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Résumé des conclusions
Dans l’ensemble, le Canada semble être l’un des rares pays (avec les États-Unis, la France, l’Allemagne et la Suède) à offrir le services de relais vidéo (SRV) 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année. D’autres pays proposent le SRV pendant une période limitée dans la journée ou la semaine, et il est souvent indisponible la fin de semaine et les jours fériés. En outre, le SRV du Canada est disponible sur demande (pas besoin de le réserver), ce qui offre un niveau de flexibilité relativement élevé à ses utilisateurs par rapport à d’autres pays où les heures de service sont plus limitées. De même, le Canada semble bien faire en assurant la priorité des appels d’urgence au 9-1-1, contrairement à d’autres pays.
Actuellement, il ne semble pas y avoir de norme commune pour permettre aux personnes s/sourdes de contacter les services d’urgence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année par l’intermédiaire du SRV. Les options fondées sur le texte sont souvent présentées comme les plus fiables et les plus constamment disponibles, malgré les difficultés que les personnes s/sourdes peuvent avoir à utiliser le texte dans des situations d’urgence. Aux États-Unis, tous les fournisseurs agréés par la FCC sont tenus d’offrir un service 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec une priorité pour les appels au 9-1-1. En effet, notre recherche révèle que plusieurs anciens fournisseurs de SRV enfreignaient les règles de la FCC, la réglementation ainsi que la loi sur les communications en vigueur pendant la période de 2010 à 2013. Cela a conduit à la fermeture ou à la cessation de la prestation du SRV. Il semble que la FCC ait mis en application une réglementation visant à améliorer la qualité et l’équité du SRV aux États-Unis.
En comparaison avec le Canada, nous avons constaté que les États-Unis offrent un plus vaste choix de fournisseurs de SRV accessibles aux consommateurs. Il semble que ces fournisseurs s’efforcent d’améliorer leurs technologies pour les applications des SRV tant matérielles que logicielles. Malka Communications, Purple/ZVRS et Sorenson sont au premier plan de ces avancées technologiques, lesquelles comprennent diverses options pour la notification des appels entrants avec des sonneries lumineuses multicolores et des voyants clignotants Bluetooth. Convo Relay offre des options compétitives en mettant l’accent sur la responsabilité sociale des entreprises pour soutenir les communautés de personnes sourdes et malentendantes. Son application « axée sur les signes » présente des caractéristiques et des capacités intrigantes.
En Europe, les fournisseurs de SRV que nous avons étudiés utilisent la norme de conversation totale et, d’après la récente recherche sur l’opinion publique au Canada, les Canadiens s/sourds préfèrent nettement les plateformes qui fonctionnent selon cette norme. Le secteur de la normalisation des télécommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT-T) a défini le service de conversation totale comme un service de conversation audiovisuelle fournissant un transfert bidirectionnel, symétrique et en temps réel de vidéo animée, de texte et de voix entre des utilisateurs situés à deux ou plusieurs endroits (UIT-T, 2000; 2018). La conversation totale permet aux gens de choisir de communiquer avec n’importe quelle combinaison de ces trois modes en temps réel. Elle constitue une application des principes de conception universelle, qui favorise la communication entre un vaste éventail de personnes. IVès, nWise et Omnitor font partie des entreprises qui ont opérationnalisé la conversation totale sur leurs plateformes numériques (IVès, 2021; nWise 2020d; Omnitor AB 2020). MMX est la plateforme largement utilisée par les SRV européens que nous avons explorés.
En outre, le Canada performe bien en matière de prestation du SRV, tant pour un usage personnel que pour un usage professionnel. D’autres pays (France, Allemagne) offrent un SRV plus complexe qui n’est disponible que par l’intermédiaire d’entreprises et d’organismes abonnés. Toutefois, comme dans d’autres pays, tels que les États-Unis, les Canadiens peuvent être limités dans leur accès au SRV selon leur accès aux technologies de communication ou à Internet. L’accès peut également dépendre de la capacité d’une personne à payer pour le téléphone et Internet, ou de l’infrastructure téléphonique et Internet disponible dans certains lieux géographiques. En comparaison, l’offre suisse exige un service universel de télécommunication fourni à des prix abordables dans toutes les régions du pays.
Plusieurs fournisseurs proposent des aides et des services pour le SRV et l’IVD sur le lieu de travail, dans les écoles et dans d’autres organisations. Ces services témoignent des efforts déployés pour promouvoir une communication plus accessible et plus inclusive entre les entreprises, les organisations et les personnes s/sourdes et malentendantes. Certains fournisseurs, notamment en Europe, fournissent le SRV exclusivement aux entreprises et aux organisations et facturent des frais d’abonnement. Le Royaume-Uni et la France, entre autres, accordent une importance considérable au financement privé comme source de revenus pour le financement du SRV. Les exceptions pour l’accès au financement public obligent les personnes à demander une aide gouvernementale, de sorte que le SRV peut être utilisé pour aider une personne à obtenir ou à conserver un emploi. Dans ce cas, les ministères responsables des services de l’emploi ont un rôle important à jouer dans le financement, selon les besoins individuels, des personnes admissibles. Cela signifie que les personnes s/sourdes peuvent, en fait, être exclues de l’utilisation des services d’entreprises et d’organisations non abonnées, à moins que ces personnes ne paient elles-mêmes le SRV ou et l’IVD.
Au Canada, le SRV, l’IVD et le MRS sont offerts comme des services distincts. Dans certains autres pays, ces services sont offerts par les mêmes fournisseurs, ce qui augmente l’accessibilité et le choix de multiples modes de communication pour les utilisateurs. Par exemple, en Australie, tous les services de relais sont fournis par le National Relay Service (NRS) et sont assurés par Concentrix Pty Ltd. Aux États-Unis, Purple Communications offre une gamme de services (y compris l’IVD), tout comme New Zealand Relay en Nouvelle-Zélande, Procom en Suisse et tous les fournisseurs au Royaume-Uni.
Certains pays, comme l’Allemagne, font une distinction claire entre le SRV et l’IVD et n’accordent un financement public que pour le SRV. L’objectif déclaré est de faciliter les conversations téléphoniques pour les personnes s/sourdes. Les obligations de l’État commencent et se terminent par la facilitation de l’accès à la communication entre les interlocuteurs par le système téléphonique. Cependant, d’autres pays comme la Nouvelle-Zélande ne tracent pas de frontières nettes autour du SRV et de l’IVD, sachant que dans certaines situations, le SRV est le moyen le plus approprié pour les personnes s/sourdes de communiquer avec d’autres personnes et que dans d’autres situations, l’IVD est plus appropriée. Dans ce deuxième cas, l’objectif est plus largement défini comme étant la responsabilité de l’État de faciliter la participation égale des personnes s/sourdes à la communication, quelles que soient les situations dans lesquelles elles se trouvent.
Sur le plan des coûts, le SRV canadien est financé à l’échelle nationale par les fournisseurs de services de télécommunication (FST) par l’intermédiaire du Fonds de contribution national. Cela signifie que le coût de l’utilisation du SRV n’est pas facturé à l’appelant. Ce modèle est similaire aux modèles de financement des États-Unis et de l’Australie. La Nouvelle-Zélande et la Suède n’imposent aucun coût à l’utilisateur du SRV. Le SRV en Nouvelle-Zélande est financé par le gouvernement néo-zélandais par l’intermédiaire du ministère du Commerce, de l’Innovation et de l’Emploi.
Dans d’autres pays (France, Royaume-Uni, Allemagne), le SRV est payé par les entreprises et les organisations abonnées qui peuvent exiger des frais d’abonnement au service. Cela signifie que la communauté des personnes sourdes, malentendantes et des personnes souffrant de troubles de la parole ne peut communiquer par le SRV qu’avec les entreprises et les organismes qui paient pour le SRV. L’étendue de l’accès au SRV dépend donc de la capacité des fournisseurs individuels à vendre et à maintenir des abonnements. En comparaison, le Canada réussit bien à éviter de tels obstacles potentiels à l’accès.
Quant à savoir qui paiera pour le SRV et l’IVD, il faut déterminer si les personnes s/sourdes ont droit à un tel service qui sera fourni ou financé par le secteur public. Si elles ont clairement droit au service et à son financement, ils peuvent alors exercer de nombreux autres droits et exploiter de nombreuses possibilités. Si, au contraire, elles n’ont pas clairement droit à un SRV ou à une IVD qui est largement accessible et financée par le secteur public, il devient alors difficile pour elles d’exercer d’autres droits et de tirer le meilleur parti des possibilités qui leur seraient autrement plus ouvertes.
Globalement, il existe des limites autour du SRV dans plusieurs pays. Cela signifie qu’il y a des limites à la disponibilité et à l’accessibilité du SRV pour les communautés de personnes sourdes et malentendantes. Ces limites se voient dans les situations d’urgence, les heures de disponibilité, l’accès aux personnes, la durée de l’appel, etc. Notre recherche indique que seule la Finlande PEUT offrir un choix d’interprète; cependant ce pays ne semble pas offrir le SRV, seulement l’IVD. Une recherche plus approfondie pourrait permettre d’explorer les possibilités de choisir un interprète pour l’IVD, le cas échéant.
Dans tous les pays étudiés pour ce projet, les langues autochtones et des dialectes locaux et régionaux ne sont pas bien pris en charge par les fournisseurs de SRV. Cela témoigne d’un manque de services et de soutien pour les diverses communautés de personnes handicapées, s/sourdes, malentendantes et sourdes et aveugles. Nous avons également constaté que les possibilités de choisir des interprètes étaient limitées. Cela indique que les utilisateurs du SRV ont un choix limité pour communiquer avec des interprètes qui correspondent à leurs expériences, à leurs identités sociales et à leurs styles de communication. Cela indique également un pouvoir social limité parmi les utilisateurs du service. Dans plusieurs pays (pas au Canada), ce pouvoir est encore plus limité à cause que les heures de service le sont elles aussi. Notre recherche révèle un besoin général d’améliorer le pouvoir et le contrôle des utilisateurs sur le SRV afin de réaliser progressivement leur droit de communiquer sur un pied d’égalité avec les autres.
Alors que SRV Canada contribue à faire connaître le SRV et à aider les clients à utiliser l’application, les fournisseurs d’autres pays offrent des services de sensibilisation plus larges pour promouvoir les entreprises appartenant à des personnes sourdes et sensibiliser la population aux besoins et aux intérêts de la communauté sourde. Par exemple, Convo Relay aux États-Unis est une entreprise appartenant à des personnes sourdes qui crée des liens avec la communauté sourde en donnant accès à des ressources aux entreprises appartenant à des personnes sourdes, aux professionnels sourds et à d’autres organisations pour les personnes sourdes.
Les services innovants comprennent ceux qui sont gérés par et pour les communautés de personnes s/sourdes, sourdes et aveugles et malentendantes. Par exemple, InterpreterNow est une entreprise sociale qui réinvestit ses bénéfices dans la communauté sourde; elle appartient à Sign Language Interactions qui est une filiale de Sorenson Communications aux États-Unis, spécialisée dans les services de communication pour les personnes s/sourdes. Certains de ces fournisseurs (p. ex., InterpretersLive! et SignVideo au Royaume-Uni, Malka Communications aux États-Unis) proposent également des formations de sensibilisation à la surdité pour mieux faire connaître les besoins et les intérêts des communautés s/sourdes et malentendantes. Ces fournisseurs semblent avoir un esprit de communauté et de responsabilité sociale. De plus, ils montrent qu’il existe un lien entre la communication par le SRV et l’accessibilité dans la société – deux choses inextricablement liées.