La large bande entre les lignes : les politiques sur les bibliothèques de l’Alberta dans le développement provincial de la large bande

Auteur : Dana Louise Cramer

Université d’attache : Département des communications, des médias et du cinéma, Université de Calgary

Niveau d’études : Candidate à la maîtrise ès arts – études en communications et en médias

Résumé

Le présent article examine la grande qualité du service de l’infrastructure à large bande en fibre optique dans la province de l’Alberta. Les faits exposés dans cet article tendent à confirmer que les stratégies à l’échelle provinciale relatives à l’infrastructure de distribution de services Internet sont avantageuses pour la connexion d’utilisateurs finals dans les régions rurales et urbaines, ce qui assure une égalité d’accès aux services Internet. Cette étude révèle la façon dont les services publics comme les bibliothèques et leurs politiques connexes peuvent contribuer au développement de projets provinciaux d’infrastructure de distribution de services Internet, comme il a été observé dans le cas d’étude du réseau SuperNet de l’Alberta. Toutefois, ces politiques qui mènent à des projets d’infrastructure à large bande à grande échelle pourraient ne pas donner lieu à une grande pénétration du marché bénéficiant à de nombreux ménages, mais déterminent les façons dont les grands projets d’infrastructure de télécommunications permettent à d’autres technologies de tirer parti de l’infrastructure de base existante.

Mots clés : large bande; études sur l’infrastructure de télécommunications; SuperNet d’Alberta; infrastructure Internet sans fil; Libraries Act de l’Alberta; Librairies Regulation de l’Alberta; connectivité du dernier kilomètre

Liste d’abréviations

CRTC
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes
LAN
Ligne d’abonné numérique
ASFF
Accès sans fil fixe
Go
Gigaoctet
Gbps
Gigabits par seconde
FSI
Fournisseur de services Internet
UIT
Union internationale des télécommunications
LTE
Évolution à long terme
OCDE
Organisation de coopération et de développement économiques
Contournement
Mbps
Mégabits par seconde
QS
Qualité du service
SLBRRE
Systèmes à large bande dans les régions rurales ou éloignées

En 2018, l’Union internationale des télécommunications (UIT), qui est l’organisme de réglementation international des technologies et des télécommunications et la division des technologies de l’information et des communications des Nations Unies, a précisé dans son rapport Measuring the Information Society Report: Volume 1 que les gouvernements partout dans le monde doivent continuellement mettre à jour leur infrastructure technologique et leurs stratégies et leurs lois de littératie numérique afin de veiller à ce que les citoyens, quels que soient leur âge, leurs capacités ou leur sexe, aient les possibilités technologiques nécessaires pour prospérer dans des marchés du travail nouveaux et existants qui sont de plus en plus avancés sur le plan numérique (Union internationale des télécommunications, 2018). Toutefois, ce sujet de l’importance de politiques sur l’infrastructure numérique n’a pas seulement été souligné sur la scène internationale. Également en 2018, le vérificateur général du Canada a publié un rapport sur la connectivité Internet au Canada dans les régions rurales et éloignées du pays et a recommandé qu’une stratégie nationale pour les services à large bande soit nécessaire pour un environnement numérique en constante évolution (vérificateur général du Canada, 2018). Faisant face aux recommandations relatives au contexte international et national, le présent article cernera l’infrastructure numérique de base de grande qualité du service, consistant en des technologies à large bande en fibre optique, nécessaire pour répondre à la demande actuelle en matière de données des Canadiens. De plus, cet article indiquera les politiques provinciales, précisément au moyen d’une étude de cas de l’Alberta, qui pourraient aider au développement de ces projets d’infrastructure à grande échelle pour connecter tous les Canadiens à Internet.

Au Canada, deux politiques fédérales sont directement liées à l’infrastructure Internet. Celles-ci comprennent la Loi sur les télécommunications et la Loi sur la radiocommunication. La Loi sur les télécommunications englobe toutes les questions liées au Canada et à la téléphonie, aux licences de services de télécommunication internationale, aux licences de câble sous-marin international, aux personnes qui doivent avoir la capacité de recevoir des services de télécommunications (tous les Canadiens), aux entités qui peuvent vendre ces services de télécommunications et, en général, à la façon dont les télécommunications doivent être au service du bien commun de tous les Canadiens pour être en mesure de se connecter les uns aux autres et avoir une souveraineté culturelle au moyen de cette connexion (Loi sur les télécommunications, 1993). La Loi sur la radiocommunication, toutefois, ne contient pas les mêmes distinctions culturelles que la Loi sur les télécommunications et est plutôt rédigée de façon à garantir que le précieux spectre de radiofréquences, un aspect clé de l’infrastructure de distribution de services Internet actuelle à l’échelle mondiale pour la connectivité Internet sans fil, n’est pas utilisé à mauvais escient par des exploitants de radios non autorisés (Loi sur la radiocommunication, 1985).

Comme il a été mentionné précédemment, le présent article se concentrera sur l’examen de l’infrastructure en fibre optique comme infrastructure de base principale; cependant, il y a quatre principales infrastructures à large bande. Ces dernières comprennent l’infrastructure de câbles de fibres, l’infrastructure de câbles de cuivre, l’infrastructure de services sans fil mobiles et l’infrastructure satellitaire. Les tours sans fil et les câbles de fibres et de cuivre représentent ce qu’on appelle les infrastructures « fixes » de distribution de services Internet, en ce sens qu’ils sont des tours et des câbles établis physiquement qui doivent se connecter à une résidence, à une institution publique ou à une entreprise donnée (vérificateur général du Canada, 2018; Nuechterlein et Weiser, 2013, p. 178-180). Les infrastructures de services sans fil mobiles et satellitaires sont considérées comme des infrastructures Internet mobiles, en ce sens que des câbles physiques ne sont pas installés, ce qui facilite la configuration, car les utilisateurs finals se connectent à Internet au moyen de transmissions par ondes électromagnétiques, appelées spectre des radiofréquences (Nuechterlein et Weiser, 2013, p. 86). Les services Internet sans fil et par satellite nécessitent l’achat de licences d’utilisation du spectre, cet achat étant effectué sous forme d’enchères de spectres au Canada (Taylor, 2013), et pour une infrastructure de services sans fil, une tour sans fil fixe est nécessaire pour transporter les services Internet aux personnes résidant dans le rayon donné de la tour (vérificateur général du Canada, 2018; Nuechterlein et Weiser, 2013, p. 81-125). Avec toute cette infrastructure de distribution de services Internet, pourquoi un examen de l’infrastructure est-il important? Oui, il y a un avantage commercial très important lié à la fourniture de services Internet, notamment le fait que les utilisateurs finals ordinaires téléchargent de la musique et des films, cliquent sur « j’aime » dans des publications qu’ils voient dans les plateformes de médias sociaux, envoient des courriels, entre autres choses. Toutefois, comme il a été mentionné précédemment, selon le rapport Measuring the Information Society Report: Volume 1 de l’UIT, il y a une conséquence économique pour les personnes qui n’ont pas accès aux services de distribution Internet, car de plus en plus d’emplois subissent divers degrés de numérisation (p. ex., envoyer par courriel des fichiers PDF à des collègues).

Comme on peut le constater dans le rapport de l’UIT et le rapport du vérificateur général du Canada mentionné précédemment, l’accès et la connectivité Internet ne sont pas que des moyens de se connecter à du divertissement, ils ont un effet d’entraînement sur les moyens de subsistance des résidents. C’est pourquoi il est important, dans le cadre de l’étude de l’accès Internet (c’est-à-dire, l’infrastructure de distribution Internet), de rendre accessible aux citoyens, aux résidents permanents et aux visiteurs cette première étape : l’accès. Star (1999) discute de l’importance d’études sur l’infrastructure, même avec leur « caractère ennuyeux », dans le domaine du travail technique, car l’importance de ces études réside dans des sujets qui ne sont pas grand public et qui peuvent plutôt se trouver dans des contextes semi-privés (p. 378). Elle fait remarquer qu’il est important d’examiner l’infrastructure, car le discours politique subséquent découle des origines de cette infrastructure, conformément à sa citation [traduction] « Si vous étudiez un système d’information et que vous négligez ses normes, ses fils et ses paramètres, vous omettez des aspects tout aussi essentiels sur le plan de l’esthétique, de la justice et du changement » (Star, 1999, p. 379). Matten (2015) discute d’aspects similaires dans un contexte historique urbain, en ce sens qu’il est important d’examiner l’infrastructure médiatique, car les espaces urbains au cours de l’histoire ont été conçus afin de rendre la communication entre les personnes et les parties plus efficace. C’est pour cette raison, explique-t-elle, que les travaux sur l’infrastructure sont importants, car la découverte du passé mènera à la compréhension du présent et de l’avenir en ce qui concerne l’infrastructure médiatique, et que, plus précisément, la cyberinfrastructure a tendance à être négligée (Matten, 2015). C’est pourquoi le présent article porte sur l’examen d’un aspect de la cyberinfrastructure, c’est-à-dire l’infrastructure de distribution de services Internet/à large bande, pour déterminer la façon dont ce domaine négligé des études en communications et en médias se rapporte au discours économique, social et politique dans la société canadienne.

Revue de la littérature

Pour le Canada, comme pour de nombreux autres pays, la majorité des citoyens résident dans des villes. Les régions urbaines comportent de nombreux avantages relativement à l’accès aux ressources, car il y a une grande population de personnes qui sont disponibles pour dépenser de l’argent à proximité les uns des autres. Le fait que la population donnée a une forte densité est particulièrement souhaitable pour les industries comme l’industrie des télécommunications, car leurs services sont plus profitables lorsque leurs clients habitent près les uns des autres. La loi de Sarnoff indique que [traduction] « la valeur du réseau est proportionnelle au nombre de ses utilisateurs » (Gunasekaran et Harmantzis, 2007, p. 29). Au moment de l’élaboration de sa loi, David Sarnoff discutait de la télédiffusion (Westland, 2010), toutefois, sa loi peut également s’appliquer à d’autres formes de télécommunications, étant donné que des économies d’échelle et la densité lorsque des services de télécommunication sont desservies dans des zones à forte densité donneront lieu à un rendement supérieur du capital investi sur les coûts initiaux (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 8 et 9). Cela est toutefois problématique pour les localités rurales qui n’ont pas la densité de population nécessaire pour avoir des réseaux de télécommunication profitables, car ils n’ont pas autant de résidents à proximité les uns des autres pour que cela soit profitable pour les entreprises de télécommunications (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 10).

Au Canada, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a établi des objectifs selon lesquels tous les ménages et bureaux canadiens devraient être en mesure d’avoir accès à des vitesses de 50 mégabits par seconde (Mbps) pour le téléchargement et de 10 Mbps pour le téléversement, quel que soit leur emplacement géographique, urbain ou rural (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 2018). Pour conceptualiser, toutefois, cela signifie que dans un ménage, deux personnes pourraient visionner des vidéos de qualité ultra haute définition (HD) diffusées en continu à partir d’un service de contournement comme Netflix en même temps, mais aucune autre consommation Internet ne pourrait avoir lieu pendant ces diffusions en continu, car elles atteindraient les 50 Mbps alloués, puisque chaque vidéo de qualité ultra HD diffusée en continu nécessite une vitesse de téléchargement de 25 Mbps (Netflix, s.d.). Il est à noter qu’il n’est pas nécessaire que toute la diffusion en continu soit faite en qualité ultra HD; toutefois, cet exemple établit un contexte pour les vitesses et l’utilisation d’Internet. Cela montre que la vitesse de téléchargement de 50 Mbps attribuée par le CRTC n’est pas raisonnable pour une décision de politique, car les Canadiens utilisent Internet de plus en plus pour obtenir des services liés au divertissement, aux affaires et à l’éducation (Rajabium et Middleton, 2013). De plus, les fournisseurs de services Internet (FSI) indiquent dans leur matériel promotionnel que leurs réseaux peuvent atteindre des vitesses de téléversement et de téléchargement allant jusqu’aux maximums précisés, toutefois, cela pourrait ne pas réellement être le cas, puisque ces vitesses varieront selon le nombre de personnes sur le réseau. Par exemple, il y aura un plus grand nombre de personnes sur le réseau en soirée qu’en pleine nuit (Middleton, 2017; Rajabuin et Middleton, 2013; Rajabuin et Middleton, 2018). La question se pose alors, à savoir quelles sont les meilleures technologies d’infrastructure d’accès Internet pour atteindre des vitesses et une consommation Internet plus élevées et si ces technologies sont facilement accessibles pour tous les Canadiens. La politique du CRTC indique clairement qu’il y a des vitesses de téléversement et de téléchargement obligatoires pour chaque Canadien, qu’il réside à Toronto, dans une petite ville rurale en Saskatchewan ou dans une région éloignée sur l’île de Baffin. Par conséquent, il faut être en mesure d’utiliser ces technologies qui atteignent les vitesses requises dans des régions urbaines, rurales et éloignées.

Les différentes technologies et les répercussions politiques

Il y a quatre différents types de technologies de distribution de services Internet, chacun ayant diverses capacités pour atteindre les vitesses de téléchargement de 50 Mbps. Les technologies en fibres, en cuivre, sans fil et satellitaires ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients en ce qui concerne leur capacité de fournir aux Canadiens une connexion Internet forte et sont utilisées de façon complémentaire selon la région. Actuellement, les fils en cuivre, qui constituaient les premières infrastructures de télécommunication (Fischer, 2011), sont remis en état de leur utilisation initiale en téléphonie pour être utilisés aux fins de distribution de services Internet (Kateeb, Burton, Peluso, Chopade, et AlOtaibi, 2013). Parmi les quatre technologies de distribution de services Internet, la fibre est la plus rapide, ayant la capacité de transmettre les données à la vitesse de la lumière (Middleton, 2016).

Dans leur article, Kateeb et coll. (2013) soutiennent que même si la fibre est l’infrastructure de distribution de services Internet la plus rapide, ses coûts de mise en œuvre l’emportent largement sur ses avantages. Ils expliquent comment les facteurs économiques du développement de l’infrastructure Internet sont les facteurs les plus importants au moment de planifier les nouveaux réseaux (Kateeb et coll., 2013). Essentiellement, les questions sociales et politiques ne sont pas si importantes que les déterminants économiques. Cette position est également appuyée par d’autres auteurs qui reconnaissent qu’il y a des avantages économiques de poursuivre un réseau en cuivre plutôt que de mettre à niveau avec la fibre (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 179-180).

Bien que Neuchterlin et Weisner (2013) s’accordent pour dire qu’il y a des avantages économiques à continuer à utiliser l’infrastructure en cuivre et à ne pas avoir à construire un nouveau réseau, ils reconnaissent toujours que la fibre est la meilleure infrastructure de distribution de services Internet et font remarquer que la remise en état continuelle des fils en cuivre pour répondre à la demande actuelle en matière de données pourrait s’avérer problématique à l’avenir, mais qu’elle est économiquement viable actuellement (p. 179-180). Le caractère problématique de la remise en état des câbles est également brièvement souligné par Rajabuin et Middleton (2013) et Middleton (2016).

Dans leur article, Rajabuin et Middleton (2013) examinent la façon dont les politiques provinciales pourraient mener à des technologies d’infrastructure Internet de meilleure qualité du service (QS) parce que les provinces ont plus d’intérêt à fournir des services à large bande de QS plus élevée, étant donné que les provinces s’occupent également d’autres services publics. Ils font remarquer que le Canada a une vaste couverture de la large bande, mais a une faible QS, ce qui constitue un enjeu pour les utilisateurs finals en ce qui concerne leur exclusion de l’économie numérique. Selon Rajabuin et Middleton (2013), les provinces et les municipalités sont en mesure d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques pour avoir une infrastructure de base de QS élevée (les câbles principaux qui connecteront une région géographique à Internet plutôt que de connecter uniquement les utilisateurs finals) qui pourra ensuite être construite en fibre afin de veiller à ce que l’infrastructure de base ne devienne pas désuète, car la fibre est l’infrastructure de distribution de services Internet la plus rapide.

Kateeb et coll. (2013), Neuchterlin et Weisner (2013), Rajabuin et Middleton (2013) et Middleton (2016) déterminent tous que l’infrastructure en fibre est la technologie de distribution de services Internet la plus solide. Tandis que Kateeb et coll. (2013) et Neuchterlin et Weisner (2013) désignent le coût comme étant une limite du déploiement de la fibre et suggèrent de faire la remise en état des fils en cuivre, Rajabuin et Middleton (2013) et Middleton (2016) soutiennent fermement que le plus important pour l’infrastructure Internet est de jeter les bases (l’infrastructure de base) avec la meilleure technologie, soit la fibre. Comme il a été précisé précédemment, les technologies sans fil et satellitaires font également partie du portrait de l’infrastructure de distribution de services Internet et seront examinées par la suite.

Les technologies sans fil et satellitaires utilisent tous deux des ondes électromagnétiques situées sur différentes fréquences du spectre de radiofréquences pour ensuite avoir des paquets de données qui transmettent du contenu vers l’utilisateur final (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 83-125). Elles utilisent diverses bandes passantes du spectre de radiofréquences, car leurs services sont mieux utilisés en fonction de facteurs comme des montagnes et des arbres (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 90-106; Scheibe, Carstensen, Rakes, et Rees, 2006; Taylor, 2018). Les technologies actuelles du spectre de radiofréquences ont des vitesses de téléversement et de téléchargement moins élevées que les câbles en fibre mentionnés précédemment, mais sont toutefois en mesure de couvrir de grandes zones à moindre prix en raison des coûts « fixes » de la mise en œuvre (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 83-125).

Dans leurs articles, Kanno, Dat, Kuri, Hosako, Kawanishi, Yoshida, Yasumura, and Kitayama (2012) et Scheibe et coll. (2006) ont recours à différentes approches économiques et théories mathématiques pour déterminer qu’il n’existe aucune approche unique en matière d’infrastructure à large bande et que des technologies différentes seront mieux adaptées à différentes régions. Scheibe et coll. (2006) précisent que les régions dont les caractéristiques géographiques comprennent des montagnes ou des forêts nécessiteront diverses fréquences du spectre de radiofréquences afin que celles-ci pénètrent des secteurs géographiques complexes. Kanno et coll. (2012) indiquent qu’un réseau à large bande solide pourrait être un système de transmission radio-sur-fibre cohérent où la fibre fournit l’infrastructure de base jusqu’à un système d’infrastructure sans fil du dernier kilomètre. Cela fournirait les meilleures vitesses Internet aux coûts initiaux les moins élevés. Bien qu’elles ne soient pas des articles propres aux politiques, ces deux études montrent qu’en ce qui concerne l’infrastructure à large bande sans fil, il y a différentes approches que différentes régions pourraient prendre, ce qui pourrait déterminer différentes politiques relatives à l’infrastructure Internet.

Dans le même ordre d’idée, Taylor (2018) a déterminé au moyen de son étude des systèmes à large bande dans les régions rurales et éloignées (SLBRRE) qu’il n’existe aucune solution unique pour combler les lacunes dans l’accès à large bande et que plusieurs politiques seront nécessaires pour assurer un accès équitable dans les régions rurales et éloignées du Canada, qui ont tendance à être les zones les plus mal desservies en ce qui a trait à l’accès Internet. En examinant la politique fédérale en matière de SLBRRE qui autorise les plus petits FSI d’accéder au spectre de radiofréquences inutilisé, Taylor (2018) détermine que cette politique, qui est principalement utilisée par les Canadiens du nord, aide les Canadiens qui habitent dans des régions rurales et éloignées à obtenir un accès équitable aux services Internet. Cette politique a notamment été utilisée abondamment par des résidents du nord de l’Alberta, car la géographie physique d’une province des prairies où les résidents sont séparés par de grandes distances sur des fermes rendait cette politique logique pour eux (Taylor, 2018).

Il convient de noter que pour chacune des technologies énumérées ci-dessus (en cuivre, en fibre, sans fil, satellitaire), la loi de Sarnoff, qui a été décrite précédemment, demeure un obstacle empêchant les communautés rurales de recevoir des services adéquats, soit les vitesses minimales de 50 Mbps pour le téléchargement et de 10 Mbps pour le téléversement (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 83-125; Philpot, Beaton et Whiteduck, 2014). Quant à Kanno et coll. (2012), Scheibe et coll. (2006) et Taylor (2018), ils déterminent qu’il y a un besoin pour différentes politiques pour différentes régions, car chaque région aura des besoins différents en matière d’infrastructure à large bande.

Comme l’indiquent les trois études universitaires décrites ci-dessus, un mauvais accès Internet dans les régions urbaines n’est pas un enjeu, mais dans les régions rurales et éloignées, il se révèle problématique et nécessite une intervention du gouvernement. Pour cette raison, la population qui habite dans les régions rurales et éloignées est une question urgente pour les décideurs au Canada (vérificateur général du Canada, 2018). D’autres pays travaillent également à combler leur propre fossé d’accès numérique entre les régions urbaines et les régions rurales, car il ne s’agit pas d’un enjeu unique au Canada (Neuchterlin et Weisner, 2013). Ce n’est pas qu’il n’y a pas de demande d’accès Internet à QS plus élevée de la part de résidents de régions rurales et éloignées, mais simplement que l’offre par les gouvernements et les FSI dans le développement et l’entretien des réseaux n’a pas atteint l’équilibre en raison des coûts initiaux élevés liés au développement d’un réseau sans garantie qu’il génère des profits (Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 8-40).

Fossé numérique relatif à l’accès Internet entre les régions urbaines et les régions rurales

Comme on l’a indiqué précédemment, le fossé numérique entre les régions urbaines et les régions rurales est une question de la QS qui s’oppose à la connectivité. Dans leur article, Rajabiun et Middleton (2015a) examinent les répercussions et les incertitudes de la QS de l’expérience des utilisateurs finals de leur réseau à large bande. Ils soutiennent que la vitesse est l’aspect le plus important de la valeur économique d’Internet et demandent une plus grande transparence concernant les vitesses de QS, puisqu’il n’y a pas toujours une concurrence entre les FSI pour encourager un meilleur service dans des régions données (Rajabiun et Middleton, 2015a). Les auteurs précisent que la transparence peut être réalisée au moyen de technologies, de modèles d’affaires et de politiques publiques qui forceraient les FSI à fournir les vitesses annoncées, plutôt que les vitesses pouvant aller jusqu’aux vitesses annoncées, qui ne sont pas atteintes régulièrement dans certaines zones, mais que les FSI annoncent comme pouvant être atteintes par les clients (Rajabiun et Middleton, 2015a).

Au cours de la même année, Rajabiun et Middleton (2015b) ont étudié dans leur article les pays de l’Union européenne en ce qui concerne la façon dont les différentes politiques ont entraîné des différences dans les changements techniques et le développement de l’infrastructure à large bande. Les auteurs font remarquer que des investissements élevés en capital ne mènent pas toujours à une infrastructure à large bande de grande qualité. Ils ont constaté, toutefois, que les pays qui mettent en œuvre des politiques plus solides pour promouvoir l’entrée et la concurrence dans les services de télécommunication tirent profit d’une meilleure infrastructure de distribution de services Internet en conséquence. Ces deux articles de Rajabiun et Middleton (2015a; 2015b) démontrent l’importance des politiques pour fournir aux régions rurales des services Internet de QS similaire que leurs homologues qui vivent dans des régions urbaines, réduisant ainsi le fossé numérique relatif à l’accès Internet entre les régions urbaines et les régions rurales. Réaliser une QS plus élevée partout au Canada signifie la mise à niveau des réseaux de télécommunication existants à l’aide des câbles en fibre mentionnés précédemment, qui ont la capacité de données la plus élevée. Winseck (2017) explique que l’infrastructure de télécommunications a un passé d’essors soudains dans son développement suivis par des retards dans le changement ou la mise à niveau de cette infrastructure. C’est là où la politique est en mesure de veiller à ce que des retards n’aient pas lieu, puis que des nouvelles technologies novatrices, comme la fibre, puissent être mises en place lorsque la demande pour un réseau de télécommunications est considérablement plus élevée qu’au moment de sa construction. Encore une fois, les décideurs doivent être prêts à intervenir et à construire l’infrastructure ou à élaborer des politiques novatrices pour garantir que toutes les régions ont une infrastructure de réseau de QS afin que les Canadiens puissent en profiter et utiliser tous les aspects d’Internet.

Comme il a été indiqué dans cette section, il y a des écarts dans le portrait de l’accès Internet dans les régions urbaines et les régions rurales, car les technologies ne suivent pas la demande, selon les types de réseaux en place dans les régions rurales et éloignées. Ce déséquilibre mène à un fossé numérique relatif à l’accès Internet en ce qui concerne la QS. Avec la migration de nombreux services vers des plateformes numériques, la demande de consommation Internet augmente constamment, ce qui rend nécessaire pour l’économie numérique un réseau solide qui est en mesure de répondre aux besoins des citoyens. La littérature universitaire examinée dans cette section a abordé la façon dont les politiques peuvent aider à mettre en œuvre des réseaux de QS élevée pour combler le fossé numérique relatif à l’accès Internet entre les régions urbaines et les régions rurales. Ces politiques pourraient être liées à des réseaux en fibres optiques ou à des réseaux sans fil, comme le démontrent Rajabuin et Middleton (2013; 2015a; 2015b; 2018) et Taylor (2018). La littérature examinée a également révélé les répercussions que les prix et les aspects économiques de l’offre et de la demande ont sur les réseaux et que le prix devrait être pris en considération au moment du développement des réseaux d’infrastructure de distribution de services Internet (Kateeb et coll., 2012; Neuchterlin et Weisner, 2013, p. 179-180). D’après cet examen de littérature, il est toutefois clair que les différentes régions géographiques nécessiteront des politiques et des projets différents relativement à l’infrastructure de distribution de services Internet (Kanno et coll., 2012; Scheibe et coll., 2006). Par conséquent, il n’existe aucune approche unique qui peut être prise en ce qui concerne l’infrastructure de distribution de services Internet.

Méthode

La question de recherche à laquelle cet article vise à répondre est la suivante : quels types de solutions existe-t-il pour disposer d’une infrastructure de base à large bande en fibre de haute qualité du service pour soutenir les demandes actuelles en matière de données? À l’aide d’une étude de cas de l’Alberta, les principaux points abordés dans cet article sont, premièrement, la façon dont les différentes régions géographiques de la province de l’Alberta reçoivent une qualité du service différente en ce qui concerne la connectivité à large bande. Deuxièmement, les façons dont une qualité du service distinct entre les différentes régions (p. ex., les zones rurales opposées aux zones urbaines) a été créée. Enfin, cet article vise à déterminer si l’infrastructure de distribution de services Internet actuelle est viable avec l’afflux de demandes actuelles en matière de données (c.-à-d. les services de diffusion vidéo).

Afin de répondre à cette question et d’explorer les principales questions examinées, une approche de l’histoire des médias a été choisie, soit l’analyse historique et l’analyse d’un document primaire.

Analyse historique

La première méthode étudiée pour le présent article est l’analyse historique. Se concentrant sur les politiques publiques, sur l’analyse historique et de façon plus générale sur l’histoire des médias, cet article servira à situer les politiques des télécommunications en fonction de la manière dont les Albertains reçoivent différentes vitesses des services à large bande partout dans la province. L’analyse historique est la méthode par laquelle les documents primaires et secondaires sont examinés afin de comprendre un sujet en reconstruisant la période historique dans laquelle il avait eu lieu, ou de comprendre un sujet en déterminant comment il a changé ou évolué au fil du temps (Merrigan, Huston et Johnston, 2012, p. 144).

Analyse d’un document primaire

La méthode suivante est l’analyse d’un document primaire. Découlant de l’analyse historique, l’analyse primaire d’un document est aussi une méthode pouvant être incluse dans « l’histoire des médias » (Gidley, 2018, p. 285-304). L’histoire des médias découle d’études sur la communication et les médias en ce sens qu’un artefact médiatique – qui peut être imprimé, être sur le Web, être un film ou un son – est analysé dans un contexte historique et, par conséquent, l’artefact médiatique serait le document primaire analysé (Gidley, 2018, p. 285-304). Les ressources primaires évaluées dans cet article comprennent les rapports du CRTC, les lois du gouvernement relatives à l’infrastructure de distribution de services Internet de l’Alberta, les rapports du gouvernement de l’Alberta et les rapports d’Innovation, Sciences et Développement économique (ISDE) Canada. Pour rassembler les documents primaires, qui seront aussi appelés « données primaires » dans cet article, on a examiné le site Web du CRTC (https://crtc.gc.ca), le site Web du gouvernement de l’Alberta (https://www.alberta.ca/index.aspx) et le site Web d’ISDE (http://www.ic.gc.ca/eic/site/icgc.nsf/eng/home). Les rapports du gouvernement ont été choisis surtout après 2010, car c’est l’année où Netflix a été introduit sur le marché canadien, entraînant ainsi une augmentation des activités de consommation de données par les Canadiens et, plus précisément, par les Albertains.

Les bénéfices de cette méthode sont que pour obtenir les données primaires à analyser, qui sont requises pour cet article, des documents primaires doivent être analysés. Ali et Duemmel (2018) utilisent aussi cette méthode dans leur évaluation d’un organisme de réglementation rural à large bande aux États-Unis, soit le Rural Utilities Service (RUS). Ils ont utilisé une organisation thématique des interventions de la Commission fédérale des communications (FCC) concernant les décisions liées au RUS. Cet exemple montre comment l’analyse des documents primaires pour les articles de politique est une méthode bien choisie.

Analyse des données

Comme il est décrit ci-dessus, les deux méthodes d’analyse historique et d’analyse d’un document primaire fourniront une méthodologie des méthodes qualitatives pour la présente recherche. Ces données sont utilisées collectivement, offrant une compréhension historique des politiques et des initiatives auxquelles on a eu recours pour mettre sur pied l’infrastructure à large bande en fibre optique de l’Alberta. Voici maintenant une analyse des décisions de politiques et des rapports concernant la large bande.

Analyse

Dans le cadre de sa définition et de son interprétation les plus fondamentales, la large bande est une méthode de connectivité à Internet et elle possède une vitesse minimale de 2 Mbps (Union internationale des télécommunications, septembre 2003). Sa connectivité est permanente. Il n’est pas nécessaire de recourir à la « ligne commutée » ou de choisir entre utiliser son téléphone de résidence ou son accès Internet à un moment donné (McNally, McMahon, Rathi, Pearce, Evaniew, et Prevatt, 2016). Dans les cas où Internet est un lieu d’engagement économique, social et politique, la large bande est le moyen d’y accéder. La capacité de connectivité permanente de la large bande est nécessaire, car Internet est plus qu’un simple environnement de communication entre des personnes. Il sert également à raccorder des éléments indispensables à la société canadienne, comme les feux de circulation, les commandes de livraison de nourriture, les services d’eau, et plus encore, la communication entre ces services ou industries étant permanente afin d’accroître l’efficacité des services de base en vue d’une société plus harmonieuse (McNally, et coll., 2016). Par conséquent, la nécessité de la large bande n’a pas seulement une valeur de divertissement pour laquelle une infrastructure de plusieurs millions de dollars est construite simplement pour des utilisateurs de services Internet afin qu’ils puissent visionner davantage Netflix. Elle contribue également à l’organisation de services de base au Canada.

En Alberta, l’infrastructure de distribution de services Internet utilise une combinaison d’infrastructures de différentes régions de la province. Notamment, les câbles de fibre, les câbles coaxiaux de cuivre, les câbles de cuivre de la ligne d’abonné numérique (LAN), les services d’accès sans fil fixe, sans fil mobiles et les satellites de radiodiffusion directe (Cybera, 2016). Toutefois, on n’inclut pas la LAN seule (c.-à-d., non combinée à un câble de fibre optique) en raison de ses faibles vitesses lorsqu’elle est utilisée seule, ce qui fait en sorte que sa connectivité n’est pas permanente. Les autres technologies de distribution de services Internet mentionnées peuvent appuyer la large bande à des vitesses variées, la fibre ayant la connectivité la plus rapide et la plus fiable (Cybera, 2016; McNally et coll., 2016). D’autres technologies d’infrastructure de distribution de services Internet comprennent l’accès par regroupement communautaire par satellite, qui peut être trouvé dans les provinces et les territoires canadiens, à l’exception des provinces maritimes et de l’Alberta (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 2014; Cybera, 2016).

Comme on l’a déjà mentionné, l’Alberta a recours à des solutions fixes, sans fil fixes et sans fil en ce qui a trait à l’infrastructure de distribution de services Internet. Une infrastructure de distribution de services Internet « fixe » décrit les fils en cuivre, les fils de fibre et les tours sans fil qui sont raccordés à des fils de base de fibre ou de cuivre pour leur distribution de services Internet (vérificateur général du Canada, 2018; Cybera, 2016; Innovation, Sciences et Développement économique Canada, 2018; McNally et coll., 2016). L’infrastructure sans fil comprend l’infrastructure de distribution de services Internet qui a recours à des micro-ondes par spectre des radiofréquences pour transmettre des signaux de données (vérificateur général du Canada, 2018; Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 2014; Innovation, Sciences et Développement économique Canada, 2018, McNally et coll., 2016). La figure suivante, tirée du Rapport 1 – La connectivité des régions rurales et éloignées du vérificateur général du Canada (2018), décrit de manière visuelle ces différentes infrastructures de distribution de services Internet.

Figure 5.1 : Fournisseurs de service Internet à large bande aux services essentiels (Vérificateur général du Canada, 2018)

Fournisseurs de service Internet à large bande aux services essentiels
Description longue graphique

Modèle fourni par le rapport du vérificateur général du Canada sur la façon dont l’infrastructure matérielle des télécommunications fournit l’accès au World Wide Web aux résidences individuelles et aux entreprises.

Tel qu’il est présenté dans la figure ci-dessus, il existe deux aspects principaux à l’infrastructure de distribution de services Internet : la base et le « dernier kilomètre ». La base et le « dernier kilomètre » sont l’infrastructure qui permet un accès Internet. Elle est constituée de différentes technologies permettant de desservir le « dernier kilomètre », soit le dernier raccordement à l’utilisateur final. La prochaine section traite de la définition de l’infrastructure de fibre optique en tant qu’infrastructure de base de grande qualité du service.

Infrastructure de fibre optique

Comme mentionné précédemment, l’infrastructure de fibre optique est le système de distribution de services Internet le plus rapide. Grâce à la fibre optique, il est possible d’obtenir des vitesses de 1 Gbps (1 000 Mbps) à 10 Gbps (dans certaines régions des États-Unis, elle est mise à l’essai pour obtenir des vitesses, mais pas au Canada) [McNally et coll., 2016]. Les câbles de fibre optique sont conçus de fibre de verre et ils peuvent transporter les données à la vitesse de la lumière lorsqu’ils sont « allumés » (Kateeb et coll., 2013). Le terme « allumer » est employé pour les câbles de fibre optique puisque, lorsqu’ils sont utilisés, ils s’allument littéralement, alors que lorsqu’ils ne sont pas utilisés, ils ne s’allument pas. Ils sont alors appelés « fibre noire ». La fibre en tant qu’infrastructure de distribution de services Internet n’est pas ralentie par la connexion de multiples appareils qui y sont raccordés, comme d’autres infrastructures de services à large bande. La vitesse de transport des données le long d’un réseau est plutôt ralentie aux points d’extrémité, c’est-à-dire les appareils électroniques qui y sont raccordés (Lau, 2009, p. 125-134; McNally et coll., 2016). Il convient de noter que ces appareils électroniques ne comprennent pas seulement des appareils personnels, mais également des routeurs, des modems et des démodulateurs (Lau, 2009, p. 125-134). Étant donné qu’un routeur Internet à domicile ou au bureau est le point où Internet est reçu par l’intermédiaire d’un réseau Wi-Fi, il s’agit de l’endroit où le réseau est ralenti pour l’utilisateur final, donc, en principe, ce n’est pas l’infrastructure de fibre optique même.

Le principal obstacle en ce qui concerne le déploiement de câbles de fibre optique est le coût de mise en œuvre. L’infrastructure de fibre optique étant une infrastructure à large bande fixe (filaire) signifie que des tranchées devraient être ouvertes afin d’enterrer les câbles sous la terre, des poteaux de téléphone devraient être érigés ou loués à des fins d’espace et que l’entretien général de ces câbles entraînerait des coûts récurrents supplémentaires à long terme. À Calgary, par exemple, les coûts du déploiement de câbles de fibre optique dans des zones desservies, des zones déjà développées dans des espaces urbains, mais qui ont ensuite été soumises à de nouveaux développements, sont d’environ 200 $ par mètre (McNally et coll., 2016). S’agissant des zones peu peuplées et dont les câbles doivent être étendus sur de longues distances pour couvrir ces zones, la rentabilité de la fibre optique pourrait permettre d’atténuer le désir d’obtenir des vitesses qui pourraient être atteintes.

La prochaine section de la présente analyse porte sur la façon dont la fibre optique a été déployée en Alberta précisément, ainsi que sur les politiques correspondantes ayant mené à ce déploiement.

Résumé historique de l’infrastructure de fibre optique de l’Alberta

Comme on l’a décrit précédemment, la fibre optique est la forme de télécommunication la plus rapide, laquelle permet de transmettre les données à la vitesse de la lumière. Au début des années 2000, le gouvernement de l’Alberta a amorcé les discussions concernant le projet d’infrastructure de télécommunications de fibre optique, afin de soutenir l’innovation émergente de l’heure, Internet. Entamé en 2000 (The Globe and Mail, 20 février 2005), le projet d’infrastructure de télécommunications, intitulé Alberta SuperNet, a enfin été terminé en 2004, offrant ainsi au Canada le premier système de fibre optique à l’échelle de la province (gouvernement de l’Alberta, accord de confidentialité; gouvernement de l’Alberta, 2005). L’image ci-dessous est une carte du réseau SuperNet.

Figure 5.4 : Réseau SuperNet de l’Alberta (Axia NetMedia Corporation, 2007)

Réseau SuperNet de l’Alberta (Axia NetMedia Corporation, 2007)
Description longue graphique

Carte de la province de l’Alberta, fournie par Axia NetMedia, qui répertorie les liaisons filaires et sans fil physiques du réseau SuperNet de l’Alberta comme infrastructure matérielle des télécommunications de base partout dans la province.

L’image ci-dessus illustre les câbles de fibre optique de l’infrastructure du réseau SuperNet, qui sont représentés par des lignes orange. Les lignes pointillées rouges représentent l’infrastructure sans fil fixe qui requiert des câbles de fibre optique de SuperNet en tant que son infrastructure de base. Comme en témoigne la carte ci-dessus, la province dans son ensemble n’est pas connectée. Toutefois, en tant qu’initiative visant des services à large bande dirigée par le gouvernement, la zone de couverture du projet SuperNet est notable.

SuperNet était un projet dont le but était de raccorder les écoles, les hôpitaux, les bureaux gouvernementaux et municipaux, ainsi que les bibliothèques de l’Alberta dans 429 collectivités grâce à l’accès Internet haute vitesse (gouvernement de l’Alberta, accord de confidentialité; gouvernement de l’Alberta, 2005). Le gouvernement de l’Alberta a annoncé que non seulement l’accès Internet profiterait aux Albertains sur le plan économique et social, ces derniers n’auraient pas à se soucier de se déplacer pour des activités liées à la santé, à l’enseignement et à l’apprentissage ou aux affaires, car ils seraient en mesure d’effectuer ces tâches par voie électronique (gouvernement de l’Alberta, 2005). En 2005, alors que les achats en ligne, les téléconférences et des études universitaires en entier offertes en ligne n’étaient pas aussi généralisés et accessibles qu’ils le sont aujourd’hui, cette prévision du pouvoir d’Internet ne devrait pas être sous-estimée. On a accusé des retards quant à la date d’achèvement prévue du projet (Ministry of Restructuring and Government Efficiency, 2005), mais les résultats finaux se sont traduits par une infrastructure de base haute vitesse à laquelle les FSI peuvent se raccorder, raccordant ainsi les Albertains.

Le projet n’était pas perçu comme extraordinaire par beaucoup d’Albertains, ce qui a déçu les décideurs politiques ayant travaillé à concrétiser le projet (Bakaradjieva et Williams, 2010). Le but du réseau SuperNet n’était cependant pas de raccorder ces Albertains, mais plutôt de raccorder les institutions susmentionnées, c’est-à-dire les hôpitaux, les écoles, les bureaux gouvernementaux et municipaux et les bibliothèques. Il convient de noter que les institutions qui devaient être raccordées pour échanger leurs ressources étaient les bibliothèques de l’Alberta. Au Canada, chaque province a droit à sa propre loi sur les bibliothèques. La Libraries Act et la Libraries Regulation de l’Alberta indiquent clairement que les bibliothèques doivent respecter un certain « plan de service » pour les usagers tel qu’il est élaboré par un conseil de bibliothèque municipale d’une ville ou d’une municipalité donnée de l’Alberta (Libraries Regulation, 2018; Libraries Act, 2007). Ces plans de service peuvent comprendre l’échange de ressources en matière de connaissances avec d’autres bibliothèques de l’Alberta, ce qui est régulièrement effectué dans l’ensemble de la province. La Libraries Act actuelle a été établie en 2000, alors que la Libraries Regulation actuelle a été élaborée en 1998, soit deux ans avant le début de la mise sur pied d’Alberta SuperNet. Sur le site Web du gouvernement de l’Alberta, la seule politique opérationnelle disponible pour le réseau SuperNet porte sur son mandat de raccordement des bibliothèques de l’Alberta (gouvernement de l’Alberta, accord de confidentialité). Comme on peut le constater, les lois sur les bibliothèques dans la province de l’Alberta étaient clairement liées au développement de la large bande, une première dans le contexte canadien, le présent article étant le premier à cerner ce lien. Par conséquent, le résumé de l’infrastructure de distribution de services Internet de fibre optique de l’Alberta trouve ses racines historiques dans les lois sur les bibliothèques de l’Alberta.

Il convient de noter que les Albertains mêmes ne sont pas en mesure de se connecter au réseau SuperNet. Au lieu, l’infrastructure du réseau SuperNet se raccorde seulement directement aux institutions publiques susmentionnées (McNally et coll., 2016). Les FSI ont la capacité de se connecter au réseau SuperNet en tant qu’infrastructure de base, afin de fournir leurs services aux citoyens ensuite plutôt (McNally et coll., 2016). Cette analyse de l’histoire de SuperNet est importante pour déterminer la viabilité de l’infrastructure de distribution de services Internet, comme la fibre optique est considérée comme une technologie adaptée aux besoins futurs, ce qui signifie qu’elle peut permettre de retenir les demandes futures même si elle est établie actuellement (Middleton, 2016), c’est-à-dire que les utilisateurs et les FSI n’ont pas à se soucier de remettre à niveau leur réseau, car la meilleure infrastructure a déjà été mise en place par le gouvernement. La décision du gouvernement provincial à ce moment indiquait un engagement à s’assurer que l’Alberta dispose des meilleures ressources publiques en matière d’infrastructure nécessaires à une économie numérique viable.

Discussion

Le présent article avait principalement pour objet d’examiner l’infrastructure à large bande de base de l’Alberta et de déterminer les technologies requises pour les demandes actuelles en matière de données. Comme on l’a abordé plus tôt en mentionnant l’exigence du CRTC, soit une vitesse minimale de téléchargement de 50 Mbps et appuyant seulement deux diffusions de vidéo de qualité HD de Netflix, il est évident que ces vitesses de téléchargement ne répondent pas aux demandes actuelles des Canadiens relatives aux services Internet. Au Canada, l’Alberta est la seule province disposant d’une infrastructure de base en fibre optique de grande couverture, grâce à laquelle 97,7 % des ménages de la province ont réussi à accéder à des vitesses de téléchargement de 25 à 49,9 Mbps (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 2019, p. 278), soit la plus grande couverture au Canada dans cette catégorie. En revanche, 93,2 % des ménages de la Colombie-Britannique avaient accès à des vitesses de téléchargement de 50 Mbps ou plus, se rapprochant ainsi de l’objectif souhaité de 50/10 Mbps du CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 2019, p. 278). Toutefois, dans cette comparaison, même si l’Alberta dispose d’une infrastructure de base, la province a tout de même pris du retard en ce qui a trait aux exigences de vitesse de téléchargement de 50 Mbps ou plus, par rapport à ses homologues de la Colombie-Britannique. Bien que l’Alberta dispose d’un réseau d’infrastructure à large bande comme SuperNet, les vitesses fournies par le réseau en fibre optique ne sont pas transmises à l’ensemble de la population, ce qui démontre que l’utilisation de ce réseau n’est pas valable pour les citoyens comme il n’est pas proportionnel au nombre d’utilisateurs qu’il dessert, enfreignant ainsi la loi de Sarnoff, laquelle stipule que la valeur du réseau est directement proportionnelle au nombre de ses clients (Gunasekaran et Harmantzis, 2007).

Par ailleurs, en ce qui concerne le taux de pénétration des services mobiles, l’Alberta a dépassé les autres provinces, avec 91,6 % de couverture par des réseaux d’évolution à long terme (LTE) dans la province (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, 2019, p. 27). Comme le montre le diagramme du vérificateur général du Canada ci-dessus, une infrastructure de base en fibre optique est toujours nécessaire pour l’utilisation de services mobiles de données. Par conséquent, bien que l’Alberta n’enregistre pas les taux de vitesse de téléchargement les plus élevés au Canada, l’infrastructure de base en fibre optique n’offre pas d’avantages lors de l’examen de l’infrastructure sans fil, qui peut être construite par-dessus. De plus, comme on l’a déjà démontré, l’établissement d’une infrastructure de base en fibre optique est coûteux, soit d’environ 200 $ par mètre (McNally et coll., 2016). Compte tenu des initiatives du gouvernement comme le réseau SuperNet de l’Alberta, le déploiement de cette infrastructure devient cependant plus réalisable. Une autre solution de rechange à une infrastructure à large bande de grande qualité du service, à savoir l’infrastructure en fibre optique, est que le gouvernement du Canada pourrait également assurer un leadership plus solide grâce à une stratégie nationale pour les services à large bande comme le recommande le vérificateur général du Canada (2018), plutôt que les provinces tentent de régler les problèmes d’accès à large bande.

Conclusion

« Je remercie le vérificateur général et son bureau d’avoir présenté leur rapport. Nous en acceptons les recommandations et prendrons des mesures pour améliorer la connectivité des régions rurales et éloignées. Une de mes principales priorités est de faire en sorte que ces collectivités soient branchées à Internet. Les technologies de l’information et des communications affectent presque toutes les sphères de la vie moderne. Peu importe où ils se trouvent, tous les Canadiens doivent avoir accès à Internet haute vitesse pour étudier et travailler dans notre monde numérique. »

(Navdeep Bains, ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, 20 novembre 2018).

Comme le suggère la réponse ci-dessus du ministre Navdeep Bains au Rapport 1 — La connectivité des régions rurales et éloignées (2018) du vérificateur général du Canada, cela illustre la mesure dans laquelle le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité d’élaborer des politiques et des initiatives plus solides en matière d’infrastructure de distribution de services Internet. Au fil du temps, nous verrons à quelle vitesse cette discussion deviendra une réalité pour les Canadiens. Toutefois, comme l’a démontré le présent article, les politiques provinciales peuvent également contribuer à la connexion des citoyens à une infrastructure à large bande de grande qualité du service.

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