TRANSCRIPT OF PROCEEDINGS
FOR THE CANADIAN RADIO-TELEVISION AND
TELECOMMUNICATIONS COMMISSION
TRANSCRIPTION DES AUDIENCES DU
CONSEIL DE LA RADIODIFFUSION
ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS CANADIENNES
SUBJECT / SUJET:
CBC LICENCE RENEWALS /
RENOUVELLEMENTS DE LICENCES DE LA SRC
HELD AT: TENUE À:
Place du Portage Place du Portage
Conference Centre Centre de conférence
Outaouais Room Salle Outaouais
Hull, Quebec Hull (Québec)
May 28, 1999 Le 28 mai 1999
Volume 4
Transcripts
In order to meet the requirements of the Official Languages
Act, transcripts of proceedings before the Commission will be
bilingual as to their covers, the listing of the CRTC members
and staff attending the public hearings, and the Table of
Contents.
However, the aforementioned publication is the recorded
verbatim transcript and, as such, is taped and transcribed in
either of the official languages, depending on the language
spoken by the participant at the public hearing.
Transcription
Afin de rencontrer les exigences de la Loi sur les langues
officielles, les procès-verbaux pour le Conseil seront
bilingues en ce qui a trait à la page couverture, la liste des
membres et du personnel du CRTC participant à l'audience
publique ainsi que la table des matières.
Toutefois, la publication susmentionnée est un compte rendu
textuel des délibérations et, en tant que tel, est enregistrée
et transcrite dans l'une ou l'autre des deux langues
officielles, compte tenu de la langue utilisée par le
participant à l'audience publique.
Canadian Radio-television and
Telecommunications Commission
Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes
Transcript / Transcription
Public Hearing / Audience publique
CBC LICENCE RENEWALS /
RENOUVELLEMENTS DE LICENCES DE LA SRC
BEFORE / DEVANT:
Françoise Bertrand Chairperson of the
Commission, Chairperson /
Présidente du Conseil,
Présidente
Andrée Wylie Commissioner / Conseillère
David Colville Commissioner / Conseiller
Barbara Cram Commissioner / Conseillère
James Langford Commissioner / Conseiller
Cindy Grauer Commissioner / Conseillère
Joan Pennefather Commissioner / Conseillère
ALSO PRESENT / AUSSI PRÉSENTS:
Nick Ketchum Hearing Manager /
Gérant de l'audience
Carolyn Pinsky Legal Counsel /
Alastair Stewart Conseillers juridiques
Diane Santerre Secretary / Secrétaire
HELD AT: TENUE À:
Place du Portage Place du Portage
Conference Centre Centre de conférence
Outaouais Room Salle Outaouais
Hull, Quebec Hull (Québec)
May 28, 1999 Le 28 mai 1999
- ii -
TABLE OF CONTENTS / TABLE DES MATIÈRES
PAGE
Intervention by / Intervention par:
Cartel des syndicats du réseau français de
Radio-Canada 1145
Syndicat des communications de Radio-Canada 1162
Impératif français 1176
Députés de l'Assemblée nationale du Québec 1193
L'Alliance des radios communautaires du Canada Inc. 1210
Conseil du Patronat du Québec 1230
SARDeC, Société des auteurs, recherchistes,
documentalistes et compositeurs 1254
Union des Artistes 1313
Avanti Ciné-Vidéo 1338
Cogeco Radio-Télévision inc. 1359
Le Groupe Coscient Inc. 1394
Hull (Québec) / Hull, Quebec
--- L'audience reprend le vendredi 28 mai 1999 à 0900 /
Upon resuming on Friday, May 28, 1999 at 0900
5818 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, tout le
monde. On reprend nos travaux.
5819 Avant que je ne l'oublie, demain,
nous siégerons toute la journée. Et pour à la fois les
intervenants, les membres du personnel et les
conseillers, nous proposons la tenue décontractée, donc
pas de cravate.
5820 Comme ça, on travaillera, mais on
aura l'impression quand même d'être un peu plus
confortables!
5821 Alors, madame Santerre, vous voulez
s'il vous plaît nous présenter notre prochain
intervenant?
5822 MADAME SANTERRE: Oui. Merci, madame
la présidente.
5823 Alors, juste avant de débuter, nous
avons un peu fait des modifications à l'ordre du jour
qui a été probablement distribué au début de la
semaine.
5824 Alors, je voulais vous dire que Les
Productions R. Charbonneau ont été présentées hier.
Ensuite de ça que le Bloc Québécois ne sera pas
comparant aujourd'hui, mais nous aurons les députés du
Bloc Québécois de l'Est du Québec et de la Côte-Nord
représentés par monsieur Paul Crête.
5825 L'ADISQ et Disques MPV Inc. sont
reportés à demain. En plus, du Conseil mondial de
radio et de télévision, monsieur Pierre Juneau sera
entendu le 8 juin.
5826 Alors, ce sont les modifications que
je voulais apporter pour aujourd'hui.
5827 J'aimerais maintenant inviter le
Cartel des syndicats du réseau français de Radio-Canada
à présenter leur intervention.
INTERVENTION.
5828 MADAME TURGEON: Bien le bonjour.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les
conseillers et conseillères, membres du Conseil,
bonjour.
5829 Mon nom est Jacqueline Turgeon,
présidente du Cartel des syndicats du réseau français
de Radio-Canada et présidente du syndicat des employés
de bureau et professionnels de Radio-Canada.
5830 Laissez-moi vous présenter ceux qui
m'accompagnent. À ma droite, madame Micheline Provost,
présidente du Syndicat des communications de
Radio-Canada. À ma gauche, madame Anne Sénécal,
représentante de l'Association des réalisateurs et
réalisatrices de Radio-Canada. Derrière moi, madame
Linda Craig du service de recherche du SCFP, ainsi que
monsieur Yvan Sinotte, directeur général du SCRC et
conseiller de la FNC.
5831 Le président du Syndicat des
techniciens et des artisans, monsieur Michel Bérubé, a
été retenu à Montréal.
5832 Le Cartel des syndicats du réseau
français de Radio-Canada est composé de quatre unités
syndicales qui représentent les employés de la Société
Radio-Canada et de la CBC sur tout le territoire du
Québec et à Moncton, à Radio-Canada International et
les correspondants à l'étranger.
5833 Nous nous faisons aujourd'hui les
porte-parole de tous ceux et celles qui ont contribué
de façon plus que significative à maintenir à
Radio-Canada des services de haute qualité, et ce, dans
un contexte pour le moins difficile.
5834 En effet, les années sombres que nous
venons de traverser se sont traduites par des coupures
budgétaires sans précédent et des pertes d'emplois pour
plus de 770 de nos collègues.
5835 Les 3 000 travailleuses et
travailleurs qui, à ce jour, ont échappé aux coupes de
crédits parlementaires, survenues dans la foulée du
redressement budgétaire opéré par le gouvernement
canadien, ont dû se partager la somme de travail qu'il
fallait continuer d'exécuter pour assurer le service de
la télévision publique à une population toujours aussi
exigeante à l'endroit de son radiodiffuseur, comme en a
témoigné la tournée pan-canadienne effectuée au mois de
mars par le Conseil.
5836 Cependant, même avec des budgets
comprimés, les journées en radiodiffusion ont toujours
24 heures et la somme de travail ne diminue pas en
proportion de la baisse des budgets.
5837 Au contraire, le volume de travail
requis de la part du personnel demeuré en fonction
s'est suffisamment accru pour que les services de santé
de la Société Radio-Canada signale une hausse certaine
du nombre de congés de maladie de longue durée
occasionnés par de l'épuisement professionnel.
5838 Comme le soulignaient certains
représentants de Radio-Canada au cours de cette
audience, l'élastique est étiré à son maximum. Voilà
qui devrait faire réfléchir sur les conséquences
qu'entraînent des mesures aussi draconiennes que
l'amputation subite du tiers du budget d'une
entreprise.
5839 Dans un tel contexte, vous
comprendrez que nous sommes particulièrement inquiets
d'apprendre que Radio-Canada a pour objectif de dégager
2 pour cent de gain d'efficacité pour chacune des sept
prochaines années.
5840 Lorsqu'on coupe, c'est toujours dans
une proportion des deux tiers que cela rejoint le
personnel.
5841 Ainsi, quand on parle de 2 pour cent
de gain d'efficacité, en clair on veut dire que 1.25
pour cent de ce gain, au moins, affectera le personnel
d'une façon ou d'une autre, ou c'est une émission qui
sera amputée d'un segment, trois ou quatre personnes
qui ne seront plus requises ou encore du personnel de
bureau qui ne sera pas rappelé.
5842 Ajoutons à cela, comme le rappelait
si justement madame Fortin au cours de cette audience,
le fait que, depuis sept ans, les femmes et les hommes
qui sont restés à les Société n'ont pas connu
d'augmentation de salaire en dépit de la surcharge de
travail exigée d'elles et d'eux.
5843 Micheline?
5844 MADAME PROVOST: Nous sommes
conscients que la préoccupation première du Conseil ne
concerne pas le personnel, mais nous nous permettons de
rappeler que, dernière des heures de programmation et
des réallocations budgétaires, il y a des femmes et des
hommes.
5845 Il y a des employés d'administration
qui s'affairent aux comptes payables et recevables,
rédigent des devis, compilent les feuilles de temps,
informatisent les opérations.
5846 Il y a les réalisateurs qui étayent
des concepts d'émissions, en planifient le tournage et
la diffusion, veillent à la livraison fréquente des
bulletins de nouvelles.
5847 Il y a des techniciens et artisans
qui construisent des décors, maquillent les comédiens,
dosent l'éclairage, calibrent le son, enregistrent les
images, procèdent au montage.
5848 Il y a des régisseurs de plateau qui
veillent à ce que tous les éléments matériels et
humains soient bien en place pour entreprendre le
tournage ou la diffusion en direct.
5849 Il y a les assistantes à la
réalisation qui s'assurent que les commandes du
réalisateur sont respectées.
5850 Il y a les auteurs, les
recherchistes, les journalistes qui élaborent les
contenus.
5851 Il y a, enfin, toutes ces femmes et
tous ces hommes que vous apercevez à l'écran, toujours
dispos quelle que soit l'heure du jour, toujours en
mesure de vous livrer le contenu préparé par ces
équipes d'artisanes et artisans de l'information, ces
comédiens qui jouent des textes parfois ardus sans que
n'y paraisse l'effort consenti à la mise en
conditionnement pour y parvenir, ces chroniqueurs
culturels qui parcourent les salles de spectacle, de
cinéma et de concert, les théâtres et lancements de
toutes sortes pour nous garder au fait des activités
éclectiques de ce milieu; ces animateurs qui rendent
vivantes ces émissions jeunesse qui forment et
divertissent, même les moins jeunes qui y jettent un
coup d'oeil occasionnel.
5852 Maintenant, nous aimerions vous faire
part des vives préoccupations que nous avons après
avoir écouté les discussions que vous avez eues avec
les représentants de Radio-Canada.
5853 En fait, il faut bien le dire, nous
avons la désagréable impression que le Conseil cherche
ni plus ni moins à ratatiner le réseau français de
Radio-Canada et à limiter de façon significative la
présence du Québec sur le réseau.
5854 Nous vous le demandons clairement,
veut-on tuer le réseau français à petit feu, lui
retirer peu à peu l'oxygène qui lui reste?
5855 Le mandat de la Société Radio-Canada
est toujours d'informer, d'éclairer et de divertir. Le
fait de voir remis en question la vocation généraliste
du mandat de la Société Radio-Canada nous inquiète
grandement.
5856 Le Conseil a le devoir à veiller au
respecter de la loi et la Société celui de s'y
conformer.
5857 Le CRTC, selon nous, n'a pas à
restreindre le mandat de la Société malgré la multitude
de pressions qui s'exercent en ce sens, que ce soit de
la part de la ministre du Patrimoine qui semble vouloir
s'ingérer de plus en plus dans la gestion des sociétés
d'état qui relèvent de sa compétence, ou de la
concurrence toujours vive à dénoncer le compétiteur qui
réussit trop bien.
5858 Va-t-on exiger de la Société qu'elle
se retire d'une niche de programmation dès qu'elle a
cerné une formule qui obtient un certain succès?
5859 Ce serait comme retirer à une
entreprise le produit mis au point après des années
d'effort consacrés à la recherche et au développement.
Il ne faut pas tuer la créativité, mais les stimuler.
C'est la clé du succès en radiodiffusion.
5860 Il faut tout faire pour éviter de
placer Radio-Canada en marge du paysage audiovisuel
canadien. Radio-Canada a toujours été le pivot de ce
système et le doit le demeurer en information comme en
dramatique, en émissions jeunesse, comme dans le
domaine culturel.
5861 Voyons-nous, faute de moyens
suffisants comme "une PBS du nord", Stéphane Bureau et
Peter Mansbridge en train de vendre des disques de
Helmut Lotti pour financer leurs téléjournal respectif!
5862 Serons-nous un jour limités à ne
produire que des émissions ennuyeuses pour satisfaire
une concurrence assoiffée de revenus publicitaires?
5863 Le Conseil a l'obligation de veiller
à l'intégrité de l'observance du mandat de la Société
tant qu'il demeurera ce qu'il est.
5864 MADAME SÉNÉCAL: Les interrogations
du Conseil sur l'opportunité de produire davantage de
dramatiques et d'autres types de programmation en
régions pour éviter une trop grande influence de
Montréal sur le réseau soulèvent aussi des craintes
dans notre esprit.
5865 Nous ne nous opposons pas à la
présence d'infrastructures en régions. Au contraire,
nous souhaitons par exemple la reprise des services de
radiodiffusion dans l'Est du Québec.
5866 Nous constations simplement que les
créateurs en régions, même s'ils disposent de plus
d'installations pour travailler, émigreront vers les
centres de production où se déroule la vie artistique.
Ce phénomène est présent dans tous les pays: Los
Angeles et New York aux États-Unis, Paris en France,
Rome en Italie.
5867 Montréal est le pôle nord-américain
francophone. Essaimer les infrastructures n'est pas un
service à rendre à personne, puisque cela ne pourrait
avoir comme conséquence que l'affaiblissement de
l'épine dorsale de la vie culturelle en français au
Canada.
5868 Nous ne nous opposons pas non plus à
une plus grande présence des régions, au sens où
l'entend Radio-Canada, sur le réseau. Les régions ont
certainement des choses fort intéressantes à présenter
à l'ensemble du pays.
5869 Nous sommes également tout à fait
conscients que Radio-Canada est la propriété de tous
les Canadiens et que chacun est en droit d'y retrouver
le reflet de son coin de pays.
5870 Cependant, nous nous permettons de
rappeler au Conseil que 90 pour cent de la population
qui parle français au Canada se retrouve au Québec,
dont 50 pour cent dans la région de Montréal.
5871 En 1994, lors du dernier
renouvellement de licence de Radio-Canada, le Conseil a
fait valoir que le réseau français bénéficiait d'un
budget moins élevé que celui du réseau anglais, parce
que la répartition des sommes allouées devait respecter
les réalités démographiques du pays. En ce cas, ne
serait-il pas cohérent d'appliquer cette logique
lorsqu'il s'agit de la répartition des ressources pour
chacune des composantes de Radio-Canada?
5872 Par ailleurs, nous avons précisé dans
notre mémoire que le Conseil devait encourager
Radio-Canada à poursuivre ses efforts pour revitaliser
et canadianiser son réseau anglais. Cependant, nous
craignons de plus en plus que ces efforts ne se fassent
au détriment du réseau français. Malgré un budget de
près de 160 millions $ de moins que celui du réseau
anglais, le réseau de télévision de langue française de
Radio-Canada a réussi à offrir à la population une
programmation à 80 pour cent canadienne. Radio-Canada
devra-t-elle payer pour ses succès?
5873 Pour conclure, nous aimerions
exprimer notre scepticisme quant au réalisme des
attentes du Conseil, peut-être devrions-nous parler de
miracle, à l'égard de Radio-Canada.
5874 En dépit de ressources toujours plus
limitées, le CRTC demande à Radio-Canada d'augmenter
ses heures de programmation dans certains créneaux, de
s'engager davantage envers les producteurs privés,
d'accroître le nombre d'heures de diffusion avec
sous-titrage, et caetera, et caetera. Dans ce
contexte, nous ne pouvons que nous interroger
sérieusement sur la capacité de nos membres à remplir
toutes ces commandes sans apport supplémentaire en
personnel.
5875 Nous remercions le Conseil de nous
avoir entendu et souhaitons que ces quelques remarques
sauront lui apporter l'éclairage qu'il recherche pour
rendre une décision judicieuse pour l'avenir de
Radio-Canada et celui des femmes et des hommes qui y
oeuvrent au quotidien.
5876 Avant de répondre à vos questions,
nous aimerions vous souligner que l'Association des
réalisateurs et réalisatrices a demandé à Dominique
Wolton, cet observateur bien connu du monde des
communications, de rédiger une opinion sur le mémoire
déposé par le Groupe TVA. Vous le trouverez en annexe
de notre allocution.
5877 Merci. Nous sommes maintenant prêts
à répondre à vos questions.
5878 LA PRÉSIDENTE: Merci. J'aimerais
demander à madame Pennefather de vous adresser nos
questions, s'il vous plaît.
5879 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Bonjour,
mesdames, monsieur. On vous remercie d'être parmi nous
aujourd'hui et votre mémoire écrit et la présentation
orale ce matin sont très clairs sur les perspectives
que vous voulez amener à cette discussion sur la
Société Radio-Canada et on vous remercie pour les deux.
5880 J'ai quelques clarifications parce
que je trouve que le point de vue que vous apportez est
assez clair. Je pense que je peux dire pour mes
collègues qu'il n'y a personne qui pense qu'il n'y a
pas derrière ses images qui reflètent notre pays sur
l'écran, les créateurs et créatrices, le personnel qui
travaille sur tous les niveaux.
5881 Une production c'est un travail
d'équipe. Alors, c'est sur ce sens-là que je prends
vos remarques étant donné qu'on discute de tous les
aspects de la production de Radio-Canada.
5882 Je voulais juste revenir sur votre
perspective sur le rôle de Radio-Canada. Vous avez
remarqué ce matin dans plusieurs paragraphes
l'importance de cette institution, que c'est la
propriété de tous les Canadiens et Canadiennes et que
chacun ait un droit d'y retrouver le reflet de son coin
de pays.
5883 Dans votre mémoire écrit aussi, vous
avez dit souvent, et vous mettez l'accent sur le fait
qu'au Canada nous avons besoin d'une télévision
publique généraliste pour l'ensemble des citoyennes et
citoyens du Canada. Encore une fois dans votre mémoire
écrit, au paragraphe 17:
"La Société devrait prendre les
risques et devrait donner parole
à des voix nouvelles et
développer des nouveaux
concepts, bref, être un miroir
de ce que nous sommes."
(Tel que lu)
5884 J'aimerais juste clarifier pour vous
comment on devrait aborder ce mandat étant donné le
fait que Radio-Canada sert tous les Canadiens, comme
vous avez souligné vous-mêmes, qu'il ne faut pas tuer
la créativité mais la stimuler, d'aller chercher les
nouveaux concepts et nouvelles idées. Étant donné que
c'est une maison publique payée par tous les Canadiens,
quelles sont les priorités pour aller vraiment remplir
ce mandat, d'après vous?
5885 MADAME TURGEON: Je vais laisser ma
collègue Micheline et monsieur Sinotte répondre à cette
question sur la programmation.
5886 MADAME PROVOST: Sur la
programmation, que ce soit à la radio ou à la télé,
quand vous parlez de... est-ce que vous voulez qu'on
parle du rôle, comment nous on voit le rôle de
Radio-Canada comme diffuseur?
5887 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: C'est ça,
le rôle pan-canadien surtout de Radio-Canada.
5888 MADAME PROVOST: Le rôle
pan-canadien?
5889 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: C'est ça.
5890 MADAME PROVOST: C'est-à-dire la
présence à travers le Canada.
5891 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: La
présence, mais surtout le reflet des citoyens du Canada
dans sa totalité, un point que vous avez souligné
vous-mêmes souvent dans votre mémoire écrit et
aujourd'hui aussi en disant que ça appartient à tous
les Canadiens. C'est une tâche importante, une tâche
qui a une valeur pour notre pays et une attente de tout
le public canadien. Mais quelles devraient être les
priorités pour en faire cette tâche?
5892 MADAME PROVOST: Je travaille à une
émission de radio et on essaie de vraiment rejoindre
tout le monde à travers le pays. Une émission
quotidienne d'information avec un correspondant à
Vancouver, un à Toronto, un à Moncton et un à Ottawa
nous permet chaque jour de parler avec tout le monde,
d'avoir les préoccupations de tout le monde à travers
le réseau.
5893 Donc, c'est vraiment une
préoccupation quotidienne. Ce qui est très difficile,
je vous dirais, c'est de trouver des intervenants qui
parlent français à travers le réseau. On a énormément
de difficulté. On a des sujets, on a des
préoccupations, on ne trouve pas de gens qui peuvent
chaque jour s'exprimer toujours en français. On ne
peut pas faire Svend Robinson à tous les jours. On ne
peut pas. Il y a une grande difficulté pour nous
d'atteindre, en information à tout le moins, des gens
qui parlent le français qui puissent venir s'exprimer
et donner vraiment leur opinion.
5894 MONSIEUR SINOTTE: Il faut bien
penser que les artisans de la Société, les
journalistes, les gens qui mettent en place les
émissions et qui les conçoivent, ne se réveillent pas
le matin en se disant: Comment je vais faire pour
refléter la réalité nationale, la globalité canadienne?
5895 Ils se lèvent le matin en disant:
Aujourd'hui, je vais faire une bonne émission de radio,
une bonne émission de télévision, et c'est leur
préoccupation et ils vont chercher les ressources
nécessaires pour arriver à concevoir une bonne émission
d'information, une bonne émission d'actualité, une
bonne émission de divertissement. C'est ça le rôle des
artisans de la Société Radio-Canada.
5896 La préoccupation première ce n'est
pas de dire: Il faudrait aujourd'hui absolument
rencontrer le quota de l'Ouest canadien ou le quota des
Maritimes ou le quota de Québec. Non, c'est de faire
une bonne émission avec les gens, avec les personnes
que ça prend pour faire ces bonnes émissions-là.
5897 MADAME SÉNÉCAL: Si je peux ajouter
un petit mot. Je suis réalisatrice/coordonnatrice
d'une émission jeunesse qui est nationale, évidemment,
et nous ce qu'on fait, on a des systèmes naturels qui
nous permettent de prendre le pouls régulièrement de
tous les jeunes de tout le pays.
5898 On a un système de courrier régulier,
un système aussi par l'internet, par le e-mail. On a
aussi un système téléphonique qui nous permet de
recevoir 300 appels par semaine et on suscite toujours
des questions des jeunes. On essaie de savoir ce
qu'ils veulent voir en ondes aussi, tout en leur
donnant la meilleure qualité. Alors, on a constamment,
nous, le reflet d'à peu près l'ensemble de notre public
d'un océan à l'autre.
5899 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Merci
beaucoup. Je voulais juste avoir vos perspectives sur
les mots qu'on trouve dans le mémoire et certainement
dans la loi qui concerne Radio-Canada, qu'est-ce que ça
veut dire dans le quotidien en effet et dans vos propos
pour l'avenir de Radio-Canada.
5900 Cela complète mes questions, madame
la présidente.
5901 LA PRÉSIDENTE: Merci. J'aimerais
peut-être faire une précision avant qu'on se quitte.
Moi aussi, je me joins à madame
Pennefather pour vous remercier d'avoir été avec nous
parce qu'on vous a vu avec nous depuis le début de
l'audience et, à juste titre, de vous y intéresser, non
pas simplement parce que vous y oeuvrez mais parce que
c'est un attachement à cette institution et je tiens à
vous rassurer que nous le partageons.
5902 L'occasion de l'audience est
l'occasion d'un agora et d'une place publique où on se
pose des questions. Le Conseil n'a pas pris position.
Le Conseil soulève des préoccupations et des questions.
Il rendra sa décision seulement au terme de ses
délibérations, ce qui sera certainement pas avant la
fin de l'automne 1999.
5903 Alors, à ce moment-ci, nous nous
permettons (nous croyons qu'il est sain dans une
démocratie comme la nôtre de soulever les questions)
d'entendre les réponses, de telle sorte qu'on puisse,
avec les travaux de l'audience et par la suite les
analyses de tout ce qui aurait été déposé de forme
écrite, d'arriver à trouver ce qui pourrait être les
termes de la licence pour la prochaine licence des
licences de Radio-Canada.
5904 Alors, je tiens à faire cette
précision parce que poser une question n'est pas d'y
répondre! Merci.
5905 Je demanderais aux gens dans
l'audience s'il vous plaît de fermer les cellulaires.
Je vous remercie.
5906 MADAME SANTERRE: Là nous entendrons
le Syndicat des Communications de Radio-Canada
représenté par Micheline Provost et monsieur Yvan
Sinotte.
INTERVENTION
5907 MADAME PROVOST: Madame la
présidente, madame la vice-présidente, monsieur le
vice-président, mesdames et messieurs les conseillères
et conseillers.
5908 Je suis Micheline Provost, présidente
du Syndicat des communications de Radio-Canada.
J'occupe un poste d'adjointe à la réalisation radio à
l'émission le "Midi 15". Je vous présente monsieur
Christian Deschênes à ma gauche, directeur du Syndicat
représentant l'Est du Québec et annonceur à la station
de radio de Rimouski et monsieur Yvan Sinotte,
directeur général et conseiller à la Fédération
nationale des communications.
5909 Normalement, des représentants de
Moncton et de la production télévision de Montréal
auraient dû nous accompagner mais les élections au
Nouveau-Brunswick et l'enregistrement d'une émission
pilote ont empêché ces personnes d'être présentes.
5910 Dans le cas de Benoit Maher,
assistant à la production à la télévision et
vice-président du Syndicat, il a assisté aux deux
premières journées d'audience.
5911 Le Syndicat des communications de
Radio-Canada rassemble 1400 et 1500 employés de la
Société sur tout le territoire du Québec, à Moncton, à
Radio-Canada International et les journalistes
correspondant à l'étranger, en radio, en télévision et
dans les nouveaux médias.
5912 Nos membres travaillent en animation,
en journalisme, en assistanat à la réalisation, en
documentation. Leur rôle consiste à préparer et à
présenter des émissions.
5913 Nous ne vous cachons pas que la
tangente prise par le Conseil au cours des deux
premières journées et demie d'audiences nous préoccupe
sérieusement. En effet, il nous semble que les
consultations pan-canadiennes menées par le Conseil au
cours du mois de mars ont imprimé chez ses membres une
vision tronquée de la réalité.
5914 Que des citoyennes et citoyens
souhaitent plus de service de la part de la Société est
tout à fait légitime et qu'ils recourent, pour en
illustrer l'importance, à des clichés et stéréotypes,
mêmes dépassés, était compréhensible.
5915 Mais le Conseil dispose des
informations nécessaires pour mettre en perspective ces
perceptions biaisées et, plutôt que de les véhiculer,
devrait s'attacher à remettre le tout dans une juste
perspective.
5916 Les questions et commentaires
adressés à la direction de la Société nous sont
apparus, à tort ou à raison, comme des menaces à peine
voilées à l'intégrité structurelle et fonctionnelle de
la SRC.
5917 Le Conseil traite des attentes
formulées à l'endroit de la Société, lors du dernier
renouvellement de licence, comme si les crédits
parlementaires dévolus à son fonctionnement étaient
demeurés les mêmes.
5918 Le Conseil blâme la sollicitation
publicitaire effectuée par la Société comme s'il
s'agissait là de fonds superflus dont elle pouvait se
passer. Le Conseil souhaiterait que la Société
produise plus hors Québec, comme si elle était en
mesure de le faire.
5919 Le Conseil suggère que la Société
aurait dû s'engager à réaliser plus de dramatiques,
plus d'émissions jeunesse et, en même temps, qu'elle
devrait se retirer des créneaux qui attirent de
l'auditoire. Le Conseil reproche à la Société d'avoir
une programmation généraliste, alors que à réside son
mandat.
5920 En somme, le Conseil donne
l'impression que la Société devrait, avec moins
d'argent, en faire plus qu'avant les compressions
budgétaires et en personnel, tout en vendant moins de
publicité, en cessant de produire des émissions à
succès et en prévoyant les frais inévitables liés à la
numérisation de ses opérations. La démarche nous
apparaît pour le moins incongrue. Quel est l'objectif
réel recherché par le Conseil: la disparition à terme
de la Société? la question est abrupte mais reflète
bien les inquiétudes ressenties.
5921 Le Conseil connaît l'ampleur du
mandat confié à la Société, il est donc en mesure
d'évaluer avec une certaine précision les ressources
financières nécessaires pour atteindre les cibles
identifiées: desservir tout le territoire canadien,
même là où le nombre de francophones et infime.
5922 Offrir des services qui reflètent la
globalité canadienne; chercher à être de qualité
équivalente en français et en anglais, alors que la
télévision anglaise dispose de budgets plus de deux
fois plus élevés.
5923 MONSIEUR SINOTTE: Le Conseil devrait
être également conscient qu'affecter à la baisse les
revenus de la télévision de la Société, c'est aussi
toucher par ricochet, à la radio qui compte sur la
télévision pour assumer une bonne partie de ses frais
fixes.
5924 Nous adhérons à l'analyse de la
Société selon laquelle, au lieu d'investir massivement
dans des centres de production régionaux hors Québec,
il serait préférable d'inventorier le potentiel de
créateurs qui s'y trouvent pour l'amener vers les
centres de production en place afin d'en promouvoir le
talent sur le réseau.
5925 Quand, d'autre part, le Conseil
s'interroge sur les motifs qui poussent la Société à
opter pour tel projet à la place d'un autre et que
celui-ci connaît un succès d'auditoire, nous savons que
ce n'est ni l'appât de ventes publicitaires ou les
cotes d'écoute qui sont à l'origine d'une telle
décision.
5926 Les échos qui nous parviennent du
terrain à cet égard sont on ne peut plus éloquents.
Nos journalistes et les artisanes et artisans posent,
comme première condition: avons-nous bien couvert
l'événement, l'avons nous livré à temps, le travail
a-t-il été bien fait.
5927 Voilà ce qui donne des résultats
visibles à l'écran. De ce point de vue, notre collègue
Benoit Maher, régisseur du plateau en variété et
dramatique, faisait remarquer au début de la semaine:
Quand on travaille sur un plateau, c'est beaucoup mieux
fait et pour beaucoup moins que chez les producteurs
privés ou la concurrence. Je le sais parce que j'y ai
travaillé. On pense qualité, on pense résultats pour
le public. Voilà qui caractérise la motivation des
employés(es) de la Société Radio-Canada.
5928 Que les régions méritent plus de
moyens financiers, de ressources humaines et
matérielles pour accomplir leur travail adéquatement et
en faire plus, nous en sommes. Mais pour ce faire, les
régions n'ont aucun intérêt à siphonner le réseau. De
l'argent neuf est indispensable pour y parvenir.
5929 A cette fin, nous proposons au
Conseil qu'il réclame du gouvernement l'adoption d'une
enveloppe budgétaire qui serait destinée exclusivement
aux régions. Qu'annuellement, la Société s'engage à
rendre compte des sommes ainsi consacrées à ses centres
régionaux. Et que, d'abord et avant tout, une partie
de ces sommes soit investie dans la réouverture d'une
station de base dans l'Est du Québec.
5930 Le retour des "Ce Soir" dans l'Est du
Québec signifie une reprise en charge par le milieu de
son information télévisée, de cette télévision de
proximité dont les porte-parole régionaux de la Société
vous ont tellement vanté l'appréciation.
5931 Les intérêts socioculturels en place
dans le Bas Saint-Laurent, la Gaspésie et la Côte-Nord
retrouveront enfin ce reflet de leur évolution qui leur
fait tant défaut depuis près d'une décennie
maintenant.. Le CRTC, en 1991, avait avalisé la
fermeture des stations de l'Est du Québec; la chance
lui est donnée, cette année, de remédier à cette
décision.
5932 La reprise de la vente publicitaire
redonnera aussi une vigueur nouvelle à cette économie
régionale. Voilà ce que le Conseil doit promouvoir;
le renforcement de la Société Radio-Canada, non pas de
son épuisement.
5933 Nous croyons enfin que le Conseil
doit faire confiance aux volontés exprimées par la
haute direction de la Société Radio-Canada selon qui
des efforts seront déployés pour faire plus en régions
tout en demeurant solide à la tête du réseau.
5934 Nous qui avons été longtemps
sceptiques à l'endroit de la Société Radio-Canada,
demandons au Conseil de lui laisser la chance, au cours
des sept prochaines années, d'accomplir cette
périlleuse mission.
5935 Nous vous remercions de votre
attention et demeurons à votre disponibilité pour
répondre à vos questions.
5936 MADAME SANTERRE: Madame Pennefather.
5937 CONSEILLERE PENNEFATHER: Madame
Provost, monsieur Sinotte, rebonjour, monsieur
Deschênes, bonjour. Merci d'être parmi nous
aujourd'hui.
5938 J'aimerais commencer d'abord en
soulignant un commentaire que madame la présidente a
fait tantôt concernant l'exercice dans lequel nous
sommes tous. C'est vraiment un exercice, une
discussion sur en effet la mission de Radio-Canada que
vous avez souligné vous-mêmes d'une mission très
importante, non seulement en terme de la production
télévisuelle et radio, mais pour notre Société et notre
économie, notre culture, notre Société.
5939 C'est un processus comme vous savez
qui a commencé il y a quelques semaines, sinon plus
avant ça, avec les consultations partout au pays et ces
audiences dans lesquelles on reçoit toutes sortes de
commentaires, d'opinions, d'options, perspectives.
5940 Et je dois dire que je trouve le mot
"perception biaisée" va très loin et n'est pas une
juste description de toutes les possibilités et options
qui sont devant nous. Alors, c'est une exploration,
une discussion de comment ensemble on va voir à cette
mission importante de Radio-Canada pour l'avenir.
5941 Une Radio-Canada qui, comme vous avez
dit vous-mêmes, comprend une gamme de programmations
pour servir tous les Canadiens et citoyens de ce pays
et qui demande des équipes et une expertise que vous
avez bien souligné en journalisme aussi, c'est en
dramatique, et caetera.
5942 Alors, si on passe au rôle de la
Société qui est le but de notre exercice dans lequel le
Conseil est engagé d'après la Loi sur la radiodiffusion
concernant le renouvellement de ces licences, je veux
juste faire le point parce que vous avez dit dans vos
mémoires un peu plus de détails sur le rôle de
Radio-Canada. C'est là le sujet, le rôle du Conseil.
Quelles, d'après vous, sont les
priorités en programmation pour le SRC pour l'avenir
dans le... avant toutes les forces dans notre Société,
les forces culturelles, les forces technologiques
quelles devraient être les priorités.
5943 Vous semblez nous présenter une
option, une solution pour tout, c'est réinvestir,
réinvestir, réinvestir. Étant donné que je prends ça
comme une base ou bien que je dis qu'est-ce qu'on fait
avec ce qu'on a maintenant, j'aimerais entendre vos
réflexions là-dessus.
5944 MONSIEUR SINOTTE: Bonjour, madame.
Je pense que la priorité en programmation de la Société
c'est d'abord d'être regardé... d'attirer l'attention,
d'attirer l'intérêt. Donc, c'est vraiment dans le
coeur de son mandat. C'est-à-dire de renseigner
adéquatement, d'éclairer et de divertir.
5945 Et c'est dans ce sens-là que la
programmation de la Société est élaborée. C'est dans
ce sens-là que les gens qui travaillent à la Société
conçoivent les émissions, travaillent à la préparation
de ces émissions-là.
5946 Donc, les priorités de programmation
doivent être en fonction des attentes de l'auditoire.
Et ces attentes-là sont pas nécessairement en vue
d'aller chercher des cotes d'écoute, en vue d'aller
chercher des ventes plus fortes en terme publicitaire.
5947 C'est d'abord d'aller chercher,
d'aller répondre à l'intérêt de l'auditoire, de la
Société. Et de ce point de vue là, la Société répond
adéquatement à ces attentes-là.
5948 C'est sûr qu'on ne peut pas faire
cinq similors d'émission par année toujours de classe
ou de niveau égal, mais les efforts qui sont consentis
pour y arriver sont là et on en est témoin tous les
jours.
5949 Je pense que c'est comme cela que la
Société doit appliquer les obligations qui sont les
siennes en vertu du mandat qui lui est donné par le
Parlement, par le biais de la Loi sur la
radiodiffusion.
5950 CONSEILLERE PENNEFATHER: Vous
semblez avoir un peu de difficulté à ce qu'on discute
l'idée de télévision généraliste mais je trouve que
c'est important qu'on comprenne tous ce que cela veut
dire, quelles sont les réalités en programmation
derrière ces mots.
5951 Alors, pour que je sois claire,
pourriez-vous juste répéter pour moi qu'est-ce que,
pour vous, veut dire la télévision généraliste?
5952 MONSIEUR SINOTTE: C'est une
télévision qui doit rejoindre l'ensemble de l'auditoire
potentiel qui ne doit pas être une programmation que je
qualifierais, comme on dit en terme artistique, une
programmation pompier.
5953 C'est une programmation qui doit
répondre à certains critères de rigueur. Etre
généraliste veut dire à la fois être capable de
divertir, être à la fois capable d'aller, de creuser
certains aspects de l'actualité, d'informer au premier
degré, comme ça doit se faire en nouvelles et être
capable, par les créateurs, par le biais des créateurs
être capable de livrer au public des émissions qui
amènent, qui poussent un peu plus loin sur le plan de
la culture, sur le plan de la connaissance de notre
société, sur le plan... et de ce point de vue-là, les
dramatiques, les téléromans.
5954 Ce genre-là répond à cela et il faut
aussi que les gens puissent être capables de se donner
un peu de loisir à travers ça et c'est ce à quoi doit
répondre une télévision généraliste.
5955 Lorsqu'on parle, par exemple, de
refléter... on l'a entendu dans les premières journées
des audiences, de refléter, par exemple, un peu la
globalité canadienne à travers des émissions comme les
dramatiques, les téléromans.
5956 Moi, je me rappelle, vous avez,
madame Pennefather, regardé "Les Plouffe" lorsque vous
étiez plus jeune, mais il y avait aussi le "Côte de
Sable".
5957 CONSEILLERE PENNEFATHER: Il y a
longtemps, oui!
5958 MONSIEUR SINOTTE: Qui était un
téléroman qui se déroulait ici à Ottawa; c'est-à-dire
de l'autre côté de la rivière à Ottawa. Donc, ça
faisait partie de la réalité et je pense que la
société, lorsque les créateurs apportent sur les
bureaux de ceux qui définissent la grille de
programmation, les éléments intéressants et
susceptibles d'aller chercher l'auditoire, aller
chercher l'auditoire dans le sens de répondre à ses
attentes, d'aller chercher sa curiosité, de répondre à
cette curiosité, je pense que la télévision de
Radio-Canada doit répondre à ces aspirations-là.
5959 Dans ce sens-là, elle doit penser la
télévision de Radio-Canada, la radio également de
Radio-Canada, doivent penser qu'on doit aller plus loin
que juste donner à l'auditoire proche le reflet de leur
réalité.
5960 On doit aussi penser en terme
d'auditoire plus lointain qui, lui aussi, pense qu'on
doit lui donner une télévision variée, une télévision
éclatée qui reflète aussi la société dans laquelle on
vit.
5961 C'est cela une télévision généraliste
et si on cantonne Radio-Canada dans un rôle
essentiellement culturel ou... c'est sûr que
Radio-Canada le ferait bien, mais elle ne répondrait
plus aux attentes de la population canadienne et la
population canadienne éloignée des grands centres aussi
au même titre que la population des centres.
5962 CONSEILLERE PENNEFATHER: Merci
beaucoup. Je suis contente d'entendre cela et je vous
remercie, monsieur Sinotte, madame Provost, monsieur
Deschênes. Merci, madame la présidente.
5963 LA PRÉSIDENTE: Merci, messieurs,
madame, merci.
5964 MADAME SANTERRE: J'inviterais
maintenant Impératif français à présenter leur
intervention. Votre micro, s'il vous plaît. Il très
important d'ouvrir votre micro, s'il vous plaît.
Merci.
INTERVENTION
5965 MONSIEUR PERREAULT: Ça va? Oui,
c'est bien.
5966 Madame la présidente, messieurs,
mesdames les Commissaires, c'est avec plaisir que nous
sommes ici aujourd'hui pour vous faire part de
certaines observations et recommandations à l'endroit
de la raison d'exister de telles audiences, le
renouvellement des licences de la Société Radio-Canada.
5967 D'abord, avant de commencer,
j'aimerais vous présenter...
5968 LA PRÉSIDENTE: Radio-Canada?
5969 MONSIEUR PERREAULT: Pardon?
5970 LA PRÉSIDENTE: Radio-Canada.
5971 MONSIEUR PERREAULT: Radio-Canada,
oui. Qu'est-ce que j'ai dit? J'ai fait une erreur?
5972 LA PRÉSIDENTE: J'ai compris
Radio-Québec!
5973 MONSIEUR PERREAULT: Ah! Je
m'excuse, Radio-Canada.
5974 D'abord, permettez-moi de vous
présenter ici à ma droite, monsieur Raynald Charest,
assistant de recherche et monsieur Claude Lafrenière,
membre du Conseil d'administration.
5975 Dans le cadre de notre présentation
aujourd'hui, nous parlerons de la situation des
francophones au Canada, de l'importance de la
distribution des services télévisuels en français et
nous formulerons certaines recommandations.
5976 Les francophones du Canada et plus
particulièrement ceux de l'extérieur du Québec, ont
bien des raisons de se sentir vulnérables à la lumière
des chiffres du dernier recensement canadien.
5977 Le recul du français et la baisse de
l'importance relative des francophones et des québécois
au Canada en inquiète plus d'un.
5978 Les statistiques sur l'assimilation
linguistique et les études sur l'érosion culturelle
viennent confirmer le besoin urgent d'élargir et
d'améliorer l'ensemble des services en langue
française, notamment l'accessibilité aux médias de
langue française partout au Canada.
5979 Nous nous réjouissons de l'ajout de
quatre nouveaux services spécialisés en français. Par
contre, nous regrettons que les demandes de la SRC pour
des chaînes spécialisées aient été refusées dans votre
décision émise le 21 mai dernier.
5980 Nous ne pouvons parler de la SRC et
de canaux spécialisés sans parler de la distribution de
ces canaux, ce qui nous amène à la partie suivante;
c'est-à-dire l'importance de la distribution des
services télévisuels en français, c'est-à-dire la
câblodistribution.
5981 La distribution des services de
télévision en français par le câble n'est toujours pas
choses acquise pour les francophones. La rareté de
services télévisuels en français, en particulier à
l'extérieur du Québec, et l'omniprésence de la culture
états-unienne mine la vitalité de la langue française
et de la culture d'expression française.
5982 Voici quelques inquiétudes de
"Impératif français". Il existe encore des
câblodistributeurs canadiens qui ne diffusent même pas
les services de la SRC. En Ontario, par exemple, selon
l'annuaire des médias Matthews, édition novembre 1998,
28 systèmes de câblodistribution de classe 3 n'offrent
toujours pas la chaîne généraliste française de la SRC.
5983 Il existe au Canada des régions qui
ne captent toujours pas la station canadienne RDI,
station de la SRC à fort contenu canadien, alors que
les câblodistributeurs diffusent prioritairement, et
cela sans gêne, des stations canadiennes de langue
anglaise à fort contenu états-uniens et même des canaux
états-uniens.
5984 Je vous parlais tout à l'heure de
l'annonce de la venue de nouvelles chaînes spécialisées
de langue française. Or, l'article 18 du Règlement sur
la distribution de la radiodiffusion bloquera
systématiquement la distribution dans bien des régions.
5985 Cet article stipule que le Canada est
anglophone, sauf pour les régions où plus de 50 pour
cent des résidents sont de langue maternelle française.
C'est le cas d'ailleurs à Ottawa, capitale du Canada.
Dans cette région, en octobre 1997 le câblodistributeur
"Rogers Cable System" avisait ses abonnées qu'il
préférait aux chaînes spécialisées canadiennes de
langue française les chaînes états-uniennes.
5986 Pour justifier sa décision, le
câblodistributeur allait jusqu'à dire que le Règlement
sur la distribution de la radiodiffusion l'obligeait à
agir de la sorte puisque la Capitale canadienne n'est
pas considérée comme francophone.
5987 Ceci a eu pour conséquence que des
canaux états-uniens sont diffusés alors que des chaînes
canadiennes spécialisées en langue française ne le sont
pas.
5988 Voilà une vision du Canada bien
éloignée de celle que propose la Charte canadienne des
droits et libertés, la Loi sur les langues officielles
et la Loi créant le CRTC, la Loi sur la radiodiffusion
canadienne.
5989 Impératif français ne connaît pas de
pays et encore moins de Capitale nationale ailleurs
dans le monde où les services télévisuels d'un pays
étranger ont priorité sur les services télévisuels
nationaux ou domestique.
5990 Impératif français demande même au
CRTC de l'aviser si de telles situations, comme celle
qui est permise dans la capitale du Canada à Ottawa,
existent ailleurs dans le monde.
5991 Passons maintenant aux
recommandations.
5992 L'Impératif français est d'avis que
les services de nos télévisions publiques francophones
sont essentiels à la langue française et à la
francophonie.
5993 L'Impératif français propose donc aux
CRTC ce qui suit.
5994 -- Que la diffusion du réseau
généraliste français de la SRC soit obligatoire pour
tous les câblodistributeurs canadiens sans exception.
5995 En plus, le Conseil devait exiger un
nombre minimal de services télévisuels généralistes en
français partout au Canada.
5996 Deuxième recommandation:
5997 -- Que la SRC et les autres réseaux
francophones continuent de développer des chaînes
spécialisées pour desservir le marché francophone et
pour contrer l'envahissement de la culture
états-unienne.
5998 Pour cette raison, Impératif français
encourage la SRC à revenir devant le Conseil avec
d'autres projets de services spécialisés en français.
5999 L'Impératif français espère que la
SRC soumettra au Conseil un projet de services
spécialisés pour la jeunesse, pour les ados.
6000 Quant à Conseil, celui-ci devrait
exiger un nombre minimal de services spécialisés en
français partout au pays, un nombre qui pourrait varier
le système de câblodistribution.
6001 Troisième recommandation:
6002 -- Que le CRTC revoit ses règles
d'accès aux chaînes spécialisées pour exiger des
câblodistributeurs qu'ils accordent la priorité absolue
aux chaînes canadiennes, en particulier celles à
contenu canadien élevé.
6003 L'Impératif français reconnaît
toutefois que le Conseil, dans son avis public 99-74,
invite les Canadiens à participer à un examen des
règles d'accès aux chaînes spécialisées et de
télévision payante.
6004 Quatrième recommandation:
6005 -- Que Radio-Canada continue de
s'afficher et accroisse la production d'émissions et de
reportages de toutes sortes dans toutes les régions du
pays.
6006 Cinquième:
6007 -- Que Radio-Canada soit un moteur
d'une forte présence en français sur Internet.
Sixième:
6008 -- Que le réseau français de la SRC ne
soit pas ébranlé par les difficultés du réseau anglais
CBC à justifier son existence.
6009 Dans le Canada anglais, le réseau CBC
n'est pas toujours perçu comment étant un service
indispensable.
6010 Cependant, la télévision française de
Radio-Canada l'est pour les francophones et tous les
autres citoyens pouvant et voulant s'exprimer en
français dans ce pays.
6011 La SRC a un rôle primordial dans la
prestation d'un service télévisuel à la fois
informatif, divertissant et à contenu domestique élevé.
Son public l'apprécie et sa cote d'écoute est très
élevée.
6012 En conclusion, un pays qui s'affiche
francophone ne peut se satisfaire de services
télévisuels en français insuffisants et difficiles
d'accès.
6013 Les services télévisuels de langue
française de la société d'état doivent être étendus à
toutes les régions et être accessibles à tous.
6014 Nous vous remercions infiniment.
6015 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup.
J'aimerais peut-être faire une précision.
6016 Je comprends que beaucoup de vos
recommandations ont trait aux questions de distribution
dans le domaine de la câblodistribution. C'est une
question pour laquelle le Conseil n'a pas encore
modifié ses options ou ses décisions.
6017 Mais vous êtes certainement au
courant que nous avons entamé, il y a maintenant trois
semaines, je crois, un processus en particulier pour
s'enquérir de la situation dans les marchés dits
bilingues.
6018 Et bien que, bien sûr, la loi nous
amène à regarder à la fois les services pour
anglophones et les services pour francophones, il est
certain que ce qui a enclenché, si on veut, ce
processus, c'est toute cette interrogation et la
recherche de solutions
6019 Ce sont les positions, les opinions
et les mémoires qu'on a entendus de la part
d'organismes comme le vôtre et qui, certainement,
soulèvent l'ensemble des questions que nous avons dans
cet avis public et pour lequel nous allons mener un
processus au cours des prochains mois.
6020 Alors, je ne peux commenter plus loin
sur toute la question de la distribution des signaux,
ni non plus de Radio-Canada ni non plus des signaux
canadiens de langue française. Mais soyez assurés que
le Conseil est certainement préoccupé par cette
question.
6021 Alors, si vous le permettez, je vais
concentrer mes questions sur les questions pertinentes
au renouvellement des licences. Pas que ce n'est pas
pertinent, mais je ne peux commenter à ce moment-ci.
6022 Sur les questions, par ailleurs,
liées au renouvellement des licences de Radio-Canada,
je pense qu'il y a certainement un appui très net qui a
comme écho, d'ailleurs, tout ce qu'on a entendu ici ou
dans les consultations régionales.
6023 Mais j'étais curieuse. Dans la
mesure où on sait combien les coupures budgétaires ont
été très significatives et ont eu un impact important
pour Radio-Canada, qu'on sait que le recours aux
ressources publicitaires est présent et, donc,
représente une portion allant jusqu'à 40 pour cent en
matière de télévision, donc, dans un contexte où les
ressources financières sont rares, puis on a entendu
tantôt les syndicats, mais les dirigeants de
Radio-Canada aussi, (pas du fait que c'est important
qu'il y ait une présence français sur Internet) mais
que vous souteniez la présence de Radio-Canada dans
l'Internet au niveau de ressources limitées.
6024 J'aimerais vous entendre là-dessus.
6025 MONSIEUR PERREAULT: Oui, mais encore
une fois, il faut quand même comprendre l'importance du
rôle de la SRC comme élément moteur, surtout et avant
tout dans le marché francophone et auprès des
francophones, ce qui n'est peut-être pas aussi
intensément vrai du côté anglophone, puisque les
apports sont beaucoup plus multiples.
6026 Et un organisme, une organisation
aussi importante que la SRC, avec les ressources
qu'elle a, bien qu'elle en ait moins qu'elle devrait, à
notre avis, en avoir, elle en a quand même beaucoup.
6027 Et à l'aide de ces ressources, une
présence de la SRC n'est pas sans avoir d'effet de
francisation et d'assurer une place et une importance à
la langue française et ce qu'elle véhicule dans le
monde de l'Internet où, déjà, on constate une
sous-représentation de ce qui est véhiculé par la
langue française.
6028 Et à cet égard, vous savez, le même
commentaire, nous le ferions à l'endroit de d'autres
réseaux télévisuels, ou d'autres réseaux
radiophoniques, ou d'autres organismes à budgets élevés
et à ressources élevées, de bien vouloir tenter
d'intensifier ou de se présenter sur Internet, de telle
sorte qu'on ait un minimum de présence en langue
française sur le réseau des réseaux.
6029 Et à cet égard, je pense que la radio
de Radio-Canada, la télévision de Radio-Canada, comme
nous le disions tout à l'heure, pour la francophonie en
Amérique du Nord, c'est quand même un organisme fort
important et il ne doit pas être regardé de la même
façon que l'on pourrait regarder les réseaux
anglophones où, là, il y a des apports beaucoup plus
multiples.
6030 On ne peut pas négliger de
reconnaître l'importance... et, vous savez, je pense
que l'essentiel du message que Impératif français vient
livrer aujourd'hui ici, c'est de la télévision, des
services télévisuels et des services radiophoniques en
langue française, il en faut plus.
6031 Quand on connaît la situation de la
langue française au Canada, en Amérique du Nord, et
quand on connaît la situation de la francophonie même
dans un contexte mondial, il en faut plus, il n'en faut
surtout pas moins.
6032 Néanmoins, je vous mentionnerai que
ça devient pour nous inquiétant quand nous entendons,
par l'intermédiaire de reportages, qu'on voudrait
remettre en question la vitalité des réseaux français
de Radio-Canada, quand on connaît l'importance du rôle
que ces réseaux ont joué et continuent à jouer au sein
de la francophonie parce que, en parallèle, les réseaux
anglophones éprouveraient des difficultés.
6033 Je veux dire, attention, là! S'il
faut, que l'on scinde administrativement et que l'on
bâtisse deux réseaux, mais que l'on n'interprète pas
ces deux réalités qui sont deux réalités avec la même
vision, parce qu'il se pourrait que la conséquence soit
beaucoup plus néfaste culturellement pour tout ce qui
est de la francophonie.
6034 LA PRÉSIDENTE: C'est parce qu'on
fait des mises au point ce matin. Le Conseil a
souhaité entendre l'ensemble des licences de
Radio-Canada au sein de la même audience pour avoir la
vue d'ensemble, mais non pas pour apporter des
approches identiques.
6035 Et, d'ailleurs, on entend de façon
séparée les licences francophones et, ensuite, les
licences anglophones. Ce qui illustre bien que nous
abordons (comme d'ailleurs dans d'autres questions et
nous l'avons démontré) qu'il y a une reconnaissance de
particularités.
6036 Bien que le mandat soit le même, la
façon de l'exercer, la façon d'aller plus loin dans son
mandat, bien sûr, doit tenir compte des
caractéristiques des deux réalités. Alors, soyez bien
assuré de ça.
6037 J'aimerais vous entendre sur la
question... je ne sais pas si vous avez eu des échos
sur la question du reflet régional et des communautés
francophones à l'extérieur du Québec
6038 Est-ce que c'est une préoccupation
que vous avez? Ou si vous l'avez surtout en termes de
dire: La présence des signaux de langue française de
Radio-Canada et des autres joueurs, c'est important.
Nous avons besoins, comme
téléspectateurs, d'une richesse de contenu, et que
votre propos est surtout là-dessus plutôt que sur le
reflet des région, le reflet des communautés et la
propension, ça ne vous préoccupe pas, ça, cette
question-là?
6039 Et je ne veux pas vous forcer à vous
en préoccuper, je...
6040 MONSIEUR PERREAULT: La question est
fort intéressante. Il faut que le mandat de
Radio-Canada, à mon avis, s'internationalise davantage.
Alors, je pense que... mais on ne pourra jamais oublier
que le phénomène des masses critiques assure la
production et vient aider, par conséquent, à cette
distribution ou diffusion élargie.
6041 La francophonie nord-américaine est
d'abord et avant tout consacrée sur le territoire du
Québec. Et cette réalité-là est celle qui assure une
diffusion de la culture d'expression français qui vient
aider, pour le moins, à la diffusion et à la
distribution de la culture d'expression française
partout sur le territoire canadien et à l'extérieur du
territoire canadien.
6042 Sans ces phénomènes de masses
critiques-là, nous ne serions probablement même pas ici
aujourd'hui.
6043 J'ajouterais là-dessus qu'il y a la
réalité de l'existence d'une francophonie
pan-canadienne et que, à l'intérieur de la
programmation, je pense que cette réalité-là doit
également y trouver sa place, mais dans le respect, je
pense, dans la reconnaissance de l'importance
proportionnelle des contributions à la francophonie
nord-américaine.
6044 Et si ça voulait même dire, à
l'occasion, d'aller chercher et des productions en
Louisiane ou à Haïti, pourquoi pas?
6045 Il y a une réalité nord-américaine et
des réalités internationales qui peuvent également
servir d'apport à la francophonie canadienne.
6046 Et je pense que, là-dessus, le
résultat étant, à mon avis, qu'il faut repousser
toujours plus loin et cesser de voir les frontières de
la francophonie en Amérique du Nord se replier sur
elles-mêmes à causes des phénomènes d'invasion de la
culture états-unienne.
6047 Et c'est un peu la raison pour
laquelle le CRTC a été créé, c'est d'assurer une
canadianisation des ondes. Mais je pense que cette
canadianisation des ondes inclut, et je le rappelle ce
matin, et la culture de langue française et
d'expression française.
6048 Et ça, ça veut dire qu'il faut donc
aider à repousser plus loin les frontières de la
francophonie, de telle sorte que des statistiques
effarantes, comme celle d'apprendre que nos
compatriotes de langue anglaise sont à 91 pour cent
unilingue anglais. Bien d'une certaine façon, j'irais
dire que la câblodistribution en est en partie
responsable puisqu'il y a encore des régions au Canada
où le Canadien anglophone ne réalise même pas sur son
écran qu'il existe une autre réalité importante au
Canada puisqu'il ne peut même pas choisir de ne pas
l'écouter parce qu'il ne la voit même pas passer à sa
télévision ou à sa station de radio.
6049 Vous comprendrez avec nous qu'avec
des statistiques d'unilinguisme anglais de 91 pour cent
et la faible présence des services télévisuels de
langue française dans l'ensemble canadien, et plus
particulièrement à l'extérieur du Canada, je pense
qu'il y aurait une corrélation sûrement très forte si
certains statisticiens voulaient s'amuser à faire des
compilations de corrélation là-dessus. C'est un
résultat d'exclusion et de négation d'une réalité
importante au sein du Canada et que l'on voit adopter
par des câblodistributeurs qui en sont autorisés par la
réglementation du CRTC.
6050 LA PRÉSIDENTE: Je comprends bien
votre message et je comprends qu'il revient sur le
sentier de la distribution. C'est un message que je
suis certaine vous nous adressez au moment des
interventions par rapport au processus sur les marchés
bilingues et que nous vous entendons et nous en prenons
bonne note.
6051 J'imagine que vous étiez aussi
contents de la distribution nationale de TVA annoncée
et c'est, je pense, les nouvelles technologies qui,
bien sûr, ne se déploient pas aussi rapidement qu'on le
souhaiterait, mais certainement que le numérique sera
un soutien à pouvoir apporter plus de services
francophones. Mais nous aurons l'occasion d'en
reparler plus tard et merci infiniment de votre
présentation et de votre intervention écrite et ce
matin. Merci beaucoup.
6052 MONSIEUR PERREAULT: Je vous remercie
infiniment. Merci.
6053 MADAME SANTERRE: Alors maintenant,
nous entendrons les Députés du Bloc Québécois de l'Est
du Québec et de la Côte-Nord.
6054 LA PRÉSIDENTE: Bonjour.
INTERVENTION
6055 MONSIEUR CRÊTE: Bonjour à tous et à
toutes. Je suis accompagné de monsieur Ghislain
Fournier qui est le député de Manicouagan; moi-même,
Paul Crête, je suis député de
Kamarouska-Rivière-du-Loup-Témiscouata-Les-Basques...
vous n'êtes pas obligés de le retenir par coeur!
--- Rires / Laughter
6056 LA PRÉSIDENTE: Monsieur Crête, par
exemple!
6057 MONSIEUR CRÊTE: Oui.
6058 Merci d'avoir choisi de nous
entendre. Je vous transmets les salutations de madame
Tremblay qui, à cause de son état de santé, ne pouvait
pas être ici aujourd'hui mais qui aurait bien apprécié
pouvoir vous rencontrer.
6059 Notre présentation touche
effectivement à la question de la présence de
Radio-Canada dans l'Est du Québec et sur la Côte-Nord
et dans ma préparation de ma réflexion, j'en suis
revenu au mandat du CRTC qu'il y avait dans votre
document. Vous dites là-dedans que:
"En résumé, nous avons la
mission de gérer dans l'intérêt
public le délicat équilibre
entre les objectifs culturels,
sociaux et économiques des lois
sur la radiodiffusion et les
télécommunications, et ce
particulièrement par rapport à
la Loi sur la radiodiffusion
dont l'objectif fondamental est
de faire en sorte que l'ensemble
de la population ait accès à une
programmation canadienne de
grande qualité et largement
diversifiée." (Tel que lu)
6060 Ceci dit, chez nous dans l'Est du
Québec sur la Côte-Nord, depuis décembre 1990, nous
avons eu une suspension du service par une station
régionale. Il y avait à ce moment-là trois stations à
Matane, Rimouski et Sept-Îles.
6061 Ce n'est pas notre objectif de
pouvoir ravoir les trois stations mais c'est très clair
qu'il y a dans notre région une volonté très nette
d'avoir une façon de se voir nous autres mêmes d'une
région à l'autre, du Bas Saint-Laurent à la Gaspésie à
la Côte-Nord, d'avoir des images de nous autres mêmes.
6062 Vous avez eu, par exemple, des
décisions à rendre sur une demande qui était présentée
par Câblo G, que vous avez refusée, et Cogeco, que vous
avez aussi refusée, qui étaient des modèles différents
mais qui visaient le même objectif de permettre que
notre région puisse avoir, soit par les stations de
télévision communautaires, soit par l'affectation de
sommes qui étaient liées dans le fonds de 5 pour cent.
Mais derrière ça, c'est la même volonté que notre
région puisse être présente.
6063 Pourquoi on veut ça? Même si on a un
bon service intra-régions, par exemple, chez moi, dans
la région que je représente, il y a une station de
télévision qui fait une bonne présence au niveau de
CKRT/CIMT pour avoir une couverture locale de
nouvelles, entre autres. C'est la même chose de CHAU
pour le territoire de la Gaspésie.
6064 Mais on n'a rien qui nous permet
d'avoir une image réaliste de l'ensemble de notre
région parce que le service est assumé par Québec qui
font bien leur possible, qui ont mis sur pied un
bulletin de nouvelles différées qui traite
particulièrement de l'Est du Québec mais qui ne répond
pas à la volonté des gens. Je pense que le mémoire que
vous avez reçu en témoigne de façon éloquente.
6065 Il y a un appui très significatif,
comme vous voyez. C'est assez rare qu'on voit tous les
députés d'une région, mais incluant les députés de
trois partis provinciaux différents, le Parti
Québécois, le Parti Libéral du Québec et l'ADQ, qui
sont tous unanimes dans l'appui à la démarche que les
députés du Bloc ont entrepris.
6066 Pour nous autres, cela nous apparaît
important parce que cela a un impact culturel, social
et économique, et là, je fais référence toujours à
votre mandat très important chez nous.
6067 Tantôt, on parlait de la présence de
Radio-Canada dans la francophonie à l'extérieur du
Québec, mais quand on pense qu'une population comme la
nôtre de 436 000 personnes, qui pour la vaste majorité
sont des francophones, ont une couverture qui leur
apparaît inadéquate dans ce qu'on appelle "le berceau
de la société francophone en Amérique." C'est chez
nous que les francophones se sont installés en premier
en Amérique. Eh bien, on pense qu'on devrait avoir un
service qui soit adéquat.
6068 On a été la victime de coupures dans
une période financière plus difficile. Maintenant
qu'il y a des surplus, il serait peut-être intéressant
qu'on puisse avoir notre part de ces surplus-là.
6069 Cela aurait aussi un impact
intéressant parce qu'on pourrait fournir à la
francophonie à l'ensemble du monde des images
intéressantes. On vient de créer le Parc
Saint-Laurent-Saguenay qui va être un joyau mondial de
tourisme, qui va permettre de mettre en valeur tout le
Saint-Laurent.
6070 Eh bien, l'apport d'une télévision
régionale là-dedans ça pourrait être, entre autres, de
produire des séries régionales qui permettent de mettre
en valeur ces choses-là et il y a de multiples exemples
de cette sorte-là où chez nous on aurait certainement
le potentiel pour le faire. Cela pourrait se faire à
un coût aussi minime aussi parce qu'il y a déjà la
présence d'un certain nombre de journalistes de
Radio-Canada... de journalistes affectés à RDI et il y
a en plus des journalistes qui sont affectés à la radio
de Radio-Canada. Donc, il y a une volonté dans la
région d'arriver à quelque chose d'intéressant.
6071 L'autre élément intéressant c'est
qu'on a mis de côté nos chicanes de clochers. On
s'était déjà battu pour savoir si ça devrait être à
Rimouski, à Matane ou à Sept-Îles ou n'importe où, et
dans notre mémoire et dans le consensus qu'on a
développé maintenant, tout le monde dit: Ça sera à la
Société Radio-Canada de décider quel sera l'endroit.
On va accepter le résultat de ce consensus-là, que ce
soit le maire de Rimouski, le maire de Matane ou
d'autres, ce qu'on veut tout le monde c'est avoir une
présence qui nous ressemble et qui nous reflète et
toute la question du site du siège social, on est prêt
à vivre avec la décision qui sera celle de la Société.
6072 Donc, c'est une démarche collective
et solidaire. Plus de 200 organismes, six députés
fédéraux, 10 députés provinciaux, on a tué les
chicanes. On a 436 000 personnes qui sont derrière
nous autres et on pense que si l'Alberta peut avoir
deux stations de base à Edmonton et Calgary au niveau
de réseaux anglophones, en Ontario, une station de base
à Windsor en plus de celles d'Ottawa et de Toronto,
bien nous pensons que nous autres on ne veut pas moins
de Radio-Canada.
6073 On en veut plus. On veut avoir notre
part de Radio-Canada et ce n'est pas tous les jours que
les parlementaires ont la chance d'être un porteur d'un
consensus comme celui-là. Nous en sommes bien fiers et
nous souhaitons que l'avis que vous émettrez concernant
les licences de Radio-Canada tiendra compte du fait
qu'il devrait y avoir une station dans notre région
pour assurer une couverture adéquate.
6074 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup,
monsieur Crête et monsieur Fournier. Tout d'abord, je
voudrais vraiment exprimer mes voeux de prompt
rétablissement à madame Tremblay. On se faisait une
joie de la voir parce que cela aurait été un signe
qu'elle est vraiment sur la bonne voix, mais espérons
qu'elle est sur la bonne voix mais qu'elle prend soin
d'elle et qu'elle prend tout simplement plus de temps
pour s'assurer de retrouver la forme et l'énergie.
6075 En effet, un consensus de l'ensemble
des intervenants politiques du milieu c'est presqu'un
moment historique. Certainement, vous avez entendu la
Société Radio-Canada ou vous avez entendu parler des
commentaires, d'une part dans ce qu'ils ont présenté,
mais aussi vous avez peut-être entendu cette question
parce qu'on questionnait madame Fortin et l'équipe de
madame Fortin sur pourquoi pas à Rimouski ou pourquoi
pas dans cette région sur la question de la présence
régionale.
6076 Est-ce que vous souhaitez commenter à
la réponse qu'elle a fait en termes de la capacité
financière parce que c'est essentiellement ça qui est
loin? Enfin, ce qui semble clair c'est que c'est loin
d'être un désir de ne pas vouloir servir, au contraire.
Mais en effet, les nombreuses coupures budgétaires ont
fait faire des choix douloureux et qu'ils n'ont pas
obtenu des ressources supplémentaires pour pouvoir
restaurer un service, il est certain, qui était
important. Alors, j'aimerais ça peut-être sur la
capacité financière du milieu pour soutenir...
6077 MONSIEUR CRÊTE: Moi, je pense que la
réponse de madame Fortin interpelle autant le
gouvernement canadien dans un sens que si dans la loi
c'est indiqué qu'on doit assurer un service de qualité,
donc, si on veut respecter notre loi, si on ne sent pas
le besoin de la diminuer, il faut qu'on assume le
financement adéquat pour permettre cette couverture-là.
6078 Si le réseau de Radio-Canada ne peut
pas offrir un service adéquat à 436 000 personnes qui
sont la population francophone de ce territoire-là et
que ce n'est pas considéré comme une priorité, je
trouverais ça un peu déplacé. Je pense que, dans
l'enveloppe actuelle, est-ce qu'il y a des choix
possibles?
6079 Dans les projets de développement de
Radio-Canada, est-ce qu'il y a des choix possibles? Si
en bout de ligne, après l'analyse, il manque encore des
sous, eh bien, je pense que c'est au gouvernement
canadien de voir à assumer un financement minimal.
6080 Il y a aussi l'élément qu'il est
possible qu'il y ait une partie de financement de
publicité qui puisse être allée chercher dans notre
région, qui n'entrerait pas nécessairement dans les
marchés des stations locales parce qu'il y a des
publicitaires et des publicistes qui pourraient vouloir
s'adresser à l'ensemble de cette population-là qui ne
sont pas nécessairement les mêmes, qui présentement
couvrent les stations régionales.
6081 Mais en bout de ligne, il faut se
poser la question: Est-ce que le Canada veut respecter
sa loi et souhaite qu'il y ait un service adéquat à un
demi-million de personnes qui sont majoritairement des
francophones et l'assumer de façon correcte parce que
présentement on pourrait considérer qu'on est les
parents pauvres du réseau de ce côté-là et on
trouverait assez inadéquat que ça soit finalement la
région où s'est installée les francophones en Amérique
en premier qui soit celle qui soit la plus pénalisée
par les difficultés financières de Radio-Canada?
6082 Moi, je ne veux pas entrer dans le
jeu de... on a évité chez nous la chicane de clochers.
Je ne voudrais par la recréer ailleurs. Je n'ai pas à
choisir pour Radio-Canada mais je suis certain que le
mandat de Radio-Canada est inscrit dans une loi et je
suis certain que ce mandat-là doit être respecté et que
présentement il ne l'est pas par l'évaluation qu'on a.
6083 Il n'y aurait pas eu la réaction
qu'on a eue de tous les organismes, toutes les
municipalités, tous les gens du coin s'il n'y avait pas
eu un sentiment qu'on n'avait pas une couverture
adéquate pour qu'on puisse se voir d'une région à
l'autre et cela a des impacts de tout ordre,
socio-économiques et culturels finalement.
6084 LA PRÉSIDENTE: Ce que vous cherchez
ce n'est pas... est-ce que je me trompe ou ce que
j'entends c'est davantage une présence ancrée soit par
le biais d'un affilié ou soit par le biais d'une
station régionale de Radio-Canada et non pas
strictement une couverture plus adéquate du reflet même
de cette communauté ou de ces communautés, parce que
c'est assez vaste?
6085 MONSIEUR CRÊTE: Nous autres on a
privilégié la voix de la station régionale, la station
de base.
6086 LA PRÉSIDENTE: Appartenant à
Radio-Canada.
6087 MONSIEUR CRÊTE: Oui.
6088 LA PRÉSIDENTE: Comme c'était le cas
il y a quelques années au moment où ça été coupé.
C'était à Rimouski, c'est bien ça.
6089 MONSIEUR CRÊTE: Oui. Il y en avait
trois, en fait, stations.
6090 LA PRÉSIDENTE: C'est vrai. Il y en
avait trois. Il y avait Matane...
6091 MONSIEUR CRÊTE: Matane et Sept-Îles.
6092 LA PRÉSIDENTE: Sept-Îles.
6093 MONSIEUR CRÊTE: Donc, on a
privilégié la station régionale parce qu'on est
conscient des problèmes financiers. Radio-Canada est
plus à même par son mandat d'avoir une partie de son
financement qui est liée à son mandat propre et aller
chercher une autre partie par une assiette
publicitaire.
6094 Pour nous autres, une station
affiliée par le contrat que Radio-Canada devrait avoir
avec cette station affiliée-là, les montants qu'il
devrait alloué à la station affiliée pour assurer le
service et l'étendue du territoire, ça serait très
difficile pour une station affiliée d'assurer une
couverture adéquate parce qu'on parle de Gaspé, de
Carleton, de Rimouski, de Rivière-du-Loup, La
Poquetière, de toute la Côte-Nord, Sept-Îles,
Baie-Comeau.
6095 Donc, il y a déjà des services à
Radio-Canada qui pourraient permettre de mettre ça en
place à un coût raisonnable et dans une station privée
à but purement lucratif qu'il ne pourrait probablement
pas assumer de la même manière, de la même façon, une
couverture aussi adéquate.
6096 Et votre question sur est-ce que ce
n'est pas juste une couverture supplémentaire de la
région qu'on cherche, c'est que le modèle actuel, à
partir de Québec, je ne crois pas qu'ils aient le moyen
d'assurer une couverture supplémentaire, à moins d'y
consacrer des sommes tellement importantes puis,
d'ailleurs, il y en a eues depuis 1990 des sommes assez
significatives. On n'est pas certain que ce fut une
économie réelle en bout de ligne de fermer les stations
puis de les ramener à Québec.
6097 Mais si on décidait qu'à partir de
Québec essayer de donner une couverture plus
importante, il faudrait ajouter toute la couverture
culturelle qui est absente présentement, toute la
couverture sportive et aussi, la présence sur le
territoire elle-même qui est très différente.
6098 Chez nous, écoutez, pour avoir la
présence de Radio-Canada, il faut à peu près que
quelqu'un ait mis le feu quelque part pour qu'on puisse
avoir une image sur quelque chose de spectaculaire.
6099 Mais lorsqu'on a des présentations
comme on en a eues à Rivière-du-Loup en fin de semaine,
par exemple, sur "Quatre arpents de fleuve à repeindre"
qui était un événement culturel d'importance, bien, il
y en a à répétition pour qu'on puisse se voir entre
nous autres et ce serait important que...
6100 Cela nous apparaît la voie d'avenir
et c'est très clair que notre objectif premier c'est
d'avoir une meilleure couverture que notre région soit
reflétée et le moyen qu'on privilégie c'est la station
de base.
6101 LA PRÉSIDENTE: Mais, si je comprends
bien donc, ce n'est pas simplement une couverture au
chapitre de l'information. C'est aussi dans d'autres
domaines de ces communautés. Donc, si je comprends
bien, une espèce de présence qui est structurante au
plan de l'économie et industriel aussi.
6102 MONSIEUR CRETE: Oui, puis on serait
prêt à explorer avec la Société comment nous autres on
pourrait produire chez nous des choses intéressantes
qui pourraient après ça servir au réseau, puissent être
vendues au niveau international, possiblement tout le
côté Maritimes chez nous est très présent. On a un
institut fédéral maritime de recherche et
d'océanographie. On a, comme je disais tantôt, le
Saint-Laurent Saguenay, il y aurait...
6103 On a produit des séries concernant
monsieur Cousteau, pourquoi nous autres on ne pourrait
pas relever le même genre de défi; c'est à titre
d'exemple, mais il pourrait y avoir d'autres genres
d'efforts qui soient faits par la région du même ordre.
6104 LA PRÉSIDENTE: Mais, ça m'apparaît,
compte tenu les opinions et les demandes qu'on a reçues
de la part du renouvellement des licences est très
présent dans cet... L'exposé que nous avons entendu au
niveau de la planification stratégique ou au niveau de
chaque licence que, évidemment, les ressources sont
assez restreintes et c'est une question de choix.
6105 Croyez-vous qu'il est vraiment
possible, compte tenu ce que vous avez vu des
engagements de Radio-Canada, de réconcilier votre
demande, vos aspirations légitimes et la possibilité de
continuer à bien servir dans les dimensions où
Radio-Canada est déjà impliqué?
6106 MONSIEUR CRETE: Avec ce qu'il y a
comme mandat prévu pour Radio-Canada, les mandats sont
prévus dans la Loi sur la radiodiffusion, moi, je pense
que si en bout de ligne il n'y a pas de capacité
d'offrir des services adéquatement chez nous, les gens
porteront des jugements sur le fait que l'ensemble
canadien n'est pas capable de répondre aux objectifs
qu'il s'est donné en terme de reflet.
6107 Nous autres, on souhaite qu'il y ait
une couverture adéquate de tout le réseau francophone
au Canada mais, en même temps, il faut regarder
l'importance relative, il faut s'assurer d'une
couverture de tout ce monde-là.
6108 Et la composante des coûts, une fois
où le principe sera retenu et qu'il y aura une station
chez nous, qu'on puisse regarder comment ça
fonctionnerait, qu'est-ce qui est possible et dans quel
ordre économique, quel ordre de coûts on est, ça peut
être intéressant à regarder.
6109 Mais ça ne peut pas être a priori,
par principe, décider qu'il n'y aura pas de station
parce que Radio-Canada présentement n'aurait pas
nécessairement les moyens.
6110 Si Radio-Canada n'a pas les moyens,
c'est parce qu'on ne les lui a pas donnés et les gens
chez nous ont le droit au même retour sur
l'investissement des impôts qu'ils paient au
Gouvernement fédéral que tout autre citoyen du Canada.
6111 Donc, dans ce sens-là, ce sera aux
citoyens de porter un jugement à ce moment-là, qu'ils
ne peuvent pas avoir ce type de service-là qui peut
être accordé ailleurs.
6112 Je pense que cela fait partie,
évidemment, de l'ensemble des évaluations des
situations politiques qu'il y a à faire dans une région
comme la nôtre à ce moment-là.
6113 LA PRÉSIDENTE: Vous comprendrez, je
n'entrerai pas sur ce terrain mais j'aimerais dans la
mesure où madame Fortin exprimait, puis je suis
certaine qu'elle aura la chance de revenir, mais de
dire, si on me donne tous les chèques appropriés je
pourrai faire les dépenses.
6114 Alors, si on le regarde et vous
n'avez pas le chèque, nous, le Conseil n'a pas le
chèque et je n'ai pas encore vu aucun intervenant à
date, ni dans les consultations régionales, qui ont
dit: on va le faire avec plaisir.
6115 Alors, que voyez-vous du mandat qui
est présentement fait et mis en oeuvre, qui pourrait
être retranché au profit de besoin des communautés que
vous représentez? Est-ce que vous voyez qu'il y a
comme un vase communiquant?
6116 MONSIEUR CRETE: Oui. Moi, je n'ai
pas d'expertise suffisante pour évaluer l'ensemble du
reste du réseau, mais je sais que si le Gouvernement
fédéral hier a trouvé pertinent d'avoir des millions
pour compenser l'édition des magazines canadiens versus
les magazines américains, il devrait trouver les
millions qu'il faut aussi pour assumer un mandat comme
celui de Radio-Canada.
6117 MONSIEUR FOURNIER: Moi,
j'ajouterais, si vous me permettez, je pense que le but
légitime qu'on poursuit, c'est de s'approcher des
citoyens et on pense que dans la région de l'est du
Québec, la Gaspésie, le Bas Saint-Laurent, la
Côte-nord, c'est un but tout à fait légitime de voir à
ce que l'information soit adaptée à la région.
6118 Tantôt, avant nous, il y avait aussi
des bonnes présentations, des bons mémoires et
quelqu'un m'a impressionné par une phrase qui disait,
l'animateur qui se lève le matin pour faire son
émission veut faire la meilleure et une bonne émission.
6119 Et en faisant une meilleure et une
bonne émission adaptée à la région, il faut que ce même
animateur reste dans la région et ait la mentalité de
la région.
6120 Alors, il est inconcevable pour nous,
tout en ne mettant pas en cause la qualité de
l'information de Radio-Canada, la qualité de leur
émission, mais il y a une qualité qui est inévitable,
c'est celle de la région. Parce que si on prend
Vancouver, si on prend d'autres régions, ce n'est pas
la même mentalité.
6121 Alors, les gens de la Côte-nord de
l'est du Québec ont le droit parce qu'ils participent
par leur impôt à Radio-Canada, ont le droit légitime
d'être présentés et d'avoir leur émission à leur
image.
6122 Alors, c'est un but qu'on croit
légitime et que Radio-Canada devrait hautement
considérer.
6123 LA PRÉSIDENTE: Je vous remercie de
votre participation, messieurs, et nos meilleurs voeux
encore à madame Tremblay.
6124 MONSIEUR CRETE: Je vais lui
transmettre vos voeux dès dimanche. On a une activité
conjointe et je vais lui transmettre cela
personnellement. Merci.
6125 LA PRÉSIDENTE: D'accord. Au revoir,
merci.
6126 MADAME SANTERRE: Alors, maintenant,
nous entendrons l'Alliance des radios communautaires du
Canada.
6127 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, messieurs,
bienvenue.
INTERVENTION
6128 MONSIEUR PAQUIN: Bonjour. Madame la
présidente, messieurs les membres du Conseil. On est
heureux de participer à cette importante étape de
renouvellements dans l'histoire de la Société
Radio-Canada.
6129 Considérant notre champ de
compétence, soit le domaine de la radiodiffusion, notre
intervention se limitera qu'à cet aspect de la présente
audience.
6130 Tel que décrit dans la section 3.
alinéas 1) de la Loi sur la radiodiffusion, la Société
a pour mission, à titre de radiodiffuseur public
national, d'offrir des services de radio et de
télévision qui comporte une très large programmation
qui renseigne, éclaire et divertit. L'ARC du Canada
tient à préciser qu'elle ne s'oppose pas au
renouvellement de licence de la Société en vertu de sa
mission et de son mandat.
6131 Notre opposition concerne uniquement
la section 3.8 qui est le besoin de partenariat, tel
que décrit dans la Demande de renouvellement. L'ARC et
ses 28 radios membres s'opposent vivement à la
modification de licence de Radio visant... à lui
permettre de développer de nouveaux partenariats avec
les milieux culturels et des entreprises commerciales
visant à lui permettre de développer de nouveaux
partenariats avec le milieu culturel et des entreprises
commerciales.
6132 De plus, permettre à SRC toute forme
de partenariats corporatifs en ondes va à l'encontre de
la décision 93-95 qui énonce les conditions de licences
pour chaque réseau.
6133 En effet, cette décision comprenait
des conditions visant à préserver le caractère
essentiellement non commercial de la radio de
Radio-Canada.
6134 Les 18 radios membres en ondes de
l'ARC du Canada génèrent environ 55 pour cent de leurs
revenus grâce à la diffusion de messages publicitaires
et de commandites de toutes sortes. Cette statistique
démontre bien l'importance des activités commerciales
pour notre secteur.
6135 Dans l'avis public 98-41, le Conseil
a énoncé des changements importants à sa politique
relative à la radio commerciale. Cette nouvelle
politique a eu pour effet d'accroître la concurrence
entre les radiodiffuseurs du secteur privé et touche
irrévocablement le secteur non-commercial.
6136 A cet effet, la politique de 98
concernant la radio commerciale change de façon
importante les règles du jeu. En modifiant le principe
de propriété, le Conseil déclarait qu'il est convaincu
qu'une consolidation accrue de la propriété au sein de
l'industrie et de la radio lui permettrait de renforcer
non seulement son rendement global et d'attirer de
nouveaux investissements.
6137 Toujours selon ce même avis public
celui-ci précise, en ce qui concerne la politique
relative au marchés radiophoniques, que le Conseil a
déterminé qu'il n'appliquera plus les critères énoncés
dans cette politique. Par conséquent, le CRTC sera
disposé à attribuer des licences selon les mérites
particuliers des demandes, notamment les avantages, les
autorisations procurant aux collectivités visées et au
système de radiodiffusion dans son ensemble.
6138 De plus, nos 18 stations en ondes
doivent également composer avec les demandes, de plus
en plus fréquentes, de modifications de la bande AM à
la bande FM.
6139 LA PRÉSIDENTE: Excusez-moi,
pourriez-vous ralentir un peu le débit, s'il vous
plaît?
6140 MONSIEUR PAQUIN: Oui, absolument.
6141 LA PRÉSIDENTE: Pas votre
enthousiasme, mais juste le débit, ça va permettre aux
interprètes de mieux vous suivre!
6142 MONSIEUR PAQUIN: D'accord.
6143 LA PRÉSIDENTE: Merci.
6144 MONSIEUR PAQUIN: Donc, toutes ces
modifications ont des répercussions notables sur le
marché radiophonique canadien. Quoi qu'il soit encore
trop tôt pour en mesurer les impacts, nos radios
communautaires doivent faire face à une concurrence
accrue.
6145 N'ayant pas encore eu le temps de
s'ajuster à la nouvelle politique relative à la radio
commerciale, voilà que la Société demande au Conseil de
modifier la condition de licence actuelle de ses
réseaux radiophoniques anglophone et francophone en ce
qui concerne les activités commerciales afin de leur
permettre de diffuser des messages publicitaires.
6146 Considérant ce qui précède, nous
croyons que ce n'est pas le moment d'ajouter un nouveau
joueur de l'envergure de la SRC dans le paysage du
marché radiophonique.
6147 Dans son mémoire de présentation, la
Société ne parle pas de publicité commerciale, mais
d'un partenariat corporatif en ondes. Peu importe le
nom qu'on lui donne, la publicité demeure de la
publicité.
6148 Cette action commerciale aura
inévitablement des répercussions sur la tarte
publicitaire. Concernant la part de marché éventuelle
que la Société irait chercher, nous constatons que la
demande de renouvellement de la SRC ne comporte aucune
allusion ou référence à l'impact qu'aurait
l'acceptation de leur requête auprès des
radiodiffuseurs privés, communautaires et de campus du
pays.
6149 Si cet élément est si important pour
la survie et le maintien des services de la SRC, il
faut se demander pourquoi la Société n'a pas appuyé sa
demande en manifestant plus de rigueur quant à la
soumission d'études et de justifications de toutes
sortes.
6150 De plus, aucune évaluation des coûts
de sollicitation et de production n'a été déposée.
Est-ce vraiment une opération rentable pour la SRC que
de se lancer dans la vente de publicité?
Malheureusement nous ne pouvons répondre aux questions
précédentes compte tenu de l'absence d'information sur
les répercussions d'une éventuelle activité commerciale
au sein de la Société.
6151 MONSIEUR BOULAY: Les événements
culturels et communautaires. Nous trouvons que la SRC
exagère quelque peu lorsqu'elle mentionne sous le point
100 de sa demande, et je cite: Qu'avec les ressources
actuelles de la Radio, plusieurs de ces spectacles
culturels ne seront autrement pas accessibles.
6152 L'essence même de tout mouvement
radiophonique communautaire canadien réside dans
l'industrie culturelle sous toutes ses formes.
6153 Depuis la mise en ondes de la
première station de type communautaire au début des
années 70, celles-ci ont tenté de se prévaloir de ce
mandat par le biais de la diffusion d'émissions, de
chansons et de spectacles afin de faciliter
l'accessibilité à un plus grand nombre de produits
culturels.
6154 En plusieurs occasions, des ententes
entre les groupes culturels et les radios
communautaires ont porté fruit au niveau de la
promotion d'événements et d'échanges de services de
tous genres.
6155 Or, dans toutes les régions
desservies par nos radios membres, l'industrie
culturelle s'avère l'un des éléments clé du succès des
radios communautaires. Si l'on accordait à la SRC le
droit de se prévaloir de contrats de commandite par le
biais de partenariats corporatifs en ondes, cela
mettrait en péril l'autofinancement de nos stations,
car celles-ci opèrent dans les milieux minoritaires, là
où l'accès à des revenus publicitaires est très limité.
6156 De plus, le succès et la survie de
notre réseau national, le Réseau francophone
d'Amérique, RFA, reposera en grande partie sur des
revenus issus de la commandite d'événements spéciaux et
sur la diffusion en direct ou en différé de
manifestations culturelles diverses.
6157 Le Partenariat avec la Société
Radio-Canada.
6158 Récemment l'ARC du Canada vient de
ratifier une entente de partenariat avec la SRC. Cette
entente aura pour effet de créer une nouvelle synergie
entre le Réseau francophone d'Amérique et la radio de
Radio-Canada grâce à des échanges de services.
6159 Cette entente concrétise le désir de
la SRC et de l'ARC du Canada de s'appuyer mutuellement
dans la réalisation de leur mandat respectif afin
d'assurer le développement et le maintien du plus grand
éventail de services radiophoniques, de la meilleure
qualité possible, pour les Canadiens de langue
française. L'entente vise autant les services offerts
en matière d'information et de programmes que ceux en
matière technique ou ceux reliés à la production, à la
formation et à la promotion.
6160 L'ARC du Canada est particulièrement
fière de compter au sein de ses partenaires la Société
d'État et nous sommes persuadés que cette entente aura
des retombées positives pour l'ensemble des auditeurs
francophones du pays.
6161 MONSIEUR PAQUIN: En conclusion. La
radio de Radio-Canada doit demeurer non commerciale
sous toutes ses formes et elle ne devrait pas pouvoir
s'immiscer dans un champ d'activités tel la publicité,
sans en avoir mesuré toutes les conséquences.
6162 Nous envisageons difficilement
concurrencer avec un nouveau joueur commercial à
l'échelle nationale dans le marché radiophonique déjà
saturé.
6163 De plus, la radio de Radio-Canada, en
tant que société d'État peut compter sur l'appui
financier continu et assuré du gouvernement canadien.
Ce serait une compétition déloyale qui porterait
préjudice aux radiodiffuseurs privés et communautaires.
6164 Nous, de l'autre côté, devons lutter
chaque jour pour maintenir nos services à la communauté
au sein d'un environnement de plus en plus compétitif
et exigeant en diversifiant nos sources de revenus.
6165 La radio de Radio-Canada doit
poursuivre son mandat et se concentrer sur sa mission
en demeurant non commerciale. Elle doit demeurer
neutre et libre de tout lien commercial et ne pas
s'associer avec des partenaires corporatifs et ce, afin
de conserver son objectivité et son impartialité.
6166 L'ARC du Canada assume la
coordination globale du dossier de la radio
communautaire dans les communautés francophones et
acadiennes au pays.
6167 Depuis sa création en 1991, celle-ci
appuie les projets et les initiatives qui concrétisent
la souveraineté pan-canadienne. L'ARC du Canada est
composée de 28 membres actifs, 18 stations sont
actuellement en ondes et dix sont en implantation.
6168 Merci, monsieur et madame les
commissaires, mes salutations les plus distinguées.
6169 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup,
messieurs. Je demanderais à la vice-présidente, madame
Wylie de vous adresser quelques questions.
6170 CONSEILLERE WYLIE: Bonjour
messieurs. Il semblerait que vous avez trois
inquiétudes généralement, une ce serait le résultat
d'une commercialisation sur la possibilité des radios
communautaires de faire de la publicité eux-mêmes à
part de celle qui est permise.
6171 Et deuxièmement, que même si c'est
une façon limitée de le faire, ça encouragerait
possiblement un glissement vers la publicité moins
restreinte. Et troisièmement, que ces engagements ou
ces partenariats ou ces parrainages possiblement
empêcheraient Radio-Canada de garder son impartialité
au niveau de l'information et des opinions, et caetera.
6172 Alors, pour la première inquiétude,
est-ce que vous étiez là quand le Conseil a discuté
avec Radio-Canada de ses intentions à cet effet et
êtes-vous au courant qu'ils nous ont proposé ou déposé
copie de... que je peux vous remettre, d'une condition
de licence qui est beaucoup plus limitée que celle
qu'elles avaient dans leurs demandes.
6173 MONSIEUR PAQUIN: Non, je n'ai pas
pris connaissance de ce document.
6174 CONSEILLERE WYLIE: Ah bon. Alors,
on peut peut-être regarder brièvement ce qu'ils
suggèrent pour voir si ça vous réconforte.
6175 Au début, si vous remarquez la
condition 2, A-2:
"Que les contributions
financières du partenaire ne
peuvent être versées à
Radio-Canada, mais doivent être
versées à un tiers."
6176 Alors, ils nous ont proposé une
balise qui dirait que les sommes seraient pour par
exemple faire le transport de gens à un gala ou payer
des cachets à des artistes ou des représentations
spéciales qui seraient ensuite diffusées, qui est
beaucoup plus étroit et plus restreint ou il y a des
meilleures balises que ce que nous avions.
6177 Alors, nous aimerions vos
commentaires là-dessus. Est-ce que ce serait encore
pour vous la même inquiétude au premier, à la première
préoccupation qui est celle de vous empêcher vous
d'avoir les revenus publicitaires auxquels vous vous
fiez normalement?
6178 MONSIEUR PAQUIN: Bien, ma réponse
est relativement simple. Écoutez, dès qu'on ouvre la
porte à un nouveau joueur, j'en conviens que c'est
honorable là de la part de la Société de vouloir verser
ces fonds-là à un tierce.
6179 Mais il reste que ça fait un joueur
de plus dans le marché radiophonique. Cela fait à
quelque part... la tarte n'est pas plus grosse, le
marché n'est pas plus grand à cause qu'on a un nouveau
joueur.
6180 Pour nous, c'est une question de
principe. Si la Société peut avoir accès au marché, et
maintenant, pour nous, on le considère comme un nouveau
joueur, donc il va avoir un impact. Ce qu'on sait pas
c'est quel impact et quelle dimension cette activité
commerciale là va avoir sur les retombées.
6181 On ne dit pas que ça va empêcher les
radios communautaires. Tout ce qu'on dit c'est qu'il
va y avoir un joueur de plus. Et bel et bien, peu
importe où sera versé l'argent, c'est bien de la part
de la Société, mais pour nous il reste qu'on est en
compétition de plus en plus féroce. Et là on dit: Oui,
on vient d'avoir des nouvelles politiques commerciales,
on est en train de se développer et voilà un nouveau
joueur qui se pointe.
6182 Là on connaît plus ou moins
l'envergure que ça va prendre. Est-ce qu'on parle
d'une publicité corporative une fois par semaine, une
fois par jour, une fois à l'heure? On n'a pas de
précision à cet effet-là.
6183 Est-ce que si à quelque part la
Société serait prête à une condition de licence qui
limite e façon assez considérable cette activité
commerciale, bon, on pourrait quand même être flexible
à ce niveau-là.
6184 Mais s'il y a pas de balises, on ne
peut pas mesurer actuellement cet impact-là parce qu'on
n'a pas les données nécessaires pour se faire une idée
juste de la part du marché que la Société irait
chercher. Il n'y a pas de plan, il n'y a pas de
document, on n'a pas...
6185 Tantôt, je faisais allusion, ça va
coûter combien? Je ne sais pas quelle est la réaction
des employés de Radio-Canada. Est-ce qu'il va falloir
embaucher des employés pour aller vendre de la
publicité. Qui va aller vendre cette publicité-là, qui
va la produire?
6186 CONSEILLERE WYLIE: Mais ne je pense
pas qu'on parle de publicité si on parle de
partenariats et de commandites qui n'ont rien à faire
avec la grille régulière. Si vous voyez là quand les
partenaires et commandites ne serviront pas à soutenir
la grille régulière. Et la paragraphe 3:
"Les émissions de nouvelles et
d'affaires publiques de la
titulaire ne peuvent faire
l'objet de commandite."
6187 Alors, il s'agissait de
représentations spéciales, de concerts, de galas, de ce
genre de programmation où il y aurait un impact
financier, mais dans des dépenses qui sont ancillaires
à la production.
6188 Maintenant, votre inquiétude demeure,
si je peux bien comprendre ans le sens que si la
compagnie X fait des dépenses pour s'associer à un
concert ou à une représentation spéciale, quelle
qu'elle soit, à votre avis, cet argent vous irait
peut-être en partie.
6189 Alors, l'inquiétude de base demeure,
mais je me demandais si selon ces restrictions-là, si
vous vous sentez un peu plus rassurés? Et est-ce que
vous avez des suggestions si le Conseil retenait cette
idée à y mettre des balises qui vous donneraient un
certain niveau de confort au niveau du glissement vers
la publicité ordinaire, si vous étiez réconfortés qu'il
s'agira seulement de représentations, d'argent déposé à
des tiers et dans de la programmation bien spécifique?
6190 MONSIEUR PAQUIN: Bien, je réitère le
fait que nous aussi on a dans notre réseau
régulièrement on s'associe à des galas, des spectacles
à des concerts, on va chercher les commanditaires
souvent qui sont reliés à ces activités-là.
6191 Si la Société peut dans ce même genre
d'événements et là il y a quelqu'un qui va aller
solliciter cette... il faut pas penser qu'il y pas de
dépenses en arrière de ça là, il y a quand même
quelqu'un qui va être mandaté pour aller solliciter ces
commandites-la.
6192 Je veux dire à quelque part, il y
aurait des frais rattachés à ça. Mais là lors qu'on
arrive sur le terrain et qu'on a deux promoteurs ou
deux radiodiffeurs qui offrent puis aussi il faut
compter sur le privé aussi là qui est dans ce
marché-là.
6193 Donc à quelque part si le
commanditaire a des choix à faire entre la petite radio
communautaire et la Société d'État, je sais pas il est
fort possible que la Société soit choisie compte tenu
de son envergure, de son prestige. Donc, à quelque
part, je peux pas mesurer combien on pourrait perdre de
contrats. J'ai pas de données là-dessus.
6194 Mais chaque part de marché qu'on peut
perdre, en amenant une publicité qui soit corporative
ou qui soit versée à des tiers, j'en conviens, mais
c'est une part qui va nous échapper. C'est normal
qu'on soit inquiet parce qu'à chaque petite part qu'on
perd, bien c'est plus de revenus communautaires qu'il
faut aller chercher, c'est plus d'activités de levées
de fonds.
6195 Donc, c'est évident que ça peut avoir
un impact de quelle importance, je la connais pas, j'ai
pas aucun document qui peut me permettre, si vous me
dites que l'impact sera mineur et que l'impact sera
pratiquement invisible au sein de nos communautés qu'on
dessert, je suis bien prêt à dire "oui", mais je l'ai
pas cette donnée-là, j'ai pas cette information-là.
6196 CONSEILLERE WYLIE: Alors, on a donné
de façon très préliminaire des sommes que vous avez
vues dans le dossier sans doute de 100,000 00 $ de
valeur je crois la première année, atteignant un demi
million, je crois après cinq (5) ans.
6197 Maintenant, considérant votre
collaboration plus étroite avec la Société, est-ce que
vous croyez que les effets négatifs pourraient être
minimisés pour pouvoir discuter que vous auriez une
meilleure opportunité de discuter avec Radio Canada là
où un événement quelconque vous importe davantage et
vous fera du tort s'ils font concurrence, et caetera.
6198 Est-ce que vous pensez que c'est une
avenue possible et que, possiblement, au lieu de vous
nuire, ça vous aide dans vos démarches?
6199 MONSIEUR PAQUIN: Bien, oui. Écoutez,
c'est toujours possible de discuter.
6200 Il faut quand même mettre les choses
au clair. Actuellement, on a un excellent partenariat
avec Radio-Canada, on en est fiers, et on veut
poursuivre au niveau des échanges de services sur
lesquels on s'est mutuellement entendus.
6201 On est ici pour s'opposer strictement
à l'aspect commercial de Radio-Canada. Je ne crois pas
(et c'est loin de notre idée) que ça peut semer le
doute au niveau de nos bonnes relations avec la
Société.
6202 CONSEILLÈRE WYLIE: Ah! Non, ce
n'est pas ça que je suggérais.
6203 MONSIEUR PAQUIN: D'accord. Mais je
voulais que...
6204 CONSEILLÈRE WYLIE: C'était
simplement pour voir si, considérant les balises qu'ils
ont offertes et vos relations avec eux, peut-être il
n'y aurait pas des positifs à y voir.
6205 MONSIEUR PAQUIN: Oui. Moi, à ce
niveau-là, je pense qu'on est prêts à s'asseoir avec la
Société et de regarder quel est leur plan d'actions au
niveau de la commandite. Il y a peut-être 90 pour cent
de ces actions commerciales-là qui ne nous toucheront
pas.
6206 À ce moment-là, je veux dire, on est
toujours prêts à négocier puis voir quelle tournure ça
peur prendre.
6207 Oui, s'asseoir avec la Société, en
discuter et de voir même si on ne peut pas de concert,
conjointement aussi, faire des choses ensemble au
niveau de l'approche de ces commandites-là.
6208 CONSEILLÈRE WYLIE: Ou au minimum
d'éviter le désavantage qui pourrait en découler dans
certaines circonstances où vous avez déjà des projets
ou...
6209 MONSIEUR PAQUIN: Exact. Si on est
déjà actifs et qu'on a déjà des corporations qui ont
été approchées par nos stations, peut-être les
considérer comme nos clients et peut-être qu'eux
pourraient exploiter d'autres avenues.
6210 Mais je pense qu'on aurait besoin de
s'asseoir, puis de voir si la Société est prête à
discuter strictement de ce point-là. Je pense qu'on
pourrait en arriver facilement à une entente là-dessus.
6211 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, mais ils
sont là et ils vont nous revenir en réplique. Alors,
vous aurez peut-être le temps de leur souffler...
6212 MONSIEUR PAQUIN: Bien, écoutez,
on...
6213 CONSEILLÈRE WYLIE: En attendant,
vous pouvez relire plus calmement les balises qu'ils
ont offertes et comparer à ce qu'ils ont proposé plus
tôt pour voir si vous y trouvez un réconfort
quelconque. Et on verra si Radio-Canada a d'autres
choses à nous dire en réplique.
6214 En attendant, nous vous remercions de
votre présentation.
6215 MONSIEUR PAQUIN: C'est moi qui vous
remercie.
6216 CONSEILLÈRE WYLIE: Au revoir.
6217 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup,
messieurs.
6218 Nous allons prendre une pause et
reviendrons à 11 h 00.
--- Short pause / Courte pause
6219 LA PRÉSIDENTE: Bonjour. Nous
poursuivons. On a quelques petites précisions à
apporter. Monsieur Stewart va d'abord mettre au
dossier public quelques documents.
6220 Me STEWART: Merci, madame la
présidente.
6221 Simplement pour préciser que la
réplique de la Société Radio-Canada aux interventions
ayant trait aux demandes de renouvellement des licences
francophones se fera entendre lundi matin, le 31 mai.
6222 Deuxièmement, les questions du
Conseil concernant la publicité ont été envoyées par
écrit à la Société Radio-Canada.
6223 And as a third measure, I would like
to state for the public record that a letter has been
sent to CBC, Radio-Canada, containing figures relating
to sports programming. And, this is to facilitate
discussion of this particular subject during this
proceeding.
6224 These are all the points I wish to
make.
6225 Thank you, madame la présidente.
6226 LA PRÉSIDENTE: Merci. Pour préciser
sur la réplique de Radio-Canada lundi matin, ce sera
concernant la réponse aux intervenants.
6227 Quant à la réplique sur
l'interrogation par rapport aux demandes, ça se fera en
même temps que la dimension corporative et le plan
stratégique à la toute fin de l'audience, plus vers le
8 ou 9 juin. Merci.
6228 Madame Santerre?
6229 MADAME SANTERRE: Merci. J'aimerais
maintenant inviter le Conseil du patronat du Québec
avec monsieur Jacques Garon à présenter son
intervention.
6230 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, monsieur.
INTERVENTION
6231 MONSIEUR GARON: Bonjour, madame.
6232 Alors, madame la présidente, je vous
remercie de recevoir le Conseil du patronat du Québec
qui désire exprimer son avis au Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes,
le CRTC, dans le cadre du renouvellement...
6233 LA PRÉSIDENTE: Monsieur Garon...
6234 MONSIEUR GARON: Oui, pardon.
6235 LA PRÉSIDENTE: ... nos interprètes
s'il vous plaît.
6236 MONSIEUR GARON: Alors, plus
lentement!
6237 LA PRÉSIDENTE: S'il vous plaît.
6238 MONSIEUR GARON: Je m'excuse.
6239 Alors, le Conseil du patronat du
Québec désire exprimer son avis au Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes
dans le cadre du renouvellement des licences de la
Société Radio-Canada.
6240 Deux questions, posées par le CRTC,
ont retenu l'attention du Conseil du patronat du
Québec:
6241 Quel rôle complémentaire entend jouer
la SRC par rapport aux diffuseurs privés et en quoi les
émissions qu'elle propose diffèrent-elles de la
programmation des autres diffuseurs?
6242 Ces deux questions sont, quant à
nous, au coeur de la pertinence du mandat de la Société
Radio-Canada, une société financée par les
contribuables canadiens, avec une mission particulière,
et qui oeuvre dans un marché où les diffuseurs privés
sont soumis aux règles de la concurrence, concurrence
qu'encourage d'ailleurs le CRTC.
6243 Alors, qu'en est-il de la mission de
la Société Radio-Canada?
6244 Bien, la Loi sur la radiodiffusion de
1991 stipule que, et je cite:
"... la programmation de la
Société devrait à la fois être
principalement et typiquement
canadienne, (...) contribuer au
partage d'une conscience et
d'une identité nationales, (...)
refléter le caractère
multiculturel et multiracial du
Canada."
Fin de la citation.
6245 Le Conseil du patronat du Québec est
d'accord avec ce mandat de la Société Radio-Canada tel
qu'énoncé par la loi et ne remet d'aucune façon en
question le bien-fondé et la pertinence de cette
institution qui a bien servi le Canada.
6246 Ainsi, les émissions de nouvelles et
d'actualité ont depuis longtemps acquis leurs lettres
de noblesse à la Société Radio-Canada et gagné la
confiance du public, résultats du professionnalisme et
de l'intégrité de l'équipe de journalistes, comme en
témoignent les nombreux sondages.
6247 Cependant, des déclarations récentes
de la ministre du Patrimoine canadien, responsable de
la SRC, laissent perplexes.
6248 En effet, comment la Société
Radio-Canada peut-elle accroître son contenu canadien
alors qu'elle est guidée par des impératifs de plus en
lus commerciaux, lesquels influencent inévitablement le
contenu de sa programmation, la rendant ainsi de moins
en moins complémentaire avec les télédiffuseurs privés?
6249 Par ailleurs, comment peut-on
concilier les termes de la loi, cités plus haut, avec
la mission de la Société Radio-Canada qui, et je cite:
"Crée, livre et présente des émissions de haut calibre
qui se distinguent des autres et diffuse les meilleures
productions étrangères issues des quatre coins du
monde." Fin de la citation.
6250 Il y a là, nous semble-t-il, une
contradiction entre la programmation d'une société
d'état qui devrait être typiquement canadienne et une
programmation étrangère qui, au plan de la diffusion de
films, par exemple, projette aux heures de grande
écoute une majorité de longs métrages américains.
6251 Entre 1995-1996 et 1997-1988, parmi
l'ensemble des films diffusés à la Société
Radio-Canada, trois films sur quatre seraient des films
américains.
6252 De plus, le cinéma américain génère
les plus grands auditoires. C'est donc une
programmation qui empiète sur le terrain du secteur
privé qui offre déjà travaille`s bien ce type de
programmation étrangère parce qu'elle est très
populaire auprès du public.
6253 La programmation de la Société
Radio-Canada semble donc répondre à des critères de
cotes d'écoute.
6254 Selon le rapport du Comité d'examen
des mandats SRC, ONF et Téléfilm, c'est-à-dire le
rapport Juneau de janvier 1996, et je cite:
"Petit à petit, il semble que la
direction et les concepteurs
d'émissions des deux réseaux de
la Société Radio-Canada soient
devenus délibérément plus
compétitifs et commerciaux, en
vue de reprendre des auditoires
perdus aux mains du secteur
privé et de gonfler leurs
recettes publicitaires. En
cours de route, les chaînes se
sont de moins en moins
démarquées de leurs concurrents
et se sont désintéressées de
leur mandat de service public."
Fin de la citation.
6255 Le Comité constatait également que la
Société Radio-Canada s'était détournée de la production
d'émissions pour enfants et des dramatiques sérieuses
et qu'elle avait affecté moins d'argent aux émissions
locales et régionales.
6256 Le caractère distinctif de la Société
Radio-Canada s'estompait et le contenu des émissions ne
différait plus tellement de ses concurrents
commerciaux.
6257 Le CRTC encourage la concurrence dans
le secteur des télécommunications et il y a ouvert, en
fait, les marchés de l'interurbain, des services de
télécommunications internationales, des téléphones
publics, et caetera.
6258 Et c'est bien ainsi, mais il s'agit
là d'entreprises du secteur privé. On ne peut
certainement pas appliquer la logique du marché à un
organisme public comme la Société Radio-Canada; le
mandat de la SRC et celui des diffuseurs privés sont
sans commune mesure quant à nous.
6259 Un radiodiffuseur public national
fort est indispensable dans la mesure où il répond
véritablement à son mandat.
6260 Or, les demandes de renouvellement de
licences de radiodiffusion présentées par la Société
Radio-Canada, afin d'exploiter l'entreprise de
programmation de télévision à travers tout le pays, y
compris le Québec, révèlent que la Société n'a pas
respecté son engagement de diffuser une moyenne de dix
heures et douze minutes de nouvelles locales et
régionales originales par semaine et ce, pour les
années 1994-1995 à 1997-1998.
6261 Par conséquent, madame la présidente,
il serait donc judicieux que le CRTC établisse des
règles et des mécanismes de surveillance qui assureront
la complémentarité entre la Société Radio-Canada et les
diffuseurs privés.
6262 Qu'en est-il de la situation
actuelle?
6263 Eh bien, étant une société publique,
la Société Radio-Canada n'a pas à se préoccuper de
rentabilité auprès de son actionnaire principal,
c'est-à-dire le gouvernement du Canada.
6264 Ainsi, le recours à une programmation
étrangère, qui a un fort contenu américain, peut
s'avérer coûteux et, dans un tel contexte, les fonds
publics pourraient être alors utilisés en concurrence
déloyale avec le secteur privé.
6265 La Société Radio-Canada a-t-elle un
encadrement relatif aux pratiques commerciales dans le
domaine des tarifs publicitaires?
6266 Nous ne le savons pas et il y a là,
selon nous, une absence de transparence, d'autant plus
que la Société Radio-Canada n'est pas soumise à la Loi
sur l'accès à l'information.
6267 Si les fonds publics sont utilisés
pour acquérir des émissions populaires, a fortiori du
cinéma américain par la surenchère, il y a des
conséquences négatives pour les télédiffuseurs du
secteur privé qui se voient alors soit exclus du
marché, soit contraints à augmenter leurs coûts de
production, ce qui réduit alors la capacité des
télédiffuseurs privés à rencontrer les exigences de
leur licence d'exploitation, notamment en matière de
contenu canadien.
6268 On peut noter qu'en ce qui concerne
l'évaluation de la programmation de Radio-Canada par le
CRTC lui-même et en ce qui a plus particulièrement
trait à la diversification des sources de contenu
étranger, il semble que la Société Radio-Canada n'a pas
respecté les attentes formulées par le CRTC lors de son
dernier renouvellement de licence en 1994.
6269 En effet, alors qu'en 1994, 38 pour
cent du contenu des émissions étrangères diffusées à la
Société Radio-Canada provenaient des États-Unis, le
CRTC a noté qu'en 1997-1998, le pourcentage des
émissions en provenance des États-unis a augmenté à
50,21 pour cent.
6270 Cette situation est malsaine et
nuisible en ce sens qu'un organisme public n'agit pas
en complémentarité avec le secteur privé, mais en
concurrence. L'exemple du fonctionnement de la Banque
de développement du Canada est pertinent.
6271 En effet, cette banque financée par
les fonds publics, offre des services bancaires de
dernier recours à des conditions qui ne sont pas plus
avantageuses que celles offerts par les banques
commerciales. L'accessibilité aux services bancaires
est élargie sans, d'aucune façon, introduire des
éléments de concurrence indue.
6272 Par conséquent, nous estimons que les
pratiques commerciales de la Société Radio-Canada
devraient faire l'objet d'un encadrement plus strict du
CRTC. Nous faisons donc nôtre une des recommandations
du Comité d'examen SRC, ONF, Téléfilm, c'est alors
contenu dans le Rapport Juneau de janvier 1996, et je
cite:
"La télévision de la Société
Radio-Canada doit éliminer
graduellement ses activités de
publicité commerciale au cours
des quatre prochaines années,
sauf dans ses émissions de
sports dont les droits ne
peuvent être achetés que sur une
base commerciale. Cette
nouvelle orientation renforcera
considérablement le rôle de
télévision publique de la
Société Radio-Canada comme
solution de rechange aux chaînes
privées et laissera à la
télévision privée des recettes
dont elle a grand besoin pour
jouer un rôle plus actif dans la
production canadienne."
6273 Alors, voilà, madame la présidente,
qu'avec de telles balises, le Conseil du patronat
appuie le renouvellement des licences de la Société
Radio-Canada.
6274 Je vous remercie de votre attention.
6275 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup,
monsieur, et bienvenue à cette audience. J'imagine que
je n'ai pas une longue vie au Conseil mais ça doit être
une des rares fois que vous avez cru bon d'intervenir
dans un des processus proposés par le Conseil!
6276 MONSIEUR GARON: C'est exact, madame
la présidente.
6277 LA PRÉSIDENTE: Pourrais-je vous
demander ce qui vous amène à faire cette intervention
très importante dans la mesure où vous l'avez, d'une
part, écrite mais aussi vous avez demandé à être
entendu?
6278 MONSIEUR GARON: Oui.
6279 LA PRÉSIDENTE: J'aimerais comprendre
ce qui anime votre démarche.
6280 MONSIEUR GARON: Essentiellement,
madame la présidente, c'est le contenu de votre propre
démarche qui a sollicité des audiences publiques et qui
a mis en valeur un certain nombre de points
fondamentaux dont le renouvellement des licences qui
seront accordées à la Société Radio-Canada.
6281 Alors, parmi ces deux éléments, ce
que retient et comme nous l'avons signalé dans ce court
mémoire, le Conseil du patronat, c'est la pertinence
d'une société d'état financée par des fonds publics a
avoir un terrain de jeu qui est balisé de telle façon à
ce que ses règles soient clairement balisées vis-à-vis
des télédiffuseurs privés.
6282 Alors, c'est ce qui a motivé notre
intervention.
6283 LA PRÉSIDENTE: J'aimerais comprendre
certains des points que vous faites, qu'est-ce que au
delà de votre mémoire écrit et de votre intervention ce
matin pour un peu mieux comprendre votre position,
d'abord toute cette notion de complémentarité?
6284 Je voudrais bien aussi expliquer
peut-être, ce faisant, l'expression "complémentarité"
telle qu'utilisée pour le Conseil dans son avis public
n'était pas de cantonner du tout le rôle de
Radio-Canada ou de refuser son rôle de télévision
généraliste ou l'importance de remplir son mandat au
plein sens du terme, mais plus de dire c'est un joueur
important dans le système de radiodiffusion et il y a
donc, bien sûr des synergies et l'importance d'avoir
des spécificités a fortiori si on est une institution
publique. C'était plus dans cet esprit-là.
6285 Je vais vous dire, à la lecture de
votre mémoire et ce que vous dites ce matin, j'ai
l'impression que comment vous interprétez
complémentarité pour vous et votre organisme, c'est
plus de dire là où ne sera pas le secteur privé, la
Société d'état pourra y être.
6286 Pouvez-vous commenter, s'il vous
plaît?
6287 MONSIEUR GARON: Voilà. C'est en
fait un peu, madame la présidente, la question, vous la
posez très bien, et pour laquelle nous n'avons pas de
réponse.
6288 Pourquoi? Parce qu'il nous semble
qu'il y a un manque de transparence dans les états,
dans les rapports annuels, dans les états financiers de
la Société Radio-Canada, à savoir au fond, est-ce que
cette prétention est juste de dire qu'il y a
acquisition d'un contenu étranger? Particulièrement,
la notion de film étranger par la Société Radio-Canada
en concurrence directe avec le secteur privé.
6289 Là, il ne s'agit pas de
complémentarité. Il s'agit de déterminer si des fonds
publics sont attribués pour une surenchère que nous, si
c'est le cas, que nous jugeons malsaine quand il s'agit
d'une société d'état financée par des fonds publics et
qui compétitionnent et qui oeuvrent directement sur le
terrain de jeu des télédiffuseurs privés.
6290 Nous ne le savons pas et nous le
disons dans notre mémoire, pour la simple raison que ce
n'est certainement pas divulgué dans les états
financiers, quelle est la part des sommes qui sont
dévolues pour l'achat de contenus étrangers,
particulièrement de films étrangers par la Société
Radio-Canada et qui pourraient ou qui peuvent, selon
certains, conduire à la surenchère.
6291 C'est simplement ça dont il est
question, dans le sens où vous définissez
complémentarité, jamais nous n'allons préjuger du fait
que la Société Radio-Canada quand elle présente une
certaine programmation, jusqu'à présent, d'une façon
générale dans bien des domaines, elle a fait oeuvre de
pionnière.
6292 Il n'y a qu'à penser aux émissions de
RDI, par exemple, qui, selon nous, est quelque chose de
très important, en tout cas, vu du point de vue du
Québec, qui ajoute véritablement un complément que les
télédiffuseurs privés n'ont pas fait. Et c'est très
intéressant.
6293 Et il y a d'autres programmes
typiquement canadiens, on peut en citer beaucoup qui,
au niveau de la Société Radio-Canada, ont fait l'image
de la Société. Mais, là où nous posons des questions,
c'est en ce qui concerne le contenu étranger, pas le
contenu canadien parce que, là, je pense que ce soit
normal qu'il y ait cette complémentarité à laquelle
vous faisiez allusion.
6294 Mais quand il s'agit de
complémentarité vis-à-vis l'achat du contenu étranger
et particulièrement de films américains, on s'aperçoit
que la programmation en a montré de plus en plus à la
Société Radio-Canada.
6295 Alors, nous posons la question:
est-ce que c'est normal? Est-ce que c'est normal de
rentrer en concurrence avec le secteur privé?
6296 LA PRÉSIDENTE: Alors, si je
comprends bien, votre préoccupation est surtout située
comme à deux niveaux: celui de l'acquisition de droit
par rapport à des programmes surtout américains,
surtout les films, et d'autre part, la pratique
publicitaire où on fait la présence de la publicité à
la Société Radio-Canada.
6297 MONSIEUR GARON: Tout à fait, madame
la présidente. Et ce qui me ramène à cette question de
transparence et nous le disons candidement dans notre
mémoire, nous ne le savons pas. Donc, nous posons la
question plutôt que de porter un jugement.
6298 LA PRÉSIDENTE: Je ne sais si vous
étiez là hier et si vous avez entendu parler, il y
avait la télévision Quatre-Saisons qui invoquait des
problèmes de surenchère.
6299 Vous comprendrez que le Conseil n'est
pas du tout en situation dans le renouvellement des
licences, à porter un jugement, et il est certain que
l'offre et la demande jouant, c'est tantôt Radio-Canada
qui fait de la surenchère peut-être et tantôt ce sont
d'autres joueurs.
6300 Je pense que ce que nous pouvons
faire et c'est un peu l'objet de nos préoccupations et
de nos questions, c'est d'établir quels sont les
paramètres et les balises du renouvellement de la
licence au chapitre des priorités identifiées pour la
programmation de Radio-Canada.
6301 Madame Pennefather qui faisait
l'échange avec l'équipe de Radio-Canada, on évoquait la
question du contenu canadien, le pourcentage et dans
certains genres de limiter.
6302 Alors, quelle est votre
recommandation à cet égard? Est-ce que c'est de dire,
plus de transparence pour qu'on sache quelles sont les
conditions ou si c'est de dire 80 pour cent ou 90 pour
cent de contenus canadiens, quelle est votre approche à
cet égard?
6303 MONSIEUR GARON: Je ne pense pas
qu'on puisse déterminer si 50, 60, 80 pour cent de
contenus étrangers sont des balises qu'il faudrait
respecter.
6304 Ce que nous disons, par contre, et je
ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que vous avez
dit tout à l'heure, à savoir, il ne nous appartient pas
de déterminer s'il y a surenchère ou pas.
6305 Nous, nous pensons que votre
organisme a, au contraire, le mandat de déterminer que
les règles du jeu sont bien précisées en regard de la
Loi qui gouverne la Société Radio-Canada. Or, la
Société Radio-Canada doit encourager l'identité, si je
peux m'exprimer ainsi, l'identité nationale canadienne
à travers ces multiples facettes.
6306 Ce n'est pas en achetant du contenu
de films américains qu'on va y arriver.
6307 En tout cas, nous pensons que
peut-être il devrait y avoir certaines balises à tout
le moins pour éviter en regard du contenu de la Loi et
du mandat de la Société Radio-Canada qu'elle puisse s'y
conformer, de façon à ne pas faire une concurrence
indue sur le plan de la programmation étrangère, pas le
contenu canadien, au téléviseur privé.
6308 LA PRÉSIDENTE: Non. Je comprends
bien ce que vous me dites, monsieur. Ce que je dis
c'est nous ne sommes pas là pour juger, on n'est pas un
tribunal commercial qui juge des pratiques
commerciales.
6309 Donc, ce que nous avons comme
responsabilité dans le renouvellement des licences de
Radio-Canada, c'est à la lumière des engagements qu'ils
prennent, d'établir les balises par rapport aux
priorités de programmation qu'ils identifient.
6310 Donc, d'une part, par rapport à cette
préoccupation-là, il y a deux voies. D'une part, la
limite de contenu étranger et dont américain qui peut
aller jusqu'à une précision quant aux films américains
et une deuxième qui est celle qui est offerte
d'ailleurs par Radio-Canada d'une plus grande
transparence, d'une plus grande imputabilité pour
laquelle on peut demander plus de détail.
6311 Alors, ce que je veux comprendre dans
votre intervention, c'est quelle solution
souhaitez-vous ou quelle avenue souhaitez-vous pour les
prochaines années dans le renouvellement de la licence
de Radio-Canada?
6312 MONSIEUR GARON: Ce que nous disons
pour l'essentiel dans les deux recommandations, c'est
si le CRTC établit des balises qui pourraient valider
ou non la quantité de contenu étranger dans la
programmation de Radio-Canada et qu'elle détermine que
c'est en fonction du mandat de la Société, bien à ce
moment-là vous avez fait bonne oeuvre, si je peux dire.
6313 Et, de l'autre côté, je ne sais pas
si c'est dans votre mandat, mais il nous semble que ce
serait intéressant pour une société d'état tout de même
d'avoir un petit peu plus de transparence pour que l'on
puisse juger en connaissance de cause parce que, ici,
nous posons plutôt des questions, de juger en
connaissance de cause si vraiment cette complémentarité
existe ou si c'est une mythe ou si c'est une réalité.
6314 Or, dans ce contexte, je ne sais pas
s'il vous appartient de déterminer des balises, de
faire des recommandations qui pourraient faire en sorte
que l'on pourrait un petit mieux juger des sommes qui
sont dévolues à la publicité payée par la Société
Radio-Canada, de façon à ce que ça puisse correspondre
à son mandat.
6315 Et dans un deuxième temps,
évidemment, on pourrait aussi peut-être juger si
véritablement cette surenchère existe.
6316 LA PRÉSIDENTE: En fait, ce que vous
souhaitez, c'est que, peu importe la balise qui serait
établie, qu'elle soit accompagnée d'une ouverture de
livre à l'égard de ce qui peut être convoité aussi
par...
6317 MONSIEUR GARON: Tout à fait, plus de
transparence. Pourquoi, après tout, une société d'état
est-elle exclus de la Loi à l'accès sur l'information?
En tout cas, ça nous paraît un petit peu contradictoire
pour une société d'état encore une fois.
6318 Et ce que nous disons, pour
l'essentiel, c'est que si on arrive à déterminer et si
vous avez des balises qui puissent déterminer que pour
l'essentiel, pas en majorité, mais pour l'essentiel,
que la programmation de la Société d'état est conforme
à son mandat, bien il n'y a personne qui va pouvoir
être contre cela.
6319 LA PRÉSIDENTE: Sur un autre point,
vous parlez de la question de la publicité, vous
revenez à ce qui avait été la proposition du Rapport
Juneau sur une période de quatre ans, se retirer de la
publicité.
6320 Vous la maintenez dans le sport.
Pourquoi?
6321 MONSIEUR GARON: Je pense que c'était
une des marques de commerce de la Société Radio-Canada
et d'ailleurs, il n'y a pas que la Société Radio-Canada
qui diffuse des programmes de sport.
6322 En fait, vous disiez tout à l'heure
qu'il y a beaucoup de synergie quelquefois entre les
deux systèmes et c'est dans le sport.
6323 Alors, c'est peut-être
particulièrement vrai. Il me vient à l'esprit les Jeux
Olympiques, par exemple. Cela, je pense, est quelque
chose à encourager. Et ça ne veut pas, cette
complémentarité, exclure le partenariat quand c'est
possible.
6324 LA PRÉSIDENTE: Mais ce que je
comprends mal, quelle est votre raison qui fait en
sorte que si la publicité vous la voyez comme étant
éventuellement restreinte, en fait à bannir sur les
ondes de la télévision, pourquoi maintenez-vous la
publicité dans le domaine du sport? Pourquoi dans le
sport est-ce acceptable, selon vous, et ça ne l'est pas
par exemple dans les dramatiques ou dans les émissions
culturelles ou de variétés?
6325 MONSIEUR GARON: Nous ne disons pas
que c'est nécessairement à bannir complètement. Mais,
là, encore une fois pour la question de sport, je pense
qu'on peut dire que la plus souvent qu'autrement, il y
a eu des synergies et des partenariats plutôt qu'un
champ où était exclus complètement un des deux réseaux.
6326 Je pense qu'à travers l'histoire ça
s'est bien concrétisé dans de nombreux événements et on
peut au cours de l'année voir des "matches" de hockey
retransmis régulièrement sur Radio-Canada et sur
d'autres chaînes de télévision aussi. Il n'y a pas
d'exclusion fondamentale là.
6327 Mais en ce qui concerne le problème
plus fondamental que vous posez, à savoir est-ce qu'on
devrait exclure complètement la publicité de toute la
programmation de Radio-Canada, je vous dirais, à la à
la limite, si on voulait vraiment respecter le mandat
d'une société d'état, je ne vois pas pourquoi une
société d'état financée à 100 pour cent par les
contribuables canadiens devrait aussi recourir à la
publicité pour être capable d'offrir sa programmation.
6328 Cela devient une question politique,
madame la présidente, et si le Gouvernement du Canada
ne finance pas suffisamment la Société Radio-Canada, ça
dépasse largement le problème de recourir ou non à la
publicité telle que nous l'avons exposée.
6329 Nous ne parlons pas du tout de cette
question, mais je pense qu'à la limite le problème que
vous posez revient à dire, si les Canadiens sont
contents d'une société d'état qui leur donne
relativement parlant une programmation qui les
satisfait, et je pense que les sondages sont là pour le
démontrer, alors pourquoi nous ne les finançons pas
suffisamment.
6330 LA PRÉSIDENTE: Je ne vous suggère
pas d'enlever la publicité à Radio-Canada. Vous l'avez
dans votre mémoire, écoutez, et je vous...
6331 MONSIEUR GARON: Non, je comprends.
Je reprends tout simplement la...
6332 LA PRÉSIDENTE: J'essaie de voir
comment vous envisagez cela et ce que je ne comprenais
pas, c'est pourquoi la publicité qui dans une
institution publique vous apparaît comme un
contre-sens. Par ailleurs, dans le domaine sportif, ce
sera acceptable.
6333 MONSIEUR GARON: Oui, ça apparait
comme un...
6334 LA PRÉSIDENTE: C'est là où je
comprends le partenariat avec le secteur privé, mais je
ne comprends pas la...
6335 MONSIEUR GARON: Si je peux me
permettre simplement, madame la présidente, c'est que
ça apparaît être comme un contre-sens seulement dans la
mesure où il y a une surenchère potentielle avec le
secteur privé.
6336 Nous, ce que nous prétendons c'est
que la Société Radio-Canada n'a pas à empiéter par la
surenchère si elle existe véritablement. Nous posons
la question-là. C'est pour ça que cette question de
transparence est fondamentale.
6337 Nous posons la question à savoir si
ça existe. Bien ça, nous ne sommes pas d'accord pour
qu'il y ait une surenchère qui, à ce moment-là, il faut
monter tout simplement les coûts de production des
télédiffuseurs privés.
6338 LA PRÉSIDENTE: Dans la mesure donc
où il y a, selon vous, une façon de remplir le mandat
de Radio-Canada qui soit respectueuse de ce mandat, qui
assume, bien sûr, l'aspect d'une télévision généraliste
mais avec une spécificité, à ce moment-là, vous n'êtes
plus désireux de la nécessité de retirer la publicité?
6339 MONSIEUR CARON: Non, absolument.
Quand il y a des règles claires et la transparence qui
sont établies, je ne vois pas pourquoi la Société
Radio-Canada ne pourrait pas continuer à remplir un
mandat qu'elle a très bien remplie au cours des
dernières années.
6340 LA PRÉSIDENTE: J'avoue que je reste
avec quelques imprécisions, mais d'accord. Bien merci.
Merci infiniment d'être venu.
6341 MONSIEUR CARON: Merci, madame la
présidente.
6342 LA PRÉSIDENTE: Merci.
6343 MADAME SANTERRE: Alors maintenant,
nous entendrons la Société des auteurs, recherchistes,
documentalistes et compositeurs, la SARDeC.
6344 LA PRÉSIDENTE: Bonjour.
INTERVENTION
6345 MADAME AUBRY: Bonjour, madame la
présidente. Mesdames et messieurs membres du Conseil,
bonjour.
6346 Nous sommes heureux de vous présenter
le point de vue de la Société des auteurs,
recherchistes, documentalistes et compositeurs, SARDeC,
sur les questions relatives au renouvellement de
licences de la Société Radio-Canada.
6347 Je m'appelle Suzanne Aubry et je suis
présidente de la SARDeC. Je suis accompagnée du
directeur général de la SARDeC, Yves Légaré.
6348 La SARDeC représente 700 auteurs de
l'audiovisuel de langue française. Ces auteurs sont à
l'origine des oeuvres qui ont fait les succès de
Radio-Canada, entre autres, " 4 et Demi", "Omerta",
"Virginie", "L'Ombre de l'Épervier", "La Petite Vie",
"Bouscotte", mais aussi ceux de TVA, de Télé-Québec et
des autres services canadiens.
6349 Nous appuyons fortement la demande de
renouvellement de licence du réseau de télévision
français de la Société Radio-Canada et nous prononçons
en faveur du maintien d'une télévision publique
généraliste de qualité. La SRC doit avoir une
programmation suffisamment large, diversifiée et
éclectique pour satisfaire et attirer les divers
publics afin que les contribuables qui la financent y
trouvent leur compte.
6350 Or il n'existe actuellement que deux
chaînes généralistes ayant un auditoire suffisamment
important pour assumer une programmation significative
et de qualité dans les catégories sous-représentées,
soit la SRC et TVA.
6351 Tout affaiblissement de la télévision
de Radio-Canada entraînerait une situation
monopolistique qui serait malsaine. Qui plus est, la
SRC sert d'émulation aux autres réseaux. Ses succès
notamment en dramatiques lourdes, en téléromans et en
mini-séries, alliés à la qualité de ses productions,
ont fait en sorte que TVA notamment est devenue plus
active dans ses créneaux.
6352 En ce qui concerne les émissions pour
enfants, les chaînes généralistes privées ne diffusent
que fort peu d'émissions canadiennes. En fait, seules
les chaînes publiques, soit Radio-Canada et
Télé-Québec, ont encore une programmation soutenue
d'émissions pour enfants.
6353 Quand aux chaînes spécialisées, 35
pour cent de la population francophone au Québec et une
partie importantes des francophones dans le reste du
pays n'ont pas encore accès au câble. La SRC doit
continuer à offrir une riche programmation d'émissions
pour enfants, qu'elles soient produites à l'interne ou
acquises dans le privé.
6354 Les documentaires d'auteurs et les
longs métrages de fiction canadiens occupent également
plus de place chez nous, les télédiffuseurs privés. La
diffusion par la SRC...
6355 LA PRÉSIDENTE: Madame, pardon.
6356 MADAME AUBRY: Ralentir!
6357 LA PRÉSIDENTE: S'il vous plaît.
6358 MADAME AUBRY: D'accord.
6359 J'avais l'impression d'aller
lentement, en plus!
6360 LA PRÉSIDENTE: Non. Cela ne semble
pas l'impression des interprètes.
6361 MONSIEUR LÉGARÉ: On pourra peut-être
fournir une copie...
6362 LA PRÉSIDENTE: Oui.
6363 MADAME AUBRY: C'est ce que je
voulais faire au début, fournir une copie, je crois que
ça va être nécessaire. Mais je vais faire un effort
pour ralentir.
6364 LA PRÉSIDENTE: Je suis curieuse de
voir quand on va passer de l'anglais en français, si
c'est nous qui parlons toujours trop vite en français.
Je suis curieuse!
6365 MADAME AUBRY: Alors, je reprends
plus lentement.
6366 LA PRÉSIDENTE: Merci.
6367 MADAME AUBRY: Les documentaires
d'auteurs et les longs métrages de fiction canadiens
occupent également peu de place chez nos télédiffuseurs
privés. La diffusion par la SRC de plusieurs
documentaires canadiens dans le cadre d'émissions comme
"Coup d'Oeil", "Horizon", "Zone libre" ou "Enjeu", tout
comme l'intention annoncée récemment d'investir dans le
long métrage de fiction, s'avèrent des éléments
positifs dans notre paysage audiovisuel.
6368 Est-ce que c'est assez lent? Ça va?
Ça vous convient?
6369 Quand à la radio, celle de
Radio-Canada occupe une place à part. Elle demeure la
seule à programmer des oeuvres de fiction: récits,
nouvelles ou dramatiques radiophoniques contribuant
ainsi à la diffusion de notre littérature et de notre
dramaturgie.
Pour les auteurs, la radio de
Radio-Canada est un lieu de création et de diffusion
des oeuvres essentielles qui n'a malheureusement pas de
concurrents parmi les radiodiffuseurs privés.
6370 Radio-Canada remplit donc pleinement
son mandat et doit continuer à être une télévision
publique généraliste forte. Pour ce faire, elle doit
disposer du financement nécessaire. Or, nous craignons
pour l'avenir de cette institution culturelle.
6371 Ainsi, une série de compressions
budgétaires ont obligé la SRC à resserrer ses activités
et à recourir davantage à la publicité afin de financer
l'acquisition et la production d'émissions de qualité,
ce qui lui a attiré certaines critiques des
radiodiffuseurs privés.
6372 Dans le contexte actuel, réduire les
recette publicitaires de la SRC sans un financement
public qui compenserait cette perte mettrait en péril
sa capacité d'acquérir et de produire des émissions de
qualité dans les catégories sous-représentées et nous
nous y opposons.
6373 Notons que la situation financière
des chaînes privées qui oeuvrent dans le domaine des
catégories sous-représentées nous semblent plutôt
enviable. Ces dernières bénéficient largement des
fonds publics pour leur programmation. Les productions
internes de TVA, par exemple, sont admissibles aux
crédits d'impôt provincial et fédéral ainsi qu'aux
programmes de droits de licence du FTCPEC, financement
auquel la SRC n'a pas accès pour ce type de production.
6374 Par ailleurs, la Société Radio-Canada
souligne à plusieurs endroits dans sa demande de
renouvellement de licences de télévision que la
non-reconduction de ses garanties dans le fonds
canadien de production fera en sorte qu'il lui sera
plus difficile de maintenir les sommets atteints en
termes de contenu canadien ou de continuer à acquérir
au même rythme des productions indépendantes.
6375 Nous croyons important que la SRC
puisse retrouver à l'avenir un accès garanti au fonds
canadien de production.
6376 Notre système de radiodiffusion
francophone s'est développé grâce à l'existence d'une
télévision publique généraliste et populaire de qualité
qui a privilégié le contenu et le talent nationaux,
contribuant ainsi à l'identité culturelle de tous les
francophones à travers le pays.
6377 La SRC doit jouir des moyens
nécessaires pour continuer à produire et diffuser une
programmation éclectique qui séduit un large public et
qui fait aussi une large place aux catégories
sous-représentées.
6378 Une réduction de la mission de la
Société Radio-Canada en tant que télévision généraliste
forte aurait pour conséquence un appauvrissement de la
qualité et de l'offre audiovisuel canadiennes,
particulièrement en ce qui a trait à la fiction. Cet
appauvrissement des ondes canadiennes serait un frein
au développement des créateurs et des artistes
d'aujourd'hui et de demain ainsi qu'à l'épanouissement
de la culture francophone du pays.
6379 Madame la présidente, messieurs et
mesdames membres du Conseil, nous vous remercions de
votre attention et sommes à votre disposition pour vos
commentaires et questions. Merci beaucoup.
6380 LA PRÉSIDENTE: Merci, madame.
Madame Pennefather va vous poser les questions du
Conseil.
6381 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Merci,
madame la présidente.
6382 MADAME AUBRY: Lentement s'il vous
plaît, madame Pennefather!
--- Rires / Laughter
6383 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: No worry!
6384 Madame Aubry et monsieur Descaré,
est-ce que j'ai bien compris vos noms?
6385 MADAME AUBRY: Monsieur Légaré.
6386 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Légaré.
Merci.
6387 Merci de votre intervention
aujourd'hui et de votre mémoire écrit. Je pense que le
mémoire oral aujourd'hui résume les éléments importants
dans votre document. Alors, je vais certainement me
pencher sur le mémoire écrit pour quelques
clarifications.
6388 Mais avant, je voulais juste être
certaine que j'ai bien entendu. Concernant la radio,
est-ce que vous avez dit: Malheureusement, il n'y a
pas de concurrents pour la radio de Radio-Canada, la
radio française?
6389 MONSIEUR LÉGARÉ: Dans le sens de
diffuser des dramatiques radiophoniques ou de la
littérature à la radio. Donc, aucun radiodiffuseur
privé ne conteste ce champs-là à Radio-Canada. Donc,
c'est en ce sens-là que nous avons parlé de l'absence
de concurrence.
6390 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Très bien.
Le mot "concurrence" est utilisé de différentes façons,
étant donné l'organisation et les artisans et
créateurs, créatrices que vous représentez. Je voulais
aller un peu plus loin avec cette discussion sur
l'importance du positionnement de concurrence.
6391 Voulez-vous dire dans le sens de
"mieux", c'est pour la création et les auditoires
d'avoir plusieurs environnements, et caetera, qui
supportent votre propos vis-à-vis la télévision
généraliste? Est-ce que j'ai bien raison?
6392 MADAME AUBRY: Tout à fait.
6393 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Parce que
ce mot "télévision généraliste" est souvent discuté.
La façon que je voulais aborder ce sujet avec vous,
pour que je puisse bien comprendre, "généraliste" pour
vous, c'est certainement une diversification de
programmation et d'aller cherche la plus grande
auditoire possible. Est-ce que j'ai bien raison?
6394 MADAME AUBRY: Oui. Allier qualité
au succès. Ce n'est pas quelque chose qui nous semble
antinomique.
6395 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Vous
utilisez dans la conclusion de votre mémoire les mots
"précurseur éclectique".
6396 Je pense que la question intéressante
c'est comment on balance le besoin d'aller chercher un
grand public avec les attentes, l'intérêt et
nécessairement, je pense, le mandat de SRC d'être
éclectique et d'aller chercher de la diversité, d'être
un précurseur? Faire les deux choses en même temps
c'est toute une balance. Quels sont vos commentaires
sur cette balance de programmation?
6397 MADAME AUBRY: Ça dépend évidemment
de quoi on parle. Si on parle d'information,
évidemment, il y a effectivement des réalités
différentes dans chaque région du Canada et des besoins
aussi différents.
6398 En termes de fiction, je dirais que
ce qui est très important c'est que la Société puisse
être ouverte à l'accueil de projets et d'idées et de
contenus qui viennent de partout au Canada. Cette
ouverture-là est importante et essentielle.
6399 Je crois aussi qu'à l'heure actuelle,
à travers les exigences nombreuses qui sont faites à la
SRC, nous croyons qu'elle remplit bien ses objectifs en
ce moment d'éclectisme et de variété en même temps de
large auditoire.
6400 MONSIEUR LÉGARÉ: Pour nous, le rôle
d'un diffuseur public est d'offrir une programmation
nationale et de développer le talent. Lorsqu'on parle
de précurseur, en ce sens-là, Radio-Canada a été, bien
sûr, la première télévision, mais la première
télévision aussi à mettre par exemple des dramatiques à
l'antenne.
6401 Alors que les autres à leurs débuts
mettaient des émissions dramatiques américaines en
traduction, Radio-Canada a pris le risque à l'époque de
dire: Avec une programmation nationale dramatique,
nous sommes aptes à la fois à satisfaire le public et à
aller chercher un grand auditoire.
6402 Cette approche a essaimé et souvent,
Radio-Canada essaie justement de nouvelles approches,
ne serait-ce qu'en dramatique, et ces approches-là
finissent par se communiquer aux autres joueurs du
secteur. Donc, il y a un caractère d'émulation dans le
rôle de Radio-Canada.
6403 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Oui. J'ai
vu cet exemple aussi ce matin quand vous parliez. Il
me semble que vous appuyez la stratégie de
programmation de SRC pour les années à venir, soit
celle de donner la priorité aux dramatiques de qualité,
à l'information, aux émissions culturelles et aux
émissions jeunesse.
6404 Alors, dans l'ensemble, pour vous,
quelles sont les priorités de programmation à
l'intérieur de cette vaste amalgame de programmation
généraliste... une approche généraliste.
6405 D'après vous, quelle est la balance
que vous proposez qu'il faut avoir entre ces genres de
programmation: les dramatiques, l'information,
émissions culturelles et jeunesse? À titre d'exemple,
il semble dans les heures de grande écoute que
l'emphase est surtout sur l'information et dramatique.
6406 Pour vous, quels sont vos
commentaires sur les propos de Radio-Canada concernant
les émissions culturelles? Est-ce que pour vous il y a
assez de place pour les émissions culturelles, étant
donné que c'est une des priorités, étant donné que vous
savez un peu sur le quotidien de productions et de
créations dans ce genre-là? Qu'est-ce que vous en
pensez des propos de Radio-Canada à cet égard?
6407 MADAME AUBRY: Écoutez, on croit que,
sur le plan des dramatiques, pour nous, c'est très
facile de répondre à cette question-là. C'est notre
domaine. Il n'y aura jamais assez de dramatique.
Jamais. Mais on croit qu'à l'heure actuelle, étant
donné aussi un compte tenu des compressions graves que
la SRC a subies ces dernières années, on croit qu'elle
remplit assez extraordinairement son mandat de produire
et d'acquérir des dramatiques diverses et de qualité.
6408 Les émissions jeunesse, évidemment,
on se pose encore la question. C'est un secteur qui
est fragilisé, qui est fragilisé pour toutes sortes de
raisons, mais il reste qu'on s'inquiète.
Effectivement, on a posé la question, d'ailleurs, à
Radio-Canada.
6409 MADAME AUBRY: On voudrait que
Radio-Canada puisse continuer et même être encore
davantage un producteur d'émissions pour enfants.
Radio-Canada est devenu plus un acquisiteur qu'un
producteur.
6410 Alors, on se rappelle, notre enfance
est bercée par des émissions extraordinaires qui
avaient été produites par Radio-Canada et qui font
éclore d'immenses talents, tant chez les acteurs que
chez les réalisateurs que chez les auteurs et qui aussi
font des enfants le public de demain, c'est-à-dire qui
habitue les enfants à l'écoute de la télévision
publique. Télé-Québec a fort bien rempli ce mandat
également.
6411 Mais c'est sûr qu'il y aurait
certainement du chemin à faire par rapport aux
émissions pour enfants.
6412 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors, on
va revenir à une émission culturelle, ce qui était ma
question, mais je vois que vous êtes très intéressés à
l'émission jeunesse et vous en parlez d'une façon plus
intéressante dans votre mémoire.
6413 Alors, continuons un peu avec les
émissions jeunesse. Quand vous parlez, justement d`une
niche de programmation, qu'est-ce que vous voulez dire:
Animation, document, documentaire, dramatique?
6414 MADAME AUBRY: Bien, on pense surtout
à la fiction, les documentaires pour enfants aussi bien
sûr, mais on pense évidemment à de la fiction pour
enfants. Ce n'est pas que Radio-Canada n'en fait plus,
elle en fait moins, mais c'est pour des raisons
strictement financières.
6415 Cela coûte très cher de produire des
émissions pour enfants, et évidemment ça coûte moins
cher d'en faire l'acquisition, étant donné la situation
financière de Radio-Canada. Ce n'est pas étonnant
qu'elle ait un petit peu délaissé la production au
profit de l'acquisition. Ce qui ne fait pas
nécessairement, ce qui n'a pas fait des émissions pour
enfants qui sont à l'antenne de Radio-Canada, de moins
bonnes émissions, entendons-nous bien.
6416 Mais comme producteur, Radio-Canada
avait un rôle aussi de précurseur, c'est évident qu'il
allait chercher des talents nouveaux, il avait une
sorte d'audace, aussi, je dois le dire. Cette audace-là
finalement est aussi le résultat d'un appui financier
public, c'est évident.
6417 CONSEILLERE PENNEFATHER: Oui. C'est
important d'aller un peu plus loin sur la programmation
en soi, qu'est-ce que vous voulez dire. Car, comme
j'avais dit au début, c'est une balance, on veut avoir
les quatre catégories de programmation, mais il y a
certaines forces et éléments de la réalité des choses
de produire les coûts, les nouvelles formes, les
demandes, les intérêts du public, les revenus qui nous
forcent à faire des choix entre ces genres de
programmations.
6418 Mais quand vous êtes intéressés
surtout aux émissions jeunesse, c'est intéressant de
savoir qu'est-ce que vous voulez dire, à quel temps de
la journée, quel type de programmation et pourquoi la
SRC devrait rester. Parce que, comme vous savez, ils
songent à baisser le nombre d'heures pour les émissions
jeunesse de 20 à 15 heures.
6419 Pour vous, est-ce que c'est le seul
critère à juger la programmation jeunesse ou est-ce
qu'il y a d'autres critères qu'on devrait regarder en
termes des priorités jeunesse que Radio-Canada propose.
6420 Comment on peut vraiment aller de
l'avant avec des critères là-dessus?
6421 MONSIEUR LÉGARÉ: Il est sûr que nous
favorisons avant tout...
6422 MADAME SANTERRE: Monsieur Légaré,
s'il vous plaît, votre micro.
6423 MONSIEUR LÉGARÉ: Il est sûr que nous
favorisons avant tout une programmation nationale en
tant que telle. Lorsqu'on parlait des fictions pour
enfants, il y en a de moins en moins. Il y a davantage
de dessins animés maintenant, et je ne parle pas que de
Radio-Canada, mais dans l'ensemble de la programmation
jeunesse.
6424 Or, ces dessins animés font très peu
appel aux auteurs francophones en tant que tels qui
sont souvent relégués à la traduction. Et c'est dans
le fond là que nous formons un public. C'est avec les
émissions jeunesse que ce public-là apprend ou du moins
est familiarisé avec les thèmes, l'approche, la vision,
bon et la programmation nationale.
6425 Donc, il est sûr que la question en
nombre d'heures, on est très... les gens sont très
exigeants de Radio-Canada parce que c'est le seul
téléviseur généraliste qui fait des émissions pour
enfants. Mais en même temps, cette programmation-là si
elle était de grande qualité, si on mettait davantage
d'accent sur la faction et que ça enrichissait le
contenu national, la question d'heures serait peut-être
moins importante.
6426 Que Radio-Canada fasse 20 heures
d'émissions pour enfants ou 15, si dans ces 15 là le
contenu national est davantage valorisé, on peut en
sortir gagnant.
6427 CONSEILLERE PENNEFATHER: Vous
mentionnez aussi dans le secteur jeunesse des contenus
pour les nouveaux médias. Vous savez que comme
corporation, Radio-Canada a des projets importants dans
les nouveaux médias, un budget assez important.
6428 Revenons aussi aux auditoires
jeunesse. Et étant donné que vous avez mentionné
vous-même que les ressources sont limitées. Qu'est-ce
que vous pensez devrait être le rôle de Radio-Canada en
terme de nouveaux médias et surtout pour la jeunesse?
6429 MADAME AUBRY: Bien, on croit que
c'est un outil de développement important, on en
connaît peu de choses pour le moment, c'est encore
tellement exploratoire.
6430 Ce qu'on sait de façon évidente,
c'est que jamais pour nous dans notre esprit ces
nouveaux moyens de communications devraient remplacer
le mandat général de Radio-Canada comme télévision
généraliste et comme diffuseur, acquéreur et producteur
d'émissions.
6431 Alors, c'est sûr que ça prend... on
va voir ce qui va... l'avenir va nous le dire. Chose
certaine, les conditions des auteurs dans ces nouveaux
médias ne sont pas assurées et ça c'est une
préoccupation légitime pour nous, parce qu'il faut dire
que la SARDEC est née avec Radio-Canada.
6432 Notre syndicat existe, a 50 ans
aujourd'hui, et notre syndicat est né à partir du
moment où Radio-Canada a établi une entente avec ces
auteurs et avec nous. Des auteurs comme Marcel Dubé et
Françoise Loranger, Guy Dufresne, tous ces auteurs
dramatiques qui ont fondé la télévision au niveau des
grandes dramatiques qui ont été les prémisses en fait
des la télévision publique, et ça a continué par la
suite.
6433 Des talents qui ont été appuyés aussi
par, il faut le dire, une rémunération adéquate, et
tout ça, c'est aussi grâce à Radio-Canada qu'on a
réussi à fonder en fait un nombre suffisant d'auteurs
d'expérience et de talent, à leur donner la possibilité
de s'exprimer aussi en acquérant du métier et en
pouvant l'exprimer à travers une télévision qui
atteignait un large public.
6434 MONSIEUR LÉGARÉ: Donc, il est
essentiel que Radio-Canada maintienne son rôle de
diffuseur, mais en même temps il est aussi légitime
qu'elle explore ces nouveaux médias là. Parce
qu'effectivement la jeunesse se sert beaucoup plus de
l'Internet peut-être que les plus âgés.
6435 MADAME AUBRY: Que toi, Yves!
6436 MONSIEUR LÉGARÉ: Bien sûr! Et donc,
Radio-Canada doit explorer ce nouveau champs là, ne
doit pas se sortir de ce portrait-là. Quelles sont les
ressources qu'elle doit mettre en terme de millions ou
pas, ce ne sont pas des débats que nous voulons faire,
ce ne sont pas des débats sur lesquels nous nous sommes
penchés au niveau purement financier.
6437 CONSEILLERE PENNEFATHER: Je voulais
savoir en terme de contenu aussi et secteurs jeunesse,
quelle était votre opinion. Vous avez mentionné la
publicité ce matin, et je pense qu'aussi dans votre
mémoire et en effet, vos mots ce matin clarifient un
peu ce que vous avez dit dans votre mémoire.
6438 Pourriez-vous juste encore une fois
élaborer pourquoi vous prenez la position que vous
prenez aujourd'hui concernant la publicité et
Radio-Canada? Car en présentant ce point, vous
mentionnez certaines critiques mais aussi la
possibilité que le choix de programmation soit penché
vers les revenus commerciaux et ce débat et la balance
qu'on devrait trouver là-dedans, pourquoi la position
que vous prenez aujourd'hui?
6439 MADAME AUBRY: C'est évident qu'on
considère que la publicité dans un sens pour une
télévision publique est un mal nécessaire.
6440 On le considère nécessaire parce
qu'en l'absence d'un financement stable, par exemple,
en l'absence des moyens pour arriver à acquérir et à
produire des émissions de qualité, Radio-Canada n'a pas
le choix que de s'appuyer en bonne partie sur ces
fameuses recettes publicitaires.
6441 Cela a toujours été le cas
d'ailleurs. Je crois qu'il y a une sorte d'illusion à
s'imaginer qu'il n'y avait jamais eu de publicité à
Radio-Canada ou que c'est un phénomène nouveau.
6442 Pensons "Aux Plouffe", où l'auteur
lui-même, Roger Lemelin, présentait les produits
publicitaires avant son émission. Je veux dire, on ne
s'en rappelle plus de ça, mais c'est un fait.
6443 La publicité n'est pas un phénomène
nouveau, on peut le déplorer, on peut souhaiter
nous-mêmes des auteurs, on souhaiterait qu'il y en ait
moins peut-être s'il y avait un financement adéquat, un
financement qui remplacerait en fait ces ressources qui
n'existeraient plus pour la Société d'État.
6444 MONSIEUR LÉGARÉ: Mais on
souhaiterait qu'il y en ait moins tant à Radio-Canada
qu'à TVA ou ailleurs en tant que tels. C'est-à-dire
Radio-Canada en allant chercher des recettes
publicitaires finance des émissions, est capable de les
acquérir ou de les diffuser. Lorsqu'on parle de
recettes publicitaires, il faut regarder non pas
l'enrichissement des entreprises, mais l'enrichissement
du système.
6445 C'est-à-dire, est-ce que les recettes
publicitaires permettent à Radio-Canada de diffuser des
émissions? Oui; des émissions dramatiques. Est-ce
que le fait que Radio-Canada refuse... pas refuse, mais
n'ait plus accès à ces recettes-là ferait en sorte que
TVA en diffuserait davantage ou que TQS en diffuserait
davantage? J'en doute.
6446 C'est-à-dire, ça enrichirait
effectivement TVA et TQS que d'être les seuls à avoir
accès à cette tarte-là, mais ça n'enrichirait pas
nécessairement le système de radiodiffusion francophone
et ça n'enrichirait sûrement pas le public francophone
qui est habitué d'avoir une offre télévisuelle assez
forte en dramatique.
6447 CONSEILLERE PENNEFATHER: Une
dernière question. Vous parlez de la diversité
culturelle, qu'est-ce que vous voulez dire par la
diversité culturelle?
6448 MADAME AUBRY: C'est dans notre
mémoire écrit, on faisait nommément référence à
l'exception culturelle en fait, et ça va de pair
évidemment avec toute l'action du CRTC depuis son
existence qui réglemente... qui a permis en fait au
contenu canadien d'exister et de s'épanouir.
6449 Alors, c'est une des règles que notre
pays s'est données pour protéger notre culture, et elle
était cette exception culturelle qui est vitale, qui
soutient, en fait, tout cet équilibre fragile encore
une fois de cette culture canadienne au même titre que
les règles du CRTC.
6450 MONSIEUR LÉGARÉ: Dans ce débat,
justement de l'exemption culturelle qui a évolué vers
le terme diversité culturelle, le Canada est souvent
donné en exemple. Le Canada est donné en exemple entre
autres parce qu'il s'est donné un cadre réglementaire,
le CRTC, bien sûr, est le plus bel exemple parce qu'il
s'est donné des institutions fortes, parce qu'il a des
quotas, parce qu'il a une programmation canadienne, et
caetera.
6451 Et on dit dans ce grand débat là où
les enjeux sont très forts actuellement où
effectivement entre autres, les Américains essaient de
faire en sorte de pénétrer l'ensemble des marchés et où
les pays eux essaient de protéger leur culture
nationale, des outils comme Radio-Canada sont des
outils essentiels, des instruments qui ont permis la
pérénnité de notre culture.
6452 Et si cet instrument-là est affaibli,
ce serait assez ironique, alors que nous sommes en
plein milieu d'un débat où tout le monde essaie de se
doter d'outils aussi performants que le Canada s'est
dotés.
6453 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors, vous
parlez surtout de la culture canadienne, de
l'importance de Radio-Canada vis-à-vis la culture
canadienne, le contenu canadien.
6454 MADAME AUBRY: Tout à fait.
6455 MONSIEUR LÉGARÉ: Tout à fait.
6456 CONSEILLERE PENNEFATHER: Merci
beaucoup. Merci beaucoup, madame la présidente.
6457 LA PRÉSIDENTE: Merci. J'aurais une
question. On évoque la question de la publicité en
terme de plus ou moins, mais il y a un autre type de
préoccupation qui a été soulevé et qui est celle de
dire, dans quelle mesure la présence de la publicité
guide une partie des choix qui sont faits en terme de
s'assurer d'aller rejoindre le plus grand auditoire
possible. On le comprend bien pour les questions de
revenus le plus important possible comme vous le
décriviez, mais dans quelle mesure ça guide au point où
le fameux élément d'émulation dont vous parliez,
l'importance de faire des pas qui soient innovateurs
est tronqué d'une certaine façon par la présence de
cette publicité ou d'une grande dépendance à la
publicité pour arriver non pas simplement parce que le
"bottom line" c'est une chose, mais pour arriver à
justement amener cette vocation et ces programmes qui
ont été l'occasion d'un berceau de plusieurs talents à
travers le pays.
6458 Alors, pouvez-vous me dire si vous,
comme auteurs, quelle est votre impression de cette
préoccupation-là?
6459 MADAME AUBRY: Bien, c'est une
excellente question, et c'est une préoccupation que les
auteurs ont bien sûr de toute évidence.
6460 C'est vrai que 12, 10 minutes de
publicité c'est beaucoup. On trouve que c'est beaucoup
sur tous les réseaux, on souhaiterait qu'il y en ait
moins si la réalité était autre.
6461 Oui, certainement, ça peut poser un
problème d'équilibre par rapport à l'innovation, par
exemple, à l'audace, certainement.
6462 Parfois, ça peut peut-être donner une
certaine fibrosité à... remarquez que la fibrosité est
un trait commun de la plupart des diffuseurs, c'est
normal qu'ils aient peur de la nouveauté. Tout le
monde a peur de la nouveauté sauf le public. Mais
c'est vrai que c'est un équilibre à maintenir.
6463 Nous croyons cependant avoir la liste
très impressionnante de jeunes auteurs et d'auteurs qui
ont commencé à écrire dans la soixantaine et donc des
70 ans qui ont commencé à écrire tard dans leur vie et
qui sont de jeunes auteurs comme Lise Payette qui a
commencé à écrire grâce à la télévision de
Radio-Canada, on pense évidemment à des auteurs comme
Fernand Dansereau.
6464 Ce sont des gens qui n'auraient pas
pu avoir accès à la télévision sans Radio-Canada.
Pierre Gauvreau, c'est la même chose. De grands
auteurs qui ont pu faire entendre leur monde, faire
entendre leur vision, l'exprimer grâce à Radio-Canada.
6465 Et de jeunes auteurs aussi, jeunes
dans tout le sens du terme, je pense à Sylvie Lussier
et Pierre Poirier qui ont fait des émissions pour les
animaux. Ce sont des vétérinaires de formation et qui
font une dramatique superbe à Radio-Canada qui est
innovatrice, audacieuse et qui représente des valeurs
qui sont différentes et qui rejoignent visiblement la
population du Québec.
6466 Oui, à travers tout ça, il y a
certainement des choix qui peuvent être contestés, ils
le sont abondamment d'ailleurs, c'est un sport national
que de contester la programmation à... tant à CBC
d'ailleurs que j'ai pu le constater qu'à Radio-Canada.
6467 Mais je crois, tout de même, malgré
tout ça, malgré l'imperfection de ce système-là, qu'il
est quand même... c'est beaucoup mieux que rien.
6468 LA PRÉSIDENTE: Et beaucoup plus que
ça, je comprends ça.
6469 MADAME AUBRY: C'est un euphémisme.
6470 LA PRÉSIDENTE: D'accord. Merci
infiniment, madame, monsieur. Merci.
6471 MADAME AUBRY: Merci beaucoup.
6472 LA PRÉSIDENTE: Nous allons arrêter
pour le déjeuner. Et compte tenu que les prochains
intervenants sont attendus seulement pour 14 h 00, nous
prendrons une pause de deux heures et seront de retour
à 14 h 00 cet après-midi.
--- Suspension à 1205 / Recess at 1205
--- Reprise à 1400 / Upon resuming at 1400
6473 MADAME SANTERRE: Madame la
présidente, je voudrais juste inviter le Regroupement
québécois pour le sous-titrage inc. à faire leur
présentation.
6474 Je veux aviser, pour les gens dans la
salle que nous retournerons ensuite de ça, à l'Union
des artistes, en suivant l'ordre: Avanti Ciné-Vidéo;
Cogeco et le Groupe Coscient pour cet après-midi.
Merci.
6475 La parole est à vous, monsieur
McNicoll.
PRÉSENTATION / PRÉSENTATION
6476 MONSIEUR McNICOLL: Bonjour. Je
voudrais juste commencer en premier, avant que j'aille
plus loin dans mon exposé verbal, vous montrer un vidéo
de deux minutes à peu près. Vous allez voir un vidéo
avec sous-titrage. Au début il est fait en majuscules,
ensuite un sous-titrage tel que le français s'écrit
avec les accents, O.k., puis au cours de l'après-midi
j'en parlerai. D'accord.
6477 LA PRÉSIDENTE: Merci.
--- Présentation de vidéo / Video presentation
6478 MONSIEUR McNICOLL: Madame la
présidente, mesdames et messieurs les commissaires,
mesdames, messieurs.
6479 Si le Regroupement québécois pour le
sous-titrage doit encore se présenter devant vous à
propos du sous-titrage francophone c'est signe que ce
qui se fait actuellement ne satisfait pas la clientèle
usagère du sous-titrage.
6480 Depuis quelques mois, le RQST a
ouvert un site Web sur le sous-titrage. Ce site permet
de recueillir, à chaud, les commentaires des usagers du
sous-titrage. Il va sans dire que ces commentaires
sont habituellement très négatifs et ce, pour tous les
réseaux. On y parle de qualité, mais surtout de
quantité de sous-titrage.
6481 Ce moyen de communication est nouveau
et devrait prendre de l'essor au fil des années. Les 15
000 visiteurs du site, en quelques mois d'opération,
l'ont nettement prouvé et leur insatisfaction se fait
de plus en plus sentir et c'est très bien ainsi.
6482 Comme vous le savez, la télévision
est un puissant outil de communication. Beaucoup plus
consultée que les journaux, la télévision est un moyen
de communication des plus efficaces pour les sourds et
malentendants parce qu'elle allie des éléments visuels
au texte imprimé, éléments qui ajoutent de
l'information.
6483 Le sous-titrage a l'avantage de
servir aussi aux personnes en voie d'alphabétisation,
aux personnes aphasiques ou dysphasiques, aux personnes
ayant subi un traumatisme cranio-cérébral, aux
personnes avec des difficultés auditives centrales et à
tout groupe culturel en apprentissage du français à
titre de langue seconde.
6484 Au printemps 1996, il était écrit
dans la revue "Tête de ligne" de l'Association des
câblodistributeurs du Québec:
"A l'aube de grandes
possibilités technologiques où
l'univers télévisuel sera éclaté
en multiples canaux tant
domestiques qu'étrangers, le
sous-titrage pourrait bien
sortir de ses ornières
historiques. Ce service est en
voie d'intéresser un public de
plus en plus large dont
l'intérêt premier ne sera pas
seulement guidé par la
déficience auditive".
6485 Malgré les multiples intervenions des
représentants de la communauté sourde francophone, il
semble difficile d'obtenir que le CRTC raffermisse ses
critères en matière de sous-titrage francophone.
6486 Pourquoi? Il nous est difficile de
comprendre la politique du CRTC qui laisse aux
télédiffuseurs le libre arbitre en matière
d'accroissement du nombre d'heures de sous-titrage.
L'exemple des quatre nouveaux canaux est là pour le
prouver. Alors que des pourcentages sont imposés au
niveau anglophone.
6487 Pourriez-vous nous expliquer la
position du CRTC une fois pour toute?
6488 Certes, le lobby des télédiffuseurs,
dans ce cas-ci la télévision française Radio-Canada,
est beaucoup plus puissant que celui des usagers, mais
les arguments qu'ils présentent au CRTC depuis
plusieurs années pour justifier l'impossibilité
d'augmenter de manière concrète le nombre d'heures de
sous-titrage ne sont plus valables.
6489 Au début du sous-titrage, l'écart
entre le nombre d'heures d'émissions sous-titrées des
réseaux francophones et anglophones était justifié
compte tenu des coûts onéreux de production du
sous-titrage francophone. Mais depuis, il y a eu chute
de prix très prononcée, surtout depuis que Radio-Canada
utilise le système de sous-titrage Médiatex, qui permet
de produire un sous-titrage francophone pour une
fraction du prix de 1981.
6490 Question: Pourquoi Radio-Canada
n'est-il pas autorisé à solliciter des commanditaires
pour financer le sous-titrage, tel que cela se fait sur
les chaînes privées?
6491 Comment RDI arrive-t-il à sous-titrer
50 pour cent de sa programmation en direct, qui coûte
plus cher à produire, nous dit-on, avec 392 000 $,
alors qu'il faut au moins 1 208 millions $ pour que le
réseau français de la Société Radio-Canada sous-titre
51 pour cent de sa programmation avec une large part
d'émissions en différé?
6492 Peut-on connaître les coûts réels du
sous-titrage de la télévision française de
Radio-Canada?
6493 Bassin de téléspectateurs, le réseau
français a toujours expliqué que l'acquisition de
productions sous-titrées est plus facile pour les
anglophones qui puisent à même le bassin des émissions
américaines.
6494 Mais de fait, ce bassin ne constitue
qu'à peine 10 pour cent de la programmation et 3 pour
cent des coûts prévus du réseau anglophone pour les
années 2000 à 2005. Le reste est produit ou acheté à
même le marché canadien.
6495 On peut donc prétendre que les
producteurs canadiens anglophones ont bien compris
l'importance d'offrir un produit sous-titrée s'ils
souhaitent qu'il soit acheté par la CBC. La pratique
du sous-titrage est devenue courante dans le milieu
anglophone, compte tenu de l'obligation des
télédiffuseurs d'augmenter le nombre d'émissions
sous-titrées.
6496 En rendant obligatoires les quotas de
sous-titrage anglophone, le CRTC a créé un marché, ce
qui n'est pas encore le cas du côté francophone.
L'absence d'intervention de nos confrères anglophones
semble être une indication de leur satisfaction. Le
volontariat, après 18 ans, n'a mené qu'au 2/3 du
sous-titrage sur le réseau français de la Société
Radio-Canada et à un pourcentage ridicule sur les
autres chaînes privées francophones.
6497 Il est clair que sans une obligation
formelle de la part du CRTC, le pourcentage de la
programmation sous-titrée francophone continuera à
progresser à pas d'escargot, tel que ce fut le cas
depuis 1981.
6498 Dans sa décision CRTC-94-437 (17)...
"le Conseil encourage Radio-Canada à acheter des
versions sous-titrées". Dans la même veine des quotas
de sous-titrage, il y a aura lieu que le Conseil oblige
Radio-Canada à acheter des versions sous-titrées
d'émissions, imputant ainsi les coûts du sous-titrage
aux producteurs plutôt qu'à son propre budget de
production qui pourrait être entièrement alloué à la
production d'émissions maison, en direct plus
particulièrement.
6499 Et pour inciter les producteurs à
sous-titrer systématiquement leurs émissions,
Radio-Canada pourrait négocier à la baisse les
productions non sous-titrées ou pénaliser les
producteurs fautifs en leur chargeant les frais
imputables au sous-titrage.
6500 Newsworld se propose de veiller à ce
qu'au moins 75 pour cent de toutes les émissions
distribuées par le service soient sous-titrées codées
ou interprétées en langage gestuel et qu'à compter du
premier septembre 2002, 90 pour cent de toutes les
émissions le soient.
6501 Par cette proposition, Newsworld
effectue un net recul par rapport au 90 pour cent de
sous-titrage promis en septembre 1998. Accepter une
telle proposition, c'est créer un précédent et indiquer
aux autres télédiffuseurs qui renouvelleront sous peu
leur licence, qu'il est acceptable de faire un recul en
matière de sous-titrage.
6502 Pour le RQST, un tel recul est
inacceptable.
6503 Technologie - Médiatex. Depuis
longtemps Radio-Canada nous rabat les oreilles en
disant qu'il est difficile de sous-titrer en temps réel
parce que la technologie n'est pas disponible. Et
d'une même voix, Radio-Canada vante les mérites de
Médiatex, dont elle a la propriété, et qui, depuis
1991, est la seule technologie disponible permettant le
sous-titrage en direct.
6504 Le RQST demande que le réseau
francophone de Radio-Canada fasse une utilisation plus
fréquente et plus judicieuse de la technologie Médiatex
afin d'accroître le nombre d'émissions sous-titrées en
temps réel.
6505 Dans une correspondance écrite par
madame Lanny Morry, cette dernière fait état de
l'impossibilité pour Radio-Canada de partager, dans
l'immédiat, l'utilisation du logiciel Médiatex. Cette
impossibilité nous est maintenant servie depuis huit
ans.
6506 Peut-on savoir à quel moment cette
technologie sera libérée de son entente contractuelle
avec IBM France et s'il y a possibilité pour
Radio-Canada de négocier une ouverture afin qu'un
partage de technologie soit enfin possible?
6507 Ce n'est que par le partage de
l'expertise et de la technologie, par le biais d'une
régie commune que les coûts du sous-titrage
diminueront, que la qualité sera accrue et qu'il sera
possible d'accroître le nombre d'émissions
sous-titrées.
6508 Qualité du sous-titrage. Le RQST a
travail conjointement avec la compagnie Technologie et
Société, à la création d'une norme stylistique pour le
sous-titrage francophone au Québec. Cette recherche
portait sur le style des sous-titres: format,
représentation de certains éléments, etc. En cours
d'analyse, le CRTC a demandé au RQST de poser la
question suivante aux participants des groupes de
discussion :
6509 De façon générale, comment jugez-vous
la qualité du sous-titrage à la télévision de langue
française?
6510 Deux personnes ont répondu que le
sous-titrage était très bien, dix qu'il était bon,
dix-huit qu'il était mauvais et quatre l'ont jugé
passable. Les participants ont de plus souligné que la
qualité du sous-titrage en direct est inférieure à
celle du sous-titrage en différé, et c'est vrai.
6511 Les usagers du sous-titrage déplorent
donc la mauvaise qualité du français à la télévision
française de Radio-Canada, principalement lors des
émissions en direct. L'une des conditions du
renouvellement de la licence de ce réseau devrait être
l'amélioration de la qualité du français.
6512 Des exemples comme ceux cités dans
notre mémoire, si vous l'avez lu, sont inacceptables
pour une société d'état qui se targue d'avoir un
langage châtié.
6513 En ce qui a trait à l'utilisation des
accents et des cédilles, la télévision française de
Radio-Canada, par la voix de madame Lanny Morry,
indique qu'une part importante de nos téléspectateurs
utilise de vieux modèles de décodeurs qui ne
reconnaissent pas les caractères accentués. Nous avons
choisi de ne pas compromettre leur accessibilité au
sous-titrage.
6514 Nous aimerions connaître le nom de
l'étude sur laquelle se base madame Morry pour affirmer
que le parc de décodeur n'accepte pas les caractères
accentués ou les cédilles puisque le RQST, organisme
défendant le sous-titrage, ne la possède pas ni ne
connaît les statistiques relatives aux générations de
décodeurs. Et si elle détient ces informations,
qu'elle nous les fasse parvenir. Qu'elle nous fasse
part de l'échéancier prévu pour l'implantation de la
procédure d'accentuation des lettres ainsi que pour
l'implantation de la norme stylistique.
6515 Le RQST souhaite aussi connaître les
mesures que Radio-Canada entend prendre afin de réduire
les erreurs dans le sous-titrage en direct.
6516 J'ouvre juste une petite parenthèse
ici sur les erreurs. Pour vous donner un exemple,
depuis 1981 qu'il y a un sous-titrage. Depuis 1991 un
sous-titrage en direct. Il y a trois bulletins de
météo par jour: le midi, le soir et en soirée, O.k.,
c'est pas compliqué.
6517 Un bulletin de météo c'est à peu près
toujours le même temps, il fait beau, il pleut, il y a
des nuages.
6518 Le mot "nuage", il y a à peu près un
million de versions. Il y a "nu", puis il y a "âge".
En tout cas, ça, vous comprenez qu'est-ce qu'on veut
dire là-dedans. Il y a un problème. Il y a moyen de
régler ce problème-là.
6519 Je peux comprendre, quand il y a des
nouveaux mots, des choses comme ça, mais quand c'est
une répétition de mots, O.K.?
6520 Pendant que Radio-Canada met un bémol
sur l'accentuation du sous-titrage francophone,
Videoway travaille à produire une puce qui permettra
l'utilisation des accents.
6521 Cette initiative fait suite aux
recommandations de la recherche sur les normes de
sous-titrage à la télévision française.
6522 Selon le cahier des charges, la mise
en place devrait s'effectuer en septembre 1999, comme
quoi tout est possible avec un peu de volonté.
6523 Aux dernières nouvelles, ça allait
très bien, sauf que ça va être en place en 1999,
septembre 1999.
6524 Recommandations:
6525 -- Que les sténotypistes aient une
plus grande culture générale et/ou une meilleure
formation afin de mieux orthographier les mots,
principalement lors d'émissions sous-titrées en temps
réel.
6526 -- Qu'afin d'éliminer les erreurs de
phonétique, Radio-Canada établisse une banque
terminologique correspondant à des émissions
spécifiques: sports, politique, remise des Oscars
6527 Norme Stylistique du sous-titrage
francophone.
6528 L'étude conjointe de TECSO et du
RQST, Technlogy Society, a permis de dresser un
portrait de ce à quoi pourrait ressembler une norme
stylistique.
6529 Les commissaires ont d'ailleurs déjà
reçu une copie de cette norme qui indique clairement
les préférences des usagers en matière de sous-titrage.
6530 Recommandation:
6531 -- Que Radio-Canada et, par la suite,
les autres télédiffuseurs soient tenus d'appliquer,
d'ici cinq ans, les éléments de la norme stylistique en
matière de sous-titrage francophone établie par TECSO
et RQST.
6532 Une norme convoitée, mais peu
appuyée.
6533 Au début de la recherche sur la
norme, le RQST et TECSO ont approché les télédiffuseurs
afin qu'ils s'imliquent financièrement dans la
rechercher. Tous ont décliné l'offre mais se sont
toutefois rués sur le rapport de recherche.
6534 La prochaine étape de travail
consiste en la validation de la norme stylistique du
sous-titrage francophone auprès des usagers.
6535 Le RQST, organisme sans but lucratif,
ne possède pas les moyens financiers pour mener à terme
cette étape et les bailleurs de fonds se font rares.
6536 Compte tenu de l'intérêt marqué des
télédiffuseurs pour les résultats de notre recherche,
il est inévitable que la RQST demande au CRTC d'exiger
que la télévision française de Radio-Canada t les
autres télédiffuseurs soient tenus de financer le
travail de validation de la norme, sans quoi cette
étape du travail de recherche pourrait être mise en
péril, voire impossible à réaliser.
6537 Un sous-titrage identique à la langue
parlée.
6538 Il peut semble contradictoire, compte
tenu que le RQST exige une qualité de français
impeccable, de demander que le sous-titrage respecte la
langue parlée des interlocuteurs.
6539 L'on doit se rappeler que le but du
sous-titrage est de traduire fidèlement par l'écrit ce
que les personnes entendent, erreurs grammaticales
comprises puisque ces erreurs nous renseignent sur la
personne qui parle, son degré d'éducation, sa
nervosité.
6540 Il ne vous viendrait pas à l'idée de
sous-titrer une oeuvre de Michel Tremblay en français
international. Alors, pour corriger les fautes
grammaticales des interlocuteurs qui, avec les
possibilités technologiques actuelles, pourraient être
indiquées à l'aide d'un code particulier, comme une
parenthèse, un guillemet ou quelque chose comme ça.
6541 Type de sous-titrage.
6542 Lors du travail de recherche sur la
norme, les répondants ont clairement indiqué leurs
préférences en matière de sous-titrage en continu ou de
sous-titrage positionné.
6543 C'est avec une forte majorité qu'ils
ont opté pour du sous-titrage positionné pour les
téléromans, films et autres émissions énergiques. Ils
ont dit privilégier le sous-titrage à déroulement
continu seulement pour des émissions à caractère
informatif quelles les nouvelles, les documentaires et
les émissions avec beaucoup de narration.
6544 Certains télédiffuseurs nous ont dit
que les jeunes préféraient le sous-titrage en continu.
Récemment, le RQST sondait ces jeunes à ce propos. Là
encore, les jeunes ont opté pour les mêmes paramètres
que les adultes en ce qui concerne le sous-titrage
positionné ou en déroulement continu.
6545 Nous concluons que les télédiffuseurs
qui optent de plus en plus pour le sous-titrage en
continu (Certains dessins animés le samedi matin à
Radio-Canada ou des "soap" et des dessins animés sur
les réseaux spécialisés anglophones) le font plus par
mesure d'économie, le sous-titrage en continu coûtant
moins cher à produire, que par réel souci de satisfaire
leur clientèle.
6546 La qualité du sous-titrage
francophone signifie l'adaptation du sous-titrage au
type d'émission et l'indication de l'ambiance (émotion,
musique, sons) à l'aide de codes précis.
6547 Sous-titrer une émission débordante
de vie à l'aide du sous-titrage en continu, c'est
enlever cette vivacité propre à l'émission.
6548 Problèmes de sous-titrage.
6549 Quoi de plus frustrant pour une
personne sourde ou malentendante que d'ouvrir le
téléviseur afin de regarder une émission indiquée au
télé-horaire comment étant sous-titrée mais qui, dans
les faits, ne l'est pas. Ce fut le cas mardi dernier
pour l'émission Jeunesse 0340.
6550 Encore une fois, une émission qui est
normalement sous-titrée ne l'était pas. Je pense qu'il
y en a une autre hier, à ce qu'on m'a dit, il y a eu le
même problème.
6551 La moindre des politesses serait pour
Radio-Canada de faire paraître un message sous-titré
codé à l'intention des téléspectateurs qui utilisent un
décodeur afin de les aviser du problème technique
rencontré, comme c'est le cas pour tout autre problème
technique. Cela atténuerait un peu la frustration des
téléspectateurs.
6552 Participation accrue des usagers du
sous-titrage francophone.
6553 Tel que dit précédemment, le RQST
reçoit de plus en plus de plaintes concernant le
sous-titrage.
6554 Le Regroupement est certes heureux de
recevoir les commentaires des usagers, mais ses moyens
financiers ne lui permettent pas de toujours traiter
les plaintes et commentaires avec diligence et de les
transmettre au télédiffuseur concerné.
6555 C'est pourquoi le RQST recommande que
la télévision française de Radio-Canada mette sur pied
une ligne commentaire pour sa clientèle sourde et
malentendante par le biais d'un numéro téléphonique
spécifique pour les personne qui utilisent la voix, un
numéro pour les usagers d'appareils téléphoniques pour
les sourds et une adresse électronique.
6556 De plus, les usagers du sous-titrage
souhaitent être impliqués dans les recherches et les
décisions qui les concernent et demandent que
Radio-Canada mette sur pied un comité aviseur formé de
représentants de la société d'état, d'usagers et
d'intervenants du milieu du sous-titrage.
6557 Ce comité pourrait avoir comme mandat
d'examiner les plaintes et commentaires des
téléspectateurs et de travailler à la recherche de
solutions concrètes aux problèmes soulevés.
6558 Le CRTC, je pense qu'il connaît un
peu le comité aviseur du service relais Bell qui
fonctionne comme ça. À tous les trois, quatre mois, il
y a une rencontre pour faire les suivis des plaintes,
des choses comme ça.
6559 Surveillance de la qualité.
6560 Certes, la télévision française de
Radio-Canada ainsi que les télédiffuseurs en général
disent qu'ils surveillent étroitement la qualité du
sous-titrage qu'ils diffusent et qu'ils revoient tous
les problèmes rencontrés en cours de diffusion. Mais
"comment le renard peut-il surveiller les poules"?
6561 C'est pourquoi le RQST se propose
d'être le chien de garde de la qualité du sous-titrage
francophone. Et ce n'est qu'en finançant les travaux
de monitoring du RQST que la société d'état et les
autres télédiffuseurs démontreront leur volonté d'être
plus objectifs quant à la qualité du sous-titrage.
6562 Deux questions se posent: quels sont
les critères de qualité exigés par Radio-Canada en
matière de sous-titrage? Et est-ce que ces critères
s'appliquent aussi pour le sous-titrage des émissions
acquises de producteurs privés?
6563 Le RQST est d'avis que les critères
que s'impose Radio-Canada en matière de sous-titrage
devraient être les mêmes que ceux imposés aux
producteurs privés, si ce n'est pas le cas
actuellement.
6564 Le 6 mai dernier à la Chambre des
communes, madame Caroline Saint-Hilaire, députée du
Bloc québécois, demandait à l'honorable Sheila Copps si
elle prenait au sérieux les demandes de la communauté
sourde et malentendante d'abolir l'inégalité entre le
sous-titrage de langue française et celui de langue
anglaise.
6565 La réponse de la ministre fut: "...
j'appuie fortement le sous-titrage en français, en
anglais et aussi en plusieurs langues pour que la
télévision soit acceptable. Je vais faire un suivi de
la demande de la députée auprès du CRTC".
6566 Pouvons-nous vous demander quel suivi
a été effectué auprès du CRTC et quelles sont les
mesures concrètes que la ministre entend prendre afin
que le sous-titrage de la télévision francophone soit
accessible et équivalent en nombre d'heures au
sous-titrage anglophone?
6567 Selon le bout de lorgnette, il peut
sembler que le RQST demande la lune. Mais en fait,
tout ce que les membres de la communauté sourde et
malentendante francophone demandent, c'est d'être
traités à part égale avec les sourds et malentendants
anglophones.
6568 Égalité en matière de sous-titrage.
Égalité en matière d'information.
6569 Égalité en matière de divertissement.
6570 Égalité en matière de respect humain.
Merci de votre attention.
6571 LA PRÉSIDENTE: Merci, monsieur.
6572 Je demanderais à la vice-présente,
madame Wylie, de vous adresser nos questions, s'il vous
plaît.
6573 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour,
monsieur, bonjour, mesdames.
6574 Ce n'est pas la première fois qu'on
discute de ça, évidemment. Et au tout départ, je veux
vous rassurer que le Conseil demeure intéressé et
sympathique à vos requêtes.
6575 Je ne peux pas vous dire quelle est
la réponse du CRTC à ce que le gouvernement dit, parce
que nous, évidemment, nous nous penchons sur la
performance des titulaires selon les projets qu'ils
nous amènent.
6576 Et nous essayons d'établir ce qui
nous semble un équilibre raisonnable entre toutes les
requêtes qui sont faites évidemment pur l'utilisation
des fonds pour différentes raisons.
6577 Je vois que vous mettez un accent
important dans votre intervention écrite sur le manque
d'égalité entre ce qu'on fait au Canada anglais, ce que
la CBC fait, comparé à ce qui est accompli par SRC.
6578 Vous avez lu évidemment la réplique
de Radio-Canada au niveau des coûts par heure dans les
deux marchés, disons, le marché francophone et le
marché anglophone, et leur explication qu'il semblait y
avoir eu erreur dans les calculs que vous avez fait
pour arriver au coût par heure qu'on prétend devoir
dépenser pour sous-titrer ou coder en anglais et en
français.
6579 Est-ce que cette réplique vous a
convaincu que la différence est moins grande que celle
que vous pensiez?
6580 MONSIEUR McNICOLL: C'est bizarre,
dans leur réplique, ils confirment notre taux. Ils
disent que nos chiffres sont faux. Le taux de 638 $
est exact. Cela veut dire que nos chiffres étaient
exacts.
6581 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais je croyais
que le problème était la comparaison entre le coût à
l'heure en anglais et en français?
6582 MONSIEUR McNICOLL: Oui.
6583 MADAME THERRIEN: Dans la réponse
qu'on nous fait, on indique possiblement qu'il y a une
erreur au niveau des coûts, mais la réponse indique que
les coûts sont équivalents pour ce qui est du
sous-titrage en différé, si je me rappelle bien.
6584 CONSEILLÈRE WYLIE: Entre l'anglais
et le français?
6585 MADAME THERRIEN: Oui.
6586 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors, vous vous
n'êtes pas d'accord que c'est plus dispendieux
simplement parce qu'on ne peut pas étendre les coûts
sur une base plus grande du côté anglophone que
francophone?
6587 MONSIEUR McNICOLL: Nous, on essaie
de saisir actuellement les tarifs qui sont calculés ici
à Radio-Canada. Si vous parlez des tarifs privés, on
est au courant à peu près des tarifs privés. Mais à
Radio-Canada, avec leur système Médiatex, avec leur
propre personnel, est-ce qu'ils ont les mêmes coûts que
le privé? C'est là qu'il nous surprend beaucoup.
6588 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais en ce qui
concerne la différence en anglais et en français, vous
êtes toujours d'avis que les coûts devraient être les
mêmes?
6589 MONSIEUR McNICOLL: Oui. Pour le
moment, oui, parce qu'au niveau des anglais...
6590 CONSEILLÈRE WYLIE: Que c'est pas
plus difficile d'entraîner les gens et c'est pas...
6591 MONSIEUR McNICOLL: On sait que les
coûts sont différents. Le marché est complètement
différent. Si on comprend ça, oui, pour ça, ça va.
6592 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui.
6593 Au privé, est-ce qu'il y a une
différence semblable entre le marché anglophone et le
marché francophone lorsqu'il s'agit de produits
canadiens?
6594 MONSIEUR McNICOLL: Oui. J'ai donné
dans mon mémoire l'exemple de deux canaux identiques
avec le même service de télés payantes. Si vous
regardez, le côté anglophone sous-titre à 96 pour cent.
Il y avait cinq émissions qui n'étaient pas
sous-titrées en mai... c'était du contenu canadien. Je
ne sais pas pourquoi mais je vous dis ça de même.
L'équivalent à Super Écran c'était 29 pour cent des
émissions sous-titrées. Il y a un problème.
6595 CONSEILLÈRE WYLIE: Maintenant, vous
avez entendu les explications de RDI?
6596 MONSIEUR McNICOLL: Non.
6597 CONSEILLÈRE WYLIE: Non? Dans leur
intervention ou leur demande, ils nous ont expliqué
qu'ils avaient dépensé, et je crois que vous y faites
allusion dans votre demande, beaucoup plus d'argent
qu'ils avaient prévu dépenser mais produit beaucoup
moins d'heures et des explications nous ont été
données, par exemple, la nécessité d'entraîner des
sténotypistes et aussi le fait que chez RDI il y a
beaucoup de "en direct", qui est plus compliqué.
6598 Vous semblez croire qu'ils
s'arrêteront à 50 pour cent, mais de fait, quand on
leur a posé la question, le nombre d'heures augmente et
le pourcentage augmente à 56 pour cent à la fin de leur
terme de licence, avec 75 pour cent de sous-titrage ou
de collage le soir. Alors, ce n'est pas tout à fait un
arrêt au 50 pour cent?
6599 MONSIEUR McNICOLL: Nous, on vous
proposait 50 pour cent au début de la licence, avec une
ligne progressive sur trois ans... 90 pour cent la
troisième année.
6600 CONSEILLÈRE WYLIE: Alors, leur...
6601 MONSIEUR McNICOLL: Parce que je dois
comprendre une chose. Sur le côté des anglophones,
CBC, leurs coûts diminuent d'année en année. Le marché
est créé. Les sommes qui étaient investies à CBC, ils
peuvent les transférer peut-être à Radio-Canada. En
faisant ça, ils vont augmenter le volume. Si
Radio-Canada crée un marché, du moment qu'il crée ce
marché d'obligations-là, tous les produits qu'ils vont
recevoir sous-titrés... ils n'en ont plus d'argent à
investir.
6602 Si vous y allez progressivement comme
vous avez fait depuis 1981, ça va être des 1, 2, 3, 4
pour cent de progression. Cela est inacceptable pour
le RQST. Il va falloir mettre des lignes beaucoup plus
strictes, beaucoup plus soutenues.
6603 CONSEILLÈRE WYLIE: Si le 50 pour
cent était atteint dès la première année de la licence,
ce serait, je crois, à peu près... je pense que leur
licence commence...
6604 MONSIEUR McNICOLL: C'est acceptable.
C'est qu'est-ce qu'on demande. À partir de 2000: 50
pour cent.
6605 CONSEILLÈRE WYLIE: Au lieu de 2002?
6606 MADAME THERRIEN: Mais lorsque vous
dites de 50 pour cent la première année, est-ce que
cela signifie qu'il n'y aura plus de progression pour
les années subséquentes?
6607 CONSEILLÈRE WYLIE: J'en doute parce
qu'il y a une progression. En ce moment, il y a une
progression, soit 52, 54, jusqu'à 56 à la septième
année, sauf que le début du 50 est en 2002 plutôt que
2000, et ce qu'ils ont suggéré c'est 50 pour cent de la
journée et 75 pour cent en... 50 pour cent calculé sur
la journée de 12 heures et 75 pour cent en soirée, qui
évidemment diminue le pourcentage le jour.
6608 Alors, ce que vous voudriez ce serait
que ce soit atteint ça à la première année, qui serait
l'an 2000?
6609 MONSIEUR McNICOLL: Mais je pense
qu'il y a un quota qui doit démarrer, puis ce quota-là
doit démarrer immédiatement au début de la licence
parce que deux ans pour nous c'est trop long. C'est
impensable. Pendant ce temps-là, les anglophones, on
le sait comment qu'ils... ils ne viennent plus vous
voir. Ils vont venir vous voir peut-être pour de la
qualité ou pour certaines normes, mais ils ne viendront
plus vous voir pour les quotas... Toute la
vidéocassette, tout rentre en version sous-titrée.
Nous, en français, on n'a rien.
6610 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais ils nous ont
expliqué aussi qu'il fallait deux ans pour entraîner
quelqu'un. Donc, avec le temps, l'expertise grandira
avec l'utilisation de leur Médiatex. Alors, vous vous
attendriez à ce qu'il y ait un transfert vraiment de
fonds sous cette rubrique-là, de l'anglais au français,
pour accélérer le sous-titrage en français et vous
suggérez aussi un comité aviseur.
6611 Quelles sont vos relations en ce
moment avec Radio-Canada à cet effet et aussi, est-ce
que vous avez entamé avec eux des discussions lorsqu'il
s'agit de valider la norme qui a été produite par TECSO
et RQST?
6612 MONSIEUR McNICOLL: Pour TECSO, on
vient juste de finir le contrat. Il n'y a pas eu de
suite. On attendait les audiences pour approcher
Radio-Canada.
6613 Pour le comité aviseur, c'est qu'on a
toujours des échanges très polis avec Radio-Canada.
Des échanges polis, ça veut dire qu'on porte plainte.
On a eu une réponse. Le problème c'est les usagers qui
ont besoin d'être attirés puis d'être informés. Alors,
avec un comité aviseur, ça leur permettra d'être
informé, d'être consulté et probablement développer
quelque chose avec eux au niveau de la qualité puis de
la quantité de sous-titrage. Ça fait que plus les gens
sont informés des situations, plus ils sont patients.
Le but du comité aviseur c'est ça.
6614 CONSEILLÈRE WYLIE: Est-ce que vous
avez en ce moment des contacts ponctuels avec
Radio-Canada à ce sujet?
6615 MONSIEUR McNICOLL: Aucun contact,
des plaintes puis des demandes de grilles-horaires.
6616 CONSEILLÈRE WYLIE: Des plaintes de
votre part? De la part de vos gens?
6617 MONSIEUR McNICOLL: Des plaintes des
membres. De plus en plus, ce sont des membres de...
j'interviens peu dans les dossiers maintenant.
6618 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais pas de
relations... plus de coopération ponctuelle plutôt que
des réponses à des plaintes?
6619 MONSIEUR McNICOLL: Non. On a déjà
fait demande à Radio-Canada de nous inviter avant la
programmation d'automne, nous consulter, nous demander
nos avis sur les choix des émissions qui sont
sous-titrées, des choses comme ça. Mais il n'y a
jamais eu de suite.
6620 CONSEILLÈRE WYLIE: Et de réaction
quand on demande par exemple d'avertir les gens si un
programme sous-titré ne l'est pas pour quelque raison
que ce soit? Pas de réaction non plus à ce qu'on
avertisse à l'écran que ce sera le cas?
6621 MONSIEUR McNICOLL: Il n'y a
jamais... c'est pour ça qu'on se plaint depuis
plusieurs années. C'est qu'on n'est jamais avisé de la
teneur du problème.
6622 Le plus drôle là-dedans c'est comme
je le dis dans mon mémoire, c'est que quand moi
j'appelle à Radio-Canada et je leur dis: Telle
émission a manqué, a eu une raté, la réponse de
Radio-Canada à la minute, à la seconde près, ils savent
ce qui s'est passé. Alors, vous comprendrez, si les
autres sont au courant, notre public aimerait ça être
au courant. C'est pas normal que c'est nous qui les
appelle pour leur demander ce qui s'est passé.
6623 CONSEILLÈRE WYLIE: Au niveau de la
qualité, est-ce que je comprends bien qu'il s'agit
simplement d'embaucher des gens qui ont une
sophistication grammaticale plus élevée ou si c'est
plus compliqué que ça?
6624 MONSIEUR McNICOLL: C'est sûr que la
langue française est très compliquée dans le sens
phonétique. Mais c'est comme je vous disais tantôt.
C'est qu'on a de la difficulté à comprendre... on prend
l'exemple de tant d'années comme Médiatex (on dit huit
ans, nous; on dit ça fait huit ans que Médiatex existe)
les mêmes erreurs se répètent. Les mêmes erreurs se
répètent. Alors, il se passe quelque chose qui ne
fonctionne pas là.
6625 C'est sûr qu'au niveau des
sténotypistes il y a toujours une réaction nerveuse à
cause du direct ou à des bruits de fond ou quelque
chose. On comprend ça. À ce niveau-là, on comprend
ça, sauf que notre problème qu'on a encore, nous, pour
nos jeunes, s'ils veulent apprendre le français écrit,
on donne un très mauvais exemple en écoutant
Radio-Canada.
6626 CONSEILLÈRE WYLIE: Quand c'est
sous-titré de la façon que j'ai lu les exemples qui
sont sans doute cocasse pour nous mais pas drôle pour
vous.
6627 Au niveau de RDI donc, s'il y avait
une accélération de 50 pour cent immédiatement au
début, avec une accélération semblable à celle qu'ils
avaient, qui les rendrait sans doute à 58-59 vers la
fin, vous seriez un peu plus satisfait?
6628 MONSIEUR McNICOLL: Moi, j'ai le
mandat du RQST... en conseil d'administration, en
assemblée générale, c'est d'avoir le plus de
sous-titrage possible dans un court délai.
6629 CONSEILLÈRE WYLIE: Au niveau de...
allez-y.
6630 MONSIEUR McNICOLL: O.k. Si vous
nous dites 50 pour cent la première année, 60 pour cent
la deuxième, 70 la troisième, ça va peut-être me
satisfaire sur cinq ans. Je vais l'accepter.
6631 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais pas 2 pour
cent à la fois?
6632 MONSIEUR McNICOLL: Mais là, vous me
dites 50 pour cent la première année, mais dans
certains, on va sous-titrer 60 pour cent. Il n'y a pas
d'effort pour nous. Cela nous rend insatisfait.
6633 CONSEILLÈRE WYLIE: Maintenant, au
niveau du réseau, à quoi vous attendriez-vous? Je
crois qu'il s'agit de 61 pour cent en ce moment. Quel
est le pourcentage?
6634 MONSIEUR McNICOLL: C'est 50 pour
cent en démarrant. Comme Radio-Canada, ils sont
capables. C'est le même organisme.
6635 CONSEILLÈRE WYLIE: La même chose au
réseau.
6636 MONSIEUR McNICOLL: RDI en plus fait
du profit. On le paye.
6637 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui.
6638 MONSIEUR McNICOLL: Radio-Canada
c'est gratuit, gratuit dans le sens qu'on ne paye pas
pour avoir accès à la poche des contribuables! Mais
RDI, ça vient du câble. On paye notre accessibilité.
Il doit faire un effort beaucoup plus gros à
Radio-Canada.
6639 CONSEILLÈRE WYLIE: Même s'il y a
plus de en direct dans RDI, qui est un peu plus
compliqué?
6640 MADAME THERRIEN: Oui, il y a plus de
direct. Cela on en est tout à fait conscient, mais le
direct qu'il y a à RDI c'est souvent une répétition
aussi des nouvelles aux heures...
6641 CONSEILLÈRE WYLIE: Qui sont déjà
faites.
6642 MADAME THERRIEN: Et voilà. Donc, on
répète. On rajoute peut-être une nouvelle ou deux de
plus aux deux, trois heures ou quatre heures. Alors,
le direct, il est là, oui, mais on reparle des mêmes
choses.
6643 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous vous
entendons et nous entendrons évidemment Radio-Canada et
CBC en réplique. Je m'excuse, votre langue parlée vous
semble tellement facile, je n'avais pas réalisé que
vous n'entendiez pas non plus. C'est le cas?
6644 MONSIEUR McNICOLL: Non.
6645 CONSEILLÈRE WYLIE: Non, c'est pas le
cas. Ah! c'est pour ça parce que je vous pensais...
peut-être en vous demandant si vous aviez entendu ce
que nous avions fait.
6646 MONSIEUR McNICOLL: Moi, je suis
sourd à 90 pour cent.
6647 CONSEILLÈRE WYLIE: Ah! oui. J'avais
cru que vous étiez entendant. Donc, peut-être que vous
avez suivi... même si ça fait deux ou trois fois que je
vous parle, je n'avais pas réalisé que vous n'entendiez
pas.
6648 Nous vous remercions. Je ne sais pas
si mes collègues ont quelques questions.
6649 MONSIEUR McNICOLL: On dit que les
sourds ont un handicap invisible!
6650 CONSEILLÈRE WYLIE: Oui, c'est ça,
mais...
6651 MONSIEUR McNICOLL: Vous venez
d'avoir la preuve!
6652 CONSEILLERE WYLIE: Oui, c'est ça,
mais vous devenez tellement adepte que c'est peut-être
pour cela que Radio-Canada n'est pas assez sympathique!
Vous devriez vous cacher plus! Je ne sais pas si mes
collègues ont des questions.
6653 LA PRÉSIDENTE: Non, merci. Nous
avons certainement l'appui dans des audiences comme
celle-ci en tout cas de sténographes extrêmement
compétents et peut-être que vous pourriez trouver
auprès d'eux des façons de bien respecter le langage
parlé.
6654 J'avoue que, comme madame Wylie, moi
aussi, vous m'aviez trompée et si d'une part on dit:
qu'il n'y a pas plus sourd que ceux qui ne veulent pas
entendre, il n'y a pas moins sourd que ceux qui veulent
entendre!
6655 Alors, merci beaucoup de votre
présence et de votre participation à l'audience. Merci
beaucoup.
6656 Madame Santerre.
6657 MADAME SANTERRE: Merci. Alors,
j'aimerais maintenant inviter l'Union des artistes à
présenter leur intervention.
INTERVENTION
6658 MONSIEUR CURZI: Bonjour, madame
Bertrand, bonjour, mesdames et messieurs les
Commissaires.
6659 Je voudrais d'abord vous présenter
madame Lucie Beauchemin qui m'accompagne qui est une
consultante de l'Union des artistes et qui est une
figure, je crois, bien connue du CRTC.
6660 Je vous présente inabstentia mon
directeur général qui devrait se joindre à nous dans
les minutes, je l'espère, s'il a réussi à sortir du
dédale de vos stationnements!
6661 Avant de répondre aux questions que
vous avez sans doute l'intention de nous adresser,
j'aimerais vous dire que l'Union des artistes est très
inquiète du climat qui s'est instauré autour de ces
audiences.
6662 Comprenez-moi bien. L'évaluation
critique du travail qu'accomplit Radio-Canada est un
exercice démocratique indispensable et l'Union des
artistes y participe depuis des années.
6663 Je ne pense pas que l'Union des
artistes fasse preuve de complaisance particulière en
la matière et c'est normal. Les artistes interprètes
et le public ont des attentes élevées envers
Radio-Canada, des attentes qui sont pleinement
justifiées.
Mais il y a un glissement important qui est en train de
s'opérer.
6664 C'est maintenant le concept même
d'une télévision publique généraliste, concurrentielle,
indépendante et vivante sur lequel on semble tirer à
boulet rouge de toute part.
6665 Par exemple, en matière de
programmation, parce que son mandat lui en crée
l'obligation Radio-Canada a misé sur le talent des
auteurs, des réalisateurs et des artistes interprètes
francophones d'ici.
6666 L'appréciation du public pour ces
émissions a fortement incité les radiodiffuseurs privés
à produire et à diffuser un nombre plus élevé
d'émissions nationales plutôt que des oeuvres
étrangères traduites.
6667 L'exemple de Radio-canada a donc eu
un effet d'entraînement positif et pourtant on lui
reproche maintenant d'avoir une programmation qui
ressemble trop à celle de ses concurrents du secteur
privé.
6668 Nous disons que, oui, Radio-Canada
peut faire mieux en cette matière, oui, elle doit
servir de vitrine à ce qui se fait de meilleur en
matière de programmation nationale populaire de qualité
pour tous les publics.
6669 Radio-Canada doit être innovatrice,
elle doit surprendre le téléspectateur tant dans
l'écriture, dans la réalisation que dans le jeu des
interprètes. Nous sommes les premiers à le réclamer.
6670 Mais cette exigence a un prix et ce
prix c'est un financement public stable et prévisible
complété par une part raisonnable de recours au marché
publicitaire.
6671 De plus, ce financement public doit
être assorti d'une indépendance totale du
radiodiffuseur vis-à-vis de l'État. Radio-Canada doit
refléter l'ensemble des opinions et des courants de
pensée politique, sociaux et culturels qui sont ceux de
la population francophone du Canada.
6672 Le pluralisme des opinions et des
débats est la caractéristique fondamentale d'une
société libre, que ce soit dans ses politiques en
matière d'information ou dans le choix de tout autre
élément de sa programmation, Radio-Canada doit pouvoir
refléter ce pluralisme.
6673 A défaut de réunir ces conditions
autour du radiodiffuseur public canadien, le concert
grandissant des critiques qui lui sont adressées,
qu'elles soient justifiées ou non, finira par
ressembler à s'y méprendre à la fameuse réplique des
Femmes savantes de Molière: Qui veut noyer son chien,
l'accuse de la rage.
6674 Nous espérons vivement que ces
audiences publiques et les décisions qui en découleront
contribueront à assainir ce climat et permettront
l'émergence d'un consensus essentiel autour de ces
trois notions d'un radiodiffuseur public vivant,
indépendant et concurrentiel ainsi que des moyens à
mettre en oeuvre pour en assurer le développement.
6675 Il n'en va pas seulement de l'avenir
de Radio-Canada mais à terme de la créativité de
l'ensemble du milieu télévisuel francophone au Canada.
6676 Merci.
6677 LA PRÉSIDENTE: Bonjour, monsieur
Curzi, bonjour madame, avec plaisir. Votre directeur
s'est vraiment perdu dans les dédales du stationnement.
6678 MONSIEUR CURZI: Oui.
6679 LA PRÉSIDENTE: Alors, écoutez, je
referais peut-être la même mise au point que nous avons
fait plus tôt ce matin puisque vous n'étiez pas encore
arrivé.
6680 Pour nous, c'est très important
d'offrir l'opportunité justement au pluralisme des
idées alentour de comment dans les prochaines années
Radio-Canada (qui est une institution absolument
essentielle, il n'y a absolument pas de doute dans
notre esprit à cet égard-là) pourrait mieux servir le
mandat qui lui est confié et aussi y jouer son rôle à
l'intérieur du système de la radiodiffusion;
c'est-à-dire atteindre les objectifs avec les autres
joueurs, pour faire en sorte que les objectifs à la Loi
sur la radiodiffusion soient atteints.
6681 C'est cela qu'on poursuit, c'est cela
qui nous anime et à ce moment-ci le Conseil est à
l'écoute. Je pense que, oui, il y a toutes sortes
d'opinions, il y a toutes sortes de questions et ce que
nous recherchons c'est quelles sont les suggestions qui
sont faites pour transférer en fait notre réflexion par
la suite vers des conditions de licence ou des attentes
qui seront exprimées dans le renouvellement des
licences. Alors, c'est vraiment ce qu'on poursuit.
6682 Et ce que je chercherais à faire avec
vous cet après-midi, pour profiter de votre présence,
c'est dans le mémoire écrit que vous avez fait, il y a
quelques éléments où vous dites ce serait des pistes
intéressantes à aller un peu plus loin pour mieux
servir l'intérêt public et les objectifs et si vous
acceptiez, c'est là-dessus que je vais concentrer mes
questions.
6683 D'abord, la question du pourcentage
de contenu canadien. Vous dites dans votre mémoire
qu'une réduction serait à l'encontre des objectifs
qu'on poursuit tous. Quel est, à votre avis, un
niveau... est-ce que ça devrait être un niveau par
genre? Comment entrevoyez-vous la progression dans le
contenu canadien pour la télévision de Radio-Canada?
6684 MADAME BEAUCHEMIN: Bonjour, madame
Bertrand.
6685 LA PRÉSIDENTE: Bonjour.
6686 MADAME BEAUCHEMIN: Je m'excuse à
l'avance, j'ai un problème de voix, alors si je
m'étouffe je devrai m'arrêter et je ferai des réponses
plus brèves que d'habitude.
6687 Et c'est bien que vous précisiez
qu'il s'agit bien de la télévision, l'Union des
artistes a préféré concentrer son mémoire sur cette
question-là.
6688 Nous n'avons pas posé comme prémisse
qu'il faille détailler la notion de contenu canadien
par genre. Il nous semblait que dans tous les... que
dans l'ensemble de sa mission Radio-Canada se devait de
respecter la notion même incluse dans son mandat de
priorité ou de majorité substantielle de contenu
canadien et donc, c'est comme cela que nous
l'envisageons.
6689 LA PRÉSIDENTE: D'accord.
Maintenant, la discussion que nous avons eue avec
madame Fortin lundi ou mardi, je pense, à cet effet,
madame Pennefather. Madame Fortin disait que, bien
sûr, l'équipe, les artisans, ce qu'ils souhaitent c'est
avoir le plus de contenu canadien possible mais qu'il y
avait un besoin d'une flexibilité.
6690 Est-ce que vous voyez qu'on pourrait
accepter une réduction ou si on doit spécifier un
pourcentage? Doit-on le progresser au cours de la
licence? Quelle est votre vue là-dessus?
6691 MADAME BEAUCHEMIN: Dans tous les cas
où Radio-Canada reconnaît d'emblée qu'elle a pu
atteindre des pourcentages particulièrement élevé, nous
serions absolument désolés d'apprendre qu'il y a des
reculs, parce qu'il nous semble que puisque
Radio-Canada a réussi à atteindre certains pourcentages
dans certains genres en particulier, pendant la période
la plus sévère des compressions, ça nous semblerait
inacceptable qu'il y ait, maintenant qu'on nous dit que
la situation se stabilise, qu'il y ait un recul.
6692 Donc, il nous semblerait important
que partout où Radio-Canada a réussi à hausser la barre
d'elle-même et nous lui en savons gré, il nous semble
qu'il serait essentiel que ces nouveaux étalons soient
maintenus.
6693 Et je pense qu'il est possible de le
faire étant donné que, comme je dis, on a réussi à le
faire dans une période qui était particulièrement
dramatique.
6694 LA PRÉSIDENTE: Donc, pour vous, ce
n'est pas tant une question d'augmenter puis de relever
la barre, mais à tout le moins de garder la barre où
elle est, ce qui est à peu près aux alentours de 80
pour cent.
6695 MONSIEUR CURZI: Quatre-vingt-un pour
cent, je pense.
6696 LA PRÉSIDENTE: Alors, cela vous
apparaît acceptable?
6697 MONSIEUR CURZI: Oui. On ne voit
aucune raison pour lesquelles on diminuerait, sauf des
raisons qui seraient liées justement à un financement
qui ne serait pas stable ou qui ne serait pas continu.
6698 LA PRÉSIDENTE: Mais ni, non plus, de
l'augmenter. C'est ça?
6699 MONSIEUR CURZI: Bien, mon Dieu,
toute augmentation du contenu canadien me semble être
extraordinairement souhaitable de la part d'une société
d'état canadien.
6700 LA PRÉSIDENTE: Pas nécessairement
par le sport, par exemple.
6701 MONSIEUR CURZI: Pas nécessairement
par le sport. Je pense plus au contenu qui, disons,
touche de plus près les artistes et interprètes,
évidemment. C'est sûr que quand on annonce ou quand on
prévoit qu'il pourrait y avoir diminution des émissions
dramatiques, je m'inquiète très fortement. Je me dis:
s'il y a une augmentation à y avoir, c'est bien à ce
niveau-là.
6702 Le concept, la base de la télévision
généraliste étant pour moi la possibilité pour une
télévision comme celle-là de produire et ce dont on
s'inquiète prioritairement, c'est d'une production de
contenu par les nôtres.
6703 LA PRÉSIDENTE: Et votre
préoccupation est liée à la préoccupation exprimée
alentour du fait que dans les fonds ce n'est pas
garanti pour Radio-Canada comme ça l'était, mais en
fait ça ne le sera pas parce que ça l'était encore pour
cette année, mais le fait que ...
6704 MONSIEUR CURZI: Oui, par exemple,
c'est sûr, c'est lié à cela, oui.
6705 LA PRÉSIDENTE: Sur la programmation
pour enfant, vous reparlez de l'importance de la
programmation pour enfant, de la programmation de
jeunesse et de garder une attente ou, enfin, une
condition qui soit 20 heures.
6706 Est-ce que vous pouvez nous en parler
pourquoi ça a cette importance-là pour vous et pourquoi
choisir ce genre particulièrement?
6707 MONSIEUR CURZI: Bien, cela, moi je
vais vous faire une réponse qui n'est pas technique et
je laisserai à madame Beauchemin le fait de... mais
c'est bien clair que quand on se souvient, et on a tous
l'âge de se souvenir qu'on a été formé en bonne partie
par Radio-Canada.
6708 Toute la génération des
"baby-boomers" a appris le monde à partir des émissions
de Radio-Canada. C'est une vieille vérité de Lapalisse
et ce n'est pas le souhait que Radio-Canada redevienne
ce qu'elle était anciennement, mais il y avait dans cet
apprentissage-là, à l'intérieur des émissions pour la
jeunesse, d'abord une créativité absolument fascinante.
6709 En plus, le développement de valeurs
de partage, il y avait un enseignement, il y avait un
éveil de la conscience, il y avait une richesse qui
nous était communiquée d'une façon gratuite,
généraliste, accessible à tout le monde. Il y avait un
choix, c'était ciblé au niveau des heures et au niveau
des couleurs. Il y avait une créativité qui a été un
des plus beaux fleurons de la télévision de
Radio-Canada.
6710 Moi, je me dis qu'elle accomplissait
à ce moment-là, la télévision de Radio-Canada, une de
ses tâches essentielles qui est effectivement de
renouveler un contenu vivant chez les gens qui sont
porteurs de l'avenir. Cela a l'air des mots creux, ce
n'en sont pas des mots creux. On retrouve la même
problématique quelque soit l'univers artistique auquel
on est confronté. Au théâtre, on sait très bien qu'il
faut absolument, impérativement renouveler le public,
et ça veut dire donner accès à la culture, aux gens qui
sont en formation.
6711 C'est à partir de cet intérêt-là, de
cette curiosité-là, de cet éveil-là, qu'on peut espérer
qu'il n'y ait pas dégradation d'une société, mais au
contraire, enrichissement de la société.
6712 Et, la télévision d'État doit
s'acquitter de ce mandat-là impérativement.
6713 LA PRÉSIDENTE: Dans la mesure où on
sait quand même que les dollars ne sont pas facilement
trouvables soit du côté publicitaire ou dans les fonds
publics et que vous le reconnaissez vous-même,
l'importance d'un financement plus stable, dans la
mesure où il y a d'autres voix dans la programmation
jeunesse, je me questionne, non pas sur le fait d'une
télévision généraliste parce que le Conseil est tout à
fait en harmonie avec le fait qu'il y a une télévision
généraliste.
6714 C'est pas tellement de dire, il n'y a
pas la possibilité d'avoir une télévision généraliste,
c'est les accents et les priorités qu'on met. Est-ce
qu'il est nécessaire pour vous, dans la mesure où il y
a d'autres voies qui servent la programmation jeunesse
et les jeunes et que comme les ressources sont
limitées, pourquoi ne pas choisir d'autres priorités et
investir de façon plus significative?
6715 Je vais aller dans un terrain qui je
sais est une corde sensible pour vous, la culture, par
exemple, les arts de la scène, le soutien aux arts de
la scène.
6716 J'aimerais comprendre pourquoi vous
trouvez, par exemple, que le maintien du côté des
enfants est très important à l'heure où il y a vraiment
d'autres voix en langue française d'ailleurs du côté de
la jeunesse, ce qu'il y a moins du côté de la culture
et que vous choisissez quand même l'aire de
programmation des enfants?
6717 MADAME BEAUCHEMIN: On s'entend bien
qu'il ne s'agit pas d'une préférence de l'un au
détriment de l'autre. Je pense que ça, c'est important
de le dire. Je pense que d'une part, il serait même
dans l'intérêt même de Radio-Canada de privilégier ce
créneau, de continuer à le privilégier puisque non
seulement, comme l'expliquait monsieur Curzi, la
formation initiale se fait à cet âge-là, la formation à
la capacité d'apprécier ce qui se passe à la télévision
et les valeurs qui y sont diffusées.
6718 Mais aussi par un mécanisme de
fidélisation, si l'ont peut dire, on va là où on trouve
ce qui nous plaît, ce qui nous convient.
6719 Et s'il n'y a plus ou si Radio-Canada
ne s'intéresse pas à ce créneau-là, les téléspectateurs
de 5 ans d'aujourd'hui, seront les téléspectateurs de
15 ans, de 20 ans, de 25 ans et même malheureusement de
mon âge, plus tard!
6720 Je pense qu'il y a là une notion
importante d'une part. D'autre part, (Radio-Canada le
reconnaît et nous le reconnaissons aussi) il y a des
phénomènes intéressants qui se passent en ce moment au
niveau de l'écoute et du déplacement de l'intérêt des
jeunes, surtout les jeunes à l'âge scolaire et arrivant
vers les 10, 11, 12 ans, où, s'il n'y a pas une
programmation intéressante pour eux à Radio-Canada, ils
vont aller ailleurs, ils vont ailleurs. C'est normal et
il y a pas une question de prendre sa carte de membre à
Radio-Canada et de ne pas bouger de là.
6721 Mais il y a un problème. Si on ne
trouve pas à cet âge-là ce qui nous intéresse à
Radio-Canada, on ne reviendra pas à Radio-Canada. Et
je pense que c'est une considération importante.
6722 Par ailleurs, j'aimerais ajouter
aussi, (comme vous l'avez lu dans notre mémoire) nous
sommes préoccupés du fait que Radio-Canada, dans sa
présentation, dit: Oui, nous aimerions peut-être
maintenir le cap pendant deux ans, quitte, et non pas
sur la durée de la licence, pour pouvoir explorer
d'autres façons de faire.
6723 Les deux ne nous semblent pas
contradictoires. Il nous semble normal de maintenir le
niveau actuel pour la durée de la licence tout en
permettant, durant cette période-là, d'expérimenter de
nouvelles formules.
6724 LA PRÉSIDENTE: Donc, la réduction
sur le reste de la licence d'une moyenne de 15 pour
cent ne vous...
6725 MADAME BEAUCHEMIN: Nous n'en
comprenons pas la logique et nous n'en voyons pas la
nécessité.
6726 LA PRÉSIDENTE: D'accord. Vous êtes
en train de perdre votre voix, essayez de prendre un
peu d`eau!
6727 J'étais étonnée, dans votre mémoire,
de ne pas voir justement une référence à tout le
domaine culturel, tout le domaine, les arts de la scène
et l'expression des arts à travers (comment on appelle
ça?) les manifestations où Radio-Canada parle d'un
engagement de 12. Est-ce que c'est un élément, non pas
qu'il est suffisant pour vous, mais qui vous
apparaissait pas à ce moment-ci de la même
importance... ou vous avez pas de commentaires? Je ne
veux pas en forcer un si vous n'en avez pas.
6728 MADAME BEAUCHEMIN: Il n'y a pas de
commentaires particuliers à ça.
6729 LA PRÉSIDENTE: D'accord. Monsieur
Curzi?
6730 MONSIEUR CURZI: En fait, il faut que
je sois général là-dessus. C'est bien évident que la
mission culturelle de Radio-Canada... mais disons que
le rapport a été rédigé avant qu'il y ait... avant que
vous ayez fait vos choix au niveau des chaînes
spécialisées.
6731 Mais de toute façon, ça n'aurait pas
changé le type de réflexion. C'est tellement évident
pour nous, en tout cas, que par définition la Société
Radio-Canada doit offrir un contenu culturel structuré,
intéressant, diversifié. Cela va tellement de soit
qu'effectivement on s'y attarde peu. Parce que pour
moi, la télévision de Radio-Canada, sans une présence
culturelle, et ça dans tous les domaines, que ce soit
la danse, la chanson, la musique, le théâtre, sans une
présence forte là, une offre... une alternative, et
dans ce cas-là un choix, que le privé ne peut pas
nécessairement offrir de la même façon.
6732 Cela me semble tellement faire une
partie intrinsèque du mandat premier de Radio-Canada
que je ne peux pas imaginer une télévision publique qui
en soit... qui amenuise cet aspect-là. Cela me
semble... ça va de soi.
6733 LA PRÉSIDENTE: Vous comprenez encore
là que les ressources ne sont pas inépuisables,
comprenant la décision du Conseil. Mais regardant la
télévision, la chaîne principale, est-ce que d'ordre
général, vous trouvez que la participation ou
l'investissement de Radio-Canada à ce genre d'émission
est très acceptable et intéressant à son rôle
généraliste qui...
6734 MONSIEUR CURZI: Bon. En tout cas,
juste pour dire, prendre un exemple concret, on voit
bien que la partie purement culturelle n'a certainement
pas augmenté. Peut-être qu'elle a augmenté dans les
chiffres, mais je parle de la partie visible qui est
aussi celle que le consommateur ou le spectateur moyen,
ça n'augmente pas d'une façon très évidente.
6735 Et on sait pertinemment qu'une des
raisons c'est qu'il est difficile de financer
commercialement une présence culturelle forte, ça se
vend mal. Mais il n'empêche pas que c'est peut-être
d'autant plus nécessaire que ça se vend mal qu'il faut
l'offrir.
6736 Alors, je pense qu'il y a un lien là
entre la situation budgétaire de Radio-Canada depuis
quelques années. Et c'est les limites que peut-être
qu'elle s'impose elle-même quant à son agressivité
commerciale qui font qu'il y a des choix et ces
choix-là s'ils affectent la culture, et je crois qu'ils
l'affectent.
6737 Mais j'en parle d'une manière plus
plus sensible que concrète, là, que mathématique, et je
crois que là il faut s'inquiéter.
6738 Et c'est en ce sens-là que le mandat
de Radio-Canada doit être, à mon sens, renforcé. Et
que "oui" il y a un effort financier concret de la part
d'un gouvernement, il y a une décision politique qui
doit se réaffirmer à mon sens pour maintenir ce mandat
essentiel.
6739 Sans ça, il n'y a aucune raison pour
qu'aucune institution publique préserve, ce qui nous
semble à tous ici et un peu partout, être la base même
de notre identité collective, c'est-à-dire une culture,
avec ses manifestations souvent les plus pointues.
6740 Et alors qu'on privilégie la haute
technologie ou la recherche pointue dans de multiple
domaines, étrangement, on semble quelquefois répugner à
soutenir ce même type de recherches là quand il s'agit
d'une culture. Je ne crois pas qu'on ait raison
d'avoir deux raisonnements.
6741 LA PRÉSIDENTE: Vous comprenez que le
Conseil a comme responsabilité les licences de
Radio-Canada...
6742 MONSIEUR CURZI: Oui.
6743 LA PRÉSIDENTE: ... et non pas la
réglementation du Conseil du Trésor, du gouvernement!
6744 MONSIEUR CURZI: Excusez-moi, je me
laisse déporter, mais quand même!
6745 LA PRÉSIDENTE: Mais...
6746 MADAME BEAUCHEMIN: Est-ce que je
peux...
6747 LA PRÉSIDENTE: Oui, pardon.
6748 MADAME BEAUCHEMIN: ... en
complément, madame Bertrand. Je pense que monsieur
Curzi a très bien mis la table, vous vous adressez à
des artistes interprètes et il y a des choses qui
semblent tellement aller de soi que c'est un peu à
partir du centre de cet univers-là que l'argumentation
se fait.
6749 Mais je pense que si vous vous
référez à une des sections du mémoire où nous parlons
de la culture d'entreprise telle qu'entrevue par
Radio-Canada, il y a là... je pense c'est dans la
section 1. quelque chose (je ne me souviens pas de
notre propre numérotation) mais où l'Union des Artistes
exprime une inquiétude sérieuse au sujet de cette
culture d'entreprises qu'on nous apprend... qu'on
voudrait modifier et rendre de plus en plus
concurrentielle et de plus en plus adaptée aux réalités
du marché. Là nous réagissons très très fortement parce
qu'il nous semble que justement s'il y a un apport, une
contribution de fonds publics qu'on peut regretter être
ne pas plus élevé, mais qui existe, c'est justement
pour remplir cette mission-là et ce mandat-là par
rapport à des aspects d'activités culturelles qui ne
sont pas rentables, qui ne sont pas commercialisables.
Mais qu'il faut trouver le moyen de présenter quand
même.
6750 Et nous reconnaissons que
Radio-Canada fait des efforts sérieux de ce côté au
niveau du renouvellement des présentations, des façons
d'apporter de l'intérêt à la présentation des activités
culturelles.
6751 Mais nous sommes d'avis que s'il y a
une dérive dans le sens de... une mentalité de culture
d'entreprise qui va vers ce qui est rentable et
délaisse ce qui ne l'est pas, il y a là un risque très
sérieux et nous le mentionnons dans le mémoire.
6752 LA PRÉSIDENTE: Cela touche à des
préoccupations qu'on soulevait avec Radio-Canada, tout
cet élément concurrentiel pour lequel on se posait la
question de la présence de la publicité.
6753 Est-ce qu'ultimement des choix sont
davantage faits en fonction d'obtenir les revenus
nécessaire à aller de l'avant et continuer un ensemble
de choses.
6754 Est-ce que, vu de vos membres, c'est
une situation qui s'est modifiée au cours des années ou
que vous voyez se dessiner de façon plus accentuée ou
si c'est une inquiétude dont vous parlez à lire les
choses sans l'avoir vraiment ressentie?
6755 MONSIEUR CURZI: Ah, vous voulez
parler de la présence de la publicité!
6756 LA PRÉSIDENTE: Oui.
6757 MONSIEUR CURZI: Je la ressens! Il y
a des aspects dont je peux vous parler très
intimementé. Je suis à Radio-Canada assez
régulièrement. J'ai vu des modèles se modifier. Je
parle d'abord au niveau de la production, par exemple,
on a vu à Radio-Canada des modèles de production se
modifier.
6758 Je n'ai rien, fondamentalement, de
prime à bord, je n'ai rien contre qu'on rationalise,
qu'on utilise au maximum. Mais en même temps il y a
une limite et cette limite-là, je pourrais vous en
parler d'une manière très très pointue quant à
l'application, par exemple de ce qui est des relations
contractuelles entre la Société Radio-Canada et les
artistes membres de l'Union des Artistes.
6759 Il y a eu des changements, il y a des
glissements, il y a des tentations de la part de
Radio-Canada d'utiliser au maximum sa marge de
manoeuvre dans ces modèles de production. Cela,
l'Union des Artistes se charge de mener ces combats-là
pour qu'il y ait un respect de ce qui nous semble être
fondamental et ça se fait sous mode d'entente.
6760 Du côté de la publicité, il y a bien
sûr de la part de Radio-Canada eu un effort assez
agressif pour conquérir une part de marché qui lui
était nécessaire. J'ai vu, et on est intervenu en tant
qu'Union aussi, une certaine dérive quand il y a eu des
tentations d'application d'utilisation de ce que
j'appellerais la publicité perverse, c'est-à-dire
placement de produits.
6761 Ce sont des combats aussi que nous
menons à l'Union et je crois qu'entre Radio-Canada et
les créateurs, c'est assez clair que ça nous semble
intolérable.
6762 Mais je ne peux pas dire que ça a été
envahissant. C'est donc une tentation. Il y a là une
tentation. On le voit et on le subit et on en paie des
conséquences, un placement de produit c'est pour nous
la perte d'un marché publicitaire, c'est la perte de
revenu, c'est l'intrusion de la publicité dans le
contenu même des émissions qu'on véhicule, c'est
inacceptable.
6763 Mais quand ces choses-là sont dites
et qu'elles sont dites par des organismes comme le
nôtre, il y a de la part de Radio-Canada, je ne dirais
pas une certaine compréhension puis un respect mutuel.
Il y a un rapport correct. Mais c'est nettement
l'indication concrète et elles sont nombreuses et ça je
pourrais vous en parler longuement et vous donner plein
d'exemples, il y a une tentation là de l'organisme à
aller chercher une part de l'oxygènee pour pouvoir se
permettre d'accomplir son mandat tel que vous le
définissez.
6764 LA PRÉSIDENTE: Et de payer les
artistes.
6765 MONSIEUR CURZI: Et de payer les
artistes, sans cependant qu'il y ait aucune exagération
de ce côté-là, ce serait plutôt le contraire. Et si
vous voulez, ça je peux m'étendre longuement sur cet
aspect du travail. J'ai d'ailleurs des complices dans
la salle, visiblement!
6766 Mais on ne peut pas dire qu'il y ait
d'abus du côté de la bonification. Et le seul
glissement qui pourrait être majeur, c'est à partir du
moment où les droits fondamentaux, je pense aux droits
de suite, je pense aux conditions de travail où le
modèle de gestion de la production, la tentation
d'utiliser au maximum les ressources qu'on a, tout ce
qu'on connaît du langage applicable à toutes
industries. A partir du moment où ces conditions-là
font que la qualité du travail risque de se dégrader,
là je trouve qu'on est aux limites du tolérable.
6767 Disons qu'on est proche, un pas de
plus, mais nous sommes aux limites, je pense. Et c'est
pour ça que notre intervention défend en quelque sorte
l'institution parce que je crois que nous atteignons
les limites de ce qu'il est possible de faire dans les
contraintes qui sont imposées à Radio-Canada et que
Radio-Canada nous transmet.
6768 Parce qu'au bout du compte, les
contraintes budgétaires, c'est nous qui les ressentons,
et c'est nous qui devons les assumer. Et je pourrais
vous dire tout simplement au niveau du travail que la
quantité de travail que nous accomplissons maintenant
pour un salaire semblable n'a pas augmentée, au
contraire, elle a diminuée, et ça d'une façon quasi
systématique et ça pourrait s'appliquer aux autres
groupes de travailleurs qui sont à l'emploi de
Radio-Canada.
6769 Mais pour nous, il est très évident
que pour le même prix et même un prix inférieur, nous
devons travailler beaucoup plus, produire beaucoup
plus, produire chez nous pour être plus efficaces sur
le plateau, puisque les modèles de production et
d'enregistrement ont été modifiés.
6770 Donc, il y a aucun doute que le prix
à payer pour les compressions budgétaires, c'est nous
qui l'assumons. Nous, ça veut dire les gens qui
produisons la culture, qui produisons le contenu et qui
nous assurons qu'il est transmis à la l'ensemble de la
population.
6771 Ce ne sont pas des principes vains
quand nous les exprimons. Ce sont des réalités très
concrètes et très sonnantes.
6772 LA PRÉSIDENTE: Merci infiniment de
votre intervention écrite et d'avoir pris le temps de
venir.
6773 Je sais que vous avez des réunions en
fin de semaine. Alors, d'avoir pris le temps de venir
aujourd'hui, nous l'apprécions. Merci beaucoup.
6774 MONSIEUR CURZI: Merci beaucoup à
vous.
6775 MADAME BEAUCHEMIN: Merci.
6776 MADAME SANTERRE: Alors, maintenant,
j'inviterais Avanti Ciné Vidéo à faire leur
intervention.
Bonjour, bienvenue.
INTERVENTION
6777 MONSIEUR LESPÉRANCE: Madame la
présidente, mesdames et messieurs les conseillers,
membres du personnel.
6778 Mon nom est Jean-Claude Lespérance.
Je représente Avanti Ciné Vidéo et je suis accompagnée
aujourd'hui de madame Monic Lamoureux qui s'est jointe
récemment à notre groupe.
6779 Pour la saison en cours, Avanti a
produit neuf séries d'émissions quotidiennes et
hebdomadaires diffusées sur les quatre réseaux du
Québec, dont "La Petite Vie" qui rejoint le plus grand
nombre de spectateurs de toute l'histoire de la
télévision canadienne.
6780 Certaines semaines, nos productions
ont rejoint une moyenne de plus de 10 millions de
spectateurs à travers le Canada.
6781 Nous sommes donc au coeur de
l'activité productrice d'émissions de télévision au
Québec et nous espérons qu'il sera utile de vous faire
part de l'importance que nous accordons au service
public qu'est Radio-Canada.
6782 Trop fort?
6783 LA PRÉSIDENTE: Excusez-nous, c'est
parce que c'est pour les interprètes, pour permettre la
traduction.
6784 MONSIEUR LESPÉRANCE: Vous
comprendrez que je n'ai pas l'habitude de monsieur
Curzi.
6785 LA PRÉSIDENTE: Non, non, il n'y a
pas de problème.
6786 MONSIEUR LESPÉRANCE: Intervention à
laquelle je souscris tout à fait d'ailleurs.
6787 LA PRÉSIDENTE: Mais les cachets ne
sont pas si sonnants, il nous l'a dit par exemple.
6788 MONSIEUR LESPÉRANCE: Nous limiterons
notre intervention au réseau français de télévision de
la Société Radio-Canada.
6789 Radio-Canada, l'élément essentiel du
système de la radiodiffusion.
6790 Nous partageons cette idée de base
avec Pierre Trudel, directeur du Centre de recherche en
droit public de l'Université de Montréal, que la
télévision publique doit et doit demeurer le
détonateur, l'animateur, l'inspirateur de l'ensemble de
la télévision.
6791 Nous, chez Avanti, nous croyons que,
depuis les débuts de la télévision, la Société
Radio-Canada a développe dans les différents secteurs
de production des barèmes de qualité qui sont devenus,
en télévision, des critères d'excellence.
6792 Pensons, par exemple, au Service des
émissions jeunesse qui a produit, dès les premières
grilles de programmes, "Sol et Gobelet", "La Boîte à
Surprise", "Bobino" et ainsi de suite.
6793 Souvenons-nous que les téléthéâtres
et les téléromans ont été, pour ainsi dire, inventés à
Radio-Canada avec "La Famille Plouffe", "Le Survenant",
"Les Belles Histoires des Pays d'en Haut", pour ne
mentionner que quelques titres.
6794 En information, la Société, avec ses
bureaux à l'étranger, ses correspondants et ses
journalistes-maison, nous a libérés de l'actualité
acheminée uniquement par des sources extérieures.
6795 Les nouvelles et les affaires
publiques de Radio-Canada nous ont transmis une vision
du pays et du monde vue par des journalistes de notre
culture.
6796 De René Lévesque, qui nous expliquait
la guerre d'Algérie, à Gérard Pelletier, en Alabama qui
nous familiarisait avec les mouvements pour les
libertés civiles des Noirs, et aujourd'hui avec Céline
Galipeau au milieu de l'horreur du Kosovo, il y a à
Radio-Canada une grande tradition d'information qui
doit rester vivante.
6797 Pour les émissions de variétés,
rappelons que Radio-Canada a été et reste un chef de
file du genre depuis les premiers "Music Hall", la
naissance des "Bye Bye", les séries comme "Moi et
L'Autre", "Du Tac au Tac" et "Les Lundis des Ha Ha" qui
ont par la suite mené à la création de "La Petite Vie".
6798 LA PRÉSIDENTE: Monsieur Lespérance,
s'il vous plaît.
6799 MONSIEUR LESPÉRANCE: Vous
comprendrez pourquoi je ne le fais jamais.
6800 Nous ne sommes pas nostalgiques d'une
époque que certains voudraient croire révolue. Avec
nos nombreuses années d'expérience à la télévision,
nous restons très actifs comme producteurs.
6801 Avanti produit actuellement des
émissions pour Radio-Canada, TVA, TQS et Télé-Québec.
6802 Dans le paysage audiovisuel
d'aujourd'hui, nous sommes convaincus que le service
public de la radiodiffusion canadienne, avec son mandat
et son financement public, doit continuer à renforcer
le système canadien de la radiodiffusion.
6803 Affaiblir Radio-Canada, c'est
affaiblir l'ensemble de la télévision canadienne.
6804 L'importance d'un réseau généraliste.
6805 Il serait irresponsable de condamner
la Société Radio-Canada à faire ce que les autres ne
font pas et ainsi transformer la télévision publique en
un ghetto culturel. À notre avis, ce serait contraire
aux intentions du législateur.
6806 Le service public deviendrait un
alibi pour la commercialisation des ondes par les
autres partenaires du système mixte de la
radiodiffusion.
6807 Par l'ampleur de son réseau, la
Société Radio-Canada doit continuer à s'adresser à
l'ensemble de la population canadienne.
6808 Sa programmation généraliste doit
continuer à rejoindre tous les publics en conservant
son mandat initial d'informer et de divertir, en
offrant des émissions de tout ordre: de l'information,
des dramatiques, de la variété, des grandes émissions
culturelles, des jeux, du sport, des documentaires.
6809 Plus les services spécialisés se
développent à la télévision et rejoignent des publics
cibles avec une programmation pointue, plus il nous
apparaît important de maintenir et de développer un
réseau national fort qui a un effet rassembleur.
6810 Il est bonifiant pour la société
canadienne qu'un large public se retrouve à regarder
les mêmes histoires, les mêmes divertissements et les
mêmes moments d'information produits pour le plus grand
nombre. C'est ainsi que la télévision devient un
instrument culturel important.
6811 Si on regarde particulièrement
l'impact de la télévision au Québec sur le tonus
culturel de la population, on peut dire que la
télévision d'ici n'a pas été seulement un miroir du
Québec d'alors, mais bien un facteur de changement et
d'évolution des valeurs.
6812 La SRC et les créateurs.
6813 Le public francophone d'ici préfère
les émissions faites ici. Les cotes d'écoute le
prouvent saison après saisons.
6814 Au palmarès des émissions les plus
populaires, aucune production américaine. Il ne faut
donc pas confondre notre télévision avec le cinéma où
les foules vont voir les mêmes "blockbusters" made in
USA.
6815 Depuis les débuts de la télévision au
Québec, le service public a été un pôle d'attraction
pour les créateurs.
6816 Des écrivains comme Roger Lemelin,
Claude-Henri Grignon, Germaine Guévremont, Marcel Dubé
sont devenus de scénaristes, inventeurs des téléromans.
6817 Plus proche de nous, Pierre Gauvreau,
Lise Payette, Guy Fournier, Victor Levy Beaulieu,
Réjean Tremblay, Luc Dionne, Claude Meunier et Guy A.
Lepage ont été des révélations comme scripteurs
spectaculaires, des auteurs de télévision capables de
captiver, semaine après semaine, des millions de
téléspectateurs.
6818 Il est d'une importance capitale que
la Société Radio-Canada, avec ses partenaires de
coproductions, favorise l'émergence d'auteurs nouveaux
pour que des projets innovateurs puissent continuer à
voir le jour.
6819 Et, dans le choix des projets, le
service public doit considérer la valeur des contenus
même si, parfois, les cotes d'écoute et les revenus
publicitaires peuvent être moins importants que chez
d'autres diffuseurs.
6820 Dans ce sens, "Les Beaux Dimanches"
sont un exemple de programmation qui devrait être
maintenue.
6821 Les moyens financiers.
6822 André Bureau, l'un des hauts
dirigeants de l'important Groupe Astral, écrivait en
1992 dans une étude publiée par Les Presses de
l'Université de Montréal:
"Ce serait une catastrophe
sociale si les complications
actuelles dans le monde de la
télévision avaient pour
conséquence de rendre le service
public impotent, inapte à
refléter l'identité nationale, à
soutenir la vitalité du monde de
la création, à assurer la
communication avec les citoyens
et à faciliter leur accès à la
culture."
6823 Cette inquiétude reste tout à fait
d'actualité. Il s'agit donc de mettre le service
public à l'abri de la tendance naturelle à soumettre sa
programmation à la Loi de la rentabilité commerciale
lorsque les ressources financières diminuent et lorsque
la bataille pour les cotes d'écoute fait rage.
6824 Radio-Canada, année après année, ne
devrait pas condamnée à augmenter ses objectifs de
revenus publicitaires pour compenser ses réductions de
fonds publics.
6825 Nous souhaitons que le CRTC
intervienne auprès du gouvernement canadien pour que
Radio-Canada dispose des fonds nécessaires qui lui
permettront de respecter son mandat tant informatif que
culturel.
6826 Comme il est probable que les fonds
publics disponibles soient insuffisants, il est
impératif que Radio-Canada continue d'être présente sur
le marché publicitaire au même titre que les réseaux
privés.
6827 Florian Sauvageau, de l'Université
Laval, aborde lui aussi cette question en ces termes:
"Le triomphe de la logique
commerciale s'est accompagné du
déclin de la télévision publique
qui pourtant peut seule assurer
la mise en oeuvre de certains
services culturels et
d'information essentiels, mais
onéreux, et dont la réalisation
ne cadre pas avec les objectifs
de rentabilité des médias
privés."
6828 Je tiens à souligner cette chose-là.
6829 Nous souhaitons vivement que,
premièrement, les fonds publics accordés à Radio-Canada
puissent lui permettre de consacrer les moyens
financiers adéquats pour maintenir et développer son
réseau français de télévision généraliste de façon a
rejoindre un vaste public par une programmation de
qualité dans tous les genres d'émissions;
6830 Que, deuxièmement, Radio-Canada
continue de supporter de façon équitable les
producteurs indépendants puisqu'ils contribuent
grandement aux nombreux succès de la Société;
6831 Et, troisièmement, nous espérons que
les objectifs que Radio-Canada se fixera pour les
prochaines années, à l'occasion de cette audience, lui
permettront de consolider son statut de service public
qui est l'élément essentiel du système de
radiodiffusion canadienne, comme nous le disions au
début de notre présentations.
6832 Je vous remercie.
6833 LA PRÉSIDENTE: Merci, monsieur
Lespérance.
6834 Je demanderais à madame Pennefather
de vous adresser les questions du Conseil.
6835 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Bonjour,
monsieur L'espérance, madame Lamoureux, bienvenue. On
vous remercie d'être parmi nous cet après-midi.
6836 J'aimerais discuter de certaines
idées de base que vous avez mentionnées cet après-midi
et dans votre mémoire écrit. Cela suit un peu la
discussion qu'on vient d'avoir avec l'Union des
Artistes.
6837 Il y a deux mots qui m'ont frappée
dans la lettre que vous avez envoyée au CRTC et la
présentation aujourd'hui et peut-être vous pouvez
élaborer un peu plus.
6838 "La télévision publique, il ne faut
pas la transformer en ghetto culturel". J'aimerais
vous entendre un peu plus sur cette notion de ghetto
culturel.
6839 Prenant pour acquis que vous mettez
l'emphase sur, oui, une variété d'émissions de toutes
sortes, incluant les émissions culturelles, quelle est
la balance et quel est le message que vous voulez
envoyer avec ce mot "ghetto culturel"?
6840 MONSIEUR LESPÉRANCE: Il y a un
danger, à mon avis, qui existe, qui est de faire de
Radio-Canada une chaîne de télévision publique orientée
vers les arts de la scène et vers la grande culture, au
sens de la description que le Conseil des arts en fait.
6841 Je pense à l'opéra. Je pense à la
musique classique. Je pense au théâtre dont je viens,
moi.
6842 Et, à mon avis, c'est important que
Radio-Canada soutienne notamment les arts de la scène,
vous en avez parlé tantôt, mais c'est très difficile de
soutenir les arts de la scène.
6843 D'abord, les arts de la scène sont
conçus pour la scène. On pense à la musique. On pense
au problème de la qualité du son notamment. On sait
que la télévision et la majorité des téléviseurs ne
sont pas bien équipés. C'est difficile de rendre un
concert à la télévision, c'est très difficile de le
rendre.
6844 Je pense au théâtre, moi, qui est mon
métier d'origine, où c'est très difficile. C'est très
important. Radio-Canada a fait des efforts importants,
mais c'est très difficile. Ça nécessite une
adaptation.
6845 Les arts de la scène en télévision ne
peuvent pas être tout simplement captés.
Rappelons-nous des théâtres Alcan que tout le monde
décriait à l'époque.
6846 C'est très difficile. C'est très
difficile de rejoindre des grands publics parce que,
souvent, les arts de la scène rejoignent peu de monde.
6847 On sait, par exemple, l'orchestre
symphonique de Montréal dont on a beaucoup parlé ces
derniers temps, l'orchestre symphonique rejoint
finalement peu de gens. Souvent, c'est les mêmes
abonnés et c'est très difficile d'avoir des audiences
importantes.
6848 Donc, c'est facile et c'est dangereux
pour les compétiteurs de Radio-Canada de dire: "C'est
votre mandat. Cloisonnez-vous dans ce secteur-là."
C'est dans ce sens-là.
6849 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Dans ce
sens-là. Parce qu'on peut faire la lecture... et je
sais que vous venez de ce métier-là, en plus d'être
producteur de plusieurs types de documents.
6850 Mais en effet, on peut penser que
vous voulez dire qu'il vient un danger de quelque part
qu'on force Radio-Canada de prendre seulement les
émissions culturelles comme étant, je ne sais pas, une
façon de limiter le mandat, au lieu de dire, comme vous
nous dites, il faut vraiment comprendre qu'est-ce que
c'est de faire ce genre de programmation d'émissions
culturelles, les arts de la scène à titre d'exemple.
6851 Et à l'intérieur de cette discussion,
vous mettez l'autre idée qui est non seulement les
coûts de faire de genre de productions, mais aussi
qu'on peut peut-être penser que ce genre de productions
n'attirent pas un auditoire vaste, alors n'attirent pas
les revenus commerciaux.
6852 Alors, même si c'est important, il y
a tendance peut-être d'éviter et de ne pas vouloir
aller de l'avant avec ce genre de programmation. Et,
dans ce sens-là, ça reste à la maison publique d'en
faire.
6853 Alors, on est pris entre ces pôles de
discussion et de choix important. Le deuxième thème où
je voulais aller était, en effet, celui-là et qui est
compris dans deux phrases dans la présentation orale
cet après-midi.
6854 Il s'agit donc de mettre le service
public à l'abri de la tendance naturelle à soumettre sa
programmation à la Loi de la rentabilité commerciale
lorsque les ressources financières diminuent et lorsque
la bataille pour les cotes d'écoute fait rage.
6855 Et un peu plus tard, il est impératif
que Radio-Canada continue d'être présent sur le marché
publicitaire au même titre que les réseaux privés.
6856 Comment mettez-vous ces deux idées
ensemble?
6857 MONSIEUR LESPERANCE: Vous avez
raison. Cela peut paraître contadictoire, mais ce n`est
pas contradictoire.
6858 Tout d'abord, laissez-moi vous citer
un exemple. On a fait l'an dernier l'émission qui a
rejoint le plus de Canadiens qui est une épisode de "La
Petite Vie".
6859 "La Petite Vie" vient d'un sketch de
cabaret qu'on faisait au Club Soda. Il y avait à
l'époque beaucoup de monde, on était peut-être 200
personnes tous les lundis soir et on faisait un immense
profit de à peu près 20 $, 25 $, on était très heureux
et très emballés.
6860 J'ai un ami, un associé aujourd'hui
qui s'appelle Jean Bissonnette et on a tenté ensemble
et on a convaincu la Société Radio-Canada de nous
accueillir à l'antenne avec les "Lundis des Ha!Ha!".
6861 Radio-Canada a pris un risque à
l'époque et nous étions le mercredi soir, 11h20 tous
les premiers mercredis du mois. Ce n'était pas la
meilleure cote d'écoute, ils ne vendaient pas de temps
d'antenne, mais ils nous ont accueilli. C'est ce qui a
permis aujourd'hui d'avoir "La Petite Vie".
6862 "La Petite Vie", vous savez, tout le
monde le cite en exemple, on en est très heureux, en
disant: oui, c'est merveilleux, nous sommes très bons,
nous avons rejoint beaucoup de gens. Quand on a créé
"La Petite Vie", nous n'avions pas les objectifs de
créer deux millions, trois millions et même quatre
millions de cote d'écoute.
6863 Nous avons créé un sitcom, une
comédie de situation. Radio-Canada nous a placés le
samedi soir à 7h30 qui n'est pas une très bonne cote
d'écoute, nous étions très heureux le samedi soir à
7h30.
6864 Nous avons entraîné avec nous le
public dans notre univers et par la suite, nous avons
été déplacés, mais, vous savez, Radio-Canada a pris un
risque à l'époque. Je me souviens très bien, moi,
d'avoir vendu "La Petite Vie". Je me souviens de
l'avoir proposée à un autre diffuseur privé qui m'a dit
gentiment: c'est curieux ton affaire, je ne pense pas
que ça va marcher.
6865 Radio-Canada a pris un risque à
l'époque de nous laisser produire en production privée
"La Petite Vie". Claude Meunier n'avait jamais écrit
de série. Les décorateurs ne travaillaient que très
peu en télévision, notre costumier n'avait jamais
travaillé à Radio-Canada. Nous souhaitions notre
réalisateur, nous souhaitions nos studios.
Nous avons même enregistré les premiers épisodes à TVA,
dans les studios de TVA.
6866 Aujourd'hui, ça devient un succès
commercial, mais vous savez, si Radio-Canada n'avait
pas pris le risque des "Lundis des Ha!Ha~, si
Radio-Canada n'avait pas pris le beau risque qu'ils ont
pris de nous faire confiance et de nous prêter
l'antenne pour "La Petite Vie", nous n'aurions pas
aujourd'hui une émission qui rejoint le plus de
Canadiens et qui permet à Radio-Canada de vendre son
temps d'antenne autour de 35 000 $ le 30 secondes.
6867 Je sais fort bien et j'en discute
avec Radio-Canada lorsque je négocie avec eux. Je leur
dis: très bien, vous faites un profit immense grâce à
moi. Et Radio-Canada me répond: très bien, vous avez
raison, Jean-Claude, et vous comprenez que nous sommes
un service public et c'est ce qui nous permet, entre
autres, de prendre d'autres risques avec vous.
6868 C'est ce qui nous permet de faire une
émission que je fais tous les samedis soir, qui invite
les Québécois à faire des sports de participation et
qui permet aux Québécois de visiter toutes les pistes
cyclables à travers le Québec. Ce n'est pas une
émission rentable pour Radio-Canada.
6869 Il reste que nous avons produit avec
madame Bombardier, nous avons co-produit des émissions
avec elle. Ce n'était pas commercialement rentable.
Et moi, j'aime bien cette
relation-là. Radio-Canada continue à prendre des beaux
risques. L'hiver dernier, nous avons eu une série qui
a malheureusement n`pas rejoint... qui a rejoint le
public.
6870 Nous avons fait avec Radio-Canada une
moyenne de plus de 900 000 auditeurs. Malheureusement,
nous n'avons pas su bien rejoindre les chroniqueurs qui
nous ont... qui n'ont pas partagé...
6871 Nous avons fait des erreurs. Vous
savez, il n'y a pas de solution. Moi, je suis associé
à "Broue" ça fait 20 ans que je suis associé. Personne
ne croyait faire un succès.
6872 Quand Claude Meunier et Jean-Pierre
Plante et les autres ont écrit "Broue" puis ils
croyaient que ça serait joué un mois; on a fêté 20 ans!
6873 Quand Radio-Canada m'a invité à
rentrer à Radio-Canada avec le "Lundis des Ha!Ha!",
avec "La Petite Vie", il ne croyait pas vendre 35 000 $
leur temps d'antenne. Ils le font. Aujourd'hui, je
leur dis: bravo, j'en suis heureux de contribuer.
6874 La même chose avec "Un Gars, une
fille". "Un Gars, une fille" a été développé pour un
autre producteur privé qui l'a refusé en disant que ça
n'avait pas d'intérêt. Aujourd'hui, c'est une émission
dont nous sommes très fiers.
6875 Nous vendons, Guy A. quitte
aujourd'hui même pour la Pologne où il va participer au
pilote en Pologne. Il revient de Suède, il va quitter
tantôt pour la Grèce. On en est très fier. Personne
n'en voulait, madame, de cette émission-là.
6876 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors, vous
êtes bien occupé
6877 MONSIEUR LESPERANCE: Radio-Canada
nous a fait confiance.
6878 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors, en
télévision généraliste, publique, privée, tous les deux
pour le moment travaillant dans un marché publicitaire,
la différence que vous nous présentez, c'est les
risques en terme d'être une maison publique.
6879 Et le contenu canadien, d'après vous,
est-ce qu'il y a un élément important aussi pour la
maison publique?
6880 MONSIEUR LESPERANCE: Ah! oui. Il y a
une chose que je rêve que Radio-Canada puisse améliorer
et que je leur fais un grand reproche, et c'est une
boutade que je vous fais.
6881 Radio-Canada n'a jamais pu convaincre
la CBC de nous aider à co-produire des émissions avec
la CBC. Ils ont tout fait, ils ont...
6882 Je suis allé à Toronto, j'ai visité
tous les magnifiques corridors de Toronto, j'ai été
reçu merveilleusement bien par ses dirigeants. Je n'ai
jamais été capable de co-produire.
6883 J'espère bientôt co-produire avec
Salter Productions de Halifax, un projet. Je
souhaiterais que Radio-Canada puisse forcer son
partenaire qui est la CBC à mieux collaborer et, à mon
avis, à prendre comme exemple de ce que la CBC devrait
être, prendre comme exemple ce que Radio-Canada fait.
6884 A mon avis, c'est le reproche que je
fais à Radio-Canada.
6885 CONSEILLERE PENNEFATHER: Alors, je
vois que monsieur Lespérance continue avec beaucoup
d'espérance d'aller de l'avant comme producteur avec
des partenaires dans les secteurs privé et public. On
vous remercie pour avoir donné le résultat de toute
votre expérience en essayant de voir un peu plus
précisément dans ce monde de télévision conventionnel
généraliste de qu'est-ce qui est vraiment la tâche
d'une télévision publique. Merci.
6886 MONSIEUR LESPERANCE: Merci, madame,
merci de m'avoir reçu.
6887 LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup,
monsieur Lespérance. Alors, on imagine qu'avec
l'espérance et la sagesse... Cela va loin! Pour des
productions à Radio-Canada anglais, peut-être
devriez-vous rester, un de vos concurrents viendra et
apparemment qu'il vient de signer! SDA vient de signer
une entente avec Radio-Canada anglais. Alors,
peut-être pourront-ils nous en dévoiler les secrets!
6888 MONSIEUR LESPERANCE: Je le souhaite
et c'est un très bon concurrent et il travaille très
bien.
6889 LA PRÉSIDENTE: Merci infiniment.
Merci, madame.
6890 MONSIEUR LESPERANCE: Merci, madame,
merci.
6891 LA PRÉSIDENTE: Nous allons prendre
une pause et nous serons de retour à moins dix, moins
cinq.
--- Courte suspension à 1530 / Short recess at 1530
--- Reprise à 1555 / Upon resuming at 1555
6892 LA PRÉSIDENTE: Alors, nous sommes
prêts. Madame Santerre, s'il vous plaît.
6893 MADAME SANTERRE: Merci, madame la
présidente. Maintenant, nous entendrons l'intervention
orale de Cogeco inc. Messieurs.
INTERVENTION
6894 LA PRÉSIDENTE: Bonjour
6895 MONSIEUR AUDET: Bonjour, madame la
présidente, mesdames et messieurs les Conseillers.
Good afternoon.
6896 Je suis Louis Audet, président et
chef de la direction de Cogeco. Je suis accompagné à
ma droite de monsieur Michel Carter, vice-président et
directeur général de notre filiale Cogeco
Radio-Télévision inc. et à ma gauche, Christian
Jolivet, directeur, affaires juridiques de Cogeco inc.
6897 Nous apprécions l'occasion que vous
nous donnez cet après-midi de venir discuter certains
points de notre intervention.
Cogeco Radio-Télévision est la plus
importante des affiliées privées du réseau français de
la Société Radio-Canada, une collaboration qui dure
d'ailleurs depuis plus de 40 ans. CRTI exploite
aujourd'hui trois stations de télévision dans les
villes de Trois-Rivières, Sherbrooke, Chicoutimi et
Jonquière et Cogeco Radio-Télévision assure, en fait la
couverture à Radio-Canada à plus de 900 000 personnes,
ce qui représente 18 pour cent des heures d'écoute du
réseau français de Radio-Canada.
6898 Cogeco Radio-Télévision vient de
renouveler son partenariat avec la SRC au mois d'avril
dernier, date à laquelle nous avons signé une entente.
Après plus de 26 mois de négociation, nous avons conclu
une entente d'affiliation insatisfaisante qui nous
laisse une marge financière insuffisante pour offrir le
service dans les régions qu'on dessert.
6899 Nous avons constaté que l'absence de
source de programmation francophone alternative crée un
rapport de force qui est très défavorable aux stations
affiliées francophones dans de telles négociations.
Nous alertons donc le Conseil au fait
que la dynamique actuelle du marché fait en sorte qu'on
va possiblement devoir en toute justice qu'il y aura
des circonstances où le Conseil devra intervenir sur
les modalités d'affiliation et ce, quel que soit le
réseau en cause.
6900 Dans l'intervalle, nous allons
travailler dans le but de réaliser le projet de cette
entente-là à savoir rendre possible une coopération
plus étroite entre nos stations et le réseau. Bien
évidemment Cogeco Radio-Télévision appuie les demandes
de renouvellement des licences de télévision de langue
française de la SRC.
6901 Je passe maintenant la parole à
Michel Carter qui va vous parler de l'importante
question de la représentation régionale. Michel.
6902 MONSIEUR CARTER: Merci, Louis.
Re-bonjour.
6903 Je commenterai d'abord brièvement la
question de la programmation régionale. Comme vous le
savez Cogeco Radio-Télévision produit directement ou
par le biais de sa filiale, Les Productions Carrefour,
des émissions régulières ou spéciales pour diffusion
sur l'ensemble du réseau français ou sur RDI.
6904 Nous utilisons à cette fin les
infrastructures et le personnel des stations de Cogeco
en région qui sont à même de produire à coûts
avantageux des émissions qui ont su se gagner au fil
des ans l'appréciation des auditoires régionaux et
nationaux.
6905 Les stations affiliées apprécient
l'opportunité qui leur est faite de contribuer à la
programmation du réseau et ont exprimé à plusieurs
reprises à la SRC leur volonté de jouer un rôle encore
plus actif dans la production d'émissions destinées non
seulement aux régions de la Maurice, de l'Estrie et du
Saguenay-Lac-Saint-Jean mais également à l'ensemble du
marché francophone d'un océan à l'autre.
6906 Dans son plan stratégique, la SRC
mentionne que l'une de ses priorités consistera à
maintenir et à renforcer ses assises régionales. Elle
dit vouloir miser sur une meilleure utilisation des
ressources disponibles en région par l'entremise des
stations affiliées et développer des nouvelles formes
de partenariat. Nous appuyons évidemment cette
stratégie de la SRC et nous nous sommes engagés à en
assurer le succès.
6907 Toutefois, au-delà des discours des
porte-paroles, la réalité pour l'année à venir est bien
différente pour les stations affiliées et les
producteurs en région. Comme nous le mentionnions dans
notre intervention, la SRC n'a encore pris aucun
engagement quant aux émissions qui pourraient être
produites par les stations affiliées de Cogeco
Radio-Télévision pour diffusion par ses réseaux pour la
saison de radiodiffusion 1999-2000.
6908 Dans ces circonstances, vous
comprendrez que nous accueillons favorablement la
nouvelle stratégie de la SRC mais estimons qu'il y
aurait lieu pour en assurer le succès et l'atteinte des
objectifs énoncés dans la loi, que le Conseil
reconnaisse dans sa décision la nécessité d'une plus
grande participation des régions, et fasse part
d'attentes précises en terme d'heures d'émissions
devant être produites à ce titre par les stations
affiliées en région.
6909 Ce qui serait à l'avantage de la SRC
compte tenu des coûts de production comparativement
beaucoup moins élevés des affiliés.
6910 Par ailleurs, pour éviter tout
malentendu à l'avenir, nous invitons le Conseil à
reconnaître les particularités structurelles du marché
francophone et à réaffirmer l'économique nécessité pour
les radiodiffuseurs établis en région d'exploiter des
affiliations multiples, qui peuvent impliquer la SRC,
comme condition essentielle au maintien d'un service
local de qualité, et ce, sans être privés pour autant
de produire en région pour la SRC, ou pour tout autre
réseau, au même titre que tout autre producteur
indépendant.
6911 Dans la même veine, j'aimerais
aborder brièvement la question de l'information en
région. Cogeco Radio-Télévision est présente
localement dans les trois régions qu'elle dessert. Nos
stations affiliées disposent dans ces régions de
ressources suffisantes pour assurer une couverture
complète des informations régionales pour l'ensemble du
réseau.
6912 Nous travaillons d'ailleurs en
étroite collaboration avec RDI pour qui nous produisons
des interventions quotidiennes en région. Dans ces
circonstances, tous s'attendraient donc, par exemple, à
ce qu'un événement important se déroulant dans l'une de
nos régions soit couvert par la station affiliée de
Cogeco et relayé pour diffusion intégrale aux autres
stations du réseau français de la SRC.
6913 Or, la réalité est toute autre et
défie parfois le bon sens pratique. Par exemple,
lorsqu'un journaliste de nos stations se déplace pour
assurer la couverture d'un événement se déroulant à
Trois-Rivières pour le compte de notre station locale
et de RDI et que la première chaîne y dépêche également
une équipe.
6914 Le dédoublement de la couverture de
l'information en région et l'ouverture récente par la
SRC de bureaux d'information à Trois-Rivières et
Sherbrooke sont pour le moins préoccupants et
difficilement compréhensibles dans le contexte actuel
de compressions budgétaires et de redressement des
finances publiques, et alors que les stations affiliées
de Cogeco sont présentes dans ces marchés, dans
certains cas déjà, depuis plus de 40 ans, avec des
équipes de journalistes qualifiés, parfaitement en
mesure de couvrir l'information pour les stations de
télévision et de radio de la SRC à moindre coût et
selon les mêmes standards de qualité.
6915 Nous demandons donc au CRTC de se
prononcer dans sa décision sur les pratiques actuelles
de la SRC en matière d'information régionale et à
recommander une meilleure utilisation des ressources
disponibles entre les réseaux de télévision de la SRC
et les stations affiliées de CRTI en ce qui a trait à
la collecte et à la présentation de l'information en
provenance des régions de la Mauricie, de l'Estrie et
du Saguenay-Lac Saint-Jean en insistant pour que la SRC
ne dédouble plus la couverture de l'information dans
ces régions avec l'effectif du réseau.
6916 Je cède maintenant la parole à Louis
qui commentera les positions exprimées par certains
intervenants sur la nature de la programmation et le
rôle de la SRC.
6917 MONSIEUR AUDET: Merci, Michel.
6918 Plusieurs intervenants veulent
cantonner la SRC à certains créneaux de programmation
dits culturels et élitistes dans l'espoir de
s'accaparer les espaces de programmation populaire
ainsi rendus disponibles et s'approprier les revenus
publicitaires afférents. Or le mandat de la SRC dans
la Loi sur la radiodiffusion est clair: elle doit
offrir des services de radio et de télévision qui
comportent une très large programmation qui renseigne,
éclaire et divertit.
6919 Nous croyons que le Conseil doit à
tout prix résister aux pressions de ces groupes qui
visent à plus ou moins court terme à marginaliser les
services de la SRC, à induire une désaffection
généralisée des Canadiens à l'endroit de leur service
public de radiodiffusion et à entraîner à terme la
disparition de ce service.
6920 Nous supportons entièrement la
position défendue à l'audience par la SRC qui,
croyons-nous, a su démontrer la nécessité de préserver
la nature généraliste du réseau français de la SRC.
D'ailleurs, l'Union des artistes
vient d'ailleurs de bien illustrer le paradoxe de la
mise au pilori bien orchestrée de la SRC qui a cours en
ce moment dans certains journaux.
6921 Nous nous opposons donc fermement à
ce que la licence de la SRC fasse l'objet de
restrictions au plan de la production, de l'acquisition
ou de la diffusion de certaines catégories ou types
d'émissions considérées comme plus populaires auprès
des auditoires ou de caractère moins "culturel".
6922 Nous avons également entendu au cours
de cette audience certains intervenants décrier la
teneur commerciale des réseaux de télévision de la SRC
et réclamer une réduction du temps publicitaire alloué
à la SRC. À l'évidence, ceci désavantagerait indûment
la SRC et irait à contre-courant des récentes décisions
du Conseil qui visent au contraire à uniformiser les
disponibilités publicitaires au bénéfice de tous les
radiodiffuseurs incluant les nouveaux services
spécialisés.
6923 Le président Perrin Beatty a bien
démontré lors de la comparution de la SRC le caractère
essentiel des recette publicitaires dans le financement
global des activités de télévision de la SRC.
6924 Les questions que la présidente a
adressées à madame Fortin pour obtenir des scénarios de
réduction de temps publicitaire sont une source de vive
préoccupation chez CRTI. Évidemment, nous comprenons
aussi que le CRTC doit envisager tous les scénarios
pour rendre une décision éclairée.
6925 Néanmoins, nous croyons que le
Conseil doit réaliser que tout scénario à moins de 12
minutes de publicité par heure est dangereux,
inacceptable et mène à terme un glissement plus
accentué et, à notre avis, avec tout le respect, nous
croyons qu'il n'y aurait aucun fondement en équité pour
une telle réduction.
6926 This could be described in a
different way. Commercial activity rewarded though
high ratings ensures that the relevance of CBC's
programming remains grounded in the demonstrated tastes
of Canadians. Without this commercial reality check,
the CBC will drift into extinction, the way PBS already
has, with the different that the CBC would no longer be
able to sustain its unique cultural role in the popular
sense of the word, and thus, its unifying mission would
be emasculated.
6927 L'apport des recettes publicitaires
est également un élément incontournable du financement
des activités de télévision des stations affiliées de
CRTI dans les régions que nous desservons. Une
réduction de la teneur commerciale exigée au plan du
réseau aurait des conséquences dramatiques sur le
financement des activités des stations affiliées et
pourrait entraîner à brève échéance la fin du service
dans ces régions.
6928 En conclusion, nous invitons le
Conseil à préserver l'équilibre existant dans le
système de radiodiffusion francophone et à y assurer à
la SRC une présence forte et indispensable pour faire
contrepoids à la dominance de TVA, dont incidemment je
me permets de dire le lobbying dans le cadre de la
présente audience dépasse largement la mesure de la
décence.
6929 Nous rappelons au Conseil que tout
changement structurel de la licence du réseau français
de télévision aura des impacts importants sur les
stations affiliées en région qui pourraient se voir
sérieusement menacées par toute limite ou restriction
de la vente d'espaces publicitaires ou du type de
programmation si elle était imposée à la SRC.
6930 Voilà qui résume nos positions. Mes
collègues et moi sommes à votre disposition pour
répondre à vos questions.
6931 LA PRÉSIDENTE: Merci, messieurs. Je
demanderais à madame la vice-président Wylie de vous
adresser nos questions.
6932 CONSEILLÈRE WYLIE: Bonjour,
messieurs.
6933 D'abord, je voudrais faire le point
que nous ne réglementons pas les journaux,
malheureusement, et nous ne pouvons pas nous assurer
qu'ils comprennent toujours ce qui se passe ici.
J'espère que vous, vous le comprenez. Vous avez
l'habitude de l'exercice réglementaire.
6934 MONSIEUR AUDET: Bien sûr, madame la
vice-présidente.
6935 CONSEILLÈRE WYLIE: Ce que nous
faisons c'est simplement un examen comme agence de
réglementation aux renouvellements de Radio-Canada et
de CBC, à savoir, est-ce qu'il y a une meilleure façon
de desservir le public avec les effectifs dont jouit la
Société Radio-Canada et CBC. Il n'y a évidemment aucun
procès de fait. Il y a des questions de poser et des
interrogations et le processus n'est pas fini. Alors,
il ne faudrait pas trop prendre l'épouvante quand on
lit les journaux et l'interprétation qu'on peut faire
des questions que l'on pose.
6936 Maintenant, dans votre intervention
écrite et aujourd'hui, vous parlez de l'apport des
recettes publicitaires comme étant essentielles à
Radio-Canada. À la page 11, vous êtes d'avis que toute
réduction:
"...désavantagerait indûment la
SRC"
et à la fin de cette page-là, à la dernière phrase,
que:
"Tout scénario à moins de 12
minutes de publicité par heure
est dangereux et inacceptable."
6937 Alors, pour vous, indûment se mesure
à 12 minutes de publicité par heure dans n'importe quel
genre de programmation? Toute réduction de ce 12
minutes dans tout genre de programmation serait indue?
6938 MONSIEUR AUDET: Ce n'est pas la
première fois que nous avons l'occasion de comparaître
lors d'un renouvellement des licences de la Société et
cette question refait surface à chaque fois. Je vous
dirais qu'à notre avis il s'agit là d'une question de
principe.
6939 Si pour une raison quelconque le
Conseil envisage des scénarios de réduction de temps
publicitaire, prenons une quantité arbitraire d'une
minute, à l'audience suivante, ce sera deux minutes et
à l'audience suivante, ce sera trois. Ce scénario-là
mène inévitablement à l'extinction dont je parlais tout
à l'heure pour les raisons que j'ai évoquées.
6940 Selon nous, l'intérêt public est
mieux servi en permettant à Radio-Canada d'avoir une
mesure réelle de son succès par les auditoires, les
ventes qui en découlent et également on voit que la
tendance dans le moment dans toutes les provinces et au
niveau fédéral en particulier est à la réduction des
impôts pour stimuler la croissance en redonnant
l'argent aux consommateurs.
6941 Donc, s'il devait y avoir une
réduction des temps publicitaires, il va falloir
compenser d'une autre façon et ça ne mène pas à une
réduction des impôts dans l'absolu. Cela mène à autre
chose. Cela, selon nous, ce n'est pas conforme à la
nouvelle tendance.
6942 Nous nous sommes demandés: Au nom de
quel principe d'équité couperait-on les disponibilités
publicitaires de la SRC? Je n'ai pas trouvé la
réponse.
6943 Est-ce que c'est au nom de l'appétit
de TVA, qui est la plus rentable des chaînes privées au
Canada ou est-ce au nom des difficultés d'écoute de TQS
dont nous sommes d'ailleurs membre et actionnaire et
que nous supportons entièrement? Mais le problème de
TQS dans le moment, ce n'est pas un problème de manque
d'argent publicitaire, c'est un problème de manque
d'écoute. C'est un autre problème. C'est un problème
mais c'est pas le même problème.
6944 Ou est-ce que ça serait au nom des
chaînes spécialisées qui exploitent déjà ou est-ce que
ce serait au nom des 17 applicants, dont quatre ont été
reçus en français et les cinquante quelques en anglais,
dont un nombre indéterminé sera accepté dans le futur,
aucune desquelles d'ailleurs n'a mis comme condition au
préalable une réduction des temps publicitaires de la
SRC pour motiver son désir d'une licence?
6945 Alors, en réalité, quelle serait la
raison dans un contexte où on veut réduire les impôts
des particuliers? Nous ne l'avons pas trouvée.
6946 Alors, c'est ça que nous voulons dire
par cette phrase-là, madame la vice-présidente.
6947 CONSEILLÈRE WYLIE: Il vous manque un
commentaire à votre liste que je vais ajouter au nom
peut-être du public qui, lui, nous fait part
quelquefois du fait qu'à la radio publique il y a trop
de commercialisation... à la télévision publique, il y
a trop de commercialisation et que, de fait, cela a un
effet sur le choix de la programmation, sur le choix
des émissions, sur le choix des grilles-horaires.
Alors, il faudrait ajouter cette question. Les autres
sont aussi des questions à poser auxquelles on peut
trouver des réponses.
6948 Mais il y a quand même cet aspect-là
qui nous est transmis à nous et c'est vraiment
l'intérêt public dans son ensemble que nous devons
soupeser quand nous examinons la performance et la
façon de faire de chaque partie du système de
radiodiffusion. Est-ce que vous ne pensez pas que cet
aspect-là est une question légitime aussi?
6949 MONSIEUR AUDET: C'est une question
légitime sûrement. Vous savez, dans une entreprise
comme CRTI, on vit très près de la route et
occasionnellement, on relit les bulletins des sondages
BBM qui sont mis à la disposition des diffuseurs, et
là, il y a tous les commentaires des téléspectateurs
qui nous disent ce qu'ils pensent.
6950 Je n'ai pas mémoire d'avoir vu, ni
qu'on m'ait rapporté que les téléspectateurs trouvaient
que la situation était pire aux antennes de radio
canadiennes qu'elles ne le sont aux autres antennes.
6951 CONSEILLÈRE WYLIE: Mais c'est une
question que ça devrait être mieux parce que
l'auditoire se sent actionnaire de la télévision
publique. Vous parliez d'impôt. Donc, c'est eux qui
paient. Alors, on se demande pourquoi ça devrait être
toujours comparable à la situation de la télévision
privée.
6952 Maintenant, avant de continuer cette
conversation, est-ce que vos commentaires s'adressent à
la SRC, à la télévision de Radio-Canada et pas les
télévisions de CBC, ou aux deux? Je sais qu'il n'y a
pas de TVA au Canada anglais, mais quand même, il
serait intéressant de vous entendre parler de ça. Nous
comprendrions mieux d'où vous...
6953 MONSIEUR AUDET: Nos commentaires sur
la plupart des points s'adressent au réseau français de
la Société Radio-Canada. Mais je dois vous dire qu'au
plan philosophique, nos commentaires sur la
non-réduction des temps publicitaires et sur
l'importance pour assurer la pertinence d'une
programmation, qu'elle soit mesurée et que les
gestionnaires en sentent l'impact au plan des revenus
publicitaires, est un commentaire qui est
philosophiquement valable autant au réseau anglais
qu'au réseau français.
6954 CONSEILLÈRE WYLIE: Maintenant,
passons à la programmation elle-même. Vous parlez
aussi du besoin que la télévision de Radio-Canada
s'adresse à tous les auditoires et je suppose que cette
nature généraliste que vous voulez préserver c'est le
cas aussi pour CBC. Vous ne voyez aucune différence
entre ce qu'on devrait s'attendre de la télévision
publique et de la télévision privée?
6955 MONSIEUR AUDET: Permettez-moi de ne
pas être d'accord avec cette interprétation-là de nos
commentaires. Je pense que la différence est déjà très
marquée, elle se sent, quand on fréquente les antennes
de Radio-Canada, on sait très bien où on est, on ne se
demande pas où est puis on "pitonne" là, puis on
arrive, on sait très bien où on est.
6956 Comme on dirait, "it's unmistakable".
6957 Donc, tout ce que nous disons c'est
qu'il n'y aurait pas lieu de pousser davantage les
réseaux dans une direction plus culturelle, mais nous
ne disons pas qu'ils ne doivent pas être distincts, ils
le sont déjà.
6958 Le danger ce serait selon nous de
définir cette spécificité en partant du besoin d'être
complémentaire plutôt que de le définir en soi. Et en
soi, il est passablement bien défini à l'heure
actuelle.
6959 Parce que si on le définit à
posteriori, en partant du point, du désir d'être
complémentaire, on va la vider de toute sa substance,
on va dire: Bien ça, untel fait ça, alors, faites plus
ça. Ah oui, mais ça, il y a untel qui fait ça, faites
plus ça. Bien à la fin, il restera plus rien.
6960 CONSEILLERE WYLIE: Alors là où mon
interprétation est fautive, c'est qu'à votre avis elle
est déjà suffisamment différente que le Conseil ne
devrait pas faire d'effort pour qu'elle le soit
davantage.
6961 Je vous fais remarquer, monsieur
Audet, que votre interprétation de ce que moi, j'ai dit
est aussi exagérée, le Conseil n'a jamais suggéré, et
certainement je ne l'ai pas fait qu'on décidera
exactement du nombre d'heures, sauf les heures de
production régionale en Estrie, en Mauricie.
6962 Évidemment, là il faut vraiment
s'ingérer dans le système et avoir des effectifs bien
précis.
6963 MONSIEUR AUDET: Je ne peux qu'être
d'accord avec vous, madame, sur ce point.
6964 CONSEILLERE WYLIE: Sur ce point.
Alors, parlons-en.
6965 Vous parlez des émissions produites
par Cogeco pour RDI dans le passé et vous nous donnez
une liste à l'annexe 2 de votre intervention écrite qui
suggère une réduction de cet apport et vous mentionnez
encore aujourd'hui qu'il n'y a rien de décider pour
1999-2000.
6966 Est-ce que vous avez, de fait,
l'impression qu'il y aura cette réduction en 99-2000 ou
c'est une question de ne pas avoir encore...
peut-être...
6967 Vous donnez comme commentaire,
peut-être un ou deux projets, est-ce que vous êtes plus
avancé à cet effet-là ou est-ce que vous gardez vos
inquiétudes au niveau des heures?
6968 MONSIEUR CARTER: Nous gardons nos
inquiétudes, madame Wylie.
6969 Il y a encore une possibilité de
quelques projets en développement mais il n'y a rien de
confirmer. Et compte tenu que la société va dévoiler
sa grille d'automne la semaine prochaine, nous serions
très surpris d'en faire partie.
6970 CONSEILLERE WYLIE: Et au niveau de
RDI, depuis l'année 96-97, vous ne participez plus...?
6971 MONSIEUR CARTER: C'est-à-dire qu'au
niveau de RDI, nous avons fait des émissions spéciales
l'an passé jusqu'à 96-97.
6972 Maintenant, nous participons
quotidiennement au bulletin de nouvelles. Donc, les
émissions matinales ou les émissions du midi, nous
participons aux nouvelles exclusivement, mais nous ne
fabriquons aucun documentaire particulier comme nous
l'avons fait dans le cas de vocation journaliste ou au
travail ou des chroniques sur la santé comme on a fait
dans le passé.
6973 Mais nous avons une excellente
collaboration au niveau des nouvelles.
6974 CONSEILLERE WYLIE: Vous leur
apportez certains segments ou certaines parties de ce
qui est inséré?
6975 MONSIEUR CARTER: C'est ça. Il y a
des interventions en fait "live", quotidiennes sur
l'antenne de RDI de chacune de nos régions.
6976 CONSEILLERE WYLIE: Maintenant, en ce
qui concerne les nouvelles. Vous suggérez dans votre
intervention écrite et aujourd'hui, une meilleure
utilisation des ressources de Cogeco dans les régions
où vous êtes affilié et de celles de Radio-Canada.
6977 Vous nous donnez une liste à l'annexe
3 de... où il y a eu duplication dans des situations
très spécifiques que vous mentionnez.
6978 Vous nous parlez ici de vos équipes
de nouvelles.
6979 MONSIEUR CARTER: Oui, c'est exact.
6980 CONSEILLERE WYLIE: De nouvelles?
6981 MONSIEUR CARTER: Oui, c'est exact.
6982 CONSEILLERE WYLIE: Alors, ce que
vous suggéreriez, c'est que quand il y a raison de se
déplacer, qu'il n'y ait pas deux équipes, une équipe de
Cogeco et une de Radio-Canada à la cueillette?
6983 MONSIEUR CARTER: Oui. Je pense
que...
6984 CONSEILLERE WYLIE: Ou que vous vous
soyez l'équipe qui le fait?
6985 MONSIEUR CARTER: C'est ça. A moins
de situations d'urgence nationales, nous pensons que
dans la plupart des cas, nous sommes parfaitement en
mesure de très bien couvrir les nouvelles qui se
passent dans nos régions et de les relayer au réseau,
que ce soit à RDI ou à la Première Chaîne, sans qu'il
n'y ait d'interventions des journalistes ou des équipes
de production ou de caméra ou de prise de son qui
partent de Montréal pour venir dans nos régions, vont
couvrir la même nouvelle que nous couvrons déjà. Cela
nous apparaît être un gaspillage de ressource.
6986 CONSEILLERE WYLIE: Alors, à ce
moment-là, dans certains cas si c'est plus ou moins
régional ou local, il y aurait possibilité que vous,
vous fassiez ce reportage-là dans les nouvelles locales
et que ce soit aussi vu au réseau.
6987 Et qu'à ce moment-là, au lieu d'avoir
le journaliste de Radio-Canada qui donne ces
segments-là au réseau, ce serait Cogeco?
6988 MONSIEUR CARTER: Voilà, c'est ce que
nous proposons.
6989 CONSEILLERE WYLIE: Et là, ce serait
inséré possiblement, traité de façon différente avec
les images que vous leur...
6990 MONSIEUR CARTER: Le topo qu'on
pourrait faire...
6991 CONSEILLERE WYLIE: Le topo...
6992 MONSIEUR CARTER: ... pour le réseau,
pourrait être différent de l'angle que nous pourrions
prendre pour la nouvelle locale.
6993 CONSEILLERE WYLIE: Alors, vous
n'envisagez pas que là quand c'est une situation qui
est souvent, selon la liste que vous nous donnez, pas
tellement loin finalement.
6994 MONSIEUR CARTER: Oui.
6995 CONSEILLERE WYLIE: Ce n'est pas à
Trois-Rivières, mais ce n'est pas tellement loin, qu'il
pourrait y avoir à l'antenne aux nouvelles locales,
régionales qui sont faites par vous et au réseau, deux
topo qui sont quand même différents, utilisant les
mêmes images.
6996 MONSIEUR CARTER: Qui pourraient être
différents et qui pourraient utiliser les mêmes images
ou des images différentes.
6997 CONSEILLERE WYLIE: Oui, parce qu'il
y aurait une certaine valeur, je suppose, à avoir deux
perspectives...
6998 MONSIEUR CARTER: Certainement.
6999 CONSEILLERE WYLIE: ... de la même
situation.
7000 MONSIEUR CARTER: Et nous sommes
parfaitement en mesure de...
7001 CONSEILLERE WYLIE: ... mais quant au
point de vue...
7002 MONSIEUR CARTER: ... d'offrir ces
perspectives. Une perspective plus locale et une
perspective plus réseau là. Nous pensons que nos
journalistes sont bien en mesure de faire cette
distinction-là.
7003 Comme vous le savez, dans deux de nos
trois régions, nous sommes équipés avec des camions
micro-ondes pour faire du direct.
7004 Nous avons l'équipement pour relayer
ce direct-là via satellite à la tête de réseau.
7005 Il est arrivé fréquemment où on a
fait du direct où les journalistes de Radio-Canada ont
utilisé notre équipement pour faire du direct sur le
réseau.
7006 Donc, on a tout ce qu'il faut pour
faire soit du direct, soit du différé.
7007 CONSEILLERE WYLIE: Et là vous auriez
un contrat financier avec eux qui dépasserait
l'affiliation selon le besoin?
7008 MONSIEUR CARTER: Oui.
7009 CONSEILLERE WYLIE: Ils ne sont pas
ouvert à cette...
7010 MONSIEUR CARTER: C'est-à-dire qu'ils
le sont ouverts, on voit la démonstration avec RDI par
exemple avec qui nous avons une très bonne relation.
7011 Ce qui est souvent la source de notre
frustration, c'est de voir qu'on peut couvrir certains
événements, et pour nos nouvelles locales et régionales
et pour RDI, mais que la Première Chaîne décide malgré
tout d'envoyer une équipe et là, de duplicater les
ressources.
7012 MONSIEUR AUDET: Je m'excuse
d'intervenir ici. Je voudrais clarifier le point.
7013 Ceci n'est pas une question d'argent,
à savoir si on veut un contrat pour couvrir les
nouvelles d'intérêt national dans nos régions, ça n'a
rien à voir, ce n'est pas une question d'argent.
7014 CONSEILLERE WYLIE: C'est une
question d'efficacité.
7015 MONSIEUR AUDET: C'est une question
d'efficacité et de bon sens. Cela devient une question
d'argent par ricochet lorsqu'on dépense trois fois plus
pour ouvrir des bureaux régionaux dont on n'a pas
besoin et qu'en retour on coupe les affiliés lors des
négociations du contrat d'affiliation.
7016 Cela redevient une question d'argent
par la porte d'en arrière. Mais dans ce que nous...
7017 CONSEILLERE WYLIE: Et irritant, tout
au moins.
7018 MONSIEUR AUDET: Mais c'est que c'est
absurde et c'est l'absurdité ici qu'on essaie de
relever.
7019 MONSIEUR CARTER: Si je peux me
permettre d'ajouter. Sur le plan réglementaire, je
pense que ce qu'on voudrait voir dans la future
décision du Conseil, ce serait d'abord que le Conseil
recommande une meilleure utilisation si c'est possible
des ressources et qu'on mette fin à la duplication des
installations en région avec celles de la SRC.
7020 Puis ça pourrait se présenter comme
une attente du Conseil à l'effet que la SRC ça
s'appelle, dans toute la mesure du possible aux
ressources disponibles des stations en région pour la
diffusion de nouvelles en provenance de ces régions-là.
7021 CONSEILLERE WYLIE: Très bien.
7022 Maintenant, au niveau de Carrefour et
de la production indépendante, et de la production
régionale comme affiliée, vous dites à plus d'une
reprise que vous vous attendez à ce que RDI... que la
Société Radio-Canada plutôt, traite Carrefour et les
affiliées de la même façon que d'autres productions
indépendantes.
7023 Là, vous voulez dire quand vous
produisez quelque chose pour le réseau, soit utilisant
votre maison de production ou possiblement vos studios
à vous.
7024 Qu'est-ce que vous voulez dire par
là?
7025 Vous avez l'impression que vous êtes
moins bien traités à ce niveau-là que d'autres
producteurs indépendants ou pas assez utilisés, quelle
est votre revendication ici?
7026 MONSIEUR CARTER: De quel niveau? Il
y a certaines des revendications qui s'adressent au
Conseil directement.
7027 Par exemple, il faut bien comprendre
que nos maisons de production, contrairement à la
maison de production de réseau qui contrôle sa grille
de programmes, et donc produit pour lui-même, ça c'est
une situation.
7028 Nous prétendons que notre situation
est totalement différente. Notre maison de production
ne produit jamais pour nous-mêmes.
7029 Elle produit pour la SRC, elle
produit pour TQS, elle produit pour Canal D, pour RDI,
elle produit pour TV-5, mais elle ne produit jamais
pour Cogeco.
7030 Et à ce titre-là, nous souhaitons que
le CRTC et les réseaux, nous considèrent comme un
producteur indépendant parce que nous ne produisons pas
pour nous.
7031 Je vous donne l'exemple, dans le cas
de la licence de TQS, ce que nous produisons pour TQS
n'est pas considéré comme étant produit, comme faisant
partie de l'enveloppe de production indépendante.
7032 Comme nous ne produisons pas pour
nous et c'est un cheval de bataille que je chevauche
depuis plusieurs années, je répète que nous sommes dans
la même situation qu'un producteur indépendant. Si
nous avançons de bonnes idées, si nous l'avançons au
bon montant, nous allons avoir une production.
7033 Mais notre concurrent, ce sont les
producteurs indépendants. Alors, nous souhaitons tout
simplement être considérés de la sorte par tous les
intervenants.
7034 CONSEILLERE WYLIE: Oui. Maintenant,
monsieur Audet, je suis un peu intriguée que vous vous
inquiétez... l'interprétation que vous voyez dans les
journaux, selon ce que vous nous avez dit que peut-être
que le Conseil allait s'immiscer trop dans les affaires
de Radio-Canada et de peut-être commencer un glissement
vers la marginalisation, qui est quand même assez
sérieux, mais au niveau d'affaires qui sont plus près
de votre coeur, vous voulez que nous immiscions
beaucoup plus.
7035 Par exemple, vous voudriez que nous
intervenions sur les modalités d'affiliation
directement et vous voudriez aussi que dans la décision
de renouvellement, nous ayons des attentes précises,
non seulement au niveau de la production régionale,
mais de la production régionale par les stations
affiliées qu'il y ait des attentes très précises.
7036 Alors, dans ces deux domaines-là,
j'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi ce serait un
rôle que le Conseil devrait jouer à ce niveau de
spécificité, compte tenu de votre philosophie qui
semble être une inquiétude que le Conseil suggère de
s'immiscer dans la performance de Radio-Canada de façon
trop précise.
7037 MONSIEUR AUDET: Si c'est
l'impression que je vous ai transmise, ce n'était
certainement pas mon intention. Le Conseil va...
7038 CONSEILLERE WYLIE: Non, je pense que
vous nous avez dit...
7039 MONSIEUR AUDET: ... va faire son...
7040 CONSEILLERE WYLIE: ... que
l'impression des journaux.
7041 MONSIEUR AUDET: ... va faire son
travail et va décider ce qu'il veut bien décider.
Alors ça, j'ai bien compris ça.
7042 Par contre, c'est clair que nous
partageons avec vous nos inquiétudes sur les positions
qu'un certain nombre de représentations que vous avez
reçues, suggèrent de cantonner Radio-Canada dans des
créneaux qui vont mener à sa disparition si cette chose
est permise ou à une réduction des temps publicitaires
qui mène au même résultat.
7043 Alors, nous partageons avec vous
cette inquiétude-là, mais nous ne présumons...
7044 Nous n'allons surtout pas vous dire
ce que vous avez à faire ou ne pas faire. Par contre
là...
7045 CONSEILLERE WYLIE: Ah oui, vous
voulez que nous interpellions Radio-Canada, lorsqu'il
s'agit des contrats d'affiliation et j'aimerais
comprendre...
7046 MONSIEUR AUDET: Oui, oui.
7047 CONSEILLERE WYLIE: ... quel rôle
vous voudriez qu'on y joue.
7048 MONSIEUR AUDET: Oui. Alors, j'ai
essayé, bien imparfaitement, de vous expliquer notre
point de vue sur cette situation, et je vais essayer de
le faire mieux.
7049 Il n'y a pas d'alternative de
programmation au Canada français, le marché est trop
exigu.
7050 Si une station comme une des nôtres
voulait acheter des programmes pour avoir une période
de "safe harbour", comme les affiliées anglophones de
Radio Canada en ont une, ils ne pourraient pas, parce
qu'en fait, nous ne sommes pas compétitifs dans ce
marché-là.
7051 Si nous voulions, comme le marché
dynamique des stations affiliées aux États-Unis le
permet, dire: Bien, c'est très bien, si on arrive pas à
s'entendre, on va s'affilier ailleurs. Ce qui est
monnaie courante aux États-Unis.
7052 Alors, il y aurait un équilibre de
négociations où des joueurs qui, sans être de taille
égale, ont une certaine marge de négociations.
7053 C'est quand il y a des parties qui
ont intérêt à s'entendre et qui n'ont pas le dessus
l'une sur l'autre, qu'on a la meilleure entente pour
arriver à un contrat qui soit juste.
7054 Dans les circonstances, au Canada
français, il n'y a pas d'alternatives. Ce qui veut
dire qu'en fait l'affiliée est à la merci de son
réseau.
7055 Dans ces conditions-là, nous vous
représentons, nous vous demandons, nous vous
représentons que dans la mesure où ça influence notre
habilité à faire notre travail. Notre travail c'est de
donner le service local aux populations pour lequel
vous nous avez attribué une licence.
7056 Dans la mesure où notre habilité à
faire ça est affectée, nous croyons qu'il est juste de
vous demander d'intervenir. Nous ne l'avons pas fait
cette fois, mais il est possible que nous le fassions
dans le futur. .
7057 CONSEILLERE WYLIE: A titre
d'arbitre...
7058 MONSIEUR AUDET: ... c'est juste ça
qu'on vous représente aujourd'hui.
7059 MONSIEUR JOLIVET: Puis pour le
dossier, il y a plusieurs articles de la loi là qui
pourraient être invoqués pour justifier une
intervention du Conseil.
7060 Il y a d'abord l'article 5 là sur la
mission du Conseil qui dit que:
"Le CRTC doit réglementer et
superviser le système canadien
de radiodiffusion en vue de
mettre en oeuvre la politique
canadienne sur la
radiodiffusion."
7061 Si on considère à ce moment-là la
politique canadienne sur la radiodiffusion, un des
objectifs de la politique, c'est que la programmation
de la SRC soit le reflet des réalités régionales et
locales.
7062 Donc, on considère que c'est
nécessairement à travers une intervention dans les
contrats d'affiliation que le Conseil pourrait
s'assurer que cet objectif-là soit atteint.
7063 Il y a aussi un pouvoir réglementaire
qui est donné à l'article 10 (f) où le Conseil peut
intervenir par voie réglementaire sur les conditions
d'affiliation des réseaux.
7064 Donc, on est d'avis qu'il y a
suffisamment là pour justifier une intervention là du
Conseil.
7065 CONSEILLERE WYLIE: Maintenant, à la
page 6 où vous vous attendiez...
7066 Si nous retenions votre idée que le
Conseil a des attentes précises en termes d'heures
d'émissions devant être produites à ce titre par les
stations affiliées en région, est-ce qu'à ce moment-là
ce ne serait pas dicter exactement l'apport de Cogeco
puisqu'en région c'est là où vous êtes.
7067 Alors, ce serait de dicter qu'il y
ait deux heures, trois heures, un nombre très
spécifique produit par Cogeco, puisque vous êtes
l'affiliée dans cette région-là.
7068 MONSIEUR AUDET: Évidemment, il y a
d'autres affiliées au Québec, donc...
7069 CONSEILLERE WYLIE: Ah, ce ne serait
pas par région?
7070 MONSIEUR AUDET: Non, pas
nécessairement. Ce serait...
7071 CONSEILLERE WYLIE: Parce que si
c'était par région, vous êtes d'accord avec moi que ce
serait spécifique à Cogeco...
7072 MONSIEUR AUDET: Oui.
7073 CONSEILLERE WYLIE: ... qui dessert
la région.
7074 MONSIEUR AUDET: Vous savez, madame
la vice-présidente, tout ce qu'on veut là, c'est qu'il
y ait une issue raisonnable à cette question. C'est ça
qu'on cherche là. Alors, on n'est pas à cheval sur un
chiffre.
7075 Il est regrettable qu'on soit obligés
en fait de vous en faire la demande mais
regrettablement, c'est là qu'on est rendu. Alors, on
vous en parle. Mais il ne s'agit pas non plus d'être
déraisonnable dans nos attentes.
7076 CONSEILLÈRE WYLIE: Nous avons eu
plusieurs commentaires pendant les interventions et
aussi pendant les consultations au sujet de...
justement ce matin, le député de la région était ici...
au sujet de l'absence de Radio-Canada dans la région de
l'Est du Québec, Matane, par exemple.
7077 Est-ce que comme affilié, vous êtes
suffisamment malheureux avec Radio-Canada? Vous n'avez
jamais entretenu l'idée peut-être de desservir cette
région en tant qu'affilié?
7078 MONSIEUR AUDET: À vrai dire, c'est
une chose que nous aimerions beaucoup faire si
l'occasion nous en était donnée.
7079 CONSEILLÈRE WYLIE: Je vous remercie,
messieurs, et j'espère que les journaux ne sont pas
trop méchants quand ils parleront de vos commentaires
aussi bien que des miens.
7080 MONSIEUR AUDET: Merci, madame la
vice-présidente.
7081 CONSEILLÈRE WYLIE: Bon voyage à
Montréal.
7082 Merci, madame.
7083 LA PRÉSIDENTE: Oui, merci. Je ne
pense pas que les journaux soient si méchants, c'est
qu'ils reflètent le pluralisme des idées. Merci.
7084 Madame Santerre.
7085 MADAME SANTERRE: Merci, madame la
présidente.
7086 Alors, j'inviterais Le Groupe
Coscient inc. à présenter leur intervention.
7087 LA PRÉSIDENTE: Alors, bonjour.
Bienvenue. Vous êtes gentils de passer la fin de
l'après-midi avec nous. Vous êtes notre dernier
intervenant. Il y en a qui auront le plaisir de venir
samedi matin. Alors, la parole est à vous.
INTERVENTION
7088 MONSIEUR CREVIER: Madame la
présidente, mesdames et messieurs les conseillers. Je
suis Guy Crevier, président et chef de la direction du
Groupe Coscient.
7089 M'accompagnent aujourd'hui: à ma
droite, monsieur Michel Bissonnette, qui est
vice-président exécutif, développement et mise en
marché; à ma gauche, monsieur André Picard, président,
fiction nationale du Groupe Coscient et connu également
sous le nom de Monsieur Canada.
7090 Comme vous le savez, madame la
présidente, Le Groupe Coscient est le plus important
producteur indépendant au Québec et le deuxième au
Canada.
7091 Nous produisons un très large
éventail d'émissions: des séries dramatiques, des
téléfilms et des longs métrages, des séries jeunesse et
d'animation, des documentaires aussi bien culturels que
scientifiques, des émissions de variétés ainsi que des
jeux et des magazines télévisés.
7092 Nous le faisons pour une gamme
extrêmement variée de télédiffuseurs, publics et
privés, généralistes, éducatifs et spécialisés,
canadiens et étrangers, de langue française et de
langue anglaise.
7093 Le Groupe Coscient est aussi un
leader dans le secteur de la distribution de films,
d'émissions de télévision et de produits dérivés. Nous
sommes également actifs dans le secteur du multimédia
et des spectacles de la scène. L'histoire de notre
société, tout comme celle de Radio-Canada, se confond
avec l'histoire de la télévision canadienne.
7094 Les succès que notre système de
radiodiffusion a connus sont le résultat d'une vision
forte que le gouvernement canadien, le CRTC et
l'ensemble des intervenants et des joueurs de
l'industrie ont défini par le passé et à laquelle tous
ont adhéré et contribué.
7095 Nous nous retrouvons aujourd'hui dans
un nouvel environnement, un environnement où les
fondements mêmes de notre industrie sont en changement.
7096 Ce que je propose aujourd'hui ce
n'est pas un bilan du passé, ni un diagnostique du
présent, mais plutôt une vision d'ensemble pour que
nous puissions forger l'avenir, une vision qui tienne
compte des défis auxquels l'industrie de la production
indépendante, le système canadien de radiodiffusion et
Radio-Canada devront inévitablement faire face
ensemble.
7097 Nous vivons actuellement une
révolution sans précédent de nos façons de vivre, de
communiquer, de travailler et de se divertir. La base
de cette révolution est le triangle de l'innovation que
l'on symbolise par la convergence des contenus, des
réseaux et des technologies de l'information.
7098 Ce sont les contenus qui sont
l'élément clé de la chaîne de production de valeurs car
nous vivons une véritable révolution du savoir qui
provoque un glissement du pouvoir économique, du
contrôle du capital vers la production des idées, des
contenus d'information et de divertissement, une
révolution dans laquelle les producteurs, distributeurs
et diffuseurs de contenus sont appelés à jouer un rôle
central et prépondérant, une révolution qui
s'accompagne inévitablement d'une globalisation des
marchés.
7099 Encore récemment, les spécialistes
s'attendaient à ce que la globalisation des marchés
vienne renforcer la domination, déjà grande, des
contenus américains sur l'ensemble des marchés
mondiaux. Or c'est le contraire qui est en voie de se
produire.
7100 Au Canada, le chiffre d'affaires de
l'industrie de production audiovisuelle a doublé en
volume au cours des six dernières années, pour
atteindre les 3 milliards de dollars et le Canada est
aujourd'hui le deuxième pays exportateur de produits
audiovisuels au monde.
7101 En Europe, la demande pour le produit
télévisuel américain a connu une baisse marquée,
quittant pour la première fois le plateau des 30 pour
cent pour glisser aux environs de 18 pour cent. Cette
nouvelle réalité est le résultat direct du soutien des
gouvernements européens à leurs diffuseurs publics pour
développer et créer des produits locaux de qualité.
7102 À la faveur des politiques
européennes et canadiennes, des entreprises nationales
solides et intégrées sont nées et se sont rapidement
développées, des entreprises en mesure de développer
des alliances et des partenariats stratégiques entre
elles. Ces entreprises de contenus continuent de se
consolider parce qu'elles peuvent compter sur une
denrée essentielle et qui ne connaît pas de limite: la
créativité humaine.
7103 Le défi que doivent relever
aujourd'hui producteurs, distributeurs et diffuseurs de
contenus culturels canadiens, c'est de miser sur cette
créativité pour créer des produits qui non seulement
occupent leur marché domestique mais qui sont exportés
à travers la planète. Au Québec, tout
particulièrement, nous avons réussi à créer un "star
system" sans égal et à développer, à l'ombre du géant
américain, un modèle unique qui connaît une très grande
réussite.
7104 Nos émissions continuent, année après
année, de se mériter la faveur du public d'ici et de
battre des records de popularité. Il est temps,
désormais, de miser sur cette réussite, sur la grande
qualité de nos émissions et sur la maîtrise qu'ont
atteint leurs producteurs pour s'imposer sur la scène
internationale, pour développer de nouvelles alliances
stratégiques avec des partenaires européens et
américains, et pour occuper la place que notre
créativité nous mérite dans les nouveaux médias.
7105 C'est la direction que le Groupe
Coscient a résolument prise. C'est celle qu'à notre
avis devrait guider l'ensemble des producteurs
canadiens de contenus.
7106 Dans ce contexte d'ouverture au monde
et de prédominance des contenus, madame la présidente,
nous avons plus que jamais besoin d'un télédiffuseur
public national fort, dynamique et adéquatement
financé.
7107 Nous avons besoin d'une Société
Radio-Canada ouverte et audacieuse qui mise résolument
sur la créativité et qui entre de plein pied dans l'ère
des nouveaux médias.
7108 Nous avons besoin d'une SRC
généraliste et populaire qui rejoint de larges
auditoires et répond aux goûts de touts les publics
canadiens. Comme nous avons besoin d'une SRC qui ose,
qui expérimente, même au risque de se tromper et qui le
fait pas non seulement en opposition ou en concurrence
mais en partenariat avec l'ensemble des composantes de
l'industrie canadienne de radiodiffusion et notamment
avec les autres diffuseurs privés.
7109 Critiquer Radio-Canada est devenu un
sport national. Mais critiquer pour critiquer,
réglementer pour réglementer, ne sont pas des avenues
viables. Ce qui importe c'est d'insuffler une vision,
une direction qui va dans le sens d'une adaptation de
Radio-Canada à la révolution que nous vivons.
7110 Nous ne croyons pas qu'il faille
marginaliser la SRC, bien au contraire. Pour assurer
la vitalité de notre industrie comme celle de notre
système de radiodiffusion, tous les acteurs doivent
s'épauler.
7111 Partenariat et complémentarité sont
les éléments essentiels qui nous permettront de relever
les défis qui nous attendent: miser sur la qualité;
favoriser la créativité; accroître la pertinence;
exploiter le potentiel des marchés internationaux.
7112 Radio-Canada peut et doit jouer un
rôle moteur en ce qui a trait à l'atteinte de ces
objectifs, et ce, d'abord et avant tout, en stimulant
la création et en contribuant au financement de
contenus canadiens de grande qualité. Je pense
notamment à des projets d'envergure dans les domaines
de la fiction lourde, de l'animation, des émissions
jeunesse, du cinéma, des grands documentaires et des
émissions culturelles.
7113 En tant que diffuseur public, elle
doit continuer d'être un des pivots essentiels d'accès
au marché domestique pour les producteurs indépendants,
marché qui constitue le tremplin indispensable à
l'exportation et au rayonnement international de nos
productions. Elle doit aussi apporter une contribution
de premier plan au maintien de la diversité des lieux
de création et des sources de production.
7114 En résumé, le réseau français de la
SRC doit:
7115 Premièrement, jouer un rôle
exemplaire en ce qui a trait au financement et à la
diffusion d'émissions canadiennes populaires et de
grande qualité.
7116 Deuxièmement, prendre des risques et
privilégier une approche qui favorise le développement
d'idées et de concepts innovateurs et de grande
envergure offrant des possibilité de déclinaison
multimédia et d'exportation.
7117 Troisièmement, contribuer à la
production d'émissions qui stimulent la créativité et
mettent en valeur les nouveaux talents.
7118 Quatrièmement, privilégier les
partenariats avec les producteurs indépendants dans la
production d'émissions de tous genres comme dans
l'élaboration de projets nouveaux médias.
7119 Enfin, la Société doit renforcer son
caractère distinctif et sa complémentarité par rapport
à la télévision privée, tout en adoptant une attitude
ouverte et favorable aux partenariats, notamment entre
diffuseurs généralistes et spécialisés.
7120 Évidemment, la SRC ne pourra
s'acquitter pleinement de cette mission que dans le
mesure où le Parlement canadien reconnaît lui aussi
l'importance de disposer d'un télédiffuseur public
national fort et audacieux, un diffuseur public en
mesure d'aider l'ensemble de l'industrie canadienne de
contenus à faire face aux défis de la mondialisation et
à affirmer la présence canadienne dans le monde.
7121 Récemment, le gouvernement canadien a
pris l'initiative d'une offensive internationale visant
la reconnaissance et la promotion de la diversité
culturelle et linguistique. Pour assurer cette
diversité, il est essentiel que chaque État national
soutienne d'abord la création sur son propre territoire
et se dotes des outils et des moyens en conséquence.
7122 Je constate qu'en Europe, en général,
les États ont réinvesti des sommes importantes dans
leurs diffuseurs publics nationaux au cours des 10
dernières années alors qu'au Canada le système a
beaucoup souffert de coupures et de réorganisations.
7123 Pour assurer cette diversité, il est
aussi essentiel de soutenir la capacité de rayonnement
international de notre production et d'encourager la
coproduction, les échanges, les partenariats et les
alliances stratégiques entre les entreprises de chacun
des pays signataires du futur traité.
7124 Radio-Canada est un des instruments
qui peuvent être mis à contribution pour atteindre ces
objectifs et l'un des plus importants, à la condition,
bien sûr, que le gouvernement fédéral lui accorde un
financement stable et adéquat, de façon à mieux
soutenir la SRC dans son rôle de diffuseur public
national et peut-être également à la condition, madame
la présidente, que le CRTC soit l'initiateur d'une
nouvelle vision si importante pour l'avenir de notre
système canadien.
7125 Je vous remercie.
7126 LA PRÉSIDENTE: Merci, monsieur
Crevier. J'avoue que je ne peux m'empêcher d'avoir un
certain sourire.
7127 MONSIEUR CREVIER: De sourire.
--- Rires / Laughter
7128 MONSIEUR CREVIER: Allez-y.
7129 LA PRÉSIDENTE: Je vous confie aux
questions de madame Pennefather.
7130 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Toujours
avec un sourire, j'espère.
7131 Messieurs, bonjour. Merci d'être
parmi nous cet après-midi. Je pense que la
présentation orale cet après-midi apporte plus de
détails sur les propos que vous avez soumis dans votre
intervention écrite. Alors, j'aimerais le prendre et
aller un peu plus loin.
7132 Vous décrivez une ère de
mondialisation, la globalisation, et vous nous
présentez ce contexte avec ces défis. Mais je veux que
vous précisez pour nous exactement qu'est-ce que vous
trouvez soit le rôle de Radio-Canada dans ce contexte.
7133 MONSIEUR CREVIER: Je pourrais
peut-être repartir du sourire de madame la présidente
et peut-être expliqué un peu pour moi le passage
historique, puis un petit peu ma vision d'aujourd'hui.
7134 Quand j'étais à l'époque à la
direction du réseau de TVA et de Télé-Métropole comme
entreprise, il y avait un contexte qui était, je
dirais, relativement difficile, je pense, pour tous les
partenaires. C'est qu'il y avait un déséquilibre dans
le système. C'est un déséquilibre qui a pris plusieurs
années à se corriger, malheureusement, et qui a coûté
énormément cher à beaucoup de gens et qui a été assez
difficile, je pense, pour l'ensemble des joueurs et des
acteurs.
7135 Moi, l'impression que j'ai
aujourd'hui c'est que ce déséquilibre-là dans le
système francophone c'est un déséquilibre qui s'est
résorber. Vraiment, TVA est redevenu cette machine à
imprimer de l'argent.
7136 TQS, je pense, a pris des bonnes
décisions. Elle a une équipe maintenant de gestion qui
est très forte, qui est mieux connaissante des rouages
de la télévision. TQS est à la veille d'arriver à ce
que j'appelle le point de rentabilité, donc, est très
près de son objectif et il n'y a plus de déséquilibre.
7137 À l'époque quand il y avait un
déséquilibre dans le système, même dans les attaques de
TVA à l'endroit de Radio-Canada, on n'accusait pas
Radio-Canada d'être à la source du mal, mais on voyait
dans Radio-Canada la solution à des problèmes.
Maintenant, il n'y a plus de déséquilibre dans le
système.
7138 Mais on arrive dans un environnement
maintenant... et moi c'est ce qui me fait un petit peu
frémir dans ces audiences-là. C'est ce que je trouve
très risqué. On arrive dans un environnement
maintenant où on dit: Bon, pendant des années, des
joueurs ont plaidé pour un retrait de certains
secteurs, retrait du secteur commercial et tout ça,
alors qu'il y avait un déséquilibre profond. Et là
maintenant, il n'y a plus de déséquilibre, puis on dit:
Bon, on adresse ces questions-là.
7139 Mais on adresse ces questions-là à un
moment donné où on est en train de vivre un
environnement de globalisation et c'est ça que je
trouve dangereux et j'ai l'impression que le CRTC ne
réalise pas l'enjeu actuel. L'enjeu actuellement c'est
la pertinence du système canadien à travers le monde et
pour tout le contexte des échanges commerciaux.
7140 Il y a un groupe de travail
actuellement qui tente d'extraire toute la négociation
culturelle à l'extérieur des échanges commerciaux parce
qu'on va se faire manger par les Américains comme on
s'est fait mangé dans le secteur récemment des
magazines. Ce qui importe de faire c'est de créer au
Canada des institutions fortes pour qu'on soit capable
d'exporter notre savoir-faire, et pour créer un
environnement fort, on a besoin d'une société forte
comme Radio-Canada.
7141 Radio-Canada, cela fait sept ans,
huit ans, qu'ils vivent dans un environnement de
coupures, puis là on est entré aujourd'hui alors qu'il
n'y a plus de déséquilibre dans le système de dire:
Bon, on va amener d'autres notions qui vont amener des
réductions de dépenses chez Radio-Canada.
7142 On va amener d'autres notions qui
vont diluer la force de Radio-Canada, et si la force de
Radio-Canada est diluée, moi, c'est très clair, nous
autres, Coscient, en termes de compagnie qui avons un
plan de prendre le savoir-faire qu'on a développé au
Québec pour exporter à l'extérieur, c'est un plan qui
va être impossible de réaliser.
7143 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Alors, vous
ne voulez pas que Radio-Canada... le rôle de
Radio-Canada dans ce nouveau contexte et l'équilibre
qui fait face à ce contexte global, je pense que c'est
là. Je pense qu'on peut comprendre un peu ce que
c'est. Oui, s'il faut que ça reste fort sur
Radio-Canada, mais pourquoi? Qu'est-ce que c'est le
rôle précis? Qu'est-ce qui fait en sorte que le
partenaire public, dont Radio-Canada est... je prends
pour acquis que c'est sur ça qu'on commence notre
discussion.
7144 MONSIEUR CREVIER: C'est ça.
7145 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Il y a le
crédit parlementaire et les actionnaires sont les
citoyens du Canada. Il y a une différence. Il y a
quelque chose spécifique que Radio-Canada devrait
apporter.
7146 La raison pourquoi je vous demande
d'être un peu plus précis c'est en effet à cause de
cette ère globale où on peut peut-être mettre tout dans
le même panier et penser qu'on a tout ce qu'il faut.
Il faut être clair sur ce rôle-là et il faut revenir
aussi un moment donné à voir si les propos de
Radio-Canada sont vraiment ancrés vers ce rôle précis
que vous voyez pour eux dans ce travail de partenariat
parce qu'on ne peut pas tous faire la même chose.
7147 Je pense que c'est la thèse. La
thèse c'est qu'il y a des partenaires, dont il y a des
télévisions généralistes privées et publiques, et on se
penche souvent sur cette thèse-là, et là, vous nous
présentez une autre manière de regarder ce rôle.
7148 MONSIEUR CREVIER: Je pense à trois
secteurs... comme défis rapides, il y en a peut-être
trois qui me viennent à l'idée, puis ils n'ont pas
nécessairement le même poids-là. Le premier c'est la
nécessité pour les Canadiens maintenant d'exporter leur
savoir-faire et je pense que pour exporter leur
savoir-faire, il faut avoir, il faut produire une
production de qualité, et pour produire une production
de qualité, il faut avoir des joueurs qui sont bien
financés.
7149 Radio-Canada ne pourra pas à la suite
d'une seconde ronde de coupures nécessairement
supporter SDA dans sa volonté de produire, à titre
d'exemple, "Omertà", et tenter de prendre le format
"Omertà", ce qu'on va essayer de faire au cours des
prochains mois et d'en faire une production qu'on va
vendre aux États-Unis puis à travers le monde.
7150 Cela, pour exporter, je pense que
c'est nécessaire. Absolument. Et dans un
environnement de globalisation, ça va être une guerre
entre les pays au niveau culturel pour savoir qui va
réussir finalement à exporter puis à être le joueur le
plus actif. Je pense que le Canada nous avons une
longueur d'avance. On a bien réussi de développer un
bon savoir-faire mais on a besoin d'institutions fortes
pour réussir ça.
7151 Le deuxième secteur, je pense que
quand on regarde les diffuseurs généralistes, on a
réalisé aux États-Unis, entre autres, que les
diffuseurs généralistes ont perdu cette année à peu
près 20 pour cent de l'audience chez les jeunes parce
que les jeunes s'en vont vers l'internet.
7152 Donc, qui est en mesure de relever le
défi de multimédia actuellement? À peu près personne
parce que la rentabilité ne s'est pas encore exercée
dans le domaine du multimédia.
7153 Pourtant Radio-Canada, une société
bien financée, est en mesure de relever ce défi-là
cette année et est le diffuseur canadien qui fait le
plus dans le secteur de l'Internet et dans le secteur
du multimédia et le diffuseur canadien cette année qui
a fait le plus pour soutenir l'intérêt des gens.
7154 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Alors, je
vois que vous mettez beaucoup d'emphase sur le rôle de
Radio-Canada en termes de nouveaux médias.
7155 Ils ont parlé de quatre priorités de
programmation, émissions culturelles, jeunesse,
dramatiques et informations. Comme corporation, ils
ont en effet présenté une stratégie concernant les
nouveaux médias.
7156 Est-ce que vous êtes en train de me
dire que, en effet, le rôle de Radio-Canada vis-à-vis
les nouveaux médias est une priorité au même niveau, si
ce n'est pas plus, que les autres priorités de faire la
production de télévision?
7157 MONSIEUR CREVIER: Absolument. Je
pense que le rôle de Radio-Canada, c'est d'innover.
C'est de développer des nouveaux secteurs, de démontrer
la pertinence de ces secteurs-là.
7158 Il est sûr qu'une fois que cette
pertinence-là va être démontrée, puis que les autres
joueurs privés, qui vont voir là une rentabilité
possible, vont vraiment également suivre le modèle.
7159 Mais dans bien des cas dans le passé,
si on regarde l'histoire de Radio-Canada, Radio-Canada
a été un guide dans le système, puis un jour important.
7160 MONSIEUR PICARD: Si je peux me
permettre?
7161 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Oui.
7162 MONSIEUR PICARD: Si on revient à
l'exemple de Pierre Curzi qui s'emballait pour les
émissions jeunesse, à ce moment-là, par exemple, il n'y
avait pas de producteurs indépendants. Dans les
interventions, il n'y avait pas de partenaires comme
nous.
7163 Mais il y avait des comédiens
qu'aujourd'hui on connaît, comme Favreau et d'autres,
Marcel Sabourin, qui ont été des grands personnages
d'émissions jeunesse. Ils ont donné une place à des
comédiens dans le théâtre.
7164 La production indépendante
aujourd'hui, elle commence à participer dans des
nouveaux marchés, développe des formules qui peuvent
s'exporter. Donc, elle reste un moteur, une source
vive d'idées, de concepts et d'innovation avec des
partenariats avec lesquelles elle doit évoluer.
7165 Pour pouvoir évoluer avec ces
partenariats-là, elle doit avoir les moyens. Mais avec
les décennies qui s'écoulent, ces partenariats-là
changent.
7166 Au début, ce n'était qu'avec des
comédiens. Ensuite, c'était peut-être avec des
institutions théâtrales, avec des producteurs
indépendants, maintenant avec des sociétés de nouveaux
médis.
7167 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Dans les
propos de Radio-Canada pour la prochaine licence,
est-ce que vous voyez cette notion de partenariat au
niveau pour vraiment remplir le rôle que vous venez de
décrire?
7168 MONSIEUR CREVIER: Moi, je ne le
perçois pas nécessairement. Je ne l'ai pas
nécessairement non plus perçu dans le vécu de
Radio-Canada.
7169 Je pense que Radio-Canada est une
société qui a vécu plusieurs coupures dans les
dernières années et qui a eu probablement tendance, un
peu à l'excès, à se refermer sur elle-même.
7170 Je pense qu'il y a vraiment des
secteurs dans lesquels Radio-Canada pourrait démontrer
beaucoup plus de volonté et d'énergie à créer des
partenariats.
7171 Il n'y a pas de raison.
7172 Prenez seulement que le modèle des
Jeux olympiques. Dans le modèle européen, ils sont
huit, neuf, dix diffuseurs, des fois, à l'occasion à
posséder des droits ensemble, privés et publics, pour
exploiter les Jeux olympiques, une manne importante et
une quantité d'heures incroyable de diffusion. Il n'y
a jamais eu d'efforts comme ça faits au Canada.
7173 Malheureusement, je dirais que le
système canadien, la relation entre le secteur privé et
le public est encore beaucoup trop cloisonnée, guerre
de tranchée.
7174 je suis convaincu, moi, que
Radio-Canada devrait probablement sortir un peu de ce
que j'appelle "sa période de contraction", puis
commencer à s'ouvrir, puis favoriser des partenariats.
Mais ce n'est pas une tendance qui a été facile à noter
chez Radio-Canada dans les dernières années.
7175 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Est-ce que
vous avez des suggestions précises à cet égard? Parce
qu'on a devant nous la demande avec les priorités de
production, avec les ouvertures vers les productions,
et caetera, le secteur indépendant?
7176 Est-ce que vous pensez qu'ils sont
sur la bonne voie ou...
7177 MONSIEUR CREVIER: Bien, moi, la
dernière fois que je me suis présenté ici, j'avais un
débat avec madame Wylie sur ce que j'appelle la
micro-réglementation.
7178 Je pense que, pour moi, je vois le
rôle du CRTC comme un rôle de guide, comme un joueur
important qui aide à établir une vision. Je pense que
si le CRTC indique, dans ses lignes directrices, la
nécessité pour Radio-Canada de réaliser des
partenariats avec les joueurs privés et tout ça, je
pense que Radio-Canada devra être jugée à ce moment-là
au renouvellement de sa prochaine licence si
effectivement, oui ou non, ils le font.
7179 Mais je pense que c'est quelque chose
qui devrait effectivement être indiqué comme voie
générale de direction par le CRTC à Radio-Canada.
7180 MONSIEUR BISSONNETTE: Ssi vous me
permettez, je pense que, dans un environnement où on
vise de plus en plus un produit canadien de qualité
pour son plein potentiel, on doit favoriser davantage
les licences qui peuvent être partagées.
7181 Donc, peut-être une première
diffusion sur certaines chaînes spécialisées privées et
une deuxième diffusion sur la chaîne généraliste de
Radio-Canada ou il y a plein de formules qui peuvent
être imaginées.
7182 On doit de plus en plus penser à des
partenariats entre des réseaux privés et des réseaux
généralistes si on veut se permettre de produire de
plus en plus de produits de qualité qui sont
exportables.
7183 MONSIEUR PICARD: Il y a, par
exemple, "Les Débrouillards" qui est en primeur à la
Société Radio-Canada et en deuxième fenêtre pendant
presque sept ans, je crois, à Canal Famille.
7184 On peut penser que l'ascenseur
pourrait être renvoyé dans l'autre sens aussi. Il
pourrait y avoir des primeurs, que ça soit documents ou
émissions jeunesse, où justement les moyens sont plus
limités.
7185 Des fois, dans le cas des émissions
jeunesse au Québec, encore toujours pour le moment,
l'exploitation commerciale n'existe à peu près pas,
qu'il y ait une deuxième fenêtre dans un autre créneau
horaire.
7186 À la Société Radio-Canada, on a qu'à
regarder des succès comme "Les Simpsons" au Canada
anglais, je pense, qui est diffusé par quatre
diffuseurs différents dans huit créneaux.
7187 Je pense qu'il y a des succès
d'écoute qui ne se fatiguent pas à la répétition et
même augmentent leur auditoire avec un nombre de
diffusions accru.
7188 Alors, je pense qu'en documentaire, à
tout le moins, puis en jeunesse, c'est quelque chose
qu'on encouragerait et pour lequel il y a déjà quelques
pas qui ont été faits dans le passé.
7189 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Ah! Je
savais que, à un moment donné, "Les Simpsons" vont
venir. Ce n'est pas possible!
7190 Alors, non, justement, on explore
toutes sortes d'options comme vous pouvez comprendre.
Il faut aller plus loin que les mots.
7191 Le mot "partenariat" veut dire
certaines choses, mais vous apportez un contexte
intéressant, le contexte global. Je pense que quand
notre propos dit qu'il y a les rôles spécifiques pour
les partenaires, il faut être plus clair.
7192 Comment vous voyez le rôle de
Radio-Canada en termes de... j'entends souvent le mot
"innovateur", "leadership", et caetera.
7193 On vient tout juste d'avoir une
discussion sur le mot "cantonner la SRC à certains
créneaux culturels".
7194 Est-ce que vous pensez que le fait
que la SRC propose eux-mêmes de faire les priorités de
programmation risque de marginaliser la SRC, l'approche
qu'ils prennent pour aller loin avec certaines
priorités à l'intérieur d'un mandat définitivement bien
décrit comme étant ouvert à toutes sortes de
programmations?
7195 Mais ils ont choisi certaines
priorités de programmation. Est-ce que c'est un
cantonnement?
7196 MONSIEUR PICARD: Vous faites
référence aux quatre priorités de tout à l'heure?
7197 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: C'est ça,
les priorités de programmation.
7198 MONSIEUR PICARD: Bien, il me semble
qu'ils demeurent dans les grandes lignes, à l'exception
de l'information et des affaires publiques qui ont
toujours été comme une des colonnes vertébrales de la
chaîne.
7199 Et dans les catégories d'émissions
sous-représentées qui sont, par ailleurs, soutenues par
Téléfilm Canada, par le Fonds de télévision canadien,
on reste quand même dans les grandes lignes, dans les
mandats historiques de la Société.
7200 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: On dirait
que c'est surtout l'idée d'aller de l'avant avec
priorités de programmation qui, pour moi, étaient les
choix qu'on puisse faire à l'intérieur de notre mandat.
7201 J'ai eu l'impression qu'on peut
imaginer que, ça, ça veut dire qu'on va dans un ghetto,
comme disait monsieur Lespérance tantôt.
7202 Pour vous, est-ce que c'est un
risque?
7203 MONSIEUR PICARD: Cela n'a pas été
notre perception. Nous, notre perception a été, comme
beaucoup des intervenants ici, que certaines personnes
préféraient que cette orientation soit prise.
7204 À notre lecture du mémoire de
Radio-Canada, ça ne semblait pas être leur intention.
7205 Pour nous, la culture, c'est quelque
chose de difficile à définir. Certains l'ont fait à
l'opposé en disant que c'est tout ce qu'il reste quand
tout est disparu.
7206 Mais la culture doit être générale.
Elle doit être populaire. Elle doit être partagée,
parce que c'est ça le souffle d'une démocracie puis
d'un peuple.
7207 Je suis d'accord avec Jean-Claude
Lespérance quand il dit: "Faisons attention à une
définition élitiste ou d'un PBS du nord."
7208 Premièrement, le modèle PBS est
inapplicable. Il n'y a pas la source de programmation.
7209 D'autres appellent "PBS" le BBC des
Amériques. Bien, ça n'existe pas ni pour CBC ni pour
Radio-Canada cette source de programmation
quasi-gratuite et sans fin.
7210 Il faut vraiment pouvoir faire des
choix très larges, prendre des risques dans un métier
qui, quand même, est un métier de nuances.
7211 Vous demanderez à des gens de WIC ou
de TVA: qu'est-ce qui est une émission populaire ou
qu'est-ce qui est une émission de qualité? C'est une
émission qui a des "ratings", puis ça s'arrête tout
simplement là. La décision de la qualité, c'est que ça
se vend.
7212 À Radio-Canada, il y a une...
7213 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Mais ça
n'arrête pas là avec Radio-Canada.
7214 MONSIEUR PICARD: Non, non, non.
Avec Radio-Canada, ça ne s'arrête pas là et je crois
que c'est reflété largement dans leur mémoire. C'est
reflété largement dans leurs pratiques et dans leurs
choix de programmation.
7215 Et comme on a déjà dit, tout le monde
a le droit à l'erreur, que ce soit un artiste, un
producteur indépendant ou un radiodiffuseur.
7216 CONSEILLÈRE PENNEFATHER: Merci.
7217 C'est la fin de mes questions, madame
la présidente.
7218 LA PRÉSIDENTE: Merci. Je ne peux
résister.
7219 Sur la question de la globalisation,
je ne peux peut-être pas vous rassurer pleinement mais,
en tout cas, dire que c'est certainement une
préoccupation que le Conseil a.
7220 Si on vous a rapporté les propos
qu'on a eus avec la Société Radio-Canada, dans les
revenus et les projections, on s'inquiétait même du
fait que, sur les ventes internationales, il y avait
une aussi grande stabilité que dans les revenus
publicitaires. Il nous semblait justement que ça ne
reflétait pas tout à fait les nouveaux enjeux et les
nouvelles possibilités.
7221 Mais disons, donc, corrigeant votre
commentaire, de vous assurer autant que je puisse le
faire brièvement, mais c'est une préoccupation que nous
avons et nous en sommes très conscients.
7222 Au cours de toute l'audience et des
travaux sur la politique en matière de télévision,
c'était une préoccupation qui était très présente.
7223 Mais dans la mesure où la Société
Radio-Canada, c'est une corporation très vaste qui,
bien sûr, parle d'aller étendre ses activités dans
d'autres domaines comme le multimédia mais, avant ça, a
déjà des licences importantes qui sont devant nous pour
renouvellement.
7224 Trouvez-vous, vous qui êtes
particulièrement préoccupé de la possibilité d'aller
sur les marchés, d'avoir cette capacité d'ailleurs de
produire pour le faire, qu'il y a assez de synergie
entre le réseau anglais et le réseau français?
7225 Je sais que vous avez eu déjà un écho
dans des productions au cours du mois d'avril, que vous
êtes en développement sur une série avec le réseau
français, le réseau anglais.
7226 Mais trouvez-vous qu'en 1999 et par
rapport à ce qu'on retrouve dans la planification, le
plan stratégique, par rapport aux projets à la fois de
Radio-Canada, mais à la fois de CBC...
7227 Vous êtes une entreprise sise au
Québec, mais qui a des ambitions internationales, si je
me rappelle ce que monsieur Sirois disait à Cannes il
n'y a pas si longtemps, c'est qu'il voudrait choisir
des secteurs ou des genres et être le meilleur au
monde.
7228 Alors, j'imagine que ce n'est pas la
division de la langue française ou la langue anglaise
qui est un problème, au contraire. C'est le début des
langues à parler pour conquérir le monde.
7229 Alors, trouvez-vous que le plan, ce
qui est proposé ici, nous porte assez loin dans la
capacité de ce servir collectivement pour le système de
radiodiffusion... avec les défis de l'heure, est-ce
qu'on profite au maximum dans la planification qui nous
est présentée d'un outil extraordinaire et essentiel
qui est Radio-Canada et la CBC?
7230 MONSIEUR PICARD: Bien, il y a deux
façons, d'après moi, de voir la question.
7231 Il y a la première, un peu comme vous
l'exprimez, par un environnement de synergie.
7232 Moi, j'ai tendance à croire, on en
discutait tantôt, de la relation de Radio-Canada, de la
SRC, avec le secteur privé, une relation qui a toujours
été difficile alors que je pense que, ailleurs, on voit
que cette relation-là peut s'effectuer rapidement.
7233 Je pense que, à la SRC, ils ont
encore plus de problèmes de relation avec la CBC.
C'est un milieu où il n'y a pas beaucoup de synergie.
7234 Donc, il y a la piste de la synergie,
effectivement, pour obtenir un meilleur ensemble, puis
il y a une autre façon d'y arriver aussi, ce que, moi,
j'appelle être la vision culturelle et la vision
industrielle.
7235 Dans la vision culturelle, ce qui est
important, c'est de développer un marché domestique
fort.
7236 Une fois qu'on a réussi à développer
un marché domestique fort, on a développé un
savoir-faire qui nous permet de développer, après ça,
une vision industrielle et d'exporter notre
savoir-faire.
7237 À titre d'exemple, Christian Duguay,
qui a développé son savoir-faire dans son marché
domestique, produit "Jeanne d'Arc" pour CBS. La
semaine dernière, un grand succès aux États-Unis.
7238 Et ça, pour moi, c'est la façon aussi
d'y arriver sans nécessairement passer par la synergie.
La synergie serait souhaitable, mais la synergie...
7239 Des fois au Canada, la synergie, ça a
été quelque chose d'assez complexe dans les relations
politiques comme dans les relations des institutions.
7240 Je pense qu'il y a quand même une
bonne synergie qui existe au niveau des organismes,
entre ce que j'appelle SODEC, Téléfilm Canada, le Fonds
des câblos, Radio-Canada, les joueurs. Il y a une
forme synergie qui est là et qu'on a réussit à bien
exploiter.
7241 Maintenant, vous avez raison.
7242 Si Radio-Canada agissait à l'occasion
comme une corporation qui bénéficie d'un budget d'un
milliard de $ et qu'ils agissaient de façon synergique
et à promouvoir, à développer, puis à aider les gens
d'ici à exporter davantage leur savoir-faire, ça serait
fantastique. Et la pertinence de Radio-Canada serait
encore plus grande.
7243 Mais disons que, à mon point de vue,
ils n'ont pas été un modèle à ce chapitre-là et il n'y
a rien dans leur présentation actuelle qui les conduit
vers ça non plus.
7244 LA PRÉSIDENTE: Si vous aviez la
possibilité d'émettre des idées de ce que vous auriez
souhaité retrouver dans le texte, soit de la plan
stratégique ou de plan plus précis, est-ce qu'il est
des recommandations que vous auriez souhaité faire à
cet égard à Radio-Canada ou à CBC qu'on va entendre la
semaine prochaine?
7245 MONSIEUR PICARD: Bien, je pense
qu'une des recommandations souhaitables est, encore une
fois, une ligne directrice.
7246 Moi, je reviens toujours avec mon
point de la micro-réglementation et ma vision du rôle
du CRTC, pour moi, c'est d'indiquer des lignes
directrices.
7247 Quand les lignes directrices ne sont
pas suivies, c'est à ce moment-là d'être plus, je
dirais, l'aspect réglementaire, l'aspect policier du
travail, de l'appliquer.
7248 Je pense qu'à ce moment-ci où on doit
vraiment, et je ne tente pas d'en faire une
présentation dramatique. Je pense qu'on bénéficie
actuellement d'un système extraordinaire parce qu'il y
a des gens qui l'ont fondé puis qui ont une vision.
7249 Ma crainte, actuellement, c'est que
tout changement tellement vite.
7250 Vous avez vu, d'ailleurs, la
difficulté que vous avez eue dans le domaine de
l'Internet quand vous avez étudié ça, ce sont des
réseaux de distribution qui naissent à une vitesse
effarante. Les jeunes consomment ces produits-là.
Quel va être l'avenir de notre culture à l'intérieur de
cela?
7251 LA PRÉSIDENTE: Ce n'était pas
difficile, c'était passionnant.
7252 MONSIEUR CREVIER: C'était
passionnant, oui, effectivement, mais moi, ce que je
dis, c'est qu'à ce stade-ci CRTC devrait énoncer des
lignes directrices très précises et des souhaits
vraiment bien formulés puis avec une certaine force et
espérer que les joueurs qui sont en place livrent la
marchandise.
7253 LA PRÉSIDENTE: Je vais vous laisser
cela entre les mains.
7254 Nous aurons le plaisir d'avoir TVA
avec nous demain. J'ai hâte d'échanger avec TVA pour
leur dire que le déséquilibre, c'est terminé. Ils vont
sourire.
7255 MONSIEUR CREVIER: Leur titre en bas,
j'espère qu'avec les options qu'ils le réalisent et
qu'ils l'ont réalisé depuis longtemps.
--- Laughter / Rires
7256 LA PRÉSIDENTE: Messieurs, merci
beaucoup.
7257 MONSIEUR CREVIER: Merci.
7258 LA PRÉSIDENTE: Ceci conclut notre
session aujourd'hui. Nous reprendrons demain matin à
9h00 et en tenue plus décontractée, sans la cravate.
--- L'audience se termine à 1710, pour reprendre le
samedi 29 mai 1999 à 0900 / Whereupon the hearing
concluded at 1710, to resume on Saturday, May 29,
1999 at 0900
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