ans d'efforts afin que cette nouvelle station voit le jour.

3443 Dans le cas présent, le choix entre l'une ou l'autre des requérantes ne doit pas découler, selon nous, de cet article de la Loi où l'on pourrait vouloir opter entre le secteur privé et le secteur communautaire qui diffuse déjà dans le marché ciblé.

3444 Ce choix devrait être le résultat d'une décision prise à la lumière du contexte spécifique dans lequel la nouvelle station opérera, mais surtout en prenant en considération laquelle des deux demandes serait la plus avantageuse pour la communauté du sud-est du Nouveau-Brunswick et qui servirait le mieux l'intérêt public.

3445 Radio Beauséjour a fait ses preuves et sa demande repose sur du vécu et non des spéculations. De plus, sa demande est issue des besoins et des aspirations de la communauté et non d'une simple formulation d'un plan d'affaires regorgeant de données optimistes et questionnables.

3446 Votre décision pourrait confirmer si oui ou non les radiodiffuseurs communautaires ont également le droit de grandir, d'offrir de nouveaux services et de mieux desservir leurs communautés. Même si historiquement ce rôle a toujours été accordé au secteur privé, parce que l'occasion ne s'était jamais présentée comme c'est le cas aujourd'hui, le temps est venu d'écrire une nouvelle page d'histoire et d'amorcer le nouveau millénaire avec une décision-clé qui permettra de répondre aux attentes et aux aspirations de cette communauté.

3447 Dans l'anticipation de votre accueil favorable à cette demande, nous vous remercions au nom de Radio Beauséjour et des 28 autres stations membres de l'ARC du Canada.

3448 Merci.

3449 LA PRÉSIDENTE: Merci, Monsieur McGraw, Monsieur Paquin. Bienvenus à cette audience et rebonjour à notre audience, c'est très important.

3450 J'ai quelques questions. La présentation aujourd'hui est assez complète et claire et il y a certainement des éléments sur lesquels on puisse explorer un peu plus.

3451 M. McGRAW: Oui.

3452 LA PRÉSIDENTE: Mais avant j'aimerais commencer avec la présentation écrite.

3453 Selon votre mémoire écrit, ce Conseil aurait déjà examiné la question de la légalité relativement à l'exploitation d'une deuxième fréquence FM communautaire dans un même marché.

3454 C'est pourquoi j'ai dit que les téléphones cellulaires sont "banished". Je m'excuse parce que ça cause des problèmes non seulement pour vous autres mais pour nous autres aussi.

3455 Alors recommençons.

3456 Selon votre mémoire à la page 2, au paragraphe 2, le mémoire écrit. Vous l'avez avec vous?

3457 M. PAQUIN: Oui.

3458 LA PRÉSIDENTE: Le Conseil, d'après vous, aurait déjà examiné la question de la légalité relativement à l'exploitation d'une deuxième fréquence FM communautaire dans un même marché.

3459 Qu'est-ce qui vous porte à croire que le Conseil a déjà statué sur cette question?

3460 M. PAQUIN: On a envoyé la correspondance lorsque Radio Soleil avait commencé à mûrir leur projet, on s'était posé la question, est-ce qu'une radio communautaire peut posséder deux stations, deux fréquences, exploiter deux licences, un peu comme le fait la radio privée.

3461 On avait rencontré à ce moment-là certaines personnes, dont Mme Bertrand, qui nous avait proposé de soumettre la question aux fonctionnaires du CRTC, ce qu'on a fait. On a posé clairement la question et la réponse elle est évidente dans la mesure où on est ici aujourd'hui et qu'on convoite une licence. Donc la réponse dans la Loi, ce qu'on nous a dit -- de mémoire, je n'ai pas la documentation devant moi -- c'est que la Loi ne disait pas le contraire non plus, sans le préciser.

3462 Donc on sous-entend que notre demande a été recevable, la demande de Radio Soleil est recevable. C'est la raison pour laquelle on est ici aujourd'hui. Donc la question de la légalité, selon nous, le CRTC par le fait qu'on est ici présents, on sous-entend que tout ce qu'on fait aujourd'hui et depuis lundi qu'on ne fait pas ça pour rien, finalement.

3463 LA PRÉSIDENTE: Il y a deux choses. C'est la façon que c'est écrit ici, je voulais être claire sur quels documents politiques, et cetera, vous vous basez pour ce point précis. Et je pense que le conseiller juridique va continuer les questions pour qu'on soit clairs sur ce point-là.

3464 Mais juste pour le panel aujourd'hui. Est-ce que vous pouvez faire un commentaire sur pourquoi vous pensez que c'est conforme à la politique d'avoir deux stations dans le même marché, et pourquoi aussi dans ce cas précis, M. McGraw a parlé de l'importance d'examiner les cas précis, ça sera quelque chose sur laquelle on devrait aller de l'avant.

3465 Est-ce que vous pouvez juste élaborer un peu sur votre position? Laissons de côté qui a dit quoi. On veut juste voir votre proposition là-dessus.

3466 M. PAQUIN: Bien, écoutez, il y a un précédent ici. A ma connaissance, depuis 11 ans que je travaille dans le domaine de la radiodiffusion communautaire, il n'y a jamais eu de situation où une radio, une corporation à but non-lucratif demandait d'exploiter une deuxième fréquence dans son territoire.

3467 Il est évident que si ça avait été l'action d'un autre groupe de la communauté, ça aurait été tout à fait différent, c'est-à-dire qu'avec tout le nombre de lettes d'appuis que vous avez au dossier, il est évident que c'est un projet collectif qui a le support inconditionnel de l'ensemble de la communauté qui fait qu'à ce moment-là Radio Beauséjour n'est pas en compétition avec Radio Soleil mais exploite deux fréquences afin de mieux desservir la communauté. C'est la base même de l'argumentaire de Radio Soleil.

3468 Donc suite à des correspondances, que je n'ai pas avec moi mais que je pourrais toujours vous faire suivre, de votre bureau, on ne nous a pas découragés de le faire et à la lecture de ça, ça semblait positif -- à moins que je me trompe, mais de mémoire on s'est par la suite engagés dans la démarche suite à cette correspondance-là qui nous est apparue favorable. Et par la suite on ne nous a jamais dit le contraire de la part du Conseil.

3469 LA PRÉSIDENTE: Alors merci beaucoup pour ça. C'était juste pour mettre dans notre discussion aujourd'hui vos réflexions en substance. La correspondance dont vous parlez, et cetera, c'est quelque chose d'autre et s'il y a un problème on va vérifier avec le conseiller juridique là-dessus. Mais car ce paragraphe est là, je voulais être claire sur quel point précis il y une politique, un document ou quelque chose.

3470 Si on continue alors sur le projet devant nous, quelques autres clarifications. Selon vous, il y a un élément que vous avez touché au début, c'est RFA. Selon vous Radio Beauséjour a une collaboration importante au Réseau francophone d'Amérique.

3471 Dans quelle mesure comptez-vous sur la participation de Radio Beauséjour au service de la RFA? Est-ce que vous pouvez juste positionner cet élément?

3472 M. McGRAW: Oui, tout à fait. Au niveau de l'implication de nos membres en région, soit les 18 stations qui sont en région, dont Radio Beauséjour fait partie, nous demandons aux stations de fournir des éléments de programmation et d'information au réseau parce que c'est un réseau qui est décentralisé ce qui est différent des réseaux qui existent déjà. C'est un réseau qui se penche sur l'expertise développée par ses membres et pour faire entendre les réalités des communautés -- les réalités communes des communautés à l'extérieur du Québec.

3473 Donc Radio Beauséjour et Radio Soleil pourront envoyer des éléments de programmation qui seront diffusés sur le Réseau francophone d'Amérique pour l'ensemble des 18 communautés en ondes.

3474 LA PRÉSIDENTE: Est-ce que l'approbation de Radio Soleil est essentielle à l'implantation du réseau de la RFA -- le deuxième projet?

3475 M. PAQUIN: Bien, écoutez, il est évident -- pour juste rajouter sur la question précédente -- que Radio Beauséjour actuellement, comme on l'a déjà soulignée, c'est la plus grosse de nos stations, qui a les plus gros moyens, donc qui est plus capable de contribuer à sa mesure vis-à-vis l'ensemble des autres membres. Donc c'est un élément fort important. Si la décision du Conseil de rejeter la demande de Radio Soleil, dans ce cas-là -- et ça ne sous-entend pas qu'il y a d'autres licences qui sont accordées, entre autres la demande concurrente, c'est évident qu'on peut vivre comme on a toujours vécu avec Radio Beauséjour.

3476 Cependant, l'enjeu ici est que si la licence est accordée à M. Losier on a un problème au niveau de la viabilité de la survie, pas seulement de CJSE mais encore plus critique au niveau de CKUM, comme on l'a mentionné ce matin dans le mémoire de CKUM.

3477 Donc tout ça ferait que Radio Beauséjour -- pour revenir à votre question -- aurait de moins gros moyens et serait moins en mesure de contribuer à l'ensemble du réseau et de pouvoir aussi donner son expertise aux autres, parce que Radio Beauséjour est une radio modèle, est une radio sur laquelle les plus petites radios, qui souvent ont certains problèmes, comptent beaucoup sur l'appui de Radio Beauséjour et régulièrement Radio Beauséjour reçoit des gens de notre réseau ou d'autres réseaux pour de la formation, de l'information, et cetera.

3478 Donc c'est un élément clé au niveau du bon fonctionnement de RFA.

3479 LA PRÉSIDENTE: Merci, c'est clair. Je voulais mettre les deux projets dans le contexte RFA pour être claire.

3480 Maintenant, on a parlé souvent de la diversité dans le système, et si on peut parler précisément. Pourquoi pensez-vous que le service proposé par Radio Beauséjour serait complémentaire au service existant?

3481 MR. PAQUIN: Il n'y a pas de doute au niveau des lettres d'appui, au niveau de l'analyse de l'auditoire que CJSE fait depuis cinq ans et demi, à peu près, il n'y a aucun doute dans l'esprit des promoteurs de ce projet-ci présentement qu'il y a un besoin clairement identifié pour deux styles de radios pour répondre à l'ensemble des besoins.

3482 D'un côté -- je sais que mon collègue, Gilles, n'aime pas qu'on utilise l'aspect plus "country" rural, c'est la façon imagée de dire "country" rural ou urbain Moncton, ça n'enlève en rien que les gens en périphérie peuvent écouter la musique "Pop rock". Mais les deux programmations, lorsqu'on les analyse, vont offrir un ensemble de diversité musicale, un ensemble de contenu verbal différent qui va être ciblé sur des auditoires cibles précis qui va rejoindre l'ensemble de la communauté.

3483 Donc dans un projet comme celui de M. Losier, on remarque, comme on le précise dans notre mémoire, c'est que le format musical qu'il propose est un format qu'on retrouve en partie sur CJSE actuellement, qu'on retrouve en partie sur CKUM. Ça n'amène pas une valeur plus à la diversité musicale.

3484 Au niveau du contenu verbal, ce que j'ai noté lors de la présentation de M. Losier -- j'ai arrêté de prendre des notes après trois heures et demie de contenu verbal. La Loi stipule que c'est 15 pour cent, on parle de 18 heures, mais on a parlé une heure et demie de nouvelles, deux segments de 30 minutes. Naturellement, il y aura des présentations de pièces musicales, mais ça ne m'a pas convaincu que le contenu verbal va être à l'avantage de l'auditoire, qu'ils vont pouvoir recevoir de l'information suffisamment en quantité importante, qu'il y aura des émissions de contenu verbal un peu plus substantielles.

3485 Mais ici lorsqu'on parle de diversité, autant au niveau verbal qu'au niveau musical, le projet que vous avez ici c'est un projet qui est global, c'est un projet qui rejoint pratiquement l'ensemble et qui va ramener des auditeurs francophones actuellement qui syntonisent des stations anglophones, on va aller récupérer un pourcentage -- je n'ai pas d'analyse là-dessus, mais il est évident qu'on va récupérer un pourcentage de ces gens-là qui va se tourner par une ou autre des stations, elles vont être plus représentatives pour eux et il y aura un phénomène aussi où les gens vont être plus fidèles à une ou à l'autre de ces stations.

3486 Actuellement, le défi c'est de pouvoir faire une programmation à CJSE qui rejoint tout le monde, donc c'est évident qu'il y a des gens qui vont changer de poste pour des raisons de goût. Ça ne répond pas nécessairement à tous leurs goûts.

3487 Donc, le projet ici c'est un projet qui nous semble le plus favorable et le plus souhaitable pour la communauté du sud-est.

3488 LA PRÉSIDENTE: Alors je comprends très bien. C'est un point de vue qui met le terme diversité aussi dans -- on a parlé au début de l'audience, les critères qu'on aura dans l'ensemble pour ces présentations et on parle aussi de la politique, la nouvelle politique sur la radio communautaire et qu'elle est notre approche derrière ce mot diversité.

3489 Je pense que le Conseiller Cardozo en a touché aussi, qu'on mette ce mot dans la réalité de ce contexte-ci.

3490 Alors pour moi, juste pour être sûre, c'est clair et pour vous c'est l'ensemble des deux projets qui va faire en sorte que l'ensemble de la population francophone sera mieux servie, si j'ai bien compris.

3491 M. PAQUIN: Oui, vous avez bien compris.

3492 LA PRÉSIDENTE: Et dans ce sens-là, si on parlait, par contre, d'une autre façon que le Conseiller Cardozo a mentionnée, pour vous la diversité de propriété, ça veut dire de sources différentes, disons. Disons que la possibilité d'aller à un ensemble plus large n'est pas aussi efficace, n'est pas aussi intéressant pour vous. Et je parle, ça va de soi, d'une approche, d'une autre demande.

3493 M. PAQUIN: Écoutez, il y a un paragraphe qu'on n'a pas lu pour le bénéfice de l'audience, qui traitait justement que la Loi sur la radiodiffusion stipule que trois systèmes, le système privé ou commercial, le communautaire et le système public -- il est évident que lorsqu'on regarde la pénétration des radios communautaires dans l'ensemble du pays il est très négligeable avec une cote d'écoute de 1 pour cent et il est évident que ce n'est pas la radio communautaire qui mène tout le paysage radiophonique canadien.

3494 Cependant, dans la présente audience ici, ce qu'on dit c'est que le rôle du CRTC c'est de s'assurer que les décisions servent le mieux, selon nous, l'intérêt public et le projet qu'on a ici de Radio Soleil, selon nous, on est persuadés que c'est ce projet-là qui sert le mieux l'intérêt public.

3495 Oui, au niveau de la diversité de propriété qui est un élément du système de radiodiffusion, mais il ne faudrait pas baser la décision sur le fait que malgré que déjà le privé est quand même bien représenté ici à Moncton qui est anglophone et qu'on n'a pas de privé francophone, qu'on base la décision sur cet aspect de la loi.

3496 Et c'est pour ça qu'on a pris la liberté de le souligner, dans le sens où on est conscients que pour des raisons de diversité, de propriété on pourrait être tentés d'aller favorablement vers la demande de M. Losier.

3497 Mais l'enjeu ici ce n'est pas seulement une question de propriété, c'est une question, je le répète, d'intérêt public et ce qui répond le mieux aux attentes et aux besoins de la communauté qui va être directement touchée par le contenu de la programmation radiophonique qui va être offerte, nous osons le croire, prochainement.

3498 LA PRÉSIDENTE: Est-ce que pour vous il y de la place pour deux services francophones dans ce marché?

3499 M. PAQUIN: Nous on croit qu'il y a de la place pour une autre station francophone additionnelle, cependant pas à n'importe quel prix et pas de la façon qu'on fait l'analyse nous présentement des demandes qui sont sur la table. Oui, à Radio Soleil, mais concernant la demande concurrente, on a des problèmes majeurs au niveau de son contenu, au niveau de ses prévisions budgétaires.

3500 Nous croyons que si cette demande à la radio commerciale est allouée, ça aura des répercussions importantes et je crois qu'avec CKUM on a une preuve ici où la radio va surtout exploiter le marché de Moncton et une petite radio de cette envergure-là avec un petit marché. Il est évident qu'une radio francophone va pénétrer directement le marché de cette petite radio-là tout en allant chercher quand même une autre partie en périphérie.

3501 Mais pour nous tels que les projets sont présentés, ma réponse est non au projet commercial et elle est oui dans la mesure que de tous les projets qu'on a ici, le projet de Radio Beauséjour est celui qui va avoir le moins de répercussions sur l'ensemble des radios actuelles.

3502 Donc le marché qu'on se propose d'aller chercher additionnellement, 100 000 $, je crois que c'est facilement absorbable. Mais lorsqu'on parle de six fois plus que ça, on commence, comme on dit, à parler "business".

3503 LA PRÉSIDENTE: Je pense qu'il faut faire attention. Si vous parlez de certains chiffres qui ont été mis en évidence ce matin, il faut parler des chiffres réels en terme des revenus qui sont dans le dossier de Radio Beauséjour en ce moment. Dans ce sens-là, une dernière question.

3504 Pour vous, est-ce qu'il n'y aura pas un impact sur CKUM avec l'arrivée de Radio Soleil, parce qu'on parle des mêmes annonceurs, on parle de la même, disons, clientèle d'une certaine façon, si j'ai bien compris.

3505 M. PAQUIN: Écoutez, je crois que le mémoire de CKUM ce matin, auquel j'ai participé, était assez manifeste à cet effet-là.

3506 Déjà depuis plusieurs années, il y a de nombreuses collaborations entre les deux stations afin de définir leurs marchés et leur clientèle cible. Il y a des ententes à plein niveau au niveau d'échanges de programmation, de formation. Ces deux stations-là sont solidaires, tentent de trouver -- oui, il y a sûrement un peu de compétition, mais on est en train de trouver des formules qui vont être acceptables pour les deux stations.

3507 Donc, ce que j'ai compris, c'est que CKUM ne se sent pas du tout menacée par l'arrivée de Radio Soleil, mais l'arrivée d'une radio privée francophone à Moncton, je crois qu'ils ont toutes les raisons d'être inquiets.

3508 LA PRÉSIDENTE: Merci.

3509 Madame Noël?

3510 CONSEILLÈRE NOËL: Aucune question.

3511 LA PRÉSIDENTE: Le Conseiller juridique aura une question.

3512 M. McCALLUM: Oui, juste pour terminer, sur la légalité de la demande.

3513 Je pense que la seule chose qu'on peut dire aujourd'hui c'est que le Conseil a décidé d'entendre la demande et il décidera. Donc c'est la seule chose qu'on peut dire.

3514 Ma question est la suivante. A la page 4 de votre mémoire cet après-midi, vous dites que vous avez des réserves sur la diversité de l'information offerte par la demande de M. Losier.

3515 Quelles sont vos réserves quant à ça?

3516 M. PAQUIN: Écoutez, il n'y a rien dans la demande de présentation qui nous a fait croire que le projet de la requérante de M. Losier avait démontré de façon manifeste l'ensemble de ses sources d'information. Est-ce qu'on entend ici qu'on va s'abonner à NTR et qu'on recevra des -- parce qu'on a fait beaucoup allusiion dans la demande un peu à la radio de CKOI, une radio dynamique, légère, et cetera. Est-ce que recevoir le fil de presse de NTR en provenance de Montréal c'est de la diversité au niveau de nouvelles? Je ne le crois pas.

3517 Nous ici on vous démontre l'ensemble des sources de diversification. Si on fait les deux comparaisons, à moins qu'on puisse me faire la preuve du contraire, je crois que, au niveau de la diversité de l'information, on peut soulever le doute.

3518 Mais juste pour revenir sur l'aspect de la légalité, si vous me le permettez, Monsieur le Conseiller juridique, si vous le voulez bien, je crois que ce serait important qu'on fasse le retour en arrière et qu'on puisse mettre au dossier, si possible, les correspondances qui nous amènent ici aujourd'hui parce que moi je n'étais pas sous l'impression qu'on est ici sous réserve de la décision, mais que la démarche était légale. A moins que je me trompe, mais on va retrouver ces documents-là. On pourra toujours vous les faire parvenir.

3519 M. McCALLUM: Je pense que ce n'est pas nécessaire parce que le fait qu'on est ici, qu'on entend la demande veut dire que la décision sur la demande va être prises à un moment donné. Donc c'est tout ce qu'on peut dire. Le Conseil a reçu la demande, il devait considérer la demande, et il est ici pour considérer la demande, et il statuera par la suite.

3520 M. McGRAW: Juste pour complémenter. On entend par là que si la demande est non-favorable, on n'aura pas nécessairement réglé d'emblée la légalité de la chose ou que vous allez profiter de la décision pour préciser si une démarche telle que le propose Radio Beauséjour pourra dans l'avenir être entendu.

3521 M. McCALLUM: Normalement, le Conseil parle par ses décisions, et une fois une décision rendue, il expliquera les motifs de sa décision.

3522 Merci.

3523 M. McGRAW: Merci.

3524 LA PRÉSIDENTE: Je pense que c'est clair. On est là et la décision va parler pour elle-même.

3525 On vous remercier, et entre-temps à l'ARC du Canada, le Conseil aussi souligne votre support et assistance concernant la politique sur la radio communautaire. On vous remercie d'être encore au travail.

3526 M. PAQUIN: Merci, Madame la Présidente, Conseiller.

3527 LA PRÉSIDENTE: Madame la Secrétaire.

3528 Mme MacDONALD: Merci, Madame la Présidente.

3529 This now completes Phase III. We will take a 20 minute break and return at 3:45 at which time we will begin with Phase IV.

3530 Thank you.

--- Recess at 1525 / Suspension à 1525

--- Upon resuming at 1545 / Reprise à 1545

3531 LA PRÉSIDENTE: Order please. A l'ordre, s'il vous plaît.

3532 Madam Secretary.

3533 MS MacDONALD: Thank you, Madam Chair.

3534 We have now reached the fourth and final phase of the competitive applications. In this phase, the applicants will reappear in the reverse order that they have over the past two days to comment or rebut interventions filed to their applications.

1550

3535 Once again, we would note that each group is permitted ten maximum to do their presentation or to provide their comment.

3536 The first group we would invite to come forward is International Harvester.

--- Pause / Pause

3537 It would appear that we don't have anybody available in the room for International Harvester.

3538 So perhaps we will move onto the second competitive application which is by Atlantic Stereo Ltd.

--- Pause / Pause

3539 A correction to that, please, with my apologies. I guess we will call on Radio Beauséjour.

3540 Radio Beauséjour, s'il vous plaît.

--- Pause / Pause

3541 LA PRÉSIDENTE: Quand vous serez prêts, Monsieur Ouellet, Monsieur Arsenault.

REPLY / RÉPLIQUE

3542 M. OUELLET: Madame la Présidente. Mon nom est Roger Ouellet. Je suis le président du conseil d'administration de Radio Beauséjour.

3543 M'accompagne aujourd'hui, Monsieur Gilles Arsenault qui est le directeur général.

3544 Madame la Présidente, Membres du Conseil. M. Losier a fortement insisté sur le fait qu'il y a déjà deux radios communautaires et que pour cette raison il serait opportun de favoriser sa requête avec Maritime Broadcasting.

3545 Que ce soit à travers l'Internet ou dans le menu des câblodistributeurs déjà disponibles, nous croyons que l'évolution des moyens de communication permet à quiconque d'accéder à tout genre musical et de programmation désirés, y compris de radio commerciale.

3546 Le genre de programmation que propose M. Losier est de son propre aveu comparable à celle d'autres stations à Montréal ou Ottawa-Hull.

3547 Ici à Moncton, au début du nouveau millénaire, nous avons déjà accès à tout un éventail de chois musicaux, dont plusieurs de langue française. En tout nous avons présentement accès à au moins 20 services de musique à travers les lignes téléphoniques à Moncton.

3548 Dans cette perspective, la radio de l'avenir doit proposer autre chose à son public. La radio de l'avenir doit développer un style qui représente la personnalité de son auditoire. La radio de l'avenir doit se démarquer dans un univers qui tend à l'uniformisation autant qu'à la spécialisation.

3549 Nous avons amplement fait la démonstration que notre proposition offre à la population davantage qu'un "juke box", un véritable outil de communication à sa portée, à sa mesure et à son entière disposition.

3550 En fait, cette radio, c'est cette population elle-même qui souhaite la création de Radio Soleil. La réalité parle d'elle-même. Radio Beauséjour a pour cette requête l'appui de toutes les municipalités sur sa zone de desserte. Une foule d'organismes, de PME, de nombreuses personnalités de l'Acadie et, cela va sans dire, d'un prestigieux éventail d'artistes et de créateurs.

3551 La communauté, le public immédiatement concerné exprime avec éloquence un appui raisonné, mûrement réfléchi, parfois très émouvant. Nous prions le Conseil de prendre connaissance de ces lettres.

3552 M. Losier a fait tantôt référence à la population de Moncton, tantôt à celle du sud-est du Nouveau-Brunswick pour justifier ces projections. Ceci nous porte à croire que son projet est soit mal défini, soit encore plus menaçant pour CJSE qu'il n'y paraît.

3553 Nous tenons à corriger certaines données fortement exagérées par M. Losier. Selon la Chambre de commerce du Grand Moncton, il y avait en 1996, 18 880 francophones, soit 31 pour cent de la population totale à Moncton. La circonscription de Westmorland, qui comprend Moncton, avec Dieppe, et les agglomérations à proximité, comptait un total de 49 120 francophones, 42,91 pour cent de la population.

3554 Nous sommes loin des 80 000 francophones auxquels fait référence M. Losier en parlant du Grand Moncton. Nous remarquons avec plaisir que les membres du Conseil eux-mêmes démentent cette affirmation, mais nous connaissons notre milieu et savons qu'ici, comme ailleurs au Canada, le bilinguisme auquel fait référence M. Losier est généralement du côté des Acadiens francophones.

3555 Quoiqu'il en soit, cette population, Madame la Présidente, Messieurs les Conseillers, est celle que nous voulons continuer à mieux desservir. Cette population représente en réalité le marché que se propose d'exploiter M. Losier: le sud-est du Nouveau-Brunswick, 75 000 francophones environ, de 15 ans ou plus.

3556 Cette population, vous avez pu le constater, s'exprime avec éloquence en faveur de notre projet pour deux raisons, croyons-nous. La première c'est la diversité de contenu, l'originalité, la fraîcheur qu'apporte Radio Soleil dans l'univers radiophonique de la région. Oui, notre contenu sera différent, innovateur, musicalement certes, mais également en terme de contenu verbal.

3557 Le milieu dispose de ressources qui seront mises à contribution. N'oublions pas qu'il s'agit bien d'une radio communautaire et donc d'une radio de proximité. Ses utilisateurs sauront la façonner à leurs attentes et besoins.

3558 Un comité de programmation distinct, un format nouveau, un public différent amèneront d'autres intervenants, d'autres ressources, d'autres contributions, d'autres perspectives qui ne sont pas actuellement suscités. Au niveau de l'information, la collaboration avec RFI permettra encore là de diversifier le contenu et parce que notre auditoire cible recherche cette perspective élargie, il est certain que le matériel à notre disposition sera davantage exploité qu'il l'est présentement avec CJSE.

3559 Le réseau de l'ARC, la collaboration avec la SRC, les échanges avec nos partenaires de l'ARCANB s'ajoutent à cet éventail, en plus du personnel responsable de l'information locale.

3560 Par ailleurs, nous faisons respectueusement remarquer au Conseil que l'arrivée de la radio de M. Losier sur les ondes, qui amènerait immanquablement le départ de CKUM et limiterait l'évolution de CJSE et du réseau de l'ARC contribuerait plutôt à une diminution des choix offerts et donc à une diversité moindre.

3561 L'autre raison qui, selon nous, nous inspire un appui aussi exceptionnel de la population acadienne, c'est l'association de M. Losier avec la Maritime Broadcasting. C'est la menace que représente cette association pour les acquis de la communauté.

3562 M. Losier fait grand cas du mur qui serait construit au "1000 St. George Boulevard", entre sa radio et celles de Maritime Broadcasting. Nous savons que les murs les plus étanches peuvent développer des brèches et les Acadiens, comme tout le monde sur la planète, savent ce qui est arrivé du Mur de Berlin.

3563 M. Losier est-il allé présenter son projet à la communauté? Dans quelle langue ont été accueillis ceux qui sont allés prendre connaissance de la demande de M. Losier chez Maritime Broadcasting? Dans quelle langue le conseil d'administration de la nouvelle société à être constituée fonctionnera-t-il? N'y avait-il pas une autre chaîne de radios francophones à laquelle M. Losier aurait pu s'associer dans son projet?

3564 Nous n'excluons pas la possibilité qu'une radio privée puisse éventuellement s'établir à Moncton. Mais dans les conditions actuelles, la vulnérabilité du milieu et l'importance cruciale du développement qui s'accomplit grâce aux radios communautaires, nous incitent à dire qu'une telle radio serait prématurée.

3565 Des intervenants ont ce matin fait la démonstration que les radios privées s'intéressent en priorité à un contenu musical déterminé par les grands centres, c'est-à-dire par d'autres publics et d'autres radios au Québec et ailleurs, qui ne connaissent pas nos artistes.

3566 Pour cette raison, dans le cas de la demande de Denis Losier et de Maritime Broadcasting, nous croyons qu'il est urgent de ne rien faire.

3567 En contrepartie, il est crucial que la proposition de la communauté concernée soit entendue favorablement.

3568 Madame la Présidente, membres du Conseil, puisque le projet d'une radio commerciale appartenant pour moitié à des intérêts anglophones apparaît prématuré et potentiellement néfaste, ceci dans la perspective même de ceux et celles à qui il est proposé, puisque Radio Soleil sera inévitablement une radio différente, originale, avec une personnalité propre à son auditoire cible, nous incitons le Conseil à donner sa chance à la communauté tout comme en 1993.

3569 Nous incitons le Conseil à donner à la communauté l'occasion de prouver la justesse de ses choix, la sagesse qui motive son appui.

3570 Dans quelques années peut-être il y aura place pour une radio commerciale véritablement francophone dans sa structure financière comme dans son contenu.

3571 Dans quelques années le Conseil aura à réexaminer la licence de Radio Soleil et sa performance. Il sera toujours temps à ce moment-là de réévaluer et de corriger, si nécessaire. D'ici là, la décision la plus judicieuse est celle qui préserve les acquis, qui protège l'équilibre et qui soutient une démarche unique au Canada.

3572 Madame la Présidente, membres du Conseil, nous vous invitons à prendre note du nombre de bénévoles, d'employés, de membres du conseil d'administration qui ont suivi attentivement les délibérations des derniers jours. Cette attention est à l'image de Radio Beauséjour qui se veut à l'écoute de la communauté, non seulement pour faire valoir son projet, mais bien pour entendre ceux et celles à qui elle se veut redevable.

3573 Merci, Madame la Présidente. Merci, membres du Conseil. Merci, Conseiller.

3574 LA PRÉSIDENTE: Merci, Monsieur Ouellet.

3575 Le Conseiller juridique -- je m'excuse, la Conseillère Noël.

3576 CONSEILLÈRE NOËL: Seulement une petite observation, Monsieur Ouellet. J'espère que quand vous faites référence au Mur de Berlin, vous n'avez pas de regrets qu'il ait été abattu.x

3577 M. OUELLET: Pas du tout, pas du tout et la référence au Mur de Berlin, c'est la suivante. C'est qu'au Nouveau-Brunswick, nous avons connu des espaces communs entre francophones et anglophones dans le milieu scolaire et nous avons une longue expérience et nous avons préféré non pas être dans notre ghetto, mais être dans une aire où on peut finalement s'épanouir pleinement dans notre langue et dans ce sens-là, je faisais allusion au Mur de Berlin.

3578 Nous ne voulons pas un mur à Maritime Broadcasting qui va séparer les employés francophones et anglophones. Non. Nous préférons un espace propre aux francophones dans leur environnement pour desservir leur communauté. C'est à cela que je faisais allusion. On veut l'abolition de tout mur y compris le mur que veut ériger M. Losier entre son personnel francophone et celui anglophone de la station Maritime Broadcasting.

3579 CONSEILLÈRE NOËL: Merci.

3580 M. McCALLUM: Oui. Juste un fait qui est survenu à la Phase III sur lequel je voulais juste une clarification. Les Médias universitaires ont décri qu'il y a un protocole d'entente entre CKUM et CJSE.

3581 Est-ce que vous pouvez nous dire les grandes lignes de cette entente?

3582 M. ARSENAULT: Certainement, avec plaisir. Le protocole d'entente, qui a d'ailleurs été soumis avec notre demande et qui fait partie intégrante de la demande déposée, stipule qu'on appuiera les démarches de CKUM dans son évolution d'une radio jeunesse, peu importe dans quelle direction ils voudront aller dans ce domaine-là.

3583 On reconnaît que c'est leur expertise, c'est dans ce secteur-là qu'ils seront le plus efficace et on les appuiera à ce niveau-là et eux nous appuient pour la demande qu'on a déposée auprès du CRTC. Ils pourraient, par exemple, éventuellement faire une demande au CRTC pour une augmentation de puissance et nous on s'est engagés auprès d'eux d'appuyer ces démarches-là. Mais ce sont des démarches qui leur appartiennent. Mais nous on a choisi de travailler et de collaborer ensemble et ça a porté des résultats même si la radio communautaire étudiante a des difficultés financières. On collabore avec eux à ce niveau-là aussi. On n'est pas là pour intervenir dans un marché qui est bien identifié et qu'on connaît. Au contraire, on est là pour collaborer ensemble parce que leur mandat et le nôtre ne sont pas différents. C'est de mieux servir et développer les communications au sud-est. Donc le mandat se ressemble.

3584 M. OUELLET: Si je peux ajouter, Monsieur le Conseiller.

3585 C'est que nous avons des pourparlers constants avec CKUM et M. Giroux l'a mentionné ce matin, nous avons chacun un comité en place pour travailler en collaboration et nous explorons beaucoup de pistes.

3586 Par exemple, on sait très bien qu'au niveau de CKUM, sa difficulté c'est la vente, finalement mais pour faire cela, bien il faut des sondages. Je ne vais pas m'attarder là-dessus. Nous on en fait des privés, je ne vais pas m'attarder là-dessus, mais une piste de collaboration, par exemple, avec CKUM, lorsque nous nous commandons des sondages, nous pourrions évidemment ajouter des questions qui pourraient concerner CKUM et ça sera un outil, évidemment, de marketing intéressant si CKUM connaissait mieux son auditoire cible.

3587 Mais on sait très bien que sa situation financière fait en sorte que c'est difficile pour elle de commander un sondage qui lui est propre.

3588 Voilà un exemple. Il y a d'autres exemples qui vont faire en sorte que cette collaboration va se poursuivre avec CKUM qui est depuis le début finalement. Donc nous on est très sereins que l'avenir de CKUM passe aussi par une collaboration étroite avec Radio Beauséjour, et puis on l'a mentionné ce matin, c'est très clair que nous notre public cible ce n'est pas uniquement le public jeunesse, ce n'est pas uniquement un public urbain. C'est l'ensemble finalement des francophones du sud-est, un public plus large, et puis dans cette perspective c'est beaucoup moins menaçant, comme l'a mentionné ce matin CKUM.

3589 D'autre part, nous la première année on veut aller chercher des revenus supplémentaires de 99 000 $ et non pas des sommes pharamineuses comme le 650 000 $ qui a été mentionné plus tôt.

3590 M. McCALLUM: Merci.

3591 LA PRÉSIDENTE: Le Conseiller Cardozo aura une question.

3592 CONSEILLER CARDOZO: Merci, Madame la Présidente.

3593 J'aimerais juste savoir une chose sur la question de synergie dont vous avez parlé. Vous avez parlé de synergie entre Radio Soleil et votre station actuelle.

3594 Avez-vous l'intention de jouer la même musique quelques fois entre les deux ou la même programmation ou avez-vous des plans pour une programmation complètement différente entre les deux?

3595 M. ARSENAULT: Il pourrait parfois y avoir les mêmes artistes parce que vous savez parfois un groupe va sortir un album où il y a une variété de musique sur ce disque compact et certaines chansons seront mieux adaptées à une station ou à l'autre.

3596 D'ailleurs on a beaucoup d'exemples de ça déjà dans notre discothèque. Mais notre intention n'est pas de répéter des chansons. On n'entendra pas les mêmes chansons sur les deux stations. Ça c'est clair. Je pense que l'information qu'on a dévoilée sépare clairement les styles musicaux. Il y en a tellement en Acadie, et ça répond à un besoin.

3597 L'objectif c'est surtout de donner beaucoup plus de temps d'antenne à tous ces styles musicaux.

3598 CONSEILLER CARDOZO: Je comprends bien mais pour la programmation orale?

3599 M. ARSENAULT: Oui, là aussi. Après six ans on apprend à connaître un public, on apprend à connaître ce que les gens aiment, n'aiment pas, on parle, on communique. Les gens viennent nous voir, les gens ont appris à ne pas se gêner avec nous. Quand ils ont quelque chose à nous dire, ils nous le disent, et après six ans on ramasse un paquet d'informations, on connaît ce milieu-là et on si que si on va faire le traitement d'une pièce de théâtre qui intéresse le public de Radio Soleil, on va le traiter avec beaucoup plus, si vous voulez, de détails qu'on le fera sur CJSE, par exemple, qui eux s'intéressent peut-être plus à un spectacle "country" qui est dans le comté de Kent, par exemple.

3600 Donc le traitement, on le connaît déjà sauf qu'avec une station c'est extrêmement difficile. On doit parler de tout ça et parfois c'est peu intéressant pour une partie de notre auditoire mais très intéressant pour une autre.

3601 M. OUELLET: Si je peux ajouter quelque chose. Je pense qu'il y aurait une analogie à faire.

3602 Au niveau de la radio publique on avait le FM et le AM. Maintenant elles sont toutes les deux à modulation de fréquences, mais quand on regarde Radio-Canada, sa Première chaîne, sa Deuxième chaîne, c'est complémentaire. Ce sont des auditoires différentes qui peuvent se juxtaposer.

3603 Alors je dirais que notre projet de deux stations communautaires, avec deux voix différentes, deux saveurs différentes, si je conclut une image elle existe au Canada depuis longtemps dans le service public.

3604 Pourquoi Radio-Canada jugeait opportun il y a très longtemps d'avoir une deuxième chaîne? Ça c'est un élément que je peux porter à votre attention.

3605 Pour ce qui est de l'information, on en a parlé aussi mais je pense que notre association, si vous regardez notre document, on mentionne très clairement, je pense, qu'on va avoir une diversité, une qualité de l'information beaucoup plus grande, à mon avis, dans notre projet que dans le projet de M. Losier. Ça m'apparaît très, très clair. Nous allons faire de la nouvelle locale mais parce que nous sommes en réseau, nous allons enrichir cette nouvelle locale et parce que nous sommes en réseau, on va pouvoir mettre davantage nos ressources sur cette nouvelle locale, la diversifier, l'enrichir, parce que nous on est en réseau.

3606 Je n'ai pas entendu M. Losier dire qu'il était en réseau. Où il va la prendre sa nouvelle en dehors de la nouvelle locale? Est-ce que c'est sur NTR ou sur quoi? Je n'ai pas entendu ça aux audiences où il allait prendre sa nouvelle en dehors de la nouvelle locale. Elle va provenir d'où, de quel réseau? En quoi ça va être différent de ce qu'on entend à gauche et à droite? Je me pose la question.

3607 Est-ce que sur la radio de M. Losier on va faire beaucoup état de l'information internationale? Nous avec RFI parce qu'on a un auditoire beaucoup plus spécialisé, on va présenter, je pense, quelque chose qui n'existe pas dans le sud-est. Notre alliance avec RFI, si vous regardez notre demande, il va y avoir des blocs, plusieurs blocs par jour de dix minutes d'information internationale et des bulletins aussi de quelques minutes.

3608 Je pense que c'est une diversité que n'a pas actuellement la communauté. Il ne faut pas oublier ici on a une communauté universitaire importante. Chaque année il y a au-delà de 5 000 étudiants sur ce campus qui viennent de partout de la Francophonie, du Québec et d'ailleurs. Bien ils pourront, je pense, syntoniser aussi avec CKUM une autre radio qui pourra combler leurs attentes.

3609 Et moi je sais très bien que pendant le Sommet, RFI qui était ici c'était une autre voix qui s'ajoutait à celle de Radio-Canada, à celle finalement des radios communautaires et à toutes les autres. Et c'était une voix qui était différente. Bien une partie de cette voix différente et diversifiée sera dans Radio Soleil, je pense.

3610 Alors moi je pense que c'est très clair et quand on parle des ressources du milieu et de la programmation, il y a un deuxième comité de programmes qui va s'assurer d'une programmation distincte et dynamique et on pourra faire des choses beaucoup plus en profondeur et aller chercher des ressources. Le potentiel est là mais Radio Beauséjour n'est pas nécessairement le véhicule pour exprimer finalement cette parole de ces gens-là.

3611 Alors Radio Soleil va permettre d'aller puiser davantage dans ce bassin de Moncton et sa grande région qui est absolument très, très riche avec sa communauté universitaire, ses professionnels.

3612 Alors je pourrais continuer comme cela, mais moi je ne doute pas du tout que Radio Soleil sera une radio dynamique, une radio vraiment très différente, très riche que va nullement nous apporter une radio privée.

3613 Moi je pose la question: quand on se promène et on écoute les radios privées, qu'est-ce qui fait qu'elle est différente de la radio privée de Montréal, de Longueuil ou de Drummond?

3614 M. McCALLUM: Excusez, Monsieur Ouellet, si je peux vous interrompre pour une minute. Le temps pour faire les interventions contre les autres parties est passée. Donc le temps maintenant c'est de répondre à la question que Monsieur le Conseiller Cardozo a posée.

3615 Donc si vous pouvez ne pas intervenir.

3616 M. OUELLET: J'ai répondu à la question et je me fie à la diligence de Madame la Présidente. Si elle croit que je suis hors sujet ou elle croit vouloir m'interrompre, je respecte sa décision.

3617 CONSEILLER CARDOZO: Non mais je veux juste demander votre demande.

3618 M. OUELLET: Pardon?

3619 CONSEILLER CARDOZO: Ma question était...

3620 M. OUELLET: La réponse est oui, c'est très diversifié à tous les niveaux.

3621 LA PRÉSIDENTE: Je pense qu'on a reçu la réponse, Monsieur Ouellet, et en effet je compte aussi sur le Conseiller juridique que tout le monde reste à l'intérieur des phases précises.

3622 Merci.

3623 M. OUELLET: Merci.

3624 LA PRÉSIDENTE: Il n'y a plus de questions. Alors merci beaucoup.

3625 M. OUELLET: Merci.

3626 M. ARSENAULT: Merci.

--- Pause / Pause

3627 LA PRÉSIDENTE: Madame la Secrétaire, s'il vous plaît.

3628 Mme MacDONALD: Merci, Madame la Présidente.

3629 I would now invite Atlantic Stereo to come forward to comment on or rebut interventions filed to their application.

3630 Thank you.

3631 I would remind the group that you are allowed ten minutes to make your presentation. You can begin whenever you are ready.

3632 Thank you.

3633 THE CHAIRPERSON: Please proceed.

REPLY / RÉPLIQUE

3634 MR. TEMPLETON: Good afternoon, Madam Chair, Commissioners, members of the Commission.

3635 My name is Bob Templeton. I am President of NewCap Broadcasting which is the majority shareholder of Atlantic Stereo.

3636 I would like to reintroduce Gordon Elder, our Engineering Consultant; Peter Doering, who conducted the market research for our application; Jackie Rae Greening, our Program Director of CFCW-AM in Camrose, NewCap's country station in Camrose, the Chairman of the Board of Atlantic Stereo, Mr. Charles Lawson.

3637 In the back row, Jackie Boutilier, our Manager of Human Resources; David Murray, Vice-President of Finance and Administration; Pat Donelan, General Manager of C-103 and another one of our local partners, Mr. Gary O'Neil.

3638 Madam Chair, before we start, we would like to thank those intervenors who supported our application, particularly Doug Bradshaw of Operation Headstart, and Gary Farmer and the members of the Mi'Kmaq and Maliseet communities for taking the time to come to Moncton to show their support.

3639 Madam Chair, we are now ready to start our presentation.

3640 We would like to deal with three groups of issues in our reply today: Technical issues, the impact of our application on the competitive state of the market and the need for the proposed service.

3641 First to address technical issues, I would like to call on Mr. Gordon Elder, the dean of broadcast engineers in this country.

3642 Gordon.

3643 MR. ELDER: There are several frequencies that could adequately serve Amherst, Sackville and surrounding communities. In fact, in 1988, we prepared a technical brief for CKDH proposing 99.1 MHz at 50,000 watts which would have served all that area. However, CKDH has still not submitted it or any other FM application.

3644 Atlantic Stereo's goal in selecting a frequency was to provide coverage at least as good as CFQM's in order to restore service to these listeners who have been deprived since August, 1998.

3645 On the scree you see the coverage area of CFQM which reaches about 216,000 people.

3646 The next slide shows the proposed coverage of CIXX 96 which provides service to over 222,000 people.

3647 Finally, you see the coverage of Maritime's proposed signal which is significantly smaller, reaching 51,000 fewer people. Our choice of 96.9 MHz provides the vast wide area coverage of the greatest number of people and, therefore, represents optimum use of this spectrum.

3648 The application has been approved by Industry Canada, of course.

3649 Thank you.

3650 MR. TEMPLETON: Madam Chair. Maritime Broadcasting has indicated to you that the granting of our licence would kill its heritage 66-year-old station. Furthermore, Mr. Russell has asked you to level the playing field.

3651 First, Maritime has been the licensee of these two station for only five years, acquiring them from Rogers as part of the McLean-Hunter transaction. In that time of protecting that proud 66-year-old heritage that they somehow believe they can lay claim to, they have five formats on the two stations in five years, and most recently they ignored the largest audience in eastern Canada replacing their service with one that does not reach a significant number of their rural listeners. Now they want you to protect them from the consequence of their miscalculation by giving them another FM licence.

3652 Secondly, Mr. Russell asked for a level playing field. Maritime would only have two FM stations to compete against our stand-alone FM. That is not my understanding of a level playing field. Mr. Russell indicated to you with pride the other day that CKCW is the news and information leader in the market. Almost every broadcaster in Canada with a heritage AM has faced the same problem: Where to go in a world where listeners generally prefer music on FM? He could easily couple his new franchise with any number of formats available: Oldies, music of your life, classic hits, traditional country, to name a few.

3653 But what is most important, is that whatever the format, researchers stick to it and give it some time to grow.

3654 Moreover, Maritime has a formidable array of tools to stay competitive. The chart on the screen shows our presence in the Maritime provinces with four stations. The next one shows Maritime Broadcasting's presence on the region: Eight stations in New Brunswick and 22 stations in the Maritimes.

3655 According to Maritime, levelling the playing field means giving Maritime two FMs and 49 per cent of another in Moncton to struggle against our stand-alone FM. The most recent arrival in the region is Telemedia which, as the chart shows, already has ten stations in the Maritimes. By the way, they are nearing 80 stations nationwide, or nearly 20 per cent of all radio tuning in Canada.

3656 It would seem clear that competitive balance would best be served by allowing us a second station, particularly one that the research clearly shows is needed.

3657 I would like to call on Peter Doering to respond to those intervenors who suggest that the country format is not the right choice for Moncton.

3658 MR. DOERING: Thank you, Bob.

3659 The Atlantic Stereo and Telemedia research and BBM data all prove that the Atlantic Stereo proposal best meets the needs of the market while Telemedia proposal does not.

3660 The research submitted by Telemedia does not support either its choice of format or its business plan. Telemedia contends that a new FM station featuring current music for people aged 12 to 24 is the most needed service in the Moncton marketplace. Telemedia's own research refutes this.

3661 In many instances, results by age group are shown in the Telemedia research filed with the Commission, but Telemedia makes no reference to these results unless they support its position. For example, the Telemedia research shows those 12 to 24 are the most satisfied with the present music selection on current Moncton radio stations. The Telemedia research indicates those 12 to 24 are the least likely to see a great deal of room for improvement in the choice of radio stations in Moncton. The Telemedia research shows those 12 to 24 are the age group most satisfied with their current favourite radio stations.

3662 In other instances, questions were asked in the Telemedia research, but the findings to these questions were not submitted by Telemedia with their application to the CRTC. In order to see what the answers were to these questions, we asked Telemedia to provide us with the raw data. Upon receipt, we analyzed the material and discovered some very interesting findings.

3663 Of most interest, the Telemedia research finds that 92 per cent of those 12 to 94, Telemedia's target audience, say there is already a station in Moncton which plays mostly current music, the format proposed by Telemedia.

3664 In fact, the 12 to 24-year-olds interviewed in Telemedia's research identified two stations as doing so: CFQM and C-103. Telemedia's own research shows that there is no need for a third FM station in Moncton featuring current music.

3665 Telemedia's research clearly shows that a new station should target those 35 to 55 as this is the age group, which its research shows, is the least well served by the current stations in Moncton.

3666 Telemedia's own research shows that of ten music formats researched, country music is the format that is most appealing to those 35 to 55.

3667 In its presentation, Telemedia said that it is Moncton residents 12 to 24 who are spending the least amount of time listening to the radio versus Canadians overall. We analyzed fall '99 BBM data to determine which age group in Moncton is, in fact, spending the least amount of time tuned to the radio compared to the rest of Canada. This chart shows that it is Moncton residents 35 years of age and older, Atlantic Stereo's target, not those 12 to 24, Telemedia's target, who are spending the least amount of time listening to the radio compared to Canada overall.

3668 To summarize, only two applicants for English-language service submitted research: Telemedia and Atlantic Stereo. Both research studies and BBM data clearly show a new FM station should target those 35 to 55.

3669 Furthermore, both research studies show that country music is the format that people 35 to 55 want to fill a void left when CFQM-FM abandoned them.

3670 MR. TEMPLETON: The reason that we are all here today is that back in August of 1998, CFQM-FM abruptly discarded the FM country music format and the listeners of both Moncton and surrounding areas lost their existing FM country service.

3671 MS MacDONALD: Excuse me. I would interrupt to say that you have nearly completed the 10-minute time allowed.

3672 If you could please sum up as early as possible.

3673 MR. TEMPLETON: In summary, our research, Telemedia's research clearly states that the greatest need in Moncton, and even more so in surrounding areas, is for a full-coverage FM country station. The signal that we propose provides a service to the largest number of people of any of the application before you today.

3674 We propose to spend some $441,000 on Canadian talent development over the course of this licence, an amount more than double that proposed by Maritime and significantly more than Telemedia who hold more commercial licences than any other broadcaster in the country.

3675 Our proposal will create a more equitable balance of forces in Moncton, New Brunswick and the Maritimes, giving us two stations to compete with Maritime Broadcasting, two in the city, eight in the province and 22 in the area.

3676 And finally, Madam Chair, we believe that we should also consider the question of trust and accountability. Although compliance to a format is no longer a condition of licence, we consider that the granting of a licence to us based on our research and our track record and our sound business plan is a trust from the Commission and the people that we serve in this Community.

3677 Atlantic Stereo was licensed as a rock station 13 years ago and despite fierce competition from an entrenched competitor with two stations, we have never, ever, ever, wavered from that mandate. We have a strong tradition of investing in stations in some very difficult markets and staying the course. You only have to look at our perseverance in Newfoundland to understand that we do not bail out on difficult circumstances.

3678 Moreover, with the presence of our local partners, Chairman Lawson, Mr. MacDonald and Mr. O'Neil, our accountability is not only to you, but also to the local public.

3679 Madam Chair, Commissioners, if you entrust this licence, this responsibility with us, on behalf of Mr. Harry Steele, the Chairman of the Board of Newfoundland Capital, myself and our local partners, we promise we will provide a full service regional first-class country service. We will commit to it, we will stick to it, and you have our word on it.

3680 Thank you for your time.

3681 THE CHAIRPERSON: Thank you, Mr. Templeton.

3682 There will be no further questions. Thank you, and your colleagues.

3683 MR. TEMPLETON: Thank you.

3684 THE CHAIRPERSON: Madam Secretary, please.

3685 MS MacDONALD: I invite James Houssen to come forward to comment on or rebut interventions filed to their application.

3686 MR. HOUSSEN: Good afternoon, Madam Chairperson and members of the Commission. I just wish to thank you for hearing our application this week and we have no comments.

3687 THE CHAIRPERSON: Than you very much, Mr. Houssen.

3688 Madam Secretary, if you would proceed with the next respondent.

3689 MS MacDONALD: Thank you.

3690 Maintenant j'invite Denis Losier à comparaître en réplique aux interventions formulées à leur demande.

3691 Alors je vous rappelle que vous avez dix minutes pour faire votre présentation et si voulez bien vous introduire encore.

3692 Merci.

REPLY / RÉPLIQUE

3693 M. LOSIER: Si vous nous permettez une seconde pour qu'on puisse installer l'équipement nécessaire.

--- Pause / Pause

3694 M. LOSIER: Madame la Présidente, merci pour votre patience. Apparemment que quelqu'un est parti avec la corde.

3695 Alors ma première intervention cet après-midi sera en réaction à celle de Télémédia.

3696 M'accompagnent aujourd'hui M. Merv Russell, Denis Grondin et M. Côté.

3697 Alors ma première intervention sera en réaction à celle de Télémédia.

3698 Dans son intervention, Télémédia a tenté de semer le doute à propos du contrôle effectif que j'exercerais dans cette compagnie à cause de mon manque d'expérience en radiodiffusion.

3699 Laissez-moi rassurer les Commissaires que si j'ai investi mes propres ressources financières, ce n'est pas pour en donner le contrôle à quelqu'un d'autre.

3700 J'exercerai le plein contrôle de cette société et Maritime Broadcasting ne détiendra pas plus de pouvoirs que ceux normalement réservés aux actionnaires minoritaires dans une convention d'actionnaires.

3701 M. Beaudoin a également émis une fausse idée en affirment que si MBS obtenait la conversion de CKCW à la bande FM, cette dernière posséderait le contrôle de trois stations FM dans un seul marché.

3702 Cette idée est fausse et un peu injuste à mon égard. Je veux encore une fois rassurer les Commissaires et M. Beaudoin en affirmant que c'est moi qui exercera le plein contrôle de cette compagnie et ce comme une entité séparée et distincte de MBS. Je trouve d'ailleurs un peu ironique que M. Beaudoin soit préoccupé par la question de contrôle ici à Moncton alors qu'il ne semble pas l'être outre mesure par le fait que sa société contrôle 100 pour cent des stations commerciales du marché voisin de Fredericton.

3703 Télémédia a aussi rejeté l'idée que si notre demande était approuvée, le CRTC s'accorde un délai de quelques années avant d'octroyer d'autres licences de radiodiffusion dans le marché de Moncton, permettant ainsi à notre station de bien s'établir dans la communauté d'affaires.

3704 M. Beaudoin semble peu connaître la réalité démographique de Moncton et de ses environs. Permettez-moi de lui rappeler que si à l'époque CHR avait bénéficié d'une période de grâce, et bien je ne serais sûrement pas ici aujourd'hui puisque cette station aurait bel et bien réussi.

3705 Télémédia a encore une fois le plus brouillé l'eau en demandant si le marché de Moncton était représenté par un ou deux marchés publicitaires distincts. M. Beaudoin n'écoutait certainement pas lorsque j'ai déclaré qu'il y avait à Moncton deux auditoires linguistiques mais un seul marché publicitaire.

3706 MR. RUSSELL: Members of the Commission, yesterday I purposely did not accompany Mr. Losier in his intervention and it wasn't my plan to be here at this time. However, in light of my inclusion in the Radio Beauséjour intervention, I find it imperative that I respond on a couple of issues.

3707 Mr. Roger Ouellet, the President of Radio Beauséjour quoted me from a 1993 letter as a matter of convenience. Our company, as I stated at this hearing, is on record as supporting a French FM application for Moncton.

3708 It should also be noted that our company did not negatively intervene on recent applications to the Commission by Radio Beauséjour for modifications to their current licence.

3709 Mr. Ouellet went on to question the rationale of putting the application on display at our building at 1000 St. George Boulevard. Had Radio Beauséjour taken the time, they would have realized that Mr. Losier's plan calls for his studios too to be located at 1000 St. George Boulevard, the same building that houses Maritime stations.

3710 But what bothered me most personally was Mr. Ouellet's innuendo that I would have control of Mr. Losier's company. I fully understand corporate governance. As a Director and a Chairman of a major transportation corporation, I know full well the role of a "Director" and I am responsible for making certain that other Directors adhere to the tenants of their fiduciary responsibilities.

1634

3711 Having served as a Director on a number of other business and non-profit organizations such as the University of Kings College, I take exception to Mr. Ouellet questioning of my corporate responsibilities as a Director of a broadcast company.

3712 M. LOSIER: Madame la Présidente, Monsieur et Madame les Commissaires, j'apprécie également l'occasion qui m'est également donnée de pouvoir réfuter certains des commentaires émis par M. Ouellet de CJSE durant son intervention hier contre mon projet de radio commerciale à Moncton.

3713 Premièrement, si M. Ouellet avait pris le temps d'étudier attentivement notre demande, il se serait rapidement rendu compte que le requérant était bel et bien identifié comme étant moi-même et que M. Russell a apposé sa signature à l'endroit réservé au représentant du requérant.

3714 Nous n'avons jamais caché ou nié que M. Russell serait un des actionnaires de la société, alors pourquoi en faire une tempête dans un verre d'eau?

3715 En ce qui concerne le point soulevé par M. Ouellet à l'effet que la firme d'avocats qui a préparé la convention entre actionnaires est la firme d'avocats de MBS, permettez-moi également de rappeler à la Commission et à M. Ouellet qu'il s'agit également de mes avocats. Toute personne qui possède une expérience d'affaires comprendra que ce genre de situation est tout à fait normale dans un contexte d'affaires comme le nôtre.

3716 Sur la question des "combos" publicitaires avec MBS soulevée par CJSE, j'aimerais souligner à la Commission qu'il n'y a aucune entente de la sorte. Notre station de radio sera opérée de façon indépendante et distincte de MBS avec une force de vente séparée et autonome. Qu'est-c qui permet de prétendre ou d'insinuer le contraire? Cette radio commerciale de langue française sera gérée de manière indépendante en ce qui a trait aux ventes, à la programmation des nouvelles et à l'administration.

3717 M. Ouellet a également critiqué et mis en doute l'intégrité et le professionnalisme du groupe Angus Reid, une des entreprises de recherche les mieux cotées au Canada, en insinuant que 85 pour cent des répondants au sondage étaient des anglophones.

3718 J'ose croire que l'intention de M. Ouellet n'était pas d'induire la Commission en erreur et le tableau qui devait être derrière moi aurait indiqué, justement, que les répondants devaient d'abord s'identifier comme étant de langue maternelle française avant de pouvoir répondre au questionnaire.

3719 Qu'ils aient choisi de répondre en anglais n'est pas ma décision. Peut-être est-ce dû au fait qu'ils écoutaient trop de musique anglaise à Moncton.

3720 Et encore aujourd'hui M. Ouellet a tenté de soulever un doute ou de la confusion en disant que les données de Statistiques Canada sur le nombre de population bilingue dans le sud-est du Nouveau-Brunswick étaient bien loin de celles qu'on avait avancées. Il y a 80 000 personnes qui sont bilingues dans la région du sud-est du Nouveau-Brunswick et les statistiques de Statistiques Canada le démontrent très clairement -- et d'ailleurs je suis membre du conseil d'administration de Statistiques Canada et je pourrais croire qu'on devrait pouvoir questionner ce genre de statistiques-là.

3721 Dans leur intervention, CJSE a choisi de faire taire certains résultats de notre enquête, comme ceux de la question 4, par exemple, qui indique très clairement qu'après cinq ans, seulement 5 pour cent des répondants on identifié CJSE comme étant la radio qu'ils écoutaient le plus. J'espère d'être en mesure de faire un peu mieux après cinq ans.

3722 En ce qui concerne les revenus publicitaires, j'aimerais porter à l'attention des Commissaires que pour la première année d'opération de CJSE-II, près de 40 pour cent de leurs revenus proviennent des recettes du bingo et de subventions gouvernementales, ce qui est consistant avec la première station de CJSE qui recueille 42 pour cent de ses revenus de bingos sur des revenus de plus de un million de dollars.

3723 Je ne vois pas en quoi notre projet pourrait nuire à CJSE puisque nous n'avons aucune intention d'être impliqués dans des bingos ou de recevoir des subventions gouvernementales.

3724 En ce qui concerne le côté technique, M. Ouellet a également voulu brouiller les ondes, si on peut dire, et créer de la conclusion en indiquant que la puissance de leurs émetteurs rejoindrait beaucoup plus d'auditeurs.

3725 Et comme on l'indique dans notre mémoire technique, la couverture du territoire obtenu et la population desservie par notre approche technique n'utilise que 20 pour cent de l'énergie proposée par Radio Beauséjour et rejoint 7,85 pour cent de plus de population, soit pour Radio Beauséjour 150 024, tel qu'indiqué dans leur mémoire technique, et 161 796 pour Radio Beauséjour tel qu'indiqué dans mon mémoire, plutôt.

3726 Leur émetteur est d'une puissance de 49 700 watts et le nôtre de seulement 9 500 watts. Nos décisions techniques sont le résultat de pratiques d'affaires efficaces, des dépenses initiales beaucoup plus modestes et des coûts d'opération à long terme considérablement plus bas.

3727 M. Ouellet a également questionné mon expérience en radiodiffusion. J'aimerais faire remarquer à la Commission que j'ai été pendant cinq ans membre du conseil d'administration la compagnie Fundy Cable, compagnie qui opérait quatre postes de radio au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.

3728 Comme directeur, je devais comprendre les opérations et l'administration d'une station de radio. J'aimerais également rappeler à la Commission que M. Ouellet est professeur de sciences politiques à l'Université de Moncton et, comme on le sait, président de Radio Beauséjour depuis quelques mois seulement. J'ai donc un peu de difficulté à accepter que cela lui donne la crédibilité requise pour critiquer mon manque d'expérience en radiodiffusion.

3729 J'aimerais rappeler à la Commission que mon projet est d'abord et avant tout un projet d'affaires, et pour ce qui est de la programmation, le coeur même de cette entreprise de radiodiffusion, je m'entoure de spécialistes et de professionnels qualifiés pour m'assurer de mener à bien ce projet.

3730 Je possède une maîtrise de l'Université Western Ontario, une des meilleures écoles de gestion des affaires en Amérique du Nord, et je crois avoir démontré dans les postes que j'ai occupés jusqu'à maintenant ma capacité de bien les gérer. J'ai été ministre des Pêches et de l'Aquaculture au Nouveau-Brunswick sans être un pêcheur. J'ai occupé le poste de ministre du Développement économique et du Tourisme sans être, à ce moment-là, une personne d'affaires, encore moins un touriste.

3731 Je suis président et directeur général d'une grande compagnie d'assurance sans être un actuaire ou un vendeur d'assurance.

3732 On peut questionner mon projet, mais rien dans mon passé ou dans mon présent ne permet de questionner mes capacités de personne d'affaires capable d'atteindre ou de dépasser des objectifs de vente, capable de mettre en oeuvre des plans de marketing ambitieux et agressifs et de connaître du succès avec mon projet.

3733 Je suis d'accord que gérer une entreprise nécessite une certaine expertise. C'est pourquoi je suis entouré des meilleurs personnes d'affaires de l'Atlantique.

3734 Et comme le disait si bien le journaliste de Radio-Canada ce matin, M. Ouellet a l'impression que la Commission devra choisir entre le ciel et l'enfer. Vous avez plutôt à choisir entre deux philosophies différentes. L'une commerciale avec un style dynamique et différent, l'autre communautaire et déjà très bien représentée dans les deux stations présentes dans ce marché.

3735 Monsieur et Mesdames les Commissaires, on présente souvent l'Acadie comme une société mythique qui doit, pour survivre, s'appuyer sur son mouvement associatif.

3736 Pourtant la société acadienne dynamique que je connais et dans laquelle j'évolue vit à travers ses organismes, oui, mais elle s'épanouit

à travers ses gens et ses entreprises qui ont largement dépassé la xénophobie illustrée par certains des commentaires.

3737 Le projet que nous proposons n'a pas comme but d'affaiblir la communauté francophone, au contraire. Notre projet veut donner à un grand pourcentage de notre population la possibilité d'écouter une radio qui leur plaît et qui leur parle dans leur langue.

3738 Le sondage Angus Reid montre qu'un fort pourcentage de la population francophone écoute les stations radiophoniques anglaises. Le style et le rythme leur plaît. Nous voulons donc leur offrir la même chose, mais dans leur langue.

3739 Merci, Madame la Présidente, Monsieur et Madame les Commissaires.

3740 LA PRÉSIDENTE: C'est nous qui vous remercions, M. Losier et M. Russsell, et vos collègues.

3741 M. LOSIER: Merci.

3742 LA PRÉSIDENTE: Madame la Secrétaire.

3743 MS MacDONALD: The next item will be by Maritime Broadcasting to comment on or rebut interventions filed to their application.

3744 THE CHAIPERSON: So, welcome again, Mr. Russell.

REPLY / RÉPLIQUE

3745 MR. RUSSELL: Madam Chair, when you get to my age, if you can sit and remain seated you stay.

3746 THE CHAIRPERSON: I totally agree.

3747 MR. RUSSELL: I promise to be relatively short in comparison with some of the other rebuttals today. It's been a long day.

3748 Madam Chair and Members of the Commission. By now you likely know my name is Merv Russell and that I am the President and CEO of Maritime Broadcasting System Limited.

3749 We are pleased to have this final opportunity to present to the Commission our thoughts on this valuable hearing as it pertains to the Moncton radio marketplace.

3750 First, a few comments on the Telemedia application. Their application clearly states their intended target audience is 12 to 24 year olds. Yet, their own research shows that this 12 to 24 demographic group is the most satisfied with the current Moncton radio market.

3751 This was further confirmed by the most recent BBM which showed a full 50 per cent increase in tuning to the two existing Moncton FM stations by the 12 to 24 demographic in the last six months.

3752 The Telemedia application, in our opinion, would add no diversity. Their proposed musical format is already featured extensively on CFQM-FM and to a lessor extent on CJMO-FM.

3753 Throughout Telemedia's application and their business plan, they consistently refer to the 12 to 24 demographics as their target audience, yet it is clearly established that this vast majority of the radio advertisers want the 18 to 49, or 25 to 54 demographic groups. With less than 21,000 12 to 24 years olds in the Greater Moncton area, this Telemedia plan raises serious concerns about both short and long-term viability.

3754 Now, let us turn to the Atlantic Stereo NewCap application. CKCW is a hot country radio station and will remain a hot country radio station. We have not abandoned this format or our listeners. As a result, the licensing of Atlantic Stereo would only add absolutely no diversity to this community.

3755 Moreover, the introduction of a second hot country station would have devastating effects on CKCW. Should CKCW be required to remain on the AM band, a new FM competitor with superior sound would undoubtedly garner the lion's share of these revenues at the expense of CKCW.

3756 Even if CKCW were fortunate enough to move to an FM frequency, a direct competitor in our format would have profound negative repercussions to our station.

3757 In summary, we believe both the Telemedia and Atlantic Stereo applications do not add diversity to the marketplace and both would have serious negative impact on the current Moncton radio landscape.

3758 Madam Chair and Commissioners, we thank you for all your consideration for this week.

3759 Thank you.

3760 THE CHAIPERSON: Thank you, Mr. Russell.

3761 MR. RUSSELL: Thank you.

3762 THE CHAIPERSON: I don't believe there are any further questions.

3763 MR. RUSSELL: Thank you very much.

3764 THE CHAIRPERSON: Thank you very much.

3765 Madam Secretary, please.

3766 MS MacDONALD: Thank you.

3767 I invite Telemedia to comment on or rebut interventions filed to their application.

3768 Thank you.

3769 LA PRÉSIDENTE: Quand vous serez prêt, Monsieur Beaudoin.

REPLY / RÉPLIQUE

3770 MR. BEAUDOIN: Madam Chair, Madame Noël, Mr. Cardozo.

3771 My name is Claude Beaudoin. I am the President and CEO of Telemedia Radio Inc. and Telemedia Radio Atlantic Inc. With me John Eddy, on my right, Executive Vice President of Telemedia Radio Atlantic Inc., Jim Hamm, Group Program Director for Telemedia's northern Ontario stations and Jim MacLeod, Senior Vice President of Telemedia Radio Inc.

3772 Before we begin, a correction to a statement made by Atlantic Stereo a few minutes ago. Telemedia Radio Atlantic Inc. does not own ten stations, we own eight in the Maritimes and the market list displayed was not correct.

3773 Madam Chair, membres du Conseil, we will address the following points for closing remarks. First, the uniqueness of the Telemedia format in the Moncton market. Second, why our business case is sound. And third, the calculated impact of our proposal on the Moncton market.

3774 First, the uniqueness of the CHR format in the Moncton market. The three existing stations in Moncton are very clear on who they target. At this hearing, we heard the stations themselves describe their formats: Adult contemporary, CFQM-FM; Adult Rock, CJMO-FM; Country over 35, CKCW-AM.

3775 The key word is "adult" and please note this is the term the stations themselves used.

3776 Telemedia's proposal is targeted at the youth market, and the key word in our proposal is "youth".

3777 Jim Hamm will take a few minutes to describe the significant differences between the Telemedia youth-oriented format and the adult formats now available in Moncton.

3778 Jim.

3779 MR. HAMM: We analyzed our proposed CHR music versus what is now available in Moncton. First, we carefully reviewed the current playlists posted on the Web sites of CFQM-FM and CJMO-FM.

3780 We also monitored the actual on-air music on CFQM-FM for February 21 to 23, 2000. We then reviewed the actual on-air music of CISS-FM in Toronto, a CHR station, and compared their music rotation to the current playlist of CFQM-FM and CJMO-FM.

3781 As a further check, we used the BDS playlist for Canadian CHR stations. BDS uses actual on-air play to create this report. Based on this research, I offer the following comments.

3782 First, we estimated that the music played on a CHR format station is at least 60 per cent different that the music played on a adult contemporary station or an adult rock station. This is confirmed. The music selection on Telemedia's new Moncton station will be much different than on either of the existing Moncton FM stations.

3783 Second, the era balance of a CHR station is very different than an adult contemporary or an adult rock station. Telemedia's new Moncton station will play no music older than three years. The ear balance is heavily tilted towards current music versus adult-oriented formats that reach as far back at the 1960s.

3784 Next, the music on a CHR station is very up-tempo with a driving beat. You will be sure within minutes of listening to our new station that you have tuned in Telemedia's new CHR station.

3785 Fourth, a high rotation or repeat factor of today's hot hits is what really distinguishes a CHR station from broader, low repeat adult-oriented stations.

3786 The fact is most of the CHR music is not available in Moncton today. As an example, the most played Canadian CHR hit on the BDS playlist "Faded" by Soul Decision, is not now being played in Moncton. Indeed, our analysis shows that the top six Canadian CHR songs are not being played in Moncton.

3787 Further, the CHR format is far more than just music. CHR is a total format. It's about the style, it's about the attitude, it's about the delivery, it's about the content, it's about the promotional and community activity. The entire format is based on super-serving the younger demographics.

3788 In contrast, both CFQM-FM and CJMO-FM claim to serve a broader adult-based audience. Our CHR station will be different and that will be the foundation of its success.

3789 MR. EDDY: Next, we wish to underline the soundness of our business case. In Moncton, as in most markets, there is a direct relationship between share of audience and share of revenue. Telemedia based its revenue projections on its audience estimates.

3790 Our audience estimates are based on an assumption that teen tuning in Moncton will rise to the national average once the youth market has a choice, and on the assumption that our programming will attract a reasonable share of audience. We believe our share targets are attainable. When these targets are applied to actual Moncton BBM results, the calculation shows clearly that a 20 share of total audience is attainable by year five.

3791 We note that with this 20 share, the Telemedia CHR station will rank third in this market. We do not expect to dominate the Moncton market. That 20 share of the market translated into $1.5 million in revenue in five years, and very acceptable profit margins.

3792 In other words, the youth market in Moncton is well able to support their own CHR station.

3793 Jim.

3794 MR. McLEOD: Third, we will look at the impact on the existing Moncton stations.

3795 The new Telemedia CHR station will not impact the most vulnerable station on the market, CKCW-AM. The CHR and country formats attract totally different audiences with virtually no audience sharing.

3796 The financial impact will be borne proportionally by CFQM-FM and CJMO-FM, two FM stations that are among the strongest in Atlantic Canada.

3797 The Commission has access to financial data for these stations. Telemedia is confident that Commission analysis of this financial data will confirm that they will withstand the limited competition that Telemedia CHR will offer. Both CFQM-FM and CJMO-FM will remain vibrant, healthy businesses able to discharge their programming and community obligations.

3798 Throughout this process, there has been one strong theme, and that is the Moncton English market is well able to support a new radio service. The fact is all applicants agree that the Moncton market is healthy.

3799 You heard from them in their presentations that Moncton is the strongest market in Atlantic Canada with all positive economic indicators. There is a bright future for the Moncton market.

3800 By granting the Telemedia CHR licence, we submit the Commission may actually strengthen both CJMO-FM and CFQM-FM. Both indicated that their formats were very broad, and both indicated that the over-35 audience was undeserved. By introducing new competition to Moncton aimed at the youth market, both CJMO and CFQM will be encouraged to focus their efforts 100 per cent on the adult audiences they both indicate they target.

3801 As far as applications for a French licence, the Commission has heard many different viewpoints. Telemedia is confident that you will reach the right decision on how to maximize service to this

market.

3802 MR. BEAUDOIN: Madam Chair, Madame Noël, Mr. Cardozo.

3803 In conclusion, by granting an English licence for a new CHR to Telemedia, the Commission strengthens the broadcast system.

3804 First, Telemedia is proposing a new distinctive station that targets the undeserved youth market in Moncton. There is minimal duplication with existing stations.

3805 Second, Telemedia will add a new distinctive news voice to the Moncton market.

3806 Third, Telemedia's Canadian talent development proposal is targeted directly at the youth market. Over a seven-year licence term total CTD support will be $350,000, plus a further $21,000 to FACTOR.

3807 Fourth, Telemedia adds at least 15 new positions in the broadcast industry. Next, Telemedia is a new player in the market. The broadcast system will be stronger with new competition in Moncton.

3808 And finally, the Moncton market is among the strongest in the region with a bright future and will be able to absorb the diversity and competition that our application will add.

3809 The Commission is faced with three choices for the English licence: A country station on FM or another country station on FM or a new format that is not now available on the market.

3810 We believe that the Telemedia application meets the factors outlines in the Commission's London, Victoria and Kelowna decisions.

3811 Thank you very much.

3812 THE CHAIRPERSON: Thank you very much, Mr. Beaudoin and colleagues.

3813 I don't think there are any further questions. Thank you.

3814 Madam Secretary.

3815 MS MacDONALD: Thank you, Madam Chair.

3816 This now concludes Phase IV as well as concludes the first part of this public hearing dealing with the competitive radio applications.

3817 We will end here for today and reconvene tomorrow morning at 9:00 a.m. when we will heard applications by New Brunswick Broadcasting Company Limited for licences for English-language FM radio undertakings at Saint John and St. Stephen, New Brunswick.

3818 Thank you.

3819 THE CHAIRPERSON: Thank you, Madam Secretary.

3820 So we will reconvene tomorrow morning. This hearing does continue tomorrow morning, however, I would like to take this opportunity to thank -- excuse me. I don't think we have quite finished. If you wouldn't mind just waiting one moment. I have one other comment to put on the record.

3821 I realize this hearing will continue in the morning, but I would like to take this opportunity to thank participants and intervenors in the Moncton portion of this hearing.

3822 J'aimerais prendre cette occasion pour remercier les requérants et intervenants de leur collaboration dans le secteur du marché de Moncton. C'était une séance très intéressante et nous avons des décisions aussi très intéressantes à prendre et on vous remercie de votre participation.

3823 Merci.

3824 Until tomorrow morning at 9:00.

3825 Thank you.

--- Whereupon the hearing adjourned at 1700 to

reconvene on Thursday, March 9, 2000 at 0900 /

L'audience est levée pour reprendre le jeudi

9 mars 2000 à 0900

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