Aperçu du marché
Il existe plus de contenu que jamais auparavant, mais l’appui du public demeure nécessaire à la création et à la promotion du contenu canadien et local.
Temps de lecture : environ 7 minutes
Il existe plus de contenu que jamais auparavant, mais l’appui du public demeure nécessaire à la création et à la promotion du contenu canadien et local.
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La croissance des services de télévision en ligne a entraîné des investissements sans précédent dans la production de contenu : le nombre de séries télévisées scénarisées a doublé en moins de dix ans et le budget de certaines émissions dépasse les 10 millions de dollars américains par épisode. Si certains critiques et observateurs de l’industrie qualifient cette période de « période faste » de la télévision, les analystes se demandent s’il ne s’agit pas plutôt de « l’apogée de la télévision », remettant en question la durabilité de ces investissements massifs.
Les vidéos téléversées par l’utilisateur fournissent une offre de contenu de courte durée dans sa variété infinie, qui n’est égalée que par l’attrait des consommateurs pour ce type de contenu.
« Je regarde beaucoup de tutoriels sur YouTube sur la façon de réparer les choses, ou des leçons de Khan Academy si je veux parfaire mes compétences en algèbre ou en mathématiques. »
Participant au groupe de discussion, Saint-Boniface (EKOS)
« Quand je vais sur YouTube, j’ai accès à de la musique du monde entier; ce n’est pas restrictif. Je ne suis pas obligé d’écouter des trucs américains ou des trucs canadiens. J’écoute de la musique de partout, de tous les genres. »
Participant au groupe de discussion, Sault Ste. Marie, traduit (EKOS)
Cette infographie résume les données sur YouTube.
La production de contenu vidéo coûte cher et souvent il sous-entend la participation de diverses parties, comme les producteurs, les plateformes vidéo (incluant les diffuseurs) et les gouvernements. Lorsque de grands marchés produisent du contenu à des coûts marginaux faibles ou sans coût marginal, leurs possibilités de vente et leurs profits se trouvent amplifiés. Le marché américain, par exemple, équivaut à environ dix fois la population du Canada, mais son secteur de la télévision est vingt fois plus grand que celui du Canada. Le contenu produit aux États-Unis peut ainsi être monnayé au pays avant d’être vendu à l’étranger. Comme le contenu américain populaire peut être vendu au Canada à une fraction du coût de production réel d’une émission de télévision, les entreprises de médias canadiennes sont portées à acheter du contenu étranger plutôt qu’à assumer les risques associés à la création de contenu original dont le coût de financement et de production est bien plus élevé. Étant donné que ce principe concerne la taille, il s’applique autant au monde numérique qu’il s’appliquait au monde analogique.
L’équation n’est pas la même dans le marché de langue française que dans celui de langue anglaise, mais elle est quand même pertinente. Les émissions les plus populaires dans le marché de langue française sont canadiennes, mais le contenu étranger est très profitable dans le marché de langue française. De plus, les services de vidéo en ligne mondiaux, largement anglophones, comme Netflix, gagnent en popularité. La rentabilité liée au fait d’offrir des émissions américaines doublées qui peuvent, dans certains cas, concurrencer les émissions francophones canadiennes est certaine et de plus en plus évidente.
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Nota : Le secteur délimité par chaque bulle représente le rayon relative de chaque marché.
La diffusion de contenu étranger constitue l’une des principales sources de profit pour les radiodiffuseurs canadiens; en effet, en 2017, les profits issus de cette pratique ont dépassé le 1 milliard de dollars (212 millions de dollars pour les diffuseurs francophones et 836 millions de dollars pour les diffuseurs de langue anglaise). Les profits provenant du contenu étranger pour les radiodiffuseurs de langue française augmentent – ils étaient presque 10 % plus élevés en 2017 qu’en 2016 et trois fois et demie plus élevés qu’il y a dix ans. À l’inverse, en raison de la plus grande concurrence étrangère en ligne, les profits provenant du contenu étranger pour les radiodiffuseurs de langue anglaise ont baissé de 4 % entre 2016 et 2017, mais ils demeurent sensiblement plus élevés qu’une décennie plus tôt.
Presque tous les genres de contenu bénéficient d’un soutien financier direct ou indirect. Sans cette aide, les niveaux de production nationale de presque tous les types de contenu actuels ne pourraient être maintenus. Cette situation se trouve amplifiée alors que l’auditoire cible diminue, comme dans le cas des nouvelles locales, du contenu pour les communautés linguistiques de langue officielle en situation minoritaire, les collectivités autochtones et les personnes handicapées (p. ex. les personnes malvoyantes ou ayant une déficience auditive).
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Nota : Cette analyse comprend l’ensemble des revenus des radiodiffuseurs canadiens (p. ex. publicité, abonnements, crédits parlementaires) et les dépenses sur le contenu, ainsi que toutes les sources de revenus de production et le financement public (p. ex. FMC, crédits d’impôts pour la production) pour les productions canadiennes.
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Nota : Cette analyse comprend l’ensemble des revenus des radiodiffuseurs canadiens (p. ex. publicité, abonnements, crédits parlementaires) et les dépenses sur le contenu, ainsi que toutes les sources de revenus de production et le financement public (p. ex. FMC, crédits d’impôts pour la production) pour les productions canadiennes.
Les avancées technologiques et la baisse des coûts de production ont rendu l’enregistrement, le mixage et la production de musique plus accessibles que jamais pour les artistes. Toutefois, se faire connaître et payer pour son travail est peut-être plus difficile que jamais auparavant.
Plus de 35 millions de chansons dans le catalogue de Spotify
Source : Spotify (disponible en anglais seulement)
Les mécanismes de soutien du Canada (p. ex. développement du contenu canadien, quota de musique, fonds) ont permis de révéler le talent des artistes à succès. Année après année, les pièces musicales et artistes du disque canadiens figurent au palmarès des pistes et des albums les plus vendus dans le monde entier et des artistes les plus populaires. Nous avons également notre propre écosystème de vedettariat au pays, puisque les musiciens canadiens francophones ont occupé le haut de la liste des ventes d’albums au Québec en 2017. De plus, plusieurs artistes francophones canadiens brillent sur la scène internationale (p. ex. Coeur de Pirate et Pierre Lapointe), avec des ventes d’albums en France aussi importantes qu’au Québec.
En 2017, deux artistes canadiens ont été classés dans la liste des 10 artistes ayant vendu le plus de disques dans le monde.
En 2017, 60 % des 20 albums les plus vendus au Québec provenaient d'artistes canadiens-français.
De nombreux fournisseurs de services audio et vidéo en ligne adoptent une approche de laisser-faire à l’égard du contenu – permettant aux créateurs de contenu de faire ce qu’ils veulent sans grande intervention directe de la part des fournisseurs – ce qui a donné lieu à certains modèles de partage de revenus novateurs (p. ex. YouTube et SoundCloud) et à de nouveaux services qui semblent payer des droits et des licences pour de la musique et des émissions de télévision canadiennes. Cette approche de laisser-faire a également permis la création de modèles mondiaux axés sur l’abondance, grâce auxquels les créateurs disposent d’un accès libre et inclusif, ce qui leur permet d’atteindre un auditoire mondial. Manifestement, les fournisseurs de services contribuent de manière importante, quoique non conventionnelle, au marché canadien de la production audio et vidéo, notamment en offrant une plateforme et en versant une certaine forme de rémunération aux créateurs de contenu, mais leur contribution est difficile à quantifier.