Possibilités et risques

L’aperçu du marché et l’évaluation de la viabilité future qui se trouvent dans le présent rapport brossent un portrait général de l’environnement dans lequel gravitent les médias numériques et de la manière dont les Canadiens utiliseront le contenu et les services audio et vidéo et y auront accès à l’avenir. Mais qu’est-ce que cela signifie plus précisément pour le marché intérieur du Canada? Y voit-on l’indice d’un marché dynamique qui offre des possibilités accrues aux Canadiens sur les plans créatif, culturel et de l’emploi? Ou existe-t-il des risques sous-jacents qui pourraient miner l’expansion d’un tel marché?

De toute évidence, bien que le marché de l’audio et de la vidéo et le système de la radiodiffusion actuels soient soumis à des pressions, et que des menaces immédiates se posent pour certains secteurs, il est très peu probable qu’un effondrement soit imminent. Toutefois, pour favoriser un marché intérieur dynamique à l’avenir, il sera nécessaire de faire plus que d’empêcher un effondrement ou de le reporter. Pour bien évaluer comment y parvenir, nous devons commencer par cerner les divers risques et possibilités inhérents à l’environnement des médias numériques. Il est important de noter que certains d’entre eux ont une incidence différente sur les marchés de langue française et de langue anglaise de l’audio et de la vidéo.

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Temps de lecture : environ 20 min

Un contenu adapté aux Canadiens

Possibilité no1 : Un accès à un contenu qui se mondialise toujours plus
Marché de langue française Marché de langue anglaise Marché de l’audio Marché de la vidéo

Depuis l’avènement de la radio et de la télévision, on constate que les Canadiens apprécient le contenu qui provient d’autres pays en plus du nôtre. La majeure partie de ce contenu provient des États-Unis, mais elle émane dorénavant de plus en plus de partout dans le monde, un phénomène largement attribuable aux services internationaux ou mondiaux offerts en ligne. L’accès à ce contenu offre des possibilités toujours plus grandes pour les Canadiens de s’informer et de se divertir.

Risque no1 : Perte de contenu canadien
Marché de langue française Marché de langue anglaise Marché de l’audio Marché de la vidéo

Le contenu apprécié par les Canadiens, qu’il s’agisse, par exemple, de musique, de nouvelles, de drames, de documentaires, d’émissions pour enfants ou d’émissions sur le mode de vie, dépend de l’appui dont bénéficie notre réseau de radiodiffusion. Il s’agit d’une industrie culturelle dynamique et d’un écosystème économique fondés sur l’engagement et la contribution de créateurs canadiens, des divers paliers de gouvernement, des membres de l’industrie et du public. Ce réseau, cependant, est largement axé sur les services traditionnels de radio et de télévision. Si les Canadiens en venaient à abandonner ces services en nombre important, le réseau serait moins en mesure de soutenir la création de contenu. Le contenu qui est déjà coûteux à produire ou qui n’est pas rentable deviendrait encore plus difficile à appuyer. Ce contenu pourrait comprendre ce qui suit :

« Les Canadiens accordent une grande importance aux nouvelles portant sur d’autres genres de programmation audio ou vidéo… trois répondants sur quatre (soit 75 p. cent) d’une enquête représentative ont indiqué que les bulletins de nouvelles nationaux et internationaux sont importants pour eux, et plus des deux tiers (soit 69 p. cent) ont indiqué accorder de l’importance aux bulletins de nouvelles locaux. Trois répondants sur cinq (soit 61 p. cent) ont indiqué que les documentaires occupaient une place importante. La moitié ou plus des répondants de l’enquête représentative ont dit apprécier les émissions de divertissement, y compris les drames, les films d’action, les films fantastiques, de science-fiction ou d’horreur (56 p. cent), la musique (52 p. cent) ou les comédies (50 p. cent). » L’étude fait également ressortir le fait qu’une grande proportion de femmes, de Canadiens vivant dans les Maritimes et d’autres Canadiens (de 55 ans et +) apprécie les nouvelles locales, tandis que les Québécois accordent plus d’importance aux documentaires et que les jeunes Canadiens disent être friands de musique et de comédies.

Selon la firme EKOS
  • Des bulletins de nouvelles, plus particulièrement les bulletins locaux, diffusés à la télévision ou à la radio
  • Les drames, documentaires, émissions pour enfants et comédies produits au Canada
  • Le contenu francophone destiné aux Canadiens hors Québec
  • Le contenu destiné aux personnes vivant avec un handicap
  • La musique francophone
  • Le contenu destiné aux membres des Premières Nations et produit par ces derniers
  • Le contenu canadien produit en d’autres langues

La perte de ce contenu limiterait la capacité du système de radiodiffusion d’enrichir et de renforcer la culture, l’identité et la société canadienne ainsi que d’en être le reflet. L’outil interactif présenté ci-dessous permet de constater certains des liens qui existent entre la production de certains types de contenu et les industries et l’écosystème culturels qui assurent le financement de ce contenu.

Quel effet peut avoir l'évolution du marché sur la production télévisée et cinématographique au Canada?

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La présence d'un marché de production en plein essor, au Canada, dépend grandement des revenus découlant des abonnements à la télévision traditionnelle et des recettes publicitaires, dont les télédiffuseurs utilisent une partie pour investir dans leur contenu.

Utilisation : Ajuster les curseurs de revenu généré par les abonnements et des recettes publicitaires pour accroître ou diminuer le pourcentage de revenu passant par le système de radiodiffusion vers la contribution canadienne totale à la production. Veuillez cliquer sur les titres pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de chaque boîte.

Sources : Estimations de Nordicity basées sur les données du CRTC, du BCPAC, du FMC, de Téléfilm Canada, de Radio-Canada/CBC, de Statistique Canada, du budget fédéral de 2018-2019 et de Numeris.

Nota : Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.

Un contenu créé par les Canadiens

Risque no2 : L’appui accordé à la production de contenu vidéo canadien est en baisse
Marché de langue française Marché de langue anglaise Marché de la vidéo

Si l’on s’attarde plus particulièrement aux facteurs économiques liés au contenu vidéo, la baisse de la consommation de la télévision traditionnelle pourrait avoir une incidence sur les systèmes d’appui utilisés pour créer la majeure partie du contenu qu’apprécient les Canadiens. La plupart des services ne sont pas en voie de disparition, mais le déclin des abonnements et les recettes publicitaires moindres signifient que bon nombre des outils législatifs et réglementaires ainsi que des mécanismes d’intervention, comme les exigences à l’égard des dépenses et de la diffusion, les fonds de contribution et les incitatifs fiscaux, perdront de leur efficacité pour ce qui est d’appuyer les objectifs des politiques, comme l’indique l’outil interactif. Ces outils ne sont pas appliqués en ce moment aux services internationaux ou mondiaux en ligne exploités au Canada, ce qui signifie qu’à mesure que les Canadiens se tournent vers ces services en ligne, le fardeau d’appuyer la production de contenu vidéo pourrait reposer plus lourdement sur les services de télédiffusion et les producteurs canadiens, lesquels sont précisément moins en mesure de le soutenir.

« Je crois qu’on ne revient jamais aux services de câblodistribution une fois qu’on les a abandonnés. On ne peut rien (ou presque) au fait que je suis libre de visualiser l’émission qui me plaît sans annonces publicitaires, au moment qui me convient, sans limite et sans temps d’attente. Non, on ne me ramènera pas aux services de câblodistribution. »

Participant au groupe du discussion, Ottawa, traduit (EKOS)

La préoccupation la plus immédiate est que, compte tenu du passage aux services en ligne, le déclin continuel des revenus découlant des abonnements et des recettes publicitaires de la télévision traditionnelle – c’est-à-dire les revenus de radiodiffusion sur lesquels une partie importante du financement actuel est basé – se traduise par la réduction de l’argent disponibles pour la production de contenu canadien. Si les créateurs et les producteurs ne trouvent pas de mode de financement de rechange, moins de contenu sera créé par des Canadiens et ces derniers se reconnaîtront moins dans la culture et les valeurs reflétées dans le contenu. L’incidence de la baisse d’un appui tangible pourrait être amplifiée par la hausse des coûts de production. Le manque de possibilités au Canada pourrait engendrer l’exode des compétences et des talents créateurs canadiens vers d’autres marchés, particulièrement les États-Unis.

Il se pose des risques supplémentaires au sein des marchés de langue française. Bien que la demande de services de télévision (et de radio) traditionnels, ainsi que de contenu connexe, demeure forte pour ces marchés, le nombre total de consommateurs est faible. Or, la portée est essentielle pour la production du contenu sur lequel ces services s’appuient. La perte d’un nombre relativement faible de téléspectateurs peut avoir un impact démesurément grand sur la capacité des Canadiens francophones de produire du contenu francophone. Qui plus est, les services internationaux ou mondiaux en ligne vers lesquels les francophones, plus particulièrement ceux des jeunes générations peuvent être attirés sont principalement des services anglophones, ce qui signifie que les répercussions sont à la fois économiques, sociales et culturelles.

Dans la mesure où des services internationaux ou mondiaux offrent du contenu francophone, peu de contenu est produit par des Canadiens. Même le contenu qui est doublé en français le sera probablement ailleurs qu’au Québec, ce qui peut avoir un impact négatif et considérable sur les téléspectateurs francophones et l’industrie du doublage de cette province.

Possibilité no2 : Démocratiser la production du contenu
Marché de langue française Marché de langue anglaise Marché de l’audio Marché de la vidéo

De nouveaux services en ligne fournissent à davantage de Canadiens des outils et des occasions de faire preuve de créativité dans une mesure sans précédent, ce qui mène à la formation d’un vaste bassin de Canadiens qui possèdent les capacités créatives et les aptitudes techniques voulues pour informer et divertir des auditoires, petits et grands, au sein des collectivités locales, au pays et partout au monde.

Contrairement au contenu créé pour les services traditionnels de radio et de télévision, des Canadiens parviennent à créer du contenu téléversé par l’utilisateur avec relativement peu d’appui de l’industrie ou des gouvernements, bien que, dans certains cas, ce contenu soit acquis par des services en ligne et que d’autres services versent parfois aux créateurs les plus populaires une part des recettes publicitaires. Pour bien saisir tout ce qui est en jeu, il sera nécessaire de veiller à ce que les créateurs canadiens de contenu conservent leurs droits associés à leurs créations et soient en mesure d’exploiter ces droits.

Possibilité no3 : Présence de plus d’acheteurs de contenu
Marché de langue anglaise Marché de l’audio Marché de la vidéo

Les nouvelles technologies et les nouveaux services en ligne créent des possibilités de production de contenu par des créateurs et des producteurs canadiens. Il y a un nombre de plus en plus élevé de fournisseurs de services en ligne et ceux-ci doivent investir dans le contenu pour attirer plus de téléspectateurs. Les services traditionnels, et plus spécialement la télévision, doivent également investir continuellement dans le contenu pour se concurrencer l’un l’autre et faire face aux nouveaux venus. Résultat : des possibilités appréciables pour les créateurs et producteurs canadiens, aguerris ou nouveaux.

Par le passé, les radiodiffuseurs de télévision traditionnelle achetaient une part importante de leur contenu auprès de créateurs et de studios américains. Les coûts de la production de contenu allant croissant, et les producteurs américains et d’autres détenteurs de droits s’étant mis à élaborer des services ou à mettre en place des partenariats pour favoriser le démarchage direct auprès des consommateurs, il pourrait devenir plus coûteux d’acheter les droits de radiodiffusion de contenu étranger au Canada. Les radiodiffuseurs traditionnels pourraient donc devoir mettre davantage l’accent sur du nouveau contenu national.

Élaborer le contenu qui fera fureur à l’avenir nécessitera de nouveaux partenariats, dont bon nombre comprendront probablement des sources internationales de financement de la production. Ce passage, en contrepartie, ouvrira la voie à un nombre plus considérable de marchés pour les créateurs et les producteurs de contenu canadien.

Ces possibilités ne sont pas qu’économiques. La demande de contenu et de nouvelles technologies, associée à des partenariats avec de nouveaux joueurs, pourra également mener à de différents modes de narration et formes de contenu, tout en misant sur des façons novatrices de transmettre notre vécu partout sur la planète. Les créateurs pourront ainsi mettre à profit, dans le cadre d’autres projets, l’expérience qui découle de ces partenariats, ce qui enrichira le processus créatif au sein du marché intérieur.

Risque no3 : Perte potentielle d’un outil promotionnel d’importance pour la musique canadienne
Marché de langue française Marché de langue anglaise Marché de l’audio

Bien que l’importance de la radio au sein de l’industrie de la production musicale canadienne ainsi que son financement aient connu une baisse, la radio demeure un outil précieux pour promouvoir la musique en général et, particulièrement, de nouveaux artistes. Les baisses soutenues du nombre d’auditeurs radio auront probablement un effet négatif sur la valeur de la radio en tant qu’outil promotionnel.

« Je me souviens de l’époque pré-CRTC, lorsqu’il n’y avait aucun règlement sur la diffusion de contenu canadien. Un artiste émergeant devait sortir du Canada pour percer. C’était le seul moyen. Pour percer dans le milieu du divertissement, il ne fallait pas rester au Canada. Mais lorsqu'on a commencé à faire jouer de la musique canadienne à la radio, les artistes sont restés au pays puisqu'on y entendait enfin leur musique et qu'ils pouvaient s'imposer sur le marché canadien. »

Participant au groupe de discussion, Sault Ste. Marie , traduit (EKOS)

Les artistes ont dû modifier leur angle d’approche quant à la promotion de leur contenu, par exemple en accordant une importance accrue aux tournées et à la vente de produits. Les artistes de demain auront vraisemblablement à relever le défi plus complexe de percer et de faire leur promotion par l’intermédiaire des médias sociaux ou en étant inclus dans les algorithmes des listes de lecture des services de diffusion en continu. Ceci dit, recourir aux services Web permet d’avoir accès à des données d’analyse précieuses afin de rallier des partisans et de déterminer de nouveaux marchés propices aux prestations en direct.

Les artistes francophones, dont l’apport à l’industrie est unique et précieux, sont confrontés à un enjeu plus considérable encore. Ils bénéficient certes du soutien considérable de l’industrie solide que représente la radio francophone. Cependant, les baisses d’écoute radio au profit des plateformes Web internationales, à prédominance anglophone, laissent présager un risque imposant auquel faire face, à l’avenir. En outre, les artistes autochtones ou qui composent dans une langue autre que le français ou l’anglais—qui n’ont peut-être pas toujours bénéficié d’un tel soutien de la radio commerciale—pourraient être d’avis que rejoindre les plateformes internationales offre des possibilités non négligeables.

Comment les changements dans les revenus de radiodiffusion pourraient-ils influer sur les contributions financières utilisées pour le développement de créations orales et de contenu musical canadiens?

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Une part des revenus de la radio AM/FM et satellite sont consacrés au développement de contenu canadien (DCC) et aux redevances. Ces contributions financières appuient la croissance et de développement de l’industrie de la musique canadienne.

Utilisation : Ajustez le curseur Radiodiffusion pour augmenter ou diminuer le pourcentage de revenus de la radio, et voir comment celui-ci a des répercussions sur le soutien à l’industrie de la musique. Veuillez cliquer sur les titres pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de chaque boîte.

Sources : Données recueillies par le CRTC; états financiers de Sirius XM Canada mis à la disposition du public (disponible en anglais seulement); Commission du droit d’auteur Canada; SOCAN; RSC 2017, FACTOR (disponible en anglais seulement) et rapports annuels de MUSICACTION, 2016-2017; Ministère du Patrimoine canadien.

Nota : Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.

Modèles de distribution des programmes canadiens

Risque no4 : Nouvelles attentes
Marché de langue française Marché de langue anglaise Marché de l’audio Marché de la vidéo

L’accès amélioré à Internet et la création d’une vaste gamme de services Internet signifient que la population canadienne a accès à un contenu pratiquement illimité, ce qui a créé de nouvelles attentes pour les Canadiens. Ils veulent accéder à n’importe quel contenu, n’importe quand et n’importe où, et ils s’attendent à ce que ça ne leur coûte pas grand-chose, voire rien du tout, même s’ils auront probablement à dépenser plus de temps et d’énergie pour trouver les divers services qui fournissent un tel contenu.

« [L]es Canadiens qui visionnent une certaine quantité de contenu en ligne indiquent qu'Internet leur offre accès au contenu souhaité (45 p. cent, ce qui comprend ceux qui y font référence en tant que raison première ou secondaire) ou leur offre la commodité de l'emplacement de visionnement (raison première citée par 43 p. cent des répondants). Pouvoir accéder au contenu n'importe quand et pouvoir explorer de nouveaux contenus en ligne sont des facteurs clés pour un tiers des répondants (38 p. cent et 34 p. cent respectivement, en tenant compte des raisons première et secondaire). La troisième raison qui motive à visionner du contenu en ligne est le coût des services, ce que soulignent 18 p. cent des répondants, incluant ceux qui y font référence en tant que raison première ou secondaire. »

Pour ce qui est des consommateurs de contenu audio en ligne, EKOS a constaté que « la raison première citée par les participants au groupe de réflexion est la possibilité d'écouter n'importe quoi, n'importe quand et n'importe où, faisant ressortir l'importance de pouvoir personnaliser le contenu, selon des conditions flexibles et au gré de son horaire. »

Selon la firme EKOS

Ces attentes exercent une pression énorme sur les modèles de distribution de la programmation actuels et sur ceux à venir, ce qui peut contribuer au vol ou au piratage de contenu.

« Je n'utilise pas les stations radio disponibles sur mon téléphone puisque, en matière de diffusion en continu, on a accès à tout (en ligne). On peut télécharger n'importe quoi sur Google Play ou Apple Store. Puis, tout est disponible sur YouTube. On choisit quelque chose et voilà! On peut dresser ses propres listes de lecture; pas besoin de laisser quelqu'un le faire pour nous. »

Participant au groupe du discussion, Halifax, traduit (EKOS)

Pour avoir accès au contenu désiré, les Canadiens s’attendent aussi à jouir d’un service Internet abordable et de haute qualité. Pour l’instant, les Canadiens sont prêts à payer pour accéder à Internet, ce qui se voit par l’accroissement des dépenses reliées à l’accès à Internet. Toutefois, ils sont frustrés par la hausse des coûts et la lenteur du déploiement des services Internet haute vitesse.

« Là où vivent mes parents, il n'y a pas d'accès Internet; impossible d'en avoir. Est-ce préoccupant? Assurément! Sans Internet, les possibilités de visionnement sont réduites de moitié, on ne peut pas aller sur le Web, on ne peut rien faire. »

Participant au groupe du discussion, Vancouver, traduit (EKOS)

Lorsqu’aucun service Internet à large bande n’est disponible, les Canadiens qui créent ou souhaitent créer du contenu voient leurs possibilités limitées.

Risque no5 : Disparition possible du marché des droits canadiens distincts
Marché de langue anglaise Marché de la vidéo

Les profits générés par des émissions non canadiennes (surtout en provenance des États-Unis) servent à subventionner de façon indirecte les émissions canadiennes. Cette dépendance à la subvention indirecte est à double-tranchant, par contre, car bien qu’elle soutienne la production d’émissions canadiennes, la rentabilité de l’utilisation d’émissions non canadiennes incite les télédiffuseurs à laisser de côté les émissions canadiennes.

À l’avenir, il est possible que les acteurs non canadiens du marché rejoignent directement les consommateurs canadiens et évitent tout bonnement le système national. Par conséquent, il se peut que des droits canadiens séparés ne soient pas acquis par les télédiffuseurs canadiens, ce qui anéantirait un soutien économique considérable à la production canadienne. Les télédiffuseurs canadiens qui souhaiteraient acquérir les droits de diffusion de ces émissions entreraient en compétition directe avec les acteurs nationaux et internationaux du marché en vue d’obtenir les droits en Amérique du Nord, voire dans le monde, ce qui coûterait plus cher et serait plus compliqué à exploiter adéquatement. Certaines preuves démontrent que cette situation commence déjà à se produire. Cependant, les relations d’affaires de longue date et les accords à long terme sur la fourniture de contenu entre ces détenteurs de droits américains et leurs partenaires mondiaux pourraient retarder cette pratique.

Données

Possibilité no4 : Comprendre le public par l’entremise des données
Marché de langue française Marché de langue anglaise Marché de l’audio Marché de la vidéo

Il est possible de recueillir des données détaillées sur le contenu visionné par les Canadiens et les méthodes de visionnement grâce à de nouveaux services en ligne. Les données recueillies offrent l’occasion rêvée d’accroître la qualité et la valeur du contenu destiné aux Canadiens, d’en faire la promotion et d’en faciliter la découverte plus efficacement, de mettre sur pied de nouveaux types de contenu et de distribuer ce contenu de la façon la mieux adaptée à la population canadienne. Les données d’analyse recueillies auprès de services audio en ligne permettent de gagner des adeptes et de cerner des endroits favorables à l’organisation de concerts, par exemple. Celles qui sont recueillies auprès de services vidéo en ligne sont tout aussi utiles pour déterminer d’où vient la demande ou l’intérêt pour des produits et comment distribuer et promouvoir idéalement le contenu.

La plupart des données sur la consommation demeurent néanmoins propriété exclusive des services. Il faudra travailler conjointement, à l’échelle de l’industrie, pour tirer pleinement profit de cette possibilité de bénéficier de renseignements clés sur l’auditoire pour tous les services et d’accroître la valeur et la fiabilité des données.

Risque no6 : Mauvaise utilisation des données
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L’élaboration de services en ligne de ce genre mène aussi à la mauvaise utilisation des données—par exemple, en portant atteinte à la vie privée des Canadiens—surtout lorsqu’elles sont recueillies sans la permission des utilisateurs ou sans qu’ils le sachent. Les données peuvent aussi servir à des fins de désinformation ou de manipulation au moyen du partage d’information erronée, ce qui peut avoir un effet néfaste sur les procédés démocratiques, les relations avec autrui et la vision qu’ont les Canadiens du monde.

Nouvelles réalités

Possibilité no5 / Risque no7 : Nouvelles réalités
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Certains changements ne sont tout simplement pas prévisibles. Une multitude de nouveaux modèles de distribution de contenu a été mise sur pied par l’entremise d’Internet, et avec eux de nouvelles méthodes de production, de promotion, de distribution et de consommation de contenu, ainsi que de nouveaux types de contenu. Il y aura assurément d’autres possibilités et de risques impossibles à prévoir. Les conditions idéales devront donc déjà exister pour favoriser l’innovation.

Néanmoins, il est possible de voir venir certains changements. Les progrès en matière de technologie de compression audiovisuelle permettront aux Canadiens d’avoir accès à un nombre accru de contenus de qualité constamment supérieure tout en réduisant l’utilisation de bande passante. De façon similaire, l’accès à un service Internet et à des services de données plus rapides et de meilleure qualité sera petit à petit offert à un nombre grandissant de Canadiens.

Les algorithmes et les systèmes d’intelligence artificielle guideront vraisemblablement les Canadiens pour ce qui est du choix de contenu et seront des outils clés pour la promotion et la découvrabilité des contenus. Les systèmes du genre influenceront non seulement la découverte du contenu, mais aussi ce qui est produit, comment et par qui.

Les tensions entourant les technologies qui protègent le contenu et celles qui en volent perdureront fort probablement.

Enfin, comme il ressort de la conclusion du rapport , il existe un risque important : le cadre législatif et réglementaire actuellement en place au Canada ne s’adapte pas facilement à la réalité changeante. Quoi qu’il arrive, nous aurons besoin d’outils plus novateurs et flexibles pour faire face aux risques que présente le progrès technologique ayant une incidence sur les marchés de la vidéo et de l’audio.