TRANSCRIPT OF PROCEEDINGS
FOR THE CANADIAN RADIO-TELEVISION AND
TELECOMMUNICATIONS COMMISSION
TRANSCRIPTION DES AUDIENCES DU
CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION
ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES
SUBJECT / SUJET:
CBC LICENCE RENEWALS /
RENOUVELLEMENTS DE LICENCES DE LA SRC
HELD AT: TENUE À:
Place du Portage Place du Portage
Conference Centre Centre de conférence
Outaouais Room Salle Outaouais
Hull, Quebec Hull (Québec)
May 29, 1999 Le 29 mai 1999
Volume 5
Transcripts
In order to meet the requirements of the Official Languages
Act, transcripts of proceedings before the Commission will be
bilingual as to their covers, the listing of the CRTC members
and staff attending the public hearings, and the Table of
Contents.
However, the aforementioned publication is the recorded
verbatim transcript and, as such, is taped and transcribed in
either of the official languages, depending on the language
spoken by the participant at the public hearing.
Transcription
Afin de rencontrer les exigences de la Loi sur les langues
officielles, les procès-verbaux pour le Conseil seront
bilingues en ce qui a trait à la page couverture, la liste des
membres et du personnel du CRTC participant à l'audience
publique ainsi que la table des matières.
Toutefois, la publication susmentionnée est un compte rendu
textuel des délibérations et, en tant que tel, est enregistrée
et transcrite dans l'une ou l'autre des deux langues
officielles, compte tenu de la langue utilisée par le
participant à l'audience publique.
Canadian Radio-television and
Telecommunications Commission
Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes
Transcript / Transcription
Public Hearing / Audience publique
CBC LICENCE RENEWALS /
RENOUVELLEMENTS DE LICENCES DE LA SRC
BEFORE / DEVANT:
Françoise Bertrand Chairperson of the
Commission, Chairperson /
Présidente du Conseil,
Présidente
Andrée Wylie Commissioner / Conseillère
David Colville Commissioner / Conseiller
Barbara Cram Commissioner / Conseillère
James Langford Commissioner / Conseiller
Cindy Grauer Commissioner / Conseillère
Joan Pennefather Commissioner / Conseillère
ALSO PRESENT / AUSSI PRÉSENTS:
Nick Ketchum Hearing Manager /
Gérant de l'audience
Carolyn Pinsky Legal Counsel /
Alastair Stewart Conseillers juridiques
Diane Santerre Secretary / Secrétaire
HELD AT: TENUE À:
Place du Portage Place du Portage
Conference Centre Centre de conférence
Outaouais Room Salle Outaouais
Hull, Quebec Hull (Québec)
May 29, 1999 Le 29 mai 1999
- ii -
TABLE OF CONTENTS / TABLE DES MATIÈRES
PAGE
Intervention by / Intervention par:
ADISQ, Association québécoise de l'industrie
du disque, du spectacle et de la vidéo 1428
Alliance des manufacturiers et des exportateurs
du Québec 1462
SPACQ, Société professionnelle des auteurs du
Québec 1500
Chambre de commerce de l'Est de l'île de Montréal 1533
Chambre de commerce et d'industrie du Québec
métropolitain 1538
Jacques Languirand 1586
Société pour la promotion de la relève de
l'espace francophone 1598
Le Groupe TVA inc. 1657
Hull (Québec) / Hull, Quebec
--- L'audience reprend le samedi 29 mai 1999, à 900 /
Upon resuming on Saturday, May 29, at 900
7259 LA PRÉSIDENTE: Madame Santerre, si
vous voulez nous présenter le premier intervenant ce
matin, s'il vous plaît.
7260 MADAME SANTERRE: M. Stewart avait un
document à déposer.
7261 LA PRÉSIDENTE: C'est ce que je
voulais dire. Je pense que M...
7262 M. STEWART: Merci, madame la
présidente.
7263 Simplement pour informer les
personnes que nous avons reçu les conditions, licences
et engagements révisés de la part de la Société
Radio-Canada pour la Radio française de Radio-Canada
qui sont des propositions, et ce document a été versé
au dossier public.
7264 I would like to bring to people's
attention that consistent with their undertaking, CBC
has filed a productivity improvement and expenditure
reduction implemented for the year 1992-2000 by CBC,
and this document has now been put on the public file.
7265 C'est tout pour le moment.
7266 Merci, madame la présidente.
7267 MADAME SANTERRE: Alors, avant
d'annoncer le premier intervenant ce matin, j'aimerais
avis que Tout Écran Inc., festival d'été international
du Québec, la Société de développement culturel de
l'Astra sont maintenant des intervenants non comparant.
7268 Alors, j'inviterais maintenant
l'Association québécoise de l'industrie du disque, du
spectacle et de la vidéo à faire la présentation de
leur intervention.
INTERVENTION
7269 M. PILON: Madame la présidente,
mesdames et messieurs les conseillers, nous vous
remercions d'avoir accepté notre demande de comparaître
pour cette audience extrêmement importante concernant
le renouvellement de Radio-Canada.
7270 Mon nom est Robert Pilon. Je suis
vice-président aux Affaires publiques de l'ADISQ. Je
vous présente immédiatement mes collègues. À ma
gauche, Pierre Rodrigue, président de l'ADISQ. À ma
droite, Martyne Prévost, qui est productrice de disques
et qui dirige les Disques MPV et qui est également
membre de notre conseil d'administration.
7271 Alors, vous avez sûrement pris
connaissance de notre mémoire. Ce n'est pas notre
intention de répéter tout le détail de notre mémoire.
Nous allons centrer nos interventions sur les aspects
essentiels, particulièrement du côté de la télévision.
7272 Alors, je passe tout de suite la
parole à Pierre Rodrigue, sur le dossier du
renouvellement de la Télévision de langue française de
Radio-Canada.
7273 M. RODRIGUE: Bonjour.
7274 Comme je le disais à des gens qui ne
sont pas venus ici ce matin dire la même chose que
nous, l'ADISQ parle rarement contre quelqu'un ou qui
que ce soit, mais très, très souvent, beaucoup plus
pour un que pour l'autre dans un débat.
7275 Aussi, presque contrairement à la
mode du printemps, l'ADISQ appuie et supporte le projet
déposé par Radio-Canada dans son rôle de télévision
généraliste et grand public.
7276 En variété, la beauté d'un SRC hyper
présent, c'est qu'en gros, ça stimule, je crois, le
privé à suivre éventuellement, souhaitons-leur, à
battre Radio-Canada. Je me rappelle, et c'est
évidemment basé sur des expériences personnelles, il y
a quelques années, pour faire suite au désengagement si
on veut financier ou une partie du désengagement
financier du gouvernement, Radio-Canada a commencé sa
méga cure d'amaigrissement, qu'on ait laissé tomber
certaines émissions qui de notoriété publique n'étaient
pas payantes financièrement. Les émissions de variété
qui coûtent cher avec des musiciens en onde, des
chanteurs, des numéros de variété.
7277 Inévitablement, ça force l'ensemble
de l'industrie à se poser la question est-ce qu'on a
vraiment besoin de cette émission-là pour performer,
pour faire nos cotes d'écoute et livrer à nos
actionnaires des profits?
7278 De notre côté, on le dit. On a
besoin de ces émissions-là pour créer, renforcir le
star système grâce auquel les propriétaires de
magazines vendent des magazines, les propriétaires de
maisons de disques vendent des disques, les artistes
chantent. Il y a une activité économique certaine.
Mais lorsqu'un maillon leader comme Radio-Canada
choisit dans sa cure d'amaigrissement de couper non
seulement dans le gras, mais pour nous dans l'os, et
décide de couper une émission comme "Les Démons du
midi" ou "Les grandes variétés du dimanche soir", c'est
certain que personne se sent obligé après de continuer
dans cette veine-là.
7279 Je comprends tout à fait dans une
économie comme la nôtre au Canada que les actionnaires
et le profit puissent guider le privé, et c'est normal.
mais je pense que la plus belle excuse qu'un
département de programmation chez un télédiffuseur
privé peut avoir, c'est celui d'éventuellement chauffer
les fesses de Radio-Canada et de le battre, et ça,
c'est une bonne nouvelle pour nous.
7280 Nous avons félicité dans notre
mémoire le bon travail de Radio-Canada en information
culturelle et certaines initiatives très intéressantes,
qu'on pense à "La fureur" et à d'autres, et il est vrai
qu'on a été très critique sur (excusez moi
l'expression) sur leur "track record" et leurs
promesses.
7281 On voit évidemment d'un bon oeil, et
on l'a dit et on l'a répété. On est venu vous le
répéter ici. On a besoin d'émissions de variété
régulières, hebdomadaires. On n'est pas bête. On sait
que ça peut prendre du temps avant que ça arrive. Il
faut, je pense, revendre à l'ensemble de l'industrie et
au public la beauté de variétés régulier, alors
hebdomadaire.
7282 Je sais que souvent, on a utilisé
l'exemple de "Taratata" en France. C'est un show qui
coûte plus cher et qui rapport énormément mais qui
coûte cher et qui est peut-être justifié dans un marché
de 60 millions et qu'il l'était moins dans un marché
comme le Canada francophone.
7283 On saura faire les adaptations
nécessaires. Mais d'ici là, qu'on passe immédiatement
en développement, qu'on passe dès que possible à une
émission mensuelle ou cinq, six, sept par année. Je
pense que c'est le premier bon pas et que c'est dans ce
sens-là que les discussions qu'on a eues d'abord très,
très informelles avec différents services de la SRC et
dernièrement, depuis le dernier gala de l'ADISQ, d'une
manière très intense, nous mène vers ça.
7284 L'idée est de retrouver puisque je
pense qu'il y a nécessité de retrouver après les années
d'abandon si on veut de la variété systématique à la
télévision et de la chanson systématique à la
télévision, de retrouver à quel point ça peut être
payant non seulement pour construire le star système
qui lui, je l'expliquais tantôt, finit par donner des
grands dividendes mais peut être payé en terme de
télévision et de cote d'écoute.
7285 On donne souvent l'exemple de "La
fureur". La beauté, ce n'est pas juste la cote
d'écoute d'un million ou d'un million 200 000 que "La
fureur" fait. Pour moi, la beauté, c'est d'avoir
rempli une case d'horaire qui de tout temps est
dépréciée. Vendredi soir, les gens sont dans le
magasinage. Ils ne sont pas là. On ne réussira pas à
les intéresser. Encore moins avec un show de variété,
un show de chansons. Je pense qu'on a été capable de
prouver le contraire. Et pourtant, en voilà un espace
que les télédiffuseurs privés pouvaient occuper de
plusieurs années et ils ne l'ont pas fait. Et je sais
maintenant, c'est un secret de polichinelle, qu'ils
seraient très heureux de pouvoir obtenir les droits sur
cette émission-là et de la présenter à leur propre
antenne.
7286 C'est le rôle, je pense, c'est un bel
exemple du rôle que doit occuper Radio-Canada, un rôle
de leader en ce qui nous concerne, et sans être
catastrophique, un rôle vital pour nous en chanson
francophone dans un espace nord-américain.
7287 Martyne Prévost va vous entretenir
brièvement du rôle important, crucial que doit jouer
Radio-Canada par rapport au développement d'une fenêtre
pour les nouveaux courants musicaux et des émissions
qui visent le public des jeunes.
7288 Martyne.
7289 MADAME PRÉVOST: Bonjour.
7290 En plus d'appuyer tout ce que mon
collègue Pierre a pu mentionner auparavant, je vais
mettre l'emphase sur la nouvelle chanson; enfin, d'ici
aujourd'hui de pouvoir avoir des émissions de variété
de qualité pour la chanson mais pour la nouvelle
chanson alors qu'on oublie ça. Il n'y en a pas. Il
faut quand même se rendre compte que la nouvelle
chanson, une nouvelle tendance musicale, ça représente
le paysage culturel de demain et les jeunes doivent
s'en nourrir, doivent bâtir leur bagage culturel,
intellectuel.
7291 Radio-Canada, je pense, a dans son
mandat de prendre le risque de ces émissions-là puisque
vraiment personne d'autre ne l'a fait.
7292 Alors, il y a quelques émissions à
Radio-Canada qui existent, dont la "Bande à part" sur
la chaîne radio qui est une excellente émission qui
rejoint ce monde-là et qui rejoint sa clientèle très
précise et je suis surtout pour déplorer la disparition
de l'émission qui s'appelle "Change d'air" qui est une
émission télé et qui, on ne sait pas trop pourquoi elle
disparaît. Semble-t-il que c'est une technicalité. Ça
doit aller de jeunesse à variété. En tout cas, on se
lance la balle.
7293 Cette émission était là, était
complète. On traitait de cinéma, de musique. Il y
avait des prestations à toutes les semaines et elle
disparaît on ne sait pourquoi. Alors, je suis là pour
vraiment mentionner qu'elle devrait rester dans la
grille horaire de l'automne et même pour plusieurs
années et que Radio-Canada, je pense, ça faisait partie
de son mandat de prendre des risques sur ce genre
d'émission-là. Je voulais le mentionner de vive voix
ce matin.
7294 M. PILON: Merci.
7295 Alors, brièvement, quelques minutes
sur la radio de langue française.
7296 Alors, c'est aux pages 24, 25 et 26
de notre mémoire. Quatre points principaux qu'on a
voulu souligner.
7297 D'abord, le niveau de programmation
musicale. On était un petit peu intrigué en prenant
connaissance du mémoire de Radio-Canada. Quand on
regarde ce qui s'est fait, notamment l'analyse que vous
avez fait de la programmation musicale durant la
semaine du 10 au 16 mai, c'est environ le tiers de la
programmation musicale du réseau, j'entends, bien sûr,
qui était composée de musique.
7298 Lorsqu'on regarde la promesse de
réalisation et qu'on fait quelques petits calculs, je
ne veux pas être trop technique, on arrive à
21 pour cent. Alors, il me semble que c'est une baisse
assez substantielle du contenu musical.
7299 Je comprends que la promesse de
réalisation, c'est un minimum, mais quand même, il me
semble que le tiers en programmation musicale nous
semblerait plus adéquat que 20 pour cent.
7300 Deuxièmement, le niveau de contenu
canadien. On le sait, Radio-Canada avait des quotas
spéciaux de contenu canadien à 50 pour cent pour la
catégorie musique deux et 20 pour cent pour la
catégorie de musique trois. Ce sont des niveaux qui
sont plus élevés que la radio commerciale qui était à
30 et qui maintenant est à 35 pour cent.
7301 L'écoute que vous avez fait durant la
semaine de mai 1998 démontre, et on a fait un petit
tableau qui montre dans notre mémoire à la page 25, que
Radio-Canada était plutôt gravement en infraction par
rapport à ce 50 pour cent là. Alors, au niveau du
réseau, on était à 32 pour cent et non pas à
50 pour cent, et au niveau de la programmation de
CBF Montréal, la première chaîne, on était à
36 pour cent. Alors ce sont des écarts qui visiblement
sont inacceptables.
7302 Je ne pense pas qu'il y ait un manque
de disponibilité en programmation de langue française
et les explications qui ont été données par
Radio-Canada dans les réponses aux lacunes ne nous ont
pas semblé très, très convaincantes.
7303 Alors, je pense qu'il est important
que le CRTC précise que le 50 pour cent, ça doit être
respecté fermement.
7304 Deuxièmement, en ce qui concerne la
catégorie musique trois, on pense, quand on regarde ce
que Radio-Canada faisait, ils étaient au-dessus du
20 pour cent, aux alentours de 30 pour cent, et je
pense que le Conseil pourrait fort bien demander
30 pour cent en catégorie de musique trois. On pense
notamment au jazz et les choses comme ça. Je pense
qu'il n'y a rien qui se fait en radio commerciale.
Donc, les seuls qui font quelque chose pour ce type de
musique-là, c'est Radio-Canada et de le mettre à
30 pour cent plutôt que 20 pour cent en contenu
canadien pour les catégories de musique trois
semblerait adéquat.
7305 Le niveau de contenu francophone,
Radio-Canada là encore avait des quotas spéciaux,
95 pour cent, significativement plus élevé que le
65 pour cent pour les radios commerciales.
7306 D'abord, Radio-Canada là aussi est en
infraction par rapport au 95 pour cent (c'était à 81 ou
82 pour cent) et il demande de diminuer ce niveau-là de
10 points de pourcentage, de 95 à 85 pour cent.
7307 On ne s'oppose pas à cette demande.
Cependant, on voudrait que le Conseil soit bien précis
dans sa décision. Il ne s'agit pas de remplacer et
d'utiliser cette baisse de 10 points de pourcentage
pour mettre plus de musique de langue anglaise et
étrangère. On pense que notamment, si on regarde par
exemple la production qui se fait au Canada, au Québec,
la production canadienne, en langue anglaise, mais
aussi on pense à des artistes qui chantent en espagnol,
il y a de la place.
7308 Je pense que oui, c'est normal qu'on
puisse donner une fenêtre à ces artistes-là et le
réduire à 85 pour cent, pour autant que c'est pour
donner une fenêtre à ces artistes-là ne nous semble pas
être un problème.
7309 Le dernier point nous apparaît
important. Radio-Canada, Martyne vient de le
souligner, joue un rôle important avec des émissions
comme "Demande à part". Au niveau de la diversité
musicale, il joue des nouveaux courants musicaux, des
musiques qui rejoignent plus le public jeune.
7310 Mais ça serait intéressant que
Radio-Canada, dans d'autres plages horaires uniquement,
puisse aussi donner une plus grande diversité musicale,
notamment au moment où il y a un peu plus d'écoute à
Radio-Canada.
7311 Le matin, par exemple, en fin de
journée, on sait qu'on n'y joue pas beaucoup de
musique, mais peut-être là aussi d'être un petit peu
plus audacieux au niveau de la diversité musicale et
non pas d'être audacieux uniquement dans des créneaux
particuliers.
7312 Alors, voilà. Ça regroupe les grands
points qu'on voulait faire pour la radio.
7313 LA PRÉSIDENTE: Merci.
7314 Je demanderais à la vice-présidente,
madame Wylie, de vous adresser les questions du
Conseil.
7315 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci. Bonjour,
Madame, bonjour, Messieurs.
7316 Au niveau de la radio d'abord,
puisque la première chaîne est une chaîne vraiment
verbale, de création verbale, est-ce que vous croyez
que c'est possible à ce moment-là d'ajouter de la
musique pendant la journée facilement, sans changer le
format de la station?
7317 Aux heures de grande écoute, on
s'attend à autre chose.
7318 M. PILON: On est conscient,
Madame Wylie, qu'il ne s'agit pas d'une radio FM, là.
Donc, les radios FM commerciales ont un contenu musical
qui est souvent de l'ordre de 70 pour cent. Alors,
c'est sûr qu'il ne s'agit pas de demander 70 pour cent
de contenu musical à la première chaîne de
Radio-Canada.
7319 Mais de facto, vos analyses le
démontrent, ils étaient à environ un tiers de
programmation musicale, au niveau de la programmation
réseau.
7320 On ne sait pas, puisque si j'ai bien
compris, les stations régionales comme CBF FM ne sont
pas en renouvellement de licence. Donc, il n'y a pas
eu d'analyse de leur programmation, mais l'analyse que
vous avez fait de la programmation, oui, il y a eu des
analyses de fait. Excusez-moi si je me trompe. Mais
l'analyse que vous avez fait, généralement la
programmation démontre qu'ils étaient à un tiers de
contenu musical. On ne voit pas pourquoi ils ne
pourraient pas continuer.
7321 On ne demande pas une hausse. On
demande qu'ils continuent à ce niveau-là.
7322 CONSEILLÈRE WYLIE: Non, je me réfère
surtout à votre suggestion que ce soit réparti pendant
la journée mieux qu'ils le font actuellement...
7323 M. PILON: Oui, je comprends.
7324 CONSEILLÈRE WYLIE: ... incluant les
heures de grande écoute, par exemple le matin, et c'est
ça. Je me demande comment vous pensez qu'ils
garderaient leur format de création verbale si la
musique était étalée dans ses périodes-là où on
s'attend à autre chose.
7325 M. PILON: Le point important n'est
pas qu'ils jouent tellement plus de musique durant la
journée mais qu'ils diversifient un peu le type de
musique, et notamment que la musique des nouveaux
courants musicaux, la musique qui vise des publics plus
jeunes, qu'on en mette un petit peu durant la journée.
7326 M. RODRIGUE: Si vous me permettez,
d'une part, la modification n'est pas, on ne pense pas
du simple, de un à dix, si vous voulez. Donc, c'est
tout à fait léger.
7327 Deuxièmement, il est vrai qu'en
dehors des heures spécifiquement consacrées à la
découverte de la nouvelle musique ou de la nouvelle
chanson, Radio-Canada a une tendance à être un petit
peu plus sur les talons qu'on l'a déjà connu.
7328 Donc, en heure de grande écoute, si
vous me permettez l'expression, on joue plus safe qu'on
le faisait il y a cinq ou dix ans.
7329 L'histoire, c'est de redevenir un
petit peu plus audacieux et encore là, je ne parle même
pas du simple au double. C'est une question de choix,
je crois, une question d'à-propos. Est-ce que c'est
tous les jours dans l'émission du matin où on
présenterait une chanson complètement inconnue aux
auditeurs? Je ne crois pas. Mais c'est probablement
plus que ce qu'on en connaît de la radio des deux ou
trois dernières années.
7330 CONSEILLÈRE WYLIE: Dans le contexte
de la révision que le Conseil a fait de la musique à la
radio, on nous a fait part de la part de l'ADISQ et de
gens qui oeuvrent dans ce domaine, de projets,
d'essayer de collaborer davantage et d'avoir des liens
plus étroits ou des projets avec l'industrie de la
radio pour améliorer justement le niveau de
satisfaction des gens qui oeuvrent.
7331 Où en êtes-vous avec ces projets et
est-ce que ça implique Radio-Canada? Ma question est
est-ce que dans les différents domaines où vous voulez
une amélioration ou un changement, quel est votre rôle
avec les radiodiffuseurs, incluant Radio-Canada, dont
les licences sont devant le Conseil en ce moment?
7332 M. RODRIGUE: Si j'ai bien compris
votre question, d'une part, les cicatrices ont été plus
rapides à guérir que la dernière fois. Donc, je pense
que les nouvelles règles entrées en vigueur en janvier
de cette année et déjà dès mars, mi-mars, il y a eu des
premières réunions avec les gens de la radio et les
gens de l'industrie du disque. Je ne vous dirais pas
qu'on se voit quotidiennement à toutes les semaines,
mais il y a des gens affectés présentement à ce
dossier-là et on est plutôt d'optimiste d'en venir,
comme il vous avait été présenté devant ce Conseil dans
un autre débat, à une correspondance beaucoup plus
régulière que ce qu'on connaissait avant. Radio-Canada
ne fait pas partie de ces discussions-là.
7333 CONSEILLÈRE WYLIE: Et vous n'avez
pas trouvé le... Est-ce que c'est parce que leur rôle
est moindre? C'est ce que la chaîne culturelle, c'est
surtout la catégorie trois et la première chaîne, c'est
plutôt verbal ou est-ce que vous n'avez pas fait
contact avec eux?
7334 M. RODRIGUE: Essentiellement, il
s'agissait de reconstruire avec l'industrie de la
radio FM, celle qui est la plus grande porteuse de
notre métier, de reconstruire une relation de
partenaire économique et non pas d'adversaire.
7335 Je vous dirais qu'avec Radio-Canada,
ça fera partie d'une deuxième phase de discussions,
mais il faut absolument construire avec les gens des
stations FM.
7336 CONSEILLÈRE WYLIE: Lorsque vous
aurez fait bataille avec l'industrie commerciale, vous
serez prêt pour le grand réseau.
7337 M. RODRIGUE: Bien, je vous dirais
entre nous qu'il y a quand même moins à parcourir avec
Radio-Canada. C'est une presque station AM.
L'information culturelle qui est diffusée sur les ondes
de Radio-Canada radio par rapport à ce qu'on entend à
la radio commerciale FM, on parle de deux mondes.
Donc, il y a quand même moins à couvrir entre les deux.
7338 Deuxièmement, c'est un secret de
polichinelle, le reach de Radio-Canada ne sera jamais
celui de CKOI ou de CKMF. On commence par ce qui est
porteur pour notre industrie, qui nous permet de
progresser, mais c'est évident qu'on n'a pas pour
autant mis Radio-Canada dans le coin et qu'on leur
parlera pas. Ça viendra éventuellement.
7339 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous avons
discuté avec Radio-Canada de ce désir de baisser de 95
à 85 pour cent la musique, le niveau de musique de
langue française dans la musique vocale, le niveau de
pièces de langue française, et je vois que vous êtes
satisfait de cette requête. Vous êtes prêt à l'appuyer
en autant que cette marge ne soit pas utilisée pour
ajouter de la musique anglaise.
7340 Nous avons discuté avec eux de la
possibilité peut-être de limiter Radio-Canada, que
cette portion soit utilisée seulement pour de la
musique vocale de langue autre que le français ou
l'anglais.
7341 Croyez-vous qu'il y aurait assez de
musique canadienne de langue autre que le français et
anglais pour remplir cette...
7342 CONSEILLÈRE WYLIE: Peut-être que
c'est seulement une façon d'ouvrir les discussions avec
Radio-Canada pour améliorer votre sort c'est de leur
montrer comment faire.
7343 MONSIEUR PILON: ... Il faudrait
peut-être leur présenter des gens de CIFM!
7344 CONSEILLÈRE WYLIE: Au niveau du
commercial, vous êtes d'accord avec la commandite en
autant, je crois, que l'aspect non commercial de
Radio-Canada n'est pas changé par cette commandite.
7345 MONSIEUR PILON: Oui.
7346 CONSEILLÈRE WYLIE: Comment
pensez-vous qu'il est possible de permettre la
commandite et en même temps de ne pas leur permettre de
changer leur caractère non commercial.
7347 MONSIEUR PILON: Écoutez, madame
Wylie, la proposition de Radio-Canada à ce niveau-là
est un petit peu confuse là, est pas très détaillée.
Je sais pas s'ils l'ont détaillée plus, je n'ai
malheureusement pas pu assister à toutes les journées
d'audience et je n'ai pas pris connaissance de tous les
comptes-rendus là.
7348 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, vous pourrez
obtenir sans doute un nouveau libellé de la condition
du centre qu'ils proposent.
7349 MONSIEUR PILON: Nous, ce qu'on a
voulu mettre c'est un principe de notre mémoire. On a
dit, élargir une certaine forme de commandite, qui est
liée aux événements qui sont couverts par Radio-Canada
c'est une chose.
7350 Mais par ailleurs, je relis ce qu'on
a écrit. Toutefois, si cette demande de Radio-Canada
est acceptée, l'ADISQ demande au Conseil de s'assurer
que la radio française sauvegardera le caractère non
commercial de son service, et par conséquent ne nuira
en aucune façon au marché publicitaire radiophonique.
7351 Alors, je pense qu'il s'agit de faire
ça avec équilibre là.
7352 CONSEILLÈRE WYLIE: A ce moment-là,
vous appuyez cette requête. Et comme je dis, vous...
7353 MONSIEUR PILON: Pour qu'elle soit
encadrée.
7354 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, de la
secrétaire, leur proposition qui est plus restreinte
que celle qui était dans leur demande où ce serait
vraiment un appui promotionnel qui se traduirait en
somme à des tierces parties et non à Radio-Canada et
seulement dans des représentations spéciales.
7355 Est-ce qu'à votre avis ça aiderait à
atteindre les buts que vous nous proposez, d'avoir
davantage de support ou d'appui pour l'industrie du
disque, de la chanson, et caetera. Ils prétendent eux
qu'à ce moment-là ils auraient peut-être des
représentations spéciales, ils en auraient une
soixantaine de plus qu'ils ont maintenant au cours de
la période de licence.
7356 MONSIEUR PILON: Écoutez, j'hésite à
me prononcer, madame Wylie, je ne connais pas...
7357 CONSEILLÈRE WYLIE: Ah, vous ne
connaissez pas...
7358 MONSIEUR PILON: ... le détail de ça,
alors, non, je vous répète, le principe est important
ici si ça peut aider certains événements à suivre, mais
il faut bien comprendre que ça ne doit pas être le type
de publicité qu'on retrouve à la radio commerciale et
il ne doit pas, en aucune façon, être interprété comme
un premier pas de Radio-Canada vers la publicité
commerciale.
7359 Si vous acceptez cette demande-là,
elle doit être bien encadrée, je pense.
7360 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, là ce serait
la théorie du glissement vers la publicité telle
quelle.
7361 MONSIEUR PILON: C'est ça.
7362 CONSEILLÈRE WYLIE: A la télévision,
bien que vous revendiquiez comme vous l'avez fait
auparavant le manque depuis quelques années, l'absence
de programmes... l'absence de programmes qui traitent
de la chanson et de l'humour, la catégorie huit que
vous nous expliquiez souvent n'est pas suffisamment
bien encadrée ou bien déterminée donc il est difficile
de voir exactement ce qui se fait.
7363 Mais de toute façon, sauf ces
revendications-là, vous dites qu'à votre avis la SRC
est présentement une télévision distinctive et qu'il ne
devrait pas y avoir de contraintes d'ajoutées parce que
même si elle s'adresse à tous les publics, elle est
distinctive.
7364 Quelle est la revendication
distinctive à votre avis en ce moment puisque vous avez
des inquiétudes au niveau de cette catégorie huit?
7365 MONSIEUR PILON: Juste répéter deux
secondes, et je laisserai la parole ensuite à Pierre.
On a beaucoup insisté dans notre mémoire sur le fait
que Radio-Canada, écoutez, on ne se racontera pas
d'histoire là encore l'éditorial de La Presse ce matin,
il y a visiblement un mouvement d'idées à l'heure
actuelle partagée par un certain nombre de personnes
pour X raisons qui disent: Il faut restreindre beaucoup
le rôle de Radio-Canada, Radio-Canada occupe trop de
place et dans les plate-bandes de la télévision
commerciale, il faut restreindre.
7366 On s'est opposé, je pense assez
fermement à ce principe-là, il nous semble important de
maintenir une télévision non seulement généraliste,
mais grand public.
7367 Bon, est-ce qu'une télévision peut
être publique, peut être généraliste et grand public et
pour autant être différente, avoir un caractère
distinct, c'est ce qu'on pense.
7368 Et je pense que ça passe beaucoup et
Pierre l'a expliqué puis je vais leur relancer la
parole, par le caractère innovateur de Radio-Canada, le
côté aiguillon, pourrait-on dire que joue Radio-Canada.
7369 MONSIEUR RODRIGUE: C'est une
question de choix, on parle beaucoup de création puis
je pense que ce n'est pas à vous que j'apprendrai que
la télévision c'est autre chose qu'une boîte carrée à
diffusion, mais toute la dimension culturelle, la
décision de ce qui passe et de ce qui passe pas.
7370 Je parlais tout à l'heure de la
notion de profit obligatoire en entreprise privée. Une
même émission de variétés, le choix du numéro 4, du
numéro 5 ou du numéro 6, la performance du numéro 4, ou
5, 6 peut affecter et la cote d'écoute et sa
rentabilité parce qu'on va aller naviguer en eau
beaucoup moins connue pour le public.
7371 Pour faire un parallèle avec un
événement télévisuel que vous connaissez qui est le
Gala de l'ADISQ, on se pose cette question-là nous
annuellement parce qu'on doit présenter au public
l'ensemble de la production de l'année.
7372 Donc, on doit année après année,
essayer, tout en étant dans un contenant de tant
d'heures seulement, faire un clin d'oeil au classique,
faire un clin d'oeil à la musique pour enfants, au
jazz, et caetera, on sait très bien qu'il y a des
performances payantes et il y a des performances moins
payantes.
7373 On sait très bien que de présenter
Kevin Parent à telle heure va donner un "peek" puis de
présenter tel numéro de musique très spécialisée dans
un secteur va pratiquement inviter le téléspectateur à
aller voir qu'est-ce qui se passe ailleurs.
7374 Et c'est là où Radio-Canada peut se
distinguer, c'est là où Radio-Canada peut prendre le
risque de dire: Je ne suis pas à une course à tout prix
au chiffre global et je peux sectionner même mon
émission. Je peux décider volontairement de ne pas
frapper que pour le coup de circuit.
7375 Et c'est là où on parle de
distinctif. Ce n'est pas que faire de la chanson,
c'est quelle chanson on y fera. C'est ce beau mélange
de chansons plutôt connues du public plutôt à découvrir
par le public, et c'est là où on pense que Radio-Canada
a tout l'outillage nécessaire, évidemment si le Conseil
accorde aussi les règles et les balises qu'il permettra
à la Société de continuer à le faire et de le faire
mieux.
7376 Mais en théorie, il y a tout ce "no
how" à l'intérieur où on sait comment doser pour gagner
sans perdre, mais risquer sans perdre aussi.
7377 Il faut renouveler là le parc de
vedettes, si on veut. On ne peut pas qu'attendre que
nous fassions notre job par la scène ou que la radio
fasse sa job par la diffusion. Il y a un rôle actif à
faire par la télévision.
7378 Et à Radio-Canada, c'est là où on
s'attendra toujours à ce qu'il y aura de plus risqué
parce que la notion de profit est la moins urgente ou
la moins omniprésente.
7379 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous avez de fait
des suggestions très précises à cet effet en ce qui
concerne le domaine qui vous intéresse le plus, et vous
avez suggéré qu'à la troisième année il y aurait une
série hebdomadaire d'émissions composées principalement
en prestation d'artistes de la chanson et de l'humour.
Et à la deuxième année que ce soit à toutes les deux
semaines et immédiatement, mensuellement.
7380 Vous avez... vous vous êtes référé
plus tôt dans votre mémoire au rapport de Michel Houle
qui étale jusqu'à quel point il y a eu une réduction de
ce genre d'émissions et que ces émissions sont très
dispendieuses et que les promoteurs résistent à s'y
lancer.
7381 Quel est votre rôle et le rôle de vos
associations qui... les associations par exemple comme
l'ADISQ, pour encourager ou essayer de promouvoir
d'aider à cette relève ou à cette relance. Est-ce
qu'il y a autre chose qui peut être fait pour que ces
conditions de licence là soient atteignables ou est-ce
que c'est seulement Radio-Canada qui doit faire cette
relève ou cette relance?
7382 MONSIEUR PILON: Je vais redonner la
parole à Pierre tantôt pour parler peut-être plus des
discussions qu'on a eues avec Radio-Canada, mais vous
avez raison, madame Wylie de souligner qu'il ne suffit
pas de demander à Radio-Canada de faire ça.
7383 Parce que bien sûr, si on obtient une
émission de variété et si elle est plus ou moins bien
fait par manque de moyens, pour employer un anglicisme
connu qu'on applique plutôt au secteur des dramatiques,
si le "production value" n'est pas là, l'écoute ne sera
pas là.
7384 Et on ne veut pas avoir une émission
comme ça et avoir un public confidentiel. On veut,
bien sûr si on veut relancer et, comme disait Pierre,
redévelopper, renouveler le contenant on a besoin d'un
grand public ça va de soi et une combinaison d'artistes
plus connus et d'artistes nouveaux, bon. Mais pour ça,
il faut de l'argent.
7385 Alors, vous le savez, les règles de
financement, que ce soit à téléfilm ou aux différents
fonds TV, ont été plutôt restrictives à l'égard des
émissions de variétés au cours des dernières années.
7386 On a déjà fait des représentations,
on va poursuivre ces représentations-là. On a des
discussions avec le gouvernement fédéral également où
on est en train de mettre de l'avant une politique de
la musique au Canada qui implique renouvellement du
programme du gouvernement avec son élargissement au
niveau de l'aide à la production de disque.
7387 Mais on va faire valoir, dans les
mois qui viennent, auprès du gouvernement fédéral, la
nécessité que le gouvernement puisse influencer ces
agences comme téléfilm de façon à ouvrir le financement
également à ces émissions-là.
7388 Il n'y a pas de raison... quand on
regarde le succès magnifique qui a été fait ici en
terme de financement des émissions de dramatiques,
notamment les mini-séries, "Omerta", et caetera, c'est
une réussite monumentale qui joue un rôle considérable
au niveau économique, au niveau de l'emploi, au niveau
du développement du star système pour les artistes, et
caetera, pourquoi ne pas faire la même chose en
variété.
7389 Mais, il va falloir, je ne vous dis
pas que ça va coûter 1 million de dollars point trois
dollars là comme "Marguerite Volant", mais une émission
de variétés qui serait faite avec des moyens trop
restreints n'atteindrait pas notre objectif.
7390 Alors, il faut que Radio-Canada y
mette sa part, mais il faut aussi que les organismes de
financement changent leur pratique et là on a des
demandes précises là qui étaient à la fois dans notre
mémoire général sur la politique TV.
7391 On vous a demandé d'ailleurs à ce
moment-là et encore cette fois-ci, je sais que ce n'est
pas vous qui décidez ça, mais vous avez visiblement un
pouvoir d'influence assez important dans vos
recommandations auprès du gouvernement puis auprès de
ces agences-là.
7392 Vous avez visiblement un pouvoir
d'influence assez important dans vos recommandations
auprès du gouvernement, puis auprès de ces agences-là,
mais c'est comme une chaise, cela, une chaise qui a
trois pattes, ça ne marche pas. Il faut absolument que
l'aspect financement aussi de ces émissions-là soient
là.
7393 MONSIEUR RODRIGUE: En fait, j'allais
vous donner comme premier élément de réponse que
probablement que notre intervention dans le dossier
devant vous est probablement le premier pas. Vous
demandez qu'est-ce que votre association peut faire.
7394 Le premier pas c'est de dire...
laissez à un de nos télédiffuseurs cette chance et
cette fenêtre de diffusion-là et consacrez-la pour nous
aussi, acceptez qu'on travaille dans ce sens-là. Là,
c'est l'oeuf et la poule. Qui va aller avant quoi.
7395 Que ce soit chez Téléfilm, que ce
soit "Musique Action" dans notre secteur, les gens vont
dire, tu veux de l'argent pour faire une émission de
télévision, tu vas la passer où? Bien, je vais la
passer, Radio-Canada on a un "deal", il faut en faire
tant qui va mener à et probablement que là-bas on saura
représenter que pour remplir ce mandat-là, remplir
d'abord six émissions et, ensuite, 15 et éventuellement
40 par année ou 30 par année, mais là, ça prend tant
d'argent pour le faire.
7396 Par contre, que nos entreprises sont
capables d'aller jusqu'à telle hauteur parce qu'il y
aura eu des fruits à cette intervention-là, puis on
aura renouvelé notre secteur, puis on aura redonné les
lettres de noblesse qu'avaient autrefois les grandes
émissions de télévision de chansons.
7397 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, mais c'est
sans doute non seulement... ce à quoi je m'adressais,
c'est que ce n'est pas seulement à cause de
Radio-Canada ou la disparition de ces émissions. Il y
a sensément un problème à examiner qui dépasse le
manque d'émission dans ce domaine. Et c'est pour cela
qu'on est intéressé à savoir ce que vous faites.
7398 MONSIEUR PILON: Mais vous avez
raison et c'est pour ça que...
7399 CONSEILLÈRE WYLIE: Et que peut-être
ce ne sont pas les mêmes émissions, peut-être le même
genre d'émission. Peut-être qu'il faut réinventer
comment on mousse le "star system, que ce n'est plus
les mêmes recettes.
7400 MONSIEUR RODRIGUE: Par contre, tout
ce qui est informatif, on l'a dit, on l'a écrit et
Radio-Canada et d'autres partenaires médias ont bien
joué leur rôle. Pourtant, je pense que les gens, ce
qu'ils ont besoin de voir aussi c'est de la
performance, mais de la grande performance et ça a été
fait dans d'autres marchés avec des résultats très
concluants.
7401 Cela a été fait dans des marchés très
près de nous mais plus de point. Exemple; chez MTV,
pour la nouvelle musique aux États-Unis avec certains
galas spéciaux et ce fut très payant. Mais il faut
partir quelque part et je vous ferai un parallèle avec
l'industrie de la musique pure.
7402 Je pense que le renouvellement de
régime de quota il y a plusieurs années, je ne parle
pas du dernier, mais ce qu'on a appelé chez nous "la
Grande Guerre", a carrément provoqué le programme
"Musique Action" parce que c'était l'argument de base
vis-à-vis nos subventionneurs, vis-à-vis le
Gouvernement fédéral de dire, écoutez, vous ne pouvez
pas avoir endossé et même promulgué un système de
quotas alors que l'industrie de la radio disait: jamais
vous ne serez capable de le remplir avec la production
que vous êtes capable de faire sans nous donner les
moyens pour le faire. Et ils ont suivi.
7403 Et je suis assez optimiste pour
croire que quand on s'adressera aux mêmes
subventionneurs et à ceux qu'on trouvera aussi, les
nouvelles méthodes, on vient tout juste d'avoir un
régime de crédit d'impôt, nous, dans le disque au
provincial, plusieurs années après le grande secteur de
l'audiovisuel, évidemment.
7404 Mais on saura trouver ces nouveaux
moyens-là parce qu'il y aura eu un premier pas et sans
vouloir paraphraser personne, je vous dis: on a besoin
de ce premier pas-là.
7405 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors, le premier
pas de "la mère poule" c'est d'ajouter des conditions à
la licence.
7406 MONSIEUR PILON: Madame Wylie, c'est
un ensemble. C'est un ensemble. Les quotas, la
décision de 1988-1989, celle que vous avez et qui
touche plus le "prime time" maintenant et que vous avez
fait, le gouvernement du Québec avec son nouveau
programme de cinq millions et plus, ses crédits
d'impôt, le gouvernement fédéral qui s'apprête à
renouveler visiblement avec des sommes plus
significatives et peut-être un petit peu plus
structurante son programme, des modifications qui
doivent être faites au niveau du financement des
émissions de variétés à Téléfilm.
7407 Mais si ces choses-là se font et si
vous, de votre côté, vous n'ouvrez pas une fenêtre à la
télévision, je ne veux pas présumer de la décision
générale que vous allez rendre bientôt en ce qui
concerne la tv, on est dans l'audience sur Radio-Canada
et on pense que c'est là d'abord pour qu'elle puisse
ouvrir cette fenêtre.
7408 Si toutes les autres choses ont été
réussies, si le gouvernement du Québec a fait ce qu'il
avait à faire et le gouvernement fédéral a fait ce
qu'il avait à faire, vous avez fait ce que vous avez à
faire au niveau de la radio, il y a un élément qui
manque là. Il y a un élément qui manque et les autres
choses risquent de... c'est une synergie cette
chose-là.
7409 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous
remercions, monsieur Pilon. Vous avez bien géré vos
affaires. Au lieu de comparaître hier, vous avez
comparu ce matin, mais le premier. Donc, vous allez
pouvoir jouir d'une belle journée!
7410 LA PRÉSIDENTE: Je ne peux pas
m'empêcher d'un commentaire, monsieur Pilon, monsieur
Rodrigue et madame.
7411 Il me semble que dans votre ouverture
vous dites que vous êtes opposé à ce qu'on ratatine le
mandat. Par contre, je trouve que votre intervention
écrite et l'échange que vous avez eu avec madame Wylie,
d'une certaine façon, parle bien de comment un
diffuseur public peut avoir un rôle complémentaire et
d'agir comme monteur pour amener une émulation dans un
certain secteur où, en effet, vous semblez comprendre,
peut-être pas accepter mais comprendre que les raisons
commerciales ne peuvent pas par elles-mêmes amener les
audaces dont vous avez besoin pour vraiment relancer.
7412 Donc, vous attendez du diffuseur
public qu'il fasse preuve d'un peu plus d'audace,
d'aller un peu plus loin. Évidemment, pas de façon
isolée et qu'il soit le seul à le faire, mais qu'il
entraîne les autres joueurs.
7413 Alors, je pense que c'était pour vous
dire que le Conseil, lorsqu'il a posé la question de
complémentarité, c'était dans cet esprit. Ce n'est pas
de dire Radio-Canada ne devrait pas être dans certains
secteurs, devrait être cantonné, mais c'est tout à fait
le système de radiodiffusion a la chance d'avoir un
élément public, un élément privé et l'élément public,
il est vrai que par rapport aux objectifs de la Loi sur
la radiodiffusion porte une responsabilité importante
en terme d'ouvrir le chemin d'une certaine façon.
7414 Alors, je tenais à faire cette
précision.
7415 MONSIEUR PILON: Madame Bertrand, la
loi dit: une large programmation qui informe, éclaire
et divertit. Je pense que tout est là-dedans. Et on
le répète encore, c'est important, on peut être
généraliste, grand public et pourtant différent.
7416 LA PRÉSIDENTE: Il n'y a aucun doute
là-dessus. C'est de ça dont nous parlons depuis mardi
matin.
7417 MONSIEUR PILON: Merci beaucoup.
7418 LA PRÉSIDENTE: Merci.
7419 MADAME SANTERRE: Nous entendrons
maintenant l'Alliance des manufacturiers et des
exportateurs du Québec.
7420 Alors, entre-temps, puis-je me
permettre de vous dire que tous les documents que
Radio-Canada a soumis jusqu'à date, vous pouvez les
obtenir ici à la salle d'examen, à la salle Papineau.
Alors, s'il y a des documents qui vous intéressent, il
y a quelqu'un pour vous faire une copie sur place.
INTERVENTION
7421 MONSIEUR PONTON: Madame la
présidente, monsieur, mesdames les Conseillers du CRTC,
mon nom est Gérald Ponton, je suis président de
l'Alliance des manufacturiers et des exportateurs du
Québec.
7422 Je suis accompagné ce matin de
monsieur Emmanuel Dussault qui est le directeur de la
recherche à l'Alliance au bureau de Montréal.
7423 L'Alliance des manufacturiers et des
exportateurs du Québec représente un segment en
croissance de notre économie, ouvert sur le monde et à
l'avant-garde de la société du savoir. Plus de 700
entreprises de secteurs variés sont membres de
l'Alliance, la division québécoise de l'Alliance des
manufacturiers et des exportateurs du Canada.
7424 La radiodiffusion contribue à
l'accroissement de la compétitivité de l'économie
québécoise et canadienne, à la diffusion élargie du
savoir et à l'augmentation des exportations. C'est
dans ce contexte que l'Alliance intervient devant le
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunciations
canadiennes qui se penche sur le renouvellement du
permis d'exploitation de la Société Radio-Canada, afin
de souligner l'importance d'un cadre réglementaire
flexible qui tient compte du dynamisme du secteur privé
et des changements technologiques.
7425 Les diffuseurs privés, quant à eux,
contribuent à l'intérêt public, selon nous, puisque le
libre marché permet de répondre efficacement aux
besoins des consommateurs. De plus, les technologies
et les goûts évoluant rapidement, le dynamisme du
secteur privé est gardien d'une télévision et d'une
radio moderne et à la fine pointe.
7426 La mondialisation de l'économie ouvre
maintenant un marché international aux produits
canadiens. Ce commerce d'information de culture, de
savoir et de divertissement renforce non seulement la
présence canadienne et québécoise à l'étranger, mais
donne aussi l'occasion de développer ici une industrie
de plus en plus forte.
7427 Le gouvernement doit donc s'assurer
de ne pas fausser indûment l'équilibre qui comporte des
avantages indiscutables entre le secteur privé et
public. Il doit agir de la manière la plus efficiente
possible en utilisant les moyens appropriés et en
s'assurant de pouvoir mesurer les impacts des actions
qu'il entreprend.
7428 Le principe de subsidiarité suivant
lequel le gouvernement et le secteur public ne doivent
agir qu'en appui et en complément des initiatives
privées devrait guider, selon l'Alliance, la réflexion
du CRTC.
7429 L'Alliance des manufacturiers et des
exportateurs du Québec appuie le renouvellement du
permis d'exploitation, de la Société Radio-Canada,
moyennant l'ajout de certaines conditions. Ces
conditions permettront, selon nous, à la société d'état
de jouer un rôle plus ciblé dans un contexte plus
transparent et ainsi, de mieux servir l'intérêt public
et de mieux accomplir son mandat tel que défini à la
Loi sur la radiodiffusion.
7430 Si à une certaine époque les déficits
étaient monnaie courante, la concurrence et
l'information n'étaient pas internationalisées et nos
valeurs accordaient un rôle important à l'état dans
tous les domaines. Selon nous, ce n'est plus le cas.
7431 Les mentalités et la culture ont
changé.
7432 La Société Radio-Canada ne peut plus
faire une concurrence subventionnée au secteur privé.
Le contribuable n'accepte plus de ne pas connaître
toutes les données sur les fonds publics et la
programmation de la Société Radio-Canada doit se
distinguer et se spécialiser afin d'atteindre plus
efficacement les objectifs fixés par le législateur.
7433 La programmation commerciale peut
être assurée par le secteur privé, sans doute à
meilleur coût que par la Société Radio-Canada.
7434 Il n'y a aujourd'hui aucune raison
d'intérêt public qui justifie que cette fonction soit
exercée par la Société Radio-Canada.
7435 Il y a encore peu de temps, les
émissions d'envergure nationale pouvaient difficilement
être produites par le secteur privé, et nous en
convenons.
7436 L'augmentation des dépenses
consacrées à la culture et la demande des consommateurs
est aujourd'hui est assez forte pour permettre une
révision des rôles et permettre au secteur privé de
satisfaire plusieurs des objectifs gouvernementaux en
matière de radiodiffusion.
7437 Le CRTC a le devoir, madame la
présidente, de fixer des normes afin que la Société
Radio-Canada ne fasse pas concurrence au secteur privé
dans des domaines commercialement viables.
7438 À cet effet, la Société Radio-Canada
devrait être tenue de s'assurer qu'une production, ne
relevant pas de son mandat, ne peut être faite par le
secteur privé avant d'y participer.
7439 Une production devrait d'abord avoir
été offerte à des intervenants du secteur privé et
rejetée avant que la SRC puisse intervenir.
7440 Les droits de diffusion des émissions
de sports, de films, des séries et des mini-séries
étrangères devront d'abord être offerts au secteur
privé avant de pouvoir être acquis par la SRC.
7441 La Société Radio-Canada compte de
plus en plus sur les revenus publicitaires pour
financer sa programmation, ce qui entraîne
nécessairement un rapprochement du contenu des
émissions publiques et des émissions privées.
7442 De plus, comme une partie
substantielle du budget de la SRC provient des fonds
publics, les règles du marché sont faussées lorsque les
diffuseurs privés et publics sont en concurrence.
7443 Le droit de préemption que nous avons
évoqué n'est qu'une première étape vers une plus saine
concurrence. Radio-Canada ne devrait pouvoir utiliser
la publicité comme mode de financement que pour
certains types d'émissions qui ressortent clairement de
son mandat conféré par la Loi sur la radiodiffusion.
7444 Le CRTC devrait conserver la
responsabilité de veiller au respect de ces
dispositions et pouvoir recevoir toute plainte des
parties intéressées.
7445 L'intérêt public exige la
transparence et, à notre avis, la SRC devrait être
soumise à la Loi sur l'accès à l'information.
7446 Les rapports annuels de la Société et
de ses filiales devraient aussi être transparents que
ceux exigés du secteur privé.
7447 Le CRTC devrait exiger un rapport et
effectuer un examen annuel de la performance de la SRC
en regard des critères d'exploitation des licences
qu'il lui a accordées.
7448 Enfin, la SRC devrait confier à un
ombudsman la responsabilité d'étudier les plaintes
quant aux pratiques commerciales de la SRC sur le
modèle de l'ombudsman responsable de défendre les
droits du public.
7449 Madame la présidente, messieurs,
mesdames les conseillers, les manufacturiers et les
exportateurs ont dû s'adapter, au cours des dernières
années, pour faire face au libre-échange et aux
exigences de qualité des consommateurs, de même que
pour augmenter leur rentabilité.
7450 La Société Radio-Canada peut aussi se
transformer pour devenir meilleure, plus forte. Le
système de radiodiffusion peut, nous en sommes
convaincus, servir davantage l'intérêt public canadien
si des règles de concurrence justes et claires, entre
le secteur privé et le secteur public sont mises en
place.
7451 La société du savoir est une réalité.
Elle bénéficie aux Canadiens et aux Canadiennes dans
leur ensemble.
7452 Dans le cadre des présentes
audiences, il s'agit pour le CRTC de s'assurer que la
radio et la télévision demeurent concurrentiels et au
service de la société du savoir.
7453 Les diffuseurs publics et privés ont
chacun leur rôle à jouer dans cette nouvelle
perspective.
7454 Ainsi, considérant l'émergence de la
société du savoir, l'Alliance des manufacturiers et des
exportateurs du Québec formule les recommandations
suivantes au CRTC.
7455 Premièrement, que la définition de
l'intérêt public tienne compte de l'évolution des
valeurs, de la technologie et de l'économie dans la
division des responsabilités entre le secteur privé et
le service public dans le domaine de la radiodiffusion.
7456 Deuxièmement, que la Société
Radio-Canada agisse en complémentarité et en
subsidiarité avec le secteur privé afin que les
Canadiens et Canadiennes puissent profiter d'un régime
de radiodiffusion concurrentiel, diversifié, efficace,
moderne et reflétant les valeurs de la société
canadienne.
7457 Que le secteur privé ait un droit de
préemption quant aux émissions de sport, aux séries,
mini-séries et films étrangers afin d'assurer une
concurrence équitable.
7458 Que la Société Radio-Canada ne puisse
se financer à même des revenus publicitaires que pour
les émissions qui relèvent clairement de son mandat
particulier.
7459 Que la transparence enfin de la
Société Radio-Canada soit accrue en la soumettant à la
Loi sur l'accès à l'information, en exigeant un rapport
financier annuel pour chacune de ses licences, conforme
aux normes imposées au secteur privé et de la
télévision spécialisée, en créant le poste d'ombudsman
des pratiques commerciales et, finalement, en exigeant
une revue et un rapport annuel de performance en regard
des conditions de la licence accordée.
7460 Merci de votre attention.
7461 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup,
monsieur Ponton.
7462 Je demanderais à la madame la
conseillère Pennefather de vous poser les questions du
Conseil.
7463 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Merci,
madame la présidente.
7464 Messieurs, bonjour, et on vous
remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
7465 J'aimerais d'abord discuter avec vous
l'appui que vous rendez au renouvellement des licences
de Radio-Canada.
7466 Commençant avec qu'est-ce que vous
pensez, en fin de compte, est le rôle de la Société
Radio-Canada, vous dites que ce rôle devrait être plus
ciblé.
7467 En termes de leur programmation,
alors qui se rendue à nos écrans par Radio-Canada, vous
songez à quoi comme programmation?
7468 Si je vous cite, vous dites que la
programmation commerciale peut être assurée par le
secteur privé et qu'il n'y a aucune raison d'intérêt
public qui justifie que cette fonction soit exercée par
la Société Radio-Canada.
7469 Qu'est-ce que vous voulez dire par
"la programmation commerciale" exactement?
7470 MONSIEUR PONTON: Bien, le point de
notre mémoire... étant un généraliste moi-même et pas
un spécialiste de la publicité ou un sociologue qui a
fait des études en télécommunication et radiodiffusion,
mon propos et le propos de l'Alliance tient
essentiellement aux règles qui devraient régir le
comportement du secteur privé et du service public.
7471 Et, actuellement, on n'a pas ces
règles-là dans le système présentement en place au
Canada.
7472 Mais de façon plus spécifique, comme
auditeur assidu aussi bien de Radio-Canada, de TVA que
d'autres canaux spécialisés qui nous sont offerts, le
rôle de Radio-Canada est d'être une télévision publique
et, à mon avis, devrait être une télévision qui se
conforme à son mandat précisé à l'article 3, paragraphe
1, sous-paragraphe f) de la Loi de la radiodiffusion
qui est très clair au niveau des paragraphes i) à 8
iii) et qui dit vraiment le genre de programmation
auquel la Société devrait à la fois réaliser ou
satisfaire sa programmation.
7473 Mais de façon plus spécifique, je
vous dirais que les émissions de sport, les films
américains ne sont pas nécessairement des domaines
exclusifs ou qui devraient être réservés exclusivement
à la télévision publique.
7474 Je pense plutôt à des créneaux comme,
par exemple, des émissions pour enfants où le rôle du
secteur privé, compte tenu des restrictions à
l'obtention de publicité, est là un secteur important
où la Société Radio-Canada pourrait innover et faire sa
marque de façon très distinctive au service de la
société canadienne.
7475 Je parlais avec mon confrère en m'en
venant ce matin. Moi, l'histoire du Canada à la télé
de Radio-Canada, ça fait très longtemps que je n'ai pas
vu ça et ça serait intéressant de savoir comment les
gens de l'Ontario vivent leur quotidien, ont vécu leur
passé.
7476 Moi, je verrais très bien... pourquoi
qu'on n'aurait pas, à Société Radio-Canada, l'histoire
du Canada en douze volumes, animée pour enfants, pour
adultes, dans le cadre documentaires.
7477 Ça n'existe pas et il y a des gens
qui vont être intéressés à fournir de la publicité pour
ce type d'émission-là.
7478 Alors, moi, je pense que les règles
plus restrictives où Radio-Canada n'aurait pas accès à
la publicité dite "commerciale, entre guillemets,
suivant la définition que vous voudrez bien lui donner
ferait en sorte que la Société trouverait de nouvelles
idées pour développer un créneau qui lui serait
particulier. Elle serait contrainte de trouver les
sources de financement pour réaliser son objectif, son
mandat.
7479 Et, moi, je pense qu'il y a des
niches intéressantes où les dirigeants de la Société
pourraient, en faisant preuve d'innovation, réaliser
des projets, des programmes qui seraient porteurs pour
société canadienne.
7480 Alors, je ne sais pas si ça répond à
votre question, mais...
7481 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Ça
commence. J'essaie toujours de voir pourquoi vous
proposez certaines mesures comme... on va y arriver,
mais quels seront les résultats? Parce que Société
Radio-Canada, c'est la télévision. Il y a certains
impératifs qui viennent avec ce rôle. Il faut mettre
des matières sur nos écrans.
7482 Et j'ai eu l'impression que le but de
ces règles était de vraiment dire dans l'ensemble que
l'intérêt public, visé par la Loi de la révision, peut
vraiment être mis dans les mains du secteur privé.
7483 Alors, c'était important pour moi de
savoir qu'est-ce qu'il, vous pensez, reste dans les
mains de Radio-Canada. Que ce ciblage, ça nous rend
jusqu'où?
7484 Si j'ai bien compris, vous l'avez
mentionné, c'est aussi un point de vue que vous nous
apportez concernant les revenus publicitaires sur
lesquels vous mettez un peu l'emphase en disant que la
Société Radio-Canada devrait limiter la publicité sur
certains genres de production.
7485 Mais j'ai du mal à comprendre quels
sont ces genres-là. Il devrait y avoir les
dramatiques, les émissions culturelles, et caetera?
7486 MONSIEUR PONTON: À mon avis, on
devrait davantage cibler les émissions à caractère
dramatique, culturel et d'intérêt pour l'ensemble des
Canadiens.
7487 Pourquoi que l'histoire ne pourrait
pas être projeté à la télévision?
7488 Alors, moi, je me souviens, quand
j'étais jeune adolescent, l'émission d'histoire, de
sciences qu'on avait à la télé (pourtant je suis
avocat, je ne suis pas devenu scientifique) je
m'intéressais beaucoup à ces questions-là.
7489 Et il y a un vide aujourd'hui et
c'est un peu explicable, parce que Radio-Canada, face
aux contraintes budgétaires que le Parlement du Canada
lui a imposées, a indirectement fait... parce qu'elle
voulait atteindre certains objectifs qu'elle avait
décidé d'atteindre, a fait ce que beaucoup de
ministères ont fait en utilisant des droits
d'utilisation.
7490 L'an dernier, l'Alliance canadienne a
dénoncé ce qu'on appelle en anglais les "user's fee"
qui sont utilisés par toutes les agences et ministères
du gouvernement fédéral, même certaines agences
provinciales, pour compenser le manque à gagner des
budgets, alors que la Chambre des communes avait décidé
que les budgets devaient être limités.
7491 Nous, on pense que c'est faire
indirectement ce qui ne peut pas être fait directement.
7492 Il y a eu un glissement chez
Radio-Canada pour satisfaire les cotes et les attentes
des publicitaires privés. "Donne-moi du rendement."
"Donne-moi des paies, ou des lignes d'écoute
intéressantes pour justifier l'argent que tu me
donnes."
7493 Il y a eu un glissement de la
programmation tranquillement vers le secteur
commercial. Et, nous, on pense que le secteur
commercial est à même de jouer ce rôle-là et qu'on doit
recentrer le rôle de la Société sur ce qu'il doit être.
7494 Et si Radio-Canada estime qu'elle a
besoin de plus d'argent pour assurer son développement,
son financement, bien, le débat, c'est à l'ouest de
l'Outaouais qu'il doit se faire, pas du côté Est, parce
que le CRTC est un organisme de réglementation et pas
un organisme de législation.
7495 Et quand la Chambre des communes
donne un budget à Radio-Canada, bien, on devrait le
respecter.
7496 Et s'il y a un débat à faire sur le
contenu, on n'est pas contents de la façon dont les
sommes sont allouées, bien, qu'on le fasse ce débat-là,
mais qu'on n'empiète pas dans une assiette où on dévie
du rôle pour satisfaire des impératifs commerciaux.
7497 Et, moi, je pense que ce n'est pas à
Radio-Canada de décider ça. C'est au législateur de le
faire à la Chambre des communes, dont le gouvernement.
7498 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Alors, pour
revenir, on essaie toujours d'explorer la
complémentarité dans le système. Je prends pour acquis
que vous restez toujours convaincu qu'il y a un rôle
pour un télédiffuseur public, parce que vous appuyez le
renouvellement des licences.
7499 Alors, si je vous comprends bien,
vous avez mentionné vous-même la loi qui dirige les
activités de Radio-Canada, dans le sens qu'il faut
qu'il présente une programmation large, diversifiée,
divertissante, qui informe, qui stimule, qui prend un
"leadership".
7500 Et on vient tout juste de parler d'un
côté musique et les coûts de production sont assez
importants dans ce milieu-là pour présenter les
performances, les arts de la scène. Les formats de
dramatiques sont assez coûteux.
7501 Pour que Radio-Canada accomplisse
cette portion de son mandat, elle devrait prendre les
décisions en programmation.
7502 Vous dites, sur la page 6 de votre
mémoire, que le secteur privé devrait avoir...
Radio-Canada est tenue d'assurer d'une production... de
son mandat ne peut pas être faite par le secteur privé.
7503 J'ai eu l'impression que vous pensez
que toute la programmation de Radio-Canada devrait être
offert premièrement au secteur privé et, s'il n'y a pas
intérêt, Radio-Canada peut en faire.
7504 Je n'ai pas bien saisi comment alors
vous proposez que Radio-Canada peut aller de l'avant
avec leur propre mandat, leur propre programmation,
leur grille horaire s'il devait attendre que le secteur
privé a un intérêt ou non.
7505 Et, là, vous voyez pourquoi, la
raison que je voulais être certaine de quel type de
programmation vous voulez parler parce que, en fin de
compte, même si... service public, il faut aller de
l'avant avec la télévision. Ce n'est pas simple.
C'est complexe et ça coûte cher.
7506 MONSIEUR PONTON: À la page 6, je
crois qu'on dit dans le deuxième sous-paragraphe que
les droits de diffusion des émissions de sports, de
films, de séries, des mini-séries étrangères.
7507 Alors, je vous donne des exemples de
ce qui, à notre avis, devrait avant être réalisé ou
offert au secteur privé parce que, il ne faut pas se le
cacher, quand Radio-Canada joue les mêmes règles que
l'entreprise privée, bien, il y a une émulation, une
concurrence qui s'installe.
7508 On essaie de faire mieux, d'arracher
un contrat, que ce soit à l'occasion des Jeux
olympiques, pour la diffusion du hockey, et caetera.
7509 Il y a monsieur Juneau, hier, qui
nous disait qu'il y avait du hockey à tous les soirs,
puis qu'il ne comprenait pas pourquoi on avait tant de
hockey de ce temps-là à Radio-Canada.
7510 Moi aussi, je n'aime pas tellement le
hockey depuis que les Canadiens ne sont plus là, puis
je change de poste! Alors, peut-être que je préférerais
avoir autre chose.
7511 Et, moi, je pense que commencer à...
parce que c'est sûr que ça ne se fera pas du jour au
lendemain. Mais de circonscrire le rôle de la
télévision d'État en ciblant le sport, les films, les
mini-séries, je pense que ça serait un début, une
indication, un signal donné en disant: Bien, commencez
à réviser vos plans stratégiques, parce qu'on s'attend
que vous vous conformiez davantage à votre mandat de
l'article 3.
7512 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Alors,
prenons l'exemple pour les mini-séries que je sois
claire. Alors, vous ne proposez pas que Radio-Canada
ne puisse pas en faire des mini-séries?
7513 MONSIEUR PONTON: Non, on ne dit pas
qu'elle ne doit pas en faire. Mais on dit que le
secteur privé devrait d'abord les refuser avant que
Radio-Canada les accepte. C'est ce qu'on appelle le
droit de préemption, de subsidiarité.
7514 CONSEILLERE PENNEFATHER: Mais
Radio-Canada c'est une maison de production, ça veut
dire qu'eux peuvent prendre l'idée comme ensuite de
leur législation de travailler en dramatique, ça veut
dire qu'ils devraient faire les décisions, ils
devraient aller chercher les créateurs pour le faire,
ils ont un budget, une responsabilité de le faire.
7515 Est-ce que vous nous dites que tout
devrait être laissé au secteur privé, que c'est une
sorte de créneau ouvert pour que le secteur privé
rentre avec une mini-série.
7516 MONSIEUR PONTON: Moi, je vous
dirais, madame, que je suis un type orienté sur les
résultats. Comment Radio-Canada va gérer la
transition, ça je pense c'est de leur responsabilité,
il y a des gens fort compétents et qualifiés qui sont
bien payés pour faire ça puis ce sera à eux de
déterminer la façon d'atteindre les mandats.
7517 Mais encore une fois, je reviens sur
le fond, on nous dit toujours: On a besoin de la
programmation commerciale pour réaliser la
programmation dite culturelle ou dramatique auquel
notre mandat nous convie, nous oblige de réaliser.
7518 Moi, je vous dis qu'à ce moment-là,
comme monsieur Juneau disait hier, c'est une question
de financement. Mais le débat sur le financement ce
n'est pas ici qu'il doit se faire, c'est à l'occasion
des débats des budgets de la Société devant la Chambre
des communes.
7519 Et moi, je crois que le CRTC doit
contribuer à l'amorce de ce débat-là au niveau de notre
télévision d'État public un peu comme l'éditorial de La
Presse de ce matin en France où a vraiment un retrait
complet du secteur privé de la télévision de l'état
française au profit d'une majoration de ses budgets par
l'assemblée nationale française.
7520 Bon, alors, est-ce qu'il y a lieu
d'augmenter ou pas les budgets de la Société? Cela, il
semble assez évident que si elle doit maintenir le rôle
qu'elle a actuellement, il va manquer de l'argent en
quelque part, c'est évident.
7521 Mais est-ce que c'est son rôle de
jouer ce rôle-là ou si le secteur privé ne peut pas en
prendre une partie, je pense c'est un débat qui
appartient aux politiques, donc au législateur. Et le
CRTC, à notre avis, ne devrait pas sanctionner,
cautionner la concurrence qu'on fait, que se fait le
public et le privé, je vous le rappelle, à même des
fonds publics.
7522 Parce que l'essence même de notre
propos, de notre intervention aujourd'hui, c'est qu'il
y a des fonds publics de l'ordre de 900 millions $ qui
sont impliqués dans la gestion de Radio-Canada et on ne
sait pas dans quelle mesure l'un ne vient pas à la
rescousse de l'autre.
7523 Je ne prétends pas que c'est le fait,
mais je vous dirais que de la même chose que devant les
Tribunaux, non seulement justice doit être rendue, mais
toutes les apparences que justice est rendue doit
exister, on devrait avoir au niveau de la Société,
parce que des fonds publics sont impliqués, une plus
grande transparence par le biais de rapports, par le
biais d'un ombudsman, pour s'assurer que les pratiques
commerciales sont au-dessus de tout soupçon.
7524 CONSEILLERE PENNEFATHER: Je pense
que j'ai bien saisi ce que vous voulez dire. Moi,
j'aimerais qu'on pense sur le rôle de Radio-Canada à
ces discussions. On est tous là pour explorer quelle
devait être la façon que les renouvellements des
licences de Radio-Canada sont abordés à l'avenir.
7525 Et je pense que vous avez cité
vous-même la Loi de la radiodiffusion, et c'est très
clair sur le rôle du Conseil en ces termes-là.
7526 Et les questions qu'on examine
ensemble, c'est vraiment pour voir quelle devrait être
la façon que Radio-Canada accomplisse sa mission. Je
suis d'accord avec vous, il y a des joueurs dans le
système. Ici, le Conseil joue un pas très important de
côté de régulation suivant la Loi de la radiodiffusion.
7527 Alors, je ne vois pas exactement le
problème à poursuivre nos discussions là-dessus étant
donné que le Conseil a ses responsabilités en terme de
Radio-Canada de ses conditions de licence.
7528 Mais j'aimerais être claire sur les
réflexions que vous apportez à ces débats. Vous
indiquez qu'il existe une concurrence déloyale de la
part de la SRC?
7529 MONSIEUR PONTON: Je crois qu'on a
dit "concurrence faussée, à deux vitesses". On est
resté loin du mot "déloyal", madame la conseillère.
7530 CONSEILLERE PENNEFATHER: Vous avez
sans doute lu la demande de...
7531 MONSIEUR PONTON: Parce que je n'ai
pas de cas spécifique pour parler de...
7532 CONSEILLERE PENNEFATHER: Ah!
Justement, je voulais vous demander qu'est-ce que vous
voyez dans la demande du SRC qui vous rend à dire ça?
7533 MONSIEUR PONTON: Qui me rend quoi?
7534 CONSEILLERE PENNEFATHER: A dire
qu'ils font un exercice...
7535 MONSIEUR PONTON: Bien, c'est...
7536 CONSEILLERE PENNEFATHER: ... une
conférence faussée?
7537 MONSIEUR PONTON: Faussée,
déséquilibrée, à deux vitesses, si vous voulez. Alors,
moi, je vous dirais que... non, les mots sont
importants au-delà de leur signification. Moi, je
trouve que la Société Radio-Canada fait un excellent
travail personnellement.
7538 Ceci étant dit, elle a dans ses
pratiques et dans son développement, un comportement je
pense qui doit être centré compte tenu des fonds
publics à la hauteur de 900 millions $ sont consentis à
la Société annuellement, et le fait que la Société
accapare une part de plus en plus grande de l'assiette
publicitaire, on parle de hauteur de 40 pour cent. Je
ne sais pas si mes chiffres sont exacts, on parle de 40
pour cent de publicité qui est récupéré ou... par
Radio-Canada.
7539 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors...
7540 MONSIEUR PONTON: Et à part de ses
filiales. Et je vous dirais qu'il y a eu une évolution
dans le temps. La Loi de la radiodiffusion n'a
peut-être pas été amendée depuis plusieurs années. Je
ne sais pas quand remonte la dernière révision, mais le
CRTC même dans les dernières années a favorisé
l'émergence d'une concurrence.
7541 Là, on parle de télé, mais dans la
téléphonie aussi, avait joué un rôle de premier plan
sur l'ouverture, l'abolition de monopole, une plus
grande dynamique. Et on est à même de constater les
résultats intéressants pour les consommateurs canadiens
de ces orientations-là passées
7542 Dans le domaine de la télévision,
l'augmentation des canaux spécialisés, différentes
formes, vos dernières décisions concernant certains
nouveaux canaux que vous avez attribués, font en sorte
qu'il y a une dynamique, une concurrence qui s'installe
et moi je pense que l'heure est venue de réviser les
pratiques et les habitudes de la Société Radio-Canada
pour mieux recentrer son rôle en fonction maintenant de
la dynamique et de la maturité que le secteur privé a
développé au cours des dernières années.
7543 CONSEILLERE PENNEFATHER: Et vous
trouvez que la demande faite par la CRTC cette fois ici
ne prend pas cette réalité en compte?
7544 MONSIEUR PONTON: A mon avis non
parce que la SRC continue le double régime public
privé, et comme nous le disions dans La Presse: On peut
pas avoir le beurre et l'argent du beurre et la tartine
ne peut pas être beurrée des deux côtés parce qu'on se
salit les doigts.
7545 Alors, il faut choisir. Et s'il n'y
a plus de subventions publiques à SRC, nous notre
propos ne tient plus parce qu'ils seront les bienvenus
en concurrence avec l'ensemble des radiodiffuseurs puis
je pense que ça va être excellent pour la dynamique
canadienne. Mais ce n'est pas le cas.
7546 Et jusqu'à ce que ce jour vienne ou
que peut-être la Société Radio-Canada soit privatisée,
on ne sait pas, on pense qu'on doit avoir des règles
qui vont régir Radio-Canada compte tenu de
l'utilisation des fonds publics par la Société.
7547 Et ça, je crois que c'est important
d'être capable, d'être transparent, de rendre compte.
7548 Moi, j'étais assez surpris de voir
que la Société Radio-Canada n'était pas assujettie à la
Loi d'accès à l'information. Cela, ça m'a complètement
renversé.
7549 Deux poids, deux mesures, moi dans
mes études de droit, j'ai appris qu'on était tous égaux
devant la loi, et je ne comprends toujours pas pourquoi
la SRC bénéficie d'un traitement de faveur alors
qu'elle est en concurrence avec le secteur privé.
7550 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors...
7551 MONSIEUR PONTON: Pour des émissions
de sport, des mini-séries, des films américains. Moi,
là, il va falloir que vous m'expliquiez ça parce que je
ne comprends pas ça du tout.
7552 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors,
pouvons-nous conclure que le rapport annuel préparé
déjà par SRC, y compris les états financiers de
l'année, ne répond pas suffisamment à ce que...
7553 MONSIEUR PONTON: A mon avis, non.
Je vais vous parler des filiales, je ne suis pas un
spécialiste encore. Moi, on me dit qu'il y a des
filiales qui vendent des services à l'international.
Alors, qu'est-ce que les fonds publics peuvent... au
nom de quel intérêt public on peut justifier que des
fonds publics sont utilisés pour faire une filiale qui
vend des services à l'international? Moi, je ne
comprends pas ça. Il faudrait qu'on m'explique ça.
7554 Parce qu'à mon avis, un, ce n'est pas
dans le mandat et je pense que la transparence n'est
pas suffisante.
7555 CONSEILLERE PENNEFATHER: Le nombre
de divulgations financières que vous proposez pour
Radio-Canada, un rapport financier annuel qui le font
déjà et au Parlement du Canada, comme vous savez, et
vous dites que ce sera pour chacune de ces licences,
n'est-ce pas?
7556 MONSIEUR PONTON: Oui. Sur le même
modèle que je crois la télévision spécialisée. Vous
avez édicté des normes pour la télévision spécialisée.
Vous avez édicté des normes pour la télévision
spécialisée n'a-t-on informé, et je pense qu'on devrait
avoir la même similarité dans les rapports.
7557 CONSEILLERE PENNEFATHER: Est-ce que
telle norme de divulgations financières s'imposent
également aux grandes sociétés privée qui elles aussi
exploitent également plusieurs licences?
7558 MONSIEUR PONTON: Je crois que oui,
selon nos informations, madame, oui.
7559 CONSEILLERE PENNEFATHER: Mais est-ce
que vous proposez que ce soit...
7560 MONSIEUR PONTON: Oui, que ce soit la
même chose. On suggère qu'il y ait, comme on dit en
anglais un "level plan field". Puis actuellement, on
ne l'a pas ça.
7561 CONSEILLERE PENNEFATHER: J'aimerais
aborder le sujet d'une façon un peu différente pour
revenir à ma préoccupation. Peut-être mes collègues
ont d'autres préoccupations.
7562 Si j'ai bien compris, vous voulez que
Radio-Canada existe, que c'est une maison publique avec
un rôle défini par une loi de ce pays, mais que ce
choix de programmation soit assez limité, si j'ai bien
compris, et que ce soit quand même rempli ce mandat qui
devrait préparer une programmation pan-canadienne,
innovateur, qui couvre assez grande là, une large
diversité de programmation, l'histoire, et caetera, qui
reflète vraiment la culture de tous les canadiens et
canadiennes, mais qui ne dépend pas sur la publicité
pour cette programmation.
7563 Alors, si j'ai bien compris, vous
voulez que l'on travaille à l'intérieur d'un crédit
parlementaire. Est-ce que c'est ça que vous me
proposez?
7564 MONSIEUR PONTON: Oui. Mais dans les
termes, je trouve que limité c'est réducteur, je
préfère le terme ciblé.
7565 CONSEILLERE PENNEFATHER: Ciblé.
7566 MONSIEUR PONTON: Puis Manuel, tu
avais un point sur la publicité, je crois?
7567 MONSIEUR DUSSAULT: Oui, c'est ça,
sur la publicité. Si c'est à l'intérieur du mandat qui
lui est donné, la Société Radio-Canada pourrait
utiliser, jusqu'à une certaine limite, la publicité.
7568 CONSEILLERE PENNEFATHER: Maintenant,
il y a un élément important car on parle d'une maison
publique et on parle de notre responsabilité envers le
public quand on parle de Radio-Canada, les
téléspectateurs.
7569 Alors, avec cette approche, quel sera
le résultat pour les téléspectateurs? Vous dites que
la définition de l'intérêt public tient compte de
l'évolution des valeurs de la technologie et de
l'économie dans la division des responsabilités entre
le secteur privé et le secteur dans le domaine de la
télévision.
7570 Votre définition de l'intérêt public
semble mettre davantage l'accent sur le secteur
industriel par opposition au secteur public. Quel est
le résultat pour le public, le téléspectateur? Comment
le système que vous divulguez aujourd'hui va rendre une
télédiffusion plus attirante, plus intéressante, quel
est le résultat de votre approche pour le
téléspectateur, téléspectatrice?
7571 MONSIEUR DUSSAULT: Bien, écoutez, le
principe qu'on propose, c'est le principe de
subsidiarité, ça veut dire que ce que le secteur privé
peut faire efficacement, qu'on lui laisse faire sans
concurrence et que Radio-Canada complète ce qui ne peut
pas être fait par le secteur privé.
7572 La définition de l'intérêt public, je
pense qu'on peut en proposer une comme association,
mais ça doit se discuter aussi au Canada, et puis le
CRTC, vous avez le rôle finalement en ultime recours de
dire: Bien, écoutez, voici ce que peut offrir le
secteur privé, c'est de qualité, c'est commercial et
voici ce qu'on pense qui manque pour atteindre cet
intérêt public là pour qu'on se donne une société que
les canadiens désirent.
7573 Alors, c'est une définition qui
évolue à travers le temps. Je pense qu'on ne peut pas
la fixer aujourd'hui pour les années à venir et pas
uniquement se fier sur le passer non plus.
7574 Qu'est-ce que ça va donner? Je pense
que si on le cible et puis on le rapproche de ce qui
est dit à l'article 3.1M et puis qu'on s'adapte aux
circonstances chaque année, je pense que les canadiens
vont être mieux servis avec une production qui va
refléter plus leurs valeurs. Et plus efficacement, le
secteur privé va pouvoir fournir ce qui est commercial.
7575 MONSIEUR PONTON: Moi, je vous
dirais, madame la conseillère, que je ne sais pas quels
vont être les résultats, mais vous aurez amplement le
temps dans le processus d'aviser et de voir comment la
transition se vit, et quel sera le résultat au niveau
de notre télévision publique.
7576 Est-ce que les Canadiens veulent
vraiment une télévision publique au Canada? Et ça va
paraître assez avec force et évidence. Et à ce
moment-là se posera le débat, je pense que la SRC a
toujours sa place.
7577 Mais l'expérience va faire en sorte
qu'on va être à même d'avoir des données sur lesquelles
on peut amener une réflexion sur l'existence ou non de
la télévision publique au Canada.
7578 CONSEILLERE PENNEFATHER: Je pense
que vous êtes au courant qu'on en a fait en effet une
consultation partout au Canada et justement on a eu une
réflexion par le public canadien de l'importance de la
Société Radio-Canada, ce pays, certainement les
attentes des artistes, des créateurs et même des gens
qui étaient ici que ce que vous appelez une saine
concurrence en effet existe, pas un manque de
concurrence, ça veut dire que vous semblez séparer les
activités du secteur privé et public avec une vision de
l'avenir où le secteur privé peut vraiment prendre la
place prédominante.
7579 Ce n'est pas le coût qu'on a trouvé à
ce moment, c'est vraiment la balance qu'on cherche, et
vous faites une autre réflexion là-dessus entre public
et privé. Certainement qu'on voit l'importance que
pour avoir une programmation éclatante, une
programmation qui prend le soin et l'intérêt dans la
mondialisation que vous mentionnez, il faut les joies
qui ont les visions et les environnements propices à la
création. Alors, ce qu'on entend ce n'est pas tout à
fait cette vision.
7580 MONSIEUR PONTON: Moi, je vous
dirais, madame la conseillère, là-dessus, qu'à ce
moment-là, ça prend des règles où la frontière du
public et du privé va être encadrée, délimitée pour
plus de transparence, et il faut vraiment qu'on rende
compte de l'utilisation des fonds publics pour
s'assurer (je dis bien s'assurer) et je reprends mon
exemple que non seulement dans les tribunaux, justice
doit être rendue mais toutes les apparences doivent
exister que justice est rendue.
7581 On doit aussi au niveau de
l'utilisation des fonds publics avoir suffisamment
d'encadrement pour pas que des fonds publics servent à
des opérations commerciales alors que le secteur privé
et les gens en concurrence avec d'autres diffuseurs, et
je ne pense pas que c'est de permettre un équilibre ou
un seule concurrence que de favoriser l'utilisation de
fonds publics qui ne sont pas disponibles au secteur
privé, comme vous vous en doutez bien.
7582 Alors, à ce moment-là, ça prend des
règles pour s'assurer qu'il y a une transparence, un
processus équitable avec la présence d'un ombudsman
pour s'assurer qu'effectivement on est bien dans une
dynamique de secteur privé et pas dans une dynamique
hybride gouvernementale publique/privée. Alors, cela
je pense que ça ne servirait pas l'intérêt public et
l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes.
7583 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Merci
beaucoup. Je pense que vous êtes à la bonne place si
vous cherchez les règles parce qu'on est ici pour ce
travail-là.
7584 MONSIEUR PONTON: C'est pour cela
qu'on est là.
7585 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: C'est sûr
qu'il y a certaines règles qui sont vraiment la
responsabilité de ce Conseil-ci et c'est pourquoi j'ai
mis beaucoup d'emphase sur la programmation. Quelles
sont en effet les conditions dans lesquelles la maison
de Radio-Canada devrait accomplir sa décision à
l'avenir?
7586 On vous remercie. Passez une belle
journée avec nous avec vos réflexions!
7587 Merci, madame la présidente.
7588 MONSIEUR PONTON: Merci, madame.
7589 LA PRÉSIDENTE: Bonjour. J'aimerais
peut-être vous poser une question. Je suis curieuse et
j'ai posé la même question. Les gens du Conseil du
Patronat sont venus aussi. On est ravi de voir que
notre volonté de faire en sorte de rejoindre toutes
sortes de publics dans nos consultations fonctionne
bien. Mais vous n'êtes pas, comme on appelle en
anglais, les usual suspects.
7590 MONSIEUR PONTON: Les réguliers.
7591 LA PRÉSIDENTE: Alors, il serait
important, je pense, qu'on comprenne ce qui vous amène
à vous intéresser. Certainement que c'est légitime et
on applaudit l'initiative. On est content et on espère
que c'est une première que vous allez prendre intérêt.
Mais je pense que c'est important pour bien appuyer
votre perspective qu'on comprenne dans quel contexte il
s'inscrit.
7592 Qu'est-ce que vous a amené cette
fois-ci non pas simplement en plus d'envoyer une
intervention écrite mais que vous vous sentez
interpeller pour utiliser un terme à la mode pour venir
et vraiment prendre le micro pour faire valoir votre
point de vue?
7593 MONSIEUR PONTON: Je ne vous
apprendrai rien en vous disant que l'Alliance au Québec
se fait l'ardent promoteur de la révision de notre
modèle québécois principalement orienté sur le rôle et
la place de l'État. On croit vraiment que l'avenir
appartient aux sociétés où l'État va se donner un rôle
différent, plus englobant, qui va encadrer et
l'exercice du secteur privé ne sera pas en concurrence
avec le secteur privé.
7594 L'Alliance canadienne également dont
nous faisons partie était un des partenaires qui a
protesté contre l'utilisation de frais d'utilisateurs
depuis que les restrictions budgétaires auxquelles le
gouvernement du Canada a convié tous les ministères et
sociétés d'État au cours des cinq à dix dernières
années, et dans ce contexte, il nous apparaissait
pertinent de faire connaître nos vues sur comment on
pouvait concilier... idéalement, Radio-Canada ne
devrait pas retirer de publicité du secteur privé pour
vraiment qu'il y ait une transparence entre les deux
façons de travailler.
7595 Mais on comprend que demain n'est pas
nécessairement possible et que dans l'intermédiaire on
a besoin de règles pour assurer une transparence sur
les fonds publics et les fonds privés pour lesquels la
Société est en concurrence avec des utilisateurs, des
radiodiffuseurs, des producteurs du secteur privé,
entièrement privé qui ne marche pas au budget de
l'État.
7596 Alors dans ce contexte, on est
intéressé à ce qu'il y ait vraiment des règles pour
assurer un level "playing field", des règles
équitables, "fair" en anglais, pour permettre une saine
concurrence au Canada et tant que des fonds publics
vont être impliqués dans une dynamique de concurrence
avec le secteur privé, on est tout à fait intéressé et
légitimé à faire connaître nos vues à ce sujet.
7597 LA PRÉSIDENTE: J'imagine que cela ne
touche pas les frais payés pour assurer de la
réglementation, par ailleurs?
7598 MONSIEUR PONTON: Moi, je vous dirais
que non parce qu'on a supporté le principe de
l'utilisateur payeur. On ne va pas jusqu'à renier
cette logique. Dans le secteur privé, quand on
utilise, on paie. Mais par contre, ce sur quoi on met
surtout l'emphase c'est des règles claires et
transparentes pour qu'il y ait une saine concurrence et
actuellement on a un système de deux poids, deux
mesures qui nous apparaît important de régulariser.
7599 LA PRÉSIDENTE: Mais, monsieur
Ponton, est-ce que vous voyez une différence du côté
anglophone et du côté francophone au Canada parce que
vous semblez, à condition qu'il y ait des conditions de
transparence comprenant les circonstances que vous
seriez prêts à accepter un double système à condition
qu'il soit absolument transparent.
7600 Est-ce que vous voyez cela de la même
façon du côté francophone qu'anglophone?
7601 MONSIEUR PONTON: Bien, je n'ai pas
vérifié avec mes collègues des autres provinces
canadiennes, mais je n'ai aucune raison de croire que
la dynamique ne devrait pas être la même parce
qu'effectivement, la Société Radio-Canada, comme madame
la conseillère l'a souligné tantôt, jouit d'un prestige
au Canada et c'est plus dans les règles de
fonctionnement que nous on pense qu'on doit attacher de
l'importance pour centrer le rôle de la Société.
7602 LA PRÉSIDENTE: Puis, que pensez-vous
du fait que d'autre part, que ce soit les producteurs
indépendants ou les radiodiffuseurs privés qui par le
biais des producteurs indépendants ont accès à des
fonds publics pour pouvoir faire certains genres de
télévision? Est-ce qu'il n'y a pas là aussi un espèce
de système à deux entrées ou deux possibilités de
financement?
7603 MONSIEUR PONTON: Par rapport à
Radio-Canada?
7604 LA PRÉSIDENTE: Oui.
7605 MONSIEUR PONTON: Bien, Radio-Canada
a déjà un budget de l'État comme diffuseur. Est-ce
qu'elle doit en même temps être producteur? Pour
confier au secteur privé la production de ses
émissions, je ne sais pas là.
7606 LA PRÉSIDENTE: Non, non. Mais je
dirais, comme les radiodiffuseurs privés, bien qu'ils
soient une entreprise privée, pour faire certains
genres, peuvent avoir recours, par le biais de la
production indépendante, à des fonds?
7607 MONSIEUR PONTON: À des crédits
d'impôt.
7608 LA PRÉSIDENTE: À des crédits d'impôt
et aussi des subventions par Téléfilm qui aussi, avec
les fonds des câblodistributeurs, il demeure que la
télévision en général, dans certains genres en
particulier, sans le concours à la fois privé et
public, aurait été bien difficile à mousser, je pense
bien, au Canada. Je pense que c'est à ça que je
voulais avoir votre...
7609 MONSIEUR PONTON: Mais on est en 1999
et quand je regarde le dynamisme qui existe dans le
secteur privé au niveau de la production, je me demande
si c'est encore pertinent que la télévision publique
produise encore ce genre d'émissions. Je ne suis pas
un spécialiste de la question mais ma préoccupation
c'est que les règles soient équitables et les mêmes
pour tous.
7610 Oui, Manuel.
7611 MONSIEUR DUSSAULT: Je vais peut-être
ajouter: ce qui est important c'est que tout le monde
ait accès à ces fonds-là, ce qui n'est pas le cas dans
le cas de la Société Radio-Canada, c'est-à-dire qu'on
donne les fonds publics à une entreprise à laquelle les
autres n'ont pas accès. Si on subventionne ou offre
des incitatifs pour un certain produit que tout le
monde peut produire, à ce moment-là, je pense qu'on a
des règles qui sont équitables pour tous les
participants. C'est ça qu'on...
7612 LA PRÉSIDENTE: Au niveau des fonds,
c'est le cas?
7613 MONSIEUR DUSSAULT: Oui, c'est ça.
7614 LA PRÉSIDENTE: C'est le cas.
7615 Merci infiniment.
7616 MONSIEUR DUSSAULT: Merci, madame.
7617 LA PRÉSIDENTE: Alors, bonjour,
madame.
INTERVENTION
7618 MADAME BERTRAND-VENNE: Il me fait
plaisir de comparaître devant vous aujourd'hui et je
voudrais vous amener dans un autre aspect de la Loi de
la radiodiffusion pour quitter un petit peu les
intérêts économiques des joueurs, mais de vous amener
dans l'intérêt culturel puisque à la radiodiffusion
cette loi existe à cet égard. Et, là, les privés
autant que la radio publique doivent se préoccuper de
la survie de la culture canadienne.
7619 C'est donc là que je veux vous
amener. Je crois que dans les journaux, depuis
quelques jours, on n'a pas tout à fait assez abordé
cette question.
7620 Il s'agit de savoir quels joueurs
jouent un rôle primordial dans la survie de la culture
canadienne. Assurément les auteurs-compositeurs du
Québec, de la Société que je représente, sont ici pour
vous dire que Radio-Canada est chef de file est passé
maître dans cette obligation, reste toujours l'exemple
à suivre et nous souhaitons qu'elle puisse continuer de
le faire.
7621 Le 2 octobre dernier, en grande pompe
pour l'association que je représente, nous avons signé
notre première entente collective avec Radio-Canada. Il
s'agit pour vous de comprendre que je représente les
compositeurs dans un vaste échiquier.
7622 Chez nous, les auteurs et
compositeurs que je représente font de la chanson, la
musique de contenu, des émissions de télévision, que ce
soit des émissions d'information, des émissions de
variétés, les émissions de télésérie et j'ai aussi eu
l'honneur de représenter les compositeurs de la musique
de concert à cause de la chaîne culturelle de
Radio-Canada.
7623 Ce qui veut donc dire que
Radio-Canada, évidemment, a été le premier en vertu de
notre accréditation du Tribunal canadien des relations
de producteurs artistes a signé avec nous une entente
qui puisse assurer à 100 pour cent le droit d'auteur
que je représente, n'ont pas pris les parts éditoriales
et ont donc respecté intégralement les revenus des gens
que je représente.
7624 Vous aurez bien compris, je sais le
CRTC n'a pas à proprement parler de droit d'auteur,
mais il arrive trop souvent que je suis assise ici pour
voir que les Commissaires sont toujours préoccupés par
la commercialisation d'une licence, par exemple, d'une
production de télévision.
7625 Je suis ici pour vous dire que les
gens que je représente font partie de cette industrie,
veulent gagner leur vie et veulent participer à l'essor
des compagnies qui se présentent devant vous.
7626 Donc, que ce soit Radio-Canada ou les
stations privées, assurément on veut faire appel au
maximum aux talents canadiens, en vertu de la Loi et
c'est ce que je pense qu'on veut réussir, tout en
permettant à ces gens une juste rémunération pour le
travail qu'ils accomplissent.
7627 Ils sont aussi les gens qui octroient
à toutes les entreprises qui passent devant vous, que
ce soit l'industrie du disque, la radiodiffusion privée
ou publique, c'est ce qui leur apporte cette
connotation d'être une industrie culturelle.
7628 Assurément, c'est une appellation
tout à fait particulière puisque dans d'autres
circonstances on plaide, évidemment, des exceptions
culturelles dans les traités de commerce et ça aussi
c'est précieux pour les industries culturelles en
général. Mais, voilà, il faut que les créateurs de ce
pays profitent de toutes ces entreprises.
7629 Donc, en gros, Radio-Canada nous
offre la possibilité de faire affaires avec nous,
d'utiliser nos oeuvres et de bien nous rémunérer.
7630 Évidemment, je passerai un petit peu
des commentaires sur la radio. Il nous est apparu un
peu décevant de penser que Radio-Canada allait abaisser
son contenu francophone de 95 pour cent à 85 pour cent.
7631 Vous aurez compris que depuis
plusieurs années la SPACQ réclame un quota de musique
canadienne francophone, de telle sorte que les
Canadiens soient employés au maximum et qu'on puisse
répondre aux exigences de la loi, dans le sens de la
Loi.
7632 Il y a aussi que Radio-Canada,
évidemment, doit offrir une programmation en français
et en anglais, conformément, évidemment, aux deux
langues officielles de notre pays. C'est donc dans cet
esprit et non pas dans un esprit de vouloir dénigrer
nos concitoyens d'autres langues mais tout simplement
pour savoir que pour nous Radio-Canada est la seule
radio francophone à diffuser d'un océan à l'autre.
7633 Donc, pour nous, c'est tout à fait
important de maintenir les contenus de musique
francophone.
7634 Quant à la télévision, assurément
qu'il y a une pénurie d'émissions de variétés. Vous
avez entendu mes collègues de l'ADISQ vous le
mentionner, j'ai dit, j'ai eu l'honneur de dire à
monsieur Beatty dans une autre circonstance: il s'agit
maintenant de pratiquer la culture. On ne peut plus en
parler.
7635 On se réveille trop souvent avec des
émissions où on discute de culture, où on interviewe
des artistes, où on fait parler d'un lancement de
disque où on parle d'un lancement de livre, mais on a
perdu l'habitude de l'exercer. Cela, pour moi, c'est
quelque chose qui doit être maintenu à Radio-Canada.
7636 Elle doit refaire un effort de
quitter les info-cultures qui ne sont pas une émission
qui n'a pas d'intérêt, mais il faut commencer à la
pratiquer. Il faut se permettre de goûter au plaisir
d'entendre les créateurs de notre pays.
7637 Quant à la production privée,
Radio-Canada vous dit qu'en domaine de télévision elle
désire remettre 40 pour cent de sa production aux
entreprises privées.
7638 J'ai lu dans les journaux, évidemment
les hommes d'affaires sont très contents parce qu'ils
disent, ça offre une programmation, des fois même
Radio-Canada pourrait le dire, ça offre une
programmation qui est moins coûteuse, qui est plus...
Ils y voient des avantages économiques.
7639 Mais je peux vous dire que,
malheureusement, pour les créateurs de ce pays, quand
le monsieur qui m'a précédé a dit, dans le domaine
privé on est habitué d'utiliser et de payer, bien
voilà, c'est que dans le domaine privé, trop souvent
pour éviter les paiements, on ne se sert pas des
talents créateurs des Canadiens.
7640 Et, cela, ça ne dois pas être. Il
faut continuer à être capable de faire partie de toutes
ces industries.
7641 Donc, je voulais ici vous dire que
quand Radio-Canada donne sa production et quand
Radio-Canada n'est pas producteur, il y a des
conditions de travail qui sont tout à fait moindres
dans le domaine privé et c'est ça la tristesse
d'entendre dire.
7642 Parce que, assurément, les auteurs ne
voudraient pas être obligés de dire ça, mais en quelque
part il faut que ça se sache.
7643 Quand Radio-Canada est producteur, il
n'y a pas de problèmes, mais quand Radio-Canada se
propose de donner au privé, là, il y a assurément un
problème pour nous puisque les conditions de travail ne
sont surtout pas les mêmes.
7644 Et comme je vous ai dit, des fois
dans des intérêts économiques on outrepasse leur mandat
à eux aussi de faire appel au maximum aux ressources
créatrices canadiennes, préférant bifurquer certains
paiements, préférant bifurquer certaines utilisations
pour faire une production plus rentable.
7645 Et voilà le sérieux de la proposition
de Radio-Canada quant à la télévision pour nous tout au
moins.
7646 Assurément la chanson n'a pas assez
de place à la télévision de Radio-Canada et nous
espérons, évidemment, que ce soit amélioré.
7647 Alors, il est important, je pense,
que Radio-Canada reste une radio publique, telle
qu'elle l'a été tout au long de ces années, qu'elle
fasse appel au maximum aux ressources créatrices
canadiennes, qu'elle reste généraliste parce que, comme
je vous ai dit, chez nous à la SPACQ, je représente un
grand éventail de créateurs et il n'y a pas de
hiérarchie de création chez nous.
7648 N'allez pas dire à Luc Plamondon
qu'il est moins sérieux qu'une création de monsieur
Gougeon ou de dire à un auteur-compositeur tout à fait
récent qui a peut-être 25 ans, que sa musique est moins
sérieuse que quelqu'un de plus chevronné.
7649 Il s'agit ici de se dire, il faut
absolument qu'il y ait une plus grande variété, une
plus grande facette, une plus grande utilisation des
talents créateurs de ce pays.
7650 Voilà en gros ce que je voulais vous
dire et que j'exhorte le CRTC de garder en tête que
Radio-Canada doit assurément continuer ce mandat
extraordinaire qu'il a toujours eu, qu'il a toujours
exercé.
7651 Puis, je vous dirais qu'au point de
vue économique, je pense que ce qu'il faut que vous
reteniez de mes propos en tous les cas, c'est qu'il
faut assurer à Radio-Canada la possibilité de continuer
à utiliser et à payer, c'est assurément peut-être
possible d'envisager qu'ils aient la permission d'aller
se chercher d'autres revenus.
7652 A une autre table, je suis au secteur
bénévole, le gouvernement canadien regarde des
nouvelles façons de faire dans le secteur des charités
et il est permis au Canada de se dire quand on veut
comme État, comme gouvernement, créer un déficit zéro,
enfin arriver à notre déficit zéro, puis ne pas être
rentable économiquement.
7653 On permet à des charités, des
hôpitaux d'avoir des compagnies liées, on leur permet
de gagner leur vie et d'être capable de jouer le rôle
social qu'ils jouent. Assurément Radio-Canada a un
rôle social énorme et elle doit continuer à être
capable de l'exercer.
7654 Et si le financement est nécessaire,
qu'on aille chercher d'autres façons de financer
Radio-Canada, on doit lui assurer de continuer à faire
son mandat parce qu'elle doit continuer à donner
l'exemple.
7655 Laisser simplement Radio-Canada dans
un créneau où elle serait privée de pouvoir exercer son
rôle, ce serait catostrophique pour l'ensemble des
intervenants parce qu'il s'agit de dire qu'il faut que
l'ensemble des stations radio et télé optempèrent à
leur obligation de la Loi de la radiodiffusion quant à
la culture du Canada.
7656 Et c'est un des grands mandats que le
CRTC doit continuer à exercer. Merci.
7657 LA PRÉSIDENTE: Merci, madame. Je
demanderais à la Conseillère, madame Pennefather, de
vous poser les questions du Conseil.
7658 CONSEILLERE PENNEFATHER: Bonjour,
madame. Je vous remercie d'être là avec nous
aujourd'hui et votre propos aujourd'hui et votre
mémoire écrit est assez clair.
7659 Je voudrais juste clarifier quelques
idées concernant la radio, mais avant, la télévision.
7660 Juste pour répéter, vous mentionnez
que vous n'êtes pas confortable avec le travail dans le
secteur indépendant. C'est-à-dire des propos que
Radio-Canada continue parce que c'est déjà le cas, à
travailler avec le secteur indépendant en production.
7661 Alors, je prends pour acquis que vous
visez le secteur des musiciens que vous représentez.
7662 MADAME BERTRAND-VENNE: Je vous
corrigerai, madame, je ne représente pas les musiciens
aujourd'hui; je représente les compositeurs.
7663 CONSEILLERE PENNEFATHER: Les
compositeurs, je m'excuse.
7664 MADAME BERTRAND-VENNE: Ils sont
assurément tous musiciens, j'imagine.
7665 CONSEILLERE PENNEFATHER: Ils ne sont
pas? "Anyway", on n'ira pas là. Et que, en effet, je
voulais juste répéter, c'est les conditions de travail
qui ne sont pas les mêmes. C'était un peu vague dans
le document. Alors, vous disiez la façon de faire, et
caetera, dans les mains de la production privée, c'est
une question de condition de travail?
7666 MADAME BERTRAND-VENNE: C'est une
condition de respect de la propriété intellectuelle des
gens que je représente. La loi du droit d'auteur, ce
qu'elle fait, elle assure à un créateur la possibilité
de suivre la vie économique de son oeuvre.
7667 Et la manière que je le présente,
moi, c'est que c'est un partenariat avec un industriel,
quel qu'il soit, de dire si c'est un succès,
permettez-nous d'être capable d'avoir accès à nos
revenus par le biais de nos sociétés de gestion
collective.
7668 Et trop souvent, on nous traite dans
le privé à l'américaine; c'est-à-dire qu'on veut
substituer dans les sociétés de gestion collective, on
veut substituer le créateur lui-même, si on veut, avec
la Corporation.
7669 Et ce qu'on essaie de dire, il faut
assurément protéger le créateur d'être capable de
gagner sa vie, puis de continuer à créer une musique
originale et de permettre à ces industries d'avoir des
produits originaux distinctifs et on sait le grand
succès de l'ensemble des intervenants.
7670 Je pense qu'un jour ils vont arriver
à le comprendre, je garde espoir qu'on va y arriver,
mais pour l'instant c'est important que vous compreniez
que les conditions de travail ne sont pas les mêmes.
7671 CONSEILLERE PENNEFATHER: Je voudrais
juste être certaine parce que vous avez commencé vos
remarques en disant que ça voulait être clair que vous
pensez que c'est important que les émissions
culturelles, le sport, les activités culturelles, dans
lesquelles sont impliqués vos membres, auteurs et
compositeurs, soient supportés par le secteur public et
privé.
7672 Alors, vous avez dit clairement au
début, c'est important que les deux soient impliqués.
7673 MADAME BERTRAND-VENNE: Mais on veut
faire partie partout, c'est ça.
7674 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors, cela
avait l'air un peu contradictoire de ce que vous avez
donné.
7675 MADAME BERTRAND-VENNE: Non, parce
que, dans le fond, tout le monde est un peu financé par
l'État, on se comprendra. Même le privé fait appel à
des fonds publics, je veux dire on pense à Téléfilm, on
pense à Sodeq, nous au Québec, et le travail que je
fais, c'est de m'assurer qu'un jour on puisse arriver à
établir des conditions de travail qui soient
intéressantes. Mais pour l'instant, il y a un
problème.
7676 Mais je voulais aussi mettre en
lumière finalement que tout le monde fait un petit peu
appel aux fonds publics et tout le monde ne doit pas
desservir, en tout cas, les créateurs de ce pays. Si
on veut avoir des productions distinctives, si on coupe
la possibilité à quelqu'un d'être capable d'être
rémunéré adéquatement pour créer un contenu culturel,
pour assurer à ses industries cette appellation
d'industrie culturelle, il faut assurément leur
permettre de gagner leur vie
7677 J'ai bon espoir de le réussir, mais
pour l'instant, c'est certainement quelque chose qui
accroche les créateurs dans le moment.
7678 CONSEILLERE PENNEFATHER: Passons à
la radio maintenant. Vous êtes d'accord que le 95 pour
cent de musique vocale de langue française auquel la
radio française s'est engagée ne signifie pas qu'elle
s'engageait à diffuser 95 pour cent de musique
canadienne de langue française puisque son quota de
musique canadienne est actuellement fixé à 50 pour cent
comme condition de licence.
7679 En conséquence, d'après vous, quel
impact aura la diminution de l'engagement de la SRC sur
les artistes francophones canadiens?
7680 MADAME BERTRAND-VENNE: Bien, voilà.
Je veux m'assurer que ce 50 pour cent de contenu
francophone fasse appel au maximum à des créateurs
canadiens. Donc, le 95 pour cent nous a tout de suite
allumés et nous a inquiétés. Donc, c'est sûr et c'est
pour cela que je disais qu'on préférait avoir un quota
très ferme de contenu francophone canadien, de telle
sorte que Radio-Canada puisse être obligé de continuer
à faire appel aux talents.
7681 CONSEILLERE PENNEFATHER: Le 50 pour
cent?
7682 MADAME BERTRAND-VENNE: Le 50 pour
cent devrait être canadien, finalement.
7683 CONSEILLERE PENNEFATHER: Comme vous
êtes peut-être au courant, la radio française propose
de calculer l'atteinte de ces quotas pour la musique
canadienne et de langue française sur une base
mensuelle plutôt que sur une base hebdomadaire. On
vient tout juste de discuter cette idée avec l'ADISQ
aussi, comment réagissez-vous à leur proposition?
7684 MADAME BERTRAND-VENNE: Je
préférerais que ce soit une comptabilisation à la
semaine puisqu'on peut comprendre qu'au mois j'imagine
qu'ils peuvent inclure une émission de variétés
spéciale. Mais ce qu'on désirait, évidemment, c'est
que ce serait une utilisation plus quotidienne.
7685 Donc, dans ce désir d'avoir une
utilisation plus quotidienne, assurément une
surveillance hebdomadaire serait certainement plus
souhaitable.
7686 LA PRÉSIDENTE: Alors, bonjour,
madame.
PRESENTATION / PRESENTATION
7687 MADAME BERTRAND-VENNE: Il me fait
plaisir de comparaître devant vous aujourd'hui et je
voudrais vous amener dans un autre aspect de la Loi de
la radiodiffusion pour quitter un petit peu les
intérêts économiques des joueurs, mais de vous amener
dans l'intérêt culturel puisque à la radiodiffusion
cette loi existe à cet égard. Et, là, les privés
autant que la radio publique doivent se préoccuper de
la survie de la culture canadienne.
7688 C'est donc là que je veux vous
amener. Je crois que dans les journaux, depuis
quelques jours, on n'a pas tout à fait assez abordé
cette question.
7689 Il s'agit de savoir quels joueurs
jouent un rôle primordial dans la survie de la culture
canadienne. Assurément les auteurs-compositeurs du
Québec, de la Société que je représente, sont ici pour
vous dire que Radio-Canada est chef de file est passé
maître dans cette obligation, reste toujours l'exemple
à suivre et nous souhaitons qu'elle puisse continuer de
le faire.
7690 Le 2 octobre dernier, en grande pompe
pour l'association que je représente, nous avons signé
notre première entente collective avec Radio-Canada. Il
s'agit pour vous de comprendre que je représente les
compositeurs dans un vaste échiquier.
7691 Chez nous, les auteurs et
compositeurs que je représente font de la chanson, la
musique de contenu, des émissions de télévision, que ce
soit des émissions d'information, des émissions de
variétés, les émissions de télésérie et j'ai aussi eu
l'honneur de représenter les compositeurs de la musique
de concert à cause de la chaîne culturelle de
Radio-Canada.
7692 Ce qui veut donc dire que
Radio-Canada, évidemment, a été le premier en vertu de
notre accréditation du Tribunal canadien des relations
de producteurs artistes a signé avec nous une entente
qui puisse assurer à 100 pour cent le droit d'auteur
que je représente, n'ont pas pris les parts éditoriales
et ont donc respecté intégralement les revenus des gens
que je représente.
7693 Vous aurez bien compris, je sais le
CRTC n'a pas à proprement parler de droit d'auteur,
mais il arrive trop souvent que je suis assise ici pour
voir que les Commissaires sont toujours préoccupés par
la commercialisation d'une licence, par exemple, d'une
production de télévision.
7694 Je suis ici pour vous dire que les
gens que je représente font partie de cette industrie,
veulent gagner leur vie et veulent participer à l'essor
des compagnies qui se présentent devant vous.
7695 Donc, que ce soit Radio-Canada ou les
stations privées, assurément on veut être... on veut
faire appel au maximum aux talents canadiens, en vertu
de la Loi et c'est ce que je pense qu'on veut réussir,
tout en permettant à ces gens une juste rémunération
pour le travail qu'ils accomplissent.
7696 Ils sont aussi les gens qui octroient
à toutes les entreprises qui passent devant vous, que
ce soit l'industrie du disque, la radiodiffusion privée
ou publique, c'est ce qui leur apporte cette
connotation d'être une industrie culturelle.
7697 Assurément, c'est une appellation
tout à fait particulière puisque dans d'autres
circonstances on plaide, évidemment, des exceptions
culturelles dans les traités de commerce et ça aussi
c'est précieux pour les industries culturelles en
général. Mais, voilà, il faut que les créateurs de ce
pays profitent de toutes ces entreprises.
7698 Donc, en gros, Radio-Canada nous
offre la possibilité de faire affaires avec nous,
d'utiliser nos oeuvres et de bien nous rémunérer.
7699 Évidemment, je passerai un petit peu
des commentaires sur la radio. Il nous est apparu un
peu décevant de penser que Radio-Canada allait abaisser
son contenu francophone de 95 pour cent à 85 pour cent.
7700 Vous aurez compris que depuis
plusieurs années la SPACQ réclame un quota de musique
canadienne francophone, de telle sorte que les
Canadiens soient employés au maximum et qu'on puisse
répondre aux exigences de la Loi, dans le sens de la
Loi.
7701 Il y a aussi que Radio-Canada,
évidemment, doit offrir une programmation en français
et en anglais, conformément, évidemment, aux deux
langues officielles de notre pays. C'est donc dans cet
esprit et non pas dans un esprit de vouloir dénigrer
nos concitoyens d'autres langues mais tout simplement
pour savoir que pour nous Radio-Canada est la seule
radio francophone à diffuser d'un océan à l'autre.
7702 Donc, pour nous, c'est tout à fait
important de maintenir les contenus de musique
francophone.
7703 Quant à la télévision, assurément
qu'il y a une pénurie d'émissions de variétés. Vous
avez entendu mes collègues de l'ADISQ vous le
mentionner, on ne peut pas... c'est évident que... j'ai
dit, j'ai eu l'honneur de dire à monsieur Beatty dans
une autre circonstance: il s'agit maintenant de
pratiquer la culture. On ne peut plus en parler.
7704 On se réveille trop souvent avec des
émissions où on discute de culture, où on interviewe
des artistes, où on fait parler d'un lancement de
disque où on parle d'un lancement de livre, mais on a
perdu l'habitude de l'exercer. Cela, pour moi, c'est
quelque chose qui doit être maintenu à Radio-Canada.
7705 Elle doit refaire un effort de
quitter les info-cultures qui ne sont pas une émission
qui n'a pas d'intérêt, mais il faut commencer à la
pratiquer. Il faut se permettre de goûter au plaisir
d'entendre les créateurs de notre pays.
7706 Quant à la production privée,
Radio-Canada vous dit qu'en domaine de télévision elle
désire remettre 40 pour cent de sa production aux
entreprises privées.
7707 J'ai lu dans les journaux, évidemment
les hommes d'affaires sont très contents parce qu'ils
disent, ça offre une programmation, des fois même
Radio-Canada pourrait le dire, ça offre une
programmation qui est moins coûteuse, qui est plus...
Ils y voient des avantages économiques.
7708 Mais je peux vous dire que,
malheureusement, pour les créateurs de ce pays, quand
le monsieur qui m'a précédé a dit, dans le domaine
privé on est habitué d'utiliser et de payer, bien
voilà, c'est que dans le domaine privé, trop souvent
pour éviter les paiements, on ne se sert pas des
talents créateurs des Canadiens.
7709 Et, cela, ça ne dois pas être. Il
faut continuer à être capable de faire partie de toutes
ces industries.
7710 Donc, je voulais ici vous dire que
quand Radio-Canada donne sa production et quand
Radio-Canada n'est pas producteur, il y a des
conditions de travail qui sont tout à fait moindres
dans le domaine privé et c'est ça la tristesse
d'entendre dire.
7711 Parce que, assurément, les auteurs ne
voudraient pas être obligés de dire ça, mais en quelque
part il faut que ça se sache.
7712 Quand Radio-Canada est producteur, il
n'y a pas de problèmes, mais quand Radio-Canada se
propose de donner au privé, là, il y a assurément un
problème pour nous puisque les conditions de travail ne
sont surtout pas les mêmes.
7713 Et comme je vous ai dit, des fois
dans des intérêts économiques on outrepasse leur mandat
à eux aussi de faire appel au maximum aux ressources
créatrices canadiennes, préférant bifurquer certains
paiements, préférant bifurquer certaines utilisations
pour faire une production plus rentable.
7714 Et voilà le sérieux de la proposition
de Radio-Canada quant à la télévision pour nous tout au
moins.
7715 Assurément la chanson n'a pas assez
de place à la télévision de Radio-Canada et nous
espérons, évidemment, que ce soit amélioré.
7716 Alors, il est important, je pense,
que Radio-Canada reste une radio publique, telle
qu'elle l'a été tout au long de ces années, qu'elle
fasse appel au maximum aux ressources créatrices
canadiennes, qu'elle reste généraliste parce que, comme
je vous ai dit, chez nous à la SPACQ, je représente un
grand éventail de créateurs et il n'y a pas de
hiérarchie de création chez nous.
7717 N'allez pas dire à Luc Plamondon
qu'il est moins sérieux qu'une création de monsieur
Gougeon ou de dire à un auteur-compositeur tout à fait
récent qui a peut-être 25 ans, que sa musique est moins
sérieuse que quelqu'un de plus chevronné.
7718 Il s'agit ici de se dire, il faut
absolument qu'il y ait une plus grande variété, une
plus grande facette, une plus grande utilisation des
talents créateurs de ce pays.
7719 Voilà en gros ce que je voulais vous
dire et que j'exhorte le CRTC de garder en tête que
Radio-Canada doit assurément continuer ce mandat
extraordinaire qu'il a toujours eu, qu'il a toujours
exercé.
7720 Puis, je vous dirais qu'au point de
vue économique, je vais vous dire une chose... je pense
que ce qu'il faut que vous reteniez de mes propos en
tous les cas, c'est qu'il faut assurer à Radio-Canada
la possibilité de continuer à utiliser et à payer,
c'est assurément peut-être possible d'envisager qu'ils
aient la permission d'aller se chercher d'autres
revenus.
7721 A une autre table, je suis au secteur
bénévole, le gouvernement canadien regarde des
nouvelles façons de faire dans le secteur des charités
et il est permis au Canada de se dire quand on veut
comme État, comme gouvernement, créer un déficit zéro,
enfin arriver à notre déficit zéro, puis ne pas
avoir... être rentable économiquement.
7722 On permet à des charités, des
hôpitaux d'avoir des compagnies liées, on leur permet
de gagner leur vie et d'être capable de jouer le rôle
social qu'ils jouent. Assurément Radio-Canada a un
rôle social énorme et elle doit continuer à être
capable de l'exercer.
7723 Et si le financement est nécessaire,
qu'on aille chercher d'autres façons de financer
Radio-Canada, on doit lui assurer de continuer à faire
son mandat parce qu'elle doit continuer à donner
l'exemple.
7724 Laisser simplement Radio-Canada dans
un créneau où elle serait privée de pouvoir exercer son
rôle, ce serait catostrophique pour l'ensemble des
intervenants parce qu'il s'agit de dire qu'il faut que
l'ensemble des stations radio et télé optempèrent à
leur obligation de la Loi de la radiodiffusion quant à
la culture du Canada.
7725 Et c'est un des grands mandats que le
CRTC doit continuer à exercer. Merci.
7726 LA PRÉSIDENTE: Merci, madame. Je
demanderais à la Conseillère, madame Pennefather, de
vous poser les questions du Conseil.
7727 CONSEILLERE PENNEFATHER: Bonjour,
madame. Je vous remercie d'être là avec nous
aujourd'hui et votre propos aujourd'hui et votre
mémoire écrit est assez clair.
7728 Je voudrais juste clarifier quelques
idées concernant la radio, mais avant, la télévision.
7729 Juste pour répéter, vous mentionnez
que vous n'êtes pas confortable avec le travail dans le
secteur indépendant. C'est-à-dire des propos que
Radio-Canada continue parce que c'est déjà le cas, à
travailler avec le secteur indépendant en production.
7730 Alors, je prends pour acquis que vous
visez le secteur des musiciens que vous représentez.
7731 MADAME BERTRAND-VENNE: Je vous
corrigerai, madame, je ne représente pas les musiciens
aujourd'hui; je représente les compositeurs.
7732 CONSEILLERE PENNEFATHER: Les
compositeurs, je m'excuse.
7733 MADAME BERTRAND-VENNE: Ils sont
assurément tous musiciens, j'imagine.
7734 CONSEILLERE PENNEFATHER: Ils ne sont
pas? "Anyway", on n'ira pas là. Et que, en effet, je
voulais juste répéter, c'est les conditions de travail
qui ne sont pas les mêmes. C'était un peu vague dans
le document. Alors, vous disiez la façon de faire, et
caetera, dans les mains de la production privée, c'est
une question de condition de travail?
7735 MADAME BERTRAND-VENNE: C'est une
condition de respect de la propriété intellectuelle des
gens que je représente. La loi du droit d'auteur, ce
qu'elle fait, elle assure à un créateur la possibilité
de suivre la vie économique de son oeuvre.
7736 Et la manière que je le présente,
moi, c'est que c'est un partenariat avec un industriel,
quel qu'il soit, de dire si c'est un succès,
permettez-nous d'être capable d'avoir accès à nos
revenus par le biais de nos sociétés de gestion
collective.
7737 Et trop souvent, on nous traite dans
le privé à l'américaine; c'est-à-dire qu'on veut
substituer dans les sociétés de gestion collective, on
veut substituer le créateur lui-même, si on veut, avec
la Corporation.
7738 Et ce qu'on essaie de dire, il faut
assurément protéger le créateur d'être capable de
gagner sa vie, puis de continuer à créer une musique
originale et de permettre à ces industries d'avoir des
produits originaux distinctifs et on sait le grand
succès de l'ensemble des intervenants.
7739 Je pense qu'un jour ils vont arriver
à le comprendre, je garde espoir qu'on va y arriver,
mais pour l'instant c'est important que vous compreniez
que les conditions de travail ne sont pas les mêmes.
7740 CONSEILLERE PENNEFATHER: Je voudrais
juste être certaine parce que vous avez commencé vos
remarques en disant que ça voulait être clair que vous
pensez que c'est important que les émissions
culturelles, le sport, les activités culturelles, dans
lesquelles sont impliqués vos membres, auteurs et
compositeurs, soient supportés par le secteur public et
privé.
7741 Alors, vous avez dit clairement au
début, c'est important que les deux soient impliqués.
7742 MADAME BERTRAND-VENNE: Mais on veut
faire partie partout, c'est ça.
7743 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors, cela
avait l'air un peu contradictoire de ce que vous avez
donné.
7744 MADAME BERTRAND-VENNE: Non, non,
non, parce que, dans le fond, tout le monde est un peu
financé par l'État, on se comprendra. Même le privé
fait appel à des fonds publics, je veux dire on pense à
Téléfilm, on pense à Sodeq, nous au Québec, et le
travail que je fais, c'est de m'assurer qu'un jour on
puisse arriver à établir des conditions de travail qui
soient intéressantes. Mais pour l'instant, il y a un
problème.
7745 Mais je voulais aussi mettre en
lumière finalement que tout le monde fait un petit peu
appel aux fonds publics et tout le monde ne doit pas
desservir, en tout cas, les créateurs de ce pays. Si
on veut avoir des productions distinctives, si on coupe
la possibilité à quelqu'un d'être capable d'être
rémunéré adéquatement pour créer un contenu culturel,
pour assurer à ses industries cette appellation
d'industrie culturelle, il faut assurément leur
permettre de gagner leur vie
7746 J'ai bon espoir de le réussir, mais
pour l'instant, c'est certainement quelque chose qui
accroche les créateurs dans le moment.
7747 CONSEILLERE PENNEFATHER: La radio
maintenant. Vous êtes d'accord que le 95 pour cent de
musique vocale de langue française auquel la radio
française s'est engagée ne signifie pas qu'elle
s'engageait à diffuser 95 pour cent de musique
canadienne de langue française puisque son quota de
musique canadienne est actuellement fixé à 50 pour cent
comme condition de licence.
7748 En conséquence, d'après vous, quel
impact aura la diminution de l'engagement de la SRC sur
les artistes francophones canadiens?
7749 MADAME BERTRAND-VENNE: Bien, voilà.
Je veux m'assurer que ce 50 pour cent de contenu
francophone fasse appel au maximum à des créateurs
canadiens. Donc, le 95 pour cent nous a tout de suite
allumés et nous a inquiétés. Donc, c'est sûr et c'est
pour cela que je disais qu'on préférait avoir un quota
très ferme de contenu francophone canadien, de telle
sorte que Radio-Canada puisse être obligé de continuer
à faire appel aux talents.
7750 CONSEILLERE PENNEFATHER: Le 50 pour
cent?
7751 MADAME BERTRAND-VENNE: Le 50 pour
cent devrait être canadien, finalement.
7752 CONSEILLERE PENNEFATHER: Comme vous
êtes peut-être au courant, la radio française propose
de calculer l'atteinte de ces quotas pour la musique
canadienne et de langue française sur une base
mensuelle plutôt que sur une base hebdomadaire, on
vient tout juste de discuter cette idée avec l'ADISQ
aussi, comment réagissez-vous à leur proposition?
7753 MADAME BERTRAND-VENNE: Je
préférerais que ce soit une comptabilisation à la
semaine puisqu'on peut comprendre qu'au mois j'imagine
qu'ils peuvent inclure une émission de variétés
spéciale. Mais ce qu'on désirait, évidemment, c'est
que ce serait une utilisation plus quotidienne.
7754 Donc, dans ce désir d'avoir une
utilisation plus quotidienne, assurément une
surveillance hebdomadaire serait certainement plus
souhaitable.
7755 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Et une
dernière question en ce qui concerne les quotas et les
résultats concernant la musique canadienne, musique
français, musique anglophone, francophone.
7756 Quel rôle devrait-elle jouer, la
radio française, dans la diffusion de la musique issue
de communautés culturelles canadiennes qui occupe un
espace important dans la mosaïque culturelle
canadienne, mais n'est pas de la musique française ni
de la musique anglaise?
7757 Quelle devrait être la place de la
musique issue de ces communautés culturelles?
7758 MADAME BERTRAND-VENNE: Bien,
d'abord, elle devrait faire appel aux talents créateurs
canadiens.
7759 La seule inquiétude que j'aurais,
c'est qu'il n'y peut-être pas assez de contenu canadien
de ces différentes communautés. Mais si c'était le
cas, la SPACQ ne s'opposerait pas à un certain contenu
de culture variée.
7760 D'ailleurs, la SPACQ, comme elle
représente une large facette de création, elle ne
serait pas capable de s'opposer de façon officielle à
ce qu'il y ait quand même une ouverture d'esprit à
jouer du contenu de d'autres cultures.
7761 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Mais vous
mettez ça dans à l'intérieur d'un nombre de sélections
canadiennes.
7762 MADAME BERTRAND-VENNE: Oui.
7763 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Si ce n'est
pas canadien, est-ce qu'il y a une place pour la
musique culturelle qui vient d'autres communautés et
qui n'est pas canadienne?
7764 MADAME BERTRAND-VENNE: Bien, vous
savez que, comme créateur canadien, le contenu étranger
est très présent sur les ondes canadiennes.
7765 Et le combat qu'on mène, c'est
vraiment autour du fait de protéger les créateurs
canadiens. Donc, c'est pour ça qu'on met toujours la
lumière là-dessus.
7766 Je vais vous dire ce que les gens à
la SPACQ disent en conseil d'administration: C'est
quand même incroyable, on est obligés de se défendre,
nous autres au Canada, pour avoir un minimum de contenu
de notre pays. On serait dans un autre pays dans le
monde où, finalement, ce serait probablement acquis."
7767 C'est vrai qu'on est très ouverts et,
des fois, on est un peu trop ouverts.
7768 Bref, notre combat, c'est d'essayer
de rester ce que nous sommes dans une utilisation
canadienne.
7769 Donc, c'est ce qui anime la SPACQ et
je pense que c'est pour ça que je veux que vous
reteniez... D'ailleurs, mon collègue, monsieur Rodrigue
de l'ADISQ, était inquiet aussi, de vous dire: Est-ce
qu'il y a assez de contenu canadien pour arriver à
répondre à ce désir de Radio-Canada? La question se
pose, effectivement.
7770 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Je
comprends très bien. On vise tous à un support pour la
musique canadienne.
7771 Mais aussi, quand on parle du côté
auditoire, création, culture, je suis certaine que vous
abordez aussi le sujet de l'accessibilité à une
culture, disons, francophone ou musique de la langue
française qui vient de toutes les communautés.
7772 MADAME BERTRAND-VENNE: Ah! C'est
sûr, ça. C'est sûr, parce que c'est déjà fait. Ça se
fait déjà grandement à Radio-Canada aussi. C'est sûr
que ça se fait déjà.
7773 Donc, non, il n'y a pas une fermeture
de ce côté-là.
7774 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Et, comme
on a dit tantôt, d'après vous, la matière est là. Il
faut juste aller la chercher ou est-ce que...
7775 MADAME BERTRAND-VENNE: C'est ce que
je pense, c'est ce que je pense.
7776 Quand je me présente généralement
dans des demandes de licences, je trouve que les
radiodiffuseurs et télédiffuseurs ne font pas encore
assez appel à l'ensemble de ce qui est déjà produit.
7777 Vous savez, sur un disque, il y a dix
ou douze oeuvres et on a, règle générale, la
possibilité d'en entendre qu'une oeuvre.
7778 Et ça, je vous dirai que le
radiodiffuseur est un peu responsable de ça, puisqu'il
décide que c'est son son... c'est ce qu`il y a toute
une façon de comprendre qu'il y a un nombre restreint
d'oeuvres qu'on entend sur les radios et ça vient d'une
certaine réalité.
7779 Mais pour dire qu'elle n'existe pas,
je trouve, au contraire, que le contenu est là. On ne
fait peut-être pas assez appel à l'ensemble du contenu.
7780 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Merci,
madame. Merci d'être parmi nous aujourd'hui.
7781 Merci, madame la présidente.
7782 LA PRÉSIDENTE: Merci, madame. Merci
d'être venue et d'avoir participé.
7783 MADAME BERTRAND-VENNE: Merci.
7784 LA PRÉSIDENTE: Nous allons prendre
une pause de dix minutes et revenons.
--- Short recess at / Courte suspension à 1100
7785 MADAME SANTERRE: Maintenant, nous
entendrons la Chambre de commerce de l'Est de l'Île de
Montréal présenter leur intervention, madame Thomas,
monsieur Cléroux.
INTERVENTION.
7786 MADAME CLÉROUX: Bonjour, messieurs
et mesdames les commissaires.
7787 Alors, je suis Monique Thomas,
directrice générale de la Chambre de commerce de l'Est
de l'Île de Montréal, en présence de André Cléroux,
administrateur au sein de notre association.
7788 Quelques mots sur notre association
qui représente 900 membres. Notre mission est de
travailler au développement économique et au
rayonnement de la communauté d'affaires de l'Est de
l'Île de Montréal. C'est pour ça que nous sommes ici
ce matin. Et Radio-Canada est membre de notre
association. Merci.
7789 Je passe la parole à André Cléroux.
7790 MONSIEUR CLÉROUX: Vous comprendrez
(vous avez certainement lu notre mémoire) qu'on n'est
pas ici pour défendre une position, mais plutôt pour
vous sensibiliser à un aspect qu'on considère très
important pour la Chambre de commerce.
7791 C'est une organisation d'affaires qui
couvre l'Est de l'Île de Montréal. Et comme vous le
savez probablement, sur ce territoire-là, on est quand
même privilégiés en termes d'entreprises de diffusion.
C'est-à-dire que sur le territoire, on retrouve le
siège social de Radio-Canada. On retrouve aussi
l'entreprise TVQ et on retrouve aussi Télé-Québec.
7792 Alors, autour de ces trois grandes
entreprises ou organisations-là, il y a tout un pôle
économique de radiodiffusion, de production
télévisuelle qui s'est développé autour de ces
entreprises-là.
7793 Ce que, nous, on tient à vous
souligner aujourd'hui ou ce qu'on vous demande de faire
dans vos délibérations lorsque vous rendrez votre
décision, c'est de bien songer, lorsque vous imposerez
des conditions de licence à Radio-Canada, qu'il faut,
dans la mesure du possible, protéger ce pôle-là qui est
une masse critique et qui a permis à plein
d'entreprises, que je ne vous ai pas nommées parce
qu'il y en a des dizaines et des centaines
d'entreprises, de se développer dans cet endroit-là.
7794 Nous vous avons fait état dans notre
mémoire du nombre d'employés qui travaillent pour ces
entreprises-là. Évidemment, ces personnes-là, ces
pigistes-là ne sont pas tous sur l'Île de Montréal ou
dans l'Est de l'Île de Montréal, mais on sait très bien
qu'il y en a une forte partie qui y résident ou qui
viennent travailler dans cet endroit-là. Et cette
masse critique-là pour l'Est, c'est une industrie qui
est très importante.
7795 Je ne vous ferai pas l'historique de
l'Est de l'Île de Montréal; vous le connaissez
certainement aussi. C'est un endroit qui a été peu
favorisé par le changement, dans les dix ou vingt
dernières années, d'un modèle industriel au modèle
qu'on connaît aujourd'hui.
7796 Et des emplois de haute technologie,
de valeur ajoutée, comme les emplois qu'on retrouve
chez Radio-Canada, sont des emplois très, très
importants pour cette région-là.
7797 Donc, nous vous demandons donc dans
votre décision (on m'a résumé la situation, j'entendais
les gens parler à la radio hier de ça) est-ce qu'il
fallait faire de Radio-Canada un PBS ou un BBC en
sachant très bien que, dans un sens, on a une
télévision publique qui a le mandat qu'on connaît
aujourd'hui ou un mandat qui est beaucoup plus
restreint lorsqu'on parle de cette télévision comme un
PBS?
7798 Moi, je vais vous demander, au nom de
la Chambre de commerce, c'est qu'en prenant cette
décision-là soit, d'une part, que vous considériez
cette industrie, qui est la production télévisuelle et
de radio qui a été créée dans l'Est de Montréal, dans
l'Est de l'Île de Montréal, et que vous ayez conscience
que vous décisions peuvent avoir un impact important
sur cette industrie-là, et que vous devez prendre donc
une décision dont... l'aspect culturel, ça sera
certainement beaucoup plus discuté devant vous, mais
qu'il y a des aspects économiques à cette décision-là
que vous devez toujours avoir à l'esprit.
7799 Donc, nous espérons donc que
Radio-Canada puisse poursuivre sa mission diffuseur
public en mettant l'emphase sur la production locale
des émissions diffusées, tout en vous laissant le
loisir de discuter des questions beaucoup plus
compliquées que ce qu'une simple chambre de commerce
comme la nôtre peut vous apporter.
7800 Alors, je vous remercie de nous avoir
entendus sur ce sujet-là.
7801 LA PRÉSIDENTE: Merci. Je
demanderais à madame Wylie de vous poser les questions
du Conseil.
7802 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour, madame
Thomas, monsieur Cléroux. Nous vous remercions
évidemment d'être venus en ce beau samedi nous parler.
7803 Nous avons bien retenu évidemment
votre rappel que la principale place d'affaires de
Radio-Canada est située dans le territoire de votre
Chambre de commerce et qu'elle y joue un rôle
économique important.
7804 Nous espérons que vous n'avez pas de
rumeurs qu'ils ont l'intention de déménager à l'Ouest
ou ailleurs!
7805 Vous faites aussi le commentaire, par
exemple, que les pays où il y a un système de
radiodiffusion hybride, c'est-à-dire où il y a une
télévision publique et une télévision privée, donne des
résultats qui desservent mieux la population.
7806 Est-ce que vous avez des commentaires
à nous faire sur comment vous voyez, au Canada
français, l'avantage de cette cohabitation entre les
deux systèmes et comment ça se reflète à l'antenne de
Radio-Canada?
7807 Et avez-vous pensé davantage à
comment ça se reflète au Québec, par exemple,
l'avantage d'avoir la cohabitation des deux systèmes
publics et privés dans la radiodiffusion?
7808 MONSIEUR CLÉROUX: Je ne suis pas en
mesure de rentrer sur le fond de cette question-là.
Évidemment, en tant qu'entrepreneur, parce que je suis
membre de la Chambre, de l'administration, je suis
entrepreneur, je connais tout l'aspect de masse et de
densité de population, par exemple la population qu'on
a au Québec, sur le territoire qui est couvert.
7809 Et je sais que, pour cette raison-là,
nous croyons qu'il est nécessaire d'avoir deux
différents paliers ou deux différents niveaux de
télévision, celle publique et celle privée.
7810 Maintenant, je ne pense pas être en
mesure de vous éclairer et de vous apporter des choses
nouvelles sur cette question-là. Alors, je pense que
je vais limiter mon intervention.
7811 CONSEILLÈRE WYLIE: Je vous remercie.
7812 MONSIEUR CLÉROUX: Merci.
7813 CONSEILLÈRE WYLIE: Et bon voyage de
retour.
7814 MONSIEUR CLÉROUX: Merci beaucoup.
7815 LA PRÉSIDENTE: Merci infiniment,
madame, monsieur. Merci.
7816 MADAME SANTERRE: Alors, j'inviterais
la Chambre de commerce et d'industrie du Québec
métropolitain avec monsieur Éric Etter.
7817 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, monsieur
Etter.
INTERVENTION
7818 MONSIEUR ÉRIC ETTER: Bonjour, madame
la présidente. Mesdames, messieurs du Conseil, bonjour
et merci de nous recevoir pour entendre notre
sempiternelle rengaine sur les valeurs et vertus de la
région de Québec.
7819 Donc, simplement, j'agis à titre de
secrétaire de la Table sur les industries culturelles
de la Chambre de commerce et d'industrie du Québec
métropolitain. Et à ce titre, j'ai participé à la
rédaction de ce mémoire et j'ai aussi eu le grand
plaisir d'être délégué volontaire ici!
7820 LA PRÉSIDENTE: Pensez, un samedi
matin!
7821 MONSIEUR ÉRIC ETTER: C'est ça.
7822 LA PRÉSIDENTE: Vous avez vraiment
gagné le premier prix, un beau voyage à Hull!
7823 MONSIEUR ÉRIC ETTER: Simplement, je
voudrais peut-être rappeler, pour ceux qui n'auraient
pas lu le mémoire, que la Table est composée de
représentants des réseaux de télévision TQS,
Télé-Québec, Radio-Canada, CBVT, la télévision
communautaire et, évidemment, le réseau TVA.
7824 Donc, des membres de chacune des
télévisions qui agissent sur le territoire de la ville
de Québec siègent à la table des industries
culturelles.
7825 Il siège également des représentants
du ministère de la Culture et des Communications, du
ministère de l'Industrie et du Commerce, du ministère
du Patrimoine canadien, de la Société de développement
des entreprises culturelles, du Centre de développement
économique et urbain de la ville de Québec, du Bureau
de la culture de la ville, du Bureau du film de Québec,
de l'Office national du film, de l'Union des artistes,
du Regroupement des pigistes professionnels en cinéma
et vidéo de la région de Québec, des entreprises de
production audiovisuelle indépendantes, de publicité et
du multimédia et, évidemment, la Chambre de commerce.
7826 Donc, le document qui vous est
présenté traduit un certain consensus et ne reflète pas
nécessairement toutes les attentes du Conseil par
rapport à des points bien spécifiques, car il faut
tenir compte de la composition de cette table et des
intérêts qui, éventuellement, peuvent être divergents.
7827 Donc, le mémoire comme tel, je vais
vous en livrer simplement les paragraphes, à mon avis,
qui sont les plus signifiants pour nous et qui
justifient notre demande en trois points qui,
rappelons-le, touche à ce que la SRC s'engage à
faciliter les détachements locaux pour la diffusion
d'émissions locales;
7828 Que la SRC s'engage à rendre
disponibles des blocs horaire en période de grande
écoute pour la diffusion d'émissions locales autres que
les nouvelles en région et les émissions d'affaires
publiques;
7829 Et que la SRC s'engage à inclure la
production indépendante locale dans ses activités de
diffusion et de production location et réseau.
7830 Donc, c'est un peu aussi à la demande
du CRTC que nous comparons aujourd'hui puisque, lors
des audiences du renouvellement de CBVT qui ont eu lieu
en février 1998, sauf erreur, janvier ou février 1998,
on nous avait demandé de revenir à la charge pour la
discussion sur l'évolution de Radio-Canada en termes de
télévision publique et aussi du renouvellement de sa
licence réseau.
7831 Alors, là, je vais vous livrer ce que
nous estimons quand même très important dans notre
message. C'est que, en concordance avec les attentes
exprimées par le CRTC dans son avis d'audiences
publiques CRTC 99-3, ainsi que lors du renouvellement
de licence de CBVT, la Chambre souhaite donc voir
renforcer le mandat des stations locales du réseau de
la SRC, notamment en ce qui concerne la flexibilité des
disponibilités permettant les détachements locaux pour
la diffusion d'émissions locales, la disponibilité des
blocs horaire en période de grande écoute pour la
diffusion d'émissions locales autres que les nouvelles
en région, l'incidence de la production indépendante
sur les activités de production du réseau, l'évaluation
des structures d'accueil que la SRC a mises en place
pour la production indépendante.
7832 Par ailleurs, si la situation de
conformité de CBVT par rapport à ses engagements locaux
est rassurante, ce que nous avons pu constater, il faut
toutefois s'inquiéter de la non-conformité apparente de
la plupart des stations francophones à l'ouest de
l'Outaouais relativement aux nouvelles locales et
régionales.
7833 Le rôle de la SRC, en tant que
télévision publique, doit être défini en fonction d'une
vocation d'incubateur et de levier pour permettre aux
créateurs de se développer sans être contraints à
l'exode pour le faire.
7834 La programmation de la télévision
publique devrait en ce sens être plus audacieuse et
plus risquée en faisant appel particulièrement aux
talents locaux et régionaux.
7835 Dans le même ordre d'idée, il faut
questionner le positionnement de la télévision publique
par rapport à la télévision commerciale dans une
logique d'un rendement et de cotes d'écoute.
7836 À bien des égards, cette logique
brime non seulement la production locale et régionale
des stations situées hors des grandes zones
métropolitaines, mais aussi la production indépendante.
7837 À titre d'exemple, au Québec, la
répartition des fonds accordés par Téléfilm au
financement d'émissions canadiennes de télévision
présente des écarts abyssaux entre la production
montréalaise et la production hors Montréal, hors
métropole.
7838 Ainsi à Montréal, entre 1987 et 1995,
396 projets ont profité d'investissements de plus de
217 millions $ pour des budgets de production globaux
de 626 millions $ et de 2 653 heures produites.
7839 Or, Montréal, toujours pour la même
période, seize projets se sont partagés une enveloppe
de 2,1 millions $ pour des budgets totaux de production
de 5,8 millions $ et 37,5 heures de produites.
7840 La logique du rendement et de la cote
d'écoute influencent grandement les choix de
programmation qui privilégient, évidemment, les valeurs
sûres.
7841 Les deux points précédents
questionnent aussi le financement et la structure de
fonctionnement de la télévision publique. Faut-il
inverser le courant afin de briser la logique de
rendement? Faut-il modifier les règles du jeu en
matière de financement et d'accès au marché de la
publicité? Faut-il recommander la mise sur pied d'un
fonds de financement exclusivement réservé à la
télévision publique?
7842 En ce sens, la Chambre souhaite qu'un
véritable débat soit tenu sur le rôle et le financement
de la télévision publique.
7843 La Chambre recommande aussi
l'élaboration par le CRTC d'une politique visant à ce
que le réseau de la SRC agisse en tant que stimulant de
la production locale afin d'être le véritable reflet de
la réalité et de la dynamique particulière à chaque
région et, évidemment, celle de la région de la
Capitale Nationale du Québec, c'est-à-dire Québec.
7844 Cette politique doit être assortie
d'une mesure exigeant du réseau, un engagement
relativement à la production locale autre que les
bulletins de nouvelles. Les décideurs de la SRC
doivent ainsi donner à leurs antennes régionales une
plus large autonomie en matière de programmation.
7845 Ils doivent permettre, par exemple,
d'augmenter la diffusion locale au réseau aux heures de
grande écoute, d'émissions produites localement.
7846 Combiné à une exigence minimale de
contenu canadien aux heures de grande écoute, à une
définition énergique de ces mêmes heures, soit dès 17 h
00, la Chambre considère qu'il y a là matière à
stimuler non seulement l'activité locale de la SRC,
mais aussi celle du secteur de la production
indépendante, tout en démarquant et en renforçant le
rôle régional de la SRC.
7847 Là, on s'entend que quand on parle de
région, qu'on parle non pas de région selon les
critères du CRTC mais bien de régions localement
envisagées selon les rayonnements de diffusion de genre
CSBVT.
7848 Pour ces mêmes raisons, la Chambre
estime que ces modifications faciliteraient aux
producteurs indépendants hors zone métropolitaine
l'accès aux licences de diffusion et, par conséquent,
aux divers programmes de financement offerts par les
gouvernements et les organismes gouvernementaux ou
privés.
7849 La Chambre considère qu'appliquées à
la télévision publique, ces modifications auraient
valeur d'exemple, aideraient à dynamiser et positionner
sur le marché mondial.
7850 LA PRÉSIDENTE: Pardon, monsieur,
excusez-moi. Pourriez-vous ralentir un peu votre débit
parce que l'interprète a peine à vous suivre.
7851 MONSIEUR ETTER: Mon Dieu. J'ai très
mal dormi cette nuit!
7852 LA PRÉSIDENTE: Pardon?
7853 MONSIEUR ETTER: J'ai très mal dormi,
je suis encore sur le gros nerf!
7854 LA PRÉSIDENTE: On se calme mais
c'est un défaut que nous avons. On parle tous très
vite en français.
7855 MONSIEUR ETTER: Vous ne voulez pas
que je recommence. Donc, la Chambre considère que,
appliquées à la télévision publique ces modifications
auraient valeur d'exemple et aideraient à dynamiser et
positionner sur le marché mondial une industrie qui
doit continuellement se démarquer et s'affirmer face à
l'emprise télévisuelle de nos voisins du sud.
7856 Donc, c'est l'essentiel de notre
justification.
7857 LA PRÉSIDENTE: Je ne vous invitais
pas à conclure rapidement!
7858 MONSIEUR ETTER: Non, mais ça se
concluait de cette façon-là.
7859 LA PRÉSIDENTE: Alors, merci. Je
demanderais à madame Wylie de vous poser des questions.
7860 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour,
monsieur.
7861 MONSIEUR ETTER: Bonjour, madame
Wylie.
7862 CONSEILLÈRE WYLIE: Les gens de la
région de Québec, lors du renouvellement de CBVT ont
revendiqué, évidemment, cette même problématique
d'avoir plus de possibilité de produire en région.
C'est à ce moment-là qu'on avait indiqué que,
évidemment, il serait important aussi d'en parler lors
du renouvellement du réseau qui a une implication dans
ce domaine-là.
7863 Quand vous parlez de plus de
possibilité d'accorder par le réseau aux stations
régionales, est-ce que vous parlez à ce moment-là d'une
fenêtre, d'une ouverture ou le réseau prendrait moins
d'espace et qu'il y aurait plus d'espace pour les
stations régionales ou si vous parlez de plus de
produits et d'apport qui viendrait des régions?
7864 MONSIEUR ETTER: C'est-à-dire que
dans la démarche que la table privilégie de ce
temps-ci, c'est-à-dire d'essayer d'augmenter les moyens
de production à Québec et la démarche que nous faisons
actuellement devant le CRTC n'est pas unique, dans le
sens où on essaie de stimuler la production locale par
d'autres moyens.
7865 Par exemple, nous étudions la
faisabilité d'un studio de production avec des outils
de production pour la région de Québec. L'étude est en
cours.
7866 Nous avons également demandé auprès
du fonds de diversification de l'économie de la
capitale, des moyens et des incitatifs pour permettre à
des producteurs locaux de faciliter leur préparation de
dossier en vue de l'obtention de licence.
7867 Donc, cela n'exclut pas qu'on essaie
de s'insérer dans un cadre régulier de programmation
comme telle ou d'élaboration de programmation, mais ça
n'exclut pas non plus qu'on veuille éventuellement
obtenir quand même genre une fenêtre hebdomadaire d'une
heure ou de deux heures sur la programmation régulière
du réseau, dans le sens où connaissant les capacités,
les possibilités de la région de Québec, sur son niveau
économique, sur son niveau social et culturel et au
niveau politique bien entendu.
7868 Je pense qu'il y a matière quand même
à développer certains produits qui sont particuliers à
la région avec des ressources qui sont déjà existantes,
des ressources à compléter, évidemment, ce que nous
tentons de faire.
7869 Évidemment, avec le soutien aussi
d'instances réglementaires comme la vôtre qui pourrait
nous permettre d'avoir accès à ces créneaux-là.
7870 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors, vous
poursuivez les deux objectifs: un, c'est de fouetter
ou d'améliorer les capacités de production dans la
région de Québec pour qu'elles aient une meilleure
opportunité de produire pour le réseau et l'autre ce
serait d'ouvrir, finalement, des créneaux ou des
fenêtres davantage pour qu'il y ait une plus grande
présence régionale. Et je suppose que les deux se
nourrissent, ces deux objectifs-là se nourrissent l'un
l'autre.
7871 MONSIEUR ETTER: C'est-à-dire qu'on
observe quand même une très belle synergie à Québec
parce que tout le monde se parle, que ce soit les
privés, les publics, les producteurs, les instances
gouvernementales. Tout le monde est conscient de
certaines carences qu'on peut observer parce que cinq
heures de bulletin de nouvelles régionales, c'est tout
à fait intéressant.
7872 Sauf que, je veux dire, ce n'est pas
nécessairement représentatif de tout ce qui se fait
puis, aussi, peut-être de l'importance que la région se
donne dans l'ensemble de la province et du Canada
également.
7873 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous connaissez
les gens de "Tout écran" sans doute?
7874 MONSIEUR ETTER: Oui, certainement.
7875 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui. Saluez-les
pour nous. C'est la première fois depuis que je suis
au Conseil, je pense, qu'ils manquent à l'appel.
Alors, ils ne travaillent pas le samedi, je suppose!
7876 MONSIEUR ETTER: Peut-être qu'ils
travaillent à une production éventuelle, sait-on
jamais!
7877 CONSEILLÈRE WYLIE: Saluez-les pour
nous. Merci beaucoup.
7878 MONSIEUR ETTER: D'accord. Merci.
7879 CONSEILLÈRE WYLIE: Bon voyage de
retour.
7880 LA PRÉSIDENTE: Merci infiniment.
7881 MADAME SANTERRE: Alors, j'inviterais
maintenant monsieur Michel Tremblay de la Ville de
Rimouski.
PRESENTATION / PRESENTATION
7882 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, monsieur,
bienvenue.
7883 MONSIEUR TREMBLAY: Bonjour, madame
la présidente, mesdames, messieurs.
7884 Alors, si vous me permettez, je vais
vous faire la lecture de ce petit document.
7885 Depuis que la Société Radio-Canada
est devenue propriétaire de la station affiliée de
Rimouski et a décidé de cesser les activités locales en
1990 Rimouski et sa région sont très mal desservies en
terme de nouvelles locales et régionales par le service
public de Radio-Canada.
7886 Bien plus, la télévision publicitaire
est complètement absente et la mise à contribution
d'une équipe de production locale et régionale ne
figure pas dans le décor. Notre population mérite une
meilleure couverture à tout point de vue de la part de
notre télévision d'État.
7887 Comment une région dynamique comme
Rimouski peut-elle ne pas espérer une couverture
médiatique plus élaborée, plus vivante, plus réelle et
plus dynamisante pour le milieu concerné.
7888 Nous avons un vécu local et régional
quotidien qui mérite d'être questionné, analysé et
diffusé. C'est le devoir de la société d'État de
transmettre le reflet de la société québécoise de la
région.
7889 A défaut de pouvoir espérer que la
société d'État nous redonne un service d'une station
régionale pour des raisons de coûts, de batailles de
clocher historiques et autres, il serait peut-être
désirable de demander et de revendiquer une station de
télévision affiliée telle que Sherbrooke,
Trois-Rivières, Jonquière et autres.
7890 Les citoyens de notre région paient
12 $ par jour comme tous les autres Canadiens pour les
services de Radio-Canada. Au même titre, nous
revendiquons une meilleure couverture, une présence
assidue et des services améliorés.
7891 Mesdames, messieurs les Commissaires,
Rimouski est un pôle régional important dans l'est.
C'est à Rimouski que les premiers services de
télévision furent offerts à la population locale et
régionale en 1954 avec CJBR-TV et la famille Brillant.
La progression fut fulgurante jusqu'à ce que la
télévision d'État prenne la place et étende ailleurs en
région des stations de Radio-Canada sans considération
des coûts inhérents avec des conséquences de
rationalisation obligatoires des années 1990.
7892 Aujourd'hui, il faut regarder cela
d'un autre oeil et voir comment pour la prochaine
décennie une station affiliée peut offrir un service de
base à coûts moindres d'une part, mais une visibilité
accrue pour la population concernée.
7893 Une station affiliée doit s'installer
là où l'action se passe où habite la plus forte
population et où l'activité sous toutes ses formes est
présente, bref dans une ville de services.
7894 L'implantation d'une station de
télévision affiliée à Rimouski s'impose peut-être
d'elle-même et je demande bien respectueusement à votre
honorable Commission d'inciter la Société Radio-Canada
à rechercher un partenaire privé capable d'opérer
efficacement cette station affiliée et par la suite
d'accorder les licences nécessaires à cette
implantation.
7895 D'autre part, le désir exprimé par
d'autres d'avoir une couverture améliorée des services
de Radio-Canada-TV pourrait également se regarder sous
l'angle d'une production régionale du bulletin de
nouvelles de 18h00 de l'est du Québec.
7896 La politique éditoriale de ce
bulletin devrait relever de la région avec des
journalistes en poste dans des endroits stratégiques du
grand et immense territoire à couvrir. Cette
production régionale, nous pensons, collerait davantage
à la réalité et au vécu régional.
7897 Cette honorable commission aura la
lourde tâche de recommander à Radio-Canada une
orientation pour améliorer son service en région. Je
suis convaincu que la sagesse et le bon sens guideront
vos recommandations soit pour une station affiliée ou
un bulletin de nouvelles régionales préparé et réalisé
en région.
7898 Rimouski et sa région souhaitent et
désirent une présence accrue de Radio-Canada-TV sur le
territoire.
7899 Madame, messieurs les Commissaires,
vous avez le pouvoir et le devoir de faire des
recommandations. Nous comptons sur vous pour redonner
à notre région la possibilité de se faire entendre,
comprendre et apprécier des autres par un médium
important la TV de Radio-Canada.
7900 Voilà, madame la présidente.
7901 LA PRÉSIDENTE: Merci infiniment,
monsieur le Maire. Nous sommes honorés de vous
recevoir à l'audience, que vous ayez pris soin de
participer tant par une intervention écrite et venir ce
matin de si loin.
7902 On parlait déjà de Québec à ici, mais
de Rimouski à ici, cela signifie bien l'importance que
revêt votre intervention pour les gens que vous
représentez et pour la Ville de Rimouski.
7903 J'aimerais savoir, vous êtes
certainement au courant qu'il y a eu du côté de la
députation de l'est du Québec, de la Gaspésie, du Bas
Saint-Laurent, une participation aussi à l'audience où
d'ailleurs vous y faites référence d'une certaine
façon, où il y a eu comme un consensus pour dire
l'importance c'est qu'on soit desservi.
7904 Vous, vous allez plus loin, vous
dites, c'est Rimouski qui doit être une espèce de
pivot, de pilier et on s'engage à desservir par un
bulletin de nouvelles régionales. Est-ce que je vous
comprends bien?
7905 MONSIEUR TREMBLAY: Vous me comprenez
bien. Évidemment, je ne vous cacherai pas les
batailles de clocher que nous avons! Chacun veut avoir
cela dans sa cour, sauf qu'il va bien falloir trancher
un jour et arrêter de se chicaner puis trouver un
endroit pour faire cette diffusion.
7906 Nous pensons avoir à répondre à
certains critères de base pour pouvoir alimenter cette
station et je pense que Rimouski est tout à fait
désignée. Bref, c'est sûr que d'autres peuvent
prétendre le contraire.
7907 Mais nous avons déjà un passé et un
vécu. Comme je le disais tout à l'heure dans mon
propos, la télévision a été implantée chez nous en 1954
par la famille Brillant et cela a pris une expansion.
7908 Par la suite avec l'abondance
d'argent, le gouvernement a cru bon d'ouvrir stations
avec le résultat qu'en 1990 on a fait une radiation pas
à peu près. Alors, tout a été fermé.
7909 Chez nous, on se retrouve sans
télévision d'État et je pense que c'est un manque pour
notre population et on devrait corriger cette lacune en
tranchant. Il va bien falloir à un moment donné
trancher en quelque part et nous offrir cette
possibilité de se faire entendre.
7910 LA PRÉSIDENTE: C'était à l'époque
une station qui appartenait à Radio-Canada. Est-ce
qu'au cours des dernières années il y a eu des
pourparler, des échanges, des dialogues avec la Société
Radio-Canada à cet effet pour penser à raviver
l'existence?
7911 MONSIEUR TREMBLAY: Plusieurs
tentatives. Plusieurs tentatives furent faites dans le
passé. Dernièrement, il y a un an et demi passé
j'avais déjà écrit à monsieur Beatty à cet effet et le
résultat finalement c'est cette démarche qui
aujourd'hui m'amène devant cette Commission.
7912 Je ne pouvais pas, à mon sens,
manquer l'occasion de vous signifier l'intérêt pour une
ville comme Rimouski et en même temps, de la grande
région, d'être desservi par une station soit affiliée
ou encore un bulletin de nouvelle qui serait préparé et
diffusé à partir de Rimouski.
7913 LA PRÉSIDENTE: Nous avons et
peut-être avez-vous eu écho dans les échanges que nous
avons eus avec la direction de la télévision de
Radio-Canada, du réseau et aussi des stations
régionales, nous avons évoqué, parce qu'on l'a entendu
au niveau aussi des consultations régionales qu'on a
fait au mois de mars.
7914 Et madame Fortin qui parlait au nom
de la Société Radio-Canada disait que les possibilités
financières étaient limitées pour le faire, qu'il n'y
avait pas vraiment des raisons financières ou enfin une
situation financière qui permettait de réanimer cette
décision qui avait été prise en 1990, les circonstances
n'étaient pas si différentes qu'on pouvait songer.
7915 Quelle est votre perception, compte
tenu votre connaissance de votre milieu et de la
situation économique dans votre région aussi parce que,
évidemment, ça va de pair, bien sûr?
7916 MONSIEUR TREMBLAY: Pour reprendre
vos dernières paroles, si nous avons une situation
économique un peu difficile, un peu différente des
autres qui est peut-être faible, d'où l'importance
peut-être d'avoir une meilleure couverture médiatique.
Mais je suis conscient aussi que Radio-Canada a des
ressources limitées également.
7917 Ce que je revendique, ce n'est pas
une station supra-régionale. Ce que nous revendiquons
c'est peut-être d'avoir un bulletin de nouvelles
produit et réalisé à partir de Rimouski, d'une part, ou
encore d'avoir une station affiliée.
7918 Et, là, c'est au CRTC, à mon sens, à
faire les recommandations les plus appropriées dans les
circonstances, compte tenu de la capacité de
Radio-Canada d'avoir ou de maintenir ou de réouvrir une
station supra-régionale.
7919 Évidemment, il y a une question de
coûts qui rentre en ligne de compte mais ce qu'on veut
avoir, nous, c'est une meilleure représentation et une
meilleure diffusion des événements locaux et régionaux.
7920 LA PRÉSIDENTE: Hier nous recevions
(est-ce que c'est hier ou avant-hier, oui c'est hier)
monsieur Audet de Cogego et à qui on posait justement
la question: est-ce que compte tenu de la présence de
votre intervention, de celles des députés de l'Est, de
dire, est-ce qu'il serait intéressé à considérer
d'étendre ses affiliations avec Radio-Canada à ce
territoire-là?
7921 Est-ce que vous avez déjà eu des
discussions, que ce soit avec Cogeco ou d'autres
partenaires possibles dans votre région?
7922 MONSIEUR TREMBLAY: Effectivement, au
départ, je vais consulter quelques personnes qui
étaient intéressées dans ma région pour pouvoir avoir
une station affiliée. C'est de là qu'est partie
l'idée.
7923 Par la suite, évidemment, Cogeco a
été rencontré également et on a déjà pris des
discussions, on a déjà obtenu des discussions avec eux
pour pouvoir éventuellement, si c'est possible que ce
service ce Cogeco soit étendu en région et qu'il y ait
la possibilité d'avoir une station affiliée de
Radio-Canada.
7924 LA PRÉSIDENTE: Est-ce que les
installations sont toujours là et toujours...
7925 MONSIEUR TREMBLAY: Oui.
7926 LA PRÉSIDENTE: Donc, ce que vous
visez avant tout, c'est une couverture au chapitre de
l'information.
7927 MONSIEUR TREMBLAY: Évidemment, nous
sommes une grande et immense région. Présentement,
nous sommes desservis à partir de Québec et je pense
que de ce côté-là ça ne rend pas justice à notre grande
et immense région.
7928 Nous devons, nous sollicitons et nous
revendiquons une meilleure couverture de la Société
Radio-Canada, soit par une station affiliée ou encore,
par un bulletin de nouvelles qui serait préparé à
partir de la région.
7929 LA PRÉSIDENTE: Dites-moi, du côté de
la radio, est-ce que vous percevez là une meilleure
présence qui vous semble plus adéquate
7930 MONSIEUR TREMBLAY: Oui,
effectivement, nous avons une meilleure présence. Je
n'ai rien à redire sur les services de Radio-Canada
tant FM que AM, je pense que de côté-là ça me satisfait
personnellement et je pense que la population aussi n'a
pas trop de revendication à faire de ce côté-là.
7931 LA PRÉSIDENTE: Je vous remercie
infiniment d'avoir pris le temps surtout un samedi
matin, de venir nous rencontrer. Merci infiniment.
7932 MONSIEUR TREMBLAY: J'avais un
problème, si je ne me présentais pas, je ne manifestais
pas d'intérêt. Alors, comme je voulais signifier
l'intérêt pour ma communauté de revendiquer cette
station, je me devais d'être ici.
7933 LA PRÉSIDENTE: Soyez bien assuré,
monsieur Tremblay, que c'est ainsi qu'on interprète
votre présence et on vous en remercie beaucoup.
7934 MONSIEUR TREMBLAY: Je vous remercie,
madame.
7935 LA PRÉSIDENTE: Merci.
7936 MADAME SANTERRE: Alors, j'inviterais
Sport Québec à présenter leur intervention.
PRESENTATION / PRESENTATION
7937 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, bienvenue.
7938 MONSIEUR OUELLET: Bonjour. D'abord,
je me présente. Jean-Guy Ouellet. Je suis président
de l'organisme Sport Québec et monsieur Claude
Pelletier en est le directeur général.
7939 Madame la présidente, mesdames et
messieurs, d'abord peut-être vous présenter brièvement
qu'est-ce qui est Sport Québec, une corporation privée
à but non lucratif. Je sais que madame Bertrand...
c'est des antécédents qui amènent peut-être à
connaître, mais c'est pour le bénéfice peut-être des
autres membres.
7940 Donc, on représente 70 fédérations
membres, 800 000 québécois et québécoises sont membres
de ces fédérations, 60 00 entraîneurs officiels et 400
000 bénévoles.
7941 Le contexte de notre démarche, dans
un premier temps sur la situation du sport amateur en
matière de financement parce qu'il y a un lien. Il y a
eu une réduction des financements gouvernementaux soit
au niveau canadien ou québécois, aux organismes de
sport amateur depuis une dizaine d'années.
7942 Il y a une augmentation des besoins
et cela a amené la nécessité d'un développement du
financement alternatif pour les organismes de sport
amateur pour répondre aux besoins et en moyenne, on
pourrait dire que plus de 70 pour cent des revenus
actuellement proviennent d'un financement autre que
gouvernemental. En conséquence, cela amène
l'accroissement, disons, des besoins de visibilité.
7943 En parallèle, si on regarde
l'histoire de la télédiffusion du sport amateur par la
SRC, de 1970 au début des années 1990, la Société
Radio-Canada était le télédiffuseur et le producteur
quasi exclusif des principaux événements de sport
amateur et ça, sans frais pour les organisateurs.
7944 Depuis l'arrivée des canaux
spécialisés, il y a une diminution constante du temps
d'antenne alloué au sport amateur, pour ne pas dire que
c'est presque inexistant actuellement.
7945 Une imputation aussi fréquente des
frais aux organisateurs lorsqu'il y a couverture et un
désistement majeur face aux événements de la base.
7946 Si on fait un petit rappel de la
mission de Radio-Canada qui est extraite du rapport
annuel 1997-1998, on dit:
"Au cours des années
Radio-Canada s'est taillée une
place de choix dans le secteur
des sports, notamment par la
couverture des sports
professionnels canadiens et des
Jeux Olympiques. Les émissions
de sport font tout à fait partie
de l'héritage canadien et de
l'expertise de Radio-Canada"
Ce que nous ne contestons pas.
7947 ... : La retransmission de
manifestations sportives permet à Radio-Canada de
saisir et de faire partager des moments clés de notre
histoire.
7948 Bon, sans passer à travers des
événements historiques, on pense à 72 contre l'ex Union
Soviétique où on a eu, bon, des choses comme ça en
allant jusqu'aux Jeux Olympiques plus récents à Nagano.
7949 Ce qu'on dit par ailleurs, c'est que
la présentation des Jeux Olympiques et des sports
professionnels ne puisent pas à même les crédits
parlementaires de Radio-Canada, mais permet au
contraire d'offrir un type de programmation qui plaît à
notre histoire très vase et rapporte d'importantes
recettes qui aident à financer nos émissions
spécialisées.
7950 Ces émissions jouent également un
rôle clé dans le maintien d'un réseau de stations
affiliées qui permettent à Radio-Canada d'être
accessible à tous les Canadiens et Canadiennes.
7951 Bon, je pense cet énoncé-là corrobore
celui de Sport Québec à l'effet que Radio-Canada a une
vision exclusivement élitiste et professionnelle du
sport.
7952 Les Jeux Olympiques au deux ans où on
a investi 170 millions $ américains. On a investi dans
les millionnaire du sport sur une base régulière, je
pense aux sports professionnels que sont le hockey et
le base-ball.
7953 Cela corrobore aussi la position de
Sport Québec sur le fait que Radio-Canada devient un
concurrent du sport amateur dans la recherche du
financement.
7954 Plusieurs entreprises préfèrent
injecter leurs fonds dans la télédiffusion olympique
plutôt que le sport amateur et certaines même ont
retiré ou réduit leur soutien au sport amateur sous ce
même prétexte.
7955 Cela corrobore aussi l'énoncé que le
placement publicitaire olympique est rentable et ne
sert pas à d'autres productions sportives, mais est
bien réinjecté dans le fonds d'exploitation de
l'entreprise pour des émissions spécialisées et le
maintien des stations affiliées.
7956 Donc, il n'y a aucune retombée
positive directe pour le sport amateur québécois sur
l'accès à la programmation par la diffusion des
événements de niveau québécois et canadien.
7957 La situation actuelle de la
télédiffusion du sport amateur à la SRC, sur une base
régulière, SRC aucune heure. CSC, deux heures en fin
de semaine. CBC les nouvelles du sport en
télédiffusion sont locales, donc avec un pourcentage
plus important de sport amateur. A la SRC, ce sont des
nouvelles du sport en diffusion nationale avec un
pourcentage pour le sport amateur.
7958 Pour donner un exemple, les Jeux du
Commonwealth avec la présence de la CBC pour des
émissions spéciales et la présence de la SRC pour des
bulletins puis si vous voulez à l'intérieur toujours du
bloc d'une demi-heure des nouvelles.
7959 Il y avait une équipe de 60 personnes
de CBC qui assuraient quotidiennement deux heures de
télédiffusion en période de grande écoute de 20 h 00 à
22 h 00, alors qu'à Radio-Canada, on avait trois
représentants et un bref résumé de quelques minutes au
bulletin de fin de soirée de 23 h 00.
7960 "Dixit", pour plusieurs autres
événements sportifs, actuellement, si on veut être
d'actualité, CBC diffuse déjà une émission préparatoire
aux Jeux Panaméricains alors qu'à la SRC, on a encore
rien.
7961 L'écart de diffusion entre la SRC et
CBC corrobore aussi l'énoncé que nous faisons de
discrimination envers les francophones. On s'interroge
sur la possibilité de la SRC de partager les ressources
de l'ACBC et de d'autres télédiffuseurs aux Jeux
Olympiques, possibilité qui ne semble pas se
concrétiser dans d'autres événements.
7962 Des conséquences dramatiques sur le
financement, le désistement de Radio-Canada, ça oblige
les organisateurs d'événements sportifs de trouver du
financement additionnel pour la télédiffusion de
cesdits événements. Donc, des sommes importantes
s'ajoutent aux commandes de recherche de financement
des organisations des programmes et des événements
sportifs.
7963 Il n'y a pas d'accès à des services
auparavant gratuits et il y a eu un refus de la SRC de
s'associer aux organismes de sport amateur qui se
mettent à porter une partie du financement.
7964 Un exemple, si vous voulez, tout à
l'heure, on pourra en parler davantage, des Jeux du
Québec.
7965 L'inaccessibilité des décideurs.
Moi, je peux faire une petite parenthèse, si vous me
permettez, on est allé à la Commission Mills, il y
avait une étude sur le sport au Canada. On a fait état
de la problématique de la télédiffusion en français.
Là on a dit le gouvernement n'a pas à s'ingérer dans la
gestion, l'administration et la programmation de la
Société d'État qui est la SRC, que le gouvernement
canadien finance.
7966 On a écrit donc ici l'expérience est
révélatrice en... on n'a eu aucune réponse en trois ans
de la direction des sports à la présidence, pas même un
accusé de réception.
7967 Si vous voulez, je vais vous donner
toutes les démarches qu'on a faites pour essayer d'au
moins entrer en contact avec les décideurs de la SRC.
7968 Nos correspondances adressées à la
haute direction sont restées sans réponse, au moment où
nous offrons à la SRC des fonds pour contribuer à la
télédiffusion, elle nous incite elle-même à investir
ces fonds ailleurs. Les exemples c'est TQS aux Jeux du
Québec à l'été 97, RDS, et caetera, pour les
championnats nationaux, les événements internationaux
ou les Jeux du Canada.
7969 La SRC, d'un autre côté justifie sa
présence à des événements sportifs d'envergure
régionale, je parle ici des Jeux de l'Acadie, par une
obligation de valorisation du fait francophone, mais
exclut cette obligation par rapport aux québécois.
7970 Devant témoin, on nous signifie que
les francophones hors Québec peuvent compter sur une
télédiffusion francophone de leurs événements, ce que
dit, dixit, Radio-Canada, n'est pas requis au Québec.
7971 Pour les décideurs du sport à
Radio-Canada, point d'ambiguïté la société distincte
existe et ce, bien sûr, nonobstant que le nombre de
contribuables francophones québécois qui participent
généreusement au soutien financier de ladite société
d'État.
7972 L'autre point qu'on veut soulever,
c'est la sous-utilisation des ressources de
Radio-Canada actuellement. Donc, en assumant pendant
plusieurs décennies la presque totalité de la
télédiffusion, des événements de sport amateur le
service des sports de la Société Radio-Canada a
développé des compétences exceptionnelles tant sur le
plan technique que celui de la production.
7973 Le mandat de télédiffuseur olympique
officiel a inévitablement conduit la SRC a préserver
une forte proportion de ses actifs dans le domaine des
ressources en sport où on s'interroge et où on
s'interroge, c'est sur leur utilisation entre deux
éditions olympiques parce qu'entre les Jeux Olympiques,
je m'excuse, à Radio-Canada, il n'y en a pas de sport
amateur. Donc, à l'exclusion de la participation aux
nouvelles de la section SRC et RDI.
7974 Donc, en conclusion, s'il y a un
secteur dans lequel il nous faut déplorer un recul
important du sport, c'est bien celui de la
télédiffusion par la SRC, que Radio-Canada ait décidé
que le goût des québécois et des québécoises reposait
viscéralement et essentiellement sur le domaine des
variétés nous laisse une impression étrange, pour tout
ceux et celles et ils sont nombreux dont les champs
d'intérêt sont moins sectaires.
7975 Que Radio-Canada justifie de tels
choix sur la base présumée de cote d'écoute nous laisse
fort sceptiques. Nous constatons plutôt que les
décideurs ont volontairement inscrit la télévision
d'État dans la foulée des télédiffuseurs privés en
poursuivant uniquement des supposés objectifs de
rentabilité et en faisant abstraction des éléments
fondamentaux qui devraient pourtant distinguer ce
mandataire para-public.
7976 Donc, nous interpellons ici le CRTC
pour une action directe, immédiate visant à redresser
une situation déplorable qui, si elle persiste, va
continuer à porter un préjudice grave à tous les
québécois et québécoises évoluant sur la scène sportive
amateur.
7977 Donc, plus spécifiquement Sport
Québec demande au CRTC une intervention visant, un, à
diffuser à la télévision d'État un certain nombre de
réalisations sportives sans restriction élitistes et de
sport professionnel, à corriger la situation de
discrimination dont sont victimes les francophones du
Canada dans la couverture télévisuelle sportive par la
Société d'État, la Société Radio-Canada,
comparativement à celle offerte par CBC pour la
communauté anglophone et, troisièmement, à obliger la
SRC dans le domaine du sport à assumer son mandat de
régionalisation dont sont actuellement privés les
sportifs du Québec comparativement à ceux des autres
régions canadiennes.
7978 Merci.
7979 LA PRÉSIDENTE: Merci. Je demanderais
à madame Wylie de vous poser les questions, s'il vous
plaît.
7980 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour,
messieurs. Nous avons eu, évidemment, beaucoup
d'intervenants et dans les consultations aussi qui nous
ont répété que, de fait, spécifiquement à CBC, qu'il y
avait trop de sport et il y a aussi des questions qui
se posent au niveau de la SRC. Mais je vois que, à
votre avis, ça découle du mandat de la SRC de couvrir
cet aspect, ce genre d'émission.
7981 Alors, ce que vous nous suggérez, ce
n'est pas nécessairement de diminuer l'aspect sport à
Radio-Canada ni nécessairement de l'augmenter de
beaucoup, mais de le changer pour que ce ne soit pas
seulement les sports professionnels qui soient couverts
mais que ce soit les sports amateur.
7982 Mais élimineriez-vous le sport
professionnel ou ce que vous recherchez c'est un
meilleur équilibre entre les deux?
7983 MONSIEUR OUELLET: Moi, je pense que
souvent, nous, on se réfère au sport professionnel ou
au sport spectacle. C'est une entreprise.
7984 CONSEILLÈRE WYLIE: Au sport
spectacle?
7985 MONSIEUR OUELLET: Spectacle. C'est
une entreprise, c'est une industrie, puis qui, disons,
les commandites rattachées au sport professionnel le
démontrent. C'est très difficile d'avoir accès à des
données précises en passant sur la Société
Radio-Canada.
7986 De un, on n'a pas de réponse. Deux,
oui, on trouve l'information, mais de ce qu'on peut en
savoir c'est que le sport professionnel à travers la
publicité et la commandite ainsi que les Jeux
Olympiques font leurs frais, même génèrent des fonds
pour d'autres types d'émissions, et caetera.
7987 Nous, ce qu'on demande puis ce qu'on
sait, je n'ai pas l'information pour le valider, c'est
que à CBC les retombées économiques qui sont faites par
les émissions sportives sont réinjectées là, tandis que
à la SRC, on les met dans un fonds consolidé.
7988 Donc, ce qu'on se fait dire, c'est
qu'avec les coupures, si c'est ça la situation, c'est
que le sport, on le présente parce qu'il s'autofinance,
sinon on n'en aurait pas de sport à Radio-Canada. On
va sur cette prémisse-là, parce que c'est ce qu'on nous
dit ici.
7989 Ce qui est généré par les Jeux
Olympiques et le sport professionnel ne coûte rien des
fonds qui sont mis dans la société d'État parce qu'on
en retire des revenus, okay, et même on en fait des
profits puis on les réinjecte ailleurs dans l'ensemble
de la programmation de la Société.
7990 Mais pour répondre plus
spécifiquement à votre question, nous, ce qu'on dit, le
sport professionnel, c'est une réalité. Elle est
peut-être incontournable, puis la société d'État doit
participer à la télédiffusion de certains de ces
événements.
7991 Mais quand on parle de
régionalisation, quand on parle de télédiffuser des
Jeux Olympiques une fois aux quatre ans, qu'est-ce
qu'on fait entre les deux, qui des Jeux Olympiques
c'est du sport, encore là "amateur" parce qu'on n'aura
pas le débat sur qu'est-ce que c'est un amateur par
rapport à un professionnel, mais c'est ceux qui
normalement, amateurs, n'en font pas leur gagne-pain.
7992 Et actuellement, c'est qu'il y a des
événements qui, je pense, dans une culture, dans notre
pays, le sport est une composante importante et il y a
des événements, il y avait à Radio-Canada des émissions
comme "Les Héros du samedi", "L'univers des sports" et
je pense que les gens déplorent qu'on ait laissé ça
complètement de côté pour focusser uniquement sur du
sport professionnel, puis sur des Jeux Olympiques.
7993 Et il n'y a plus de place, aucune à
Radio-Canada pour s'adresser, disons, aux besoins de la
communauté sportive qui n'est pas élitiste, qui est des
jeunes qui veulent des modèles qui veulent être
reconnus, qui veulent se reconnaître à un moment donné
dans une société.
7994 Et le sport c'est un moyen
d'expression et pourquoi on ne l'utiliserait pas la
télévision, pour illustrer, disons, des modèles, des
exemples pour influencer nos jeunes à une pratique plus
régulière de l'activité physique et sportive.
7995 C'est dans ce sens-là, nous, qu'on le
voit et le sport professionnel n'est pas toujours un
exemple, si vous voulez, auquel on souscrit.
7996 Si on pouvait en discuter peut-être
plus longtemps là-dessus. Je ne sais pas si ça répond
à votre question.
7997 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui. Vous
mentionnez plutôt les sports spectacles et par ça vous
voulez dire, par exemple, les Jeux de Québec?
7998 MONSIEUR OUELLET: Non. Le sport
spectacle, c'est quand moi je vois le Canadien de
Montréal, c'est le sport spectacle, et où les gens
paient pour aller voir cela, puis après ça ils viennent
nous dire qu'on est pas capable de se financer, on
devrait avoir plus d'argent du gouvernement parce qu'on
va mettre plus d'argent sur nos professionnels qui vont
faire au lieu de 1.8 million $ en moyenne, ils vont en
faire 2.8 millions $, puis on dit, contribuez à ça.
7999 Je pense qu'on a un problème de
société, mais quand on a un jeune athlète qui est d'un
niveau bien souvent supérieur en termes de performance
à cet athlète professionnel qu'on nous montre à toutes
les semaines, puis à tous les canaux de télévision,
puis à tous les soirs.
8000 Comment se distingue la Société
Radio-Canada dans son mandat de complémentarité par
rapport à l'entreprise privée, ça ce n'est pas évident
actuellement.
8001 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que vous
vous êtes arrêté à comment on peut rediriger la
situation? Vous dites qu'il s'agit de corriger la
situation. Est-ce que vous verriez, par exemple, un
pourcentage de la programmation sportive qui devrait
être à un ratio quelconque qui devrait être des sports
amateurs ou est-ce que vous voyez simplement un ajout
de ces sports-là au niveau régional? Comment vous
verriez une intervention de la part du Conseil qui
serait équilibrée et intelligente pour se diriger
davantage vers vos buts?
8002 MONSIEUR OUELLET: C'est parce
qu'au-delà des nouvelles qui sont une demi-heure et
dont on a trois ou quatre, cinq minutes, puis cela
prend un événement réellement extraordinaire pour qu'on
en parle aux nouvelles du sport, ça c'est quelqu'un qui
vient de gagner une médaille sur le plan international,
alors que nos professionnels on nous en parle pendant
15 minutes de la médiocrité de la performance qu'ils
viennent de faire.
8003 On a un déséquilibre en termes du
poids relatif que l'on accorde à ces choses-là, puis on
dit aux gens que ça ne les intéresse pas, mais si on ne
leur en parle jamais, comment vous voulez que ça les
intéresse?
8004 Moi, je veux bien qu'on parle de
diète et d'un menu équilibré, mais les gens n'ont
jamais dans leurs assiettes ou sur la table la
possibilité d'y avoir accès. Actuellement, c'est
fermé. Il n'y a pas d'accès. C'est les sports
professionnels. C'est les Jeux Olympiques. Puis c'est
les nouvelles du sport.
8005 Il n'y a aucune place pour avoir...
qu'on soit à une heure, deux heures par semaine,
d'avoir la présentation de d'autres facettes du sport
(on dit "amateur") qui permettraient justement de faire
la promotion, d'être un moyen de reconnaître des
performances qui ne sont pas à ce niveau-là, de
reconnaître, si vous voulez, des faits importants dans
la vie de jeunes et d'influencer d'autres jeunes à
s'inscrire dans une pratique de l'activité physique et
sportive.
8006 Donc, je pense qu'on a un rôle de
promotion, de diffusion, d'image, puis de modèle, puis
ce que je vous dis c'est que le sport professionnel
n'est pas nécessairement le modèle qu'on aimerait
véhiculer auprès de nos jeunes.
8007 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors, il
s'agirait d'une sensibilité plus grande à l'intérieur
de l'information et pas nécessairement la diffusion de
sports spectacles mais amateurs...
8008 MONSIEUR OUELLET: Non. Mais moi je
pense qu'il y a des événements. Je prends l'exemple
des Jeux du Québec.
8009 CONSEILLÈRE WYLIE: Certains
événements.
8010 MONSIEUR OUELLET: C'est sûr que si
on y va sur la base d'une cote d'écoute qu'on n'aura
pas un million de personnes qui va regarder ça. Tout
le monde est bien conscient de ça. Mais quand tu as
4 000 jeunes qui sont, exemple, à des jeux d'étés comme
on va avoir à Alma et qu'il y a 4 000 bénévoles, puis
qu'il y a 10 000 parents, puis cousins, il y a autour
de ça une dynamique culturelle, les régions qui se
rencontrent dans un contexte compétitif.
8011 On devrait avoir, je pense, comme
société d'État, un rôle face à une télédiffusion
d'événements de ce genre-là, alors qu'actuellement on
dit: Non, ce n'est pas dans notre grille-horaire. On
ne veut rien savoir de ça, sur quelle base on prend ces
décisions-là et c'est quoi la voie pour modifier, je
dirais, une perception aussi pointue qu'on a à ce
moment-ci du sport dans notre société
canadienne-québécoise. Et cela, je pense qu'il y a un
problème là.
8012 Moi, ce que je dis c'est qu'on
devrait avoir un pourcentage... actuellement, c'est
zéro. Est-ce que c'est 25 ou 30 pour cent? D'après
moi, c'est peut-être un ordre de grandeur, de temps
d'antenne et de production autour d'une réalité qui est
quand même importante dans une société actuellement.
Et là, on l'a focuser et restreint autour juste d'un
modèle du sport professionnel, puis j'appelle ça du
sport spectacle.
8013 Je pense qu'il faut ré-ouvrir, avoir
cette ouverture-là, et donner une place, je dirais,
plus importante. Là, il n'y en a pas de place. Alors,
quand je dis plus importante, c'est déjà 5 pour cent.
C'est déjà mieux, mais on n'est même pas capable
d'avoir quatre heures dans l'année...
8014 CONSEILLÈRE WYLIE: Ou même de
réponse à vos lettres?
8015 MONSIEUR OUELLET: De réponse à nos
lettres. Cela c'est encore pire. Donc, dans ce
sens-là, c'est comment on entre dans cette boîte
hermétique qui est la Société Radio-Canada, qui prend
ses décisions, puis qu'un moment donné, vous n'avez
même pas un besoin du public qui la finance.
8016 Moi, je trouve cela un petit peu
indécent quand je vois cette situation-là. Puis moi,
je suis ici comme bénévole. Je ne travaille pas à
temps plein. Moi, dans la vraie vie, j'enseigne à
l'université mais je suis dans un organisme comme ça où
bénévolement, on donne de notre temps.
8017 J'écris une lettre à une société
d'État, d'un organisme (je n'écris pas à titre
personnel) qui représente 800 000 personnes. Je n'ai
même pas un accusé de réception. Je me dis: Comment
est-ce qu'on va influencer cette société-là pour
qu'elle nous écoute? Bien, je pense que là, on n'a
même pas décrocher le répondeur. On a laissé ça là.
8018 Mais si on veut avoir une
communication, il va falloir que quelqu'un me réponde à
l'autre bout du téléphone. Puis là, on pourra
peut-être se parler d'un message qu'il faudrait
peut-être modifier de celui qu'on a actuellement.
8019 Puis, je pense que le fond de notre
mémoire c'est de dire: Un, on n'a pas de place; deux,
la place qui est occupée par ce qu'on appelle le sport
n'est pas celle qu'on voudrait voir et qu'elle devrait
être différente.
8020 S'il faut maintenir le sport
professionnel (je pense que c'est une réalité
incontournable) bien qu'on fasse de la place aussi pour
ce qui prépare le sport professionnel parce que les
joueurs de hockey, à titre d'exemple, ils viennent
d'où? Ils viennent d'un système de production du sport
amateur. Cela, je pense qu'il faudrait en parler. Il
faudrait voir comment ça se fait.
8021 Il faudrait voir aussi comment ces
jeunes-là vivent ça et je pense que c'est une société
d'État, un rôle face à ça et c'est ce qu'on revendique.
8022 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que je
résumerais votre pensée si je disais que quand
Radio-Canada et CBC disent que les sports, surtout le
hockey, ça fait partie de notre histoire. C'est
absolument important qu'on ne s'y rend pas au niveau
professionnel sans donner un coup de pouce aux amateurs
entretemps.
8023 MONSIEUR OUELLET: Mais comment
est-ce que vous expliquez qu'une société d'État,
exemple, n'a aucun intérêt pour télédiffuser les Jeux
du Canada? Cela ne fait pas partie de notre culture?
Pourquoi on fait des Jeux du Canada? Pourquoi on a les
provinces qui se rencontrent dans un contexte et
sportif et culturel, puis que la société d'État a dit:
Nous autres, ce n'est pas dans notre grille. Cela ne
nous intéresse pas. Ce n'est pas eux autres qui les
télévisent les Jeux du Canada, c'est l'entreprise
privée.
8024 Comment on s'adresse aujourd'hui à
une société d'État puis on leur dit: On est prêt à
regarder avec vous autres comment on pourrait...
donnez-nous le temps d'antenne... comment on pourrait
défrayer ou partager les coûts de production. On n'a
pas d'écoute. La porte est fermée.
8025 TVA, vous allez les entendre ici tout
à l'heure; c'est l'Avanti. Eux nous ont offert le
temps d'antenne. Il faut trouver le financement pour
la production. Mais moi je trouve ça inconcevable à
l'aube des années 2000 qu'on se fasse dire ça par une
société d'État.
8026 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous
remercions, messieurs. Nous aurons probablement
l'opportunité d'en reparler avant la fin de nos trois
semaines d'audience.
8027 MONSIEUR OUELLET: J'espère.
8028 LA PRÉSIDENTE: Je ne peux pas
résister! J'aimerais savoir: D'abord, vous parlez de
vos lettres à madame Saucier et à monsieur Beatty mais
du côté du réseau français, la maison de Radio-Canada
est sur René-Lévesque. Est-ce que vous avez pris
contact avec ces gens-là et essayer d'avoir les
échanges?
8029 MONSIEUR OUELLET: Oui.
8030 LA PRÉSIDENTE: Il n'y a pas d'écho?
8031 MONSIEUR OUELLET: Bien,
c'est-à-dire, il n'y a pas d'écho... Je vais vous
donner juste un petit historique.
8032 Le 11 septembre 1996, on a écrit à
monsieur Doyon, à ce moment-là directeur, une demande
de rencontre. Pas de réponse. Aucune. C'était par
correspondance.
8033 Au mois d'octobre, là on a écrit à
madame Copps. On a eu un accusé de réception, mais on
n'a pas de suivi. Elle a reçu notre lettre, mais ça
c'est comme si moi j'ai frappé à la porte, puis on m'a
dit: Il n'y a personne. Puis là, j'ai resté en face
de la porte.
8034 En octobre 1996, on a eu une
rencontre avec monsieur Doyon, Gérald Janneteau, Serge
Savard, qui était président dans les finales pour
essayer de voir si on ne pouvait pas... ça été non.
Puis là, le comité organisateur de Montréal a fait
affaire avec TQS.
8035 Septembre 1996 à janvier 1997, on est
passé par un interlocuteur pour avoir une réponse
auprès du bureau de madame Copps pour dire: Il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas.
8036 Ensuite de cela, on a eu l'annonce
par monsieur Beatty qui disait qu'il y aurait une
télédiffusion des Jeux de l'Acadie. Cela c'est
entretemps-là. Nous autres on essaie d'avoir une
réponse, mais on se fait dire que ça va exister.
8037 Au mois de janvier 1997, monsieur
Picard, un administrateur, dit qu'il n'y aura pas de
Jeux. On est absent dans le couverture des Jeux de
1997.
8038 Bon tout ça là, on l'a le scénario
pour se faire dire que c'est quaisément une fin de
non-recevoir. On a décidé que dans la grille-horaire
il n'y avait pas de place, puis essayez de vous trouver
un autre endroit pour aller jouer avec vos jouets de
sports amateurs, dans une autre cour. Dans la nôtre,
ça ne joue pas.
8039 LA PRÉSIDENTE: Dites-moi, monsieur:
Vous parliez avec madame Wylie de la possibilité que...
en fait, vous dites que n'importe quoi serait mieux que
ce qui existe présentement. En dehors des Olympiques,
il n'y a pas de visage amateur de sports à Radio-Canada
présentement.
8040 Pour vous, si vous aviez à mousser
une fenêtre, préférez-vous une fenêtre du type les
héros du samedi qui revient de façon régulière parler
de l'ensemble de la plate-forme jeunesse au Canada dans
le sport amateur ou ce que vous recherchez avant tout
c'est soit une couverture d'un événement de type Jeux
du Canada, Jeux du Québec?
8041 MONSIEUR OUELLET: Moi, je pense que
dans la grille-horaire de Radio-Canada on devrait avoir
une heure ou deux heures par semaine, hebdomadaires qui
pourraient être réservées à certains moments donnés à
des événements spéciaux, que ce soit les Jeux du Canada
ou les Jeux du Québec, peu importe, mais qu'on ait une
continuité, qu'on ait une fenêtre, qu'on puisse mettre
en évidence ce qui se fait avec nos jeunes dans leur
recherche, si vous voulez, de satisfaction de besoin à
travers le sport. C'est pas toujours à travers une
excellence sur le plan national et international.
8042 Donc, il y a des gens qui le font
parce que pour eux c'est un moyen de développement
intégral, et caetera. Ce qu'on recherche nous c'est
qu'on ait une plage, qu'on ait une fenêtre sur une base
régulière, et à ça se grefferait un certain nombre
d'événements spéciaux où il y a une interrelation avec
ce qu'on a couvert sur une base régulière, et ce n'est
certainement pas de diminuer ce qu'il y a à CBC pour
dire: un nivellement par le bas. Il y en a trop à
CBC. C'est Radio-Canada le standard. Ce n'est pas
cela du tout notre revendication. C'est l'inverse.
8043 C'est qu'actuellement on est les
parents pauvres et cela ne veut pas dire d'en appauvrir
d'autres pour nous amener au même niveau que nous
autres. C'est beaucoup plus de supporter davantage le
sport amateur à travers une régularité et sans avoir à
se battre continuellement pour avoir un petit peu de
temps d'antenne et de frais liés à la production
d'émissions.
8044 LA PRÉSIDENTE: Merci infiniment de
votre participation, messieurs.
8045 MONSIEUR OUELLET: Cela nous a fait
plaisir.
8046 LA PRÉSIDENTE: Bons Jeux du Québec
cet été.
8047 MONSIEUR OUELLET: Merci.
8048 MADAME SANTERRE: J'inviterais
monsieur Jacques Languirand à présenter son
intervention dans le cadre de cette audience.
8049 LA PRÉSIDENTE: Monsieur Languirand,
bienvenue. C'est un plaisir de vous voir. On vous
entend souvent. Cela va être agréable de vous voir et
de vous entendre ce matin.
INTERVENTION
8050 MONSIEUR LANGUIRAND: Vous êtes bien
aimable. J'ai bien conscience que je vais vous
entretenir de généralités par rapport à toutes les
questions d'ordre pratique qui sont soulevées devant
vous aujourd'hui.
8051 Je viens, je le signale, à titre
personnel, à titre de dinosaure peut-être puisqu'au
fond, en octobre prochain, il y aura 50 ans que je
travaille pour la radio publique à un titre ou à un
autre et je voulais en dire tout le bien que j'en
pense.
8052 Peut-être qu'une des confusions entre
la mission, si vous voulez, le mandat de la radio
privée et de la radio publique vient de ce qu'il y a
une confusion qui existe à propos de la définition de
culture. Mais très rapidement, on peut rappeler qu'il
y a un niveau de culture qui est du niveau
anthropologique, c'est-à-dire au fond que Coca-Cola
fait partie de la culture, l'architecture fait partie
de la culture, tout fait partie de la culture
finalement. Je pense que la radio privée peut très
bien faire état de cela.
8053 Mais il y a un autre niveau de
culture, un niveau plus critique. C'est ce que
j'essayais de définir ici à propos des valeurs
collectives et individuelles en disant que la radio en
général est nécessairement le reflet de ces valeurs.
Mais la radio publique a plus particulièrement la
mission de les nommer, c'est-à-dire de les définir,
d'en éclairer la portée, parfois même, de les remettre
en question.
8054 C'est particulièrement vrai à une
époque comme celle que nous traversons, qui est une des
époques les plus intéressantes peut-être de l'histoire
de l'humanité, mais où il nous faut tenir compte de
l'évolution rapide de la vie dans notre société, de
l'état de crise dans lequel on se trouve. Il me semble
que de ce point de vue-là, la radio publique a une
fonction précise. À l'époque où éclatent les valeurs
traditionnelles, cette mission est capitale.
8055 J'utilise souvent quand à moi une
grille d'interprétation que j'emprunte à l'historien
Braudel, qui parle de l'histoire comme d'un phénomène
qui se déroule à trois niveaux: dans le temps court,
dans le temps moyen et dans le temps long et qui dit
toujours qu'il est impossible de saisir exactement ce
qui a pu se produire à une époque si on ne tient pas
compte de ces trois niveaux de fonctionnement-là:
temps court, temps moyen, temps long.
8056 C'est devenu chez moi une véritable
obsession que de parler de ça à propos de l'évaluation
des contenus des médias. Il y a des médias qui sont le
plus naturellement destinées à véhiculer le temps court
et c'est très bien de le faire. C'est très important.
8057 Il y en a d'autres qui semblent avoir
davantage pour fonction de véhiculer peut-être aussi le
temps court mais de passer au temps moyen, c'est-à-dire
d'interpréter le temps court, les événements du temps
court en fonction d'une grille plus vaste, d'un regard
plus élargi, et même dans le temps long, pour donner
une référence plus précise de ce que Braudel pouvait
entendre et de ce que je fais de son application au
niveau des médias, l'information est l'information des
événements qui se produisent dans le monde.
8058 Mais le temps moyen c'est plutôt
d'ordre d'une interrogation, si vous voulez, ou un
regard, je devrais dire plutôt, qui tient de la
sociologie, de la psychologie également.
8059 Le temps long c'est plutôt de l'ordre
de l'anthropologie, de l'histoire et de la géographie,
si on peut dire, comme par exemple, une des raisons
pour lesquelles les problèmes écologiques sont si mal
abordés dans les médias, selon moi, c'est qu'on ne voit
pas où situer ce propos à l'intérieur des informations
de temps court puisque ce sont des questions qui
concernent le temps long.
8060 Être capable de regarder où va la
couche d'ozone, et caetera, être capable de considérer
ces questions-là, cela suppose un regard très large,
très vaste et que seules, je pense, la radio et la
télévision publique sont capables de fournir dans une
société comme la nôtre. Encore une fois, ce n'est pas
une critique des gens du temps court et de la radio et
de la télévision d'accompagnement ou de divertissement,
mais je pense qu'il y a lieu quelque part pour aborder
les questions d'un autre point de vue plus élargi.
8061 Quand à moi aussi, je garde toujours
en tête, et c'est dans cette perspective-là que j'anime
mes émissions, je garde toujours en tête qu'en somme
nous sommes en train dans la radio et la télévision de
nous adresser à la génération la plus instruite de
l'histoire de l'humanité. On a un peu tendance quand
on n'a qu'un regard commercial sur les choses ou
"affairistes", on a un peu tendance à négliger cette
réalité-là en disant: On va les divertir au plus bas
niveau dénominateur commun, si je peux dire.
8062 Bien sûr que tout le monde à un
moment ou l'autre se retrouve à ce niveau-là aussi.
Moi aussi, j'aime bien être diverti. J'aime bien
m'amuser. Mais on ne tient pas, je pense, suffisamment
compte si ce n'est dans la radio publique et la
télévision publique qui devrait le faire en tous les
cas, de ce qu'on s'adresse à des gens qui sont au
départ instruits et qui n'ont pas toujours la paresse
de céder à tous les appels des sirènes, si je peux
dire, et qui acceptent d'écouter des émissions dans
lesquelles on va leur donner un bagage sur les
événements, et caetera.
8063 J'accorde aussi personnellement
beaucoup d'importance à la langue, bien sûr. La langue
évolue. C'est un véhicule qui se transforme sans
cesse. Il faut à la fois être très alerté et regarder
des transformations et les accepter ou parfois d'en
retarder l'application ou de se référer à une structure
linguistique plus vaste et plus classique, si je peux
dire, et cela, il y a seulement la radio publique qui
peut rendre ce service-là, surtout pour assurer la
survie de la communauté francophone en Amérique du
Nord.
8064 Aussi, il y a par ce biais-là, un
lien très important. Il existe une association, si
vous voulez, j'entends au sens large du terme, une
fédération des radios de langue française qui rendent
très grand service et seulement la radio publique peut
vraiment assurer la représentation d'une nation ou
d'une société dans le cadre d'un ensemble international
ou mondial.
8065 Je voulais aussi rappeler que
l'auditoire d'une radio publique n'est pas
nécessairement pointu puisqu'il faut être assez
généraliste et faire appel à divers segments de la
population-même auxquels très souvent on ne
s'adresserait pas dans d'autres radios (je pense en
particulier à la place que l'on fait aux jeunes) tout
en apportant la précision que j'aurais pu aussi me
présenter devant vous comme animateur de radio jeunesse
parce que mon auditoire, pourtant, qui au départ sort
d'une émission qui est peut-être amusante par moments
mais aussi peut être assez sérieuse à l'occasion,
recrute un public relativement jeune également, ce dont
je suis très fier, mais qui démontre bien qu'on
s'adresse à une génération qui au départ est très
instruite. Voilà.
8066 Alors, il y a aussi le service public
que je pense prendre l'exemple que la radio d'État de
la radio publique a pu faire au moment de la tempête de
verglas, par exemple, où tout à coup, elle a joué le
rôle d'un agora, d'un lieu de rassemblement, d'un lieu
d'échange d'information, de soutien également,
d'entraide, avec un appel aux bénévoles, et caetera.
8067 J'ai trouvé que c'était une radio
extrêmement dynamique et qui était irremplaçable de ce
point de vue là et qui avait la souplesse de pouvoir le
faire en changeant immédiatement ses structures de
programmation pour répondre à des besoins très précis
comme ceux-là qui ne sont pas de nature commerciale.
Voilà.
8068 C'est tout ce que j'avais à vous
dire, si ce n'est que je vous aime bien aussi!
--- Rires / Laughter
8069 LA PRÉSIDENTE: Monsieur Languirand,
vous me permettrez de profiter de votre participation à
cette audience puisque vous avez la sagesse d'une
longue carrière à la radio et à la télévision aussi.
8070 MONSIEUR LANGUIRAND: Oui.
8071 LA PRÉSIDENTE: J'aimerais vous
entendre... au moment du début de l'audience, on
évoquait toutes sortes de commentaires qu'on a entendus
à l'endroit de la radio et de la télévision et je
soulevais la question auprès des dirigeants de
Radio-Canada: Est-ce que le fait que la radio publique
est sans commerciales a eu un effet pour un attachement
qu'on a ressenti quand on a fait notre consultation
régionale au mois de mars plus avoué et plus accentué?
8072 Celui pour la télévision est là. Il
est présent aussi. Mais on tentait de trouver quels
étaient les caractéristiques qui faisaient en sorte que
l'attachement pour la radio était plus marqué. Vous
qui avez cette expérience, est-ce que vous pourriez
nous faire part de quelles sont vos observations à cet
égard-là? Est-ce que de fait l'aspect ou non
commercial vient vraiment avoir un impact dans cet
attachement puis dans le caractère unique du diffuseur
public?
8073 MONSIEUR LANGUIRAND: Probablement.
D'une certaine façon, oui, mais d'un autre côté, je
vous dirais qu'il y a toujours lieu d'être plus attaché
par la radio que par la télévision parce que la radio
passe par l'oreille, par l'ouïe, et caetera,
c'est-à-dire elle rejoint le cerveau au niveau émotif
immédiatement. Mais la télévision ce n'est pas la même
chose. La télévision est à l'extérieur de nous. Ce
qu'on entend de la radio est à l'intérieur.
8074 Alors, si vous voulez, il y aura
toujours un plus grand public pour la télévision, bien
sûr, parce que c'est un lieu de spectacle, de
divertissement et non sans intérêt, bien sûr, mais il y
aura toujours une tendance à avoir pour la radio, selon
moi, un attachement particulier parce que c'est plus
personnel aussi. C'est plus individuel.
8075 À la radio, on a beau regardé la
lentille et s'adresser, dit-on, à une personne, la
personne ne se sent pas tellement, au fond,
véritablement regardée, tandis qu'à la radio, la
personne sent qu'on parle pour elle et qu'on parle très
souvent pour elle toute seule. C'est plutôt ça, je
pense, qui explique cet attachement-là.
8076 Il faut pouvoir être conscient de ça
d'une part et aussi donc accorder l'importance qui
revient à la radio parce qu'en cas de grande
difficulté, c'est la radio qui pourrait le plus rendre
de services de ce point de vue-là en s'adressant aux
individus au sens du devoir, évoquant des valeurs, et
caetera. Cela paraît toujours plus vrai quand c'est à
la radio qu'à la télévision, qui est perçue plutôt
comme un ensemble plus indifférent, si je peux dire,
puisqu'on peut davantage zapper qu'on peut...
8077 Voilà. Je ne sais pas si ça répond à
votre question.
8078 LA PRÉSIDENTE: Oui, très bien. Très
bien. Sur la radio ou votre observation de la radio
présentement, est-ce qu'il y a des espaces que vous
voyez que la radio publique occupe mieux que d'autres
où vous trouvez que le renouveau est là? Est-ce que
vous êtes confiant dans l'avenir de la radio publique?
8079 MONSIEUR LANGUIRAND: Oui. Moi, je
ne suis passéiste de ce point de vue-là. Quand je
regarde des émissions de mes confrères et de mes
consoeurs, je les regarde évidemment avec un certain
recul étant donné que l'âge peut au moins aider à avoir
ce recul-là et je constate qu'ils font un travail
considérable, que les émissions sont très bien
préparées, très pensées.
8080 De plus en plus d'ailleurs, il y a
comme un espèce de concurrence, de compétition au bon
sens du terme, entre les animateurs qui essaient
vraiment d'apporter le meilleur d'eux-mêmes et je crois
que la radio se remet en question plus facilement que
la télévision et c'est ce qu'elle fait constamment par
non pas nécessairement des remue-ménage majeurs et
collectifs mais très souvent par des rencontres
informelles.
8081 Comme cela, il est possible de faire
bouger la radio sans nécessairement s'engager dans des
grandes séances de matraquage public. Il serait
possible de susciter des changements à l'intérieur de
la radio plus facilement et je pense que de ce point de
vue-là, la radio doit rester sur ses ergots, si je peux
dire, et s'adapter à une nouvelle réalité constamment,
mais je pense qu'elle le fait très bien.
8082 LA PRÉSIDENTE: Où souhaiteriez-vous
que la télévision développe de nouvelles audaces par
exemple?
8083 MONSIEUR LANGUIRAND: C'est une
question difficile. Je pense qu'un des problèmes
aurait été finalement que les coupures dans les
budgets, dans les argents disponibles pour la
télévision ont entraîné une obligation de se redéfinir
au niveau de la programmation en fonction d'un revenu
commercial qui fait que Radio-Canada a ébranlé un peu
son mandat et le mandat ne peut être assumé
correctement qu'avec malheureusement probablement un
budget plus élevé que celui qui est accordé
présentement et qu'alors c'est un peu l'histoire de la
cause et l'effet.
8084 Il y a une confusion parce qu'on
pourrait très bien dire: On a perdu une partie du
mandat de vue. Oui, mais on n'a pas pu faire autrement
parce qu'on n'avait pas l'argent pour maintenir
l'auditoire, et caetera. C'est un choix à faire et
quand je vois le prix qu'on paie les hélicoptères et
qu'on paie pour entretenir les forces armées pour
défendre une culture, je me demande pourquoi on ne
serait pas capable de trouver l'argent nécessaire pour
la culture-même, avant de la défendre, de lui donner
des moyens d'exister et de se manifester. Voilà.
8085 LA PRÉSIDENTE: Monsieur Languirand,
merci infiniment de votre participation et d'être venu
ici.
8086 MONSIEUR LANGUIRAND: Je vous
remercie beaucoup et j'ai le plaisir de vous dire: Bon
appétit
8087 LA PRÉSIDENTE: Merci. À vous aussi,
monsieur Languirand. Bon voyage de retour.
8088 MONSIEUR LANGUIRAND: Merci.
8089 LA PRÉSIDENTE: Merci.
8090 Nous interrompons pour le lunch. On
va le faire rapidement de telle sorte qu'on puisse
rapidement revenir et entendre les intervenants
suivants et qu'on puisse ensemble ou enfin, chacun de
notre côté, profiter de l'après-midi un peu.
8091 Alors, nous serons de retour à
1 h 30. À tout à l'heure.
--- Suspension pour à / Recess at 1240
--- Reprise à / Upon resuming at 1335
8092 LA PRÉSIDENTE: Alors, madame
Santerre, voulez-vous, s'il vous plaît, nous présenter
notre prochain intervenant qui a été très patient!
8093 MADAME SANTERRE: Oui, certainement.
Alors, c'est la Société pour la promotion de la relève
musicale de l'espace francophone avec monsieur
Jean-Robert Bisaillon.
8094 Monsieur, la parole est à vous.
INTERVENTION
8095 MONSIEUR BISAILLON: Bonjour, madame
la présidente. Bonjour, mesdames et messieurs les
conseillers.
8096 Je suis donc Jean-Robert Bisaillon,
directeur général de la Société pour la promotion de la
relève musicale de l'espace francophone.
8097 Je suis ici pour vous entretenir du
phénomène des musiques émergentes et de la relève et
aussi de vous entretenir d'un cas spécifique fort
intéressant à la radio de la première chaîne de
Radio-Canada, soit l'émission "Bande à Part" qui est
une émission consacrée à ce phénomène musical.
8098 Je vais vous parler brièvement de la
SOPREF, ce qu'on est, ce qu'on fait. La SOPREF est une
société sans but lucratif qui a comme mission
principale de faciliter l'accession à la profession aux
nouveaux artistes du secteur de la musique populaire et
à ceux dont la démarche de création évolue
parallèlement à l'industrie commerciale de masse.
8099 La SOPREF est née du Forum des
musiques amplifiées, un événement qui s'est tenu en
1997, 1998, et qui répond aux besoins formulés par les
milieux de la relève qui s'exprimaient à ce moment-là
quant à la nécessité de se doter d'une structure
permanente de représentation.
8100 Le Forum des musiques amplifiées a
produit 39 recommandations et plusieurs d'entre elles
font appel au concours des médias pour augmenter la
visibilité de la scène émergente.
8101 La SOPREF compte 200 membres. Après
moins d'une année d'expérience, sa base de données
répertorie près de 2 000 artistes répartis dans 700
formations actives.
8102 Au moins la moitié d'entre eux
s'expriment en français et presque tous créent pour un
auditoire de jeunes adultes, consommateurs de disques
et de spectacles.
8103 Nous pouvons évaluer à près de 200
les disques qu'ont publiés ces artistes à compte
d'auteur au cours des deux dernières années et ces
productions représenteraient près de 20 pour cent de la
production discographique canadienne de langue
française si elles étaient officiellement
comptabilisées.
8104 C'est cette nouvelle réalité
qu'adressaient, en février, les rencontres du disque et
de la radio de l'ADISQ par sa journée sous le signe des
nouvelles tendances, comme la SOCAN qui a créé en 1998
son prix pour les musiques amplifiées, comme la SODEQ
qui vient de concrétiser une recommandation du groupe
de travail sur la chanson québécoise en créant un
programme de soutien aux entreprises du secteur para-
industriel, tout comme le Conseil des arts et des
lettres du Québec qui vient aussi de créer un programme
spécifique de soutien à la chanson.
8105 La SOPREF milite pour un pluraliste
des formes d'expression en chanson francophone et en
musique populaire en général, toutes langues et tous
styles confondus.
8106 Les musiques et la chanson de chez
nous sont entrés dans une phase de mutation importante
(enfin, c'est ce qu'on croit) marquée par l'arrivée par
une masse critique de nouveaux créateurs et
manifestement par une modification des attentes du
public.
8107 Il est donc du devoir de la radio
d'état canadienne de refléter cet état de fait et de
participer à son essor.
8108 La première chaîne de la radio de la
SRC est le seul diffuseur national sérieux qui soit à
même de relever ce défi. On pourrait d'ailleurs
extrapoler et dire que le télévision aussi pourrait y
jouer un rôle.
8109 Je vais vous parler brièvement d'une
expérience qui se joue à la BBC Radio One depuis 20
ans, qui est celle de John Peel qui oeuvre à cette
radio d'état britannique. Il tient le micro d'un
émission hebdomadaire ou bihebdomadaire, selon les
années, dont le but avoué est de découvrir les nouveaux
talents.
8110 Depuis plus de 20 ans, monsieur Peel
et la BBC se sont engagés dans la captation de concerts
d'artistes rock et ont publié une quantité phénoménale
d'albums "live" sous le nom des "Peel Sessions".
8111 Ainsi, ils ont fait connaître et
découvrir des artistes tels Pink Floyd, Led Zeppelin,
Sex Pistols, Joy Division, Pixies, Nirvana. On parle
des plus connus. Ils n'étaient pas connus
nécessairement au moment où ils ont fait les émissions
avec monsieur Peel.
8112 Depuis toujours, la BBC est engagée
dans la découverte de nouveaux talents et ce, sans
autocensure et sans crainte de fouiller parfois les
musiques très innovatrices.
8113 Depuis le milieu des années 1980, il
faut aussi saluer le travail de la CBC qui a créé
l'émission "Brave New Waves" qui permet aussi de donner
une voix aux musiques émergentes du Canada anglais.
8114 Depuis 1996, la SRC de Moncton
produit l'émission "Bande à Part" qui vient joindre sa
voix au milieu des musiques émergentes de langue
française. Elle vient reprendre d'une certaine façon
qu'avait tenu l'émission "Sept Heures Bonhomme" durant
les années 1980 sur les ondes de CBF 690, mais qui a
été interrompue.
8115 À titre d'illustration, quel ne fut
pas mon plaisir d'entendre sur les ondes de la radio
d'état le groupe Barf, c'est un exemple, en entrevue
avec Pierre Landry lors de la première saison estivale
de "Bande à Part".
8116 Le groupe Barf, dont les débuts
remontent à 1989 et à la compilation "Lâché Lousse Un",
présente un son unique de métal et de folklore
québécois. Et jamais Barf n'avait, avant 1996, fait
une incursion radiophonique hors des ondes
communautaires ou étudiantes et ce, malgré une
production de trois albums.
8117 Depuis trois ans, "Bande à Part" a vu
se succéder en entrevue sur ses ondes les meilleurs
noms de la chanson et de la musique amplifiée
d'aujourd'hui et de demain. On parle de Anonymus, de
Délirium Circus, Dubmatique, French B. Guérilla, Kiéko,
Kif Kif, Lili Fatale, Les Secrétaires Volantes, Zéro
Degré Celcius, Les 3/4 Putains. Ce n'est qu'une partie
et la pointe de l'iceberg.
8118 Il revenait à la radio d'état
généraliste de prendre le relais sur les stations de
courte portée. Et l'équipe de la SRC de Moncton a eu
la passion et la rigueur intellectuelle de s'acquitter
de cette tâche.
8119 Depuis, "Bande à Part" nous a
habitués à une qualité de recherche impeccable. Madame
et messieurs Catherine Pogonat, Léo Thériault, Vincent
Martineau gardent un contact soutenu avec les milieux
créatifs, notamment par courrier électronique.
8120 L'émission s'implique et échange
volontiers ses informations avec les artistes. Elle
acquiert les disques qu'elle diffuse lorsque les
artistes n'ont pas les moyens de lui envoyer des
échantillons promotionnels.
8121 Elle diffuse systématiquement toute
promotion émergente de qualité et ce, sans sectarisme.
Les nouvelles tendances "hip-hop" ou "électronica" y
côtoient les genres plus radicaux comme le "punk" et le
"métal". La nouvelle chanson y est aussi à l'honneur.
8122 Ce travail de promotion pluraliste
est d'autant plus louable que la SRC en a fait une
émission réseau et qu'elle permet ainsi la rencontre
des artistes urbains de Montréal, par exemple, et des
auditoires ruraux de partout au Canada français.
8123 "Bande à Part" est aussi engagée dans
la promotion bilatérale des musiques émergentes. Elle
couvre la présence d'artistes canadiens à l'étranger et
nous fait découvrir de nouveaux artistes de la
francophonie hors Canada.
8124 "Bande à Part" utilise de plus son
site Web et son logiciel de clavardage Internet ICQ de
façon vraiment active en faisant un outil d'échanges et
de "feedback" avec son auditoire.
8125 L'émission "Bande à Part" fait plus
que ce que l'on pourrait s'attendre d'elle. Non
seulement réussit-elle à couvrir, de Moncton, une scène
montréalaise et canadienne hors Nouveau-Brunswick en
pleine ébullition, mais elle participe de plain-pied à
la promotion de cette scène et joue de plus en plus un
rôle d'acteur.
8126 Présente à Montréal lors du Forum des
musiques amplifiées, elle a présenté, en direct, sur
les ondes du 690 AM la première prestation en direct
d'un concert d'improvisation hip-hop francophone. Elle
relayait même aux organisateurs par Internet les
commentaires de l'auditoire.
8127 Présente à Rimouski en 1998, elle
diffusait, en direct, les prestations du groupe
parisien Mass Hystéria et rimousquois Mental Disorder.
8128 Toujours en 1998, elle s'impliquait,
de concert avec les émissions jeunesse de la SRC de
Montréal, dans la présentation du Kabaret Kerozen #14
en direct des Foufounes Électriques.
8129 Ces émissions de la première chaîne
francophone sont, sans aucune mesure de rapprochement
possible, comparables à l'attentisme grave qui grève
les ondes commerciales.
8130 J'aimerais revenir le jour où on
parlera des radios commerciales.
8131 La radio d'état, et plus
spécifiquement les émissions "Bande à Part" et "Macadam
Tribus", a repris le bâton de pèlerin. Elle diffuse
plus que jamais une radio de création et de découverte.
8132 Le cas de "Bande à Part" et des
engagements que prend la première chaîne avec cette
émission et avec l'ensemble des émissions jeunesse
démontrent de façon tangible jusqu'à quel niveau de
qualité la radio d'état peut aller lorsqu'elle fait
confiance à ses artisans et lorsqu'elle s'offre à son
auditoire.
8133 La radio de la SRC doit poursuivre
dans cette voie et nous devons lui en donner les
moyens.
8134 C'est ce que j'avais à dire.
8135 LA PRÉSIDENTE: Merci infiniment.
8136 Je demanderais à madame Wylie de vous
poser les questions du Conseil, monsieur Bisaillon.
8137 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour, monsieur
Bisaillon.
MONSIEUR BISAILLON: Bonjour.
8138 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous êtes en
train d'amuser certains de nos collègues anglophones
avec les "Foufounes Électriques". Et j'essayais de
traduire, mais...!
8139 LA PRÉSIDENTE: 3/4 Putains aussi, il
faut dire que c'est pas pire! Trois quarts, en
français, ce n'est pas complètement... tu sais, juste
trois quarts!
8140 CONSEILLÈRE WYLIE: C'est ça. Alors,
à la pause, je vais faire un effort, si vous pouvez
m'aider, pour traduire pour...
8141 MONSIEUR BISAILLON: "Electric
Buttocks!
8142 COMMISSIONER LANGFORD: I'm ready for
my break now!
8143 CONSEILLÈRE WYLIE: Although
"Foufounes", c'est beaucoup plus intéressant que
"buttocks".
8144 MONSIEUR BISAILLON: Oui.
8145 CONSEILLÈRE WYLIE: Ça, c'est
beaucoup trop anatomique.
8146 Maintenant, vous faites les louanges
ou l'éloge d'une émission de Radio-Canada. J'imagine
que, ce que vous voulez, c'est d'en avoir plus...
8147 MONSIEUR BISAILLON: Effectivement.
8148 CONSEILLÈRE WYLIE: ... que "Bande à
Part".
8149 MONSIEUR BISAILLON: Oui.
8150 CONSEILLÈRE WYLIE: Et il ne semble
pas que c'est un problème qui émane des régions.
8151 Vous, vous travaillez à Montréal?
8152 MONSIEUR BISAILLON: Oui, on est
basés à Montréal.
8153 CONSEILLÈRE WYLIE: Et c'est un
exemple d'un programme qui émane d'une région et qui,
quand même, peut encadrer ce genre d'effort si...
8154 MONSIEUR BISAILLON: Voilà.
8155 CONSEILLÈRE WYLIE: ... pour la
maison mère aussi.
8156 MONSIEUR BISAILLON: Alors qu'une
production est concentrée sur Montréal, toute la
production est concentrée sur Montréal, il y a une
émission qui, très loin de Montréal, parvient à... En
fait, je ne connais pas les motifs de départ des gens
qui ont fondé ou créé l'émission "Bande à part" mais, a
priori, le "challenge" semblait un peu impossible.
8157 CONSEILLÈRE WYLIE: Et ça a bien
fonctionné.
8158 MONSIEUR BISAILLON: Mais ils font un
excellent travail parce qu'il gardent un contact avec
les milieux.
8159 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que vous
êtes à l'affût d'indications de Radio-Canada de faire
des efforts semblables additionnels?
8160 MONSIEUR BISAILLON: Bien, en fait,
je sais que "Macadam Tribus" fait beaucoup d'efforts en
ce sens-là. Ils sont venus nous voir, parce qu'on a un
centre d'information de diffusion. On a accès à des
productions, à des enregistrements sonores aussi.
Donc, "Macadam Tribus", définitivement, s'ouvre aussi à
ce milieu-là.
8161 Donc, l'ensemble des émissions radio
semble être préoccupé par le phénomène des musiques
émergentes. Et j'en suis bien content parce que, comme
vous avez pu le voir aussi, j'ai mentionné "Sept Heures
Bonhomme", il est vrai que j'ai personnellement trouvé
que ça avait pris beaucoup trop de temps avant que
l'éveil se fasse.
8162 Donc, je ne peux pas faire autrement
que, aujourd'hui, demander qu'il y en ait davantage.
8163 L'ADISQ a mentionné le fait qu'on
pourrait retrouver un peu plus d'innovation dans les
émissions du matin, l'émission de grande écoute, ainsi
de suite.
8164 Certes, mais je pense qu'il y a aussi
des émissions en matinée ou en après-midi comme "Les
Refrains D'Abord" qui font une place à la nouvelle
chanson mais qui, de mon point de vue, sont encore un
peu trop frileuses.
8165 CONSEILLÈRE WYLIE: Quand vous parlez
de la musique émergente, vous parlez de genre relève ou
vous parlez de musique alternative ou de nouvelles dans
la...
8166 MONSIEUR BISAILLON: Notre
association regroupe à la fois des musiques nouvelles
en termes de recherche sonore, mais aussi parfois des
gens qui vont s'exprimer via un véhicule plus
traditionnel, mais qui sont de nouveaux
auteurs-compositeurs interprètes ou, parfois aussi, ce
sont des gens beaucoup plus âgés, qui ont une démarche
particulière, inusité, qui fait qu'ils ne trouvent pas
preneur nulle part ailleurs que sur les ondes de la
radio d'état ou, je vous dirais, des radios
communautaires ou universitaires qui, malheureusement,
n'ont pas de diffusion.
8167 CONSEILLÈRE WYLIE: Et cet après-midi
et dans votre intervention écrite, vous parlez du but,
dont vous faites les éloges, d'avoir un pluralisme
d'expression en toutes langues.
8168 Est-ce que vous référez au projet de
Radio-Canada à la première chaîne de réduire la musique
vocale, le niveau de musique vocale francophone pour
pouvoir plus facilement insérer de la musique en
d'autres langues, mais canadienne?
8169 MONSIEUR BISAILLON: Je n'y faisais
pas directement référence, mais une chose est
certaine...
8170 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous connaissez
ce projet?
8171 MONSIEUR BISAILLON: Je connais ce
projet et je puis vous confirmer qu'il existe, je vous
dirais même au moment où on se parle, suffisamment de
productions. Enfin, sinon, c'est une question de court
terme avant qu'il y ait une masse critique de
production en d'autres langues, canadienne en d'autres
langues que le français ou l'anglais, disponible pour
diffusion.
8172 Je ne m'opposerai effectivement, un
peu comme l'ADISQ, au fait que le quota de vocal
francophone soit légèrement réduit pour faire place à
des langues autres que le français.
8173 CONSEILLÈRE WYLIE: Et l'anglais, je
suppose.
8174 MONSIEUR BISAILLON: Et l'anglais,
oui.
8175 CONSEILLÈRE WYLIE: Je crois qu'ils
ont un programme qui s'appelle "Anglo Sound" qu'ils
veulent garder quand même. Mais le but de la réduction
de la musique vocale française semblait être pour y
ajouter ce pluralisme canadien.
8176 MONSIEUR BISAILLON: En fait, en ce
qui me concerne, ce qui serait davantage important,
c'est qu'on soit vigilants quant à la diffusion de
nouvelles musiques, de nouveaux artistes, de nouveaux
enregistrements.
8177 CONSEILLÈRE WYLIE: Et c'est très
possible que...
8178 MONSIEUR BISAILLON: J'ai un peu de
difficulté avec le vieux répertoire.
8179 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui.
8180 MONSIEUR BISAILLON: Il est bon qu'on
l'entende, mais il faut aussi vivre notre époque.
8181 CONSEILLÈRE WYLIE: Et ce
pluralisme-là, probablement, se référerait beaucoup
plus à de la relève...
8182 MONSIEUR BISAILLON: Oui.
8183 CONSEILLÈRE WYLIE: ... que de...
8184 MONSIEUR BISAILLON: Oui, à de la
relève ou à des sons qu'on entend peu ou jamais.
8185 Notamment, le "hip-hop", par exemple,
on sait que c'est devenu une folie qui gagne la
planète... je dirais, la France à tout le moins.
8186 Il y a de plus en plus de productions
"hip-hop" francophones intéressantes et on s'en fait
plutôt des gorges chaudes le matin qu'on en entend
vraiment sur les ondes de Radio-Canada.
8187 CONSEILLÈRE WYLIE: C'est là que les
Foufounes Électriques sont pratiques pour le "hip-
hop"!
8188 MONSIEUR BISAILLON: Ils y sont dans
les "Foufounes".
8189 CONSEILLÈRE WYLIE: Maintenant, vous
parlez d'un besoin d'amélioration de la qualité de la
distribution dans votre intervention écrite.
8190 À quoi vous adressez-vous? Vous
adressez-vous à la qualité de la distribution au niveau
technologique ou...
8191 MONSIEUR BISAILLON: Je ne me
rappelle pas avoir fait référence à ça, mais, oui,
effectivement, dans le texte. Je ne l'ai pas énoncé
verbalement mais, oui, effectivement, on parle de la
SOPREF qui de façon plus globale s'attaque au phénomène
de la distribution du disque, notamment par le biais
des nouvelles technologies, mais aussi par les moyens
traditionnels.
8192 On pense qu'il y a là aussi un
problème de pluralisme.
8193 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous parlez de la
distribution du produit?
8194 MONSIEUR BISAILLON: Du produit
8195 CONSEILLÈRE WYLIE: Pas la
distribution de la transmission.
8196 MONSIEUR BISAILLON: Non, non.
8197 CONSEILLÈRE WYLIE: Une meilleure
circulation du produit, mais cela s'adresse,
évidemment, à l'ajout de programmes dédiés à ces gens.
8198 MONSIEUR BISAILLON: C'est global,
cela a déjà été énoncé depuis le début de la journée.
Il n'y a rien qui puisse se faire de façon isolée. Il
faut que ce soit un ensemble de facteurs qui mis les
uns à contribution des autres finissent par faire en
sorte que ça fonctionne, quoi.
8199 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que vous
avez entendu la présentation de l'ADISQ?
8200 MONSIEUR BISAILLON: Oui, j'étais là
ce matin, oui.
8201 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que votre
organisation s'implique dans ces efforts de
sensibiliser davantage la radio au besoin de mousser la
circulation des produits?
8202 MONSIEUR BISAILLON: Dans la mesure
où on peut le faire parce qu'on est une jeune
organisation qui a moins d'un an, donc d'existence, et
pour l'instant, j'en suis le seul permanent.
8203 Mais, oui, notamment, j'ai siégé au
groupe de 13 sur la chanson québécoise donc c'était un
lieu pour aborder cette question. Notamment avec les
radiodiffuseurs privés et je veux dire, c'est un
combat, je vous dirais, que j'entame et pas seul.
8204 CONSEILLÈRE WYLIE: Et vous pensez
que monsieur Pilon est peut-être plus en mesure en ce
moment de faire peur à Radio-Canada que vous?
8205 MONSIEUR BISAILLON: Je ne saurais
pas dire mais, bon, je pense que le travail de l'ADISQ
et de la SOPREF sont complémentaires.
8206 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, et c'est
une question vraiment de collaboration entre les
transmetteurs du produit et ceux qui le produisent et
qui oeuvrent à la faire circuler.
8207 MONSIEUR BISAILLON: Effectivement.
8208 CONSEILLÈRE WYLIE: Pour trouver des
façons comme bande à part, par exemple.
8209 MONSIEUR BISAILLON: Oui, et je
n'adresse pas le problème de la télédiffusion avec
autant d'urgence ou d'importance que l'ADISQ peut le
faire.
8210 Certes, je déplore moi aussi le
manque de place à ces musiques-là à la télévision et je
déplore, effectivement, le retrait de l'émission, dont
le nom m'échappe soudainement, mais auquel Martine
Prévost de l'ADISQ a fait référence ce matin qui est,
en fin d'après-midi, la semaine, "Changement d'air".
8211 CONSEILLÈRE WYLIE: "Changer d'air".
8212 MONSIEUR BISAILLON: Mais, bon, je
vous dirais qu'il y a à la SOPREF des préoccupations
plus urgentes, aussi bizarre que ça puisse paraître que
de s'adresser à la question de la télédiffusion et de
la musique. Même si c'est certain que ça ne pourrait
pas lui nuire.
8213 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais l'ADISQ est
aussi intéressée à l'amélioration de la circulation du
produit à la radio aussi?
8214 MONSIEUR BISAILLON: Oui.
8215 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous
remercions d'être venue nous amuser un peu et aussi de
nous faire part de vos préoccupations qui sont
sérieuses. Et si par hasard je trouve une meilleure
traduction pour "foufounes, je vous appelle!
8216 MONSIEUR BISAILLON: Je vous
remercie.
8217 LA PRÉSIDENTE: Je ne suis pas sûre
que vous apprécieriez notre choix de discothèque
personnelle mais vous nous avez ouvert des horizons,
monsieur par votre présence cet après-midi. Oui, on
connaît "Bande à part". Merci beaucoup. "Foufounes
électriques" aussi, madame connaît, oui. Madame
Santerre.
8218 MADAME SANTERRE: Maintenant,
j'aimerais inviter le Théâtre du Nouveau Monde à faire
sa présentation avec madame Lorraine Pintal.
8219 MADAME PINTAL: Bonjour.
8220 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, madame
Pintal.
PRESENTATION / PRESENTATION
8221 MADAME PINTAL: Alors, bonjour à tous
et toutes. Je vais débuter par une citation d'Alvin
Toffler, excusez mon accent, il est très français:
"L'art comme les gestes est une
forme d'expression non verbale
et un canal fondamental pour la
transmission des images. Ici,
l'emprise de l'éphémère est
encore plus prononcée. Si l'on
assimile chaque école à un
langage verbal dans le domaine
de l'art d'aujourd'hui, il n'y a
pas seulement substitution de
mots mais aussi de langages
entiers. Dans le passé, un
homme avait rarement l'occasion
d'assister de son vivant à un
bouleversement radical du style
artistique. En règle générale,
un style ou une école se
perpétuaient à travers des
générations. Aujourd'hui, le
rythme de renouvellement dans le
mode de l'art est insoutenable.
Le spectateur a à peine le temps
de voir une école se développer,
d'en apprendre le langage
qu'elle est déjà morte".
8222 Si j'ai choisi justement de débuter
mon allocution avec cette pensée d'Alvin Toffler et
c'est tiré de son livre "Le choc du futur" publié en
1970, c'est que cet ouvrage nous dévoilait des
perspectives surprenantes et des suggestions
audacieuses afin de nous aider à supporter les
nombreuses transformations qui allaient altérer le
destin de l'homme à l'aube du 21ième siècle,
changements qui allaient être à la source d'une
angoisse et d'un vertige existentiel profonds.
8223 Cette citation me semble refléter 26
ans après la parution de son livre le maelstrom
culturel dans lequel se débattent la majorité des
institutions qui touchent de près ou de loin au domaine
artistique et dans le cas qui nous occupe, la Société
Radio-Canada.
8224 Alors, je vais expliquer un peu ce
que j'entends par "maelstrom". La mondialisation des
marchés, la prolifération des canaux spécialisés où la
culture commerciale des États-Unis occupe une place
sans cesse grandissante, l'écart croissant entre
l'offre d'une programmation de haut niveau et le nombre
de spectateurs désireux d'y avoir accès, le
désengagement progressif de l'état providence et
l'attrait qu'exerce le merveilleux monde du sport, des
variétés et de l'humour sur les commanditaires et sur
le public, et la compétition féroce que se livrent les
réseaux de communication entre eux.
8225 Bref, toutes les composantes d'un
système en constante évolution ont de quoi faire frémir
l'artiste et le gestionnaire visionnaires qui rêvent
d'un espace culturel autonome, véritable service public
ouvert sur le monde et ses multiples réalités.
8226 Alors, je tiens donc à exprimer ma
reconnaissance aux membres du CRTC d'avoir accepté que
je présente cette allocution qui me permet de pousser
plus loin une réflexion amorcée d'abord en ma qualité
de comédienne, puis de metteur en scène et réalisatrice
télévision, réalisatrice film et également aujourd'hui,
directrice générale et artistique du TNM qui est un des
plus grands théâtres d'expression francophone en
Amérique du nord.
8227 La mission de Radio-Canada. Tout
lieu de production et de diffusion est implanté dans un
environnement social, culturel, géographique
spécifique. Dans ce contexte, il conçoit et met en
oeuvre une ligne d'action qui prend forme dans ce qu'il
choisit de présenter. Nous savons que la Société
Radio-Canada prend très au sérieux sa mission de
service public, s'affirmant comme un lieu privilégié
d'accès au savoir, à la culture qui la caractérise.
8228 Donc, pour nous qui sommes les
défenseurs du fait francophone en Amérique du Nord,
tout l'aspect d'assurer le rayonnement de la langue et
de la culture française est une des orientations
extrêmement importante défendue par Radio-Canada dans
le dépôt de son dernier document.
8229 Et pour prouver à quel point ce désir
d'assurer le rayonnement de la langue française relève
aussi d'une politique fédérale, j'aimerais citer un
avis de monsieur Claude Corbo alors qu'il encourageait
le CRTC à accorder à Radio-Canada la mise en ondes de
son réseau des arts. Ce dernier confirmait des choix
politiques fondamentaux du Canada dont celui de
défendre vigoureusement le principe de l'exception
culturelle, et j'aimerais le citer:
"Dans les débats sur la
libéralisation des échanges
économiques, le Canada a
clairement fait valoir la
nécessité de préserver un espace
culturel qui ne soit pas
totalement dominé par les lois
du marché et qui permette la
diversité culturelle. En termes
clairs, le Canada a refusé de se
laisser totalement submerger par
la marée inlassable, insatiable
et hégémonique de la culture
commerciale des États-Unis.
D'autre part, le Canada fait de
la participation à la
Francophonie mondiale, une des
assises de sa politique
étrangère et il choisit
d'affirmer son originalité en
Amérique du Nord par cette
participation."
8230 Alors, la conclusion de monsieur
Corbo est la suivante:
"Il servirait à peu de choses de
proclamer un attachement profond
à la Francophonie si l'on ne
prend pas ensuite des moyens
efficaces pour que les
francophones de toutes les
régions du Canada aient accès à
des productions culturelles qui
nourrissent cette Francophonie."
8231 Dans cet ordre d'idées, il m'apparaît
conséquent que la télévision et la radio de
Radio-canada fassent la promotion de la langue et de la
culture françaises au Canada, d'autant plus que les
succès remportés par les émissions de langue française
en terme de nombre de téléspectateurs sont toujours
extraordinaires. Notre grande société d'état se doit
d'établir une programmation variée qui témoigne de la
vitalité des créateurs et d'offrir des émissions
dramatiques, culturelles et jeunesse de qualité.
8232 En consacrant au moins 50 pour cent
de sa programmation à la diffusion d'émissions de
langue française, en diffusant intégralement deux
spectacles par mois ou en produisant suffisamment
d'émissions dramatiques destinées à refléter la
vitalité des arts vivants d'interprétation, en
favorisant la recherche et l'exploration par
l'émergence de jeunes talents dans le domaine de la
dramaturgie et des arts de la scène et en augmentant
considérablement le nombre de magazines culturels aptes
à informer et à faire la promotion de l'actualité
artistique.
8233 Et je me permettrais un exemple qui
est extrêmement prisé de l'ensemble du milieu culturel
francophone, l'exemple de l'émission "Vie d'artiste"
qui, au départ, est un projet pilote et c'était une
carte blanche qui était laissée à des créateurs jeunes
réalisateurs, témoins de la vitalité et des arts
vivants au Québec. Et cette émission est maintenant
citée de par le monde comme étant un exemple
d'information intelligente visant un large public et
surtout faisant extrêmement confiance à l'intelligence
des téléspectateurs.
8234 Radio-Canada témoignera ainsi
efficacement de la richesse de notre patrimoine
culturel. Évidemment, on parle de patrimoine culturel,
on parle de Montréal avec ses courants sociologiques
des plus variés, Québec, la Capitale, avec ses
traditions plus homogènes, les régions ayant chacune
une identité culturelle extrêmement riche.
8235 Même si les intérêts de chaque
communauté peuvent sembler antagoniques, il importe de
maintenir des lieux de rassemblements comme
Radio-Canada qui se décrit comme le grand promoteur des
arts et de la culture au pays.
8236 Pionnière de l'art du téléroman, la
Société Radio-Canada est à l'origine de nombreux
talents d'artistes francophones comme des auteurs,
réalisateurs, concepteurs, interprètes. Il m'apparaît
indispensable que Radio-Canada dispose des moyens
nécessaires de produire des émissions à caractère
historique de grande envergure.
8237 C'est une bonne façon pour elle de se
démarquer des émissions qui sont produites ailleurs
calquées sur le modèle américain, moins coûteuses et
plus performantes, évidemment, au niveau des cotes
d'écoute.
8238 Véritable vitrine pour les arts de la
scène, la musique, les arts visuels et la littérature,
il importe que Radio-Canada maintienne des liens
vivants avec la communauté artistique québécoise, ses
nombreux festivals et qu'elle assure une large
diffusion de notre spécificité partout au Canada.
8239 Pour ce faire, des liens étroits sont
déjà entretenus et doivent être améliorés, développés
ou créés avec des compagnies de théâtre, de danse, de
musique classique, populaire, de chansons lesquels sont
les grands maîtres d'oeuvre de l'affirmation de
l'identité de notre peuple.
8240 Le secteur des émissions jeunesse
m'apparaît être celui qui a le plus souffert du
morcellement des marchés et de l'envahissement
publicitaire. Le simple souvenir de créations
télévisuelle comme "La boîte à surprise" et "Sol et
Gobelet" et je ne fais pas de nostalgie excessive,
suffit à nous convaincre de la nécessité pour
Radio-Canada d'être tributaire de ce vaste héritage.
8241 Il devient primordial de consacrer
temps, énergie, argent à développer ce secteur en
dehors des motifs de rentabilité ou de
commercialisation qui risque de la détourner de ses
objectifs premiers et aussi libérer, s'il vous plaît,
de présence de pause publicitaire.
8242 Le simple fait de vivre en société,
d'avoir une certaine perception des choses, d'agir à
partir de valeurs qui nous sont propres suppose que le
lien entre la culture et l'éducation se fasse
organiquement.
8243 Voilà des décennies que les artistes
associent le maintien de la qualité de la langue
française à cette harmonisation nécessaire entre la
culture et l'éducation. C'est une autre des raisons
pour laquelle le rôle dynamique que jouent les jeunes
compagnies de théâtre et plus spécifiquement celles
destinées au public enfance jeunesse devra être prise
en compte par la Société Radio-Canada.
8244 Si l'on parle de recherche et
d'exploration, un fonds devrait être financé à même les
recettes brutes d'exploitation de Radio-Canada afin de
favoriser l'éclosion de nouveaux talents, d'encourager
l'émergence de démarches novatrices et de s'affirmer
comme le lieu d'incubation des jeunes créateurs de
toutes les catégories.
8245 D'ailleurs, permettez-moi de vous
rappeler que l'une des initiatives du Réseau des Arts
qui était de créer un fonds du court métrage pour les
jeunes cinéastes s'inscrivait dans les mesures
essentielles à la dynamisation et à la vitalité de
Radio-Canada.
8246 Aussi est-on en droit de questionner
sérieusement la décision du CRTC de refuser la demande
de Radio-Canada de créer une nouvelle chaîne
francophone entièrement vouée à la diffusion des arts
et de la culture. Dans un contexte de consolidation du
rôle public que doit jouer la télévision d'État et de
sa contribution à une plus grande démocratisation de
l'accès à la culture, la position du CRTC n'a pas tenu
compte des préoccupations d'un milieu qui avait trouvé
dans ce projet un moyen d'assurer la longévité de ses
créations, de doter la nation d'un catalogue culturel
incroyable et surtout de préserver dans la mémoire
collective la richesse et de ses réalisations.
8247 D'autre part, la Société
Radio-Canada, haut lieu de culture et d'information
publique a une histoire qui lui est propre et qui la
caractérise par rapport aux autres lieux de production
et de diffusion. Il lui faut trouver sa place sur un
marché de plus en plus sursaturé.
8248 Peut-il et doit-il résister à la
concurrence? L'État peut-il et doit-il reconnaître sa
spécificité et l'encourager à maintenir un cap hors des
modes, des conventions et des programmations, choix
artistiques et public se situent inévitablement à la
frontière des notions de politique culturelle de
décentralisation et d'économie.
8249 Radio-Canada me semble coincée entre
la nécessité d'aligner des statistiques valorisantes et
d'inviter le public à s'ouvrir à des formes
d'expression plus exigeantes. Malheureusement, le
public, qui a de plus en plus des attitudes de
consommateurs, en veut pour son argent et quand il est
déçu renonce à regardes des émissions qu'il juge
inaccessibles.
8250 Les défis qui se posent à la Société
d'État sont donc multiples: D'une part, comment
assumer la stabilité financière de son organisation
dans un contexte où les pouvoirs publics se retirent
progressivement de son champs d'activité?
8251 D'autre part, comment rejoindre des
publics de plus en plus diversifiés et de plus en plus
difficiles à rallier à cause de l'apparition des
produits de divertissement et des nouvelles
technologies de diffusion à domicile aux conséquences
encore inconnues?
8252 Aujourd'hui, des difficultés
financières assez graves contraignent les industries
culturelles à une importante réduction de leurs
activités ou à des restructurations douloureuses tout
en exigeant d'elles qu'elles maintiennent la nature de
leurs missions respectives. Nous ne sommes pas en
Europe ou l'État occupe en matière de culture une
position symbolique forte en étant l'un des principaux
financiers de ce secteur.
8253 Sans doute, la profession
devra-t-elle imaginer une nouvelle réflexion sur ses
conditions de pratique et trouver elle-même les termes
d'une entente chiffrée, objective et évaluable avec les
pouvoirs publics. Ces considérations sur les mandats
des organismes publics et l'argent nous amènent à
pousser une réflexion sur l'intervention du privé qui
rend de plus en plus floue la notion de télévision
comme service public au sens où le défend Radio-Canada.
8254 Cette "spirale des coûts" qui
entraîne une expansion du financement privé l'a obligé
à développer de multiples stratégies de mise en marché
et de se doter de structures de gestion adéquates afin
de rentabiliser au moyen de programmes de visibilité
les montants d'argent investis par le milieu des
affaires. Est-ce que l'État est prêt à combler le
manque à gagner sans lequel Radio-Canada ne peut
remplir son mandat de réalisation de grande envergure
si toutefois nous l'obligeons à limiter ses présences
de publicité à son antenne?
8255 Il faut se poser la question et si
dans cette optique d'un désengagement progressif de
l'État et du transfert de la responsabilité du
financement de nos télécommunications, nous ne
conférons pas à nos institutions le rôle de gérer des
fonds publics afin qu'eux-mêmes gèrent la gestion des
subsides recueillis dans le secteur privé.
8256 La démocratisation de l'accès à la
culture. Une des grandes préoccupations de
Radio-Canada pour le prochain millénaire réside dans
l'accès simple et facile qu'elle entend donner à tous
les Canadiens à des services de haut niveau
d'excellence et à une programmation stimulante et
originale qui rend compte de la diversité de notre
culture.
8257 Où sont les nouveaux publics?
Comment les toucher? Comment créer un lien tangible
entre les productions mettant en valeur le talent de
nos artistes et les citoyens éloignés des grands
centres qui souffrent de leur position géographique et
vivent douloureusement leur isolement?
8258 Permettez-moi encore une fois de
reparler du Réseau des Arts. Le Réseau des Arts
apparaissait comme une solution. Le développement
social d'un quartier, d'une ville, d'une région, doit
passer par l'intervention d'équipes professionnelles
qui ne doivent pas être distraits de leurs fonctions
initiales d'animation et de relation avec le public par
des préoccupations de rentabilisation à court terme.
8259 Je ferai donc valoir à nouveau
l'importance d'élargir le rayonnement de Radio-Canada
en lui permettant d'exploiter d'autres chaînes, et on a
un bel exemple, RDI, devenu un des transmetteurs les
plus solides d'information entre les régions et les
grands centres de population. Ce lien unique entre les
régions et les milieux plus populeux jouera un rôle
majeur dans l'expansion et la fidélisation des
auditoires.
8260 De même, la volonté de Radio-Canada
d'occuper le premier rang dans le domaine de
l'éducation en donnant accès aux étudiants à des
programmes variés qui témoignent des immenses progrès
technologiques accomplis au cours des dernières
décennies apparaît aussi comme une nécessité.
8261 De plus, en teintant sa programmation
aux couleurs des multiples voix et visages qui
composent désormais le portrait démographique de la
société, Radio-Canada se mettra au diapason du public
qu'elle vise et jouera grandement son rôle de
rassembleur et de tête de file de l'expression
culturelle.
8262 Aussi est-ce nécessaire qu'un
contrôle strict soit exercé sur la diffusion
d'émissions ou de films qui nous viennent des
États-Unis et que la prédominance d'émissions à contenu
canadien soit maintenue.
8263 Il est à souhaiter que dans l'avenir
la présence massive de Radio-Canada sur l'ensemble du
territoire canadien lui permette d'accroître les
contacts privilégiés que sont en mesure de désirer les
Canadiens avec une programmation au contenu culturel
imposant.
8264 J'aimerais également parler de la
radio qui m'apparaît vivre une situation beaucoup plus
harmonieuse étant donné que la radio de Radio-Canada
maintient le cap sur l'expression francophone, qu'elle
permet à des jeunes créateurs de relever des défis,
qu'elle a un volet découverte extrêmement vivant,
dynamique, si on pense au concours, par exemple, des
textes dramatiques qui rallie à sa cause énormément de
praticiens du milieu des arts vivants.
8265 Exactement, elle fait aussi
énormément de progrès dans les liens qu'elle tisse avec
la communauté culturelle. Elle jouit encore d'une
grande liberté et le seul souhait que je pourrais
formuler c'est que nous puissions peut-être un jour
être doté, et sans avoir à refaire des demandes à
répétition, d'un catalogue audio des spectacles vivants
de langue francophone par le biais des CD-ROM ou des
compact disk et qu'en lien avec l'éducation nous
puissions justement permettre à des étudiants et à des
gens des régions d'avoir accès à des produits ou à des
créations culturelles de haut niveau.
8266 En conclusion, je suis très
consciente que je n'ai exprimé qu'un pourcentage infime
des raisons qui m'ont motivée à soutenir la demande de
renouvellement des licences de la Société Radio-Canada.
8267 Permettez-moi par contre de conclure
en exprimant ma conviction profonde de la nécessité
pour notre nation de disposer d'un instrument fort, à
l'abri des contraintes économiques, apte à favoriser
l'épanouissement du talent de nos artistes et à
témoigner de la vitalité d'un peuple aux multiples
réalités.
8268 Au nom de cette longévité et par
respect pour la place inviolable qu'elle occupe dans le
coeur de tous les Canadiens, il est de notre devoir de
lui donner les moyens nécessaires qui assureront sa
croissance et confirmeront son rôle de chef de file
dans le secteur des télécommunications.
8269 Merci infiniment pour votre écoute.
8270 LA PRÉSIDENTE: Merci, madame Pintal.
8271 Je demanderais à madame la
vice-présidente Wylie de vous poser nos questions.
8272 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour,
mesdames.
8273 MADAME PINTAL: Bonjour.
8274 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous avons parlé
beaucoup cette semaine avec un certain nombre
d'intervenants et avec Radio-Canada aussi du mandat de
la SRC et des attentes du public, c'est-à-dire, est-ce
que ce doit être une télévision qui fait appel à tous
les Canadiens, à tous les goûts puisqu'ils sont tous
actionnaires finalement par leurs impôts de la SRC?
8275 Ce que vous revendiquez aujourd'hui
c'est un changement à la figure de SRC radical ou un
ajout de programmes des arts de la scène, des arts
vivants. Qu'est-ce que vous recherchez? Vous
recherchez davantage?
8276 MADAME PINTAL: Oui, davantage de
tribunes pour les arts vivants. Effectivement.
8277 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais vous ne
préconisez pas un changement...
8278 MADAME PINTAL: Non.
8279 CONSEILLÈRE WYLIE: ...radical à
l'allure de Radio-Canada qui doit faire appel en
général selon l'interprétation que certains donnent à
son mandat à tous les Canadiens dans un équilibre
approprié?
8280 MADAME PINTAL: En fait,
effectivement, je crois que c'est une question
d'équilibre. On parle beaucoup de la fonction
généraliste de Radio-Canada et de ce désir qu'elle a de
rejoindre tous les Canadiens. J'imagine que ce mandat
se doit d'être maintenu étant donné que lorsqu'on est à
la tête d'une société semblable et qu'on doit justement
gérer une programmation, je crois qu'il est du devoir
de Radio-Canada d'arriver à présenter des émissions
qui, de par leur accessibilité, de par la vulgarisation
de leurs propos, touchent la majorité des Canadiens et
au Québec des francophones.
8281 Mais en marge de cette mission, elle
se doit effectivement d'accorder une tribune beaucoup
plus large à des produits plus exigeants qui
normalement jouissant de l'effet moteur d'une
programmation plus généraliste devraient également
retenir cet auditoire et arriver à relever le niveau
d'exigence de notre télévision.
8282 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous parlez que
50 pour cent de...
8283 MADAME PINTAL: Contenu francophone.
8284 CONSEILLÈRE WYLIE: ... la
grille-horaire serait dévouée... je ne me souviens plus
si vous disiez: serait dévouée aux produits?..
8285 MADAME PINTAL: En fait, en
consacrant au moins 50 pour cent de sa programmation à
la diffusion d'émissions de langue française, en
diffusant intégralement deux spectacles dramatiques par
mois ou des émissions dramatiques.
8286 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais je comprends
mal 50 pour cent en langue française. Est-ce que ce
n'est pas...
8287 MADAME PINTAL: Je ne sais pas c'est
quoi la réalité actuelle. Alors là, c'est vraiment...
8288 CONSEILLÈRE WYLIE: À la télévision?
8289 MADAME PINTAL: Oui. Quel est le
pourcentage de contenu...
8290 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous voulez dire
canadien ou de langue française?
8291 MADAME PINTAL: Oui, canadien.
8292 CONSEILLÈRE WYLIE: Ah! canadien.
8293 MADAME PINTAL: Oui.
8294 CONSEILLÈRE WYLIE: Qu'est-ce que
c'est exactement... C'est 81 pour cent dans l'année
qui vient de s'écouler.
8295 LA PRÉSIDENTE: Je pense que c'est ça
et ils demandent qu'on ne le monte pas mais qu'on le
garde à 75 présentement.
8296 MADAME PINTAL: Ah! bon, d'accord.
8297 CONSEILLÈRE WYLIE: Qui est exigé
mais qui a été excédé et a atteint 81 pour cent.
8298 MADAME PINTAL: Ah! d'accord.
D'accord. De ce côté-là, c'est parfait. Mes voeux
sont réalisés!
8299 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous semblez
vouloir, comme certains autres intervenants ont fait la
même remarque, de diminuer les pauses publicitaires ou
de les éliminer. Vous suggérez que ce soit fait dans
certaines émissions, par exemple, les émissions...
8300 MADAME PINTAL: Les émissions
jeunesse.
8301 CONSEILLÈRE WYLIE: Jeunesse et...
8302 MADAME PINTAL: Et également
l'information. J'en ai très peu parlé mais j'ai essayé
surtout de cerner le milieu dont je suis issue. Mais
effectivement, je crois qu'il y a des domaines qui
mériteraient que soient limitées les présences de
pauses publicitaires ou de visibilité de commandites,
et le domaine de l'information et le domaine réservé à
la jeunesse m'apparaissent comme des domaines
essentiels.
8303 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais pas la part
des émissions qui est votre intérêt principal?
8304 MADAME PINTAL: Bien effectivement,
vous poussez ma réflexion. Lorsque nous assistons,
entre autres, à des diffusions de télé-théâtres ou de
films ou de soirées qui sont vouées essentiellement à
la revalorisation de notre culture, il est extrêmement
déplaisant de voir tout à coup un télé-théâtre
entrecoupé de pauses publicitaires et je crois que
c'est une guerre que nous devrons gagner, petit à
petit.
8305 CONSEILLÈRE WYLIE: Bien
qu'aujourd'hui, ce sont les licences de Radio-Canada
qui sont en cause, vous avez mentionné à plus d'une
reprise la demande de Radio-Canada pour le Réseau des
Arts. Est-ce qu'il n'y aurait pas eu de la publicité
au Réseau des Arts?
8306 MADAME PINTAL: C'est une bonne
question. Ce que j'avais entendu dire c'est qu'il y
aurait eu des pauses réservées à des visibilités de
publicité mais qui n'entrecoupaient pas l'émission
proprement dite et je crois que cela c'est un désir
aussi. C'est que lorsqu'on part tout à coup à
l'intérieur d'un monde qui est créé de toutes pièces
par des artistes, on n'aime pas tellement être
interrompu après 20 minutes pour savoir qui a
nécessairement commandité l'émission.
8307 CONSEILLÈRE WYLIE: C'est le genre de
restriction que vous trouveriez appropriée à la
télévision à la chaîne...
8308 MADAME PINTAL: Bien encore une fois,
en fait, le problème est très vaste. C'est-à-dire que
la visibilité que l'on accorde pour la publicité c'est
encore une fois, comme je le disais dans mon texte,
s'il y a (et il y en a un) des engagements progressifs
de l'État qui fait que Radio-Canada doit aussi vivre
avec des restrictions budgétaires et des coupures, le
seul moyen que Radio-Canada a, à ce moment-là, c'est
d'ouvrir les portes au privé et à ce moment-là, le
problème est beaucoup plus profond.
8309 En fait, c'est une question de
nation; c'est une question de décision politique. Si
l'État accepte de renforcer son aide et de libérer
justement Radio-Canada de ses contraintes économiques,
à ce moment-là, le problème ne se poserait plus.
J'imagine que je suis un peu idéaliste et utopiste mais
ce serait dans le monde idéal.
8310 Alors, acceptant le fait qu'ils
doivent combler son manque à gagner par des programmes
de reconnaissance, évidemment, on va choisir le moindre
mal. On va choisir que ce soit regroupé et non pas en
entrecoupant les émissions.
8311 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, et il y a
sans doute des positions mitoyennes aussi dans
certaines émissions où on peut le faire de façon
entrecoupée moins le déroulé de l'émission.
8312 Mes collègues ont peut-être d'autres
questions. Moi j'en ai plus et je vous souhaite un bon
voyage de retour.
8313 MADAME PINTAL: Merci.
8314 LA PRÉSIDENTE: Merci. Je crois que
la conseillère madame Pennefather a une question pour
vous.
8315 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Bonjour.
8316 MADAME PINTAL: Bonjour.
8317 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Je voudrais
explorer un peu plus exactement comment vous voyez le
rôle de Radio-Canada, le réseau de la télévision
française dans les arts, étant donné que dans leur
demande ils ont dit qu'ils vont aller de l'avant quand
même avec un côté art, quelle que soit la décision sur
le Réseau des arts. Alors, concentrons sur le réseau
de la télévision française.
8318 Vous avez mentionné les émissions, la
recherche et exploration des magazines culturels.
Qu'est-ce que vous voulez dire par la recherche?
8319 MADAME PINTAL: En fait, j'ai donné
l'exemple de "Vie d'Artiste". Pour moi, c'est une
émission qui fait la promotion de l'actualité
artistique et qui, au départ, j'ai parlé de carte
blanche, permettait à des jeunes cinéastes ou à des
jeunes réalisateurs librement de créer une émission de
toutes pièces et d'arriver par justement une façon
totalement novatrice de présenter l'actualité
artistique, de se démarquer de toutes les émissions qui
couvrent l'actualité artistique dans l'ensemble des
réseaux de télévision. Je crois que dans le milieu
culturel cette émission-là devient un exemple à suivre.
8320 Évidemment, il y a aussi tout le
secteur formation. Radio-Canada pourrait devenir un
lieu où il serait possible que des gens issus de toutes
les disciplines artistiques puissent apprivoiser le
langage de la télévision et mettre au service du
langage télévisuel toute la formation que nous avons
reçue comme artistes, comme créateurs, comme
concepteurs et comme dramaturges.
8321 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Alors, avec
toutes ces attentes, que pensez-vous des propos de
Radio-Canada que vraiment la pierre angulaire pour
émissions culturelles c'est 12 émissions par année et
toutes ces 12 seront dans le cadre des "Beaux
Dimanches"? Est-ce que les attentes que vous avez sont
supportées par ces propos de faire 12 émissions par
année?
8322 MADAME PINTAL: On en veut deux fois
plus. C'est sûr. Maintenant, on sait que nous avons
énormément de chemin à rattraper, étant donné qu'on
part de loin. La tradition de présenter fidèlement la
série "Beaux Dimanches" à Radio-Canada, elle date de
très loin et pendant très longtemps, nous l'avons
abandonnée. En fait, on a senti qu'il y a eu un vide
culturel qui s'est créé, particulièrement si on parle
de ces séries-là. Là, on sent un retour. On sent un
désir de revenir, de recréer des liens étroits avec la
communauté artistique.
8323 Mais encore une fois, on sait très
bien que ce ne sont pas les émissions qui vont aller
chercher les meilleures cotes d'écoute. Il serait
extrêmement dommage de douter de leur efficacité parce
que ce n'est pas la majorité des citoyens qui adhèrent
à des produits qui parfois sont parfois haut de gamme
et demandent effectivement une plus grande exigence.
8324 C'est là où je vois que Radio-Canada
doit affirmer son rôle et surtout qu'on lui donne les
moyens de le faire parce que je crois que Radio-Canada
affirme ce mandat et cette volonté de présenter des
produits d'excellence aux citoyens. Mais là, il faut
soutenir Radio-Canada au niveau des moyens également.
8325 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Merci,
madame Pintal.
8326 MADAME PINTAL: C'est moi qui vous
remercie.
8327 LA PRÉSIDENTE: ...Ou de d'autres
choix.
8328 MADAME PINTAL: ...Ou de d'autres
choix.
8329 LA PRÉSIDENTE: ...Parce qu'on ne
peut pas dire quand même qu'il n'y a pas de ressources
non plus. Alors, c'est une question aussi de choix et
d'équilibre.
8330 Vous saluerez bien monsieur Corbeau.
8331 MADAME PINTAL: Cela va me faire
plaisir!
8332 LA PRÉSIDENTE: Au revoir et merci.
8333 MADAME PINTAL: Merci infiniment.
Est-ce que je dépose tous ces beaux documents?
8334 LA PRÉSIDENTE: S'il vous plaît, oui.
8335 MADAME PINTAL: Merci. Bonne
journée.
8336 LA PRÉSIDENTE: Merci. Bon retour.
8337 MADAME SANTERRE: J'inviterais
maintenant monsieur Sylvain Lelièvre à présenter son
intervention.
8338 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, monsieur
Lelièvre
8339 MONSIEUR LELIEVRE: La pensée évolue
constamment!
8340 LA PRÉSIDENTE: Ce qui est rassurant!
8341 MONSIEUR LELIEVRE: Je ne vous
promets pas de reproduire intégralement ce qu'il y a
là-dedans!
8342 LA PRÉSIDENTE: Le personnel m'a
demandé de vous demander si vous pouviez le chanter!
8343 MONSIEUR LELIEVRE: Vous chanter
quoi, madame? C'est tout un défi que je n'oserais pas
relever!
8344 Donc, je tiens d'abord à remercier le
CRTC d'avoir accédé à ma requête. D'autant plus que
c'est une requête que j'ai faite à titre de personne
privée et tout de suite, donc, je tiens à préciser que
je ne suis mandaté par aucune des sociétés dont je suis
membre, notamment la SPACQ, la SODRAC, la SOCAN, la
Guide des musiciens, l'UNEQ et l'UDA. Cela coûte cher
de cotisation syndicale!
8345 A titre de personne privée, donc,
mais surtout à titre d'auteur-compositeur-interprète
dont les choix artistique, d'une part, et l'air du
temps, d'autre part, font que ses chansons n'auraient
pas d'existence radiophonique sans le soutien constant
et presque exclusif de la Société Radio-Canada.
8346 Et vu sous cet angle, j'ai le profil
type d'au moins la moitié des créateurs et des
interprètes de chanson française en ce pays, et je dis
bien, d'au moins la moitié.
8347 Je n'aurai pas le temps
malheureusement aujourd'hui d'aborder chacun des
aspects de la demande de Radio-Canada, comme je
l'aurais souhaité. Je regrette notamment de ne pouvoir
que dire en passant le soutien extrêmement enthousiaste
que je donne au formidable projet de MicroRadio. Je
vous renvoie tout simplement au document là-dessus.
8348 Je me contenterai donc aujourd'hui de
partager avec vous mes réflexions sur les trois sujets
qui me touchent le plus, soit la diversité musicale, le
partenariat et la présence régionale.
8349 Dans mon cas, et je tiens aussi à le
préciser tout de suite, il n'est question que de radio
et j'ai vite compris que je n'aurais pas le temps de
faire une distinction entre la première chaîne et la
chaîne culturelle.
8350 Alors, parlons d'abord de diversité
musicale. Vous imaginez facilement que c'est cette
question-là qui m'a le plus profondément interpellé et
sur laquelle j'ai jonglé pendant quelques semaines.
Autrement dit, la question du 85 pour cent de musique
populaire vocale en langue française.
8351 Clairement, cela veut dire une
exigence de 10 pour cent par rapport aux exigences
actuelles du CRTC. Alors, dix pour cent, a priori
quand même, ça fait mal. Je vois mal un médecin dire à
un pianiste: je vais te couper un doigt, c'est pas
grave, il va t'en rester neuf. C'est cela 10 pour
cent.
8352 Malgré tout cela, a postiori,
j'appuie entièrement, j'ai décidé d'appuyer entièrement
la requête de la radio française et mon attitude n'a
absolument rien à voir avec ce qu'on appelle en
affaires un "renvoi d'ascenceur" ou un "retour
d'ascenseur".
8353 A mes yeux, il ne s'agit pas de
couper les doigts du pianiste mais d'élargir à la fois
son répertoire et son auditoire.
8354 Vous me permettrez, je le souhaite en
tout cas, d'être un petit peu moins "politically
correct" que les excellents rédacteurs au demeurant de
la Société Radio-Canada. Cette question-là nous
renvoie au coeur même du débat linguistique.
8355 Le Québec, par une sorte de miracle
que la Constitution canadienne n'arrive pas seule à
expliquer, constitue la seule société majoritairement
francophone en Amérique du Nord. Soyons plus clairs:
le Québec est désormais l'unique patrie d'une diaspora
canadienne-française répandue dans toutes les autres
provinces et territoires du Canada et dont nous
apprenons, tous les cinq ans, la lente mais statistique
extinction.
8356 Or, le Québec a une métropole:
Montréal. Je lis dans "La Presse" du 27 mai,
avant-hier, que le projet "Une île, une ville" cher au
maire Bourque, qu'est-ce qui est cher au maire
Bourque... enfin, c'est lui qui en parlait, que le
projet "Une île, une ville" verrait passer la
proportion de francophones à 52 pour cent sur le
territoire de l'Ile de Montréal.
8357 Le document de la radio française
n'est guère plus rassurant, bien au contraire, et là,
je cite:
"Le nombre de Montréalais
utilisant à la maison une autre
langue que le français ou
l'anglais a fait un bon de 134
pour cent depuis 1981 et ce
phénomène s'est surtout
manifesté dans la décennie qui
se termine."
8358 C'est à la page 31 du document de la
SRC.
8359 Cela veut dire quoi? Cela ne veut
sûrement pas dire que Bill Johnson fait en secret une
croisante auprès des immigrants pour qu'il pratique à
leur tour la revanche des berceaux.
8360 Cela veut simplement dire une chose:
ça veut dire que les choix politiques d'ouverture en
matière d'immigration. Je parle de choix qui ont été
faits tant à Québec qu'à Ottawa. On fait de Montréal
une grande ville cosmopolite, moderne, dont une des
richesses réside précisément dans sa diversité
culturelle.
8361 Chiliens, Brésiliens, Croates,
Kosovars, Ukrainiens, Antillais, Vietnamiens, etc.,
c'est d'abord, comme tous les exilés du monde, autour
de leurs chansons qu'ils se retrouvent. Je ne sais pas
si vous avez remarqué cela. C'est le premier réflexe
d'un exilé. Enfin, ça en prend deux normalement.
8362 Donc, comme tous les exilés du monde,
c'est d'abord autour de leurs chansons qu'ils se
retrouvent dans des cafés qui sont les leurs mais qui
deviennent vite les nôtres. C'est ça le nouveau
Montréal.
8363 On n'a pas idée à quel point
peut-être à Montréal, à quel point la chanson peut être
à la fois un lieu d'échange et d'identité. Pas plus
fous que les autres, les immigrants font des spectacles
pour le plaisir et de disques pour des peanuts. On
peut faire des disques pour des peanuts aujourd'hui.
Si on a de bonnes oreilles, ça sonne assez bien.
8364 Mais sur quelle radio leurs chants,
leurs cris, leurs voix, que ce soit dans leurs langues
ou dans la nôtre, seront-ils entendus? Si ce n'est pas
à la radio française de Radio-Canada, c'est n'importe
où ailleurs, mais plus probablement sur des ondes
anglophones.
8365 Diffuser leurs chansons, c'est non
seulement refléter la diversité culturelle du Québec
moderne et surtout de sa métropole, c'est aussi, et
c'est très important, fidéliser un auditoire qui, du
même coup, y entendra un français de qualité, et je ne
veux pas dire qu'on n'entend pas ailleurs un français
de qualité, mais on va être d'accord sur un point, à la
radio de Radio-Canada, la barre est plus haute.
8366 Donc, un français de qualité et qui
sait en passant, oui, une ou deux de mes chansons, ça
ne nuit pas. Donc appuyer cette demande-là du 85 pour
cent, c'est un risque bien sûr, mais pour reprendre une
expression qui fut jadis utilisée ici même à Hull,
c'est un beau "risque" (entre guillemets) pour lequel
je suis prêt à mettre en jeu 10 pour cent de ma
présence à la radio française.
8367 Dans toutes les grandes capitales du
monde le métissage musical et textuel constitue
présentement le lieu le plus riche de création
chansonnière. Ce que Robert Bisaillon a dit tout à
l'heure en témoigne et je le crois assez vivement.
8368 Si le CRTC ne permet pas à la SRC
d'accompagner ce mouvement-là, c'est non seulement nos
communautés culturelles mais nous-mêmes (ceux que
j'appelle le "radio-canadiens" de naissanc) c'est
nous-même qui risquons de nous brancher sur d'autres
fréquences, tout simplement parce que la musique dont
on sait qu'elle est la musique d'aujourd'hui, on ne
peut pas l'entendre là, sous prétexte qu'elle a une
petite moitié en portugais et puis une autre petite
moitié peut-être en français, puis même si elle était
toute en portugais.
8369 Le partenariat. J'irai en deux temps
là-dessus. Sous l'habile euphémisme de besoin de
partenariat se cache, évidemment, la tentation de la
commandite au demeurant tout à fait légitime dans le
contexte des compressions budgétaires dans la SRC est
victime depuis plusieurs années déjà.
8370 Pourtant, il y a là, à mon avis, un
problème de logique élémentaire, comment une radio
nationale et publique financée par le contribuables
peut-elle remplir sa mission si elle se trouve soumise
aux mêmes impératifs que les radios commerciales et
privées financées par leurs commanditaires.
8371 La question n'est absolument pas
anodine et ne doit surtout pas se trouver dissoute dans
un esprit de partenariat à la mode du jour, au nom
duquel toutes les compromissions sont possibles. Or,
la commandite, même travestie en partenariat, conduit
irrémédiablement à la programmation par sondage.
8372 La musique vocale francophone
deviendrait alors, même à hauteur de 85 pour cent, une
sorte de papier peint formaté pour les commanditaires
plutôt que par les équipes d'animation et de
réalisation. Aussi bien dans ce cas confier le mandat
de Radio-Canada à Cité Rock Détente et compagnie.
8373 C'était mon opinion jusqu'à hier
soir. Il faut dire qu'elle n'a pas changé sur le fond.
J'ai quand même eu, à quoi ça sert les demi-heures de
lunch, j'ai quand même eu des éclaircissements
importants ce midi de la part du vice-président de la
radio française, monsieur Sylvain Lafrance, qui
m'assure que dans le cas de ce projet-là il n'est pas
question que Radio-Canada touche un sou, mais ce sera
plutôt l'événement, comme le Festival de Lanaudière ou
le Festival en chanson de Petite Vallée qui en
bénéficient.
8374 Dans cette perspective-là je change
de ton, je module, j'enlève mes trois bémoles et je
mets un dièse.
8375 La présence régionale. J'ai beaucoup
insisté tout à l'heure sur la nécessité pour la radio
française de refléter la diversité culturelle du
Montréal actuel comme capitale de la francophonie
canadienne.
8376 Il me semble tout aussi important de
revenir sur une nécessité non moins fondamentale, celle
de soutenir à tout prix la vitalité culturelle de
toutes les régions du Québec et de la diaspora
francophone des autres provinces.
8377 Ce travail-là, a radio française de
Radio-Canada le fait déjà remarquablement bien, le CRTC
doit lui donner les moyens de le continuer en lui
permettant d'améliorer sa présence régionale.
8378 Je vais illustrer par surtout deux
exemples qui sont chers à mon coeur. J'ai eu le
privilège d'être invité trois fois en Saskatchewan
entre 1994 et 1997 lors d'événements qui n'auraient
jamais pu avoir lieu sans le soutien et la présence de
Radio-Canada.
8379 C'est de là-bas que nous sont venus
notamment Hart Rouge et Carmen Campagne. Nous
seraient-ils venus sans le travail acharné de la radio
française? Honnêtement, je ne le crois pas. Et Daniel
Lavoie, du Manitoba, Edith Butler du Nouveau-Brunswich,
même à leurs débuts, surtout à leurs débuts, parce
qu'après les autres radios ont quand même fait leur
devoir, même à leurs débuts et surtout à leurs débuts,
la SRC n'était jamais loin.
8380 Je ne crois pas qu'il y ait un autre
diffuseur radiophonique qui puisse en dire autant.
8381 Au Québec maintenant, je suis très
attaché émotivement et activement aussi au Festival en
chanson de Petite-Vallée en Gaspésie et je n'exagère
pas en écrivant ici que ce festival-là est en voie de
devenir la capitale estivale de la chanson francophone,
tous pays confondus.
8382 Or, sans le support acharné d'une
antenne régionale de la SRC dans ce cas-là c'est
Radio-Canada, Gaspésie, Les Iles, et de ses artisans
visionnaires, je n'ai pas choisi le mot au hasard, ce
festival était condamné, comme cela arrive hélas
parfois, à une vocation locale. Et c'est tout le
contraire qui est en train d'arriver; c'est un
véritable village de la chanson qu'on est en train de
bâtir à Petite-Vallée avec des intervenants de tous les
pays de la francophonie.
8383 Alors, je terminerai sur deux mots
qui m'ont profondément accroché: "mission" et "vision",
et qui me ramènent à un niveau plus personnel.
8384 C'est à double titre que je me sens
"radio-canadien", je mets ça entre guillemets. Je suis
d'abord comme artiste, bien sûr. Ma première émission
de radio, je l'ai faite à la radio française en 1962.
C'était "Chez Miville", pour ceux qui ont un peu de
mémoire ou qui ont mon âge. Et la prochaine, bien,
elle a lieu dans moins de 15 jours, la dernière c'était
mardi.
8385 Ensuite, je suis "radio-canadien"
génétiquement, si je peux dire. Mon père, Roland
Lelièvre, a été pendant 20 ans, de 1944 à 1964,
journaliste et présentateur à CBV-Québec. Les premiers
pas dont je me souvienne, moi, ce sont ceux que j'ai
faits à côté de mon père dans la cabine de régie où le
technicien s'amusait sur les premières tables de
montage. Ma petite enfance a senti le studio. Par
n'importe lequel, celui de Radio-Canada.
8386 Quand mon père partait en reportage,
il n'allait pas au travail, mais il partait en mission.
Quelle mission? Celle de nourrir partout, d'un océan à
l'autre, ce qu'il appelait "le fait français". Rien
n'était plus beau pour lui que d'aller ouvrir un poste
loin dans l'ouest. C'était quelque chose d'absolument
merveilleux à ses yeux, ça l'était donc à nos yeux.
Pour mon père, Radio-Canada était avant tout une
vocation.
8387 C'est sans doute ce qui explique, en
partie du moins, pourquoi le document de la SRC m'a si
profondément rejoint. on y parle abondamment de
mission et de vision, mais très peu de mandat. J'en
suis fort aise. Les mandats produisent des mandarins,
les missions, des missionnaires et les visions, des
visionnaires.
8388 Il faut sans doute quelques mandarins
pour gérer, comme on dit, le travail des missionnaires
et des visionnaires, mais de grâce n'empêchez surtout
pas la folie créatrice, et cela, j'aurais dû le mettre
en caractères gras parce que c'est vraiment ça, la
folie créatrice qui anime tous les vrais artisans de la
radio française de Radio-Canada depuis 1937 jusqu'à
maintenant.
8389 Ce serait trahir un des seuls rêves
canadiens qui ait vraiment tenu ses promesses, j'y
tiens à celle-là aussi et encore plus à l'autre, ce
serait surtout à mes yeux, du moins, trahir mon père.
Je vous remercie.
8390 LA PRÉSIDENTE: Merci, monsieur
Lelièvre. Je demande à la vice-présidente, madame
Wylie, de vous poser nos questions.
8391 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour, monsieur
Lelièvre. Vous avez si bien et si éloquemment expliqué
vos points de vue, modifiés dans l'ascenseur en cours
de route, que je ne saurais rien y ajouter par mes
question!.
8392 Alors, je vous remercie. Peut-être
que madame a des questions pour vous.
8393 LA PRÉSIDENTE: Non, moi je n'en ai
pas. Je serais assez d'accord que ça valait bien des
chansons! Merci infiniment.
8394 MONSIEUR LELIEVRE: Alors, je
chanterai pour vous la prochaine fois!
8395 LA PRÉSIDENTE: Dans 15 jours à
Radio-Canada.
8396 MONSIEUR LELIEVRE: Dans 15 jours,
oui, je chante, en effet.
8397 LA PRÉSIDENTE: Merci mille fois.
8398 MADAME SANTERRE: J'inviterais
maintenant le Groupe TVA Inc. à présenter leur
intervention.
8399 LA PRÉSIDENTE: Alors, bon
après-midi. Vous n'étiez pas au courant de la
consigne, on s'habillait décontracté aujourd'hui! On
ne vous a pas fait le message. Alors, bonjour et
bienvenue, la parole est à vous.
8400 MONSIEUR LAMARRE: Bonjour, madame la
présidente. Effectivement, nous sommes très malheureux
de ne pas avoir su cette consigne, parce que nous nous
serions fait un plaisir de nous détendre un peu plus,
nous aussi, en ce beau samedi!
INTERVENTION
8401 Alors, mesdames, messieurs membres du
Conseil, et membres du personnel du Conseil, mon nom
est Daniel Lamarre. Je suis président et chef de la
direction du Groupe TVA.
8402 Je suis accompagné à ma droite
d'André Provencher, maintenant président de TVA
International et également conseiller à la
programmation; de Marc Blondeau, vice-président
information; de Pierre-Louis Smith, directeur aux
affaires réglementaires; et de Francine Côté notre
conseiller juridique et patronne à tous, pour les
audiences!
8403 Nous apprécions l'invitation du
Conseil à participer à cette audience publique
relativement aux demandes de renouvellement des
licences de Radio-Canada.
8404 D'entrée de jeu, permettez-nous de
préciser les objectifs que TVA poursuit dans son
intervention.
8405 TVA n'a pas proposé et n'envisage pas
de mesure qui aurait pour effet de marginaliser
Radio-Canada.
8406 L'enjeu de ces audiences consiste
plutôt à encadre le modèle de diffusion publique
souhaitable pour renforcer et enrichir le système de
radiodiffusion de langue française, système qui a fait
preuve, jusqu'à ce jour, d'une vitalité remarquable.
8407 TVA souhaite continuer à se mesurer à
une télévision publique forte, pertinente, populaire et
distinctive. Comme le disait d'ailleurs madame Fortin:
"L'émulation entre télévision dans un petit marché ne
peut être que bénéfique à l'ensemble des
téléspectateurs." Nous partageons cette opinion.
8408 Madame Fortin mentionnait également
cette semaine que Radio-Canada a des responsabilités
importantes qui découlent de sa position privilégiée
dans le système. Et voilà où le bât blesse.
8409 Selon nous, il y a distorsion entre
l'expression des principes et leur application concrète
dans une grille de programmation.
8410 Notre expérience est à l'effet que
Radio-Canada adopte une stratégie qui ressemble de plus
en plus à celle d'un diffuseur privé. Se faisant, elle
y perd son identité, son "branding", autrefois
incontestables.
8411 Selon nous, cela s'explique par la
très grande discrétion consentie à Radio-Canada
d'interpréter son mandat et le fait qu'elle n'ait à
rendre compte de son interprétation qu'au moment du
renouvellement de ses licences.
8412 C'est alors qu'on entend le discours
rassembleur que nous avons entendu cette semaine. Ce
discours est malheureusement trop souvent mis en échec
dans la pratique.
8413 Notre intervention est caractérisée
par la proposition d'un cahier de charges comportant un
certain nombre de conditions de licence dont
Radio-Canada sera imputable tout au cours de sa
licence.
8414 C'est la seule façon, selon nous, de
mesurer l'action du diffuseur public dans
l'interprétation de son mandat et d'obtenir des
redressements, si nécessaire.
8415 Une gestion plus serrée du mandat du
diffuseur public devrait produire de meilleurs
résultats pour Radio-Canada en assurant une plus grande
diversité de l'offre de programmation dans notre
système.
8416 Je demanderai à André Provencher de
poursuivre sur cette question.
8417 MONSIEUR PROVENCHER: Notre cahier de
charges comporte diverses propositions pour s'assurer
que Radio-Canada donne une véritable priorité à
certains axes de programmation qui caractérisent
normalement la grille d'un diffuseur public.
8418 Le premier axe que nous avons retenu,
la culture et les arts d'interprétation.
8419 Le mandat de Radio-Canada, tel
qu'interprété par ses représentants au cours de cette
audience, est de produire une télévision distinctive,
forte, pertinente et populaire.
8420 La culture et les arts
d'interprétation sont certainement une façon de
répondre à ce mandat. La diffusion d'émissions
culturelles, de captation de théâtre, de spectacles de
danse, de musique et de chansons est un moyen efficace
d'exprimer la réalité et l'identité canadienne et de
mettre nos artistes en valeur.
8421 Il est clair que Radio-Canada assume
une responsabilité particulière à cet égard qui
n'incombe pas aux diffuseurs privés de la même façon.
8422 D'autres intervenants, comme l'ADISQ
ce matin, ont fait valoir cette nécessité de donner une
meilleure vitrine aux artistes de la scène et du
spectacle et de mettre en valeur les nouveaux talents.
8423 Nous avons d'ailleurs pris note des
intentions de Radio-Canada, exprimées cette semaine, de
collaborer avec l'ADISQ pour donner une meilleure place
à la chanson à son réseau.
8424 Nous croyons que de tels projets
méritent d'être précisés et inscrits dans le cahier de
charge du diffuseur public.
8425 Nous proposons aussi de porter de 12
à 24 par année les émissions diffusées par Radio-Canada
sur les arts d'interprétation sous forme de condition
de licence.
8426 Un autre axe est celui des émissions
pour les enfants et les jeunes.
8427 Nous avons noté le désistement
progressif de Radio-Canada et de son rôle de pédagogue
et de producteur d'émissions de qualité pour les
enfants et les jeunes.
8428 Nous suggérons donc que Radio-Canada
consacre au moins vingt heures par semaine à des
émissions jeunesse ne comportant aucun matériel
publicitaire.
8429 Pourquoi cette nuance? Tout
simplement à cause de l'émission "Watatatow" où les
personnages ont connu une maturité soudaine afin d'y
inclure de la publicité, d'où notre recommandation.
8430 Radio-Canada a aussi évoqué cette
semaine la possibilité d'augmenter les ressources
allouées à des émissions plus originales, comme des
dramatiques pour enfants plutôt que des dessins animés.
8431 Une telle proposition mérite d'être
relevée dans le cahier de charges de Radio-Canada, car
elle s'inscrit naturellement dans le rôle d'un
diffuseur public.
8432 Le reflet des régions.
8433 Notre position sur cette question
s'inspire directement des obligations qui ont été
faites à notre station de Québec, et qui sont toujours
en vigueur, de mieux rendre compte de la diversité
régionale de notre marché.
8434 Le diffuseur public est certainement
le mieux placé pour proposer des rendez-vous réguliers
à son réseau avec les différentes régions canadiennes.
8435 De tels rendez-vous permettent à tous
les téléspectateurs de voir et de comprendre les
différentes réalités politiques, culturelles, sociales
et économiques des régions canadiennes.
8436 Nous avons suggéré que Radio-Canada
produise cinq heures par semaine de programmation
régionale qui répondent à ces critères, dont une heure
en soirée.
8437 Le Conseil a par ailleurs demandé à
Radio-Canada de bonifier sa proposition. Radio-Canada
envisagerait même d'augmenter ses émissions régionales
à sept heures par semaine au terme de sa licence.
8438 Nous reconnaissons l'importance de
cet engagement. Nous demandons qu'il soit traduit sous
forme de condition de licence.
8439 Et nous souhaitons aussi que le
Conseil rappelle à Radio-Canada que les émissions
doivent présenter une facture visuelle et sonore qui
traduit fidèlement la réalité des régions.
8440 De plus, la création d'un comité
aviseur contribuerait certainement à améliorer la
facture des émissions régionales. Il devrait aussi
faire partie du cahier de charges.
8441 Le cinéma et le sport.
8442 Deux autres catégories d'émissions
largement représentées dans la grille de Radio-Canada
ont aussi retenu notre attention. Il s'agit du cinéma
et du sport.
8443 En ce qui a trait au cinéma,
Radio-Canada se procure des "packages" de films
américains qu'elle diffuse à différentes cases horaires
de sa grille, tout au long de l'année, dont une très
forte proposition aux heures de grande écoute.
8444 Nous pensons qu'il serait plus
judicieux que les téléspectateurs de Radio-Canada aient
accès à un répertoire plus diversifié de titres
étrangers.
8445 Selon les dires mêmes des
représentants de Radio-Canada, 47 pour cent des films
diffusés en 1998 étaient des films américains de nature
commerciale, d'où notre proposition d'imposer à
Radio-Canada que 75 pour cent du cinéma étranger,
diffusé à son réseau, proviennent de d'autres pays que
les États-Unis.
8446 Quant aux sports, les Olympiques
demeurent un exemple frappant du comportement prédateur
de Radio-Canada qui plaide aujourd'hui pauvreté pour ne
pas couvrir les Jeux du Québec.
8447 Nous proposons que Radio-Canada fasse
preuve à cet effet d'un peu plus de modération en
s'associant, par exemple, au secteur privé pour
acquérir les droits portant sur des événements sportifs
d'envergure, comme cela se fait dans d'autres pays,
comme la France.
8448 Nous demandons aussi au Conseil
d'imposer un meilleur équilibre entre le sport amateur
et le sport professionnel qui occupe une place
prédominante dans la grille de sports de Radio-Canada.
8449 Et je laisse maintenant la parole à
mon collègue, Marc Blondeau.
8450 MONSIEUR BLONDEAU: Bonjour. Dans le
domaine de l'information, nous reviendrons aujourd'hui
sur deux éléments.
8451 Le premier élément découle du fait
que Radio-Canada est la plus importante entreprise
journalistique au pays. Radio-Canada possède des
antennes et dispose de ressources impressionnantes d'un
océan à l'autre.
8452 Nous avons pris connaissance des
engagements de Radio-Canada d'accentuer le caractère
national et international de l'information, notamment
au Téléjournal, et nous y souscrivons pleinement.
8453 Nous aimerions cependant ajouter que
l'information offerte par Radio-Canada, tant à la
première chaîne qu'à RDI, doit donner une place de
choix à l'actualité nationale qui reflète toutes les
régions du Canada, et pas seulement les régions du
Québec.
8454 De plus, nous aimerions rappeler que
la présentation d'une information approfondie, par le
biais d'analyses et d'interprétation professionnelle, a
pendant longtemps été une distinction de Radio-Canada.
8455 Il serait souhaitable d'accentuer
cette caractéristique importante de l'information qu'on
est en droit de recevoir du diffuseur public, tout
comme monsieur Claude "sous-titrage" St-Laurent y
faisait allusion cette semaine.
8456 Le deuxième élément que nous
aimerions faire valoir porte sur la nécessité de
préserver la diversité des sources d'information et de
programmation.
8457 Le recours aux émissions en simultané
ou en rediffusion, entre la chaîne principale et RDI,
risque de nuire sérieusement à la diversité.
8458 À l'heure actuelle, plus de 25 pour
cent de la grille de 0600 le matin à minuit comporte
des émissions en simultané ou en rediffusion en
provenance de Radio-Canada. C'est énorme.
8459 L'esprit de la condition de licence
numéro 11 imposée à RDI visait, selon nous, à limiter
les possibilités d'interfinancement des émissions entre
RDI et Radio-Canada.
8460 La formulation de cette condition
aurait donc avantage à être modifiée pour limiter à 10
pour cent les émissions de la grille hebdomadaire
diffusées par RDI en simultané ou en rediffusion en
provenance de Radio-Canada ou d'une société affiliée.
8461 Je voudrais, avant de compléter nos
remarques sur la programmation, faire écho aux
commentaires du Regroupement québécois sur le
sous-titrage hier après-midi.
8462 Dans ce domaine, Radio-Canada
bénéficie d'une avance technologique importante grâce
aux ressources dont elle dispose. Nous aimerions que
Radio-Canada collabore avec le secteur privé et partage
son savoir-faire pour mieux servir les téléspectateurs
sourds et malentendants, au public comme au privé.
8463 Daniel Lamarre va maintenant conclure
notre présentation.
8464 MONSIEUR LAMARRE: J'aimerais aborder
les rencontres que TVA a formulées dans son cahier de
charges pour assurer une plus grande transparence des
activités du diffuseur public.
8465 Ce cahier de charges prévoit la
production d'un rapport annuel pour chacune des
licences exploitées par Radio-Canada.
8466 Ce rapport serait préparé selon une
méthode d'allocation des coûts qui aura été soumise à
l'approbation du Conseil. Un tel rapport rendu public
permettrait de vérifier la façon dont les fonds publics
sont gérés par Radio-Canada et voir s'ils sont utilisés
à bon escient.
8467 TVA a également formulé une autre
condition qui s'inspire du modèle la BBC en Angleterre.
8468 La BBC, au début des années 1990,
ayant vécu un tiraillement semblable à celui que
Radio-Canada vit actuellement, le gouvernement
britannique lui a demandé de ne plus financer ses
activités commerciales à même les fonds publics.
8469 La BBC a donc pris l'engagement
solennel de publier une déclaration de concurrence
équitable qui l'engage à une comptabilité transparent
et un comportement commercial conforme aux principes
établis de saine concurrence.
8470 Je dois dire que c'est avec intérêt
que TVA a pris note des propos tenus par les
représentants de Radio-Canada, mardi dernier, à l'effet
qu'ils se sont penchés sur le modèle de la BBC et
démontrent une ouverture à cet égard.
8471 Nous pensons que cette proposition a
du mérite, car elle poursuit efficacement deux
objectifs dans cette instance:
8472 Premièrement, une plus grande
transparence de l'institution publique;
8473 Et, deuxièmement, dossier règles de
concurrence équitables entre les segments public et
privé du système de radiodiffusion.
8474 Notre cahier de charges comporte des
propositions qui sont raisonnables et pratiques visant
à garantir pour l'avenir une télévision publique plus
forte, distinctive, pertinente et populaire.
L'ensemble des mesures que TVA propose contribuera à
corriger l'écart entre le discours et l'action du
diffuseur public.
8475 J'ajouterai en terminant que la mise
en oeuvre d'un tel cahier de charges aurait un effet
bénéfique pour tout le système francophone de
radiodiffusion, et plus particulièrement pour
Radio-Canada, ses employés, ses artisans, les artistes
et les producteurs indépendants.
8476 La mission du diffuseur public sera
claire, sans avoir pour effet de le marginaliser.
8477 Nous vous remercions de votre
attention et nous serons heureux de répondre à vos
questions.
8478 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup.
C'est moi qui ai le plaisir d'ouvrir le questionnement
et certainement que mes collègues, qui ont suivi de
près tous les débats de la semaine, auront peut-être
des questions à ajouter.
8479 J'avoue que votre intervention assez
volumineuse, non pas tant en termes de pages
strictement, mais aussi en termes de ce qu'elle
sous-tend comme argumentation, et présentation de
recommandations
8480 Et aussi l'étude qui est annexée, non
seulement, a été l'objet de notre attention, mais aussi
je vois, par d'autres commentaires qu'on a entendus
même aujourd'hui, d'autres intervenants s'en sont servi
d'une certaine matière, parce qu'on a entendu les mêmes
thèmes.
8481 Alors, vous ne serez pas étonnés que
je vais vous pousser un peu plus loin dans chacun des
éléments pour bien comprendre ce qui vous amènent,
compte tenu aussi que vous avez une expérience
importante dans le marché, pas encore à toute l'échelle
du Canada, parce qu'elle est trop récente, mais
certainement dans le marché au Québec.
8482 Donc, c'est important de vous
entendre sur ce qui vous amènent à réfléchir de la
sorte et recommander ce que vous recommandez pour que
vraiment, au dossier public, on ait tous les éléments
nécessaires au moment où nous aurons à analyser et à
prendre des décisions.
8483 Alors, d'abord, vous n'en parlez pas
cet après-midi, mais vous faites référence dans votre
document à l'idée de constellation et vous rappelez,
dans ce document, que la constellation existe déjà dans
la mesure où il y a un déploiement au sein de plusieurs
licences. C'est un élément.
8484 J'aimerais vous entendre sur la
propension, par ailleurs, présentée dans le plan
stratégique de Radio-Canada. Quel est, selon vous, le
mérite de cette proposition-là?
8485 Là, je ne fais pas référence à un
élément en particulier, mais davantage le concept de se
déployer dans d'autres activités.
8486 MONSIEUR LAMARRE: Bien, je pense,
d'entrée de jeu, qu'on a voulu centrer cet après-midi
notre intervention sur ce que nous considérons être le
coeur de Radio-Canada.
8487 Et ce qui est important pour nous, et
c'est une préoccupation constante chez nous, c'est de
bien nous assurer (c'est pour ça qu'on est arrivés,
cette fois-ci, avec une démarche peut-être plus
positive que la démarche plus traditionnelle de notre
entreprise) c'est qu'on voulait arriver avec une
proposition concrète qui amène des solutions concrètes
pour le Conseil.
8488 Donc, si je reviens plus précisément
à la notion de constellation, nous, ce qui est
important pour nous, c'est de s'assurer que dans un
premier temps... parce que j'ai été attentif cette
semaine aux propos des gens de Radio-Canada qui nous
ont énoncé à plusieurs reprises les choix qu'ils
doivent faire. Et je comprends qu'ils ont un certain
nombre limité de choix qu'il doivent à faire.
8489 Et à cet égard-là, je pense que, de
s'éparpiller avec toutes sortes de préoccupations
différentes, ne serait certainement pas une solution au
focus sur lequel doit mettre Radio-Canada. Avec tout ce
que nous avons entendu cette semaine, il nous apparaît
très clair que Radio-Canada a un défi majeur de
repositionnement et de recentrage au cours des
prochains mois, (si je peux me permettre un commentaire
très personnel) je pense qu'à ce moment-ci, la notion
de constellation serait beaucoup plus une notion de
diversion, de divertissement plutôt que d'être centrée
sur la vision et la mission de Radio-Canada telle qu'on
la voit énoncée.
8490 LA PRÉSIDENTE: Je vous entends bien
mais je vais pousser un peu plus loin et je vais
exclure la question des canaux spécialisés. Mais dans
la mesure où cela veut dire que l'univers continue à
évoluer, est-ce qu'il est juste et raisonnable de
demander au diffuseur public, lui, de s'astreindre
pendant que l'autre pilier important du système de
radiodiffusion, c'est-à-dire la radiodiffusion privée,
peut, elle, continuer à se déployer?
8491 MONSIEUR LAMARRE: Je vous remercie
d'exclure les canaux spécialisés dans notre discussion.
Je pense que c'est important que je le précise parce
que cela traduit bien le fond de notre démarche. TVA
ne veut pas restreindre Radio-Canada. Donc, si pour
toutes sortes de raisons stratégiques, économiques, les
dirigeants du réseau Radio-Canada, de concert avec le
gouvernement fédéral, arrivaient à la conclusion que ce
concept-là vient effectivement enrichir le système de
radiodiffusion, je vous avouerai que Radio-Canada ne
trouverait pas TVA sur son chemin.
8492 Je pense que ce qui est important (et
c'est encore une fois l'enjeu parce que c'est un
rendez-vous que moi je qualifierais d'historique dans
la démarche du diffuseur public) moi, je pense que dans
la mesure où tout ce qu'on peut amener pour enrichir le
système de la radiodiffusion francophone, parce qu'il y
a au moins un endroit où on se rejoint tous, c'est sur
la nécessité d'avoir un système de radiodiffusion
francophone fort.
8493 Donc, dans la mesure où cela devenait
un élément pilier pour améliorer ce réseau-là, je vous
réitère que nous, à ce moment-là, on n'aurait pas une
objection très prononcée sur ce concept.
8494 LA PRÉSIDENTE: Comme diffuseur très
présent dans le marché, très capable de rejoindre ses
auditoires, j'aimerais vous entendre sur l'activité
liée aux multimédias. Si vous faites la comparaison
avec votre connaissance de la radiodiffusion en milieu
francophone, quel est l'écho que vous pouvez... ou
l'éclairage que vous pouvez nous donner quant à cette
orientation qui est présentement dans les... on ne peut
peut-être pas les appeler actuellement des cahiers de
charge, mais enfin, dans les propositions de
Radio-Canada.
8495 MONSIEUR LAMARRE: Encore une fois,
je suis très préoccupé par la possibilité de tout faire
dans la vie et c'est peut-être parce qu'on est trop
pragmatique nous au privé, mais on a l'impression qu'on
a un certain nombre de ressources et qu'il nous faut
faire des choix stratégiques. Alors, s'il y a des
sommes trop importantes qui doivent être consacrées à
d'autres véhicules, bien moi, ma crainte ça serait que
ça vient porter ombrage ou ça vient réduire les
ressources qu'on a pour ce qui est l'essence-même et la
nature-même de l'entreprise.
8496 Je pense que le diffuseur public
n'ait aucun intérêt dans le multimédia. Je pense que
cela serait difficile à comprendre dans le contexte que
l'on vit présentement. Nous nous y intéressons nous
aussi. Nous nous y intéressons dans la mesure de nos
moyens et je pense que si vous avez des choix à faire,
parce qu'en tant qu'actionnaires de Radio-Canada,
puisque nous sommes tous actionnaires de Radio-Canada,
bien je pense que s'il y a des choix à faire, moi je
serais plutôt porté à dire: Dans un domaine où le
financement de la production de la programmation
originale francophone canadienne, je dirais que le
multimédia serait très certainement un deuxième choix.
8497 LA PRÉSIDENTE: Je vais parler de ce
que vous ne parlez pas aujourd'hui, mais la question de
la publicité et que vous rattachez au mandat dans votre
document écrit du mandat de Radio-Canada, où vous dites
que vous prenez l'exemple, par exemple, des émissions
culturelles qui sont reléguées à un temps qui se trouve
un peu hors circuit et que ce sont les émissions à plus
grande auditoire qui se retrouvent dans le trafic comme
on dit, questionnée sur ces éléments-là, Radio-Canada,
vous l'avez peut-être entendu vous-même, dit: Écoutez,
c'est dans notre responsabilité d'aller rejoindre les
plus grands auditoires possibles.
8498 Cela fait partie justement du mandat
d'être diffuseur public et on se doit de s'assurer que
les émissions sont positionnées de telle manière qu'on
puisse aller rejoindre ce public-là. Puis c'est
souvent en soirée. Le jour, il y a moins de personnes
qui en avaient, vous en savez quelque chose.
8499 Alors, j'aimerais cela vous entendre
sur cette référence-là parce que de fait il est clair
qu'il y a plus de trafic en "prime time" qu'il y en a
dans l'après-midi à 3 h. Les dollars étant ce qu'ils
sont, c'est normal. On peut penser qu'il y a comme une
répartition qui soit faite en vertu de là où il y a le
plus de téléspectateurs possibles, indépendamment de la
question des auditoires pour fins publicitaires, mais
simplement en termes de s'assure que ça aille rejoindre
le plus grand nombre de Canadiens possible, j'aimerais
cela...
8500 MONSIEUR LAMARRE: Je vais vous
répondre sur la partie plus strictement commerciale,
mais j'aimerais peut-être qu'André apporte un
complément de réponse sur la notion de cote d'écoute et
de programmation.
8501 Sur la notion strictement
commerciale, quand je vous entends décrire ce qui a été
dit ici, j'ai l'impression d'entendre un diffuseur
privé et j'insiste et je répète: Je ne veux pas avoir
comme concurrent le gouvernement fédéral. J'ai
présentement comme concurrent le gouvernement fédéral.
Je ne veux pas marginaliser le diffuseur public qui
s'appelle Radio-Canada, sauf que le diffuseur public
qui s'appelle Radio-Canada n'a pas les mêmes éléments
de risque qu'un diffuseur privé a parce que son
actionnaire éponge, année après année, la situation
financière dans laquelle il se trouve.
8502 Donc, si nous acceptions que le
diffuseur public a une responsabilité distincte et
différente du diffuseur privé, bien à ce moment-là,
cela veut dire que ses pratiques commerciales doivent
être très différentes du diffuseur privé, ce qui ne
veut pas dire qu'on veut absolument que Radio-Canada
soit à l'extérieur de la télé commerciale.
8503 On comprend les problèmes financiers
qui ont été énoncés, mais il faut, à tout le moins, que
dans ses pratiques, Radio-Canada soit très distinctif
de la télé privée.
8504 MONSIEUR PROVENCHER: Madame la
présidente, il est clair que comme programmeur, on a
tous à réfléchir sur les meilleures façons de rejoindre
les auditoires. Il est sûr que dans la perspective
d'une entreprise privée de radiodiffusion c'est un
impératif qui va de soi. Mais on a eu l'occasion au
cours des dernières années de voir comment nous allions
répartir l'effort que nous avons à faire pour rejoindre
les téléspectateurs et ne pas donner l'impression non
plus que nous allions prendre congé des téléspectateurs
pendant une certaine période de temps.
8505 Radio-Canada vous a fait part cette
semaine que leurs efforts devaient se concentrer, selon
leur point de vue, davantage durant la saison
automne-hiver. C'est un point de vue que je respecte.
Comme Daniel vient de vous le dire, il nous apparaît
qu'il s'assimile plus à un réflexe de diffuseur privé.
8506 Est-ce qu'il est normal, par exemple,
que depuis le début d'avril, que 25 jusqu'à 29 des 30
émissions les plus regardées soient à l'antenne de TVA,
que le diffuseur public, sa part de marché soudainement
soit passée autour de 11, 12, 13 parts de marché dès
que ses émissions doivent céder l'antenne au hockey,
par exemple? Est-ce qu'il est normal que son effort
pendant l'été soit réduit?
8507 Nous, on s'est posé cette question-là
et on en est venu à la conclusion (je ne demande pas à
personne de partager cette conclusion-là) mais on est
venu à la conclusion qu'il était de notre devoir et
notre responsabilité, non seulement vis-à-vis nos
actionnaires mais vis-à-vis des téléspectateurs de
pouvoir leur offrir tout au long de l'année un meilleur
choix d'émissions, particulièrement d'émissions
originales.
8508 Il nous semble que le diffuseur
public ne doit pas, a priori, adopter tout à fait le
même type de raisonnement. Est-ce que c'est un hasard
que l'effort de Radio-Canada se concentre là où la plus
forte demande sur le marché publicitaire est dans
l'année?
8509 Cette demande se concentre
normalement entre le 15 septembre et le 15 décembre, et
après ça, entre le 15 février et le 15 juin, à peu
près. Effet du hasard ou pas, je ne sais pas trop, il
est clair que nous partageons avec Radio-Canada le
souci d'être une télévision populaire. Nous respectons
leur interprétation du mandat.
8510 On l'a dit d'emblée dans notre
mémoire. Nous l'avons répété aujourd'hui. Nous
respectons leur liberté de pouvoir choisir. On dit
simplement qu'il doit y avoir quelque part quelque
chose qui distingue les règles de fonctionnement du
diffuseur public par rapport au système privé.
8511 LA PRÉSIDENTE: Si on reprend des
éléments énoncés par Radio-Canada, l'explication en est
souvent une de dire, d'une part, que la mission
généraliste et le besoin de rejoindre le plus de
citoyens possible fait en sorte qu'on n'y va pas avec
les meilleures émissions quand les publics ne sont pas
là.
8512 La deuxième est aussi que la
situation financière a fait en sorte qu'il y a eu une
situation où il y a ce besoin. Madame Fortin a bien dû
rappeler trois ou quatre fois pendant l'audience à date
que si on était prêt à faire des chèques, elle les
prendrait. Elle ne les retournerait pas!
8513 Alors, dans quelle mesure croyez-vous
qu'il soit réaliste de penser qu'on puisse maintenir la
qualité, parce que même dans ce que vous présentez non
plus, vous ne dites pas, il y a des genres à bannir
complètement?
8514 Au contraire, vous avez une barre
plus haute. Donc, ce n'est pas à vous que je vais dire
combien cela coûte de faire de la télévision. Ce n'est
pas donné.
8515 Alors, comment pouvez-vous
réconcilier cette proposition de dire: Il ne faut pas
qu'ils fassent de la concurrence au secteur privé, il
ne faudrait pas qu'il soit sur le même modèle, qu'il ne
soit pas nécessairement dans le trafic en même temps
que tout le monde et être capable financièrement
d'assumer cette responsabilité-là?
8516 MONSIEUR LAMARRE: Je pense que c'est
une question de choix, madame la présidente. On ne
peut pas en même temps dire dans la même phrase que
nous n'avons pas les moyens de se payer cela et en même
temps faire de la surenchère sur les films américains
et sur les séries américaines.
8517 Je ne crois pas que ce soit le mandat
du gouvernement fédéral que de subventionner l'achat de
films américains, de se retrouver en période BBM, dans
une émission aussi radio-canadienne que "Les Beaux
Dimanches" et d'avoir un film comme "Forrest Gump",
payé à grand prix. Je pense qu'il aurait pu y avoir
des choix de programmation différents qui auraient
permis de financer d'autres productions canadiennes.
8518 Je suis extrêmement sensible au fait
qu'on a des choix budgétaires à faire lorsqu'on est à
la tête d'un réseau, mais comme actionnaire de
Radio-Canada, j'aimerais mieux que les choix soit faits
en contenu canadien.
8519 Alors, c'est difficile pour nous
d'accepter ce commentaire-là lorsque nous vivons la
surenchère à tous les jours sur des contenus américains
et c'est d'autant plus difficile, madame la présidente,
d'accepter ce commentaire-là puisqu'il n'y a aucune
transparence dans ce que Radio-Canada présente.
8520 LA PRÉSIDENTE: Je vais revenir à la
question de transparence, mais sur la question de
surenchère, depuis le début de l'audience cette
semaine, je n'ai pas accepté, ni mes collègues, disons,
cette notion-là au dossier parce qu'on n'a pas de
preuve comme telle et on n'est pas un tribunal qui juge
s'il y a eu surenchère ou pas.
8521 Une chose est certaine: il y a un
phénomène d'offre et demande, et dans la mesure où pas
simplement pour les produits américains (on peut bien
imaginer que pour les talents, pour les gens qui font
des nouvelles) enfin, c'est évident qu'il y a entre les
diffuseurs un espèce d'offre et de demande qui se fait
toujours.
8522 Mais revenons à la question de la
publicité. Comment voyez-vous qu'il soit possible, si
on restreignait cette publicité-là, de pouvoir
s'assurer, que ce soit dans un genre ou l'autre, que ce
soit avec une palette de couleurs à toutes les nuances,
avec un peu moins de nuances, mais comment peut-on
assurer la possibilité de l'aspect distinctif et
caractéristique du diffuseur public qui fait qu'on a eu
l'émulation dont vous-même vous avez bénéficié, TVA,
sans le mettre en péril?
8523 MONSIEUR LAMARRE: Je pense que de se
contenter de critiquer n'amène rien de constructif dans
le système. La démarche qu'on a faite c'est de
proposer quelque chose. Je veux insister sur ce
point-là parce qu'on a eu l'impression cette semaine
que ce document-là que nous avons déposé, que cette
proposition concrète que nous avons faite n'était pas
mise à l'avant-plan et on n'a pas eu de réaction de la
part de Radio-Canada à notre proposition.
8524 Je vais peut-être vous surprendre
mais pour nous, nous croyons sincèrement que si notre
proposition était mise de l'avant, vous amèneriez à
l'écran un produit beaucoup plus distinctif de
Radio-Canada et vous amèneriez une écoute à notre point
de vue, et encore une fois, je ne demande pas à tout le
monde d'être d'accord avec notre point de vue, mais
nous sommes convaincus que cela amènerait des cotes
d'écoute au minimum équivalentes aux cotes d'écoute
actuelles de Radio-Canada. C'est notre évaluation de
cela.
8525 Ceci dit, ce que cela entraînerait
également à cause des catégories d'émissions que nous
proposons, cela amènerait aussi une plus grande
stabilité dans les ventes de publicité au Québec.
Parce que, vous le savez, madame la présidente, vous
connaissez bien notre marché, la publicité au Québec se
vend beaucoup moins cher que dans le reste du Canada.
8526 Alors, nous croyons qu'avec notre
proposition, nous aurions des produits qui seraient
différents, nous aurions des produits qui seraient
distinctifs et nous souhaitons que la conclusion serait
une offre publicitaire différente et, par voie de
conséquence, à tout le moins une stabilisation mais
nous l'espérons, peut-être, une augmentation des coûts
de la publicité au Québec.
8527 LA PRÉSIDENTE: Est-ce que je vous
comprends bien que vous ne recommandez pas une
diminution du temps publicitaire, mais que vous voyez
par des accents différents dans les genres de
programmation à ce moment-là, une espèce de
redéploiement de la façon de financer les auditoires à
l'intérieur de Radio-Canada, ce qui aurait un effet de
la valeur du coup par mille dans l'ensemble du système
de radiodiffusion.
8528 MONSIEUR LAMARRE: C'est ce que nous
proposons parce qu'on n'aime pas le terme "restreindre"
Radio-Canada parce qu'on trouve que ça ne fait pas très
crédible dans la bouche de TVA que de restreindre
Radio-Canada. C'est pour cela qu'on est arrivé avec
une approche beaucoup plus constructive qui aurait cet
effet-là. André.
8529 MONSIEUR PROVENCHER: Radio-Canada
présente une fois par mois le dimanche soir, dans le
cadre des "Beaux dimanches" un événement cinéma qui est
présenté sans publicité.
8530 Daniel parlait tantôt de "Forrest
Gump" puis "Sur la route de Madison" et bientôt Nixon
qui sera présenté, parmi ceux-là, un certain nombre de
films américains.
8531 On s'explique mal que Radio-Canada
puisse se priver des recettes publicitaires quand elle
diffuse du produit américain et qu'elle ait absolument
besoin de toutes les ressources de tous les leviers du
financement quand elle présente, par exemple, des
émissions pour enfants ou qui appartiennent toujours
aux émissions pour enfants, mais qui peut-être n'en
sont pas et où les émissions d'information et
d'affaires publiques où elle aurait introduit la
publicité depuis, à ma connaissance, trois ou quatre
ans, le volume publicitaire a augmenté de huit à 12
minutes.
8532 LA PRÉSIDENTE: Donc, cet après-midi,
vous dites: vous abandonnez la voie que vous aviez
empruntée ou que vous aviez commencé à évoquer pour
vous concentrer sur des propositions plus liées à des
conditions de licence que vous proposez qui soient
liées à tant d'heures dans un domaine ou dans l'autre.
C'est l'essentiel de votre...
8533 MONSIEUR LAMARRE: En fait, il y a
deux points. Le premier point, c'est effectivement ce
que vous venez de dire; c'est-à-dire qu'on pense que
des conditions de licence pourraient amener des
corrections importantes
8534 Et le deuxième point qui est
important aussi, parce qu'on laissé entendre ici cette
semaine, que c'était difficile à croire qu'il y avait
de la surenchère dans le marché.
8535 Je dois vous dire que ce n'est pas
l'expérience que nous vivons, pour avoir rencontré les
grandes agences de publicité qui sont venues dans mon
bureau me montrer des présentations de Radio-Canada, je
suis obligé de vous dire, madame la présidente, que ces
propositions-là ramènent dramatiquement à la baisse les
coûts de publicité.
8536 Alors, cette notion-là que nous avons
exprimée, nous la maintenons. La raison pour laquelle
on n'y a pas insisté davantage cet après-midi c'est
qu'elle a été traitée abondamment cette semaine, mais
je pense qu'il est important de répondre au point
suivant: c'est qu'il est clair, pour nous, que des
propositions du gouvernement fédéral à des agences de
publicité ont ramené de façon dramatique à la baisse
les coûts de publicité au Québec.
8537 MONSIEUR PROVENCHER: Si vous me
permettez d'ajouter ce commentaire, l'ensemble des
propositions que nous formulons aujourd'hui ne sont pas
inspirées du Saint-Esprit. Elles trouvent toutes leurs
racines dans des choses qui existent déjà.
8538 Par exemple, la proposition que nous
formulons sur les émissions régionales est en tout
point semblable à celle que nous vivons à notre station
de Québec. Ce que nous formulons pour le cinéma
étranger existe pour, par exemple, Fiction ou pour un
"showcase".
8539 Ce n'est pas un hasard si on fait une
proposition sur le cinéma étranger. Radio-Canada vous
a dit cette semaine que 47 pour cent de son cinéma
était américain.
8540 Quand on pousse un petit peu plus
loin l'analyse sur 55 films présentés ou programmés
dans cette année de radiodiffusion, de septembre 1998 à
août 1999, sur 55 films en "prime time", 67 pour cent
sont américains.
8541 Donc, on peut soupçonner que cette
motivation de présenter du cinéma américain rejoint
aussi les préoccupations qui sont de nature
commerciale, ont le besoin de baliser ça. Même chose
pour les émissions pour enfants.
8542 Je pense que Radio-Canada s'est
présenté devant vous en 1994 avec 20 heures d'émissions
pour enfants, nous ramenons cette proposition.
8543 Sur le sport, en 1994 on vous a dit,
la direction de Radio-Canada avait dit au Conseil: nous
nous faisons un point d'honneur de fournir 40 pour cent
des émissions de sport amateur, on constate aujourd'hui
et je pense que les gens de Sports-Québec qui sont
venus devant vous ce matin nous ont fait un constat
d'échec à ce niveau-là.
8544 Donc, on n'a pas voulu, comme Daniel
vous le disait, réinventer la roue. On s'est inspiré
de modèles qui existent et qui, à nos yeux, vont
permettre de rejoindre une mission d'entreprise
publiques, peut-être un peu plus conformes à
l'interprétation que nous en faisons.
8545 LA PRÉSIDENTE: Dans les faits, ce
que vous proposez, le 24 heures, enfin 24
manifestations culturelles, vous c'est cinq heures,
mais vous avez entendu sept heures ou en terme d'heures
régionales sur le réseau et bien que vous aviez proposé
originairement cinq heures, vous seriez prêt à endosser
le sept heures proposées.
8546 MONSIEUR PROVENCHER: Mais,
excusez-moi, madame la présidente, mais sept heures qui
sont conformes à la définition d'émissions régionales
que nous proposons.
8547 Par exemple, on propose que la
définition de reflet régional qui existe dans la
licence de CFCM-TV s'applique à ce que Radio-Canada
doit faire en terme de visibilité des régions. Et non
pas inclure "Le jour du Seigneur" puis "La semaine
verte" et que ça ne soit pas une décentralisation de la
production mais bien véritablement une expression des
réalités régionales pour le bénéfice de l'ensemble des
Canadiens.
8548 LA PRÉSIDENTE: Donc, en grande
majorité, ce qu'on retrouve présentement sur le réseau
ne pourrait pas entrer dans la définition ou la
perception que vous en faites de ce que devrait être
une heure régionale.
8549 MONSIEUR LAMARRE: Mais ce n'est pas
uniquement une description que nous nous en faisons.
C'est une description à laquelle nous sommes tenus,
nous, à CFCM. Alors, on ne demande pas une restriction
additionnelle aux gens de Radio-Canada. On leur
demande d'être jugés selon les mêmes normes à partir
desquelles nous-mêmes sommes jugés.
8550 LA PRÉSIDENTE: Mais vous comprenez
bien que les règles somme des "package deals" comme on
dit en chinois, et que celle qui prévaut par rapport à
la licence de Québec pour TVA c'est une chose qui
s'inscrit dans un ensemble qui est celui de TVA.
8551 Quand on parle des heures régionales
en terme du réseau de Radio-Canada, c'est par rapport à
un ensemble et on ne peut pas dire que soit la mission
de TVA ou la mission de Radio-Canada s'exprime par une
seule définition, c'est bien clair.
8552 MONSIEUR LAMARRE: C'est très clair
et c'est pour cela qu'on vous a proposé un "package
deal", pour reprendre vos mots.
8553 LA PRÉSIDENTE: Mais quand vous
parlez régional, parlez-vous régional au sens que du
moment que c'est à l'extérieur du centre urbain de
Montréal?
8554 MONSIEUR PROVENCHER: Tout à fait,
madame la présidente.
8555 LA PRÉSIDENTE: Alors, je continue.
Dans le cinéma et sport, vous êtes prêt à ce qu'il y
ait... vous ne touchez pas au contenu canadien comme
tel. Vous laissez ouvert mais dans le contenu étranger
qu'il n'y ait pas plus que 25 pour cent de ce contenu
étranger qui soit américain.
8556 MONSIEUR PROVENCHER: Nous ne faisons
pas référence au contenu canadien. Nous prenons note
de ce qui a été présenté dans le plan stratégique de la
Société au sujet du cinéma canadien. Nous les
félicitons, nous l'avions fait un peu plus tôt.
8557 Je pense que ces efforts des deux
principaux radiodiffeurs vont apporter au cinéma
canadien un nouveau souffle et certainement que nous
prenons pour acquis que Radio-Canada va réaliser cet
élément-là de son plan stratégique sans que nous en
fassions une proposition de condition de licence.
8558 LA PRÉSIDENTE: On parlera de la
transparence tantôt, mais supposons que vous vous
transformez de TVA en organisme de réglementation,
c'est vous qui émettiez les licences et vous avez ce
cahier de charge que vous avez imposé. On est cinq,
six ans ou trois ans plus tard et on est là pour
examiner l'impact.
8559 Si on prend votre expérience, et vous
pouvez nous aider, qu'est-ce que vous voyez? Que
résulte-t-il pour la capacité de faire de Radio-Canada,
qu'est-ce qui arrive à l'auditoire en terme des
Canadiens? Comment sont-ils servis?
8560 Troisièmement, l'impact dans le
marché.
8561 MONSIEUR LAMARRE: Je pense qu'il y a
quelque chose que vous avez souligné tout à l'heure sur
laquelle je voudrais revenir. C'est que d'aucune façon
on ne s'est attaqué au contenu canadien. C'est
important parce que c'est un changement important de la
position de TVA par rapport à des positions
traditionnelles de notre réseau.
8562 Cela veut dire que nous acceptons
d'entrée de jeu que Radio-Canada continue à faire des
émissions à grande écoute aux heures de grande écoute
et qu'on pense que cette concurrence-là va continuer à
faire que la télévision au Québec va être une
télévision exceptionnellement bonne autant sur les
ondes de Radio Canada que sur les ondes du réseau TVA.
8563 Cette nuance-là est importante parce
que cette semaine on a tenté à plusieurs reprises de
laisser entendre aux gens qu'on voulait marginaliser
Radio-Canada. C'est faux.
8564 Parce que si Radio-Canada peut
continuer à faire du contenu canadien avec ses grandes
séries qui connaissent du grand succès, je pense que
l'impact dans le marché va être extrêmement, et va
continuer à être tonifiant.
8565 Ceci étant dit, tout ce que nous
proposons de différent, à quoi ressemblera le
Radio-Canada que nous proposons? Le Radio-Canada que
nous proposons va avoir plus d'émissions pour enfants.
8566 Je suis de la génération de la "Boîte
à surprise" et de "Bobino". Je serais très heureux
qu'aujourd'hui les enfants de mes enfants aient accès à
du contenu original émission jeunesse produit au Québec
par des producteurs du Québec.
8567 LA PRÉSIDENTE: Pourquoi n'en
faites-vous pas?
8568 MONSIEUR LAMARRE: Parce que nous
sommes soumis comme entreprise privée à une règle qui
fait que nous ne pouvons pas faire de publicité. Donc,
malheureusement, nous n'avons pas... (ou heureusement,
peu importe où est-ce qu'on se place) on est dans une
position différente.
8569 C'est au diffuseur public qui n'a pas
les contraintes du privé à faire des émissions
jeunesse. Donc, il y aurait plus d'émissions jeunesse.
Il y aurait plus d'émissions d'interprétation et il y
aurait beaucoup moins, j'ose l'espérer, d'argent du
gouvernement fédéral dépensé pour des films américains.
8570 Je pense que ce serait ça les grandes
modifications. Donc, plus de contenu canadien et plus
de diversité dans les contenus présentés.
8571 LA PRÉSIDENTE: Qu'est-ce qui arrive
sur la capacité de payer pour ces contenus-là et ceux
qui existent déjà? Est-ce qu'on a en terme de capacité
financière une capacité financière solide qui est
capable d'acheter ces produits-là ou de faire faire ces
émissions-là?
8572 MONSIEUR PROVENCHER: Si vous me
permettez de partager avec vous une petite expérience
que nous avons vécue en 1994 au réseau TVA et qui,
j'espère bien, va apporter une réponse à votre
question.
8573 En 1994 nous avons pris la décision
le 23 décembre de cette année de ne pas nous prévaloir
d'un droit de dernier refus, de premier et dernier
refus que nous avions sur la diffusion d'émissions de
hockey.
8574 Nous l'avons fait parce que nous
étions venus à la conclusion que ces émissions-là pour
nous et je pense qu'on a développé au fil du temps
certaines habiletés pour faire des analyses de
rentabilité économique sur n'importe quel produit et
dont les émissions de sport.
8575 Nous sommes venus à la conclusion que
ce n'était plus rentable pour nous de faire ça.
8576 Nous avons remplacé cette année-là le
hockey par des émissions qui vont vous rappeler sans
doute certains souvenirs, "Les grands procès", ce n'est
pas une émission qui était bon marché à produire, par
"Fort Boyard" qui n'est pas une émission la plus
économique non plus et c'est l'analyse que j'en tire et
je ne demande à personne de partager ça.
8577 Mais je pense que le redressement du
positionnement de TVA s'est vraiment concrétisé à
partir de ce moment-là. Nous perdions de l'argent en
1993. En 1994 nous n'en perdions plus et je pense que
nous avons réussi à augmenter la profitabilité de notre
entreprise depuis ce temps-là, sans émission de sport,
et nous présentons à notre antenne des émissions qui ne
sont pas bon marché.
8578 Nous ferions plus d'oeuvres
dramatiques si nous avions accès à plus de fonds. Nous
avons inclus des émissions comme "Fort Boyard". Nous
avons inclus des émissions plus documentaires. Nous
avons inclus des émissions comme "Le point J", nous
avons inclus des émissions comme "Les Mordus", une idée
originale développée chez nous et qui ne sont pas des
émissions qui coûtaient moins cher que celle qu'elles
ont remplacées.
8579 Je pense que de lier strictement la
rentabilité, je pense que c'est vraiment une question
de choix qui doivent être faits et nous le faisons dans
une perspective de rentabilité bien sûr, mais aussi de
servir les objectifs de notre présence de cette
industrie-là et de satisfaire les attentes
réglementaires, les attentes législatives qui nous
permettent d'exister.
8580 LA PRÉSIDENTE: Une approche comme
celle-là, qu'est-ce qu'elle aurait pour vous comme
gain? Est-ce qu'au niveau commercial c'est intéressant
parce que vous auriez une place qui est déjà très...
vous le disiez vendredi dernier, avec justesse,
"l'importance de TVA". Est-ce que ce sera une place
accrue?
8581 Qu'est-ce que vous entrevoyez de
cette proposition dans votre situation et pour celui du
système de radiodiffusion au global?
8582 MONSIEUR LAMARRE: Oui, je suis
content que vous me posiez la question. Moi, ça me
permet de clarifier un point. C'est que, encore une
fois, on a attendu abondamment ici dire, on voulait les
marginaliser, on voulait... La situation aujourd'hui
est celle que vous venez de décrire.
8583 Je réitère que si notre cahier de
charge était suivi Radio-Canada aurait au minimum la
même part de marché qu'aujourd'hui. Donc, l'impact
direct sur l'écoute serait à peu près nul et l'impact
qu'on espère que ça changerait à cause des catégories
d'émissions, c'est qu'on espère que ça amènerait un
resserrement des pratiques commerciales au Québec.
8584 Puis à ce moment-là on espère que
l'effet serait bénéfique autant pour Radio-Canada que
pour TQS que pour TVA. Et on pense que ce serait un
pas dans la bonne direction, mais surtout ce que ça
amènerait, parce que de plus en plus les observateurs
du milieu de la télévision le notent, ça amènerait une
offre beaucoup plus diversifiée.
8585 Je pense que ce serait ça le gros
avantage de ce que nous déposons aujourd'hui. On
arrêterait d'avoir des émissions qui se ressemblent
autant sur les deux grands réseaux. Je pense que c'est
ça le bénéfice net pour le téléspectateur canadien.
8586 LA PRÉSIDENTE: Dans la valorisation
du temps publicitaire, est-ce que c'est quelque chose
que vous êtes à même de pouvoir donner un ordre de
grandeur, de pouvoir chiffre ce que ça pourrait donner
sur une période de trois, cinq, sept ans, sur un espoir
de dire ça va être amélioré de 10 pour cent, 20 pour
cent ou vous n'avez aucune idée?
8587 Monsieur Provencher me regarde en
disant: je n'ai pas ma boule de cristal. J'ai lu dans
vos yeux mais est-ce que vous avez... en tout cas,
peut-être une espérance que vous pouvez partager avec
nous qui serait parce que vous parliez de la différence
de la valeur à Montréal dans le marché québécois versus
le marché de langue anglaise, surtout les grands
marchés de Toronto et puis Vancouver.
8588 Mais si on compare cela avec les
Américains et il y a encore la même... pire encore.
Alors, qu'est-ce qu'on peut espérer en terme de
restructuration de la valeur:
8589 MONSIEUR LAMARRE: Moi, ce que je
souhaiterais dans... mon scénario pessimiste serait
qu'on arrive au moins à imposer dans notre marché une
augmentation des tarifs qui suive le coût de la vie.
Présentement, on a de la difficulté à maintenir ça dans
notre marche. Ce serait mon premier objectif.
8590 A moyen terme, j'oserais espérer
qu'on amènerait une augmentation d'année en année qui
ressemble à celle que nos réseaux privés et publics
anglophones bénéficient. Nous sommes dans un marché
qui est démesurément inférieur au Canada anglais en
terme de tarifs.
8591 Alors, moi, je dis dans un premier
temps, si on réussissait un redressement, ce serait
déjà pour l'ensemble des télédiffuseurs francophones
une grande victoire. Dans un deuxième temps, si on
réussissait à maintenir une augmentation qui est
équivalente au coût de la vie, ce serait déjà là aussi
assurer notre profitabilité et dans un troisième temps,
j'aimerais qu'on se rapproche des réseaux anglophones.
8592 LA PRÉSIDENTE: Combien d'années vous
pensez que ça pourrait prendre pour rétablir la
première étape dont vous parlez?
8593 MONSIEUR LAMARRE: La première étape,
j'oserais espérer le faire sur une période de deux ans,
puis encore une fois c'est l'optimiste qui vous parle
ici. La deuxième étape sur une période plus réaliste
de trois à cinq ans et la troisième étape, là je vais
retourner à la boule de cristal d'André, c'est un
minimum de cinq ans.
8594 LA PRÉSIDENTE: Mais une
profitabilité c'est aux alentours de cinq ans.
8595 MONSIEUR LAMARRE: Une amélioration
de notre profitabilité c'est aux alentours de cinq ans,
oui.
8596 LA PRÉSIDENTE: RDI, vous parlez de
RDI dans votre dossier ici. Vous êtes revenu au même
principe qui est de dire pas de simultanéité, sauf pour
10 pour cent des émissions, vous avez observé d'après
les études et nous aussi d'ailleurs, et je ne pense pas
qu'il y ait eu contestation à cet égard-là.
8597 Pouvez-vous nous parler de ça, parce
que vous avez quand même, bien que ce soit d'un concept
différent, vous avez quand même la possibilité vous
aussi d'un certain partage des facilités et donc, une
économie d'échelle d'avoir deux licences à Montréal.
8598 Alors, comment est-ce que vous
proposez ici peu être un poids supplémentaire et donc
menacer d'autres objectifs qui peuvent être poursuivis
par Radio-Canada?
8599 MONSIEUR PROVENCHER: Merci, madame
Bertrand. Je vous dirais d'abord, je pense que je l'ai
dit publiquement puis je le redis aujourd'hui, la
qualité du produit d'information de façon générale a
augmenté au cours des dernières années au Canada puis
au Québec en particulier, dans le marché francophone.
8600 Je pense que c'est parce qu'il y a eu
des efforts de tout le monde puis RDI a grandement
contribué à ça.
8601 Le point qu'on veut faire, c'est
simplement que quand on regarde la condition de licence
qui avait été imposée à RDI au moment du dépôt de la
licence étant à peu près calqué sur la formulation qui
avait été faite pour Newsworld.
8602 Je pense que nous, ce qu'on
questionne c'est l'esprit de cette condition de licence
qui parle des émissions régulières de RDI qu'il ne faut
pas se retrouver à l'antenne de la "Première chaîne".
8603 Nous, ce qu'on dit c'est que la
question de l'interfinancement
l'esprit de cette condition de licence-là qui parle des
émissions régulières de RDI qui ne peuvent pas se
retrouver à l'antenne de la première chaîne.
8604 Nous, ce qu'on dit, c'est que la
question de l'interfinancement, la question de
l'amortissement sur combien de fenêtres de diffusion du
coût des émissions.
8605 Et puis les observations qu'on a
faites ont été faites, à l'exception du Téléjournal, on
parle ici d'émissions... à l'exception du Téléjournal
et de l'émission du matin, on parle ici d'émissions et
non pas des nouvelles.
8606 Et nous, tout simplement, ce qu'on
fait remarquer, c'est qu'alors qu'en 1993, par exemple,
quand RDI a déposé pour sa demande de licence sa
première grille de travail, il y avait plusieurs
émissions comme "La Semaine Verte", "Enjeux", "Second
Regard" qui étaient là une seule fois à l'antenne
durant la semaine.
8607 Aujourd'hui, on les retrouve trois
fois à l'antenne. "Le Point" était là deux fois, on le
retrouve trois fois aujourd'hui, incluant les reprises
de nuit.
8608 Alors, c'est sûr que, sur les canaux
spécialisés, le principe des reprises est accepté d'une
certaine façon. Ce qu'on questionne, c'est ce qui est
fait indépendamment, soit à Radio-Canada ou à RDI, qui
est forcément partagé.
8609 On fait valoir que déjà, à notre
avis, dans le cas du bulletin "Le Midi" que, à notre
avis, ils sont en défaut dans la mesure où
l'interprétation vient-elle du fait que c'est une
émission de Radio-Canada qu'on retrouve à RDI?
8610 L'esprit de la licence, en tout cas,
l'esprit de la condition de licence devrait être plus
large que ça.
8611 Et, donc, on a fait une compilation
qui donne 42 heures sur l'ensemble de la semaine,
incluant la nuit, d'émissions qui sont soit en
simultané. Il y en a très peu, il y a quelques
émissions spéciales dans certaines circonstances.
8612 Il y a "Le Midi", il y a l'émission
du matin, mais les autres, ce sont des émissions qu'on
retrouve sur la première chaîne et, après ça, qui sont
diffusées et rediffusées sur RDI.
8613 Alors, nous, on estime qu'il devrait
y avoir un encadrement à cette situation-là.
8614 LA PRÉSIDENTE: Je comprends bien
l'encadrement, mais dans ce que ça sous-tend ou ce que
ça peut avoir comme conséquence, est-ce qu'il est
possible d'envisager qu'on pourrait avoir, comme
téléspectateurs, comme citoyens canadiens, au bout de
la ligne des programmes de qualité compte tenu des
moyens disponibles pour le faire?
8615 MONSIEUR BLONDEAU: Bien, j'imagine
qu'entre une première grille de programmation puis la
réalité, il y a forcément une évolution. Alors, je
peux comprendre que les gens de RDI, comme tous les
programmeurs, sont confrontés à cette situation-là,
sauf qu'on voit qu'il y a des augmentations
importantes.
8616 Et encore là, comme le faisait valoir
André tout à l'heure sur les choix de programmation, je
pense qu'il y a quand même des montants d'argent
substantiels dans le budget de RDI au niveau des
revenus d'abonnement et au niveau des revenus
publicitaires pour permettre et garantir un certain
nombre de choix.
8617 Les gens de RDI ont été très créatifs
pour imaginer une grille qui reflète beaucoup des
objectifs qui avaient été tracés et dans leur
présentation à l'époque et dans la décision du Conseil.
Et j'ai tout lieu de croire qu'ils seraient capable de
le faire encore aujourd'hui.
8618 LA PRÉSIDENTE: Mais vous
reconnaîtrez, ayant vous-même traversé le Canada dans
la perspective de la diffusion maintenant nationale de
RDI, lorsqu'on a parlé ici pour TVA de travailler avec
les communautés, c'était dans des actions plus
ponctuelles ou avec des reportages.
8619 Vous savez ce que ça veut dire que de
couvrir le Canada. Et RDI, à cet égard-là, il y a
quand même une espèce de collaboration qui est
encouragée, en ce sens que, au bout de la ligne, c'est
le citoyen canadien francophone dans tout le Canada qui
est bien servi.
8620 Est-ce que ça ne risque pas, cette
recommandation-là, de par sa discipline, si on veut, sa
rigueur à un moment où les ressources financières sont
limitées, mettre en péril la possibilité de servir
l'ensemble des francophones au Canada?
8621 MONSIEUR BLONDEAU: Moi, je pense que
si on veut reprendre... votre toute première question
portait sur la constellation. Je pense que déjà RDI,
c'est reconnu, puis Radio-Canada dans son plan
stratégique le dit bien, il y a là une constellation,
si on veut, de moyens quand on regroupe Newsworld et
RDI, Radio-Canada, CBC, ce que fait la radio, et les
autres liens que Radio-Canada entretient avec ses
affiliés et tout ça.
8622 Il y a là la plus grosse entreprise
de presse au Canada, avec le plus grand nombre de
journalistes et d'effectifs de production.
8623 Déjà là, ils sont forcément mieux
équipés que quiconque pour faire face à la musique et
ils le font... à RDI en particulier, je pense qu'il y a
un effort notable qui est fait et que le public
francophone partout au Canada est en mesure
d'apprécier.
8624 Moi, je ne pense pas que cet
aspect-là des choses soit mis en péril. Je pense que,
au niveau de la nouvelle comme telle, des émissions où
on réussit, à l'intérieur des émissions comme
"L'Atlantique en Direct", "L'Ouest en direct" ou
"L'Ontario en direct", on le voit. Je veux dire, il y
a de l'approfondissement de la nouvelle aussi.
8625 Alors, à mon avis, je pense que les
ressources dont dispose RDI, et par le biais de
l'ensemble Radio-canadien, anglo-franco, et tous les
autres liens avec les autres télévisions publiques du
monde, tout ça permet effectivement à RDI et
permettrait encore à RDI de suffire à la tâche.
8626 LA PRÉSIDENTE: Merci. Madame Wylie
aurait des questions pour vous pour compléter sur ce
chapitre-là, mais aussi sur celui de la transparence et
vos propositions à cet égard.
8627 CONSEILLÈRE WYLIE: Merci. Bonjours.
Ne parlons pas de marginalisation, puisque c'est
maintenant un terme un peu trop rodé.
8628 Mais substituons au lieu "un
cantonnement", il y a certaines parties qui ont utilisé
le mot "cantonnement" et qu'il ne faudrait pas
cantonner le réseau de Radio-Canada dans certains
créneaux de programmation.
8629 Et, à ce moment-là, on examine vos
propositions qui seraient, par exemple, d'ajouter douze
émissions genre "Beaux Dimanches". Donc, il y en
aurait deux par mois. Ensuite, vingt heures de
programmation jeunesse sans publicité, sept heures de
régional et que 75 pour cent, non seulement des films
et des mini-séries ne soient pas américaines, et que le
sport inclut au moins 50 pour cent de sport amateur.
8630 Voilà certains endroits ou certaines
recommandations où certains intervenants parleraient de
cantonnement.
8631 Maintenant, vous, vous dites que si
ça se faisait, que la part de marché de Radio-Canada
resterait quand même la même, mais qu'il y aurait... un
de vos buts est d'essayer de voir à ce que les tarifs
augmentent au Canada français pour atteindre plus près
de ceux du Canada anglais, si je vous ai bien compris,
qu'il y ait une amélioration à ce niveau-là qui en
résulterait.
8632 Est-ce que, à ce moment-là, vous
entrevoyez que non seulement la part de marché, mais la
position financière de Radio-Canada resterait la même?
8633 Est-ce que je vous entends dire qu'il
y aurait plus de diversité, donc tout le monde en
bénéficierait, non seulement au niveau de l'auditoire,
mais au niveau financier?
8634 MONSIEUR PROVENCHER: Je vais vous
faire un commentaire sur la programmation et sur
l'effet de cantonnement dont vous parlez.
8635 Depuis un an, un peu plus, la société
Télé-Québec se cantonne dans un type de programmation
et ça ne voit pas ses résultats diminuer, bien au
contraire.
8636 Elle a repris une position qu'elle
connaissait à une certaine époque. Elle avait une part
de marché, elle en a maintenant 2.
8637 LA PRÉSIDENTE: Excusez-moi, mais ne
poussez pas quand même!
8638 MONSIEUR PROVENCHER: Oui.
Télé-Québec s'est repositionnée cette année et a une
interprétation de...
8639 LA PRÉSIDENTE: Télé-Québec est
partie, elle avait 8.
8640 MONSIEUR PROVENCHER: Oui.
8641 LA PRÉSIDENTE: Elle est rendu à
presque 3, mais quand même!
8642 MONSIEUR PROVENCHER: Mais ce qu'on
sent...
8643 LA PRÉSIDENTE: C'est le
positionnement.
8644 MONSIEUR PROVENCHER: Madame la
présidente...
8645 LA PRÉSIDENTE: C'est parce qu'il y a
une histoire particulière à Télé-Québec.
8646 MONSIEUR PROVENCHER: Je ne veux pas
argumenter avec vous là-dessus. Je veux tout
simplement signaler...
8647 LA PRÉSIDENTE: Non, mais restez sur
la comparaison de votre connaissance par rapport au
marché...
8648 MONSIEUR PROVENCHER: Mais...
8649 LA PRÉSIDENTE: ... et TVA.
8650 MONSIEUR PROVENCHER: Mais notre
conviction, madame la présidente et madame la
vice-présidente, c'est que ne pas chercher à tout faire
est généralement rentable.
8651 De se donner un positionnement, une
place à occuper dans le marché en fonction de ce qui
est disponible des segments qui ne sont pas couverts
est généralement rentable.
8652 De pouvoir trouver des
téléspectateurs qui sont mal desservis par d'autres
programmations et de leur offrir une option est
généralement rentable.
8653 Nous avons la ferme conviction que
les propositions que nous faisons n'auraient aucun
effet négatif, et on anticipe même un effet positif,
sur le succès de Radio-Canada auprès des
téléspectateurs et certainement sur une valorisation de
son image publique que... nos sondages nous disent, que
nous conduisons d'année en année, nos sondages nous
disent que cette image publique-là s'est dégradée,
particulièrement au cours des cinq dernières années.
8654 C'est notre conviction. Notre
expérience nous amène à croire qu'un positionnement
plus serré de Radio-Canada, ne pas chercher à tout
faire, rapporterait des dividendes non seulement en
termes de part de marché mais, je pense, pour
l'ensemble des téléspectateurs qui suivent ce qu'ils
font.
8655 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais ma question
avait...
8656 MONSIEUR PROVENCHER: Mais on ne
propose pas de cantonnement de Radio-Canada.
8657 Cette semaine, on vous a dit qu'on
diffuse un peu plus de 6 000 heures d'émissions par
année à l'antenne de Radio-Canada.
8658 Est-ce que le fait d'ajouter 24
heures d'émissions consacrées aux arts d'interprétation
est un effet de cantonnement? Je ne crois pas.
8659 Est-ce que de dire que, par exemple,
il y a un certain effort qui doit être fait dans le
sport amateur... on ne dit pas qu'ils doivent
absolument en faire. On dit qu'ils doivent faire une
certaine part de ce qu'ils font en sport pour le
consacrer au sport amateur.
8660 S'ils abandonnent le sport
professionnel, la condition tombe. On dit simplement
qu'ils ne doivent pas se cantonner justement dans le
sport professionnel.
8661 Même chose pour les régions, on ne
dit pas qu'ils doivent se cantonner. Est-ce qu'une
heure par semaine, en période de grande écoute, est un
effet de cantonnement, d'isolement? Non. Enfin, on ne
pense pas ça.
8662 Sur 6 000 heures, ce sont des
portions infimes de la programmation que nous suggérons
de consacrer à des catégories qui ont été
progressivement délaissées par Radio-Canada au cours
des années.
8663 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais ma question
avait deux volets.
8664 Je suis d'accord avec vous que, très
possiblement, ce serait plu alléchant pour les
téléspectateurs qui, eux, auraient un plus grand choix,
une plus grande diversité.
8665 Mais la deuxièmement part de la
question était: est-ce qu'il y aurait un impact
financier raisonnable? Parce que vous ne pouvez pas me
dire que 20 heures par semaine de programmation
jeunesse sans publicité, bien que ce soit un objectif
et un but évidemment que le Conseil partage, ne va pas
faire une différence au niveau financier.
8666 Et là, je me réfère par exemple à
l'étroitesse du marché au Québec...
8667 MONSIEUR PROVENCHER: Est-ce qu'on
peut...
8668 CONSEILLÈRE WYLIE: ... à la
difficulté de minimiser les possibilités de
Radio-Canada. C'est une question d'équilibre
évidemment, mais...
8669 MONSIEUR LAMARRE: Mais, madame la
présidente, je pense qu'on ne peut pas regarder la
Société Radio-Canada, qui est une société publique, de
la même façon qu'on regarde un diffuseur privé. C'est
au coeur même de nos débats.
8670 Qui va nous livrer des émissions pour
enfants si ce n'est pas le diffuseur public?
8671 Qui va nous amener un reflet régional
à travers tout le Canada si ce n'est pas le diffuseur
public?
8672 Ce que nous disons, et c'est pour
ça... puis André vient d'y insister avec beaucoup
d'à-propos, c'est pour ça que nous arrivons avec une
approche extrêmement raisonnable qui dit au diffuseur
public: Non seulement nous vous appuyons dans votre
démarche d'être reconnu comme réseau public, mais nous
souhaitons que vous soyez un réseau public fort.
8673 Aucune des demandes, des propositions
que nous faisons vient cantonner Radio-Canada dans
toute cette belle télévision que nous avons aux heures
de grande écoute.
8674 Donc, si je redescends et que je
retourne à votre question de base, quel va être l'effet
financier pour Radio-Canada? Nous prenons le pari que
nos propositions vont avoir un effet positif sur la
grille de Radio-Canada.
8675 Et nous sommes convaincus que l'effet
financier va être simplement que de redresser la
situation publicitaire qui est encore déficiente au
Québec.
8676 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que vous
partagez, un tant soit peu, l'opinion de certains que,
au Québec, Radio-Canada, contrairement au Canada
anglais, doit être ou est un contre-poids qui doit
demeurer essentiel au réseau TVA à cause de
l'étroitesse du marché et, je suppose, dans la
perspective d'une concurrence nécessaire?
8677 Est-ce que, à votre avis, le Conseil
se doit d'utiliser l'autorisation qu'il a de considérer
un marché francophone différemment du marché
anglophone?
8678 Est-ce que, à votre avis, ça s'insère
dans la démarche que vous faites?
8679 MONSIEUR LAMARRE: Tout à fait. Nous
reconnaissons et nous souhaitons (et nos mots, je
pense, ne sont pas modestes en ce sens) nous souhaitons
un Radio-Canada très fort au Québec.
8680 La seule chose que nous demandons au
CRTC, c'est que Radio-Canada est un diffuseur public
et, comme diffuseur public, il doit avoir des
responsabilités additionnelles à un diffuseur privé.
8681 Mais nous serions bien mal venus de
ne pas reconnaître la très grande et excellente
contribution que fait le réseau Radio-Canada dans notre
marché. C'est un élément stimulant pour nous,
motivateur et, nous, nous appuyons Radio-Canada dans
cette démarche-là.
8682 Mais, en même temps, on ne peut pas
seulement dire: Radio-Canada est un concurrent de TVA,
parce que de dire cela, à ce moment-là, nous allons
revenir devant vous et nous allons vous dire: Bien,
divisez les subventions puisque nous sommes deux
concurrents à part égale. Et donnez la même subvention
au réseau TVA que vous donnez à Radio-Canada.
8683 Alors, si ce serait ça les règles du
jeu, on devrait être contraints aux mêmes restrictions.
Ce n'est pas le cas.
8684 Alors, si ce serait ça les règles du
jeu, on devrait être contraint aux mêmes restrictions.
Ce n'est pas le cas.
8685 CONSEILLÈRE WYLIE: Les règles du jeu
sont quand même déterminées en partie par la réalité et
c'est cela qui sous-tend mon propos, qu'il faut quand
même faire face à ce qui existe et essayer d'établir un
équilibre avec tous ces éléments-là en perspective.
8686 MONSIEUR LAMARRE: Mais madame...
8687 CONSEILLÈRE WYLIE: Ma question était
simplement: Est-ce que vous ne voyez pas le marché
francophone comme ayant une perspective différente à
cause de son étroitesse et donc en mandatant la
diversification que ce soit bien de le faire. Est-ce
qu'on doit aussi tenir en ligne de compte ce qui en
résulte selon les faits ou les caractéristiques du
marché en question qui pourraient, à mon avis, dans les
faits, avoir des caractéristiques différentes.
8688 MONSIEUR LAMARRE: Mais madame Wylie,
on respecte les règles du marché et on endosse un
Radio-Canada fort. Mais en même temps, lorsque le
réseau TVA a perdu des millions de dollars au début des
années 90, le gouvernement fédéral n'était pas à notre
rescousse pour tenter de venir nous aider.
8689 Alors, c'est facile aujourd'hui dans
une situation économique qui nous est favorable de
dire: C'est important que Radio-Canada fasse
contrepoids à TVA. Je le comprends, je le respecte et
je l'accepte.
8690 Mais en même temps, on ne joue pas
selon les mêmes règles du jeu parce qu'on a une
vulnérabilité additionnelle comme entreprise privée
parce que nous prenons tous les risques financiers qui
viennent avec. Alors, c'est la seule distinction que
l'on fait.
8691 Alors, si vous nous dites: Est-ce
que vous souhaitez que Radio-Canada continue à être un
concurrent fort au réseau TVA au Québec? Oui, mais ce
que nous vous demandons avec beaucoup d'insistance,
madame la vice-présidente, c'est de reconnaître que le
diffuseur public, qui est le gouvernement fédéral, a
des responsabilités additionnelles.
8692 MONSIEUR PROVENCHER: Vous faites
référence, dans votre question, madame la
vice-présidente, à une réalité de petit marché et aux
effets néfastes qui pourraient résulter par exemple
d'une modification trop substantielle qui ont fait que
ce marché-là soit particulièrement dynamique et vital.
Nous partageons avec vous tous les avantages que vous
avez évoqués de conditions qui favorisent l'émulation
entre les joueurs. Mais dans un petit marché, les
risques de l'accélération des désavantages sont
également extrêmement néfastes.
8693 Il y a un des joueurs qui est venu
devant vous cette semaine et qui vous a fait état de
ses difficultés et qu'il attribue, de sa perspective,
ces difficultés-là à l'aspect trop commerciale, par
exemple, du radiodiffuseur public. Alors donc, il y a
certainement une série d'avantages très importants.
Nous y tenons comme vous. Nous tenons à maintenir ces
conditions-là.
8694 Madame la présidente l'a évoqué
tantôt: Cela a été à l'avantage non seulement des
téléspectateurs, non seulement du système, mais
également des entreprises. Alors, nous ne voulons pas
que ces avantages-là disparaissent mais nous ne voulons
pas non plus qu'ils cèdent le pas aux inconvénients
qui, dans un contexte de petit marché, prennent une
proportion beaucoup plus dramatique si ces avantages-là
devenaient trop structurels ou trop systématiques.
8695 MONSIEUR BLONDEAU: Madame la
vice-présidente, si je peux rajouter un élément au
niveau de l'information. La réalité de l'information
c'est quand même que peu importe la petitesse ou la
grosseur du marché francophone au Canada, on vous
demande aussi de tenir compte du fait qu'il y a une
responsabilité, on l'a dit, additionnelle au diffuseur
public mais qui vient aussi du fait que la quantité de
moyens au niveau de l'information dont dispose
Radio-Canada ici et à l'étranger l'amène à forcément
devoir jouer un rôle que personne d'autre ne peut jouer
au Canada.
8696 Les diffuseurs privés sont ingénieux.
On travaille de pair avec nos collègues du Canada
anglais. On a souvent fait référence à ça parce que
c'est notre réalité à nous. On est prêt à jouer le jeu
de la concurrence. On le fait. On est prêt à jouer le
jeu de la qualité. Il y a eu une certaine époque où la
qualité c'était ce qui démarquait l'information du
diffuseur public du diffuseur privé.
8697 Ce n'est plus le cas aujourd'hui et
dans la réalité de l'information, l'avantage
substantiel dont dispose Radio-Canada avec les moyens
de production partout au pays, dans un univers
d'information en continu où l'instantané est important
fait que peu importe la petitesse du marché au Québec,
il y a quand même là des moyens énormes au plan de
l'information plus particulièrement pour répondre aux
attentes du public comme diffuseur public mais aussi
pour concurrencer de façon très vive ce que les
diffuseurs privés peuvent faire.
8698 CONSEILLÈRE WYLIE: Et vous voudriez
que ces avantages-là se traduisent dans des créneaux
autres que peut-être le secteur privé ne rencontrerait
pas? Non, mais vous parlez des avantages dans certains
créneaux...
8699 MONSIEUR BLONDEAU: Bien au plan de
l'information...
8700 CONSEILLÈRE WYLIE: ... équilibré
dans le tout en exigeant du diffuseur public...
8701 MONSIEUR BLONDEAU: Moi, je peux vous
répondre pour l'information. La préoccupation qu'on a
à l'information, c'est celle qu'on a exprimée tantôt.
8702 C'est sûr qu'il y a un phénomène
d'amortissement de la machine de cueillette
d'information sur plusieurs antennes. C'est le cas
pour ceux qui font de l'information en continu en
anglais ou en français dans le privé au Canada.
8703 Mais il y a forcément là... quand on
parle de reflet de régions, quand Radio-Canada dit
elle-même qu'elle veut mieux refléter les régions, elle
veut mieux refléter les régions d'une à l'autre, il
faut s'assurer que (et c'est l'idée du cahier de
charges) il y ait un suivi réel des réalisations dans
ce sens-là pour vérifier entre le discours et l'action
si effectivement, dans tous les domaines,
conciliation...
8704 CONSEILLÈRE WYLIE: Et que tout ça
soit pris en compte quand on essaie d'établir
l'équilibre dont vous parlez.
8705 MONSIEUR BLONDEAU: Tout à fait.
8706 MONSIEUR PROVENCHER: On ne vient pas
vous dire, madame la vice-présidente, que Radio-Canada
doit faire moins de "Petite Vie", ou moins de
téléromans, ou plus de ci, ou moins de ça.
8707 Je pense que les gens, qui sont
mandatés pour diriger l'entreprise, doivent disposer
d'une certaine latitude, d'une certaine marge de
manoeuvre pour interpréter le mandat qui est confié par
la loi à Société Radio-Canada.
8708 Et s'il juge qu'il est préférable, de
leur point de vue, pour servir les téléspectateurs et
pour être une télévision populaire, distinctive et
pertinente, qu'ils doivent offrir ce type
d'émissions-là, nous disons: ce sont leurs choix.
8709 Les seules propositions que nous
faisons sont des propositions d'équilibre qui auront un
effet d'assainissement sur les conditions de la
concurrence entre les deux principaux joueurs.
8710 CONSEILLÈRE WYLIE: Vous préconisez
ce qu'on pourrait appeler une plus grande transparence
en proposant que Radio-Canada dépose annuellement un
rapport annuel qui serait public et qui permettrait de
vérifier (là, je lis vos propos dans la présentation
orale d'aujourd'hui) la façon dont les fonds publics
sont gérés par Radio-Canada et voir s'ils sont utilisés
à bon escient.
8711 On a fait état, à plusieurs reprises
pendant l'audience, du fait que Radio-Canada n'est pas
soumis à l'accès à l'information, ce qui (je ne sais
pas si vous aurez des commentaires) pourrait avoir un
effet de contrainte, dans le sens que jusqu'à quel
point est-ce qu'on peut rendre public ce qui n'est pas
accessible par le biais de l'accès à l'information.
8712 Et il faut évidemment, à ce
moment-là, insérer entre tout ça l'agence de
réglementation qui a quand même le mandat de
vérification et aussi, comme agence ou comme tribunal,
c'est important pour le tribunal qu'il rende public
tout ce qu'il peut.
8713 Est-ce que ce rapport annuel serait
en fonction de vérifier si le cahier de charges est
bien rempli ou est-ce qu'il s'agit de rendre publique
l'information qui dépasse ce qui serait nécessaire pour
faire une vérification, par exemple, de jusqu'à quel
point Radio-Canada a rencontré ses conditions de
licence, celles du genre que vous proposez?
8714 MONSIEUR SMITH: C'est plus large que
ça.
8715 On veut que le diffuseur public,
comme il utilise des fonds publics... le plus grand
problème que l'industrie privée a, et le Conseil l'a
aussi, c'est d'essayer de déterminer un peu à quoi sert
l'argent, les fonds publics à l'intérieur de
Radio-Canada.
8716 Ce qu'on propose, c'est une espèce de
système, et on n'a pas la réponse absolue, mais une
espèce d'hybride entre le modèle qui a été développé
par la BBC où on sépare les activités commerciales des
activités non commerciales.
8717 Dans le cas de Radio-Canada, compte
tenu qu'ils vendent de la publicité à l'intérieur de
leur programmation, ça pourrait peut-être être
difficile d'approche, mais à tout le moins une formule
qui pourrait nous permettre de mesure, par exemple, les
synergies entre les différentes composantes de
Radio-Canada, Radio-Canada, CBC, RDI, Newsworld, les
revenus de publicité par licence, les revenus
d'appropriation parlementaire et les autres revenus de
façon à ce que la lecture puisse être la plus nette
possible, de la même façon que les diffuseurs, les
détenteurs de licence de services spécialisés rendent
publics des rapports à chaque année et où Radio-Canada
se plie à cette logique-là en utilisant la même
méthodologie, la même approche comptable que les autres
titulaires de licences dans l'industrie.
8718 Donc, c'est un peu cette approche-là
que nous voulons favoriser et que nous proposons.
8719 CONSEILLÈRE WYLIE: Avec les mêmes
balises au niveau des chiffres qui sont désagrégés?
Parce que les diffuseurs privés déposent au Conseil
beaucoup plus d'information que le Conseil rend public.
8720 MONSIEUR SMITH: Oui.
8721 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors, est-ce que
c'est un hybride entre le... vous voulez que le Conseil
soit mieux en mesure de vérifier si les conditions de
licence sont atteintes ou est-ce que c'est une question
de rendre publics les fonctions ou les divisions de
revenus, et caetera, de Radio-Canada?
8722 Je ne comprends pas très bien.
Généralement. le Conseil se penche beaucoup plus sur
comment les radiodiffuseurs privés rencontrent leurs
conditions de licence.
8723 Est-ce que, par exemple, même s'ils
ne sont pas assujettis à des sommes nécessaires pour le
contenu canadien, on veut quand même savoir ce qui a
été fait pour essayer de mesurer si ce qui a été
produit, disons, en contenu canadien ou en émissions
dans un créneau spécial... que les sommes aient l'air
de permettre une performance raisonnable?
8724 MONSIEUR LAMARRE: Ce qu'on propose
au fond, c'est qu'il y ait un système de rapport. Et
c'est pour ça qu'on propose des conditions de licence
pour que Radio-Canada rende compte, comme les autres
diffuseurs, de ces conditions de licence-là parce que,
comme actionnaires de Radio-Canada, on trouve ça
difficile de ne pas voir dans quelle mesure ce
mandat-là est respecté et on n'a pas de méthode
d'évaluation.
8725 Alors, nous, dans le fond, on vous
propose des critères d'évaluation qui deviennent des
conditions de licence puis, après ça, des rapports de
suivi qui vous permettent de vous assurer que ça se
fait parce que, ça, c'est une préoccupation.
8726 Nous, on va plus loin dans notre
pensée, mais on sait que le Conseil a des limites dans
ce sur quoi il peut intervenir parce que, nous, c'est
évident que nous ne sommes pas en accord avec le fait
que Radio-Canada ne soit pas soumis à la Loi d'accès à
l'information.
8727 D'ailleurs, je me permettrai une
anecdote pour vous dire que ça a suscité beaucoup de
surprise chez les journalistes de Radio-Canada
d'apprendre cette nouvelle-là, parce que c'est une
nouvelle pour beaucoup d'entre eux.
8728 Et j'ai eu beaucoup d'entrevues avec
des journalistes de Radio-Canada qui m'ont confié
derrière la caméra, vous le comprendrez, qu'ils étaient
très surpris d'apprendre, parce qu'ils ne le savaient
pas eux-mêmes, que la société pour laquelle ils
travaillent n'était pas soumise à la Loi d'accès à
l'information.
8729 Mais on comprend que c'est difficile
pour le Conseil d'intervenir. Alors, c'est pour ça que
nous vous amenons des propositions qui sont du ressort
du Conseil.
8730 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui. Et vous
suggéreriez donc une formulation quelconque qui
permettrait un meilleur mécanisme pour mesurer le
respect des conditions de licence plutôt que... et
qu'il faudrait composer avec la loi comme elle existe.
8731 Et nous espérons que le fait que tout
le monde a maintenant été bien informé de ce fait-là,
qu'il n'y aura pas des effets néfastes au niveau du
personnel de Radio-Canada qui maintenant savent qu'ils
ne sont pas sujets à l'accès à l'information. Il ne
faudrait pas voir des restaurants mieux futés de Hull
remplis de gens de Radio-Canada ce soir.
8732 Je vous remercie. Voilà mes
questions.
8733 LA PRÉSIDENTE: Merci, madame.
8734 Madame Pennefather avait une question
pour vous.
8735 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Oui.
Monsieur, bonjour. Madame.
8736 Oui, je voulais juste retourner à la
grille de programmation, continuer un peu les
discussions avec madame Wylie et madame Bertrand. Ça
ne sera pas long.
8737 Mais je n'ai pas toujours saisi
qu'est-ce que, comme contribuable, je vais voir sur les
écrans de Radio-Canada, parce qu'on avait dit que notre
expérience, c'est à l'effet que Radio-Canada adopte une
stratégie qui ressemble de plus en plus à celle d'un
diffuseur privé, un problème.
8738 Vous dites qu'il ne faut pas chercher
à tout faire. Vous dites après, monsieur Provencher,
qu'il faut laisser la flexibilité. On peut faire les
téléromans, les séries, les dramatiques, et caetera.
8739 À un moment donné, on revient à la
réalité de la télévision. Prenons les heures de grande
écoute. Qu'est-ce qu'on a comme choix comme
programmation? Les dramatiques, les nouvelles, les
jeux, programmation pour la jeunesse, les
documentaires.
8740 J'essaie de comprendre si vous êtes
d'accord que Radio-Canada reste avec la possibilité de
travailler dans ce genre de programmation.
8741 MONSIEUR PROVENCHER: Madame la
conseillère, comme tout actionnaire de Radio-Canada,
comme toute personne intéressée par la télévision, nous
avons tous une opinion sur les choix de programmation
qui sont faits par la Société Radio-Canada.
8742 Est-ce qu'ils sont les plus
judicieux? Votre réponse vaut la mienne. Elle vaut
celle de tous les téléspectateurs qui aiment ou aiment
moins ce qu'ils voient à la Société Radio-Canada.
8743 On entend ces semaines-ci beaucoup de
commentaires à propos de l'emphase qui est mise, par
exemple, sur le hockey à l'antenne de Radio-Canada.
Des gens aiment ça; d'autres aiment moins ça.
8744 Ce qu'on vient vous dire aujourd'hui,
c'est que comme nous sommes le principal partenaire,
voyons ça comme ça, dans le système de radiodiffusion
francophone de Radio-Canada, ce n'est pas à nous à
dicter ce que Radio-Canada doit faire dans les détails.
8745 Ce que nous venons vous proposer
aujourd'hui, ce sont un ensemble de règles que nous
souhaitons exprimer sous forme de conditions de licence
et qui viennent responsabiliser d'une façon
particulière, dans des champs périphériques de la
programmation, ce qui est, de notre avis, le mandat
d'une entreprise publique de radiodiffusion.
8746 Alors, si vous me demandez, comme
personne qui a oeuvré dans le secteur de la
programmation pendant une dizaine d'années, quelle est
mon opinion, ce serait difficile pour moi de la
partager avec vous et peut-être que ça serait difficile
pour les gens de Radio-Canada de l'entendre aussi.
8747 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Oui, je
sais, mais vous avez une opinion ici, monsieur
Provencher, qui dit que ça semble de plus en plus de
diffuseurs... Je parle des gens, les grilles horaires
dans le sens que vous prenez... laissons de côté les
sports et le cinéma, le fameux cinéma américain pour le
moment. Disons qu'on laisse ça de côté.
8748 On reste dans les dramatiques, parce
que TVA, CBC et Radio-Canada sont en train de
programmer les dramatiques en soirée en heures de
grande écoute.
8749 Pour vous, est-ce qu'il y a un
problème avec ça?
8750 Qu'est-ce qui fait en sorte que c'est
une concurrence qui n'est pas saine?
8751 MONSIEUR PROVENCHER: Je dois vous
redire, je pense, que nous préférons au rétrécissement
du champ d'action de Radio-Canada le fait qu'il
présente des émissions qui contribuent à offrir aux
téléspectateurs francophones une télévision qui est
plus forte, plus dynamique dans son ensemble, que ces
avantages-là l'emportent sur ce qui pourrait être
interprété comme un rétrécissement du champ d'action de
Radio-Canada.
8752 Alors, donc si la direction qui est
en place choisit de faire plus d'émissions dramatiques,
moins d'émissions de variétés en période de grande
écoute, choisit de concentrer ses efforts entre le mois
d'octobre et le mois d'avril, nous disons: à la
limite, c'est leur liberté, leur choix.
8753 Et j'imagine qu'il y a, au-dessus
d'eux, des responsables qui, un jour, ont à évaluer les
résultats qu'ils obtiennent avec ça. Et ce n'est pas à
nous de faire cette évaluation-là.
8754 CONSEILLERE PENNEFATHER: Non. Je
veux juste parler concrètement du genre de
programmation, pas ce qui fait nécessairement un "hit"
plus qu'un autre, mais parce que c'est faux qu'on
marginalise CBC et Radio-Canada, il faut qu'on parle à
un moment donné de l'aide spécifique, concrètement
qu'est-ce qu'on voit sur l'écran.
8755 Je ne sais pas ce qui reste pour
Radio-Canada. J'avais l'impression qu'il n'en reste
pas grand chose.
8756 MONSIEUR LAMARRE: Il reste beaucoup
et je suis content que vous insistiez sur cette
question-là parce que ça nous permet de préciser encore
davantage la logique de notre mémoire. André l'a dit
et j'aimerais insister sur ce point-là.
8757 Il y a similor de programmation par
année. Ce que nous proposons, et je veux réinsister
sur la liberté que nous reconnaissons au programmeur de
Radio-Canada de faire leur choix de programmation comme
nous faisons nos choix de programmation.
8758 Toutefois, comme diffuseurs publics,
ils ont une responsabilité additionnelle à la nôtre et
leur responsabilité additionnelle c'est d'intervenir
dans des contenus de programmation additionnels et
c'est ce que nous proposons dans les conditions de
licence.
8759 Donc, nous proposons des catégories
précises qui sont malheureusement sous-représentées et,
d'ailleurs, plusieurs intervenants sont venus vous dire
que ces catégories-là d'émissions étaient
sous-représentées. Alors, la grille horaire de
Radio-Canada ne sera pas chambardée dramatiquement.
8760 La grille horaire de Radio-Canada va
demeurer à l'essentiel, beaucoup ce que vous voyez déjà
à l'écran de Radio-Canada, mais elle sera enrichie de
contenus qui ne sont pas à l'antenne de Radio-Canada.
Et ce faisant, vous allez ajouter dans le marché
francophone une diversité de contenus.
8761 Alors, comme nous sommes à un
rendez-vous où nous devons décider de l'avenir de la
télévision publique et que la diversité est quelque
chose d'important, c'est pour cela que nous croyons
fermement que la proposition que nous faisons, madame
la conseillère, aura comme effet net d'enrichir le
contenu de programmation disponible au Québec.
8762 CONSEILLERE PENNEFATHER: : Alors,
si je vois bien, vous allez travailler dans les mêmes
champs d'activités comme toujours, dramatiques,
téléromans, miniséries, et caetera, mais vous voulez
que Radio-Canada mette de l'emphase sur une
programmation qui est, comme vous dites, dans le
mémoire non commercial?
8763 MONSIEUR LAMARRE: Non. Je pense que
ce qui est communiqué ici, c'est ce qu'on a tenté de
communiquer toute la semaine. C'est faux, faux faux.
8764 Ce qu'on a proposé, c'est des
conditions de licence qui viennent compléter la grille
horaire actuelle. Alors, dans ce sens-là, je ne vois
pas pourquoi on tenterait de laisser croire aux gens
qu'on veut les cantonner. Ce n'est pas le cas. Mais
reconnaissez avec nous que le diffuseur public a des
responsabilités additionnelles.
8765 Si on ne reconnaît pas cet élément-là
fondamental, à ce moment-là quel est le rôle du
diffuseur public?
8766 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors,
cette responsabilité inclut la popularité de la
programmation si j'ai bien compris, il faut qu'on soit
fort populaire et pertinent et cette popularité veut
dire un auditoire vaste pour la programmation, mais
vous n'interprétez pas ça comme étant commerciaux.
8767 Ils sont toujours à l'intérieur de
leur mission en étant populaire parce que j'ai examiné
l'étude que vous avez mise avec votre intervention et
vous mettez l'emphase aussi sur le fait qu'il ne faut
pas... ça veut dire la SRC doit choisir son produit
télévisuel en toute indépendance des conséquences de sa
décision sur la taille de l'auditoire.
8768 J'imagine que ça peut être interprété
en disant au public canadien qu'on n'est pas intéressé
du tout comme programmeur public du nombre de personnes
qui vont regarder notre télévision.
8769 C'est comme ça que je peux lire toute
la logique derrière vos...
8770 MONSIEUR LAMARRE: Permettez-moi de
vous proposer une autre logique qui est la logique de
servir l'ensemble de la population canadienne. Je ne
crois pas que l'ensemble de la population canadienne se
retrouve présentement à l'écran de Radio-Canada.
8771 Alors, c'est pour ça que nous
proposons des conditions de licence qui vont s'assurer
que ça se produit. Il y a des gens de théâtre qui sont
venus vous dire qu'il n'y avait pas suffisamment, ce
n'était pas suffisamment représenter Radio-Canada.
8772 Il y a des gens de l'interprétation
de la scène qui sont venus vous le dire également et
des émissions pour enfants c'est reconnu qu'il n'y en a
pas suffisamment. Alors, à mon sens à moi les citoyens
canadiens n'ont pas uniquement 18 ans et plus. Les
citoyens canadiens sont aussi des enfants qui ont le
droit d'avoir des émissions pour enfants à leur
télévision publique
8773 Les citoyens canadiens sont aussi des
gens qui vont au théâtre et qui aiment le théâtre et
je comprends que toute une grille horaire ne peut pas
être constituée de ça parce qu'il faut qu'il y ait des
émissions qui soient beaucoup plus populaires.
8774 C'est un amalgame, mais si ce n'est
pas le diffuseur public qui fait des émissions pour
enfants qui va les faire? Si ce n'est pas le diffuseur
public qui fait des émissions de variétés, qui va les
faire?
8775 CONSEILLERE PENNEFATHER: Merci,
monsieur Lamarre. En effet, j'avais l'impression et je
dois dire que j'ai toujours un peu de difficulté à
saisir le champs d'action que vous laissez et le budget
que vous laissez à Radio-Canada mais ça va.
8776 Un dernier commentaire. J'ai
remarqué que vous avez dit plusieurs fois qu'en
travaillant sur le dossier avec Radio-Canada, en étant
dans le même champs d'action par Radio-Canada, vous
parlez si j'ai mal compris, vous me le direz, que vous
êtes en compétition alors avec le gouvernement fédéral.
8777 Cela me donne un peu le frisson parce
que je pense qu'il y a les producteurs indépendants et
les autres de ce pays qui travaillant dans les projets
qui sont financés par le gouvernement fédéral, ça veut
dire les fonds canadiens qui ne sont pas le
gouvernement fédéral.
8778 Il y a un certain système dans ce
pays qu'ils mettent beaucoup d'argent public dans les
mains des créateurs et je comprends pourquoi le
contexte dans lequel vous l'avez dit, mais je voulais
juste être certaine que ce n'est pas ça que vous dites.
8779 MADAME COTE: Si vous me permettez,
madame Pennefather, juste pour faire surenchère et puis
justifier mes honoraires.
8780 LA PRÉSIDENTE: Votre déplacement
jusqu'à Hull.
8781 MADAME COTE: Ce sont des termes à la
mode.
8782 CONSEILLERE PENNEFATHER: Je voudrais
juste faire un petit... "vous êtes le boss anyway",
alors...
8783 MADAME COTE: C'est ça, je suis la
patronne! Je vais avoir le dernier mot! Juste pour
faire une mise au point parce que parfois on a
l'impression que même si on est dans le monde de la
communication le message ne se rend pas.
8784 En précisant dans un cahier de charge
les conditions de licence que nous avons proposées pour
le diffuseur public, nous avons pris la peine de
vérifier toutes et chacune des quelque 18 attentes et
je dis attente plutôt que de condition de licence, qui
avaient été élaborées par le Conseil dans sa décision
en 1994.
8785 Nous avons ensuite vérifié dans la
requête et les documents qui étaient disponibles de
Radio-Canada, les propositions et les engagements et
non les conditions de licence qui étaient proposées par
Radio-Canada.
8786 Ensuite, nous avons fait la
proposition de transformer ces attentes ou engagements
en condition de licence qui ont une force, évidemment,
plus grande à l'égard d'un titulaire de licence que des
simples attentes.
8787 Pourquoi avons-nous fait ça? Parce
que nous avons entendu les gens de Radio-Canada et nous
avons vu à l'écran que peu à peu il y avait un
désistement, un dérapage ou une déviation à l'égard des
attentes qui avaient été formulées dans la décision de
1994, même s'il y avait des justifications d'apportées
par Radio-Canada.
8788 Et dans chacun des créneaux que nous
avons retenus dans le cahier de charge et puis on n'a
pas retenu tous les créneaux de programmation, par
exemple, on n'a pas fait de représentation dans le
domaine des dramatiques.
8789 Dans chacun des créneaux des axes de
programmation qu'on a retenus dans le cahier de charge,
ce sont des axes de programmation dans lesquels
Radio-Canada est déjà présente et nous n'avons fait
aucune proposition pour que Radio-Canada se désengage
d'un créneau de programmation.
8790 Ni dans le sport ni dans le cinéma ni
dans les dramatiques, ni dans les émissions pour
enfants, ni dans les productions qui proviennent des
régions, dans les émissions régionales, ni non plus
dans le secteur culturel et les arts d'interprétation.
8791 Au contraire, on a fait preuve parce
que, évidemment, nos clients sont soucieux du sort qui
leur sera réservé quand à leur tour ils vont se
présenter devant vous pour le renouvellement de
licence.
8792 Alors, on pense quand même de façon
stratégique qu'il n'est pas opportun que le Conseil
fasse de la micro-gestion de la programmation, mais il
n'est pas opportun non plus que les concurrents ou les
collègues de Radio-Canada dans son marché fasse la
micro-gestion.
8793 Alors, les propositions qu'on a fait
dans le domaine, par exemple, des enfants, 20 heures
par semaine, c'est exactement la barre qui avait été
fixée par le Conseil en 1994. Et, là, Radio-Canada
demande un léger désistement et on a ajouté à la
proposition dans le cahier de charge aujourd'hui, le
fait qu'on a apprécié que Radio-Canada propose de
diversifier davantage le genre d'émissions qui sont
offerts pour les enfants.
8794 Dans le domaine de la production
régionale on a repris exactement la même barre qui
avait été fixée par Radio-Canada en 1994, cinq heures,
puis on a ajouté à ça une heure en période de pointe
par semaine.
8795 Ca viendrait changer la facture de la
grille de programme de Radio-Canada en période de
pointe. On ne pense pas que ça va avoir un impact
effectivement sur leur aptitude à s'attirer des
recettes publicitaires importantes.
8796 La seule autre démarcation par
rapport aux propositions qui ont été faites soit par
Radio-Canada ou soit d'autres intervenants cette
semaine, où les attentes qui avaient été mentionnées
dans la décision de 1994 c'est de porter de 12 à 24 les
émissions culturelles comme disait madame Pintal tout à
l'heure, ou je pense que c'était plutôt madame
Bertrand-Venne de l'ASPAQ qui disait: pas juste parler
de la culture mais de démontrer vraiment des émissions
culturelles.
8797 Douze à 24 sur une année, compte tenu
du répertoire et de l'inventaire de Radio-Canada, on ne
pense pas que ce soit terrible et dans la case horaire
du dimanche soir des "Beaux Dimanches" où on présente
comme le disait monsieur Lamarre, Forrest Gump, sans
pause publicitaire, on ne pense pas non plus que ça ait
un impact sur l'aptitude de la société à survivre.
8798 Et ce qu'on a présenté dans le cahier
de charge, ce n'est pas un projet de grille-horaire,
bien au contraire. C'est la seule distinction, le 12 à
24 pour les émissions culturelles et l'autre
distinction que nous avons présentée c'est au niveau du
cinéma étranger, une restriction quant au nombre de
films américains offerts.
8799 Puis on a entendu encore une fois
cette semaine Radio-Canada qui a dit qu'il allait
diminuer de façon substantielle leur offre de films
américains en période de grande écoute.
8800 Alors, je pense que c'est un cahier
de charge qui s'avère tout à fait pratique et
raisonnable. Il n'y a rien d'extravagant là-dedans, il
n'y a rien de terriblement coûteux. J'ai hâte
d'entendre les réponses de Radio-Canada lundi matin
là-dessus.
8801 On pense que c'est certainement une
proposition qui peut enrichir quand même la diversité
de la programmation qui est offerte.
8802 CONSEILLERE PENNEFATHER: Merci,
madame Côté. Je comprends très bien et c'est moi qui
avais discuté assez longuement avec Radio-Canada sur
les conditions et les attentes et le rôle de
Radio-Canada, mais vous comprendrez comme moi que quand
on fait un discours qui parle des principes dans une
grille de programme et qu'il y a quelque chose qui ne
va pas parce qu'on se ressemble au secteur privé.
8803 On peut continuer à faire une brève
réflexion sur le pourquoi vous mettez ces positions
devant nous et que vous proposez certains changements
qui enfin de compte vont avoir un impact sur ce qu'on
voit à la télévision. Alors, voilà pourquoi j'ai saisi
le moment que vous allez parler un peu plus sur le
contrat. Merci.
8804 LA PRÉSIDENTE: Alors, merci, madame,
messieurs. Je tiens à vous remercier d'avoir pris le
temps. En effet, je disais à monsieur Crevier que je
ne pouvais réprimer un sourire hier quand il a fait son
intervention, mais je vois que, en fait, il a plus de
cohérence que je ne l'aurais imaginé entre TVA
aujourd'hui et monsieur Crevier aujourd'hui!
8805 Je m'excuse de mon emportement,
monsieur Provencher. C'est la remarque par rapport à
TéléQuébec qui est une télévision éducative et
culturelle et non généraliste. C'était là qu'était
probablement un attachement encore aujourd'hui. Je
suis trop émotive!
8806 MONSIEUR CREVIER: Je le partage avec
vous, madame la Présidente.
8807 LA PRÉSIDENTE: Oui, je le sais, on
vient de là tous les deux.
8808 Alors, merci à tous. Je vous
souhaite un bon dimanche. Nous reprendrons lundi matin
le cours normal de nos émissions; c'est-à-dire que ce
sera Radio-Canada qui fera la réplique aux intervenants
puisque les dirigeants de Radio-Canada reviendront;
c'est-à-dire de chaque licence: RDI, les stations
régionales, la radio et la télévision, à la toute fin
de l'audience, une fois aussi où on aura entendu les
dirigeants des licences anglophones pour une espèce de
réplique globale.
8809 Lundi matin, donc, ce sera la
réplique aux intervenants et par la suite nous
poursuivrons avec cette fois-ci les licences de langue
anglaise et on commencera par Newsworld.
8810 Alors, à tous, je n'ose pas dire
bonne fin de semaine mais bon retour à Montréal et bon
dimanche et à lundi matin.
--- L'audience se termine à 1710, pour reprendre le
lundi 31 mai 1999 à 0900 / Whereupon the hearing
adjourned at 1710, to resume on Monday,
May 31, 1999 at 0900
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