ARCHIVED - Transcript, Hearing 29 September 2010

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However, the aforementioned publication is the recorded verbatim transcript and, as such, is transcribed in either of the official languages, depending on the language spoken by the participant at the hearing.

TRANSCRIPT OF PROCEEDINGS BEFORE

THE CANADIAN RADIO-TELEVISION AND

TELECOMMUNICATIONS COMMISSION

SUBJECT:

To consider the broadcasting applications listed in Broadcasting Notice of Consultation CRTC 2010-543

HELD AT:

Dorchester Room

Le Nouvel Hôtel & Spa

1740 René-Lévesque Boulevard W.

Montréal, Quebec

September 29, 2010


Transcripts

In order to meet the requirements of the Official Languages

Act, transcripts of proceedings before the Commission will be

bilingual as to their covers, the listing of the CRTC members

and staff attending the public hearings, and the Table of

Contents.

However, the aforementioned publication is the recorded

verbatim transcript and, as such, is taped and transcribed in

either of the official languages, depending on the language

spoken by the participant at the public hearing.


Canadian Radio-television and

Telecommunications Commission

Transcript

To consider the broadcasting applications listed in Broadcasting Notice of Consultation CRTC 2010-543

BEFORE:

Suzanne Lamarre   Chairperson

Rita Cugini   Commissioner

Timothy Denton   Commissioner

Michel Morin   Commissioner

Louise Poirier   Commissioner

ALSO PRESENT:

Lynda Roy   Secretary

Bernard Montigny   Legal Counsel

Diane Maisonneuve   Hearing Manager

HELD AT:

Dorchester Room

Le Nouvel Hôtel & Spa

1740 René-Lévesque Boulevard W.

Montréal, Quebec

September 29, 2010


- iv -

TABLE OF CONTENTS

   PAGE / PARA

PHASE II

INTERVENTION BY:

Députée de Saint-Bruno--Saint-Hubert, Porte-parole du Bloc Québécois en matière de Patrimoine    292 / 1412

Tietolman Tétrault Média   318 / 1483

Conférence régionale des élus de l’Outaouais   358 / 1683

Pierre Bergeron   378 / 1788

Radio Saguenay inc.   415 / 1962

Groupe Radio Simard   432 / 2057

Fédération professionnelle des journalistes du Québec   456 / 2190

Syndicat Général de la Radio FNC-CSN   476 / 2284

Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec   507 / 2445

PHASE III

REPLY BY:

Corus Entertainment Inc. and Cogeco Inc.   529 / 2564


   Montreal, Quebec

--- Upon commencing on Wednesday, September 29, 2010 at 0904

1411   LA SECRÉTAIRE : Madame La Présidente, avant de commencer, j'aimerais apporter un léger changement à l'ordre du jour. L'article 9 de l'ordre du jour deviendra maintenant l'article 5, nous débuterons donc avec la première présentation de madame Carole Lavallée, députée de Saint-Bruno, Saint-Hubert et porte-parole du Bloc québécois en matière de patrimoine. Madame Lavallée, vous avez 10 minutes pour faire votre présentation.

INTERVENTION

1412   Mme LAVALLÉE : D'accord. Alors, d'abord merci beaucoup de m'avoir fait passer avant tout le monde, on a un important vote à Ottawa à 15 h sur un vote de (inaudible). J'aurais préféré être ici avec mes collègues du Bloc québécois, pas toute seule, parce qu'il y a de la place en masse, de toute façon, mais c'était pour ne pas dégarnir les sièges de la Chambre des communes et vous le comprendrez, que je n'ai pas pu me faire accompagner de mes collègues qui sont directement concernés par la demande de Cogeco qui fait l'objet de la présente audience.

1413   Alors, si j'avais pu, je me serais fait accompagner de la région de Québec de Michel Guimond, Christian Gagnon, Pascal Pierre-Payer, de la Mauricie, Jean-Yves Laforest, Guy André, Paule Brunel, de l'Estrie, France Bonsang, André Bellavance, Serge Cardin, de l'Outaouais, Richard Nadeau et Marion Laframboise.

1414   Vous comprendrez que mes collègues ont un important témoignage à faire, alors j'ai cru bon faire écho à leur témoignage et amener leurs citations ici comme s'ils avaient été ici. Alors, parce que pour le Bloc québécois, cette transaction s'avérerait grandement bénéfique pour la survie, la richesse et la diversité des stations francophones québécoises, notamment en raison de l'engagement de Cogeco de relancer l'information locale et régionale.

1415   La présence de mes collègues aurait été extrêmement pertinente parce que c'est en région que l'on souffre particulièrement de l'absence d'informations régionales. Et non seulement ils auraient pu présenter leurs besoins et démontrer comment l'offre de Cogeco y répond, mais ils auraient pu répondre à vos questions, je dirais, mieux que moi en ce qui concerne l'information de leurs régions. Alors, comme ils ne pouvaient pas être présents, je leur ai demandé de me rédiger, en quelques phrases, leurs principaux arguments.

1416   Alors, d'abord Richard Nadeau du compté de Gatineau me dit et j'ouvre les guillemets et je cite, pardon.

« En Outaouais nous voyons d'un très bon oeil l'arrivée de Cogeco. Ce nouveau propriétaire radiophonique à Gatineau, car enfin nous aurons une programmation gatinoise et outaouaise chez nous et nous et non plus montréalaise.

L'Outaouais est encore à se construire, poursuit-il, une identité propre. Une radiodiffusion qui parle de nous en faisant participer des gens de chez nous, l'offre d'acquisition de Cogeco et ses engagements à redonner une âme régionale à notre radio, voilà un pas dans une bonne direction. »

1417   France Bonsang de Compton-Stanstead m'a écrit et je cite.

« En Estrie la proposition d'achat de Cogeco est très bien accueillie. Avec la transformation de la station CKOI en relais de CKAC, et ses volets consacrés aux sports régionaux, la station sera une excellente tribune servant à promouvoir les Jeux du Canada qui auront lieu à Sherbrooke en 2013 dont une partie des compétitions se tiendront dans l'arrondissement de Lennoxville, à Sherbrooke dans la circonscription de Compton-Stanstead la circonscription qu'elle représente. CHLT est la seule radio à, entre guillemets, prépondérance verbale de l'Estrie. Toutefois si le statu quo était maintenu, sa survie serait menacée. »

1418   Toujours de Sherbrooke, mais juste un petit peu à côté, Serge Cardin, ouvrez les guillemets.

« La fermeture de la salle de nouvelles sherbrookoise de l'ancien réseau de télévision TQS, en 2008, a fait prendre conscience aux citoyens de la grande région de Sherbrooke de la menace qui pèse sur la quantité ainsi que sur la diversité des sources d'information régionales. Les problèmes financiers qu'éprouve la station CHLT, déficit de 1,4 million de dollars en 4 ans, laissent plané le risque de regrettables pertes d'emplois, mais aussi de la fermeture d'une autre salle de nouvelles dans notre région qui produit un important volume de nouvelles Estriennes. La nécessité de maintenir des bulletins régionaux est primordiale pour assures aux Sherbrookois et Sherbrookoises l'accès à une information régionale suffisante et de qualité. Dans ce contexte l'engagement de Cogeco de maintenir les emplois journalistiques et de produire une grande quantité d'informations régionales par des bulletins de nouvelles produits localement est plus que bienvenue. C'est à ces conditions que j'appuie le plan soumis par Cogeco pour l'achat du groupe Corus.

Serge Cardin poursuit. Je comprends les réticences liées à la concentration des médias et je les trouve légitimes. Je tiens cependant à rappeler que la diversité des voix serait davantage compromise par la fermeture de nos médias locaux. »

1419   En Mauricie, Jean-Yves Laforest, député de Saint-Maurice-Champlain écrit. J'ouvre les guillemets.

« Je désire vous faire part de toute l'importance que prend, pour notre région, l'approbation par le CRTC de l'acquisition, par Cogeco, des stations de radio Corus dont CHLN FM Trois-Rivières fait partie. En effet, dans l'état actuel des choses un réel déficit d'information existe en Mauricie. Il est plus facile, pour les Mauriciens, de connaître les points de congestion sur le boulevard Métropolitain à Montréal, et ils auraient été bien servis ce matin, que des informations sur les nombreux travaux sur les routes de la Mauricie. Il y avait un aparté, vous avez compris.

Une situation qui ne peut que se dégrader si l'avenir de la station CHLN FM n'était pas assuré. De plus, actuellement le territoire de la Mauricie n'est pas entièrement desservi par les câblodistributeurs pour les services télévisuels ce qui a pour impact de diriger une partie de la population vers les services de la télévision satellite uniquement.

Or, comme cette dernière ne diffuse pas d'informations et de publicités régionales et locales, et on y reviendra dans un autre mémoire dans quelques semaines j'imagine, il devient impératif, pour les Mauriciennes et Mauriciens, de conserver une station parlée telle que CHLN FM Trois-Rivières. Cette radio permet, entre autres, à nos entreprises d'obtenir un canal de diffusion publicitaire qui est disponible pour l'ensemble de la population.

Pour bien illustrer la problématique de l'accès à de l'information et de la publicité locale, ma circonscription, qui comprend 25 municipalités réparties dans 4 MRC, couvre notamment le territoire de la MRC des Chenaux. Cette dernière n'a accès à aucun câblodistributeur sur son territoire. Les entreprises de cette MRC se voient donc obligées d'utiliser des canaux de diffusion radiophonique pour rejoindre leur propre population et compte sur une station comme CHLN pour y arriver. »

1420   Fin de la citation. Alors, comme vous pouvez le constater, et là c'est moi qui parle, les attentes en régions, suite aux engagements de Cogeco, sont aussi grandes que les besoins exprimés sont criants. Le Bloc québécois est favorable à la demande de Cogeco parce que ces engagements contribueront grandement au développement de l'information locale et régionale.

1421   Dans son mémoire, le Bloc québécois a aussi invité le CRTC à entreprendre, dans les meilleurs délais, une nouvelle étude pour revoir sa politique de propriété commune en fonction des réalités actuelles. Cette politique précise que les propriétaires ne doivent pas posséder plus de 2 stations FM de langue française et pas plus de 2 stations AM de langue française dans un marché comptant plus de 8 stations.

1422   Le Bloc souhaite que le CRTC revoie sa politique en l'axant sur les concepts de stations généralistes et selon les termes du CRTC de stations qui exploitent une formule commerciale spécialisée. En fait, il faudrait refaire la ségrégation en fonction des radios parlées et des radios musicales et non pas des bandes AM ou FM, ce qui refléterait davantage la réalité.

1423   La réalité québécoise, justement, nécessite des solutions québécoises, c'est pourquoi le Bloc québécois demande, d'abord et avant tout, le transfert de tous les pouvoirs en art, culture et télécommunications au gouvernement du Québec. Encore le 23 mars 2009, la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Christine St-Pierre, au nom du gouvernement du Québec, en a fait la demande au ministre du Patrimoine canadien, James Moore, dans une lettre où elle écrivait, et je cite :

« La conclusion d'une entente en communication garantira une meilleure prise en compte de la particularité du contenu québécois en radiodiffusion et en télécommunication. »

1424   Fin de la citation. En fait, par cette proposition, la ministre St-Pierre ne fait que réitérer une revendication historique portée à la fois par les gouvernements libéraux et péquistes. L'épanouissement de la culture québécoise est une condition essentielle au renforcement de la nation québécoise. C'est pour cette raison qu'il est important que le Québec puisse maîtriser tous ses leviers en matière de promotion et de diffusion de cette culture qui reflète son identité, sa langue et ses valeurs.

1425   La nation québécoise doit en effet contrôler tous les instruments qui contribuent au développement de sa culture au même titre que la nation canadienne contrôle les siens, notamment par la l'intermédiaire du CRTC. Ainsi, les décisions de l'organisme de réglementation de la radiodiffusion et des télécommunications s'appliquent strictement en fonction des intérêts du Québec par des Québécoises et des Québécois et les besoins des Québécoises et Québécois seraient ainsi mieux comblés. Merci beaucoup.

1426   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup Madame Lavallée. Je pensais, était donné que vous êtes députée de Saint-Bruno, que ce matin vous aviez eu le même problème que moi autour du pont Jacques-Cartier, mais là je viens de découvrir que vous étiez sur le boulevard Métropolitain.

1427   Mme LAVALLÉE : Non non. J'ai effectivement eu les mêmes problèmes que vous sur le pont Jacques-Cartier, bine je suis partie à 7 h 45. Mais, le boulevard Métropolitain, c'était mon collègue qui en faisait état.

1428   LA PRÉSIDENTE : Ah bon. Et je vous remercie de participer à cette audience ainsi que vos collègues bien qu'ils le fassent par personne interposée. Et je vais laisser madame Poirier vous poser quelques questions.

1429   Mme LAVALLÉE : Merci beaucoup.

1430   CONSEILLÈRE POIRIER : Bonjour Madame Lavallée. C'est intéressant de voir qu'on a eu des députés de différentes allégeances qui s'entendent tous, en tout cas pour la même orientation, c'est-à-dire pour supporter le fait qu'il y ait plus de nouvelles régionales, plus de nouvelles locales pour permettre de mieux informer les citoyens.

1431   C'est sûr que je pense que tout le monde est en faveur du fait qu'il y ait plus de nouvelles dans chacune des régions. Mais, pour avoir ces nouvelles-là, ça demande une exception importante à la politique qu'on a et qui a été révisée quand même il n'y a pas tellement longtemps. Et vous devez vous en douter, pour une politicienne, quand on a une politique, quand on a des règlements, les changer à tout bout de champ, ce n'est pas notre façon de faire et ça doit se faire en consultation avec toute l'industrie quand on veut le faire sérieusement.

1432   On ne peut pas profiter d'une audience pour changer les règles du jeu. Or, les règles du jeu sont celles que vous avez mentionnées dans votre document. Alors, j'aimerais ça que vous me résumiez, de votre point de vue de politicienne qui êtes soumise aussi souvent à des demandes d'exception comme vous nous en demandez une, et souvent vous êtes obligée de les refuser parce que vous dites si j'ouvre la porte à un, je l'ouvre à l'autre.

1433   Et dans ce sens-là, qu'est-ce qui est motive vraiment au-delà du fait que vous faites des réclamations qui sont celles du Bloc québécois et qu'on ne solutionnera pas ici, vous le comprendrez bien, ça se jouera à un autre niveau. Mais nous, on a des règles et on a une demande ici, on a une demande d'exception, on se dit que peut-être d'autres joueurs pourraient faire l'acquisition de ces stations-là et peut-être vous offrir le service que vous souhaitez avoir. Alors pourquoi, dans ce cas-ci, on ferait une exception? Pourquoi après ça on n'en ferait pas plein d'autres qui iraient à l'encontre d'un des objectifs de la plupart des politiciens et de la plupart des journalistes, c'est d'éviter la concentration des voix.

1434   Mme LAVALLÉE : Vous avez parfaitement raison. Quand on fait des politiques, c'est pour les faire respecter puis ils n'arrêtent pas de cogner des gens à notre porte pour nous demander de faire des exceptions, c'est vrai. Et puis, bien vous avez parlé de situations qui pourraient arriver, c'est que peut-être que cette demande-là serait refusée puis il y en auraient d'autres après, mais les hypothèses, c'est toujours immensément difficiles.

1435   Actuellement, le Bloc québécois a analysé une proposition qui est sur la table et on vu que ça correspondait aux besoins des gens des régions. Puis aussi, vous avez parlé, vous avez terminé en parlant de la concentration des voix puis vous avez parfaitement raison parce que c'est préoccupant. L'idéal étant évidemment que chaque média ait son propre propriétaire avec sa propre salle de nouvelles, puis ça, c'est l'idéal. O.K. Entendons-nous, puis peut-être même trop irréaliste.

1436   Mais ce qu'on voit actuellement, c'est que Cogeco demande 2 stations, demande de posséder, à Montréal, 2 stations, je dirais musicales, et une station parlée. Quand vous avez fait la politique de propriété commune, pourquoi vous avez divisé ça en AM et en FM? C'est pas parce qu'il y en a un qui grichait plus l'autre, c'est fort probablement parce que le AM, c'était une radio qui était plus parlée et le FM, c'était une radio qui était plus musicale.

1437   Enfin moi, qui me rappelle des débuts de la radio FM à Montréal, les radios FM étaient plus musicales puis les radios AM étaient plus parlées. Il y a l'esprit de la Loi puis la lettre de la Loi. La lettre de votre politique, c'est AM, FM. Mais l'esprit, c'est parlée, musicale. Et maintenant qu'on a changé, la radio a changé, la radio FM à changé et il y en a certaines qui s'en viennent plus parlées. À ce moment-là, moi je pense qu'il faut conserver l'esprit de la Loi.

1438   Mais ceci étant dit, je ne la conserverai pas juste de cette façon-là, je reverrais effectivement la politique. Parce que j'imagine qu'il doit y avoir, dans vos cartons, une radio numérique qui s'en vient et dans la radio numérique qui s'en vient, il n'y aura pas de AM. En tout cas, je ne suis pas une technicienne, mais ce que je vois venir, c'est qu'il n'y a pas une radio numérique AM puis une radio numérique FM.

1439   Or donc, encore là, vous allez rediviser ça et la façon que vous allez le rediviser, ça va être probablement la radio parlée, puis la radio musicale. Il y une autre chose aussi concernant la concentration des voix que je profite de votre question pour faire valoir maintenant. C'est que quand on se met du point de vue du consommateur, quand on regarde dans l'ensemble du Québec la radio, c'est vrai que ça va donner une concentration. Puis ça aussi le Bloc québécois est préoccupé par ça, on voit bien qu'il y a 2 grands joueurs et d'autres joueurs de petites tailles.

1440   Et c'est préoccupant puis on aimerait ça voir émerger un nouveau joueur capable de jouer dans la même cour que Cogeco puis Astral. Mais à chaque fois qu'on regarde chacun des médias, on s'aperçoit d'une part que dans chacun des genres de médias, il y a toujours 2 grands joueurs puis quelques joueurs de petites tailles. Je prends les quotidiens par exemple, alors il y a La Presse, il y a le Journal de Montréal et il y d'autres joueurs de moins grandes tailles, si je peux dire.

1441   Quand on regarde la télévision, la même chose, en français, il y a Radio-Canada, il y a TVA puis il y en a quelques-unes d'autres. Quand on regarde, enfin n'importe quel genre de médias qu'on peut regarder, on constate que c'est, je ne dirais pas que c'est inéluctable, je ne voudrais surtout pas que ce soit inéluctable, mais on s'aperçoit que pour le moment, c'est la situation qu'on peut constater.

1442   Sans doute qu'avec un million de plus de population au Québec, la situation pourrait changer, peut-être que c'est une question de population et peut-être qu'il y a d'autres raisons pour lesquelles c'est comme ça, mais on voit que là aussi la radio prend le même pas que les autres avec 2 grands joueurs.

1443   CONSEILLÈRE POIRIER : Alors, si je vous comprends bien, vous êtes en train de me dire qu'au Québec, dans l'ensemble des médias que ce soit la TV, la presse écrite ou la radio, on semble s'en aller vers un modèle où on se retrouve avec 2 grands joueurs?

1444   Mme LAVALLÉE : Je ne sais pas si on semble s'en aller, j'ai comme l'impression qu'on est rendu, puis peut-être qu'on s'en va vers d'autres choses, mais là, on est là. Puis même la diversité des voix, ça nous préoccupe, le Bloc québécois, puis on y a réfléchis à ça, puis on s'est mis du point de vue du consommateur. Est-ce que le consommateur a une diversité des voix? Est-ce qu'il y a une diversité éditoriale? Est-ce qu'il y a une diversité musicale et artistique à travers les différents médias qu'il peut consommer?

1445   Mais en tout cas, encore là je suis obligée de constater que quelqu'un peut très bien, je ne sais pas moi, lire La Presse, écouter CKOI et regarder Radio-Canada à la télévision puis s'en aller sur Canoë pour prendre d'autres nouvelles. Alors, il y existe, pour un consommateur de nouvelles ou de musique une diversité actuellement au Québec, mais est-ce que c'est l'idéal? Bien non, comme j'ai dit tantôt, ce n'est pas l'idéal, mais c'est une situation avec laquelle le Bloc québécois peut vivre.

1446   CONSEILLÈRE POIRIER : Oui. Donc, j'essaie de résumer un peu votre point de vue, vous me direz si je le comprends bien. Vous êtes en train de me dire que la diversité des voix dans le cadre de cette transaction-là, serait mieux servie par une exception à notre politique?

1447   Mme LAVALLÉE : Une exception suivie d'une étude de cette politique-là. Encore une fois comme j'ai dit, on est dans un monde en évolution et je pense que cette politique-là, en divisant les postes de radio en AM et FM, ne respecte peut-être pas l'esprit de ceux qui ont écrit la politique.

1448   CONSEILLÈRE POIRIER : Et pourquoi le AM fonctionne bien ailleurs dans le Canada et ne fonctionne pas aussi bien ici? On a parlé beaucoup de ça hier et vous repreniez certains, indirectement peut-être sans le savoir, beaucoup des propos qu'on a pris hier. Est-ce que c'est parce qu'on n'offre pas? Est-ce que c'est parce qu'il n'y a pas une bonne offre sur le AM? Ou c'est parce que tout simplement les gens n'en veulent plus, ils veulent autre chose ici? Parce que ça fonctionne dans le Canada anglais beaucoup mieux que dans le Canada français.

1449   Mme LAVALLÉE : Je ne me suis pas penchée sur ce volet-là particulièrement, mais je sais, parce que je travaille à Ottawa et que je viens du Québec, je travaille pour les gens du Québec à Ottawa. Nos valeurs sont souvent extrêmement différentes et nos besoins sont différents. Vous savez, on ne consomme pas, juste au point de vue de la culture, on ne consomme pas le même genre de culture, on n'a pas le même genre de télévision.

1450   Les Québécois aiment leur culture, ils sont à l'écoute de leur télévision, ils achètent leurs magasines, on s'est fait un Star System au Québec et c'est pas juste une question de langue, c'est vraiment une question de valeurs. Et je pense qu'on est une autre nation avec d'autres valeurs tout simplement. Et c'est pour ça que ce qui peut fonctionner dans le Canada, et je pourrais vous faire une énumération de toutes les autres choses qui fonctionnent là-bas, puis ne fonctionnent pas ici. Je pense que ça fait partie de cet état national.

1451   CONSEILLÈRE POIRIER : Ma dernière question. Si on acceptait d'aller dans le sens de la demande d'exception de Cogeco, et là je reviens un peu en arrière. On a eu souvent des propriétaires de radios qui sont arrivés et qui ont fait de belles promesses, oui on a tel format et on va le respecter, mais qui en bout de piste, parce que financièrement ça ne fonctionne pas, changent le format en cour de routes et on se retrouve à perdre cet avantage-là qui est celui de la radio parlée dans une région donnée.

1452   Alors, comment, à votre avis, pourrions-nous garantir que ce que vous venez défendre ardemment serait effectivement protégé? Est-ce que ça serait en ajoutant, par exemple, des conditions de licences très particulières obligeant les nouveaux propriétaires à respecter, par exemple, la création de cette agence de nouvelles ou, par exemple, oui un tel format d'une radio. Est-ce que ça ne vous fait pas peur que certains, comme Cogeco, reviennent par la suite et disent :

« Ça ne fonctionne pas financièrement, on veut changer le format. »

1453   Et ce que vous avez défendu ne soit pas vraiment ce que vous obtenez en bout de piste.

1454   Mme LAVALLÉE : Effectivement, chaque fois qu'il y a des gens qui viennent vous faire des promesses, qui viennent prendre des engagements ici devant vous, il me semble que ce serait raisonnable de mettre ça dans les conditions de licence pour effectivement protéger. Puis les gens, en tout cas, dans cette demande-là particulièrement, il y a beaucoup d'attente dans les régions par rapport à l'information régionale, ils n'en ont pas.

1455   Je ne sais pas si vous pouvez vous imaginer ce que c'est que vous lever le matin puis ne pas savoir la température qu'il va faire en écoutant la télé, mais en sachant, effectivement, ce qui se passe sur le pont Jacques-Cartier. C'est très très frustrant et ce n'est pas juste... Alors, dans ce sens-là oui, il faut absolument que ces engagements-là soient garantis par des conditions de licence ou de la meilleure façon que vous le jugerez.

1456   CONSEILLÈRE POIRIER : Merci beaucoup, Madame Lavallée.

1457   Mme LAVALLÉE : Merci.

1458   CONSEILLÈRE POIRIER : Madame La Présidente.

1459   LA PRÉSIDENTE : Merci Madame Poirier. Monsieur Morin.

1460   CONSEILLER MORIN : Merci Madame La Présidente. Vous avez parlé de la diversité, vous y croyez, nous y croyons, mais encore faut-il la pratiquer. Au Québec, il me semble qu'on a toujours le débat facile avec les régions, les régions, que c'est important. Je vous soumets que la proposition de Cogeco, ce sont des gens qui croient dans les régions, à commencer par son président, et je pense qu'on ne peut pas douter de son engagement, qui n'est pas une condition de licence, pour la station de Trois-Rivières et des 2 autres dont ils ont parlé ici.

1461   Donc, pour accorder une exception, il faudrait qu'on ait devant nous un dossier qui nous dit qu'ils ferment les stations régionales, ce n'est pas ce qu'ils nous disent, ils veulent garder les stations régionales avec CHMT à Montréal. Ce qui est devant nous, et Astral en a fait état hier, c'est une concentration des auditeurs à la hauteur de 64 % à Montréal, c'est du jamais vu au Canada dans les marchés d'un million d'habitants.

1462   Cogeco va se retrouver avec, si le Conseil accepte sa proposition, avec 3 réseaux au Québec, dans le fond, et le réseau parlé à Montréal. Est-ce que vous trouvez normal de sacrifier la diversité des voix, au niveau de la propriété sans aucun doute, dans ce marché de Montréal qui est un marché stratégique, important pour le peuple québécois, au profit de stations régionales qui, de toute façon, vont rester en exploitation?

1463   Est-ce que nous, comme régulateur, on n'a pas d'autres moyens? Est-ce qu'on peut pousser sur d'autres options qui pourraient avoir un sens si l'on veut garder, maintenir le cap, et je pense que ça vaut pour tous les systèmes à travers le monde. Tous les régulateurs à travers le monde sont conscients de ça d'accroître et de préserver la diversité.

1464   On a parlé, hier, de la bande AM, le CRTC a, nous ne sommes pas coupables, nous n'étions pas là, a permis à cette station commerciale de s'installer sur la bande FM, et vous le reconnaissez vous-mêmes serait peut-être plus appropriée pour les stations musicales. C'est un fait unique au Canada, à ce que je sache dans les marchés d'un million, ailleurs au Canada que ce soit à Ottawa CFRA, station commerciale, est sur la bande AM et Radio One est sur la bande FM. Radio-Canada a eu la bande FM partout à travers le Canada et s'en tire très bien. D'ailleurs souvent, ils ont des parts de marché plus élevées que la radio privée, ils investissent aussi plus dans les stations nouvelles et verbales.

1465   Mais donc, il y a cette option, qui ferait difficilement son sens au Québec, de retourner sur la bande AM compte tenu des décisions historiques. Mais il y a aussi l'autre qui serait carrément de vendre, de ne pas accorder l'exception que Cogeco se départisse de CHMT. Est-ce que pour vous, ce ne serait pas la façon, pour le CRTC, de respecter la diversité québécoise dans son plus important marché qui n'a rien à voir avec l'importance relative des régions.

1466   Je suis personnellement quelqu'un qui vient des régions, j'ai fait toutes les villes au Québec plusieurs fois. Je sais qu'est-ce que c'est le défi de couvrir l'actualité régionale en région, j'ai été moi-même « reporter » dans les régions. Mais, il me semble que là, on a vraiment une décision difficile à prendre non seulement pour le présent, mais pour l'avenir pour le signal qu'on va donner.

1467   Mme LAVALLÉE : C'est vrai que c'est une décision qui est difficile, d'ailleurs si c'était facile, vous ne tiendriez pas ces audiences-là. Je veux dire si c'était facile vous auriez appliqué tout simplement les règlements que vous avez déjà et la politique que vous avez déjà. C'est parce qu'on est des êtres éminemment intelligents et capables d'évoluer que notre pensée et nos arguments et nos réflexions sont capables d'évoluer que vous tenez ces audiences-là pour écouter les arguments que les gens ont à venir vous donner.

1468   C'est vrai que ça fait, que vous constatez que ça fait une grosse concentration d'auditoire à Montréal. Mais encore là, il ne faut pas oublier si 98,5 était sur une bande AM comme normalement les radios parlées...

1469   CONSEILLER MORIN : Il n'y aurait pas de problème?

1470   Mme LAVALLÉE : Non, mais on aurait quand même le même 65 %.

--- Laughter

1471   Mme LAVALLÉE : Alors la division, c'est pas AM, FM, c'est parlée et c'est musicale, c'est ça l'esprit de votre politique.

1472   CONSEILLER MORIN : Vous n'avez rien à ajouter?

1473   Mme LAVALLÉE : Bien oui.

--- Laughter

1474   Mme LAVALLÉE : C'est mal me connaître que de penser que je n'ai jamais rien à rajouter.

--- Laughter

1475   Mme LAVALLÉE : Mais, je pense que l'essence de mon argument, je l'ai fait valoir.

1476   CONSEILLER MORIN : Merci.

1477   LA PRÉSIDENTE : Merci Monsieur Morin. Merci beaucoup Madame Lavallée de vous être déplacée.

1478   Mme LAVALLÉE : Merci.

1479   LA PRÉSIDENTE : Et encore une fois remerciez vos collègues de leur contribution, de notre part, et je vous souhaite bonne route jusqu'à Ottawa.

1480   Mme LAVALLÉE : Merci beaucoup.

1481   LA SECRÉTAIRE : Alors, j'inviterai maintenant Tietolman Thétrault Média à se présenter à la table, s'il vous plaît.

--- Pause

1482   LA SECRÉTAIRE : Alors, je crois qu'on est prêt. Monsieur Paul Tietolman comparaît pour Tietolman Thétrault Média, s'il vous plaît présentez vos collègues, vous disposez de 10 minutes ensuite pour votre présentation.

INTERVENTION

1483   M. TIETOLMAN : Madame La Présidente, Mesdames et Messieurs les conseillers, Mesdames et Messieurs le personnel du Conseil je tiens à vous remercier infiniment pour nous avoir permis de venir devant cette audience publique aujourd'hui.

1484   Je me présente, je suis Paul Tietolman, président de Tietolman Thétrault Média, à ma droite, vous trouverez mon associé et vice-président, monsieur Nicolas Thétrault, à sa droite, vous trouverez monsieur Ronald Parisien, un spécialiste des nouvelles ayant travaillé pendant plus de 30 ans à la Salle des nouvelles de Radio-Canada à Montréal et à Ottawa, à ma gauche, monsieur Jean Dufour, un solide vétéran de l'industrie musicale, à sa gauche, monsieur François Noël, qui est le fondateur de Winn Marketing, notre expert-conseil en contenu créatif et en marketing. Pour terminer et faisant également partie de notre équipe, monsieur Jim Connell, anciennement de Corus Entertainment, 940 AM et 690 AM Nouvelles et ex-directeur de CKO News Network partout au Canada, réseau FM à l'époque agissant maintenant comme consultant pour les nouvelles et informations pour T&T Média.

1485   Tietolman vous présentera aujourd'hui, lors de notre intervention, une critique détaillée, mais constructive et respectueuse à l'égard de la possible transaction de Cogeco envers les stations de Corus au Québec. Tietolman Thétrault Média est une réelle et solide alternative à cette offre de Cogeco.

1486   Au cours de la première journée d'audience tenue hier, les membres du CRTC peut-être ont oublié ou mis de côté le fait qu'une alternative est véritablement présente aux 2 grands joueurs de la radio au Québec, Astral et Cogeco, est là. Nous avons une vision différente de la radio, et ce, nous le croyons véritablement dans l'intérêt de la majorité de la population, de la concurrence et de l'industrie musicale.

1487   Et bien sûr, nous croyons que la solution de notre compagnie sera aussi bénéfique pour la diversité de l'information, le contenu en nouvelles locales, bien sûr, est bénéfique pour le respect des identités régionales. Nous voulons rassurer le CRTC que nous sommes prêts à acheter toutes les stations détenues par Corus Québec en tout ou en partie. Nous sommes également prêts à rouvrir les stations 690 AM et 940 AM à Montréal pour en faire des stations de radio parlée et investir dans les stations de Sherbrooke, Trois-Rivières et Gatineau. Nous avions même exprimé publiquement notre intérêt à acquérir la station de Saguenay.

1488   Aujourd'hui (inaudible) que possiblement si la transaction comme telle de Cogeco n'est pas acceptée que les gens au Saguenay, monsieur Hébert va laisser tomber son offre, il va laisser tomber l'achat. On est prêt, on est là, puis on est un choix viable et valable devant lui (inaudible) comme on dit de l'offre de Cogeco. Monsieur Thétrault.

1489   M. THÉTRAULT : Mesdames et Messieurs les conseillers dans votre document qu'on vous a présenté ce matin, en annexe vous retrouverez une offre réelle qu'on a déposée pour l'achat des stations de 81 millions de dollars plus des éléments d'actifs, on vous a soumis une copie de notre offre, donc on ne peut pas être plus à livre ouvert avec vous, elle est dans vos documents en annexe, original de notre offre. Je vais poursuivre le texte. Par ailleurs...

1490   LA PRÉSIDENTE : Je veux juste pour une fin de précision, Monsieur Thétrault.

1491   M. THÉTRAULT : Oui.

1492   LA PRÉSIDENTE : Excusez-moi. Ce à quoi vous venez de faire allusion, c'est la lettre en date du 7 juin...

1493   M. THÉTRAULT : Oui.

1494   LA PRÉSIDENTE : ... qui a été envoyé à Corus? Merci.

1495   M. THÉTRAULT : Exactement. Merci Madame La Présidente. Alors, je reviens sur le texte. Par ailleurs, l'un des principaux problèmes de l'offre telle que présentée par Cogeco est le non-respect des règles de propriété dans les villes de Montréal et Sherbrooke. À notre avis, de vouloir changer les règles sans fondement réel ou en prétextant les nécessités de supporter les stations régionales déficitaires est un argument non fondé, voire une forme de sondage envers les élus et la population locale et le CRTC.

1496   Si les stations des marchés de Montréal et de Québec, par exemple, apportent des profits d'opération substantiellement plus importants que les pertes minimes engendrées dans certaines stations régionales, pourquoi alors invoquer ce raisonnement fautif en vue d'obtenir lesdites stations de radio excédentaires?

1497   Pourquoi le CRTC devrait-il changer les règles de propriété en faveur de Cogeco alors que l'industrie de la radiodiffusion en est réduite à avoir 2 joueurs majeurs dans les principaux marchés? Est-ce bénéfique pour la population et la concurrence? En créant potentiellement pareil précédent, est-ce que le CRTC ne risque-t-il pas d'ouvrir une boîte de Pandore?

1498   De nombreux défis attendent le futur propriétaire des stations de radio détenues présentement par Corus au Québec dont la remise ne forme des stations de Sherbrooke, de Gatineau et de Trois-Rivières. De plus, un des plus importants défis sera aussi de tenter de rapatrier un maximum d'auditeurs de langue française écoutant des stations de langue anglaise ou des stations de radio américaines diffusant non loin de la frontière canado-américaine.

1499   Nous pensons que le futur propriétaire devra se distinguer vraiment de la concurrence en proposant une librairie musicale alternative et différente de ce que tous les concurrents offrent présentement. Finalement, le nouveau propriétaire devrait, selon nous, mettre l'emphase sur la recherche et le soutien aux nouveaux talents tant de l'industrie musicale qu'au niveau du journalisme, ce que nous, nous appelons la relève.

1500   En mettant de l'avant une pareille stratégie, nous croyons que l'acquéreur des stations de Corus au Québec pourra se différentier de la concurrence tout en allant chercher une plus grande part du marché des nouvelles et accroître son auditoire tant dans les stations musicales que celles de type parlées.

1501   M. TIETOLMAN : La musique et les formats musicaux. La radio parlée et les nouvelles sont un pilier important et essentiel de la radio de nos jours. L'aspect musical en est cependant le principal élément de contenu radio d'aujourd'hui. À l'heure actuelle au Québec, la télévision, par exemple, est généraliste, bien sûr, est même certaines chaînes spécialisées vont développer et produisent elles-mêmes une grande part de leur propre contenu télévisé, ce qui n'est pas le cas de la radio, surtout au niveau musical où tout le contenu est emprunté à l'industrie.

1502   Pourquoi ne pas faire les choses autrement? Chez Tietolman Thétrault Média, nous croyons que l'acheteur des stations de radio détenues par Corus devrait être proactif au niveau de la création musicale et d'investir des sommes très importantes pour de nombreuses années en soutien à la relève musicale aux producteurs indépendants associés avec le projet de l'industrie musicale, bien sûr du Québec et en soutien aux nouveaux artistes.

1503   C'est ce que nous voulons proposer chez Tietolman Thétrault Média. Nous voulons créer 2 nouveaux répertoires musicaux en association avec des partenaires de l'industrie musicale. Ce faisant, notre groupe respecterait tous les quotas de musique de langue française et de contenu canadien, pas des mixtes de 10, 15 minutes vers 4 minutes de musique francophone, pas du tout. Nous croyons que Cogeco devrait s'inspirer de cette manière de faire, mais rien de tel n'est prévu dans le plan d'affaires.

1504   Le résultat final serait bien entendu d'accroître la diversité musicale tant dans nos stations de radio que dans les stations de radio concurrentes. Cela nous permettra aussi de rapatrier une partie des auditeurs francophones qui écoutent trop souvent les stations de langues anglaises et les autres médias tel Internet. Nous devons encourager les auditeurs francophones à écouter davantage et appuyer les artistes de chez nous, les artistes de langue française. Nous l'avons déjà accompli dans le passé avec CKOI FM qu'on crée à l'époque, une vraie alternative, une vraie diversité et de véritables choix deviendront enfin réalité pour les auditeurs de la radio. À ma gauche, monsieur Jean Dufour va élaborer davantage sur notre plan.

1505   M. DUFOUR : Bonjour Madame La Présidente, Mesdames et Messieurs, bon matin. La priorité et l'intention de Tieltoman et Thétrault Média est d'établir un son musical francophone distinct et faire le maximum afin de développer de nouveaux talents québécois. Ceci pourrait instaurer un nouveau Star System de la radio au Québec.

1506   Nous voulons implanter un nouveau son radiophonique au Québec avec un contenu musical unique une diversité par rapport à la compétition, et ce, en respectant le pourcentage de contenu francophone tel qu'établi par le CRTC. J'ai mis l'accent sur diversité, je crois que vous avez remarqué, on en a parlé beaucoup hier et on en a encore parlé ce matin et nous, on va vers la diversité à cent pour cent. Pour la première fois au Québec un radiodiffuseur se montre prêt à s'investir à la production et à l'enregistrement de chansons francophones par des artistes québécois, canadiens ainsi que des artistes connus au niveau international.

1507   T&T Média prévoit développer 2 librairies musicales flambant neuves produites au Québec et chaque format va contenir 400 nouvelles pièces musicales de langue française la première année, du jamais vu. En 7 ans, c'est plus de 1 500 chansons d'artistes différents, avec de nouvelles chansons francophones pour chaque format, sur le marché québécois. Ceci représente un nombre important de chansons de langue française.

1508   Cela démontre clairement à quel point T&T Média est sérieux et désire développer de nouveaux talents. Qui sait combien des stars québécoises pourraient naître de cette initiative exceptionnelle. Notre but est de ramener sur les ondes du Québec l'émotion et la fièvre, non pas seulement du samedi soir, mais la fièvre de façon récurrente à la semaine longue.

1509   Il est temps qu'au Québec nous ayons un radiodiffuseur qui se soucie de l'auditoire et du peuple québécois, de sa culture et surtout de ses artistes, auteurs et compositeurs. Une radio qui répond au goût des québécois comme à l'époque de CKOI, une radio de langue française qui était numéro un non pas seulement au Québec, mais à travers le Canada avec 1.2 million d'auditeurs, c'était l'époque des Tietolman. Chez T&T Média, nous détenons toujours la passion pour la musique, pour la radio et surtout pour notre langue, notre talent et notre savoir-faire.

1510   Une chance égale pour toute la relève. Fait sans précédent, Tietolman Thétrault Média s'engage à faire la promotion des pièces musicales qui ne répondent pas au format et au son établi par les stations T&T Média. Advenant le cas où une pièce musicale ne corresponde pas à nos formats musicaux T&T Média va même promouvoir cette pièce musicale pour le bien de l'artiste et de l'industrie, et ce, même dans les stations de radio concurrentes.

1511   Tieltoman Thétrault Média souhaite devenir également un fournisseur de contenu musical pour les stations de radio concurrentes qui deviendraient aussi clientes de notre entreprise pour le bien-être de l'industrie musicale. Merci.

1512   M. THÉTRAULT : La radio parlée et les affaires publiques. Les émissions d'affaires publiques et la radio parlée sont des volets importants de la radio. À l'heure actuelle, une seule radio francophone privée offre à son auditoire un format parlé et cela n'est pas fait en tout temps. Par exemple le soir, les auditeurs ont droit à des reprises des émissions de radio parlées du jour ou de la musique. Les fins de semaines, les auditeurs ont surtout droit à de la musique. En somme, cette station, 98.5 FM à Montréal, est devenue une espèce de station hybride au contenu parlé très réduit au détriment des auditeurs.

1513   Cette situation a trop duré. Nous croyons sincèrement que les auditeurs du grand Montréal méritent beaucoup mieux et davantage. Chez Tietolman Thétrault Média, nous croyons que le public mérite une station radio parlée d'affaires publiques diffusant la radio parlée en direct 24 heures par jour et 7 jours par semaine.

1514   Si nous avons l'occasion d'opérer une station radio parlée, nous offrirons les nouvelles locales et régionales touchant les Montréalais, et ce, 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Nous croyons aussi que les stations de radio de Sherbrooke, Gatineau et Trois-Rivières doivent offrir aux auditeurs 3 blocs de radio parlée, 3 heures le matin, au moins une heure trente le midi et 2 heures le soir à l'heure du retour à la maison. Ces émissions doivent être interactives et collées sur l'actualité locale.

1515   Par ailleurs, les fins de semaines, les auditeurs sont aussi en droit d'obtenir la même couverture de radio parlée qu'en semaine. Afin d'avoir de bonnes émissions de radio parlée, nous croyons qu'il faut une bonne équipe dynamique comptant une douzaine de recherchistes chevronnés à temps complet.

1516   Tietolman Thétrault Média veut remettre à l'avant-scène la formule du face-à-face mise de l'avant par la famille Tietolman il y a de nombreuses années. Cette formule permet le choc des idées entre des intervenants d'opinions divergentes et gonfle, par son dynamisme, les cotes d'écoute et l'intérêt des auditeurs. Nous croyons que la fréquence 690 AM est idéale pour mettre de l'avant pareille formule de radio parlée et non le 98.5 FM. Et nous sommes convaincus que cette station générerait de grandes cotes d'écoute. En revanche le 98.5 FM devrait être transformé en une station de radio musicale et permettre ainsi l'ajout de concurrence et de diversité sur le FM musical et offrir plus de choix aux auditeurs.

1517   M. TIETOLMAN : Maintenant les nouvelles.

1518   M. PARISIEN : Pour ce qui est des nouvelles, le traitement de l'information doit être fait d'une façon professionnelle et de bénéficier de ressources journalistiques suffisantes. Nous croyons grandement que le plan de Cogeco sous-estime les effectifs requis pour une couverture de qualité. Après analyse, nous avons établi que le nombre minimal de journalistes est de 45 à 50 pour couvrir l'ensemble du réseau de Cogeco actuel. À cela doit s'ajouter une douzaine de journalistes pigistes, c'est un minimum.

1519   Afin de couvrir les nouvelles locales de façon professionnelle, les auditeurs ont droit à des journalistes de métier. Par exemple pour la station de radio de Sherbrooke comment pourrait-elle être couverte de façon convenable si on ne compte qu'un seul journaliste? Outre l'information locale et régionale, les auditeurs ont aussi droit à une information nationale et internationale de qualité. Pour ce faire, rien de mieux que La Presse canadienne comme partenaire dans le partage d'informations nationales et internationales.

1520   Le respect des identités régionales passe aussi par le traitement de la nouvelle en fonction des besoins, des intérêts et des identités régionales. Par exemple, le reporter qui couvre le débat à l'Assemblée nationale ou le Parlement fédéral doit tenir compte des enjeux régionaux qui peuvent différer d'une région à l'autre.

1521   Par exemple, le journaliste ne doit pas nécessairement couvrir la nouvelle de la même façon s'il s'adresse aux auditeurs de l'Outaouais, de la Mauricie et ceux des Cantons de l'Est. Donc, on doit tenir compte d'une perspective qui colle aux réalités régionales.

1522   Merci.

1523   M. TIETOLMAN: En conclusion, Tietolman Tétrault Média conclut que la vente des stations détenues par CORUS au Québec aurait des conséquences majeures à long terme sur l'industrie de la radio et la concentration de propriété dans la radio.

1524   Cette possible transaction aura aussi des impacts majeurs envers les artistes et les artisans de la musique, le journalisme, la concurrence, la relève musicale et journalistique au Québec.

1525   Nous croyons qu'il existe pour l'industrie de la radio une opportunité unique de développer véritablement de nouveaux formats musicaux et de créer une diversité de choix musicaux et de radio parlée pour les auditeurs au Québec, partout au Québec.

1526   Nous respectons COGECO, bien sûr, ainsi que les autres joueurs dans la radio en tout respect, mais nous croyons que notre vision et notre plan d'affaire respectent intégralement les règles du CRTC et va bien au-delà des exigences en matière de contenu de langue française et contenu canadien.

1527   M. TÉTRAULT: Notre plan offre également davantage d'investissement dans la création musicale et en soutien à la relève musicale. Tietolman Tétrault Média offre une alternative viable, valable et solide à long terme à la proposition de COGECO. Nous avons la capacité financière, le financement est en place, d'aller de l'avant avec notre offre d'achat pour l'ensemble ou la totalité des stations en jeu.

1528   Nous avons aussi une très vaste expérience radio puisque nous sommes spécialisés dans la radio depuis des décennies et nous sommes d'excellents gestionnaires dans ce domaine. Notre priorité a toujours été de combler les besoins des auditeurs d'abord et avant tout. Nous avons toujours respecté la communauté artistique dans son ensemble et surtout appuyé la relève sous toutes ses formes.

1529   En conclusion, c'est pour cela que nous demandons respectueusement au CRTC de rejeter la proposition de COGECO, surtout en ce qui a trait à l'exemption aux règles de propriété dans les marchés de Montréal et Sherbrooke.

1530   Chez Tietolman Tétrault Média nous sommes ainsi prêts à acheter la totalité des stations de radio détenues par CORUS ou une partie de ces stations de radio. Il existe donc une alternative crédible à l'offre de COGECO.

1531   Nous vous remercions de l'opportunité que vous nous avez offerte aujourd'hui et nous sommes disponibles à répondre à toutes vos questions.

1532   Nos remerciements.

1533   LA PRÉSIDENTE: Je vous remercie, messieurs.

1534   Avant de passer la parole à madame Cugini, je suis obligée de faire une mise au point.

1535   L'objectif de l'audience publique qui se tient depuis hier et qui continue aujourd'hui n'est pas d'analyser des demandes compétitives pour l'achat des stations de CORUS. C'est pour analyser la pertinence de la transaction qui nous est proposée et non pas de faire un processus compétitif.

1536   Donc, dans cet esprit-là, on prend note des critiques que vous faites à l'endroit de la transaction qui est proposée et les conditions qui sont proposées à la transaction, mais nos commentaires, vos commentaires et nos questions doivent se limiter à cette position-là.

1537   Je note que, aussi, vous êtes des gens intéressés à la radiodiffusion et, en ce sens-là, vos commentaires sont importants pour nous, pour qu'on s'assure que dans le cadre de la transaction les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion sont bien servis ainsi que les citoyens du Québec.

1538   Madame Cugini.

1539   COMMISSIONER CUGINI: Thank you and good morning. I will be asking my questions in English, so I am not sure if any of your panel members need translation facilities.

1540   M. TIETOLMAN: No problem at all.

1541   COMMISSIONER CUGINI: No? Okay. Thank you. I will limit my questions to your written intervention, especially in light of what you have presented us this morning and in what our Chairperson has just said. I'm sorry, on the presentation.

1542   In your written presentation on page -- I'm sorry, paragraph 37. I'm going to refer to paragraphs because I do have an English translation of your written. You say: "We would point out that for more than 20 years the profitability of radiobroadcasters in Quebec has been based not on innovation, but rather on the elimination of competition."

1543   Now, this is a translation of your -- like I've said -- of your written presentation, so it may be paraphrasing, but I am wondering if you could please elaborate for me on your concept of the elimination of competition.

1544   M. TIETOLMAN: Today, there are less radio stations in Montreal than there have ever been. At one time in Montreal, maybe 20, 25 years ago, 15 years ago, you had five AM radio stations, for example, programming talk and information content. Today, you're limited to one commercial operation on AM and you have one -- actually one commercial on FM and Radio-Canada.

1545   Obviously, when Telemedia and Radio Mutuelle joined forces, they eliminated a key station in Montreal, a station every region of the province of Quebec that they had the duplication of stations and basically, all that produced was more concentration of ownership, less competition in all the markets and obviously, less choice.

1546   If you have less stations, you have less choice and if you don't have competition, you don't have innovation, innovation brings creativity, creativity will lead onto with a proper vision, more choice and diversity for listeners and the ultimate I think important factor is the listener.

1547   Nobody else but the listener, secondly come the artists of the radio, the talent when it comes to music and news and information and talk, but that's basically what we meant by that paragraph.

1548   COMMISSIONER CUGINI: Okay. Thank you. This is a function of consolidation --

1549   M. TIETOLMAN: Right.

1550   COMMISSIONER CUGINI: -- which seems to be rampant in this industry, especially recently.

1551   M. TIETOLMAN: Right.

1552   COMMISSIONER CUGINI: Okay. You, again in your written presentation, you don't believe that the COGECO nouvelles and it's characterized as «a centralized news network», can offer unique and distinct local content to the regional stations.

1553   I know you were here since the beginning of the hearing. Does anything that COGECO said change your mind about that statement?

1554   M. TIETOLMAN: Absolutely not and if I can elaborate, I'll try and explain myself.

1555   COMMISSIONER CUGINI: Please do.

1556   M. TIETOLMAN: Our background is the radio for many years. We operated in Montreal a station called "CKVL" on the 850 frequency on AM. At one time, we operated three blocks of news, shows called "Québec Matin", "Québec Midi", "Québec Soir".

1557   We had on one radio station in Montreal 45 full time journalists, some of them went on to become talk program people like Gilles Proulx and others. At the same time, prior to that point as a youngster I was still taking care of my head, it has gone grey and a light less, I was sent to Vancouver and we launched the station which was called "CFUN" at the time CFUN, before it was sold to Mr. Waters at Chum Limited and we converted the station to a name called "CKVN", the voice of news, Vancouver voice of news.

1558   We had forty plus people working, a one radio station, purely for three blocks of news and everybody knows whether you do a five-minute newscast, a one-minute reportage dans les rues de Montréal ou ailleurs, you need people. And if you have a region set out large to a certain point, take Sherbrooke, for example, l'Estrie, you have got geography that plays against the fact that one journalist can cover the whole area, it's impossible.

1559   You have an accident on the Autoroute des Cantons de l'Est and you have a fly, let's say, a meeting at the City Hall with an important announcement, how can you be in two places at the same time? It's impossible. Even though the population is much less than Montreal, it takes people and people with a quality and with an understanding of what their local audiences want to hear.

1560   COMMISSIONER CUGINI: So, your criticism of COGECO nouvelles is more along the lines of it being deficient in the resources put behind it, but not necessarily the concept?

1561   M. TIETOLMAN: Right. No, not the concept, except a new service as regional, national and international nature. If you want to succeed in these markets, you have to be primarily local, whether that's programming or news and information. That's a fact.

1562   Now, if we turn the clock back a bit and take a look at the 33 newsmen that they pledge they're going to hire or they already have in their employ, remember CFGL has five radio stations in Montreal and in the areas they own right now. If you add the nine they're going to take over if you approve this transaction, that's 14. Take the 33, that includes researchers on talk programming.

1563   We are the pioneers of talk programming in Quebec radio, we have launched many, many different people on-air. I could tell you right now if you disrupt away those numbers, you are down to 23 journalists: one in Ottawa, one in Quebec City, you're down to 21 journalists full time.

1564   Do you think you can cover all these secondary markets regions locally and at the same time Montreal radio? It's impossible, you cannot do it. Now, either COGECO miscalculated or they're not presenting the truthful facts, one of the two.

1565   COMMISSIONER CUGINI: And your position is, we, this Commission should deny the transaction outright. It's not just deny it, deny the exception only, deny the transaction?

1566   M. TIETOLMAN: Let's just continue. What I am saying is if COGECO is ready to step forward and say, okay, we understand the importance of news to the point we're ready to hire 40 to 50 people and a dozen part-timers and we're ready and willing to serve the population locally the way it should be serviced, then I can say absolutely, have our blessing.

1567   But at the same time, not just as information, the biggest problem in French radio today, I mean there is news everywhere, practically everywhere, music, francophone listeners are tuning to English radio. We know that. I don't repeat the facts and the figures, you know it better than I know it.

1568   Listen, I can even send the Commission tomorrow a compilation of a dozen songs that we sampled. We have research to show exactly what we've studied and including the secondary markets. If COGECO wants to have success in those secondary markets, you cannot even oppose a music format that is a Montreal music format in those areas.

1569   We came up with a format that is different, it doesn't exist even in English in all of Quebec, and believe it or not, our research shows that we are probably being number 1 and number 2, in Sherbrooke, Trois-Rivières and down Gatineau.

1570   COMMISSIONER CUGINI: Okay. We're going to stop you there.

1571   M. TIETOLMAN: Okay, no problem.

1572   COMMISSIONER CUGINI: We're going to stop you there.

1573   If this Commission were to grant COGECO's request, including the exception, do you believe that that would cause a precedent, that would create a precedent for the rest of Canada?

1574   M. TIETOLMAN: Absolutely. And if I were a broadcaster, I don't care if I'm in Cranbrooke up in Newfoundland or then Victoria, B.C., and I have the opportunity of seeing what's happening, I'll come knocking on your door and I'll pick up the phone and call you folks and bother you tremendously and put a lot of pressure on and try to lobby more through, to get my third frequency, third property in my market.

1575   It's going to happen absolutely. That's an issue of the radio business. You know who we are and how we act and how we think and how we react. absolutely.

1576   COMMISSIONER CUGINI: Well, thank you, Mr. Tietolman and your colleagues. Those are my questions.

1577   LA PRÉSIDENTE: Merci, madame Cugini. Je vais continuer sur la lancée de madame Cugini au niveau de l'exception.

1578   M. TIETOLMAN: Oui.

1579   LA PRÉSIDENTE: Vous dites que, selon vous si, effectivement, on donne à COGECO l'exception qu'ils demandent, on va avoir d'autres demandes qui vont suivre dans d'autres marchés.

1580   Certains des marchés que vous avez mentionnés, ce sont des marchés où est-ce qu'il y a très peu de fréquence FM quand il n'y en a pas du tout. Donc, vous pensez que ça va inciter à une encore plus grande consolidation même dans les marchés très lucratifs dans le restant du pays?

1581   M. TIETOLMAN: Mais c'est sûr, c'est sûr. Moi, je connais des ingénieurs qui travaillent constamment pour les grands groupes de radiodiffuseurs au Canada, des grandeurs comme Toronto, je pense que vous auriez juste quelqu'un qui voudrait déménager une fréquence alentour de Toronto et Toronto.

1582   Écoutez, ça va continuer et ça ne va pas lâcher, garanti, garanti. Il y a certaines choses qui sont certaines vis-à-vis... nous, comme on dit, les radiodiffuseurs au Canada, que ce soit en français ou en anglais, on pense pareil.

1583   C'est sûr ils vont toujours pleurer devant vous autres, ah! on est déficitaire, on n'est pas assez rentable en comptabilité, trop de concurrence, il faut limiter cela, il faut éliminer l'affaire. Ça va continuer jusqu'à la fin des jours; ça ne changera pas.

1584   LA PRÉSIDENTE: Sur un sujet très différent.

1585   M. TIETOLMAN: Oui.

1586   LA PRÉSIDENTE: Au sujet de la station CKOY-FM à Sherbrooke, vous avez mentionné dans votre mémoire que vous avez déposé que, selon vous, la proposition qui est faite par COGECO de proposer et de transformer CKOY en un réémetteur de CKAC, c'est seulement une façon d'empêcher un concurrent d'entrer dans le marché.

1587   Alors, est-ce que c'est votre position à ce moment-là qu'il n'y a plus aucune fréquence FM disponible dans le marché de Sherbrooke?

1588   M. TIETOLMAN: Bien, je n'ai pas étudié l'affaire en profondeur, mais il y a une chose qui est certaine, d'offrir les sports de Montréal, on a un problème souvent quand on est à Montréal, que ce soit musique, nouvelles, affaires publiques, les émissions parlées, n'importe quoi, on est en train de faire comme on dit en anglais: "The montrealization of radio" partout dans la province de Québec.

1589   LA PRÉSIDENTE: Sauf que...

1590   M. TIETOLMAN: Ce n'est pas acceptable.

1591   LA PRÉSIDENTE: Si je peux me permettre, dans le cas de la proposition de COGECO, hier ils se sont engagés à ne pas diffuser de publicité qui aurait rapport à Sherbrooke si c'était accordé et, à ce moment-là, vous... je vais en revenir à votre prétention selon laquelle c'est une façon d'empêcher un concurrent de rentrer dans le marché.

1592   Mais est-ce qu'il n'y a pas d'autres façons pour des concurrents présentement d'entrer dans le marché de Sherbrooke que la fréquence de CKOY et qui est présentement occupée par CKOY-FM d'ailleurs?

1593   M. TIETOLMAN: Mais c'est une fréquence qui est déjà existante. Pourquoi, comme on dit, gaspiller les ressources qui sont déjà là? Il faut utiliser au maximum, au bénéfice de l'auditoire de la région, et caetera, et je vous dis clairement, il y a des formats musicaux, surtout si on suit le projet que nous avons en main et qu'on a développé, on a investi près d'un million de dollars pour compléter nos études et nous...

1594   COMMISSIONER CUGINI: O.k.

1595   M. TIETOLMAN: Parfait. Je comprends.

1596   LA PRÉSIDENTE: Merci.

1597   M. TIETOLMAN: Donc, ce qu'on essaie de dire, les gens méritent plus qu'ils ont en ce moment et mieux.

1598   LA PRÉSIDENTE: O.k. Mais donc, si je peux me permettre de nuancer votre position à ce moment-là, c'est ce que vous dites. C'est que CKOI-FM...

1599   M. TIETOLMAN: Y-FM.

1600   LA PRÉSIDENTE: ... servirait mieux la population de Sherbrooke si elle était transformée en un autre type de station régionale que devenir un réémetteur de CKAC avec un format sport?

1601   M. TIETOLMAN: Monsieur Parisien vit dans la région de l'Estrie, il comprend l'affaire. Il m'expliquait l'affaire qu'on se dit souvent là-bas: écoute, le sport, d'accord. Écoute, il y a des années quand ils ont dit, on va convertir CKAC comme une émission station sportive, avant qu'ils ont fait ça, CKAC a eu 800 000 auditeurs à l'écoute chaque semaine avec la radio parlée et affaires publiques.

1602   Tout à coup, ça disparaît parce qu'ils ont déménagé Paul Arcand et Gilles Proulx et d'autres directement sur les ondes de FM parlée.

1603   Une chose qui est certaine, les gens à Sherbrooke méritent d'avoir beaucoup plus et les gens de Sherbrooke méritent d'avoir du choix et diversité si c'est disponible et s'il y a un radiodiffuseur prêt de prendre le défi et de pousser la ligne.

1604   Il y a une expression que mon père m'avait enseignée une fois: «Argent perdu, rien de perdu, courage perdu, tout perdu.» On a le courage de faire ce qu'il faut faire pour donner au public ce qu'il mérite d'avoir.

1605   LA PRÉSIDENTE: O.k. Au sujet du AM à Montréal, je note que vous avez dans votre équipe des gens qui connaissent bien la question qu'on se pose et qui est pertinente pour l'exception qui est demandée par COGECO. C'est de savoir: Comment se fait-il qu'on a des fréquences disponibles, des belles fréquences disponibles, vous l'avez noté vous-même, le 69,0 et le 94,0, mais par contre ça n'a pas marché pour CORUS et les explications qu'on nous donne c'est que les gens ne syntonisent plus le AM.

1606   Alors, avec l'expérience que vous avez, est-ce que vous pouvez contribuer à cette... à mettre un petit peu de lumière là-dessus?

1607   Selon vous, qu'est-ce qui fait que le 94,0, le 69,0 ou peu importe quel service de programmation qu'il y a eu à Montréal dans les dix dernières années, qu'on n'a pas réussi à repartir le 69,0 et le 94,0?

1608   M. TIETOLMAN: Quand CORUS a acheté des stations de messieurs Pierre Béland et Pierre Arcand, moi, j'étais très... j'ai critiqué l'affaire précisément parce que je ne croyais pas ce qu'ils voulaient faire fonctionnerait comme il faut.

1609   De l'autre côté, c'est sûr qu'une fréquence comme 69,0 AM, on dit en anglais: "A cleared channel frequency", si ce n'est pas bientôt utilisé par les Canadiens, par les québécois, par les montréalais, je pense que certaines stations aux États-Unis pourraient réclamer la fréquence parce que c'est un "cleared channel frequency", ça vaut beaucoup d'argent.

1610   Puis quelqu'un hier à dit: Ah! Radio-Canada, ils se sont débarrassés de l'affaire. Excusez-moi donc pour le dire, moi, je parle avec les gens de Radio-Canada souvent et ils veulent avoir, même je ne m'étonne pas, peut-être que vous avez déjà la demande, pour remettre 69,0 dans leurs mains.

1611   69,0 à Montréal avec une programmation qu'on a conçue, je vous garantis... je vous garantis la chemise sur mon dos et l'argent de ma poche que ça va dépasser le FM parlé à Montréal. Et si ça arrivait comme ça tout à COGECO va se trouver avec une station FM musicale, mais est-ce qu'ils vont modifier le format pour ne pas copier ou de «dupliquer» CKOY, CITÉ-FM, SKYNEF, CFGL. On a des formats inexistants à Montréal.

1612   On est un consortium qu'on a formé et...

1613   LA PRÉSIDENTE: Là, on parlait du AM.

1614   M. TIETOLMAN: O.k., O.k. Va donc, vas-y.

1615   M. TÉTRAULT: Excusez-moi, madame la présidente. Juste pour renchérir pour les commissaires qui sont de Montréal, quand on syntonisait 69,0 AM, je pense que c'était tout simplement l'offre de produit, l'offre qui ne correspondait pas aux besoins des gens.

1616   On avait fait vite le tour de l'information, c'était souvent extrêmement répétitif et c'était toujours la même chose qui revenait. Donc, ce n'était pas... je pense que c'était tout simplement le format qui ne répondait pas aux besoins des gens.

1617   Si on avait utilisé 69,0 AM avec des débats d'idées, on avait mis un ancien Premier Ministre d'un parti contre une autre personnalité connue qui ont des visions divergentes, si on avait mis de l'action en ondes, si on avait essayé d'attirer des personnes exceptionnelles, créé des débats, créé la nouvelle dans la rue aussi, faire de l'interaction avec la population, écoutez, on aurait pu certainement avoir des cotes d'écoute nettement meilleures que ce qui était diffusé et que ce qu'ils ont obtenu.

1618   LA PRÉSIDENTE: Donc, vous, ce que vous soutenez, c'est qu'au fond, ce n'est pas... ce n'est pas le système de transmission, ce n'est pas le système de livraison, c'est le produit qui était livré...

1619   M. TÉTRAULT: oui.

1620   LA PRÉSIDENTE: ... qui n'était pas adapté à ce que les gens dans la région de Montréal attendaient?

1621   M. TIETOLMAN: Et, moi, je dois lever mon chapeau devant ASTRAL, CJAD, ça va très, très bien.

1622   M. TÉTRAULT: Extrêmement bien, exactement.

1623   M. TIETOLMAN: Et on entend des gens de 18 ans en ondes qui téléphonent souvent le matin, l'après-midi, parlant avec les animateurs, souvent, et même des francophones qui téléphonent souvent en ondes. Pourquoi? Parce qu'il y a peut-être des lacunes dans le marché francophone.

1624   Deuxièmement, on a le septième match Pittsburg, Montréal, le septième match Washington, Montréal. Est-ce que vous avez 18 ans et vous n'êtes pas devant l'écran de télévision, vous voulez suivre le match de hockey des Canadiens, vont-ils gagner ou non? Alec va-t-il sauver les meubles pour les Canadiens? Vous allez écouter et vous allez vous brancher à la radio de 69,0 ou une autre fréquence AM. C'est prouvé déjà dans tous les marchés partout au Canada, aux États-Unis, en Europe. On est convaincu de ça.

1625   Et il y a une grève, il y a une tempête de neige, trois pieds de neige à l'extérieur, tu vas suivre où ça se trouve l'information nécessaire et cruciale pour survivre pendant ces journées qui suivront.

1626   LA PRÉSIDENTE: Je vous remercie. Monsieur Morin.

1627   CONSEILLER MORIN: Bonjour. Merci. Si on disait que CHMP retournait sur la bande AM, on ne réglerait pas le problème de la diversité, hein! Je pense que madame Lavallée un peu plus tôt a «scoré» un petit peu là-dessus.

--- Laughter

1628   CONSEILLER MORIN: Mais, actuellement, CHMP est numéro 1 dans les stations parlées, un peu devant Radio-Canada qui, lui, reste sur la bande FM.

1629   On l'a dit hier, les propriétaires de Ipod ou de Zoon ou, et caetera, même Bang Andersen dans les années 80 avaient enlevé sur la radio la bande AM.

1630   Il reste que, quand même, on le sait, les gens écoutent la radio d'abord et avant tout en automobile. C'est 80 pour cent de l'écoute à peu près qui est faite en automobile.

1631   Alors, si on disait... on proposait à COGECO de retourner, ce serait une logique un peu tortueuse, là, compte tenu de l'historique, mais si on disait à COGECO de retourner sur la bande AM, une condition d'accepter la transaction, COGECO risquerait, parce que le 20 pour cent, il ne serait pas là, de devenir non pas numéro 1, mais numéro 2 et peut-être que la part de profit, de bénéfice qu'ils ont sur cette station-là s'envolerait du même coup. Ce serait périlleux comme exercice, vous ne trouvez pas?

1632   M. TIETOLMAN: Bon. C'est sûr que des gens qui n'ont pas une façon de croire que ça pourrait arriver avec succès, ils vont répondre d'une façon semblable.

1633   Mais si on regarde les sondages du passé, quand monsieur Paul Arcand disait le matin à CKAC, monsieur Proulx a fait la radio parlée à midi et docteur Mailloux a fait la radio l'après-midi, regardons la "share of market" qu'ils ont eue à l'époque sur la bande AM avec ce qu'ils ont aujourd'hui, pas hier, mais aujourd'hui sur la bande FM. Il n'y a pas une grande différence, hein.

1634   CONSEILLER MORIN: Oui, «à l'époque»... à l'époque, vous parlez de quelle année?

1635   M. TIETOLMAN: De 2001, 2002, 2003. À l'époque, c'est sûr qu'il n'y a pas une grande différence. Ce n'est pas une question de «on est sur la bande FM, on va gagner plus; on est sur la bande AM, on va perdre.» Je ne crois pas du tout, pas du tout.

1636   Écoutez, moi, j'étudie attentivement CKNW, CJOB, CJAD, CFRB, Rogers, la nouvelle en ondes sur la bande AM à Toronto, ça va très bien. Je parle avec les amis à Los Angeles, New York, Pittsburg, Philadelphie, Boston, ils sont toujours en tête ou 2 ou 3 dans les sondages sur la bande AM.

1637   Et l'avantage de libérer la fréquence FM, c'est de développer un nouveau format flambant neuf pour encourager les jeunes à écouter plus la radio francophone au lieu de se brancher sur la radio anglophone et vous auriez encore des stations Virgin ou CHOM, mais, honnêtement, s'ils cherchent la musique là-bas, c'est à cause qu'ils n'ont pas encore de choix sur la bande FM en français.

1638   Écoute donc les postes latins à Montréal. Presque toutes les stations vont jouer Céline Dion, Kevin Parent, Isabelle Boulay. Je n'ai rien contre eux autres. Je les adore. Je les écoute moi-même. Mais un membre de la relève, ça n'existe pas du tout.

1639   Moi, je me souviens quand j'ai lancé CKOI-FM en ondes. Mon Dieu, écoute, on a lancé Harmonium. On avait fait leur bobine d'audition dans les studios chez nous. Beau Dommage, Gilles Valiquette, Plume, je peux te nommer 200 noms qui sont encore parmi les stars du Star System de Québec.

1640   Mais, aujourd'hui, ça prend une autre vague pour encourager le talent de chez nous, et ça, ça va nous permettre de le faire.

1641   LA PRÉSIDENTE : Monsieur Tietolman, je ne suis pas certaine que vous répondez à la question de monsieur Morin.

1642   M. TIETOLMAN : Mais je pense que j'ai...

1643   CONSEILLER MORIN : Nous, on parlait de l'AM là, bien sûr.

1644   M. TIETOLMAN : Oui.

1645   CONSEILLER MORIN : La diversité musicale, on pourra en reparler.

1646   M. TIETOLMAN : Oui. Excuse-moi. Donc, je vais... Excuse-moi. O.K.

1647   Écoute, je crois qu'il n'y a pas de danger. C'est sûr que si on faisait le mouvement vers ça, on va garder la radio parlée et l'information sur le FM parlé pendant 12 à 18 mois, et on convertit l'affaire lentement, pas pour choquer le public à l'écoute. Mais on ajoute des éléments nouveaux.

1648   Exemple, si je vous dis, demain à midi, monsieur Brian Mulroney et monsieur Jean Chrétien vont faire un débat en direct pendant une heure de temps, je vous garantis, si je n'ai pas 200 000 personnes à l'écoute à cette heure-ci là, excuse-moi donc, mais je vais retirer mes affaires radiophoniques, puis je vais laisser les affaires aux autres. Moi, je suis convaincu de ça.

1649   Puis nous avons des idées là-dedans qui pourraient, on croit sincèrement, facilement attirer le monde à l'écoute à la radio AM francophone à Montréal.

1650   CONSEILLER MORIN : Donc, pour vous, ce que vous me dites dans le fond, c'est que c'est vraiment une exception pratiquement québécoise, à l'échelle...

1651   M. TIETOLMAN : Oui. Oui.

1652   CONSEILLER MORIN : ...nord-américaine à tout le moins...

1653   M. TIETOLMAN : Oui.

1654   CONSEILLER MORIN : ...qu'on soit tous, en ce qui concerne la radio parlée, sur la bande FM, Radio-Canada et 98.5?

1655   M. TIETOLMAN : Même Radio-Canada, que je respecte énormément... écoute, quand Radio-Canada a fait le move, on avait des ingénieurs, parce qu'on a fait la demande pour la même fréquence pour un format flambe en neuf sur la bande FM à l'époque.

1656   Et après qu'ils ont mis la station en ondes, qu'est-ce qu'ils ont fait? Ils ont demandé d'autres fréquences pour alimenter la couverture de marché du Grand Montréal et des environs parce que 95,1 n'était pas suffisant, techniquement parlant, de bien couvrir autant qu'un clear channel de 690.

1657   Et je vous dis, 690, c'est une fréquence de qualité et de grande valeur, et je suis convaincu que quand on écoute ça, c'est vraiment écoutable, aussi bien qu'un poste FM.

1658   CONSEILLER MORIN : Avec votre expérience... moi, hier, j'ai avancé l'idée que si on demandait de retourner sur la bande AM, que pendant trois ans, on protégerait la radio parlée pour Cogeco. Sur la bande AM, il n'y aurait pas de nouvelle formule radiophonique parlée qui serait introduite ou possible. Le CRTC poserait une question...

1659   Comment vous verriez cette transition-là? Est-ce qu'il y aurait d'autres conditions? Est-ce que vous pensez que ce que j'avance fait du sens, et caetera?

1660   M. TIETOLMAN : Monsieur Morin, moi, je n'ai pas peur de la concurrence. Moi, j'ai vécu la concurrence toute ma vie. La radio, c'est une business bien, bien concurrentielle.

1661   Écoute, on était seul, CKVL-AM, CKOI-FM. On a fait la concurrence avec deux grands réseaux, Télémédia et Radiomutuel, avec des ressources beaucoup plus que nous autres. Écoute, on a rendu CKOI-FM numéro un au Canada. Comment et pourquoi? Par l'innovation, par la créativité, par les idées.

1662   Écoute, l'argent n'achète pas les idées. L'argent est un accessoire, bien sûr, vers le succès, mais il ne faut pas oublier que ça prend de l'innovation, et l'innovation vient avec la concurrence, et la créativité va produire des résultats avec succès.

1663   CONSEILLER MORIN : Question spécifique. Si le CRTC décidait de dire à Cogeco, oui pour CHMP, oui pour la transaction, mais vous vous installez sur la bande AM, est-ce qu'il y aurait des mesures que vous suggéreriez pour rendre l'opération intéressante pour Cogeco?

1664   Parce que vous vous rendez compte qu'on est déjà... même si on est une exception au Canada, on a déjà fait le saut vers le FM en ce qui concerne la radio parlée. C'est difficile de revenir en arrière.

1665   Est-ce que, pour vous, on ne devrait pas aider un peu Cogeco à faire cette transition-là?

1666   M. TIETOLMAN : Monsieur Morin, non. J'ai un grand respect pour la famille Audet, pour Cogeco. Je n'ai rien à leur reprocher, mais je ne pense pas que je vais faire une collecte pour la famille.

1667   Cogeco, c'est une compagnie qui vaut 1 milliard et demi, 2 milliards, 3 milliards, je ne sais même pas, mais rentable. Ils ont des poches profondes.

1668   Si nous avons la confiance qu'on est capable de faire les choses sans des restrictions pour nous protéger, avec concurrence additionnelle, ça ne nous dérange pas du tout.

1669   Pourquoi Cogeco n'est pas capable d'accepter une telle condition aussi? On n'a pas des poches aussi profondes qu'eux autres. Si on est capable de le faire, ils sont capables de le faire, eux autres. On n'a pas besoin de faire une collecte pour eux autres.

1670   CONSEILLER MORIN : Ce sont toutes mes questions. Merci.

1671   LA PRÉSIDENTE : Merci, Monsieur Morin.

1672   Merci, Messieurs, pour votre présentation et avoir répondu à nos questions.

1673   M. TIETOLMAN : Merci beaucoup. On vous remercie infiniment.

1674   LA PRÉSIDENTE : Madame la Secrétaire.

1675   LA SECRÉTAIRE : Alors, merci, Madame la Présidente.

1676   J'inviterais maintenant la Fédération nationale des communications à prendre place.

--- Pause

1677   LA SECRÉTAIRE : Alors, il semble que la Fédération nationale des communications ne soit pas dans la salle.

1678   Nous allons procéder avec le prochain intervenant, qui est la Conférence régionale des élus de l'Outaouais.

--- Pause

1679   LA SECRÉTAIRE : Monsieur Pedneaud-Jobin, on va patienter un petit deux minutes.

1680   M. PEDNEAUD-JOBIN : Oui, oui. Je suis patient.

--- Pause

1681   LA SECRÉTAIRE : Alors, je vous demanderais votre attention. On va être prêt à recommencer.

1682   Monsieur Pedneaud-Jobin, vous avez 10 minutes pour présenter votre présentation orale.

INTERVENTION

1683   M. PEDNEAUD-JOBIN : Bonjour. Merci de m'accueillir.

1684   Il y a eu une petite erreur technique. La Conférence régionale des élus était en annexe de notre document, mais je ne représente pas la Conférence régionale des élus.

1685   La Conférence a écrit au CRTC pour prendre position, une position qui ressemble dangereusement à celle que je vais exprimer, mais moi, je m'exprime au nom de différentes personnes que je vais nommer, qui se sont regroupées pour faire un mémoire à part. Donc, je ne veux que vous pensiez que je parle pour la Conférence régionale des élus.

1686   Même si "Le Droit" de ce matin, notre quotidien régional, titrait en première page que l'Outaouais était derrière Cogeco, je pense que je peux... l'opinion que je vais exprimer ici reflète quand même quelque chose qu'on pourrait peut-être appeler un consensus régional.

1687   Donc, les signataires du mémoire que je vais présenter, c'est :

1688   - M. Norman MacMillan, qui est député de Papineau, ministre responsable de l'Outaouais et ministre délégué aux Transports;

1689   - M. Jean Vaillancourt, recteur de l'Université du Québec en Outaouais;

1690   - M. Philippe Marion, président de la Chambre de commerce de Gatineau;

1691   - Françoise Boivin, avocate, animatrice de l'émission d'affaires publiques " Le choc des idées " de 1998 à 2003, une personne extrêmement engagée en Outaouais; et

1692   - moi-même, conseiller municipal à Gatineau pour le secteur de Buckingham.

1693   Il est important pour nous que des leaders de l'Outaouais prennent position pour plusieurs raisons.

1694   La première, c'est que l'Outaouais est en pleine effervescence et elle a besoin de médias qui parlent d'elle, qui diffusent ses débats. Je me permettrai de décrire un peu cette effervescence-là parce qu'on pense qu'il y a quelque chose de particulier qui se passe chez nous.

1695   D'abord, depuis une dizaine d'années, on a une croissance démographique ininterrompue qui dépasse parfois... de 2001 à 2006, c'était deux fois la croissance québécoise. C'est une région où on fait des enfants, un signe d'espoir puis d'enthousiasme. On attire des gens des autres régions du Québec. On attire des Ontariens, et on est devenu aussi le troisième pôle d'immigration au Québec.

1696   C'est vraiment une région qui est en croissance de façon importante, sinon presque spectaculaire à certains égards, notamment dans le domaine économique.

1697   Depuis une quinzaine d'années, on a des centaines d'entreprises qui ont été créées, en particulier parce qu'on a réussi à faire passer, depuis 15 ans, les fuites commerciales vers Ottawa de 20 à 40 pour cent de fuites dépendamment du secteur d'activité, à presque rien. Comme dans le domaine culturel, où quand on est pessimiste, on dit qu'il nous reste à peu près 8 pour cent de fuites commerciales.

1698   Donc, c'est des centaines d'entreprises qui ont été créées dans la région dans presque tous les domaines.

1699   J'ai mentionné la culture. C'est spectaculaire. Non seulement il n'y a plus de fuites, alors qu'on avait à peu près 30 pour cent de fuites, mais là, on a des gains, on attire. Il n'y a pas si longtemps, la culture en français se passait de l'autre côté de la rivière. Maintenant, elle se passe chez nous d'une façon nette.

1700   Il y a d'autres domaines aussi où il reste du travail à faire, mais il y a eu des gains.

1701   Dans le domaine de l'éducation, la population de l'Université du Québec en Outaouais a doublé, le nombre de programmes aussi.

1702   Dans la santé, on avait 40 pour cent des patients de l'Outaouais qui allaient se faire soigner à Ottawa. On est rendu à 14 pour cent. Évidemment, dans le domaine de la santé, il reste quelques petits problèmes, mais on a fait des progrès immenses comme région en matière d'affirmation régionale.

1703   L'indice de développement économique de la région se maintient au-dessus de la moyenne québécoise depuis '98. Depuis trois ans, on a le plus élevé de toutes les régions du Québec, et toutes les composantes de cet indice de développement là sont supérieures à la moyenne québécoise : donc, la démographie, le marché du travail, le revenu, la scolarité.

1704   On pourrait dire qu'on a fait depuis 15 ans un grand bond en avant. Mon message principal, c'est qu'on est bon en Outaouais. On est excellent. Mais on a un problème. C'est qu'il y a un domaine où ça ne se reflète pas. En fait, la tendance est à peu près inverse, et c'est le domaine des médias.

1705   À Radio-Canada, on a vu la fin de l'émission d'information du midi. On avait aussi... certains diront que c'est une exagération là, mais on avait une très grande présence des journalistes de Radio-Canada, parce que des fois, il y en avait un en français pour la radio, un en anglais pour la radio, un en français pour la télé, un en anglais pour la télé. Donc, c'était des gens sur le terrain qui donnaient des visions différentes des événements.

1706   Là, il y a eu une espèce de convergence interne. On en a un qui nous arrive. Et, pour moi, ça change la qualité, en tout cas le nombre de visions de l'information que nos citoyens peuvent avoir.

1707   À TVA, on a eu la fin de l'émission du midi qui depuis... qui a été réinstaurée récemment, mais là aussi, on a fait un recul.

1708   La salle de nouvelles du "Droit"... il faut que je sois prudent parce qu'il y a quelqu'un qui est très associé au "Droit" qui va venir tantôt. Mais la salle de nouvelles n'a à peu près pas bougé depuis des années, alors que la région est en croissance, alors qu'il y a une effervescence chez nous.

1709   Ce qui est en croissance, en fait, c'est beaucoup l'utilisation des articles d'ailleurs dans le réseau Gesca qui se fait dans "Le Droit."

1710   Les stations privées, c'est désertique, les stations de radio privées. Les salles de nouvelles sont tellement maigres que souvent, ils ne sortent pas.

1711   Pour un politicien, c'est assez intéressant parce que j'envoie un communiqué, puis des fois, il est passé tel quel, mais disons que c'est ni du journalisme, ni de la démocratie, et c'est inquiétant.

1712   CJRC. Tantôt on disait que CJRC pourrait... dépendant de la décision, existerait encore. Pour moi, CJRC n'existe plus... pour nous les signataires, n'existe plus.

1713   On a mis fin à l'émission du matin de CJRC. On a mis fin à l'émission du midi d'affaires publiques et de la ligne ouverte. Le soir, l'émission du retour, il n'y a à peu près aucun contenu d'affaires publiques.

1714   C'est une radio parlée, mais disons que du point de vue de la nouvelle régionale, c'est une radio qui n'existe plus.

1715   Finalement... et là aussi, je vais le lire tel quel parce que c'est un sujet délicat, puis les signataires se sont entendus sur cette formulation-là.

1716   Alors que l'Outaouais est en pleine effervescence, le maintien du mandat par plusieurs médias de couvrir l'ensemble des nouvelles de la région d'Ottawa d'une part et de la région de l'Outaouais d'autre part laisse une trop faible place à cette dernière, une région qui compte l'immense majorité des auditeurs-lecteurs francophones potentiels et dont l'effervescence exige maintenant qu'on lui consacre plus de ressources. Il y a aussi un certain déséquilibre là.

1717   Donc, il y a une place à prendre. Notre message, c'est qu'il y a une place immense à prendre pour une radio d'affaires publiques. Il y a une place immense à prendre pour une radio tournée essentiellement vers l'Outaouais, dans le respect de nos voisins et de l'importance de nos voisins pour nous.

1718   Le projet de Cogeco va dans ce sens-là et pourrait, selon nous, corriger une partie de la situation qu'on vit avec nos médias, notamment parce qu'on se réjouit du retour d'une émission du matin produite localement, le retour d'une émission d'affaires publiques sur l'heure du midi... une parenthèse là-dessus.

1719   Il n'y a à peu près pas d'endroit, mis à part la télé communautaire, où des élus ou des acteurs de la vie publique, disons, pas seulement des élus, peuvent faire des longues entrevues, des entrevues qui dépassent le clip de 35 secondes.

1720   L'émission du midi de CJRC a longtemps été celle-là, sinon même l'émission du matin, et là, on n'a plus rien. C'est extrêmement difficile de passer un message qui dépasse les quelques secondes dans la vie publique en Outaouais depuis la disparition de... de ce que nous, on appelle la disparition de CJRC.

1721   Cogeco affirme que l'information locale et le contenu local se trouvent au cour de cette stratégie. C'est ça qui fondamentalement explique ma présence ici puis le mémoire qu'on vous a livré aujourd'hui.

1722   Je conclurais en disant qu'on ne parle pas seulement de médias, on parle aussi de démocratie régionale.

1723   Aux dernières élections, moi, j'étais tout fier de dire que j'avais gagné par 54 pour cent. J'étais très fier de ça. Mais si on additionne ceux qui n'ont pas voté et ceux qui ont voté contre moi, on se rend à 83 pour cent de la population.

1724   Certains diront que les médias font partie du problème. Moi, je crois qu'ils font nécessairement partie de la solution.

1725   Ça prend des endroits où il y a une vie publique. Ça prend des endroits où on fait écho à la vie collective, aux décisions qu'on doit prendre collectivement.

1726   CJRC a été longtemps -- on appelait ça la voix de l'Outaouais -- a été longtemps un des acteurs, un des lieux principaux où cette vie collective-là s'exprimait, et on l'a perdu. Et la bonne foi se présume, et ce que Cogeco a déposé, selon nous, est une partie de la solution. Merci.

1727   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Pedneaud-Jobin.

1728   Clairement pour vous, le nombre de journalistes est important pour obtenir une couverture diversifiée dans un même marché là. Vous êtes un des rares que j'ai entendu déploré le fait que Radio-Canada avait diminué son nombre de journalistes sur le terrain quand ils couvraient des conférences de presse.

1729   Dans ce sens-là, est-ce que la proposition de Cogeco vous satisfait?

1730   M. PEDNEAUD-JOBIN : On est toujours un peu nerveux dans des choses comme ça parce qu'on commence avec beaucoup d'enthousiasme, puis on ne sait pas comment ça finit.

1731   La nouvelle agence de presse est intéressante parce que ça peut... en tout cas est intéressante du point de vue d'une journaliste local qui espère avoir un écho dans les autres régions du Québec.

1732   Évidemment, on parlait précédemment de conditions de licence. Moi, je trouvais ça intéressant qu'on aille d'une façon assez pointue dans cette direction-là pour s'assurer que les valeurs puis les principes, avec lesquels on est d'accord et que Cogeco met sur papier, soient encore présents dans quelques années, parce que oui, il faut plus de journalistes sur le terrain.

1733   Et présentement, ce qui rend difficile de manquer d'enthousiasme envers Cogeco, c'est que ça va tellement mal que ce qu'on nous présente est intéressant. On pense qu'on va revenir à quelque chose qui a du bon sens.

1734   LA PRÉSIDENTE : Donc, vous, vous voyez ça comme un premier pas dans la bonne direction, si je comprends bien?

1735   M. PEDNEAUD-JOBIN : Oui, et on se donne... le discours nous plaît extrêmement, le discours d'une entreprise qui dit, on connaît les régions, on sait l'importance de la nouvelle régionale. Ça, ça nous plaît énormément. C'est ça qui fait que... en fait, qui a motivé notre action.

1736   LA PRÉSIDENTE : Vous avez mis le doigt aussi sur une difficulté de la région lorsque vous dites que, bon, les gens qui couvrent Ottawa ou les journalistes qui sont dans la région, évidemment, sont grandement préoccupés par ce qui se passe sur la colline parlementaire et à Ottawa, au détriment parfois de ce qui se passe de l'autre côté de la rivière en Outaouais.

1737   C'est votre sentiment, de ce que je comprends, que les émissions d'affaires publiques et la programmation locale que Cogeco se propose de réinstaller à Gatineau vont permettre justement de redonner à l'Outaouais la place qui lui revient, à Gatineau et l'Outaouais la place qui lui revient dans cette région-là et en faire un marché distinct de celui d'Ottawa?

1738   M. PEDNEAUD-JOBIN : "Distinct," c'est un mot très fort parce qu'on a énormément de choses en commun.

1739   Par contre, il y a des tendances assez lourdes là. Il y a une frustration, en fait, des deux côtés de la rivière.

1740   On voit qu'il a une radio communautaire, en fait, qui a été adoptée, je crois, en Ontario français.

1741   LA PRÉSIDENTE : Qui a été approuvée, oui.

1742   M. PEDNEAUD-JOBIN : Ça vient un peu de cette frustration-là aussi, où les gens écoutent Radio-Canada, puis ni un côté de la rivière ni l'autre est complètement satisfait de ce qu'il entend.

1743   Ce n'est pas facile de gérer ça. Il y a des médias qui le font mieux que d'autres. Mais ce ne sera jamais distinct parce que c'est un voisin extrêmement important. On a des liens économiques importants qui se transforment.

1744   Moi, je pense que la région de l'Outaouais s'affirme beaucoup, puis on est moins proche qu'on l'a été dans plusieurs domaines, notamment la question des fuites commerciales.

1745   Les gens vont travailler de l'autre côté, mais avant, ils allaient au cinéma, ils allaient à l'épicerie, ils allaient magasiner, alors que là, ils vont travailler puis ils reviennent parce que de notre côté de la rivière, on est capable de répondre à leurs besoins.

1746   Mais de dire "distinct," c'est totalement exagéré. La présence du fédéral à elle seule fait qu'on a intérêt à ce que nos médias regardent ce qui se passe de l'autre côté. Il y a même des domaines où on ne s'intéresse pas assez à ce qui se passe de l'autre côté.

1747   Donc, "distinct," moi, je ne m'associerais pas à ce mot-là. Mais disons qu'on doit mettre la proportion de nouvelles là où elle doit être. Puis quand 80 pour cent des auditeurs, 80 pour cent des lecteurs, sont d'un côté de la rivière, avoir 50-50 des nouvelles des fois le matin, ce n'est pas intéressant d'écouter les nouvelles.

1748   LA PRÉSIDENTE : Je vous remercie.

1749   Madame Poirier?

1750   CONSEILLÈRE POIRIER : Oui, j'aurais une question.

1751   Toute cette audience-ci tourne autour du fait qu'on décidera ou pas d'accorder une exception à Cogeco. Donc, ce que vous avez devant vous comme projet pour CJRC dépendra du fait qu'on accepte ou non la transaction.

1752   Parce que, hier, on a clairement posé la question à Cogeco : Si on refuse, est-ce qu'il y aura une agence de nouvelles? C'est non, il n'y aura pas d'agence de nouvelles. Donc, ce que vous espérez obtenir du côté de CJRC, ce n'est pas ça que vous allez obtenir.

1753   Alors, pourquoi, alors qu'il y a peut-être d'autres propriétaires ou acheteurs potentiels qui pourraient se pointer pour acheter CJRC, pourquoi devrait-on accorder une exception qui risque ensuite de déferler comme un tsunami sur le reste de la radio, comme le dit un peu monsieur Tietolman? Tout le monde ensuite, vous l'avez entendu, va vouloir faire la même chose dans le Canada anglais.

1754   M. PEDNEAUD-JOBIN : Si vous me permettez, là, on s'éloigne du mémoire, donc, on s'éloigne du consensus. Je serais très intéressé de répondre d'une façon personnelle, mais je ne voudrais pas associer les signataires à ma réponse.

1755   Donc, ceci étant dit fermement, le Québec est une exception. Moi, un moment donné, j'avais une espèce de tic -- certains diraient que c'est une maladie -- mais je découpais tous les articles de journaux où ils disaient... où on indiquait la différence québécoise, et dans tous les domaines de l'activité humaine, il y a une différence québécoise fondamentale, autant des choses comme la santé.

1756   Quand on a été la province qui a fumé le plus longtemps, depuis des décennies dans des proportions extraordinaires, plus grandes que les autres, on en est rendu à avoir des maladies qui ne sont pas les mêmes. Les priorités dans les hôpitaux ne sont pas les mêmes.

1757   Dans le domaine économique, dans le domaine de la culture... Dans le domaine de la culture, ce n'est pas comparable ce qu'on fait.

1758   Donc, de dire que si on ne pose pas une exception pour le Québec, ça des conséquences ailleurs, moi, chaque fois, je suis mal à l'aise. Le Québec est une exception. Le Québec dans tous les secteurs d'activité a des façons de procéder qui sont différentes.

1759   Alors, c'est sûr que vous êtes une institution fédérale, mais la nation québécoise a été reconnue par le gouvernement conservateur. Si ça veut dire quelque chose, pour moi, c'est dans ce genre d'événement-là, dans ce genre de décision-là. Est-ce qu'on peut reconnaître qu'il y a quelque chose de différent au Québec?

1760   Le marché d'un million, c'est notre marché, et comme on a dit plus tôt, pour moi, l'important, c'est la radio parlée versus la musique. C'est ça qui est l'enjeu.

1761   Nous, on n'est pas ici... le groupe, on ne voulait pas parler de musique, on veut parler de débats publics, on veut parler d'affaires publiques, de nouvelles régionales. C'est ça qui est la priorité, et si ça implique de changer des règles du CRTC pour dire, bien, on ne parle plus de propriétaire ou de bande AM, de bande FM, on parle de radio parlée, ça rejoindrait nos principes à nous.

1762   CONSEILLÈRE POIRIER : Et ma dernière question.

1763   Peut-être que ça vous permettrait d'apaiser vos craintes parce que vous avez commencé en disant qu'à chaque fois qu'il se passe une transaction ou qu'il arrive un nouveau joueur, il arrive aussi parfois que les attentes ne sont pas toujours comblées, et, en bout de piste, vous n'avez pas ce que vous voulez au niveau de la diversité des voix.

1764   Alors, pour garantir... si on acceptait la proposition de Cogeco, est-ce que vous allez dans le même sens que madame Lavallée, à qui j'ai posé la question, est-ce qu'il ne faudrait pas trouver des façons de garantir ce qui est sur la table pour s'assurer que les gens comme vous, qui les supportez en toute bonne foi à partir d'un plan clairement élaboré et présenté, serait bien celui qui est réalisé?

1765   M. PEDNEAUD-JOBIN : Absolument. La bonne foi se présume, puis moi, j'ai confiance que la démarche de Cogeco est honnête. Je pense qu'il y a aussi un historique d'entreprise qui nous permet de croire que ce qu'ils nous disent, ils y croient.

1766   Mais comme diraient nos grands-parents, où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie. Donc, j'aimerais mieux qu'on l'écrive aussi.

--- Laughter

1767   CONSEILLÈRE POIRIER : Donc, l'agence de nouvelles serait quelque chose qui devrait être vraiment à la base d'une condition de licence ou quelque chose du genre?

1768   M. PEDNEAUD-JOBIN : Oui. L'agence... Là, on dépasse mon domaine, mais l'agence et la présence de journalistes locaux, parce que si c'est une agence comme on voit dans certains médias, où la, c'est Gesca qui envoie des articles localement, moi, ce n'est pas ce type d'agence là que je veux.

1769   C'est vraiment ce qui est décrit, c'est-à-dire des journalistes locaux qui font de la nouvelle locale qui peut être reprise ailleurs dans d'autres régions, parce qu'il y a toute sorte de nouvelles dont on parle en Outaouais mais qui ne se rendent pas à l'extérieur.

1770   Moi, je trouvais ça intéressant, ce concept-là, que c'est un échange de nouvelles locales. Quand il y a une laiterie qui se crée en Outaouais, ce n'est pas une grosse nouvelle à la grandeur du Québec, mais il y a un paquet de régions qui aimeraient ça savoir que c'est possible d'affronter un grand, comme l'Outaouais a fait.

1771   CONSEILLÈRE POIRIER : Oui.

1772   Je sais que vous êtes friand d'Internet. Vous êtes un conseiller municipal qui a son site Web, qui a tout ça là...

1773   M. PEDNEAUD-JOBIN : Et beaucoup d'amis Facebook.

1774   CONSEILLÈRE POIRIER : ...qui est sur Facebook et vous avez beaucoup d'amis.

1775   Est-ce que vous pensez qu'on en a besoin d'une agence de nouvelles? Est-ce qu'on ne pourrait pas tout simplement se fier aux nouveaux médias pour faire ce travail-là? Pourquoi est-ce que c'est une... Est-ce que c'est une solution de l'avenir, cette solution-là?

1776   M. PEDNEAUD-JOBIN : Non, et assez catégoriquement parce que ça donne la petite nouvelle, ça fait connaître ce que le politicien fait, ça donne une proximité, mais il n'y a rien qui remplace un journaliste.

1777   Quand j'envoie un communiqué qui est repris tel quel dans le journal, ça m'inquiète. Quand il n'y a pas un journaliste qui cherche et qui voit justement là, Cogeco, qu'est-ce qu'ils ont dit, puis qu'est-ce qu'ils font maintenant. Ça prend un journaliste qui a le temps. Ça prend quelqu'un qui a de l'expertise. Ça prend quelqu'un qui fait plus qu'un appel téléphonique, qui va chercher des sources.

1778   Les médias sociaux peuvent faire un bout, peuvent alerter des journalistes qu'il y a quelque chose qui se passe à quelque part, peuvent faire sortir des éléments de nouvelles, mais il n'y a rien qui remplace un journaliste qui est formé puis qui fait ça dans la vie.

1779   CONSEILLÈRE POIRIER : Merci beaucoup.

1780   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Pedneaud-Jobin.

1781   M. PEDNEAUD-JOBIN : Merci.

1782   LA PRÉSIDENTE : Madame la Secrétaire, on va prendre une pause de 15 minutes.

1783   LA SECRÉTAIRE : Parfait. Merci.

--- Upon recessing at 1040

--- Upon resuming at 1100

1784   THE SECRETARY: Order please.

1785   À l'ordre, s'il vous plaît.

--- Pause

1786   LA SECRÉTAIRE : Alors, nous allons poursuivre avec notre prochain présentateur, Monsieur Pierre Bergeron.

1787   Monsieur Bergeron, vous avez 10 minutes.

INTERVENTION

1788   M. BERGERON : Alors, Madame la Présidente de l'audience, Mesdames les Conseillères, Commissaires et Messieurs. Je ne me présente pas ici comme l'ex-président du Droit ou du Quotidien du Saguenay Lac-Saint-Jean. Je me présente plutôt comme un professionnel de l'information.

1789   J'y ai passé les 35 dernières années et je vous souligne qu'un de mes prédécesseurs a écrit sa dernière chronique alors qu'il avait 101 ans. Il s'appelait Fulgence Charpentier. J'entends suivre dans ses...

--- Laughter

1790   LA PRÉSIDENTE : Et on vous le souhaite bien.

1791   M. BERGERON : Je vous remercie, Madame.

1792   Je suis présentement chroniqueur... éditorialiste et chroniqueur au journal LeDroit. Je tiens à souligner que je ne représente pas le journal LeDroit, ici. Je suis également chroniqueur à la radio de Radio-Canada à Sudbury ainsi qu'à TFO, la télévision ontarienne francophone.

1793   Donc, c'est mon expérience professionnelle puis mon parcours personnel, autant dans la presse écrite qu'électronique, mais surtout dans la presse écrite; mes années de service au Conseil de presse du Québec, dont j'ai été le secrétaire, qui m'ont permis de réaliser jusqu'à quel point une information régionale, multiple, de qualité et variée joue un rôle prépondérant et indispensable dans nos communautés.

1794   À mon avis, de ce que j'ai vu, les engagements de Cogeco en faveur de l'information régionale me semblent beaucoup plus crédibles que ce dont nous avons été témoins au cours des derniers mois en Outaouais. J'ai écouté justement le 104,7 en venant ici et ça ne fait que réaffirmer mes convictions, en écoutant ce qui se fait -- qui est très bien, en passant, mais qui ne nous ressemble pas, mais pas du tout.

1795   Donc, la clé, c'est l'information régionale. Et l'information régionale, dans une région comme celle de l'Outaouais québécois et également d'Ottawa, elle a besoin de toutes ses voix dans ses diverses communautés. C'est un rouage essentiel de la collectivité. Je vous le dis comme citoyen, je vous le dis comme professionnel de l'information.

1796   Donc, je me réjouis de constater que la direction de Cogeco s'amène en Outaouais avec un engagement de redonner sa prépondérance à CJRC, sa prépondérance verbale axée sur la teneur locale et régionale de l'information. Pour moi, c'est important. Qu'ils mettent de la musique à d'autres périodes de la semaine, ça les regarde. Je suis également un amateur de hockey, des Sénateurs d'Ottawa. Donc, ça aussi ça m'intéresse.

1797   Les particularités linguistiques, dans la région de la capitale nationale, sont spéciales, surtout en ce qui regarde les médias. Il faut toujours comprendre qu'il y a les médias nationaux, qui couvrent bien sûr le Parlement, mais les médias régionaux sont souvent laissés pour compte parce qu'ils doivent faire leur travail d'information régionale tout en faisant souvent partie -- comme par exemple Radio-Canada -- d'un ensemble qui est beaucoup plus grand et qui doit desservir le pays tout entier.

1798   N'oubliez pas, aussi, que dans la région, les médias anglophones couvrent la quasi-totalité de ce qu'on pourrait appeler le marché « linguistique » de la région alors que les médias de langue française doivent se contenter de leur... ce qu'on pourrait appeler le petit reste de 30 pour cent. Parce que les francophones, généralement, chez nous, « attrapent l'anglais »; les anglais apprennent moins le français.

1799   Par contre, cette proportion est différente, si l'on considère uniquement l'Outaouais comme la partie québécoise de la région de la capitale nationale où les médias francophones, bien sûr, dominent.

1800   C'est une réalité qui ne doit pas nous échapper car les dernières décennies ont vu de ce que j'appellerais, moi, des formidables progrès dans la réappropriation de l'espace économique, de l'espace culturel, de l'espace social en Outaouais québécois.

1801   J'insiste sur l'importance des institutions, également, comme facteur de développement d'une collectivité. Ces institutions, ce sont des postes de radio, ce sont des journaux, ce sont des hebdos. Et j'ai toujours considéré les médias locaux à la fois comme des concurrents, mais aussi, plutôt, des partenaires. Ce n'est pas un quotidien contre des hebdos ou un quotidien contre la radio ou la radio contre la télé. C'est ensemble qu'on offre diverses teintes d'information, puis ça donne ce qu'on appelle la couleur locale.

1802   Et cette couleur locale ne peut venir des médias à dimension nationale qui jouent un rôle prépondérant dans l'offre d'information, vous aurez compris, dans la région de la capitale nationale.

1803   Cela rend la région extrêmement complexe à servir. J'ai dirigé LeDroit, je peux vous en parler; ceux qui sont à la tête de Radio-Canada local peuvent également vous en parler.

1804   On donnait souvent, au Droit, un défi à nos jeunes journalistes d'identifier les divers niveaux de gouvernement qu'il y a dans la région d'Ottawa-Gatineau. C'est absolument hallucinant. Et les professionnels de l'information peuvent en témoigner.

1805   Personnellement, je côtoie les principaux acteurs de la scène locale, municipale et régionale à titre d'éditorialiste, chroniqueur et commentateur. À mon avis, le projet de Cogeco de relancer CJRC avec le retour d'une émission locale, le matin en semaine, d'une émission d'affaires publiques le midi (mais il y en a une présentement, que Corus vient de lancer) m'apparaît comme ce que j'appellerais un minimum vital -- j'ajouterais même en après-midi, parce que l'offre de l'après-midi, actuellement, est plus une insulte à l'intelligence que d'autres choses.

1806   L'arrivée, donc, imminente d'une nouvelle station communautaire francophone à Ottawa et la relance de CJRC par le groupe Cogeco sont pour moi d'excellentes nouvelles. Je crois que le CRTC devrait permettre à Cogeco d'acquérir, donc, le 98,5 ici, à Montréal, mais je ne suis pas ici pour vous aviser sur mes connaissances du marché montréalais. On entend suffisamment de nouvelles sur Montréal dans les régions; je suppose que c'est assez bien servi.

1807   Pour moi, l'information locale et régionale demeure au coeur de nos préoccupations parce que c'est le reflet d'une société en santé.

1808   Je me permettrai ici un aparté pour vous parler de la transformation du monde de l'information avec les percées fulgurantes de l'information en ligne et des médias sociaux. Je ne sais pas où ça va aller. Je pense que l'information locale est certainement moins menacée par les médias en ligne et profitera beaucoup des médias en ligne, d'autant plus qu'actuellement il y a un nouveau site d'information hyperlocale qui est en train de se développer à Washington. Vous irez voir, ça s'appelle TBD.com.

1809   Et la semaine dernière, j'ai participé à une émission web sur Skype à FR3, la chaîne française, où l'on a défini cette information comme une information de proximité. Je pense que le mot clé, ici, c'est la proximité.

1810   J'ai toujours affirmé que les médias régionaux seront locaux ou ils ne seront pas. Il faut que CJRC reprenne donc de l'envergure perdue en offrant un contenu distinctif axé en priorité sur cette information de proximité. Elle doit occuper une place de choix dans les habitudes d'écoute des résidents de la région. On veut entendre parler de nous; on veut entendre parler de nos gens; on veut entendre parler de nos dirigeants; on veut entendre parler de nos leaders.

1811   Je suis d'avis que le projet de Cogeco, axé sur le contenu de l'information locale, est un projet qui est porteur, susceptible de rendre à nouveau à la radio parlée privée ses lettres de noblesse, ici en Outaouais, comme ailleurs au Québec.

1812   C'est pourquoi, je demande au CRTC d'approuver, telle que déposée, la demande de transfert des stations de Corus au Québec à Cogeco, et qui fait l'objet de la présente instance.

1813   Voilà!

1814   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Bergeron, plus spécialement pour vous être donné la peine de faire le trajet. On a beaucoup d'audiences qui ont lieu à Gatineau (pas celle-ci), et on apprécie toujours que des gens se déplacent.

1815   Alors, je vais laisser monsieur Morin enchaîner avec des questions pour vous.

1816   CONSEILLER MORIN : Oui. Merci, Madame la Présidente.

1817   Bonjour. Avez-vous l'impression que les stations de radio locales... à quelles conditions peuvent-elles faire vraiment leur travail?

1818   Je vois un peu les chiffres de Cogeco, ils parlent d'une trentaine de journalistes; Astral, au Québec, a une quarantaine de journalistes. Moi, je vous avoue que j'ai écouté Astral régulièrement. J'écoute régulièrement aussi le poste de Gatineau 104,7, mais il ne me semble pas, moi, que les stations de radio ont les effectifs nécessaires pour vraiment faire la nouvelle.

1819   Et là, on a une grosse demande d'exception. Donc, on s'attend aussi, en contrepartie, qu'on va mettre en place vraiment un plus pour nous convaincre d'accorder l'exception.

1820   Vous êtes présent dans votre région. Corus a investi beaucoup. Ils ont vendu, ils ont acheté, ils ont investi 200 $ millions, ils ont vendu 80 $ millions.

1821   Vous avez parlé de la radio hyperlocale; probablement vous pourriez parler du journalisme citoyen... Bon! Mais il me semble, à écouter la radio... et je ne sens pas, aussi, beaucoup de stratégie au niveau de Cogeco. En termes de cible journalistique c'est assez général dans l'affectation des journalistes. Cogeco ne nous a pas dit, par exemple, que dans chacun des postes ils allaient vraiment faire en sorte de prioriser, par exemple, l'information municipale, creuser davantage les dossiers.

1822   Prenons cet exemple, là. Est-ce que vous vous souvenez qu'un poste de radio dans la région d'Ottawa -- je pourrais même élargir ça à CFRA ou... Est-ce que vous vous souvenez...?

1823   Moi, je pourrais probablement vous donner des exemples de Radio-Canada, mais j'aurais beaucoup de difficulté à donner des dossiers que la radio commerciale a découverts, a mis à jour...

1824   J'aimerais avoir votre perception dans la région d'Ottawa. Et est-ce que ce n'est pas, finalement, une condition essentielle pour que les stations locales deviennent... présentent une valeur ajoutée, non seulement dans l'univers, mais qu'ils nous incitent à aller les voir, parce qu'ils ont du contenu distinctif, pas des nouvelles qui arrivent de Montréal, comme on dit, mais vraiment...?

1825   Moi, chaque matin j'écoute, depuis que je suis dans la région, CBC Radio One, qui ont vraiment fait un effort au cours des dernières années pour être beaucoup plus local, au niveau de la circulation, au niveau... mais avec des reporters sur le terrain, et cætera.

1826   Pensez-vous que c'est un objectif? Et, pour moi, c'est essentiel pour connaître ce qui se passe dans la région. Pensez-vous que des radios commerciales peuvent avoir cette volonté-là de faire ça?

1827   M. BERGERON : Pas assez c'est comme pas du tout. Je pense que -- Et je suis d'accord avec vous que c'est facile de dire qu'on a une salle des nouvelles quand on a un journaliste, mais ce n'est pas une salle des nouvelles. C'est facile de dire qu'on informe la population parce qu'on a un bulletin qui rapporte ce qui a été publié dans un quotidien ou un hebdo que nous ne nommerons pas.

1828   Il faut aller beaucoup plus loin. Et je suis d'accord que le journalisme d'enquête, le journalisme de développement est une race en voie d'extinction dans nos médias.

1829   C'est pour ça que je me présente ici comme un professionnel de l'information. Je ne viens pas vous vendre une idée, une décision corporative ou appuyer une décision corporative. Ce que je viens dire, c'est l'importance, et l'importance se justifie par des nombres. Ces nombres, je ne suis pas en mesure de vous les donner, étant donné la nature de la bête, mais quand même, il faut faire plus que ce qui se fait présentement, il faut faire mieux. Et ça prend des effectifs.

1830   Faire semblant, c'est encore pire, également. Faire semblant de faire de l'information, c'est encore plus dangereux. Et je pense que si Cogeco est sérieux dans son approche, ils vont devoir, comme on dit : il va falloir que « les babines suivent les bottines » ou le contraire.

1831   Madame Poirier vous... Qui a dit ça? C'est monsieur... l'ancien maire de Gatineau qui avait dit « il faut que les babines suivent les bottines » ou vice versa.

1832   Mais moi, j'assiste à toutes les réunions de comité. Je suis chroniqueur une fois par semaine, mais j'assiste à toutes les réunions sur le web (j'utilise mes petits outils) et je dois vous dire que je vais chercher mon information parce que j'ai un métier puis un suivi.

1833   Maintenant, ce qui est important, c'est l'approche qui est donnée par la direction. Et quand on a une approche qui est trop corporative ou qui fait trop de « bean counting », on fait semblant ou on fait pas assez. Et quand on fait semblant ou qu'on ne fait pas assez, c'est comme si on n'en faisait pas, de l'information. Et là-dessus, je pense qu'on ne peut pas avoir de compromis.

1834   Je vois, moi, les nouveaux médias comme étant une opportunité de faire des choses différemment, mais il ne faut pas penser que l'information régionale passe uniquement par les nouveaux médias; ce n'est pas vrai. Il faut aller à une réunion du conseil, il faut voir ce qui se passe, il faut voir les interventions des politiciens. Il faut voir les interventions des citoyens, également. C'est quand on le voit qu'on sait ce dont on parle.

1835   CONSEILLER MORIN : Donc, ce que nous propose Cogeco, pour vous, est-ce qu'il y aurait des conditions de licence qui devraient être énumérées, en ce qui concerne la couverture régionale, ou si vous prenez pour acquis qu'ils ont cette volonté, cet engagement...? On sait que Cogeco...

1836   M. BERGERON : Je crois que...

1837   CONSEILLER MORIN : On sait que Cogeco, avec TSQ, par exemple, ça c'est terminé. Ils ont été très patients... probablement plus patients que n'importe quel autre investisseur à travers le monde.

1838   Donc, leur parole vaut quelque chose, mais est-ce qu'on ne devrait pas aller plus loin dans les conditions, notamment parce que l'exception à Montréal pourrait être accordée entre autres sur cette base de réseaux qu'ils s'engagent à mettre en place et à développer dans trois grandes villes du Québec.

1839   M. BERGERON : Je crois que oui. Il faudrait qu'il y ait une... C'est à vous de trouver... Je ne pense pas qu'un journaliste soit une salle des nouvelles--

1840   CONSEILLER MORIN : Sans entrer dans la microgestion...

1841   M. BERGERON : Non, non.

1842   CONSEILLER MORIN : ...je parle de conditions.

1843   M. BERGERON : Dans les conditions, je pense qu'il faut être plus que moins spécifique. Quand c'est trop général, ce qui arrive c'est que ça peut être interprété comme on veut.

1844   Maintenant, moi, je n'ai pas de problème avec les approches proposées, pour la simple raison que j'ai eu l'occasion de travailler avec des gens qui sont à Cogeco et avec qui nous nous sommes engagés de façon assez résolue dans une célèbre bataille il y a une douzaine d'années, à l'Hôpital Montfort.

1845   Alors, j'étais éditeur du Droit, à ce moment-là. Et ce qui a déterminé le succès de cette affaire-là, c'est que les directions ont été claires et les directions se sont affirmées et les directions (les directions de ces médias) ont dit : C'est par-là qu'on s'en va et on va s'engager.

1846   Et là-dessus, je pense que c'est au CRTC à trouver -- vous êtes certainement meilleurs que moi là-dedans -- à trouver comment exprimer les conditions pour que les engagements se réalisent.

1847   CONSEILLER MORIN : Parce que Cogeco a une longue histoire, aussi, par exemple, en télévision communautaire.

1848   M. BERGERON : Oui.

1849   CONSEILLER MORIN : C'est probablement l'entreprise de câblodistribution qui a favorisé le plus la programmation d'accès au Canada. C'est un exemple.

1850   M. BERGERON : Oui.

1851   CONSEILLER MORIN : Mais c'est trois stations qui ne sont pas rentables qui ont perdu de l'argent.

1852   Et là, on veut une transaction qui va... dans la région de Montréal, se traduire par une concentration sans précédent également, dans un marché d'un million et plus. Alors, il faut soupeser ça et se demander si on ne doit pas aller du côté de l'avenue de conditions plus strictes et c'est pour ça que je vous posais la question.

1853   M. BERGERON : J'irais du côté d'être un peu plus strict que moins strict. Je pense que... En fait, c'est toute la question du précédent, également, qu'il ne faut pas oublier là-dedans. Et plus c'est général, plus ça risque d'être interprété. Et étant donné les conditions, je crois qu'on a avantage... Personnellement -- je vous parle « pour moi », personnellement -- j'exagérerais du côté de spécifier des conditions.

1854   CONSEILLER MORIN : Malgré leur réputation?

1855   M. BERGERON : Bien, malgré leur réputation, puis... vous savez, les gens de Corus ou les gens de Gesca ou les gens de Cogeco ne sont pas les derniers venus dans le domaine. Ce sont des gens qui ont une expérience, une expérience dont on peut tous témoigner.

1856   Mais quand même, ce sont les précédents qui sont nommés, qui devront être créés, qui imposent un peu plus de... être un peu plus précis.

1857   CONSEILLER MORIN : Merci.

1858   C'est tout. Merci, Madame la Présidente.

1859   LA PRÉSIDENTE : Madame Poirier?

1860   CONSEILLÈRE POIRIER : Merci, Monsieur Bergeron, de vous être déplacé de Gatineau.

1861   Cogeco, ça va être sa première station de radio dans le marché d'Ottawa-Gatineau?

1862   M. BERGERON : Oui.

1863   CONSEILLÈRE POIRIER : Alors, pourquoi vous leur faites confiance pour faire ce qu'ils vont faire? Vous n'avez pas eu de précédent, vous n'avez pas eu de relation avec eux, en théorie, dans ce marché-là, comme ancien journaliste et autres. Alors, pourquoi tout à coup vous appuyez Cogeco?

1864   M. BERGERON : Moi, je pars du principe... Bon, on a parlé de la réputation de l'entreprise, qui ne fait aucun doute. J'ai une expérience professionnelle qui est liée à des liens professionnels que nous avons eus avec des gens qui sont des intervenants au sein même de l'équipe de Cogeco. Je vous ai parlé du fameux combat de Montfort.

1865   Je ne vous ai pas parlé d'autres partenariats que nous avons faits à ce moment-là. Et souvent, dans ces choses-là aussi, les personnes font beaucoup de différence. Peut-être qu'un autre éditeur que moi au droit aurait fait les choses différemment en 1998. Moi, je viens du Saguenay. Je suis né au Saguenay. Je me suis toujours considéré comme -- au Saguenay, on est comme des insulaires, nous autres, puis on est reliés à l'extérieur par un pont de 200 kilomètres. Et on a toujours -- on s'est toujours fiés à ce que nous voulions et ce que nous voulions faire, et on s'est toujours considérés comme des régionaux, des -- un petit peu des insulaires.

1866   Je pense que cette attitude-là est importante et elle dépend des personnes. Et là-dessus, moi, je n'ai aucun problème; je n'ai -- au contraire. Je pense que c'est une entreprise de qualité, une corporation de qualité qui vient dans le milieu de -- pas de l'information, mais des médias régionaux, avec une expérience de médias régionaux; pour moi, cela ne fait aucun doute.

1867   CONSEILLÈRE POIRIER : Là, je voulais vous demander un peu d'imagination et d'expectative, parce que, bon, Cogeco a habilement lié sa demande d'exemption à la création d'une agence de nouvelles qui a des répercussions régionales, mais en même temps, Cogeco nous a dit que si on refusait, la demande, telle que présentée, plus d'agence de nouvelles. Cela n'existera pas; cela ne tiendra pas.

1868   Alors pourquoi on leur accorderait une exemption, à votre avis? Et deuxièmement, qu'est-ce qui risque d'arriver à ce fameux CJRC sans une agence de nouvelles. Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité d'une survie possible avec un autre propriétaire qui vous offrirait ce que vous espérez obtenir?

1869   M. BERGERON : Bon. Je ne suis pas en mesure de juger d'un propriétaire par rapport à un autre. La question de l'agence de nouvelles, moi, je l'ai vécue différemment, parce que j'ai été un des -- j'ai été très impliqué comme éditeur avec La Presse Canadienne, qui est une agence de premier plan, et la Canadian Press également. Également, à un moment donné, nous avons été propriété des journaux de Monsieur Black et nous avions accès à beaucoup d'information qui nous venait du groupe de presse, qui est devenu Canwest et qui a été vendu. Et également, bien sûr, à Gesca, nous avons fait beaucoup de -- il y a beaucoup de synergie qui s'est développée entre les journaux, pas juste avec les journaux -- avec La Presse, mais également avec les autres quotidiens.

1870   Pour moi, la question de l'agence comme tel, c'est une question de mieux utiliser les ressources. Si c'est une condition sine qua nun, moi, je laisse Cogeco prendre ses décisions. C'est à eux de voir si la condition est -- s'ils sont capables d'honorer leurs engagements pour l'information régionale sans agence, je pense que cela serait un plus.

1871   Moi, tout ce que j'ai vécu de synergie, de collégialité, de partage de l'information, cela a toujours été positif, en ce qui me concerne.

1872   CONSEILLÈRE POIRIER : Merci beaucoup.

1873   M. BERGERON : Merci.

1874   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Bergeron.

1875   LA SECRÉTAIRE : Alors Madame la Présidente, nous allons procéder avec le prochain intervenant, which is Evanov Communications, Inc. I would invite you to come forward to the presentation table please.

--- Pause

1876   LA SECRÉTAIRE : Alors good day. We have, appearing for Evanov Communications, Inc. Mrs. Carmela Laurignano. Please introduce your colleague and you will have ten minutes.

1877   MS LAURIGNANO: Thank you very much and good pronunciation, by the way.

1878   Good morning Madam Chair, Commissioners, Commission Staff. My name is Carmela Laurignano. I am Vice-President of Evanov Communications, Inc. With me today is Sean Moreman, General Counsel for our company, and he is also a native. He was born and raised in Montreal, so he is back on his turf.

1879   We are here today to express our views on the plan by Cogeco to purchase all of Corus Québec's radio operations. While we appreciate the complexity and magnitude of the four transactions, our comments will be limited to the aspects relating to the Common Ownership Policy.

1880   It is our position that the proposal put forward by Cogeco to retain the Sherbrooke and (inaudible) stations will subvert the Common Ownership Policy and will harmful to the radio market in Sherbrooke and Montreal, and ultimately to the system.

1881   MR. MOREMAN: ECI has appeared before you on several occasions, including in 2007 the diversity of voices proceedings, to discuss the importance of diversity of format. It is our view that a broad choice of musical selection is required to revitalize tuning in all demographics that has been steadily declining.

1882   Study after study has shown listeners are tuning less and are citing too much duplication and lack of variety as the reasons for doing so.

1883   In this context, as it relates to Sherbrooke, we submit permitting Cogeco to convert CKOY FM, an existing music station in Sherbrooke, to repeat a sports talk format out of Montreal does nothing to increase listenership or to add diversity.

1884   As we indicated in our written intervention, BBM considers Sherbrooke and Montreal to be distinct radio markets. We have attached a map to your materials that outlines the contours of both CKOY FM and CKAC in each of those markets.

1885   The three millivolt contour of CKOY FM, the measure by which an FM market is defined, is entirely out of CKAC's volt coverage.

1886   The BBM ranker, also attached to your materials, indicates, as an originating station, CKOY FM is currently the number four station in the Sherbrooke market 12». CKAC already enjoys listenership in Sherbrooke, ranking number 7 overall in the market. Of the spill stations, CKAC is the number one ranked commercial operation.

1887   The elimination of the number four ranked station that originates in Sherbrooke and its replacement with a sports station that originates from Montreal will inevitably lead to more listener dissatisfaction and loss of tuning as their options become even more limited.

1888   Not only will the lack of musical diversity be harmful to radio in the market, but the loss of local content will also be felt by Sherbrooke listeners. When one looks at the attached ranker, it is obvious, listeners in the market prefer their local stations over Montreal spill stations. The top five stations listened to in the market 12» are the five originating Sherbrooke stations.

1889   It is our submission that replacing this obviously important local service with an out of market service is not the best use of frequency.

1890   In addition to these policy considerations, we submit the present proposal is also deficient on regulatory grounds. Firstly, the proposed repeater would extend the coverage of an existing station beyond its authorized contours. It has long been established that a repeater will only be authorized when an applicant has shown there are technical difficulties within the station's authorized contours or where an applicant can established the repeater is essential for the financial well-being of the primary station.

1891   Cogeco has not advanced either of these arguments and at face value, we can only presume none exist in this case.

1892   Secondly, the proposed repeater would continue to be an FM presence in Sherbrooke, despite repeating an AM signal. In decisions 2008-25 and 2007-350, similar proposals have previously been denied by the Commission. Bayshore Broadcasting was turned down when it sought to do so in Owen Sound, and Corus was also denied in Winnipeg. In each of those decisions, the Commission noted the use of an FM repeater to broadcast an AM signal continued to be a third FM presence in the market.

1893   Based on those precedence, if this application were approved, the net result would be that Cogeco would operate three FM services in Sherbrooke, in violation of the Common Ownership Policy.

1894   MS LAURIGNANO: With regards to Longueuil, similar to our findings of listeners' view as a desirable diversity of choices in formats, recent research conducted by Strategic, Inc., both for ECI and for others across multiple markets, show that they are also placing more importance on a diversity of editorial voices available.

1895   There is a trend among consumers expressing a loss of confidence in the broadcasting system to deliver news that is representative of the full story and news that is more than an identical, endless repetition across many commonly held media.

1896   Consequently, the internet and other non-broadcasting media are being seen as more neutral and reliable sources of information.

1897   The proposal put forward by Cogeco to own not only more than a permissible number of stations in the Montreal CMA, but to rely on Cogeco Nouvelles to create a regional newsroom does very little to rectify this view of the broadcasting system.

1898   Cogeco states one of the primary reasons for keeping CHMP FM is to house Cogeco Nouvelles. There is clear indication in Cogeco's supplementary brief that although based on the model of Corus Nouvelles, much of the work for Cogeco Nouvelles is yet to be done. This would suggest that Cogeco has some time and opportunity to manoeuvre how and where Cogeco Nouvelles will be set up. As an online resource and with the benefit of today's technology, we fail to see why Cogeco Nouvelles could not be housed at any one of their -- either properties or anywhere else, for that matter, to deliver a regional news service.

1899   If, however, Cogeco Nouvelles and CHMP cannot be separated, Cogeco should then divest of either of its remaining Montreal stations.

1900   Notwithstanding the competitive balance and economic arguments that have been advanced by Cogeco and countered by Astral, it remains our position that they are only secondary considerations under the Common Ownership Policy which change primarily to encourage diversity of editorial voices in any given market.

1901   MR. MOREMAN: Cogeco has argued that you should permit an exception to the Common Ownership Policy since no one had offered to buy CKOY FM or CHMP FM.

1902   Firstly, no one could have been aware that Cogeco had not made contingencies when it made its offer to Corus prior to the application being gazetted(ph). In fact, as Cogeco confirmed yesterday, they did not actively solicit buyers for either of these properties.

1903   Although they stated there were expressions of interest, we believe there are any number of reasons why a sale may not have been finalized, starting with the asking price, which might have been far too high.

1904   To suggest that since ECI or others did not rush to make an offer during the gazette period is reason enough to approve an exception to the Common Ownership Policy is simply disingenuous. Quite frankly, it is also immaterial.

1905   We are not aware of any rule that states an incumbent must sell a radio property. The rules merely state the Cogeco may not own more than two.

1906   MS LAURIGNANO: As the Commission is aware, there are only two ways of entering the radio system in Canada: Buy or apply. The buy option is often limited to broadcasters with enough assets to pay the substantial purchase price of an established station. The apply option, while still costly, is often a less expensive approach that may be the only avenue available to independent or new broadcasters who wish to enter the system.

1907   ACI submits: In the unlikely event that a buyer cannot be found, Cogeco has the option of surrendering one of its licenses in each market, making the frequency available for a public call. This approach will add diversity rather than taking away under the present proposal. It may in fact turn out to be an opportunity by giving new broadcasters access to markets where frequency spectrum is saturated and where the purchase price of existing stations may be astronomically high.

1908   In summary, Cogeco has not met any of the tests for an exception to the Common Ownership Policy in either Sherbrooke or Montreal. In Sherbrooke, the use of CKOY FM as a repeater would extend the coverage of the existing out of market station beyond its authorized contours without any technical or economic justification.

1909   In any event, the repeater would continue to be FM presence in the market, when one considers previous CTRC decisions on the matter.

1910   Granting the Sherbrooke application would be a de facto exception to the Common Ownership Policy. (inaudible), if we are to believe Cogeco, CHMP FM is required to implement its Cogeco Nouvelles strategy. In that event, as an online database in its (inaudible) stage, it cannot be housed anywhere else. If this is true, Cogeco should then be required to divest of either the Montreal or Laval station in which we are sure there would be buyer interest or applicants in the event of a call.

1911   These are our comments. We thank you again for the invitation and we would be pleased to answer any questions.

1912   LA PRÉSIDENTE : Madame Laurignano, Mister Moreman, thank you very much for joining us today. I will ask (inaudible) here to start with the questions.

1913   COMMISSIONER CUGINI: Thank you, and good morning.

1914   MS LAURIGNANO: Good morning.

1915   COMMISSIONER CUGINI: Just a couple of questions, because your oral presentation was quite clear as was your written presentation.

1916   So if I have your financial position -- not your financial; I'm sorry. Your final position clearly in my mind, what you're saying is: Yeah, okay; sure. Approve the transaction but deny the exception to the Common Ownership Policy for Montreal and deny the repeater in Sherbrooke?

1917   MS LAURIGNANO: Right.

1918   COMMISSIONER CUGINI: That is your bottom line?

1919   MS LAURIGNANO: That our bottom line. These are two good broadcasters. We have respect for them. They are playing by the rules. It's certainly within their right and within the regulations to do it. It makes business sense for them. It's business. We can't really comment on that. But as a matter of policy and for those reasons that we stated, which go beyond our self interest, I think you will appreciate that as well, but in the interest of the system, we -- I think that you have to consider the Common Ownership Policy implications beyond just this transaction, and we would ask you to deny those two requests.

1920   COMMISSIONER CUGINI: I find it interesting that you consider competitive balance and economic arguments secondary, and as you know, both Cogeco and Astral, as you have pointed out, were quite emphatic on those two issues.

1921   So could you please elaborate for us why you think they are secondary?

1922   MR. MOREMAN: Commissioner Cugini, it is not our opinion. It is the wording of the policy. Unfortunately, I don't have it in front of me, but it does say: The primary consideration is diversity of voices. And then, the next paragraph says: Secondarily -- something about economics.

1923   So it's not our opinion that one should be considered over the other, it's the wording in the Policy itself that says the economic analysis is a secondary consideration.

1924   COMMISSIONER CUGINI: Well, you did in your written presentation. You claim that Cogeco failed to meet the test of either economic or technical reasons for asking for the exception.

1925   So is this an elaboration of the position put forth in your written submission?

1926   MR. MOREMAN: Well, for clarity, there are two aspects when it comes to the Sherbrooke application. On the one hand, Cogeco has asked for a repeater which has its own set of tests; the technical difficulties within the market test and the economic analysis, again for the primary station test.

1927   The economic -- the one we were just discussing, is in relation to the Common Ownership Policy, which is a second issue altogether. What we're saying is that on the technical deficiency question and the economic primary station question for the repeater, they don't need it; they have not even advanced those arguments.

1928   What they also haven't really explicitly asked for as far as we can tell is an exception of the Common Ownership Policy in Sherbrooke, which they should have done, because the repeater would still be in violation of that rule. And in that case, if they are advancing an economic argument to require the extra station in Sherbrooke, that's secondary to the diversity of voices arguments and positions that we have taken and the lack of musical diversity and the repeating out of station and all of these things should take precedence over whatever economic arguments they have advanced.

1929   MS LAURIGNANO: Okay. And if I just might add. The economic arguments have to be taken in full context of the whole transaction. I can understand why some arguments may be made on that particular station or the track record that maybe it hasn't been as profitable or that, but you have to look at the overall company and can they absorb that kind of impact, given, again, the enormity of the whole transaction, with the ramifications of that would be. And our view is that: Sure. Maybe the three stations are not the most profitable in the whole operation, but I think that as big broadcasters, that -- them's the breaks. Some stations make more money than others and you just can't -- you know, the strong ones support the weaker ones or you make business adjustments as you go.

1930   So that economic argument would not hold water as far as we are concerned or should not hold water.

1931   COMMISSIONER CUGINI: But you all know that Cogeco has said that this transaction, if approved as they have applied for, will in fact enable them to revitalize Sherbrooke, Trois-Rivières and the Gatineau markets. You don't see anything in their plans that --

1932   MS LAURIGNANO: Well, I think in their overall plans, there is no reason to believe that they will not. However, when you're taking one of the four stations out of the market in Sherbrooke, sure, they may be revitalizing the other two or putting their effort in there, but the fact is we're obliterating one station that is an originating station; it enjoys the top ranking, which is obviously a clear indication that the people of Sherbrooke prefer their local stations.

1933   I mean I heard all kinds of prices yesterday, just over the -- online, about the great virtues of talk radio and I agree. I'm a listener of talk radio myself, but it depends where you are talking from and who you are talking to. As a talk radio, yes, if we are originating there, but we don't really see the great advantage of someone in Sherbrooke listening to a station from Montreal who is talking about the local news there. I don't imagine that they would adjust your programming orientation to such a degree that it would become a Sherbrooke station or a hybrid station because they are two separate BBM markets. It just doesn't make sense. Unless they have a magic formula, it just wouldn't make sense.

1934   COMMISSIONER CUGINI: Okay. My final question, which may not come as a surprise if you have been following the hearing, because I've asked just about all participants, and that is the argument put forward by Cogeco that the Montreal and the Quebec markets are exceptional; that if we are to grant the exception, we could contain that ruling to this market and that it would not create a precedent for the rest of Canada. Would you care to comment?

1935   MS LAURIGNANO: I would. I think that they may believe that and they may be sincere in telling you that, but we don't believe it, for a number of reasons, one of which is that we have evidence to the contrary in terms of the talking to the industry about what the ramifications and the implications of this decision are.

1936   It may not be an accident that we are about the only intervener against this as a broadcaster, outside the direct market or that. A lot of eyes are watching. We know that there have been lobby groups and there are that would want to revisit the Common Ownership Policy and this would look like a precedent because anyone of the big companies can come to you and claim that any number of their stations are suffering, you know, when you have that many holdings for all kinds of reasons; economic reasons; it could be just management or priority or that kind of stuff there.

1937   So I think that we shouldn't be so naïve as to believe that that's the case.

1938   MR. MOREMAN: And I think -- you had mentioned, Commissioner Cugini, I heard you discussing Windsor, I think, as a similar situation, where the discussion was: Well, this is only Windsor and it won't lead to a precedent.

1939   So here we are, however many years later, discussing Montreal as another unique market, but unique in different ways.

1940   So once you lay the first stone to making exceptions for so-called unique markets, you might as well through the rule out the window, because every market is unique, ultimately. So we think that a more rigid approach when it comes to the Common Ownership is more beneficial than finding ways to make any market unique to find exemptions for the rule.

1941   MS LAURIGNANO: Yes. And historically, the border towns have had challenges that are very unique today. I mean that really has been the overriding reason for considering those decisions in those cases, I think.

1942   COMMISSIONER CUGINI: Okay. Well, thank you very much for your intervention. Those are my questions.

1943   LA PRÉSIDENTE : Merci, Madame Cugini. As usual, Madame Cugini, I mean your submission was clear and so is your presentation this morning. I would like, however, to get your opinion on an issue that was brought in front of us and that is to say that the Common Ownership Policy; there is the letter of it. There is also the spirit of it. And the spirit of it was to make sure that within a given market, no owner would own more than two musical stations, and on the other hand, talk radio type stations. And that, when it was first implemented, that Common Ownership Policy; that at that time, in many markets, the situation was that talk was on AM and music was on FM, and that currently, since it's no longer the fact and since Cogeco is proposing in fact to have two musical stations only and one talk radio, that that would be grounds to grant the exception.

1944   What is your opinion on that?

1945   MS LAURIGNANO: Well, it is creative accounting. That's our opinion.

1946   THE CHAIRPERSON: Well, I mean, you are an accountant by trade.

1947   MS LAURIGNANO: One plus one always equals two, you know; you can slice it any way you want but that's really our opinion.

1948   MR. MOREMAN: And also, I think it's just -- it's more than the -- you have to look at the other side of the equation on why the rule in place is for. Broadcasters -- independent broadcasters who are in the market who also need to continue to compete; who may also be able to better serve the market on that FM frequency.

1949   So it may be the case that they want to use the FM to broadcast what could very well be put on an AM signal. It might be our position that another broadcaster can better use the FM. I believe, Commissioner Morin, you were discussing that as an option if they really wanted it, why don't they just open up an AM station and then they would not be offside. That would certainly work for what we are suggesting, because that would vacate the FM frequency and make it available to another broadcaster.

1950   So it's not just purely a matter of format of what is available in the market but really a question of who is offering. What is available in the market too. Add more voices.

1951   THE CHAIRPERSON: Thank you very much for coming all the way here.

1952   MS LAURIGNANO: Thank you.

1953   It's our pleasure. Thank you for having us.

1954   LA PRÉSIDENTE : Madame la Secrétaire, on va prendre la pause pour le lunch.

1955   LA SECRÉTAIRE : D'accord.

1956   LA PRÉSIDENTE : On va être de retour à 13 heures.

1957   LA SECRÉTAIRE : 13 heures. Parfait. Merci, Madame la Présidente.

1958   LA PRÉSIDENTE : Merci.

--- Upon recessing at 1152

--- Upon resuming at 1310

1959   LA SECRÉTAIRE : Bonjour.

1960   Alors, nous allons maintenant inviter monsieur Yves Lambert (sic) de Radio Saguenay.

1961   Vous avez 10 minutes, Monsieur Lambert (sic), pour faire votre présentation. Hébert, pardon. Yves Hébert.

INTERVENTION

1962   M. HÉBERT : Pas de problème. Merci beaucoup, Madame Roy.

1963   Alors, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Membres du personnel, Members of the Commission, bon après-midi, good afternoon.

1964   Je suis Yves Hébert, directeur général de Radio Saguenay.

1965   Radio Saguenay est une entreprise contrôlée par des gens d'affaires du Saguenay. Nous avons conclu le 22 juin dernier une entente avec Corus pour l'achat des actions et le transfert de contrôle de la station de radio commerciale de langue française CKRS-FM de Saguenay.

1966   Le Conseil étudie présentement une demande que nous avons déposée, il y a quelques jours, en vue d'obtenir l'approbation de cette transaction.

1967   Par ailleurs, le Conseil a autorisé Radio Saguenay à gérer et exploiter de façon temporaire la station CKRS-FM, ce que nous faisons depuis le 1er septembre dernier.

1968   C'est donc en tant que gestionnaire intérimaire de CKRS-FM et, nous l'espérons, de futur propriétaire de cette station que nous intervenons aujourd'hui en faveur de la demande déposée par Cogeco en vue d'obtenir le contrôle des autres stations de radio présentement détenues par Corus au Québec.

1969   Dans sa demande au Conseil, Cogeco a largement décrit la situation difficile des stations régionales qu'elle souhaite acquérir dans les marchés de Sherbrooke, de Trois-Rivières, où j'ai été pendant cinq ans, et de Gatineau, ainsi que les actions, dis-je bien, qu'elle entendait prendre pour relancer ces stations-là.

1970   Ce qu'a expliqué Cogeco au CRTC nous interpelle particulièrement parce que la situation à laquelle nous sommes confrontés et les défis auxquels nous devons faire face dans nos efforts de relance de la station comportent plein de similitude avec ce qu'a énoncé Cogeco dans sa demande.

1971   Chez nous aussi, nous devons affronter la concurrence féroce du Groupe Astral, dont les deux stations affiliées au réseau NRJ et Rock Détente dominent outrageusement le marché du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme c'est le cas, d'ailleurs, dans les autres marchés au Québec.

1972   Et, à un moindre degré, CKRS-FM doit aussi faire face à la concurrence du Groupe Antenne 6, propriété de RNC Media, qui est solidement implanté dans notre région avec plusieurs stations de radio.

1973   La partie n'est donc pas facile pour nous, on s'en doute bien.

1974   Mais CKRS-FM a toujours un rôle à jouer dans le marché radiophonique du Saguenay. Elle demeure la seule station de radio commerciale à prépondérance verbale dans notre région, tout comme le sont CHLT à Sherbrooke, CHLN à Trois-Rivières et CJRC à Gatineau.

1975   Et, curieusement, notre vision pour la relance de CKRS-FM est semblable à bien des égards à celle de Cogeco dans le plan qu'elle a présenté au Conseil.

1976   C'est pourquoi il nous apparaît si important que le Conseil regarde le dossier dans son ensemble et prenne en considération ses impacts dans les marchés régionaux, y compris le nôtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean, quand il prendra sa décision sur la demande d'exception faite par Cogeco dans le marché de Montréal afin de lui permettre d'acquérir les stations CHMP-FM, CKOI-FM et CKAC-AM.

1977   Cogeco propose de revoir la stratégie de programmation de ses stations régionales. Elle ne veut plus diffuser une émission réseau provenant de Montréal entre 6 h 00 et 9 h 00 le matin, et elle propose plutôt de la remplacer par une émission d'affaires publiques locale. Cogeco veut aussi mettre à l'antenne une émission d'affaires publiques le midi.

1978   Nous avons posé, nous, ces gestes dans notre marché le 1er septembre dernier, et vous n'avez pas idée des réactions positives que nous recevons quotidiennement de la part de nos auditeurs, mais aussi de nos clients, nos commanditaires, au sujet du retour d'une programmation locale où on parle de la rue Racine, de la rue St-Dominique, et aussi de la rue Bagot à ville de La Baie, puis de la rue Sacré-Cour à Alma.

1979   Alors, pour nous, dans ce créneau-là, ça constitue en quelque sorte les périodes -- le matin, le midi et au retour -- de grande écoute pour la radio régionale, une radio qui est la nôtre, CKRS-FM.

1980   Cogeco propose aussi de mettre en place une agence de nouvelles qui va bénéficier non seulement aux stations qu'elle possèdera mais aussi à des stations de radio commerciales indépendantes comme la nôtre, si le Conseil, bien sûr, lui permet d'acquérir CHMP-FM.

1981   Nous avons pris l'engagement auprès de Cogeco d'adhérer à cette agence et d'y contribuer en contenu provenant de notre région. Nous pensons que notre participation active à cette agence va contribuer à en enrichir le contenu au profit des autres membres qui vont faire partie, finalement, de l'agence.

1982   Cette agence-là est importante pour nous. Nous faisons une radio régionale. Nous mettons l'emphase sur les sujets qui intéressent, comme je vous le disais, les gens de chez nous. Mais nous ne sommes pas pour autant coupés du reste du Québec et, bien entendu, du monde entier puisqu'on vit actuellement dans un monde global.

1983   Nous avons donc besoin, nous aussi, de sources de nouvelles et de contenus variés qui peuvent prendre la forme, soit de reportages, d'extraits sonores, d'entrevues, de chroniques, de chroniqueurs qui vont venir interpeller dans nos émissions d'affaires publiques, des extraits de reportages qui vont justement permettre de lancer des débats d'opinion, comme on le disait un peu plus tôt ce matin. Donc, on a besoin de ça pour nos émissions locales.

1984   L'agence de nouvelles que propose de créer Cogeco va justement nous aider très rapidement à atteindre cet objectif-là.

1985   Et ce qui est particulièrement intéressant, c'est son mode de fonctionnement, qui va nous permettre de puiser, à même les contenus disponibles, ceux qui nous intéressent vraiment -- alors, il y en a qui ne nous intéresseront pas, mais il y en a vraiment qui vont nous intéresser et qui auront une pertinence pour nos auditeurs et notre marché -- et ainsi nous aider à les intégrer en fonction de nos besoins, comme je le mentionnais, dans des bulletins de nouvelles ou dans des émissions d'affaires publiques que nous pourrons ainsi produire, et c'est important de le dire, localement au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

1986   Cogeco propose de dépenser annuellement dans cette agence 1 million de dollars de plus que ne le font présentement Corus et Cogeco en information, et ça, vous le savez, c'est pas mal d'argent.

1987   Cogeco s'engage notamment à ajouter des ressources, qui incluent l'embauche de correspondants sur les deux collines parlementaires, ce qui est primordial pour nous.

1988   Voilà autant d'éléments qui vont nous aider, je pense bien, à relancer CKRS-FM et à offrir une programmation locale -- et je pèse le mot comme il faut -- de qualité.

1989   Un autre facteur important pour nous, c'est le sport. Notre stratégie de programmation en fin d'après-midi et aussi en soirée repose beaucoup sur le sport.

1990   La proposition de Cogeco assure le maintien de la vocation actuelle de CKAC, ce qui va nous permettre de continuer à proposer à nos auditeurs une programmation axée sur le sport, une programmation tantôt locale, avec, par exemple, la description des matchs de hockey des Saguenéens de Chicoutimi, de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, mais aussi, à d'autres moments, les Canadiens, l'impact de Montréal, qui étaient chez nous la semaine dernière et qui sont venus faire une tournée, et puis, bien sûr, des émissions telles que celle de Ron Fournier. Ron, Ron, Ron, c'est très populaire au Saguenay.

1991   Ça va nous permettre, nous, de pouvoir offrir ce contenu-là à nos auditeurs, particulièrement à ceux qui travaillent et qui sont au bureau et qui n'ont pas accès à d'autre façon d'écouter la radio que de le faire de cette façon-là.

1992   En résumé, si le Conseil approuve la demande de Cogeco, et en particulier sa demande d'exemption pour le marché de Montréal, nos efforts en vue de relancer CKRS-FM vont s'en trouver grandement facilités grâce au plan que Cogeco propose de mettre en place.

1993   Et c'est toute la région du Saguenay qui va tirer avantage de la présence quotidienne d'une radio commerciale de langue française à prépondérance verbale de qualité et surtout aussi en santé.

1994   Ce sera sans doute le premier pas vers le rétablissement nécessaire d'un meilleur équilibre concurrentiel dans notre marché.

1995   Alors, je vous remercie et je suis disposé à répondre à vos questions.

1996   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Hébert, pour votre présentation.

1997   C'est inscrit sur la page titre que vous êtes directeur général. À vous écouter, j'imagine que vous étiez animateur de radio dans un passé pas trop lointain aussi.

1998   M. HÉBERT : J'ai commencé en avril '75 à CJMT, malheureusement qu'on a fermée, vous vous en souviendrez peut-être, en septembre '94.

1999   LA PRÉSIDENTE : En tout cas, vous pourriez recommencer n'importe quand.

--- Laughter

2000   M. HÉBERT : Merci.

2001   LA PRÉSIDENTE : Sans vouloir entrer -- parce qu'il ne faut pas le faire -- dans la question de votre demande à vous, mais en parlant de l'agence Cogeco Nouvelles, vous concluez en disant que l'agence Cogeco Nouvelles, c'est quelque chose qui va faciliter la mise en place de votre programmation, vous, au Saguenay.

2002   Alors, du point de vue régional, pouvez-vous nous expliquer quelles seraient les conséquences de l'absence d'une telle agence?

2003   M. HÉBERT : Bien, écoutez, moi, j'ai été élevé en radio à l'époque de Télémédia -- vous vous en souviendrez sûrement -- et ce qui permettait à une station comme CJMT à l'époque d'être efficace et d'être crédible dans le marché du Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'était justement le fameux réseau de nouvelles Télémédia.

2004   Alors, moi, c'est un peu ce que je vois dans cette agence que Cogeco veut mettre sur place, et, bien entendu que si demain matin on n'avait pas cette agence, bien, ça nous couperait un peu les ailes dans notre relance, qui est bien partie, mais veut, veut pas, on fait du talk radio, alors, on a besoin de ces sources-là, et on n'aurait pas les moyens financiers de pouvoir s'offrir cette qualité-là d'information et surtout ce contenu-là en quantité.

2005   LA PRÉSIDENTE : Mais justement dans votre recherche de contenu, en tant que station régionale, est-ce que vous avez réussi à identifier d'autres sources similaires, pas nécessairement identiques, à ce que Cogeco propose?

2006   M. HÉBERT : Écoutez, il n'y en a pas à tous les coins de rue, mais on trouverait sûrement une façon de faire. Mais idéalement, pour aller rapidement, parce qu'on n'a pas trois ans devant nous pour gagner, pour compétitionner de façon vraiment concurrentielle, je pense que sincèrement si Cogeco nous offre l'agence, ça va nous permettre d'aller beaucoup plus rapidement.

2007   LA PRÉSIDENTE : O.K.

2008   Monsieur Denton?

2009   CONSEILLER DENTON : Madame la Présidente, je n'ai pas de question. Il me semble que le témoignage est honnête, et je n'ai pas autre chose à ajouter. Merci.

2010   M. HÉBERT : Merci, Monsieur.

2011   LA PRÉSIDENTE : J'ai mal interprété les signaux de mon collègue.

2012   Madame Poirier?

2013   CONSEILLÈRE POIRIER : Oui, je vais en poser une.

2014   Vous dites que vous n'auriez pas ni peut-être la même efficacité, ni la même crédibilité si vous ne pouviez puiser vos nouvelles dans une agence comme celle que vous propose Cogeco.

2015   Est-ce qu'on peut extrapoler et dire que c'est la même chose pour Sherbrooke, pour Trois-Rivières, pour l'Outaouais, qui sont des radios aussi qui disent avoir besoin d'une telle agence? Est-ce que c'est très similaire comme situation?

2016   M. HÉBERT : Je pense, Madame Poirier, que vous avez effectivement raison, c'est extrêmement similaire.

2017   Pour avoir connu ces marchés-là au moment où j'étais avec Télémédia, au moment où j'étais avec Radiomutuel, je peux vous dire qu'à Trois-Rivières... Moi, j'ai été à CHLN. J'ai démarré Rock Détente à Trois-Rivières pour Télémédia, parti de quatre murs avec rien.

2018   Et je peux vous dire qu'effectivement, avec cette agence-là, ça va permettre rapidement à ces stations-là d'être compétitives et d'offrir justement la vision et le produit à un niveau provincial, et pendant ce temps-là, ils vont pouvoir prendre les journalistes, comme nous on le fait depuis le 1er septembre, puis aller au Palais de Justice, puis aller à l'Hôtel de Ville et au Conseil de Ville, puis être capable d'écouter la dame qui veut donner l'envers de la médaille de ce que, par exemple, monsieur le Maire Tremblay a dit sur nos ondes le mercredi matin.

2019   Alors, si on a le contenu qui nous vient de l'agence, ça va nous permettre de mettre du contenu provincial et même national de qualité, et pendant ce temps-là, nos journalistes vont pouvoir aller sur le terrain faire la vraie job locale.

2020   CONSEILLÈRE POIRIER : Mais quand vous dites qu'il y aurait quand même moyen de trouver l'équivalent de l'agence de nouvelles de Cogeco, pouvez-vous m'éclairer et me dire où vous pourriez puiser? Si jamais cela n'était pas possible de puiser aux sources de cette agence de nouvelles là, où pourriez-vous prendre vos nouvelles? Faites-moi une élaboration la plus précise possible.

2021   M. HÉBERT : Bien, écoutez, Madame, moi, j'ai été 21 ans dans cette industrie-là. J'ai beaucoup d'amis un peu partout sur le territoire du Québec et même en Ontario.

2022   Alors, ce qu'on fera à ce moment-là, c'est qu'on prendra le téléphone, on appellera des gens, on leur demandera d'être nos correspondants, et à ce moment-là, on devra payer à la pièce, à 100, 75, 125 dollars. C'est ça que ça coûte avoir un Jean Lapierre, avoir un Réjean Tremblay, avoir ces gens-là. Alors, on devra le faire aussi pour l'information.

2023   Je ne crois pas... financièrement, ce sera sûrement plus coûteux, et je ne pense pas que ce sera aussi efficace, mais au moins on sera capable de faire de la nouvelle provinciale et nationale de cette façon-là.

2024   CONSEILLÈRE POIRIER : Bon. Alors, vous iriez à la pièce. Vous deviendriez votre propre agence de nouvelles.

2025   Mais il n'y en a pas d'autres de disponibles?

2026   M. HÉBERT : Bien, il y en a peut-être d'autres. Je n'ai pas vraiment encore exploré tout ce qui s'offre au Québec actuellement. Mais il y a une chose qui est claire, c'est qu'on va, à ce moment-là, faire d'autre chose.

2027   CONSEILLÈRE POIRIER : O.K.

2028   M. HÉBERT : Mais je vous répète ce que je vous disais tout à l'heure. Je pense sincèrement du fond de mon cour en tant que nouveau diffuseur, ce que je rêve depuis l'âge de 15 ans, que cette agence-là va permettre aussi à tout le Québec en termes de radio d'être compétitif et un peu rééquilibrer ce qu'on vit actuellement comme situation au Québec.

2029   Même si j'ai été 15 ans en technologie de l'information, je n'ai pas perdu mon goût pour l'information et pour la radio. On dit souvent, on sort quelqu'un de la radio, mais on sort rarement la radio d'une personne, et, voyez-vous, 14 ans plus tard, je reviens et je veux maintenant être un diffuseur.

2030   Alors, c'est pour ça que je vous dis que j'ai sincèrement l'impression que d'avoir Cogeco avec cette agence de nouvelles là va venir rééquilibrer, même versus la Société Radio-Canada.

2031   Regardez ce qu'ils ont fait au Saguenay. Ils ont tout mis dans la même boîte sur la rue des Saguenéens. Ils ont concentré une équipe incroyable. Comment je vais faire, moi, pour me battre contre ce pouvoir-là de la société d'état?

2032   Alors, si j'ai une agence comme celle, par exemple, que propose Cogeco, bien, je vais être capable de compétitionner, et on verra qui va gagner.

2033   CONSEILLÈRE POIRIER : M'hmm.

2034   Mon autre question était à l'effet de savoir comment vous fonctionnez présentement. Vous ne l'avez pas cette agence-là.

2035   M. HÉBERT : Présentement, nous sommes actuellement, grâce au Conseil, en gestion intérimaire. Alors, nous avions pris une entente avec Corus, de qui nous achetons la station...

2036   CONSEILLÈRE POIRIER : O.K.

2037   M. HÉBERT : ...et c'est Corus qui nous fournit à toutes les heures -- ce qu'on appelle au top de l'heure dans notre jargon du métier -- un bulletin réseau.

2038   Et nous, de 6 h 00 le matin à 6 h 00 le soir, nous fournissons à nos auditeurs un bulletin typiquement local, incluant le week-end, samedi et dimanche, où nous avons ramené rapidement des nouvelles locales à la demi-heure et des nouvelles réseau au top de l'heure.

2039   CONSEILLÈRE POIRIER : Je suppose que ça va être important pour vous de savoir quel est le plan qu'a Cogeco pour créer cette agence-là et commencer à vous offrir les services? Il ne faudra pas qu'il y ait entre les deux, si jamais le tout se fait, aucun laps de temps là?

2040   M. HÉBERT : Non. Comme je le mentionnais, Madame Poirier, tout à l'heure, nous avons déjà pris des ententes parce qu'on ne voulait pas non plus arriver dans le dossier les yeux fermés.

2041   Et je vous dirais que si le Conseil fait cette exception-là, connaissant les gens et la qualité des gens qu'il y a chez Cogeco... Je dois vous dire que j'ai travaillé avec plusieurs de ces gens-là, et c'est ce qui m'a permis, d'ailleurs, rapidement de pouvoir prendre la barre le 1er septembre.

2042   Ce sont des gens de très grande qualité, des gens qui en ont vu et qui savent c'est quoi se lever à 5 h 00 le matin pour être au bureau, comme moi, je le fais présentement à 6 h 00, puis tripper les nouvelles, puis s'assurer, on a-tu la bonne information, est-ce qu'on a la bonne entrevue, et caetera.

2043   Alors, je pense que Cogeco, avec l'expérience et les ressources qu'ils ont actuellement, vont être capable de mettre rapidement une agence sur place qui va bien desservir les marchés régionaux et qui va être, je pense, très efficace dans le marché de Montréal également.

2044   CONSEILLÈRE POIRIER : Merci beaucoup, Monsieur Hébert.

2045   LA PRÉSIDENTE : Monsieur Hébert, par curiosité, présentement sur le terrain, vous avez combien de journalistes?

2046   M. HÉBERT : Alors, sur le terrain actuellement, nous avons trois... quatre journalistes à temps plein.

2047   Nous avons une journaliste qui nous vient d'Art et technologie des médias, le Cégep de Jonquière...

2048   LA PRÉSIDENTE : Oui.

2049   M. HÉBERT : ...qui est dans notre cour, qui couvre les samedis et les dimanches et qui prépare quelques nouvelles pour le premier bulletin de 6 h 30 le lundi matin. C'est de cette façon-là que nous couvrons l'information.

2050   Je ne sais pas si à court terme nous ajouterons d'autres personnes, mais actuellement, parce que ces gens-là sont entièrement consacrés à la nouvelle locale, parce qu'on a nos nouvelles nationales au top de l'heure, bien, à ce moment-là, ils sont capable de livrer... Si vous avez la chance de nous écouter par le Web, vous allez voir un pas mal bon produit régional.

2051   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Hébert. Ce sont toutes nos questions.

2052   M. HÉBERT : Merci, Madame la Présidente. Merci.

2053   LA PRÉSIDENTE : Bon retour.

2054   M. HÉBERT : Merci.

2055   LA SECRÉTAIRE : Alors, j'inviterais maintenant le Groupe Simard à prendre place.

--- Pause

2056   LA SECRÉTAIRE : Alors, Madame Giard, je vous invite à vous présenter aux fins du dossier. Ensuite, vous aurez 10 minutes pour votre présentation.

INTERVENTION

2057   MME GIARD : Merci.

2058   Je voulais d'abord vous dire que mon confrère Guy Simard devait être ici. En tout cas, je l'attends d'une minute à l'autre. Je regrette qu'il n'y soit pas à ce moment-ci. C'est peut-être la faute du Pont Jacques-Cartier. Moi, je lui avais dit qu'à 2 h 00 on devait passer. Alors, en souhaitant qu'il arrivera avant la fin de la présentation.

2059   Bonjour, Madame la Présidente du Board, Mesdames les Conseillères, Messieurs les Conseillers et membres du personnel du Conseil.

2060   Avant de commencer nos remarques, je voudrais vous présenter, à ma gauche, Maurice Marcotte, qui est un récent collègue, qui est directeur-général de nos deux stations de Saint-Georges en Beauce.

2061   Nous sommes ici aujourd'hui pour démontrer notre appui à la demande de Cogeco afin d'acquérir les stations québécoises de Corus.

2062   Notre appui est tout d'abord basé sur la proposition de Cogeco de continuer d'enrichir les opérations de Corus Nouvelles.

2063   Nous notons également l'engagement de Cogeco de dépasser l'exigence de 6 pour cent des bénéfices tangibles si la demande est approuvée telle que proposée. Dans les faits, Cogeco propose d'investir 9 pour cent du total de la valeur de la transaction dans les bénéfices tangibles, et plus spécifiquement, Cogeco dirigerait 4 pour cent des bénéfices, soit 3,2 millions de dollars, sur les prochaines années.

2064   Nous comprenons les arguments de Cogeco, et notre appui inclut un appui de la demande pour une exception à la règle du nombre de stations sur une bande dans un même marché dans la même langue.

2065   Au Québec, il existe une concentration des médias dans les mains de deux groupes qui opèrent dans plusieurs domaines, soit Astral et Quebecor.

2066   Dans la radio, Astral est plus que dominant avec trois réseaux de radio, NRJ, RockDétente et BoomFM. NRJ et RockDétente sont disponibles dans tous les grands marchés du Québec et souvent sont captés dans les moyens et les petits marchés.

2067   Dans notre cas, ces deux réseaux rejoignent 8 et 4 pour cent des auditeurs et auditrices à Rivière-du-Loup et de 15 à 12 pour cent dans le marché de la Beauce, même, s'il n'y a pas de station locale.

2068   Dans le cas de Rivière-du-Loup, les stations d'Astral de Rimouski et du Saguenay pénètrent, tandis qu'en Beauce, ce sont ces stations en provenance de Québec.

2069   En Montérégie, il y a deux stations de BoomFM, à St-Jean-sur-Richelieu et Ste-Hyachinthe, qui offrent un troisième format. Astral domine les services de télévision spécialisés au Québec et opère l'affichage extérieur partout au Québec.

2070   Quebecor, lui aussi, est quasiment omniprésent au Québec, avec son réseau de télévision TVA qui domine l'écoute des télés généralistes, son réseau de câble Vidéotron dont le canal communautaire VOX semble souvent être le TVA 2. Il publie également des quotidiens à Montréal et à Québec, ainsi que des hebdomadaires dans tous les marchés couverts par nos stations.

2071   Cette dominance par un groupe en radio et un en télévision est unique au Canada. Nous avons regardé le Rapport de surveillance de radiodiffusion de 2009.

2072   Le tableau 4.2.9 démontre la dominance d'Astral dans le marché radiophonique francophone. Selon ce tableau, les trois plus grands réseaux de radio francophones récupéraient 82 pour cent des revenus nationaux des radios francophones. Astral à lui seul a reçu 47 pour cent.

2073   Quand on regarde du côté anglophone, on note que cinq joueurs différents partagent 70 pour cent des revenus nationaux anglophones, et le plus grand, encore Astral, reçoit 21 pour cent. Au Canada francophone, les deuxième et troisième plus gros, soit Cogeco et Corus, ensemble recevaient 37 pour cent des revenus nationaux.

2074   Nous avons joint à cette présentation deux pages tirées de la revue "Marketing Quebec," reçue la semaine dernière, qui démontrent l'impact de Quebecor et Astral au Canada.

2075   Vous voyez qu'Astral a un chiffre d'affaires de presque un milliard de dollars, réparti entre ses activités radio, télévision, affichage et Internet, et on pourrait dire que la grande majorité de leurs activités se font au Québec. Quebecor, pour sa part, touche 1,8 milliard de dollars. Encore là, la majorité de ses activités se font au Québec.

2076   Ce manque d'équilibre a des conséquences néfastes pour les petites radios indépendantes en région. Nous sommes presque exclus de la publicité nationale, puisqu'en 2008, les 31 membres de l'Association de la radio régionale francophone, l'ARFF, ont reçu moins de 150 000 dollars en moyenne par station en ventes nationales. Par contre, dans la même année, les 630 stations à travers le Canada ont reçu 650 000 en moyenne par station en ventes nationales.

2077   Mais les raisons les plus importantes de notre appui découlent des bénéfices proposés. Tout d'abord, parlons des nouvelles.

2078   Les petites radios en région doivent fournir un service avec la même qualité que les radios qui pénètrent dans nos marchés. Pour ce faire, nous devons concentrer nos ressources sur la programmation locale, mais nous sommes également obligés de fournir de l'information sur ce qui se passe ailleurs, dans notre région, au Québec, au Canada et à travers le monde.

2079   Nous avons eu à nous fier sur des services fournis par des réseaux, au début par Radiomédia et plus récemment par Corus Nouvelles.

2080   Cogeco a proposé de maintenir et même d'enrichir ce service pour les petites radios en région. De notre part, nous allons fournir des nouvelles à l'agence Cogeco Nouvelles afin de compléter leur couverture.

2081   Dans le passé, nos stations ont fourni des nouvelles au réseau Corus lors d'événements tels que :

2082   - l'élection de Mario Dumont comme chef de l'opposition officielle en 2007;

2083   - l'enquête du commissaire au lobbyisme en 2008 en regard du nouveau député libéral dans le comté de Rivière-du-Loup;

2084   - le décès d'un élève à l'école secondaire de Trois-Pistoles à la suite d'un coup de poing donné par un camarade de classe;

2085   - le débordement de la rivière Chaudière au printemps en Beauce;

2086   - le meurtre de l'attachée politique du député Claude Béchard de Kamouraska-Témiscouata;

2087   - la comparution au Palais de Justice de Rivière-du-Loup de Francis Proulx, et ça fait la une de tous les médias nationaux;

2088   - l'annonce de la biométhanisation à Rivière-du-Loup, avec la présence de Stephen Harper et Jean Charest sur place;

2089   - le décès et les funérailles de Claude Béchard;

2090   - la Coupe Mémorial à Rimouski en 2009.

2091   Alors, ce sont des exemples d'échange de services qu'on fait avec Corus actuellement.

2092   Nous croyons que le maintien de ce service est le plus important résultat du projet proposé.

2093   Nous sommes également impressionnées par l'engagement de Cogeco envers MUSICACTION. Comme le Conseil le sait, MUSICACTION n'a pas reçu autant de fonds découlant des transactions ou des nouvelles licences que FACTOR parce qu'il y en avait moins dans le marché francophone que dans le marché anglophone.

2094   Dans la période 2003-2004 à 2007-2008, FACTOR a reçu six fois les paiements comme résultats des nouvelles licences que MUSICACTION et plus que le double des paiements qui découlaient des transactions.

2095   Pour rencontrer le niveau de 65 pour cent de musique francophone, nous avons besoin d'un approvisionnement constant de nouveautés. Les artistes Français ou Belges ne sont pas très attirants pour les Québécois. Il nous faut de nouveaux artistes de chez nous pour garder une qualité de son à laquelle nos auditeurs et auditrices ont droit.

2096   Le 3,2 $ millions proposé par Cogeco aiderait à augmenter le nombre de nouveaux artistes, de nouveaux disques disponibles à la programmation francophone. Les bénéfices proposés par Cogeco, soit l'agence Cogeco Nouvelles et les bénéfices tangibles ne seront réalisés que si le Conseil accepte le projet tel que proposé par Cogeco.

2097   Nous reconnaissons qu'une telle approbation exige une exception à la règle de la politique de propriété. Nous croyons que les bénéfices que nous avons décrits dans notre mémoire et dans notre présentation doivent peser dans la balance quand le Conseil considère la demande.

2098   Nous notons également que Cogeco a fourni des balises pour que l'approbation ne créé pas de précédent.

2099   Merci de votre attention. Il nous fera plaisir de répondre à vos questions.

2100   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Madame Giard, pour votre présentation qui fait quand même un bon tour d'horizon, autant de ce qui se passe en région, les défis auxquels vous faites face et de la proposition de Cogeco.

2101   Et maintenant, il y a une chose que j'aimerais clarifier. Présentement, vous êtes client de l'agence de nouvelles de Corus. Hier, on nous a dit qu'il restait encore deux ans à ce contrat-là, contrat qui va être honoré par Cogeco qui ferait l'acquisition des stations de Corus. Mais lorsqu'on lit la proposition de Cogeco en ce qui concerne l'agence de nouvelles, ils visent les stations indépendantes en région qui ont moins que deux émetteurs, ce qui n'est pas le cas du Groupe Simard.

2102   Avez-vous eu des discussions avec le groupe Cogeco à savoir comment est-ce que Cogeco ferait la transition avec le Groupe Simard, de l'agence Corus avec l'agence Cogeco?

2103   MME GIARD : Tout à fait. Vous comprenez bien que c'était une question qui était importante à poser à Cogeco pour nous.

2104   Cogeco connaît très bien les années d'expérience dans lesquelles on a travaillé avec autant Télémédia que Corus Nouvelles. Cogeco connaît très bien l'historique de nos stations, l'importance que ça a pour nous, dans nos régions, d'avoir une porte ouverte sur ce qui se passe à l'extérieur de la région.

2105   Et Cogeco nous a donné des garanties qu'il tiendrait compte de ces antécédents-là dans nos démarches d'association, surtout concernant l'agence Cogeco Nouvelles. Et je pense qu'ils ont démontré que dans leur objectif, ça n'était pas de diminuer les services aux radios de régions, mais au contraire, de continuer à servir les radios de régions comme ça s'est fait avec Corus Nouvelles.

2106   Je vous dirais en exemple que quand on a acheté les stations de la Beauce à Saint-Georges, il y a sept ans, il n'y avait aucun accès à un réseau, il n'y avait pas de lien avec aucun réseau national, ni au niveau des nouvelles ni pour d'autres types d'émissions ou pour le hockey du Canadien, peu importe.

2107   Et dès qu'on s'est installé à Saint-Georges, notre première préoccupation ça a été de doter nos stations de Saint-Georges d'un lien avec un réseau important et pour les nouvelles nationales et internationales et pour tout type d'émissions qui ont de l'intérêt pour les gens autant en Beauce qu'à Montmagny ou Rivière-du-Loup ou Rimouski ou ailleurs.

2108   Donc, ça a été notre première démarche, parce qu'on considérait que pour les Beaucerons, et même si c'est des gens extrêmement fiers, ça permettait d'être fiers de leur radio, d'être fiers de leur média radio. Parce qu'à Saint-Georges, il n'y a pas de télévision locale; il y a des journaux, mais pas de télévision locale.

2109   Donc, le média électronique, c'était deux stations radio. Et on a voulu, par ça, augmenter leur sentiment de fierté de ce média-là qui était chez eux depuis plus de 50 ans.

2110   Et au début, dans le marché de Saint-Georges, les gens nous disaient : « Pourquoi aller chercher des nouvelles d'un grand réseau (Montréal, entre autres)? » Et maintenant, je vous dirais que les marchands de Saint-Georges s'associent au hockey des Canadiens puis achètent de la publicité dans le hockey des Canadiens qu'on diffuse le soir, veulent commanditer les bulletins de nouvelles nationales.

2111   Donc, on a développé une ouverture sur autre chose que la région seulement du sud de la Beauce. Et je sais qu'ils l'apprécient maintenant et que ça a aussi servi à augmenter leur sentiment de fierté pour leur média qu'ils se sont extrêmement bien approprié.

2112   Et monsieur Marcotte pourrait même vous parler d'une association qu'on vient de faire avec le club de hockey à Saint-Georges où, avec d'autres partenaires marchands, les gens sont venus nous chercher et nous ont dit : « On veut que l'équipe de hockey porte le nom de votre station à Saint-Georges.

2113   Fait que si on n'a pas réussi à développer un sentiment d'appartenance, bien ça, ça a été un élément important.

2114   LA PRÉSIDENTE : Donc, ce que vous nous dites, c'est que malgré le fait qu'une telle agence de nouvelles serait basée à Montréal, avec une station qui serait à Montréal, que la qualité du contenu que vous obtenez, du moins jusqu'à présent, fait en sorte que les gens dans les régions se l'approprient de toute façon parce que ça vient en complément de ce que vous offrez, vous, avec votre couverture locale?

2115   MME GIARD : Bien, tout à fait. Et je vous donne un autre exemple. Quand on a demandé une licence à Rimouski, Madame Lamarre, ça faisait partie de nos préoccupations de donner à la région de Rimouski un réseau de nouvelles nationales, internationales parce qu'à Rimouski, Astral est là et il y a une radio communautaire, mais il n'y avait pas de lien avec un réseau de nouvelles nationales.

2116   Ça a fait partie de nos obligations, nos engagements envers la population de Rimouski. Ce qui fait que maintenant, c'est extrêmement important pour nous, autant à Rimouski qu'à Saint-Georges, à Rivière-du-Loup et Lapocatière (et bientôt à Montmagny en novembre) de garder ce lien avec une agence de nouvelles nationales et internationales.

2117   On n'enlèvera pas aux gens des choses qu'ils ont maintenant et qu'ils apprécient. Et c'est ce qui nous aide en région, les petits indépendants à faire notre marque, parce que les gens viennent chercher chez nous des choses qu'ils n'ont pas sur un réseau comme Astral, par exemple.

2118   LA PRÉSIDENTE : Et si vous êtes ici, cet après-midi, en soutien à la proposition de Cogeco, c'est que les garanties qu'on vous a offertes, vous en êtes satisfaite?

2119   MME GIARD : Tout à fait. Et puis je pense qu'on a même expliqué à Cogeco que la tarification qu'on avait...

2120   Parce qu'on est conscient que notre groupe va devoir payer pour aller chercher une affiliation avec le réseau, autant pour les nouvelles que pour le hockey ou d'autres émissions ou des capsules, peu importe.

2121   Et on a dit à Cogeco qu'ils vont devoir tenir compte de la capacité de la population de nos régions. On est dans des marchés de 100 000 ou moins et dans des marchés de 150 000 personnes ou moins. Donc, on est dans des petits marchés. Il faut que Cogeco conserve pour nous notre capacité de payer.

2122   LA PRÉSIDENTE : Je veux relever un point que vous avez fait au début de votre présentation, lorsque vous dites que les membres de l'ARRF, en région, sont exclus de la tarte des ventes nationales.

2123   Selon vous, est-ce que ce partenariat renouvelé et, disons, amélioré, si je peux utiliser l'expression, avec Cogeco, est-ce que ça va vous permettre, selon vous, d'améliorer la performance des radios en région, au niveau des ventes nationales. Et si oui, comment vous l'envisagez?

2124   MME GIARD : Moi, je pense que ça sera toujours difficile pour les indépendants d'aller chercher leur part de marché des ventes nationales.

2125   Je pense qu'on a beaucoup d'écoute, mais quand on compare avec les ventes nationales qui sont presque, des fois, des automatismes avec Astral, par exemple, ça sera toujours difficile. Il faudra trouver des moyens, se regrouper ou développer des stratégies.

2126   Ça, quand on se rencontre à l'ARRF, c'est la question qu'on se pose. Et on avance, on ne recule pas. Je peux juste vous dire qu'on ne recule pas.

2127   Par contre, je suis ici, moi, avec Maurice, parce qu'on veut vous parler de nous autres (rire).

2128   Alors, je veux vous parler de mes stations et je veux juste vous dire... quand exemple, on a regardé la possibilité à Rimouski...

2129   Parce que dans mes autres marchés, au niveau des ventes nationales, Astral n'est pas présent et Cogeco non plus, mais on sait très bien que les agences nationales achètent d'abord le marché central. Il y a du débordement au niveau de l'écoute, mais on le sait qu'ils achètent le marché central.

2130   Je vous dirais peut-être qu'à Rivière-du-Loup ou à Saint-Georges, ça peut nous aider, au niveau des ventes nationales. Par contre, à Rimouski, c'est un autre problème; Astral est déjà là. Si Astral a 75 pour cent de l'écoute à Rimouski puis qu'il reste la radio communautaire et nous, bien, c'est clair qu'il va chercher près de 70 à 75 pour cent des ventes nationales d'abord. C'est un coup de téléphone : toutes les stations d'Astral sont « bookées »(ph).

2131   Donc, nous, on va chercher des restes ou, si vraiment le marchand local, qui fait partie d'une chaîne, fait de la pression sur l'agence ou la chaîne pour avoir aussi une part de budget chez nous, parce qu'il considère qu'on a une clientèle différente.

2132   Alors, on a regardé la possibilité que peut-être que ça ne sera pas mauvais, ou que ce sera une alternative d'avoir une association avec Cogeco au niveau des ventes nationales, pour Rimouski, en particulier. Et cette alternative-là, on ne l'a pas maintenant. Mais ça pourrait être une porte ouverte dans un marché où notre station est en concurrence directement avec Astral au niveau des ventes nationales.

2133   LA PRÉSIDENTE : Maintenant, vous considérez aussi que... Bon, le bouquet d'avantages tangibles qui est offert par Cogeco va avoir des répercussions sur MusicAction et pour vous, c'est important, parce que vous nous dites que vous avez besoin d'un approvisionnement constant de nouveautés. Donc, dans les derniers cinq ou six ans, vous avez noté que ça manquait, ça?

2134   MME GIARD : Bien, je pense que le Conseil aussi, notait ça, Madame Lamarre, parce que lisais la Politique sur la radio communautaire et vous avez noté à l'Article 101 qu'il y avait eu des diminutions, autant pour Factor, mais surtout pour MusicAction, mais je pense que les diminutions ont été plus importantes, à partir du moment où les montants qui viennent d'Astral vont finir par cesser.

2135   Et vous avez noté, dans votre politique au point 101, qu'il y avait des diminutions pour MusicAction.

2136   Donc, je pense que l'offre de Cogeco devient drôlement intéressante. Et on vous a déjà parlé, au Conseil, lors du renouvellement de politiques de la radio, comment c'est difficile en région. C'est facile de recevoir la musique, c'est difficile d'avoir les artistes.

2137   Alors, si tout cet argent-là peut aider à faire en sorte que dans les régions, les artistes se déplacent et viennent aussi chez nous, puisqu'on fait aussi la promotion de leur musique, bien tant mieux si ça peut servir à ça aussi.

2138   Donc, moi, je pense que ça ne peut qu'être bénéfique que MusicAction bénéficie de budget supplémentaire.

2139   LA PRÉSIDENTE : Si je peux demander une précision sur votre réponse, parce que j'apprécie--

2140   MME GIARD : Elle n'était pas claire.

2141   LA PRÉSIDENTE : ...votre réponse, mais ce n'était pas tout à fait ça, ma question.

2142   MME GIARD : Ah! Excusez-moi.

2143   LA PRÉSIDENTE : C'est au niveau de la diminution, non pas des montants, mais au niveau de la diminution de la disponibilité des nouveautés. Donc, en d'autres termes, sans l'apport fait à MusicAction, il y a un ralentissement des nouveautés. Les nouveautés n'arrivent pas à une vitesse assez grande lorsqu'elles sont laissées à, si on veut, un marché indépendant et autonome.

2144   MME GIARD : Bien, moi, je peux me tromper, mais je pense qu'il se produit beaucoup moins de choses qu'il s'en produisait peut-être il y a sept ans ou huit ans. Donc, c'est clair que ça a une incidence, autant chez nous comme dans toutes les autres stations.

2145   LA PRÉSIDENTE : Et vous, vous envisagez aussi que -- et vous l'avez mentionné, mais je tiens à le souligner -- que cet argent-là pourra vous aider à obtenir le déplacement des artistes en région, pour faire d'une part la promotion de leurs nouveautés, de leur carrière et, en même temps, aider au développement de votre station et permettre l'accessibilité aux gens de la région à ces artistes-là?

2146   MME GIARD : D'autant plus qu'on essaie d'avoir en région, des formats musicaux un peu différents de ce que jouent Astral et Énergie, donc, on a besoin de matériel différent aussi.

2147   On essaie de ne pas jouer les mêmes 100 « tounes » que tout le monde joue partout au Québec, ce qui fait que ça nous prend du matériel différent puis du matériel supplémentaire. Ce qui fait aussi que quand il y a des artistes qui produisent dans nos régions, on commence par les valoriser d'abord.

2148   Je pense à Noir Silence, à Saint-Georges, qui a d'abord été un succès dans les stations radios de Saint-Georges avant d'être connu au Québec. Donc, plus il y aura de la production, plus on aura accès à des choses différentes, aussi.

2149   LA PRÉSIDENTE : Je vous remercie.

2150   Madame Poirier?

2151   CONSEILLÈRE POIRIER : Oui.

2152   Oui, merci beaucoup, Madame Giard et Monsieur Simard qui se joint à nous. Ça nous fait plaisir, Monsieur Simard, de vous recevoir parmi nous.

2153   LA PRÉSIDENTE : C'est nous qui avons de l'avance, là, Monsieur Simard.

2154   CONSEILLÈRE POIRIER: Oui... oui... oui. Et on s'excuse d'en avoir suffisamment pour vous avoir empêché de participer à la présentation.

2155   La question que j'allais poser c'est la suivante. Ce matin, on a eu le groupe Evanov, qui est présent, qui est un radiodiffuseur assez important du côté de la communauté anglophone.

2156   Et là, on a un autre groupe, francophone, qui lui aussi est présent dans le marché francophone. Et vous avez des positions diamétralement opposées.

2157   Ça me questionne, parce que tous les deux étant des radiodiffuseurs qui ont beaucoup de crédibilité et qui sont très présents dans leurs communautés, expliquez-moi pourquoi vous avez des positions si différentes.

2158   Est-ce que c'est la nature du marché francophone? C'est quoi qui fait que, outre le fait que vous profitiez de l'agence de nouvelles, bien entendu, et que je vois et je comprends?

2159   MME GIARD : Je n'ai pas entendu les commentaires de ce groupe-là, donc, c'est difficile pour moi de vous dire en quoi on est bien différents.

2160   CONSEILLÈRE POIRIER : Juste pour résumer, ils veulent vraiment qu'on respecte la lettre de notre politique.

2161   MME GIARD : O.K.

2162   CONSEILLÈRE POIRIER : ...et de nos règlements en matière de propriété...

2163   MME GIARD : Ça fait toute la différence entre les francophones puis les anglophones.

2164   Ce que je veux dire, c'est que nous autres, on comprend les préoccupations de Cogeco. On comprend leurs préoccupations. Notre inquiétude aujourd'hui, c'est de maintenir un service de l'agence Cogeco Nouvelles, de maintenir un service en région de nouvelles locales et régionales, nationales et internationales.

2165   C'est aussi l'apport qu'ils veulent apporter. Ce qu'ils veulent apporter à MusicAction, ça, on trouve ça important. Mais quand vous dites que nos positions sont si différentes, je pense que...

2166   Je ne sais pas, Guy, si tu as des choses à dire, mais je pense qu'on pense à nous, à savoir, dans le passé, il y a eu des cas où le CRTC a pris des décisions en fonction de qu'est-ce qui est mieux pour les gens dans les régions.

2167   Ce qu'on vous dit, aujourd'hui, nous autres, dans les régions, on a besoin de ça. On a besoin de ce qu'offre Cogeco. C'est nécessaire pour nos stations. Ça fait partie de la survie des petits stations indépendantes dans les petits marchés. Ça va aussi loin que ça.

2168   Donc, à partir de ça, ça sera au CRTC à décider.

2169   CONSEILLÈRE POIRIER: Parfait.

2170   Et, Monsieur Simard, je ne sais pas si de façon globale vous voulez ajouter quelque chose sur votre position?

2171   M. SIMARD : Tout à l'heure, vous parliez du cas de propriété, mais moi, je vais vous parler que depuis les 25 dernières années, nos stations de radio à Rivière-du-Loup ont toujours été affiliées à un réseau. C'était Télémédia, c'était Radiomédia, c'était Corus.

2172   C'est très important qu'on se colle à un réseau. Vous savez, même en région, si on parle de radio locale, on dit, bien, c'est la force, la radio locale. On aime ça aussi être collés, si vous voulez, à un gros réseau.

2173   Je prends juste Astral (si je regarde du côté de Rimouski). Il y a des émissions qui viennent d'un réseau. À 4 h 00 sur Rock Détente et à 3 h 00 sur Énergie, les émissions sont des émissions réseau, alors, ce qui fait un peu la force d'Astral. S'il y a un autre groupe qui se forme un gros réseau très, très fort, bien, on va pouvoir concurrencer un petit peu ce groupe-là.

2174   Nous, à Rimouski, on le vit d'une manière quotidienne, parce qu'Astral est notre concurrent. Et d'être associé à un gros réseau qui est très, très fort -- je vais parler (inaudible) petite région mais chez nous, dans notre coin, même en télévision, mon frère, qui a des stations de télévision est collé avec... On comprend, parce qu'ils doivent avoir des émissions de télévision, mais ils sont collés à des réseaux. Les réseaux sont même partenaires.

2175   Alors, qu'on ait un partenaire qui soit puissant, qui soit fort, c'est tout à notre avantage. Alors, c'est ça un petit peu la position de...

2176   Quant à la propriété, le CRTC est en mesure de décider ce qu'il y a, mais pour nous, pour notre groupe, la venue d'un réseau fort est important.

2177   MME GIARD : Et ce n'est pas que les nouvelles et ce n'est pas que l'image des Canadiens. C'est Lapierre le matin, c'est Tremblay au niveau du sport.

2178   Alors, on a accès à plein de choses qui sont intéressantes pour les gens en région. Et on pense que c'est un plus dans notre programmation, ce qu'on leur offre. Et ça s'est toujours bien fait, entre Corus et nos stations. Et c'est extrêmement important.

2179   On a habitué nos gens à ça, à ne pas que parler de ce qui se passe à Saint-Georges et ne pas que parler de ce qui se passe à Rimouski ou à Rivière-du-Loup, mais à parler aussi de ce qui se passe ailleurs puis qui a une incidence dans notre région.

2180   Et ça oblige les gens à se questionner : La décision qui a été prise dans tel secteur à Montréal ou Ottawa, comment elle va s'appliquer chez nous? Alors, l'animateur le matin prend le téléphone puis il appelle le député puis lui dit : Comment vous pensez que les gens ici vont pouvoir appliquer ça? Comment, dans leur quotidien, ça va modifier leur façon de vivre?

2181   Ça, c'est un retour du balancier. C'est extrêmement important. C'est un échange et c'est extrêmement important. C'est ce qui fait que moi, je dis toujours aux gens de Montréal que c'est eux qui sont loin, parce que nous... C'est eux qui sont dans une région éloignée, puis Québec aussi. Mais les gens là-bas sont au fait de tout ce qui se passe, au moment où ça se passe.

2182   Et ça, c'est extrêmement important. Et si ça, ce n'est plus là pour aider les indépendants en région, c'est un recul. C'est un net recul. Et ça fait partie de l'écoute... Si ça fait partie de l'écoute, ça va faire partie des ventes à la fin de l'année. C'est aussi clair que ça.

2183   M. SIMARD : Et d'autre part, Madame Poirier, l'inverse est aussi vrai. Il y a une nouvelle importante à Rimouski, il y a une nouvelle importante à Rivière-du-Loup, on peut facilement alimenter le réseau, comme on le faisait (peut-être pas régulièrement, là, mais souvent) avec le groupe Corus.

2184   CONSEILLÈRE POIRIER : J'ai terminé, Madame la Présidente.

2185   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup pour votre présence avec nous aujourd'hui.

2186   MME GIARD : Merci.

2187   LA SECRÉTAIRE : Merci. J'inviterais maintenant la Fédération professionnelle des journalistes du Québec à prendre place, s'il vous plaît.

--- Pause

2188   LA SECRÉTAIRE : Alors, Monsieur Brian Myles comparait pour la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

2189   S'il vous plaît, présentez votre collègue aux fins du dossier et vous aurez 10 minutes de présentation.

INTERVENTION

2190   M. MYLES : Ça va? Voilà! Alors, je disais Claude Robillard, secrétaire de la FPJQ, et moi-même, Brian Myles, président de la Fédération.

2191   La Fédération est un regroupement de 1900 journalistes et la position que nous présentons aujourd'hui est unanime, c'est-à-dire que tous les membres de notre C.A. l'ont appuyée sans réserve. Et je porte avec moi l'appui de la Tribune de presse à Québec, qui n'a pas produit de mémoire, mais qui, par le biais d'une missive, nous informe qu'elle se rallie à notre mémoire. Alors, je pourrai vous remettre une copie de la lettre en temps utile.

2192   Le mandat de la FPJQ est très simple. Vous le connaissez, c'est de défendre la liberté de presse et de pourfendre la concentration de la presse. Aussi, il peut paraître étonnant que l'on accepte ou appuie une transaction qui amène un peu plus de concentration de la presse et c'est une décision que l'on ne prend pas à la légère.

2193   Cependant, on l'a prise, cette décision-là, après avoir tiré des leçons de l'état actuel du paysage radiophonique québécois. Même un milliardaire excentrique qui voudrait dépenser sa fortune ne pourrait pas se conformer aux politiques actuelles qui prévoient la propriété de deux stations AM et deux stations FM. Il n'y a tout simplement plus assez de bande AM pour s'y conformer.

2194   Alors, on a tiré des constats de cette réalité. On a très bien compris aussi, à la lecture du mémoire de Cogeco, qu'ils ne demandent pas la mise à mort des politiques qui visent à freiner la concentration de la presse, mais une exception très pointue. Et nous avons analysé le débat... le projet par la suite, selon l'angle de la diversité des voix, diversité apparente et diversité réelle.

2195   On peut très bien s'entendre qu'il y a une diversité apparente des voix quand huit propriétaires se partagent autant d'antenne. Ça ne veut pas dire qu'il y a une diversité réelle dans la mesure où on peut se retrouver avec des situations où il n'y a pas de valeur ajoutée, où l'information produite n'en est pas. C'est une relecture des journaux du matin. Les journalistes ne sont pas sur le terrain, il y en a un et demi qui peine à faire une journée à couvrir l'actualité.

2196   Donc, nous, quand on regarde le projet de Cogeco, on y voit l'expression d'une diversité réelle, pour la simple et bonne raison qu'on veut investir dans ce qui compte le plus, c'est-à-dire, ce qui compte le plus pour une société démocratique; et c'est l'information et les affaires publiques.

2197   Je retiens de ce mémoire et des intentions de Cogeco qu'on veut une programmation axée sur l'information, par opposition aux formats musicaux, qu'on veut le faire avec des journalistes sur le terrain, qu'on veut un mandat avant tout local et régional des radios qui vont être visées par la transaction.

2198   Il y a une programmation nationale et internationale, il va y avoir une coordination par l'agence. Mais ce que l'on comprend, c'est que ça va être à chaque ville, à chaque antenne locale de décider des sujets de l'heure, des préoccupations quotidiennes. On voit des effectifs accrus et la circulation de l'information par le biais de l'agence.

2199   Les agences dans notre domaine, c'est toujours un peu suspect. On se demande si une agence interne va accroître le phénomène d'aplatissement et de rétrécissement des voix parce qu'une agence peut devenir le prétexte pour faire re-circuler la même information dans les différentes composantes d'un même conglomérat. Il faut ramener les choses en perspective.

2200   Par contre, on parle ici d'un groupe qui tout au plus va avoir une vingtaine de journalistes, 33, pardon, et dont la circulation de l'information va se faire à la radio et non pas sur de multiples supports, comme d'autres groupes de presse que l'on connaît.

2201   Alors, ce sont les raisons qui nous amènent à trouver du positif dans ce mémoire et à l'appuyer.

2202   Il y a aussi le retour des journalistes à la Colline parlementaire de Québec et d'Ottawa et c'est la raison pour laquelle La Tribune se rallie à notre mémoire aussi et appuie la transaction.

2203   Monsieur Réal Séguin, président de La Tribune, fait remarquer qu'il n'y a plus de journaliste de la radio privée à l'Assemblée nationale depuis un bon moment et la perspective de voir un groupe de presse important comme COGECO ramener des correspondants est de bonne augure pour eux.

2204   Dans ce contexte-là, compte tenu de l'état actuel du marché, du fait qu'on demande une exception limitée, on pile un peu sur nos principes généraux de lutte à la concentration de la presse pour accepter cette transaction à titre exceptionnel.

2205   La diversité des voix que l'on retrouve ici, elle vient de l'ajout d'effectifs de ressource humaine, elle vient d'une programmation qui va être d'environ 220 minutes par semaine, une programmation originale et locale.

2206   Et notre lecture de ce projet, c'est qu'il va amener une plus grande concurrence, paradoxalement, parce qu'il va rehausser les standards à la hausse pour tout le monde dans le domaine de la radio. Les concurrents qui vont se limiter à relire des journaux du matin, à faire de l'information dépourvue de toute valeur ajoutée, vont peut-être pâlir si les journalistes de COGECO livrent la marchandise comme ils le promettent.

2207   Donc, plus de concurrence nécessairement nous amène à une plus grande diversité de l'information et une information de plus grande qualité.

2208   Enfin, il y a quelques recommandations qu'on a faites que je voudrais rappeler. On constate une volonté d'aller aussi sur les plate-formes web, sur le multimédia du côté de COGECO et on ne voudrait surtout pas que ça soit le prétexte à faire une surcharge de travail pour les journalistes.

2209   C'est commun maintenant dans notre métier qu'on soit un homme orchestre et qu'on fasse à la fois l'écrit, la radio, le web, mais il faut du temps pour... et une expertise pour approfondir et maîtriser les différents formats. Alors, on souhaite que COGECO veille à ne pas charger les journalistes de façon outrancière.

2210   On ne voudrait pas non plus que la salle de nouvelles de Gatineau soit amputée d'un journaliste parce qu'on prévoit ouvrir un poste à la Colline parlementaire. Pour nous, ça devrait être deux postes distincts parce qu'Ottawa est une ville à part entière. Ce n'est pas juste un Parlement. Il y a de l'actualité municipale, locale à couvrir et on imagine mal qu'une seule personne puisse faire les deux à la fois.

2211   Il y a également la station de CIME dans les Laurentides. On estime qu'il devrait y avoir un journaliste de plus là-bas. Les Laurentides, c'est un marché en pleine expansion et on voit bien les débats en ce moment à l'Assemblée nationale. On voudrait avoir des circonscriptions additionnelles dans les banlieues.

2212   On constate que ces régions-là sont en forte croissance démographique, mais elles ne sont certainement pas en croissance médiatique, si vous me permettez l'expression. Il n'y a aucun quotidien là-bas dans les Laurentides, pas même à Laval. L'information est encore sous-développée. Donc, ce serait la moindre des choses qu'un journaliste soit affecté à temps plein à CIME.

2213   Enfin, on se pose des questions sur l'articulation du travail entre les recherchistes de la tête de réseau, le 98,5, les salles de nouvelles régionales, celles de Québec, les journalistes parlementaires. De ce point de vue là nous estimons que le CRTC devrait demander des éclaircissements.

2214   Ce n'est pas de freiner l'espèce de mise en commun des expertises. Ça se fait partout maintenant, il ne faut pas être naïf. Il faut voir que la convergence se pratique à Radio-Canada, elle se pratique du côté de GESCA, elle se pratique chez Québécor.

2215   Ce qu'il faut éviter, c'est que la convergence devienne le prétexte d'un aplatissement des voix et une façon de faire re-circuler tout le temps les mêmes informations sans nouveauté, sans originalité. Donc, nous, c'est de cette façon-là qu'on aborde la question de l'agence de COGECO nouvelles.

2216   On constate finalement que COGECO a élaboré une politique d'information en s'inspirant des grands principes qui nous sont chers, le Guide de Déontologie de la FPJQ, les droits et responsabilités étiques de la Presse, du Conseil de presse, même certains éléments du fameux Livre Vert de Radio-Canada.

2217   Nous estimons que cette politique devrait être rendue publique, débattue et qu'elle puisse être analysée en détail par les membres du Conseil.

2218   Nous avons aussi accueilli avec une certaine satisfaction la décision de COGECO d'adhérer au financement du Conseil de presse et de reconnaître son autorité. Le Conseil de presse est un tribunal d'honneur, tripartite, qui entend les doléances du public sur des problèmes étiques et déontologiques et ils le font avec rigueur, impartialité depuis plus d'un quart de siècle.

2219   Alors, pour nous c'est l'expression d'une volonté corporative d'être un bon joueur et de se conformer aux meilleurs standards de notre industrie.

2220   LA PRÉSIDENTE: Vous avez terminé, monsieur Myles?

2221   M. MYLES: Voilà. J'ai terminé. Je suis prêt pour vos questions.

2222   LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup et avant que je passe la parole à monsieur Morin, j'aimerais vous rassurer.

2223   Présentement à Montréal, il n'y a pas de pénurie de bonnes fréquences AM; en fait, il y en a deux qui sont extrêmement bonnes: le 94,0 et le 69,0 que CORUS a dû fermer cet hiver. Alors, si vous connaissez des gens intéressés, vous pourrez leur transmettre le message.

2224   M. MYLES: Oui, oui.

2225   LA PRÉSIDENTE: Alors, monsieur Morin.

2226   CONSEILLER MORIN: Merci, madame la présidente. Bonjour.

2227   La proposition globale de COGECO, c'est une trentaine de journalistes. Actuellement, ASTRAL a une quarantaine de journalistes. Est-ce que vous pourriez me donner en essayant de retourner dans votre mémoire un scoop, je n'en demande pas beaucoup, un scoop d'ASTRAL au cours des deux dernières années?

2228   CONSEILLÈRE POIRIER: Astral?

2229   CONSEILLER MORIN: Oui, Astral?

2230   M. MYLES: On est...

2231   CONSEILLER MORIN: Non, mais des reprises, des reprises par la Presse canadienne, par exemple? Radio-Canada en fait régulièrement. Elles sont reprises par la Presse canadienne. Est-ce que vous pouvez...

2232   M. MYLES: Est-ce que vous parlez d'une nouvelle exclusive et...

2233   CONSEILLER MORIN: D'une nouvelle, quelque chose d'intéressant, de marquant?

2234   M. MYLES: Écoutez; il ne me vient pas d'idée de génie, ce qui ne veut pas dire que c'est impossible qu'ils en aient fait. Mais si je peux me permettre, c'est... Dans le fond, ce que l'on dit sans le dire, c'est que le nombre de journalistes n'est pas nécessairement garant de la qualité.

2235   Mais nous, on a analysé le projet de COGECO pas seulement en fonction du nombre, mais en fonction des intentions et les intentions c'était de revenir, c'était de penser local puis agir local en information et de redonner aux citoyens et aux titulaires de fonctions publiques la place qui leur revient dans l'espace public radiophonique.

2236   CONSEILLER MORIN: Donc, pour vous, vous êtes prêt à sacrifier la diversité à Montréal dans le marché francophone d'un million d'habitants, un marché beaucoup plus important que les régions, sur des promesses de COGECO de s'engager avec un effectif moindre qu'ASTRAL, à un effectif qui est à peu près probablement celui de CORUS il y a plusieurs années. Je ne vous demanderai pas combien CORUS avait sorti de scoops.

2237   Est-ce que ça vaut vraiment la peine de donner cette exception pour avoir ce résultat qu'on peut anticiper de la couverture de COGECO dans les régions et seulement pour trois régions, bien qu'il y a les synergies avec Radio Saguenay, les radios communautaires également?

2238   Est-ce que vous trouvez qu'on joue avec une grosse exception, nous, là, et vous nous dites, les engagements, on y croit, leur philosophie, on y croit, mais vous dites aussi que c'est 30 journalistes?

2239   M. MYLES: On a eu ces réflexions, ces débats et à l'unanimité on était d'accord pour prendre ce risque, «risque» étant une expression que j'emploie avec des guillemets. Et j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure, le Bloc Québécois dans son mémoire parle de revoir les politiques de propriété dans AM et FM, de ne plus le faire en fonction des fréquences, mais en fonction de la spécialisation des chaînes.

2240   Dans un monde idéal, on aurait une audience sur cette question-là avant d'avoir une audience sur la transaction COGECO-CORUS, mais puisqu'on soit se prononcer sur cette transaction-là, avec le mémoire qu'on a devant nous et les assurances qu'on a obtenues, on estime qu'on peut appuyer cette transaction-là, nous, à la FPJQ.

2241   CONSEILLER MORIN: On a avancé l'idée que -- et justement la Député du Bloc Québécois, madame Lavallée, nous a bien fait remarquer ce matin qu'on pourrait respecter les règles du CRTC, c'est-à-dire pas plus que deux stations FM sur la bande FM et si on convertissait ou, enfin, incitait COGECO à se déplacer sur la bande AM, il y aurait toujours trois stations dans la région de Montréal et on se retrouverait avec un chiffre que COGECO met de l'avant depuis le début de cette audience, c'est-à-dire une concentration de l'écoute des parts de marché de 64 pour cent dans les mains de COGECO.

2242   Donc, la règle du CRTC, effectivement, peut... n'est pas nécessairement bétonnée puisqu'on a le même chiffre en respectant la règle. Dans l'audience qui nous occupe, évidemment cette exception, ce serait pour une station de nouvelles et de prépondérance verbale.

2243   Jamais dans le passé le CRTC n'a créé de précédent en refusant une troisième station FM à un joueur lorsque c'était une station à prépondérance verbale.

2244   Si le CRTC dans la présente audience disait oui à une exception parce que c'est, entre autres, une station à prépondérance verbale, on créerait en quelque sorte une nouvelle jurisprudence qui s'ajouterait aux deux autres qui sont des considérations techniques ou des considérations de fermeture de station et COGECO s'engage, de toute façon, à maintenir les stations.

2245   Donc, jusqu'ici, COGECO ne passe pas le test, mais si on disait que c'est pour une station à prépondérance verbale, alors, là, on créerait quelque chose de nouveau dans le paysage canadien.

2246   Est-ce que vous pensez que cette distinction à laquelle adhère également l'ADISQ vaudrait la peine d'être confirmée par une décision du CRTC?

2247   Cette distinction entre pas plus que deux stations musicales ou deux stations FM sur la bande FM, mais oui à une station même sur la bande FM si elle est une station de nouvelles à prépondérance verbale. Et on reconnaîtrait de la même façon dans la foulée, on reconnaîtrait qu'une station de nouvelles à prépondérance verbale a une valeur ajoutée dans notre société parce que c'est le débat démocratique dont vous parliez, un contenu canadien pas mal plus élevé qu'une station musicale qui, au maximum, dans nos règlements c'est 35 pour cent dans les deux marchés, même si c'est 65 pour cent de musique française, mais ça c'est un autre seuil à atteindre.

2248   Alors, d'office, on reconnaîtrait une troisième raison d'approuver des exceptions. On créerait un nouveau précédent qui serait basé sur l'octroi d'une troisième station FM, à condition que ce soit une station de nouvelles à prépondérance verbale.

2249   Est-ce que vous adhérez à la suggestion de l'ADISQ?

2250   M. MYLES: C'est une piste qui serait intéressante et je crois qu'elle serait peut-être plus facile à explorer que de revoir de fond en comble vos politiques de propriété parce que, à un moment donné, c'est là, le débat s'en va vers cette réalité.

2251   Les politiques actuelles ne trouvent pas preneur. Les ondes AM ne sont plus assez attrayantes d'un point de vue publicitaire pour que les acheteurs se bousculent au portillon et veulent détenir des licences.

2252   CONSEILLER MORIN: C'est unique au Québec, ça, par exemple.

2253   M. MYLES: C'est unique au Québec, mais il y a beaucoup de choses qui sont uniques au Québec, à commencer par la résilience du peuple francophone qui s'accroche envers et contre tous depuis 1534 sur cet îlot qui est francophone et qui est le nôtre.

2254   N'oublions jamais les grands philosophes qui nous disent avec une langue vient une culture et avec une culture viennent ses particularités. Donc, nous, on n'a pas de misère du tout à envisager un traitement ou une réalité différente pour la radio au Québec, par opposition à la radio dans le reste du Canada.

2255   CONSEILLER MORIN: Quelle est la relation que vous avez avec le Conseil de presse, la Fédération professionnelle?

2256   M. MYLES: On est un partenaire fondateur du Conseil de presse. Il est né sous l'inspiration des gens de la FPJQ à l'époque et d'autres acteurs de la scène politique. Robert Bourassa, notamment, tenait beaucoup à ce principe d'autorégulation et l'industrie également.

2257   Personnellement, moi, à titre de président de la FPJQ, je siège également au Conseil de presse comme membre journaliste et la relation qu'on a c'est une relation de saine cohabitation et, nous, à la FPJQ on fait tout en notre possible pour assurer la pérennité puis la légitimité du Conseil de presse et on les supporte activement dans leurs démarches pour recapitaliser leur structure de propriété, pour attirer des nouveaux joueurs.

2258   Quand on voit des joueurs comme ASTRAL et COGECO revenir à la table du Conseil, ça ne peut être qu'une bonne nouvelle et on va les supporter si des groupes décident de leur faire la vie dure. On a des menaces de poursuite qui pèsent contre le Conseil en ce moment et ça n'empêchera pas le Conseil de traiter de toutes les plaintes qu'ils reçoivent, sur tous les médias qui évoluent au Québec.

2259   CONSEILLER MORIN: Est-ce que vous pourriez me dire quel est le pourcentage des plaintes qui sont examinées par le secrétaire, je pense? Est-ce qu'il y a des comités qui examinent les plaintes et qui traitent des plaintes ou si c'est le secrétaire qui vous soumet un texte et au Conseil, vous décidez de le modifier?

2260   Je ne sais pas très bien comment ça fonctionne.

2261   M. MYLES: Je ne pourrais pas vous donner des pourcentages, à plus forte raison avec ma mémoire des chiffres qui est un petit peu catastrophique, mais monsieur Amyot qui est le secrétaire en ce moment fait une première étude des plaintes parce qu'il ne faut pas se le cacher, il y a parfois des plaintes frivoles et elles ne nécessitent pas qu'elles soient étudiées en comité.

2262   Au même titre que vous n'entendez pas tous les intervenants ici, on n'entend pas tous les plaignants au Conseil, mais une fois qu'une plainte est jugée recevable, il peut s'enclencher un processus de médiation; c'est-à-dire que des fois c'est des petites choses qui ne nécessitent pas un traitement lourd. Il suffit de mettre le plaignant en contact avec la rédaction et jouer l'intermédiaire pour obtenir réparation.

2263   Après, il reste les plaintes quand c'est vraiment des questions de fond, des enjeux étiques et déontologiques.

2264   Comme récemment on en a eu un cas avec la radio, un cas qui impliquait Sylvain Bouchard à Québec et qui invitait les auditeurs à déchirer la page du manuel scolaire qui mettait en vedette Françoise David. Ça a été une décision importante, il fallait qu'elle soit traitée en comité.

2265   Mais si vous voulez des pourcentages, je peux me charger d'en trouver pour vous et de ramener l'information après coup.

2266   CONSEILLER MORIN: Je parle des traitements lourds, comme vous dites.

2267   M. MYLES: Je ne pourrais pas vous donner les chiffres de ça en proportion.

2268   CONSEILLER MORIN: Savez-vous, vous avez émis certaines réserves à propos de la jurisprudence du CCNR à Ottawa. Savez-vous quel est le pourcentage des plaintes lourdes même si c'est financé justement sur une base, sur les industries qui fonctionnent, c'est auto-régulateur en quelque sorte, un principe auquel le CRTC croit également?

2269   Est-ce que vous savez que le pourcentage des traitements lourds du CCNR ou les décisions, même si le CCNR est financé par l'industrie, qui sont contre l'industrie, autrement dit qui condamnent l'industrie pour un comportement X?

2270   M. MYLES: Je n'ai pas ça en mémoire.

2271   CONSEILLER MORIN: Soixante-dix pour cent, plus de 70 pour cent. Alors, je voulais juste qu'on s'entende sur les chiffres que vous allez donner, les traitements lourds qui sont réalisés par le Conseil de presse. J'aimerais savoir quel est le pourcentage... le pourcentage où ce sont des décisions qui sont rendues contre l'industrie?

2272   M. ROBERT: Est-ce que vous voulez savoir le pourcentage en information ou sur toutes les catégories qui ne sont pas traitées par le Conseil de presse, parce que le Conseil de presse ne s'occupe que de l'information?

2273   CONSEILLER MORIN: Ce sont mes questions, madame la présidente. Merci.

2274   LA PRÉSIDENTE: Merci beaucoup, messieurs pour votre présentation aujourd'hui et votre participation à cette audience publique.

2275   LA SECRÉTAIRE: Merci beaucoup.

2276   M. MYLES: Merci à vous.

2277   LA SECRÉTAIRE: J'inviterais maintenant le LCR...

2278   LA PRÉSIDENTE: Excusez-moi, madame la secrétaire. Je pense qu'on va prendre une pause de dix minutes maintenant.

2279   LA SECRÉTAIRE: Parfait, madame la présidente, dix minutes?

2280   LA PRÉSIDENTE: Oui.

--- Upon recessing at 1420

--- Upon resuming at 1433

2281   LA SECRÉTAIRE : Je vous demanderais de prendre place, s'il vous plaît.

--- Pause

2282   LA SECRÉTAIRE : Alors, je vous demanderais votre attention, s'il vous plaît, et j'inviterais maintenant le Syndicat Général de la Radio FNC-CSN à prendre place.

2283   Monsieur Claude Hébert comparaît pour le Syndicat. S'il vous plaît, présentez votre collègue aux fins du dossier. Vous disposez de 10 minutes.

INTERVENTION

2284   M. HÉBERT : Madame la Présidente, juste avant de débuter, si vous permettez, en tant qu'artisan de la radio, je m'en voudrais de ne pas souligner la mort ce matin de notre ex-collègue Serge Bélair, qui fut une inspiration pour nous, les plus jeunes, et puis mes sympathies à la famille.

2285   LA PRÉSIDENTE : Je vous remercie beaucoup de le souligner. Je pense que c'était... ça vous revenait, au fond.

2286   M. HÉBERT : Merci.

2287   LA PRÉSIDENTE : Merci.

2288   M. HÉBERT : Madame la Présidente et distingués membres du Conseil, bonjour. Mon nom est Claude Hébert. Je suis Chef Opération - Production pour Corus à la Place Bonaventure, mais c'est en tant que Président du Syndicat Général de la Radio que je me présente à vous.

2289   Je suis aussi Vice-président de la Fédération Nationale des Communications - CSN, dans l'exercice d'un second mandat.

2290   Je veux vous rappeler, cependant, que la FNC a aussi pris position en faveur de la transaction de Cogeco.

2291   Je suis accompagné de mon collègue Marc St-Hilaire. Producteur et voix commerciale, Marc évolue, entre autres, pour la station CKAC depuis des années et des années et des années et des années.

--- Laughter

2292   M. HÉBERT : Lors de cette courte présentation, je vais surtout laisser la parole à mon vétéran collègue Marc pour des raisons évidentes, comme vous allez l'entendre. Merci.

2293   M. ST-HILAIRE : Tout d'abord, bonjour, Madame la Présidente et membres du Conseil.

2294   LA PRÉSIDENTE : Ah, oui! Je reconnais votre voix là. Je reconnais très bien votre voix.

--- Laughter

2295   M. ST-HILAIRE : Merci.

2296   Le Syndicat Général de la Radio FNC-CSN représente le personnel syndiqué des stations CKOI 96,9 FM, CHMP 98,5 FM et CKAC 730 AM.

2297   C'est près de 250 membres, soit plus de 110 artisans essentiellement liés à la réalisation quotidienne d'émissions de radio : journalistes, recherchistes, reports circulation, préposés au routage, rédacteurs publicitaires, réceptionnistes/téléphonistes, adjointes aux ventes, discothécaires, techniciens, régisseurs, producteurs, édimestres et plus de 125 animateurs et chroniqueurs.

2298   Ce regroupement de travailleurs représentés par le SGR, constitue l'équipe radiophonique possédant la plus grande expertise professionnelle dans le domaine de la radio privée au Canada.

2299   Le Syndicat Général de la Radio appuie la demande de Cogeco pour se porter acquéreur des actifs radio de Corus Entertainment au Québec.

2300   Vous vous en doutez sûrement, pour nous, un des points forts de cette demande est la création d'une agence de presse radiophonique qui rejoint les préoccupations de l'ensemble des stations indépendantes au Québec, car elles pourraient bénéficier d'une source d'information majeure et contribuer au contenu de ce réseau, une opportunité unique pour l'ensemble des communautés au Québec de faire savoir aux autres ce qui se passe dans leur coin de pays.

2301   La proposition de Cogeco a pour but d'offrir une alternative en information à la radio publique. Cependant, pour y arriver, Cogeco a besoin d'assise solide à la tête de son réseau à Montréal. Un réseau de journalistes et de collaborateurs chevronnés dynamiserait ainsi, dans l'intérêt du public, le monde de l'information radiophonique privée pour l'ensemble de la population.

2302   Malgré le fait que la proposition faite par Cogeco va à l'encontre des règles établies par le CRTC, nous prions le Conseil de faire exception à ces règles pour le marché de Montréal. Nous estimons que la règle de limitation actuelle de propriétés par bande par marché est caduque, particulièrement pour le marché de Montréal. Nous considérons qu'un radiodiffuseur devrait être assujetti à une règle de limitation du nombre d'antennes par marché, peu importe la bande, peu importe la langue.

2303   Par exemple, dans le marché de Montréal, la règle actuelle menotte Cogeco dans son plan d'affaires. Cette règle fait abstraction d'une réalité : la particularité du marché montréalais. Ce marché montréalais est composé d'auditoires francophones, anglophones et allophones.

2304   Comme nous le mentionnions dans notre mémoire au paragraphe 23, l'écoute radiophonique des stations anglophones est en progression constante depuis 10 ans. De ce fait, un groupe tel Astral ne peut qu'être gagnant dans une migration comme celle qui est vécue dans un marché comme celui de Montréal. Les auditeurs francophones migrent vers des stations FM anglophones. Donc, ce qu'ils perdent dans le marché francophone, ils le regagnent dans le marché anglophone.

2305   De plus, nous constatons que l'industrie de la radio à Montréal est considérée par les gens du milieu comme bien différente. Cela se prouve par l'existence de deux cahiers BBM pour le marché de Montréal, un anglo et un franco, contrairement à l'ensemble du pays, où il n'y a qu'un seul livre par marché.

2306   Pour continuer à développer des programmations spécifiques qui plaisent à l'auditoire, tant dans la radio de contenu parlé et d'information que dans la radio de musique et de divertissements, les entreprises doivent avoir les ressources financières nécessaires au maintien et au développement de ces produits, et surtout maintenir en place l'important capital humain nécessaire à son succès.

2307   Sous notre toit coexistent présentement deux coûteuses stations francophones à prédominance verbale, sans qu'elles soient concurrentes (CHMP 98,5 FM et CKAC Sports 730 Montréal) dans le marché de Montréal.

2308   D'ailleurs, cette situation exceptionnelle ne se répète nulle part ailleurs au Québec en raison des coûts élevés nécessaires à l'opération de ce genre de station. Nous sommes d'avis que le Conseil doit continuer de se préoccuper de la santé financière de ces radios parlées commerciales et de leur viabilité.

2309   C'est pourquoi le modèle proposé par Cogeco présente la stabilité et une viabilité financière permettant aux stations de radio d'évoluer dans le type de produit qu'elles offrent, tant par sa forme que par les outils complémentaires à sa diffusion : Web-Radio, Web-Information, Blogue, Baladofiffusion, des éléments complémentaires qui peuvent s'ajouter aux produits radiophoniques.

2310   La station CHMP 98,5 FM dans la spécificité du marché de Montréal est la pierre angulaire de la proposition d'acquisition de Corus Québec par Cogeco.

2311   Le Conseil est au fait que le marché de Montréal a connu, depuis 1994, un véritable bouleversement. Les stations commerciales de la bande AM y sont presque toutes disparues. Les stations FM ont dû, quant à elles, redéfinir leur programmation en fonction de la migration d'un nouvel auditoire vers la bande FM.

2312   La bande FM, autrefois axée sur le rentable divertissement, offre aussi aujourd'hui de la coûteuse information. Même la radio publique de Radio-Canada a migré avec succès vers la bande FM afin de bien remplir son mandat. À cela s'ajoutent dans ce même marché les stations anglophones offrant des produits bien ciblés, bien définis et alléchants pour une jeune génération de plus en plus bilingue et ouverte sur le monde.

2313   Avec l'arrivée de la mesure PPM, le SGR a constaté que l'évolution du profil de l'auditoire s'est précisée depuis deux ans dans le marché de Montréal.

2314   Chez les adultes, depuis l'automne 2008, l'écoute des stations de radio de musique populaire anglophone par des francophones a connu une hausse de 6,8 pour cent, conférant aux stations FM anglophones un auditoire composé de 27,8 pour cent de francophones. Dans ce contexte, notre station CKOI 96,9 FM est victime des conséquences de la mouvance de cet auditoire.

2315   Dans le plan proposé par Cogeco, ce diffuseur détiendrait environ 47 pour cent des parts de marché chez les adultes 25-54, dont près de 16 pour cent sont attribuables aux stations à prédominance verbale, en comparaison avec le Groupe Astral qui détient 37 pour cent des parts de marché avec une profitable programmation essentiellement musicale et dans la conjoncture où les stations anglophones qu'elle possède à Montréal sont en croissance dans l'écoute.

2316   Dans ce contexte, en excluant les parts de marché liées aux stations parlées, le Groupe Astral conserverait l'avantage financier dans le marché de Montréal, n'ayant pas à soutenir les coûts astronomiques inhérents à l'exploitation de deux stations à prédominance verbale, comme CKAC et le 98,5.

2317   Le Syndicat Général de la Radio est d'avis que le Conseil devrait porter une attention particulière à la demande de Cogeco, en tenant compte de l'aspect de la rentabilité radiophonique. Ce projet de Cogeco d'accueillir ces propriétés sous son égide nous laisse croire que ce modèle de radiodiffusion est à l'image de ce que seront les entreprises radiophoniques dans les prochaines années.

2318   Le Syndicat Général de la Radio est persuadé que le maintien d'émissions à prédominance verbale de qualité à Montréal et sur les autres antennes que se propose d'acquérir Cogeco passe par une dérogation à l'actuelle réglementation sur les propriétés dans un même marché. Les coûts d'opération, le contexte économique des dernières années et l'explosion des nouveaux médias dictent un certain regroupement des effectifs et précieuses compétences humaines de la radio privée.

2319   De plus, nous sommes d'avis que cette demande d'exception ne causera aucun tort aux autres entreprises de radiodiffusion, considérant la place importante qu'occupe déjà la concurrence dans le marché.

2320   Les stations de radio proposant un contenu à prédominance verbale (CHMP et CKAC) nécessitent d'importants revenus pour maintenir leurs effectifs journalistiques afin d'être en mesure d'offrir un produit de qualité qui répond aux attentes du public, c'est-à-dire une programmation de qualité, crédible et diversifiée.

2321   L'apport de revenus publicitaires importants, mais surtout le partage de ressources humaines et financières provenant de ses autres antennes est la clé du succès de ce projet.

2322   Après plusieurs années de grande turbulence, les artisans de CHMP, CKAC et CKOI sont sur le point de se poser ensemble sur la voie du succès radiophonique dans le marché de Montréal. L'arrivée d'un acquéreur québécois financièrement solide, expérimenté et passionné de radio comme Cogeco serait souhaitable pour la continuité et le maintien de nombreux emplois.

2323   Les membres du Syndicat Général de la Radio demandent au CRTC d'accorder à Cogeco l'exception qu'elle demande pour mener à terme son projet.

2324   M. HÉBERT : Au nom des 225 membres que je représente, je vous remercie, chers membres du Conseil, d'avoir accepté notre comparution aujourd'hui et d'avoir pris connaissance de notre mémoire, un mémoire issu des gens sur le terrain, des artisans passionnés de radio, qui vivent au quotidien, depuis des années, les mutations du particulier marché montréalais.

2325   Il nous fera plaisir de répondre à vos questions. Merci.

2326   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Messieurs, pour votre présentation.

2327   Deux points de précision. Le premier à la page 1 de votre présentation, vous m'avez appris un nouveau mot là. Un édimestre, dites-moi qu'est-ce que c'est.

2328   M. ST-HILAIRE : Un édimestre?

2329   LA PRÉSIDENTE : Oui.

2330   M. HÉBERT : C'est une personne qui travaille sur le Web, qui fait la mise en page et...

2331   LA PRÉSIDENTE : Sur le Web?

2332   M. HÉBERT : Sur le Web.

2333   LA PRÉSIDENTE : O.K. Merci.

2334   L'autre chose, à la fin de la page 2, vous parlez de... en fait, vous faites allusion au Groupe Astral...

2335   M. HÉBERT : Oui.

2336   LA PRÉSIDENTE : ...qui a des stations autant anglophones que francophones, et vous terminez en disant :

« Ce qu'ils perdent dans le marché francophone, ils le regagnent dans le marché anglophone. »

2337   M. HÉBERT : C'est pour Astral.

2338   LA PRÉSIDENTE : C'est pour Astral.

2339   M. HÉBERT : Oui.

2340   LA PRÉSIDENTE : Merci.

2341   Maintenant, on va commencer un petit peu par la fin de votre présentation.

2342   À la page 5, vous nous dites que vous êtes d'avis que la demande d'exception que fait Cogeco ne causera aucun tort aux autres entreprises de radiodiffusion -- j'imagine dans les marchés dont il est question ici -- considérant la place importante que la concurrence occupe déjà dans ce marché-là.

2343   Maintenant, est-ce qu'il n'y a pas un risque qu'en accordant l'exception on cause par la suite du dommage à d'autres entreprises de radiodiffusion dans d'autres marchés que ceux qui sont présentement considérés par le fait qu'on accorde une exception et peut-être que dans d'autres marchés, les autres vont se sentir autorisés, les autres radiodiffuseurs vont se sentir non seulement autorisés mais vont avoir des attentes à ce qu'on ouvre la porte pour les exceptions aussi dans ces autres marchés-là?

2344   M. HÉBERT : C'est évident que le Conseil est toujours sujet à plein de demandes, et je pense que le Conseil dans sa sagesse va étudier le cas, cas par cas.

2345   Je vous dirais que dans le marché québécois, c'est assez évident que c'est différent. Pour nous, c'est évident. D'ailleurs, j'ai sorti juste hier, par exemple, les données BBM pour le mois d'août.

2346   Je regarde le marché de Vancouver, les AM. Il y a sept AM à Vancouver, commerciaux, d'accord, qui totalisent 32,9 parts de marché.

2347   Si je regarde Calgary, j'ai cinq AM en opération encore maintenant, qui totalisent 26,4 parts de marché.

2348   Je regarde Edmonton. J'ai cinq AM encore en opération, qui totalisent 25,9 parts de marché.

2349   Je suis rendu maintenant à Toronto. J'ai six AM en opération maintenant, avec 19 parts de marché.

2350   Et lorsqu'on arrive à Montréal, il me reste un AM franco et deux anglos. Le franco fait 3,4 parts de marché. Ça, c'est au mois d'août. Et les deux anglos font 24,9 parts de marché.

2351   Comme l'ont dit ce matin plusieurs intervenants, je pense qu'il y a une différence culturelle assez importante entre le Québec francophone, entre autres, et le reste du Canada.

2352   Qu'après une telle décision, le CRTC se fasse solliciter pour d'autres demandes, je pense que la sagesse est d'étudier chaque cas par cas. Mais le cas de Montréal est très particulier selon nous.

2353   M. ST-HILAIRE : La réflexion qu'on a faite est basée aussi sur l'histoire qu'a connu Radio Média, en fait, la fusion des accréditations... la fusion, plutôt, des entreprises Radiomutuel et Télémédia en 1994, le flottement que ça créé et l'insécurité que ça crée même au sein de l'entreprise.

2354   Pour nous, il est primordial de ne pas recréer ce phénomène-là en rejetant ou en n'accordant pas cette exception-là et en remettant sur le marché une station où on va devoir... où les joueurs de cette station-là vont peut-être se retrouver dans une instabilité, un flottement qui risque de lui attribuer peut-être un peu le sort qu'a connu CKAC pendant certaines années.

2355   LA PRÉSIDENTE : Je vais revenir avec les stations AM.

2356   Certains intervenants ont mentionné que, selon eux, la particularité qu'il y avait dans le marché francophone était peut-être due au fait que le bon contenu n'était pas offert sur la bande AM.

2357   Vous avez parlé de l'historique des situations. J'aimerais que vous commentiez là-dessus.

2358   M. ST-HILAIRE : Écoutez, nous, on a constaté... moi, étant de CKAC depuis 1994, j'ai d'ailleurs fait une courte recherche, ce matin, rapide là-dessus.

2359   C'est qu'on a constaté que particulièrement chez les Québécois comparativement au reste du pays, on a essayé de comprendre pourquoi l'auditoire à l'ouest est encore intéressée à la radio AM et surtout pourquoi au Québec on n'écoutait pas nécessairement la radio AM ou on n'était pas attiré vers la radio AM.

2360   Et j'ai constaté, selon une étude ce matin... Je vais juste aller chercher la référence rapide.

2361   Selon le Panorama du Québec, qui est un regroupement de chercheurs de l'Université McGill, de l'Université du Québec et à Chicoutimi, et de la -- il y a un autre organisme -- l'Association internationale des études québécoises, on dit que les Québécois moyens sont plus friands de changements technologiques, de qualité technologique, et comme l'a fait part ce matin un intervenant, la bande AM est une bande qui griche. On ne se contera pas d'histoire.

2362   LA PRÉSIDENTE : Mais pas CKAC?

2363   M. ST-HILAIRE : Non, pas du tout. Pas du tout.

--- Laughter

2364   M. ST-HILAIRE : Mais il y a des stations situées sur d'autres fréquences présentement qui opèrent à Montréal, comme le 1040, le re-nouveau CJMS, qui a des problèmes de diffusion justement par sa position sur la bande, qui n'a pas de...

2365   Donc, la bande AM offre peut-être, oui, des bonnes places sur le spectre, mais pas toujours les meilleurs ou un grand éventail, tandis que sur le FM, il y a une espèce de constance et de qualité sonore qui est là.

2366   C'est sûr qu'écouter un match de hockey au AM, puis écouter un match de hockey au FM, c'est deux choses complètement différentes.

2367   Mais je dois vous dire que l'information du côté du 98,5 le matin, écoutez, c'est impeccable là. Moi, je colle à ça. Même à Radio-Canada, je vais aller écouter quelquefois et je colle à ça aussi par la qualité du produit. Je suis un auditeur aussi de la bande AM à l'époque au 690.

2368   M. HÉBERT : Et la migration que vous avez eue, par exemple, de Radio-Canada du AM vers le FM, plusieurs ont passé 20 ans de leur vie à écouter Joël Le Bigot avec tshhhh. Ramener ces gens-là maintenant sur la bande AM, alors qu'ils ont goûté au FM, ce n'est pas évident.

2369   Et les Québécois, encore statistiquement parlant, sont plus friands de technologie, de nouveautés. Vous avez plus d'écran placements au Québec en achats par coup, par mille au Québec que dans le reste du Canada. Il y a une ouverture ici à la technologie. Les gens sont peut-être plus prêts, je ne sais pas, plus friands du son.

2370   Mais encore là, un des points majeurs de différence, selon moi, c'est que le marché anglais... Dites-vous que la radio est un média de proximité, un média qui touche les gens dans chaque région.

2371   Le Canada anglais, au point de vue télévision, est un gros consommateur de produits américains. Si vous voulez rejoindre, pas trop d'histoire, parler à vos gens, pour l'auditeur canadien-anglais, généralement, c'est la radio qui va être son lien avec son milieu, alors que la télévision, pour eux, c'est souvent, malheureusement, une consommation de produits américains.

2372   Et on le voit d'ailleurs. Les télé-séries faites par Radio-Canada anglais n'arrivent même pas aux cotes d'écoute que peut faire Télé-Québec.

2373   Alors, il y a vraiment... le lien radio est très important pour eux. Je suis persuadé qu'il y a des maisons dans l'ouest canadien que le dial de AM ne bouge pas depuis 20 ans. C'est là. Ils écoutent encore du AM. Ils sont très bien desservis comme ça.

2374   Mais au Québec, il y a une migration de plus en plus qui s'est fait vers le FM, dont Radio-Canada, qui en a vu l'intérêt et qui a vu, d'ailleurs, ses chiffres de cote d'écoute monter grâce à ça.

2375   Je pense que ça serait ridicule -- parce que peut-être que vous allez apporter ce point-là plus tard -- d'offrir un flip pour 98,5 vers le AM. Cette station-là s'est développée très rapidement, avec une très grande qualité sur le FM.

2376   Pour moi et pour les gens que je représente, je ne vois pas qu'est-ce que ça change d'avoir 100 auditeurs sur deux AM, deux FM, ou l'avoir sur... mais même sans auditeur, sur trois FM et un AM.

2377   LA PRÉSIDENTE : Je vais poursuivre sur votre lancée.

2378   M. HÉBERT : Ah, oui!

2379   LA PRÉSIDENTE : Il y a quand même une problématique plus important au niveau de la rareté des fréquences sur la bande FM.

2380   Dans la mesure où on permet aux mêmes joueurs d'avoir plus de deux fréquences sur la bande FM, est-ce qu'on ne crée pas une iniquité au niveau de l'accessibilité des ondes, qui sont, comme vous le mentionnez si bien, préférées, entre autres, par les Québécois, en permettant que ça soit un nombre de joueurs plus limité qui contrôle ces ondes-là?

2381   M. HÉBERT : Je pense que c'est plus important d'avoir une station à contenu parlé, une station qui est très onéreuse à opérer, sur la bande FM, avoir une autre vision que seulement Radio-Canada sur la bande FM, faire une exception dans ce cas-là pour une radio parlée que limiter, par exemple, l'accès à ce FM-là à une autre radio musicale qui serait encore du divertissement.

2382   C'est très important, je pense, pour l'intérêt public d'avoir une autre alternative que Radio-Canada seulement sur la bande FM pour rejoindre un plus grand auditoire.

2383   LA PRÉSIDENTE : Et vous estimez à ce moment-là que... parce que vous le mentionnez au début de votre présentation que vous croyez que ça serait plus facile justement de faire une compétition à la radio publique de Radio-Canada si... une compétition au sens là des cotes d'écoute...

2384   M. HÉBERT : Une complémentarité.

2385   LA PRÉSIDENTE : ...et une compétition professionnelle et très saine.

2386   M. HÉBERT : Oui.

2387   LA PRÉSIDENTE : J'imagine vous estimez que ça serait plus facile...

2388   M. HÉBERT : Tout à fait.

2389   LA PRÉSIDENTE : ...si vous étiez tous les deux... si le contenu verbal restait sur la bande FM?

2390   M. HÉBERT : Tout à fait. Tout à fait.

2391   M. ST-HILAIRE : Le produit pourrait... Juste pour commenter, le produit offert présentement au 98,5 se compare au produit présenté à Radio-Canada. Mais pour maintenir un produit comme ça, ça prend des ressources financières importantes, d'où l'importance aussi de conserver des licences de radiodiffusion FM, de notre point de vue à nous, parce que l'opération d'une station FM en termes de personnel nécessite moins de collaboration, moins de collaborateurs comme tels.

2392   Donc, les profits qu'elle génère peuvent servir justement à maintenir une base de travail du côté des stations à prédominance verbale.

2393   LA PRÉSIDENTE : L'alternative si on n'accorde pas l'exception -- et Cogeco nous l'ont confirmé hier -- c'est qu'ils se départiraient de CHMP-FM.

2394   Le contenu serait toujours aussi bon le lendemain, non...

2395   M. ST-HILAIRE : Dans la mesure...

2396   LA PRÉSIDENTE : ...si c'était un autre propriétaire?

2397   M. ST-HILAIRE : Dans la mesure où l'acquéreur maintient les effectifs en place. Dans la mesure où l'acquéreur maintient le réseau de collaborateurs en place.

2398   Parce que c'est un peu comme les gens du Groupe Simard le disaient tout à l'heure, faire appel à Jean Lapierre, ça coûte de l'argent. Faire appel à tous les collaborateurs qu'on a sur les ondes, ce n'est pas des gens qui viennent donner leurs commentaires tout à fait gratuitement. Même certains invités exigent des cachets.

2399   À ce moment-là, ça prend des revenus pour y arriver. Je ne dis pas que le 98,5 n'y arrive pas pour l'instant. Il y arrive, mais je pense que pour en arriver à générer des revenus, de notre point de vue à nous, puis une certaine santé, sécurité, puis une profitabilité, il faut qu'il y ait à quelque part un autre apport pour soutenir cette entreprise-là.

2400   LA PRÉSIDENTE : Monsieur Morin, s'il vous plaît.

2401   CONSEILLER MORIN : Merci, Madame la Présidente.

2402   J'aimerais avoir la référence de votre étude, parce que que les Québécois soient plus friands de technologie, je ne le sais pas. Possiblement. Mais je pense que ce qui est arrivé dans tout ça, ce n'est pas les Québécois, c'est le CRTC.

2403   C'est le CRTC qui a donné l'occasion à Radio-Canada de s'installer sur la bande FM, et puis l'entreprise privée a naturellement demandé la même chose. Ici, on a dit oui. Dans le reste du Canada, on n'a pas dit oui.

2404   Je ne pense pas que les Canadiens anglais ne seraient pas désireux d'écouter leur station AM sur FM. Je pense qu'ils auraient exactement la même réaction que nous. C'est peut-être un signal.

2405   Le problème, c'est l'allocation des fréquences. Est-ce que c'est une bonne utilisation des fréquences que de mettre les radios parlées sur la bande FM, alors qu'on recherche la diversité musicale, on veut de nouveaux joueurs, on veut une nouvelle formule radiophonique, et la bande FM est peut-être plus appropriée pour la musique?

2406   M. HÉBERT : Commissaire Morin, je vous rappellerais seulement -- je pense que vous le savez très bien -- c'est que dans les dernières années, je ne sais pas si vous prenez le transport en commun, mais vous voyez les gens avec leur baladeur.

2407   iPod domine, je crois, 75 pour cent du marché des baladeurs. iPod n'a pas de radio intégrée à son système. Vous pouvez rajouter un petit bidule à ce système, qui est un bidule supplémentaire. Je ne connais personne qui va traîner ce bidule-là, et ce bidule ne donne que du FM.

2408   Les baladeurs AM n'existent pratiquement plus. Les radios de maison, plusieurs au système haut de gamme n'ont même plus de bande AM. Vous avez du FM dans les véhicules maintenant.

2409   Ce serait priver, je trouve, la population qui consomme maintenant du FM, surtout particulièrement les jeunes, qui sont difficiles aussi à rejoindre maintenant avec l'Internet et la multitude de médias autres.

2410   Je pense que c'est important de pouvoir offrir un produit de qualité au point de vue sonore pour aller chercher les jeunes. Surtout en information, c'est important pour l'intérêt public.

2411   Radio-Canada, je pense, a fait un bon move d'aller vers le FM. Ça permet, finalement, d'aller chercher un autre auditoire, d'agrandir l'auditoire. Et je pense que c'est aussi valable pour le privé, et Cogeco devrait pouvoir garder sa fréquence sur le FM comme ça.

2412   CONSEILLER MORIN : C'est une allocation. Radio-Canada, effectivement, dans plusieurs marchés est premier. Par exemple, à Ottawa, ils sont premier. Ils sont sur la bande FM.

2413   Moi aussi, j'écoute la radio, je vous écoute pas avec un iPod, avec un Zune de Microsoft et je n'ai que le FM. Mais, si vous faites des Podcasts, en balado-diffusion, je peux les prendre là-dessus aussi.

2414   Alors oui, c'est vrai, c'est sûr que 80 % de l'écoute, c'est dans les radios d'autos et la bande FM, on voit les rendements des stations AM à travers le pays, ils n'ont rien à rougir des rendements des stations musicales très souvent et puis ça, c'est un constat Nord-Américain. On est une exception et ce n'est pas parce qu'on est friand, je pense, c'est parce que le CRTC a pris des décisions dans ce sens-là et on s'est habitué à une belle bande qui s'appelle la bande FM.

2415   Maintenant, je ne sais pas, mais l'objectif de la diversité, nos règles, vous les connaissez. Est-ce qu'on ne devrait pas considérer sérieusement, est-ce que vous avez quelque chose à ajouter, je devrais vous poser la question comme ça. Quant à une condition qui serait de ramener CHNP sur la bande, enfin cette fréquence qui a ramené sur la bande AM, est-ce que ça ne vaut pas la chandelle au point de vue de l'allocation des fréquences dans le marché actuel? Même si la diversité, comme l'a fait remarqué la députée ce matin, ne serait pas nécessairement servie pas ça parce que nos règles n'empêchent pas, n'empêcheraient pas dans ce sens-là, le 64 % de ce matérialisé pour Cogeco.

2416   M. HÉBERT : Je vous dirais analogie, bien est-ce que je retournerais moi à mon écran de 27 pouces à la maison alors que j'ai maintenant accès à un gros plasma de 50? Les gens se sont habitués à une qualité maintenant. Et il y a quelque chose que je veux vous spécifier, c'est que c'est un fait exceptionnel le regroupement que nous sommes actuellement.

2417   Corus a eu une vision assez intéressante, il y a quelques années, en 2007, de regrouper sous le même toit toutes ses stations et faire profiter... Je ne sais pas si vous le savez, mais vous avez sûrement compris, d'après le mémoire que nous avons déposé, nous avons CKAC, 98.5, CKOI et il y avait aussi Info 690, la défunte, sous le même toit. On avait 4 cultures de radio qui sont regroupées ensemble, partagé des expériences et tout. Et ce regroupement-là a permis le développement rapide de 98.5 sur le plancher et sur les ondes. D'accord.

2418   L'échange d'effectifs, l'échange de nos arts, le gain en productivité parce que les gens, il y a des gens qui travaillent à 98.5, ils travaillent aussi à CKAC. Moi, je travaille pour les 3 stations sans problème. Ce qui fait que ce gain-là est même aussi dans le passé, la station CKOI, qui était très profitable, a servi au développement de 98.5, de la radio parlée.

2419   L'argent qui rentrait par cette porte-là a permis le développement de 98.5 et a permis aussi de soutenir et remonter CKAC qui n'est pas encore rentable. Et c'est le travail de tout le monde ensemble qui a permis le développement de 98.5 comme ça aussi rapidement, mais avec un investissement majeur de Corus.

2420   Et maintenant on se retrouve avec un CKOI, c'est un peu des détails ce que je vous donne, mais on se retrouve avec un CKOI qui est maintenant affaibli parce qu'on a mis moins d'intérêt sur CKOI pour essayer de revamper le reste pendant 3 ans. Ce serait bête, maintenant, de délester un 98.5 vers un AM qui risquerait de faire perdre les revenus, ou l'équité des revenus qu'ils ont actuellement, alors que CKOI, maintenant, est affaibli et a permis de faire grandir tout l'ensemble.

2421   Mettons qu'on est rendu à faire l'autre côté du balancier. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. Et mes artisans sur place, eux, ont contribué à ça, au succès de chaque station et on est lié ensemble maintenant.

2422   M. SAINT-HILAIRE : Et j'ajouterais que le risque de prendre une station comme le 98.5 FM et de la ramener sur la bande AM serait un trop grand risque compte tenu de l'investissement et du développement qui a été fait au cours des dernières années, de notre point de vue à nous parce qu'on risquerait de... ce serait un risque trop grand vraiment et on va dans le sens de Cogeco de ce côté-là.

2423   CONSEILLER MORIN : Merci. C'est tout Madame La Présidente.

2424   LA PRÉSIDENTE : Merci Monsieur Morin. Madame Poirier.

2425   CONSEILLÈRE POIRIER : Oui. Bonjour.

2426   M. HÉBERT : Bonjour.

2427   CONSEILLÈRE POIRIER : Je veux simplement m'assurer que j'ai peut-être interprété ou perçu 2 messages que vous avez dit de la bonne façon. Le premier, c'était à l'effet qu'il est important de garder, sur le FM à Montréal, une radio commerciale parlée parce qu'elle est sur la même bande que CBC, SRC et que ça permet vraiment d'offrir, sur la même bande, une forme de diversité des voix à une population qui pourra plus facilement se promener sur une même bande pour entendre quelque chose de différent.

2428   M. HÉBERT : Tout à fait.

2429   CONSEILLÈRE POIRIER : Donc ça, c'est une première chose. La deuxième chose, et celle-là je ne suis pas certaine de l'avoir bien comprise, mais à la limite vous avez dit oui, on favorise une forme d'exception à Cogeco tout simplement parce qu'au niveau de l'opération des radios parlées qui sont plus onéreuses, Astral en a une seule, anglaise, Cogeco en aurait 2 qui sont plus coûteuses et le fait de donner l'exception permettrait à Cogeco d'assurer la survie de 2 radios parlées qui sont plus onéreuses

2430   M. HÉBERT : Tout à fait.

2431   M. SAINT-HILAIRE : À ça, j'ajouterais que le maintien de ces stations-là et l'exclusion qu'on demande, ou l'exception qu'on demande à la règle, permettrait aussi de mettre en place et de développer le réseau d'information tel que proposé par Cogeco parce qu'on s'entend que de développer dans ces stations en province, procéder à l'embauche de journalistes va nécessiter, de notre point de vue à nous, des investissements et pour ça, il faut des revenus.

2432   Il faut qu'à la base aussi le produit soit vendeur et efficace, donc bien structuré et bien développé. Et comme c'est déjà le cas présentement, je pense que dans l'opération pour la suite des choses, l'apport de revenus pour pouvoir continuer à développer ce réseau d'information là dans ces propriétés nécessite des investissements et des revenus. Et je pense que ça va dans cet esprit-là contrairement à Astral qui opère une station parlée à prédominance verbale dans le marché de Montréal, mais n'en opère qu'une.

2433   CONSEILLÈRE POIRIER : Oui. Puisque vous travaillez avec les artisans, mon autre question c'est ce matin, on nous a dit que les stars ne voudraient peut-être pas nécessairement aller travailler sur le AM ou c'est hier qu'on nous a dit ça. Merci Madame La Présidente. Je vous aime beaucoup pour ça aussi.

--- Laughter

2434   CONSEILLÈRE POIRIER : Elle n'en passe aucune, très vigilante. Alors, est-ce c'est vrai, d'après vous? Est-ce que, on sait les Paul Arcand et toute la kyrielle de grandes vedettes qu'il y a au 98,5, vous travaillez avec des artisans, vous êtes des artisans, est-ce que ces artisans-là accepteraient de s'en retourner sur la bande AM?

2435   M. HÉBERT : Bien tout à fait. Une fois que vous avez goûté à la qualité du FM, c'est évident que ces gens-là ne veulent pas retourner au AM, ils ne veulent pas retourner aussi au difficile marché à vendre. Le AM est très très dur à vendre, c'est beaucoup de travail vendre AM. Les agences, nous sommes tributaires des achats nationaux, les agences nationales, malheureusement, les achats se font souvent, ces des gens souvent plus jeunes, très enclins vers la télévision, c'est déjà plus dur vendre de la radio, d'accord, dans les agences. Et vendre du AM pour eux, le iPod, il n'en a pas de AM, ils ne savent même pas ce que c'est.

2436   M. SAINT-HILAIRE : Là où CKAC, juste pour compléter avec Claude. Là où CKAC tire son épingle du jeu au national, c'est de par sa spécialisation...

2437   M. HÉBERT : Tout à fait.

2438   M. SAINT-HILAIRE : ... sportive ce qui amène, au niveau des ventes nationales, et ça peut-être que madame Bayer pourra vous le reconfirmer chez Corus et Cogeco, que cette spécialisation-là favorise des achats parce que le produit est bien défini, bien clair et il n'y a pas d'autre alternative que d'aller là plutôt que d'aller dans une autre station pour le produit qu'on vend. Mais, les ventes sont évidemment le facteur clé de ces opérations-là.

2439   CONSEILLÈRE POIRIER : Merci beaucoup Messieurs.

2440   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup pour votre présentation et votre participation à cette audience publique.

2441   M. HÉBERT : Merci Madame.

2442   M. SAINT-HILAIRE : Merci beaucoup.

2443   LA SECRÉTAIRE : Merci. J'inviterais maintenant le dernier intervenant, l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec à prendre place.

--- Pause

2444   LA SECRÉTAIRE : Alors, parfait, merci. Je vous demanderais votre attention, s'il vous plaît. Pour l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec, nous avons monsieur Martin Bougie qui comparaît. Alors, allez-y Monsieur Bougie, vous avez 10 minutes pour votre présentation.

INTERVENTION

2445   M. MARTIN BOUGIE : Merci. Madame La Présidente, Mesdames Messieurs les conseillers, bonjour. Nous, je tiendrais tout d'abord à remercier le Conseil de nous donner l'opportunité de nous exprimer dans le présent dossier. Nous nous sommes sentis particulièrement interpellés par certaines propositions de Cogeco particulièrement en ce qui a trait à la formation d'une agence de nouvelles qui intégrerait les radios communautaires dans sa structure.

2446   En date du 3 septembre dernier, soit la date limite pour déposer les commentaires dans le cadre de ce dossier, l'ARC ne disposait pas assez d'informations pour se faire une opinion sur le projet d'agence de nouvelles de Cogeco, c'est pourquoi nous avons décidé de participer à la présente consultation.

2447   Depuis, nous avons été contactés par Cogeco et des discussions sont en cours. Nous avons été à même de mieux comprendre les grandes lignes de ce projet. Nous désirons néanmoins partager avec le Conseil notre réflexion dans le présent dossier. D'abord quelques mots sur l'Association et le secteur de la radiophonie québécoise, la radiophonie communautaire québécoise.

2448   L'ARCQ regroupe 34 stations au Québec et a été fondée en 1979. Donc, ces 34 stations-là représentent la quasi-totalité des radios communautaires du Québec. Ces 34 stations-là sont présentes sur l'ensemble du territoire québécois, soit dans 17 régions administratives du Québec.

2449   Plus du tiers des membres de l'ARCQ opèrent dans des marchés. Ils constituent la seule radio non-publique accessible au citoyen.

2450   Le secteur de la radio communautaire emploie 225 employés et plus de 2000 bénévoles participent à l'opération d'une radio chaque semaine.

2451   On estime à environ 25 pour cent le nombre d'employés qui sont affectés à l'information, soit près de 60 personnes. Voilà un chiffre qui illustre bien l'importance de l'information locale dans la mission de la radio communautaire.

2452   Il y a cependant certaines nuances à apporter pour une plus juste lecture de la situation. En effet, derrière ces chiffres se cachent deux réalités qu'il ne faut pas négliger.

2453   Premièrement, ce ne sont pas toutes les radios communautaires qui ont des employées affectés à temps plein pour l'information. Et ce n'est pas par choix mais bien par manque de moyens ou, dans le cas des régions plus éloignées, de la difficulté à attirer des candidats.

2454   Deuxièmement, et ceci est vrai pour l'ensemble des radios communautaires tant du Québec que du reste du Canada, il est difficile de garder les ressources humaines au sein d'une radio communautaire sur de longues périodes. En effet, les radios communautaires font souvent office d'école de formation et voient souvent leurs employés les quitter pour la radio publique ou privée, souvent attirés par des conditions plus avantageuses.

2455   Ce haut taux de roulement a bien sûr une incidence financière sur nos organisations en maintenant le coût de la formation des ressources humaines élevé.

2456   Nous ne sommes pas ici aujourd'hui pour nous plaindre de cette situation, mais plutôt pour sensibiliser à nouveau le Conseil sur cette réalité. Il nous apparaît plus constructif de voir cette réalité non pas comme un problème, mais comme la base d'un modèle d'affaires à construire.

2457   Donc, les radios communautaires ont une mission clairement tournée vers l'information locale, mais qui est difficile à réaliser dans le cas des marchés plus éloignés ou à maintenir dans d'autres cas.

2458   Mais venons-en donc au dossier qui nous intéresse aujourd'hui et, plus particulièrement, sur la proposition de la création d'une agence de nouvelles.

2459   Notre compréhension du projet est une agence qui mettrait gratuitement à la disposition des radios communautaires et indépendantes des bulletins et des topos produits par des journalistes « internes » pour alimenter leur service d'information. En retour, l'agence demande aux radios communautaires et indépendantes de servir de « relais » à l'information en cas d'événements d'importance.

2460   Pour le secteur de la radio communautaire du Québec, ce projet pourrait s'avérer intéressant à plusieurs niveaux : la disponibilité des nouvelles régionales, nationales et internationales qui permettraient à nos radios de concentrer leurs ressources sur la couverture locale et la visibilité accrue pour nos journalistes et nos entreprises.

2461   Est-ce que ce projet est essentiel pour l'information locale au Québec? Non. Mais peut-il contribuer à une meilleure circulation des idées et des enjeux locaux dans ses grands principes? Oui.

2462   Plusieurs aspects de ce projet restent à préciser, notamment au niveau des ententes actuelles avec les employés, au niveau de la propriété intellectuelle, de la capacité de l'agence à respecter ses engagements, les attentes qu'ils ont face aux radios communautaires et les objectifs plus précis en terme de développement régional et du fonctionnement général de cette agence. C'est pourquoi nous sommes prudents dans notre approche aujourd'hui.

2463   Une couverture locale appelle à une approche basée sur le respect des identités locales, un réel intérêt pour les enjeux locaux, une collaboration entre toutes les parties prenantes et des mesures pour renforcer la capacité de tous à pleinement jouer leur rôle.

2464   Nous désirons saluer le fait que Cogeco, dans ses contributions en avantages tangibles aille au-delà de ce qui est requis par la réglementation en ce qui a trait à la radio communautaire.

2465   Dans son volet « initiatives », Cogeco entend verser une contribution aux radios communautaires dans les marchés visés par la transaction.

2466   Nous y voyons une opportunité de renforcer la capacité de notre secteur à jouer son rôle dans la contribution de contenus d'information locale de qualité, de la formation de la relève et de sa contribution à la diversité, diversité que, j'ajouterais, autant au niveau des contenus parlés que musicaux.

2467   Parce que contrairement à certaines opinions qui ont été émises ici plus tôt... On pense que la problématique au niveau des artistes est plus une problématique de diffusion plus que de production et en ce sens-là, les radios communautaires, nous, ça fait partie de notre mission de diffuser le plus d'artistes de la relève.

2468   Donc, à cet effet, nous proposons respectueusement que les sommes allouées à la radio communautaire québécoise soient disponibles pour l'ensemble de la province et non pas seulement dans les marchés visés.

2469   Il pourrait en effet y avoir un effet de levier important dans la création de programmes provinciaux à la fois pour les citoyens, mais aussi une valeur ajoutée pour l'agence de nouvelles.

2470   Il reste plusieurs éléments à préciser dans le cadre du projet de création d'une agence de nouvelles par Cogeco. Et si nous reconnaissons que les retombées potentielles pourraient s'avérer positives pour nos organisations, c'est donc sous toute réserve que nous le faisons.

2471   Nous étudierons par contre toujours les propositions qui visent à améliorer l'information, la qualité de l'information locale au Québec avec intérêt, parce que cet élément est au coeur de nos préoccupations.

2472   En terminant, un mot sur la question qui se pose dans le présent dossier. Devrait-on faire exception aux règles de propriétés? Si le Conseil décidait d'aller de l'avant, il est de notre avis qu'une mesure exceptionnelle demande des conditions exceptionnelles pour garantir que la diversité des formats sera gardée et que la rentabilité accrue par cette exception servira effectivement à financer une salle de nouvelles et de conserver la vocation locale des médias en région.

2473   Merci de votre attention. Il nous fera plaisir de répondre à vos questions.

2474   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Bougie, d'être présent avec nous aujourd'hui.

2475   Madame Poirier va commencer les questions avec vous.

2476   CONSEILLÈRE POIRIER : J'en ai visité plusieurs radios, des radios communautaires, tout comme des radios commerciales et publiques, bien sûr. Et je me demandais, dans la réalité, si cette offre-là peut être vraiment utile, par exemple, pour une radio à Natashquan ou pour une radio qui est à Maniwaki, en termes d'agence de nouvelles. Est-ce qu'il y a suffisamment de personnel?

2477   C'est bien beau, hein, des fois, on veut nous offrir -- on nous donne un cadeau, mais le cadeau on n'est même pas capable de le gérer, ce cadeau-là.

2478   Alors, c'est dans ce sens-là que je vous demande est-ce que ces stations de radios communautaires ont les moyens, les capacités humaines, techniques de recevoir cette offre-là et si elles n'auront pas besoin, à un moment donné, de voir leurs ressources accrues, pour réussir à le faire (et vous verrez qu'ensuite j'aurai une question qui nous permet peut-être de voir).

2479   M. BOUGIE : Bien écoutez. C'est évident qu'il ne faut pas... Il faut « faire attention aux cadeaux de Grec », comme on dit, dans le sens qu'on nous propose des contenus gratuits. En retour, on s'attend à ce qu'il y ait une collaboration au niveau de la couverture de certains événements locaux.

2480   Maintenant, dans les grands principes, dans les approches que j'ai eues avec Cogeco, on semble montrer de l'ouverture, parce que c'est évident, quand une...

2481   La radio de Natashquan, pour reprendre vos deux exemples, et la radio de Maniwaki, c'est pas les mêmes moyens. Il y en a une qui a des journalistes, l'autre qui n'en a pas.

2482   Alors bon, est-ce qu'on peut parler d'avoir un correspondant ou, dans certains cas, de servir de relais avec les instances locales, par exemple, pour faire le relais avec le maire de la place ou des choses comme ça? Je pense que le succès, en fait, l'intérêt pour nous, certainement, c'est au niveau de pouvoir avoir des contenus, qu'on passe régional, national, international, comme je le disais, qui pourrait permettre de concentrer.

2483   Mais c'est à ce niveau-là qu'il reste, à mon sens, des choses à préciser au niveau du retour d'ascenseur qui est attendu de la part de nos médias.

2484   CONSEILLÈRE POIRIER : Et si je posais la question, c'est que vous avez ouvert la porte à demander (et je pense que c'est au paragraphe 26), que les sommes allouées à la radio communautaire québécoise soient disponibles pour l'ensemble de la province.

2485   Et je ne connais pas les règles, là... J'avoue que je ne sais pas si ça doit être dédié à de la production, à quoi exactement. Pouvez-vous m'informer, quand vous recevez comme ça des argents qui viennent d'avantages tangibles suite à des transactions, à quoi, légalement, peuvent-elles être affectées?

2486   M. BOUGIE : Bien, j'aurais de la misère à vous répondre -- ça serait une première -- mais je pense que c'est... Ma perception des choses, c'est une négociation avec l'entreprise qui le fait dans le cadre de ses avantages tangibles. Il y a déjà une partie qui va au Fonds de la radio communautaire, ça, c'est fait de toute façon; dans la nouvelle réglementation ça a été spécifié.

2487   Maintenant, pour le reste, je pense que c'est des discussions avec la personne pour voir qu'est-ce qui pourrait être dans le meilleur intérêt de tout le monde à ce niveau-là.

2488   CONSEILLÈRE POIRIER: Alors, pourquoi ce serait important que ça ne vienne pas uniquement dans le marché de Montréal? Pourquoi est-ce que ce serait important que ces sommes-là puissent être dédiées à l'ensemble de la province, tel que vous le demandez?

2489   M. BOUGIE : Bien, parce que pour moi, ma vision, c'est qu'on peut toujours faire plus en faisant des projets qui sont mutualisés, pour lesquels on les fait pour l'ensemble.

2490   Si on parle... Je lance des choses comme ça, mais ça peut être des programmes de formation pour nos journalistes. On parlait de renforcer la capacité de nos organisations à participer à ce système-là, ça peut être la question des journalistes.

2491   Je faisais référence à notre rôle d'école de formation. Est-ce que ce rôle-là peut être reconnu, dans le cadre d'une telle entente et de dire que oui, la radio communautaire, c'est souvent la place où les gens font leurs premiers pas pour ensuite aller vers la radio publique ou la radio privée.

2492   Bien, à ce niveau-là, nous, ce rôle-là peut être renforcé par des programmes qui pourraient développer dans ce cadre-là.

2493   CONSEILLÈRE POIRIER : Je le sais que vous en êtes au début dans vos négociations, mais quand même, est-ce qu'il n'y aurait pas -- et là, j'essaie d'imaginer le pire, aussi... on reste dans le domaine du « cadeau de Grec », est-ce qu'à la limite, il ne pourrait pas y avoir un risque que les radios communautaires mettent à pied du personnel parce qu'ils auraient une agence qui leur fournit les nouvelles?

2494   M. BOUGIE : Non, parce que cette agence-là ne couvrira pas l'information locale aussi bien que nos médias peuvent le faire.

2495   Je pense que ça, c'est vrai pour les radios communautaires ou pour les radios indépendantes en région. Alors, ça... Moi, ça ne me fait pas peur, à ce niveau-là. Le risque de glissement -- peut-être que le mot est mal choisi -- c'est une visibilité accrue pour nos journalistes qui peuvent se faire recruter un peu plus rapidement.

2496   Mais ça, ça fait partie de la « game », comme on dit en chinois. Et puis, comme je le disais aussi, je pense que nous, ce qu'on est en train de vouloir faire, à l'Association, c'est plus de voir ça en tant que modèle d'affaires plus que comme un problème.

2497   On ne se battra pas contre cette réalité-là. On ne pourra jamais compétitionner au niveau des conditions. On peut donner aux gens des formidables opportunités de vraiment se faire la main en arrière du micro plus que... d'aller un peu plus loin que dans les écoles.

2498   Mais je pense... puis pour faire un lien avec qu'est-ce qu'on disait juste avant avec les avantages tangibles, je pense que de plus en plus, tant avec la Société Radio-Canada qu'avec les radios privées, ce modèle d'affaires-là, la radio communautaire c'est quelque chose qu'on va essayer de voir, de travailler en partenariat avec ces gens-là pour voir comment on peut tout le monde travailler ensemble puis tout le monde en bénéficier.

2499   CONSEILLÈRE POIRIER : O.K. Considérant que vous avez dit qu'il y a certains marchés où seulement la radio publique est celle qui peut donner de l'information, je dirais, d'un niveau de qualité assez élevé et qu'il reste les stations communautaires qui font souvent avec ce qu'elles peuvent pour donner de l'information, est-ce que le fait que vous puissiez profiter de cette agence-là viendrait rehausser la diversité des voix, dans ces marchés-là, et même le niveau de qualité de l'information?

2500   M. BOUGIE : La diversité des voix, je ne pense pas. Moi, je pense que ce que ça va permettre, c'est vraiment pour les radios qui ont des plus petits moyens de concentrer leurs ressources à faire de la production locale. Si je n'ai plus besoin... En fait, si j'estime...

2501   Parce qu'encore là, l'approche de Cogeco me semble assez ouverte, en ce sens qu'il n'y a aucune obligation. Mais pour une radio qui estime que le bulletin national ou international est de qualité suffisante pour ses auditeurs, on n'a plus besoin d'affecter des ressources à ça, on peut se concentrer à aller couvrir l'information locale.

2502   Donc, est-ce qu'on augmente la diversité? Non. Est-ce qu'on augmente la qualité? C'est le potentiel qui est là.

2503   CONSEILLÈRE POIRIER : Et ma dernière question : Si je comprends bien le dernier paragraphe, le paragraphe 30, l'avant-dernier, vous ne vous prononcez pas clairement à l'effet que vous appuyez ou non une exception. Est-ce que je comprends bien?

2504   M. BOUGIE : Bien, oui. On est très prudent à essayer de vraiment se prononcer là-dedans. Je pense que ce qui est important de retenir, c'est quand je dis « mesure exceptionnelle, conditions exceptionnelles ».

2505   Il faut s'assurer que les formats sont respectés pour que le paysage radiophonique ne soit pas trop changé, se mettre à l'abri de stratégies... Je ne veux pas prêter d'intention à Cogeco, ce n'est pas du tout mon intention, mais de stratégies qui feraient que parce que le format d'une radio serait changé suite à une licence octroyée... je pense que tout ça aussi est lié à un désir de mieux soutenir les régions -- on ne peut pas être contre la vertu -- et de l'agence de nouvelles.

2506   Donc, je pense qu'il y a beaucoup d'éléments dans cette demande d'exception-là qui font... Parce qu'il y a un risque d'ouvrir une boîte de Pandore pour le conseil, ça il faut en être conscient...

2507   CONSEILLÈRE POIRIER : Donc, vous dites « On est peut-être prêt à l'appuyer s'il y a des conditions de licence qui sont là. »

2508   M. BOUGIE : C'est ça. On n'est pas contre l'idée, en autant que cette exception-là soit très bien cadrée.

2509   CONSEILLÈRE POIRIER : O.K.

2510   Merci beaucoup, Madame la Présidente.

2511   LA PRÉSIDENTE : Merci, Madame Poirier.

2512   Monsieur Morin?

2513   CONSEILLER MORIN : Merci, Madame la Présidente.

2514   Votre réseau de télévision communautaire, est-ce que vous avez déjà reçu une offre semblable d'un autre radiodiffuseur?

2515   M. BOUGIE : Vous parlez au niveau de l'agence de nouvelles?

2516   CONSEILLER MORIN : Oui, ce qu'ils vous proposent.

2517   M. BOUGIE : À ce niveau-là? Non.

2518   CONSEILLER MORIN : Est-ce que, d'après vos informations, à travers le monde (parce qu'il y a des radios communautaires partout), est-ce que vous êtes au courant qu'il y a eu un modèle semblable, déjà, de proposé ou qui a été mis en place?

2519   M. BOUGIE : Bien, j'aurais du mal à répondre à cette question-là. Au meilleur de ma connaissance, des ententes ou des collaborations aussi formelles entre deux secteurs comme ça? Non.

2520   Il y en a parfois avec le système public, mais sous cette forme-là, à ma connaissance, non.

2521   CONSEILLER MORIN : Donc, ça serait vraiment une passerelle avec l'entreprise privée?

2522   M. BOUGIE : Oui.

2523   CONSEILLER MORIN : Puis ça ne vous fait pas peur, ça?

2524   M. BOUGIE : Euh, non. Ça ne me fait pas peur parce que je pense que les rôles de tous et chacun sont très bien définis, et encore mieux depuis le dépôt de la nouvelle réglementation sur la radio communautaire.

2525   C'est un système à trois piliers où les... si tout le monde joue bien son rôle. Ce qui peut me faire peur, c'est ce à quoi je référais plus tard, c'est de la minute que les gens changent les règles du jeu en cours de route.

2526   Mais si tout le monde joue bien son rôle, je pense qu'en bout de ligne, on ne pense pas, en terme de radio privée, publique ou communautaire, mais en terme de citoyen et de son droit à des contenus de qualité et diversifié.

2527   Donc, ça, ça ne me fait pas peur, des partenariats comme ça, parce que de toute façon, on ne vit pas en vase clos. Je parlais de notre rôle de formation, tantôt. C'est un fait. Puis en ce sens-là, pourquoi on ne pourrait pas travailler en partenariat sur certaines choses, d'autant plus qu'on ne se voit pas nécessairement en compétition non plus.

2528   CONSEILLER MORIN : Parce que souvent, vos journalistes en apprentissage vont travailler pour l'entreprise privée?

2529   M. BOUGIE : Tout à fait; la majorité. Il y a un très, très haut taux de roulement dans les radios communautaires au niveau du personnel journalistique, pour ne parler que de celui-ci.

2530   On ne parle pas des animateurs et de tout ça, mais c'est la même réalité. Les gens font leurs premiers pas en radio communautaire et vont aller ailleurs après. Ça fait partie d'un de nos rôles, d'une des réalités avec lesquelles nos gestionnaires doivent composer.

2531   CONSEILLER MORIN : Et c'est dans ce sens-là, aussi, que le CRTC dans sa dernière politique sur la radio communautaire a extrait de l'argent du fonds Factor pour l'attribuer aux radios communautaires et MusicAction.

2532   M. BOUGIE : Oui. Bien, en fait, nous, nos demandes allaient au sens... En fait, c'était de... On a fait la démonstration qu'une radio communautaire s'adressait à des niches d'auditeurs, ou des territoires d'auditeurs qui étaient difficiles à rentabiliser, donc, qui ont été généralement délaissés par la radio privée, parce qu'elle ne considérait pas ces niches ou ces marchés-là assez rentables. Donc, en partant, on est dans une faille de marché.

2533   Donc, les revenus publicitaires ne peuvent pas être suffisants, les revenus publics sont très négligeables dans le montage financier d'une radio communautaire. Les milieux sont sursollicités.

2534   Donc, nous, la démonstration qu'on faisait, c'était que pour vraiment bien jouer notre rôle, puis on y allait en termes de prévisions, en besoin de ressources humaines, ne serait-ce que d'avoir un journaliste dans chacune des 140 radios communautaires et de campus du Canada.

2535   Donc, c'est à cet effet-là. Puis je rajoute le rôle de formation qu'on joue, le rôle de diffusion de la relève artistique. Alors, tout ça fait que le système, il doit avoir un retour pour offrir à nos médias une meilleure capacité de jouer leur rôle.

2536   CONSEILLER MORIN : Au paragraphe 18, vous dites que l'agence demande aux radios communautaires et indépendantes de servir de relais à l'information en cas d'événements locaux d'importance. Ça veut dire détacher un journaliste, s'il y a une catastrophe naturelle ou quelque chose d'important... C'est eux qui décideraient ou c'est vous?

2537   M. BOUGIE : Euh, non. Bien, en fait, dans ma compréhension du système, c'est eux qui décident, au sens que par exemple, s'il y a quelque chose qui se passe dans le complexe La Romaine sur la Côte-Nord, bien ils pourraient appeler quelqu'un à Havre Saint-Pierre qui serait dans notre radio CILE, là-bas, qui lui pourrait amener un regard plus proche sur l'événement, au lieu de eux, avoir à dépêcher un journaliste.

2538   Donc, en ce sens-là, c'est clair qu'il y a un avantage pour eux aussi, parce qu'on parle de la radio communautaire, mais on peut parler de toutes les radios indépendantes en région, donc...

2539   CONSEILLER MORIN : Est-ce que vous avez consulté l'ensemble de vos membres là-dessus?

2540   M. BOUGIE : Non, pas encore. Puis c'est pour ça que je suis très prudent dans ce que j'avance aujourd'hui. Tant de la position de mes membres que l'état des discussions avec Cogeco ne me permettent pas de prendre une position ferme.

2541   On salue l'initiative; on pense qu'il y a quelque chose d'intéressant à explorer, mais on attend d'avoir plus d'information pour évaluer le bien... est-ce que c'est bon ou non pour nous.

2542   CONSEILLER MORIN : Est-ce que vous pensez que vous pourriez les rallier à cette proposition?

2543   M. BOUGIE : Oui. Je pense que oui.

2544   CONSEILLER MORIN : Et enfin, dernière question : Combien de stations communautaires pourraient répondre à la demande de Cogeco, à supposer que ce système-là soit mis en place, compte tenu de vos effectifs qui sont bien différents d'une région à l'autre et d'une radio communautaire. Vous avez 34 stations communautaires au Québec, il y en a combien qui « comme ça », un coup de téléphone de Montréal, vous êtes en mesure de mettre à la disposition de l'agence un journaliste pour disons deux jours parce que c'est un truc assez important?

2545   M. BOUGIE : Bien, il y a deux choses dans votre question. Premièrement, les attentes de Cogeco, à ce niveau-là, elles ne sont pas assez claires pour moi, en ce moment pour vraiment répondre.

2546   Maintenant, si je vais à la deuxième partie de ça...

2547   CONSEILLER MORIN : Je parle d'un événement quand même important.

2548   M. BOUGIE : Un événement, on a besoin d'un journaliste sur le cas. Facilement, le trois-quarts de nos membres seraient capables de dépêcher quelqu'un, à ce niveau-là.

2549   CONSEILLER MORIN : Pour une période de 48 heures?

2550   M. BOUGIE : Bien là, il faudrait que j'évalue, là, mais je veux dire...

2551   CONSEILLER MORIN : Non, mais vous connaissez comment...

2552   M. BOUGIE : En fait, le trois-quarts de nos membres pourraient avoir un répondant qui est là. Maintenant, le détacher... Tout ça, c'est...

2553   C'est là que je vous dis, au niveau de l'information sur le projet au niveau des attentes, au niveau de la capacité de tout ça de renforcer nos ressources humaines à répondre à cette question-là, je ne pourrais pas vous donner de réponse précise à ce niveau-là.

2554   CONSEILLER MORIN : Merci.

2555   Ce sont là mes questions.

2556   LA PRÉSIDENTE : Merci beaucoup, Monsieur Bougie, pour votre participation à l'audience aujourd'hui.

2557   M. BOUGIE : Merci beaucoup.

2558   LA PRÉSIDENTE : Nous allons prendre, Madame le Secrétaire, une pause de 10 minutes, ça va permettre aussi de donner un petit peu plus de temps à Cogeco.

2559   LA SECRÉTAIRE : Parfait.

2560   LA PRÉSIDENTE : Merci.

--- Upon recessing at 1534

--- Upon resuming at 1546

2561   LA SECRÉTAIRE : Avec le dernier intervenant que nous avons entendu, ce qui nous amène à la Phase III et au cours de laquelle le requérant peut répondre à toutes les interventions soumises au sujet de sa demande. Alors, je vous invite donc à vous représenter aux fins du dossier, s'il vous plaît, et par la suite débuter votre réplique.

2562   LA PRÉSIDENTE: Si je peux me permettre, monsieur Lachance, avant votre réplique, on avait des questions en suspens. Donc, on réglera les questions en suspens et après ça vous pourrez enchaîner avec votre réplique.

2563   M. LACHANCE: C'est ce que nous allons faire, madame la présidente.

REPLY

2564   M. MAYRAND: Alors, madame la présidente, mesdames et messieurs les conseillers, membres du personnel, mon nom est Yves Mayrand.

2565   Je ne vous représenterai pas tout notre plan de présentation, il est également le même et dans le même ordre que lors de la présentation principale.

2566   Avant de présenter notre réplique finale, nous tenons à prendre quelques instants pour répondre aux questions restées en suspens lors de notre comparution d'hier.

2567   Premièrement; au sujet de la façon de quantifier le montant des avantages tangibles advenant un refus par le Conseil de consentir à l'exception que nous demandons pour CHMP-FM dans le marché francophone de Montréal.

2568   Voici ce que COGECO propose. Bien que des avantages pourraient être non requis dans les circonstances, nous sommes disposés à verser des avantages tangibles représentant six pour cent de la valeur totale de la transaction de 80 millions de dollars conclue avec CORUS, soit 4,8 millions de dollars, même si le Conseil exige le dessaisissement de CHMP-FM.

2569   Pour plus de clarté, COGECO demande cependant au Conseil de ne pas exiger le versement en double d'avantages tangibles lors de la vente de cette même station à un tiers, conformément à l'exigence du Conseil, le cas échéant.

2570   Deuxièmement; concernant les engagements additionnels à l'égard de la programmation des stations régionales que COGECO est prête à prendre dans le cas où le Conseil consentirait à l'exception demandée pour CHMP-FM dans le marché francophone de Montréal.

2571   Nous rappelons d'abord que les engagements actuellement en vigueur en matière de diffusion de bulletins de nouvelles locales à CHLN-FM, CHLT-FM et CJRC-FM varient entre trois heures sept minutes et trois heures trente-cinq minutes par semaine. Dans le cadre de notre demande de transfert déposée le 30 juin dernier, nous nous étions engagés à hausser cet engagement de manière uniforme, à trois heures 40 minutes par semaine, au minimum.

2572   De façon à rassurer le Conseil sur la volonté ferme de COGECO de relancer les stations régionales et d'ancrer notre stratégie de relance autour d'une radio de proximité, si le Conseil accorde l'exception demandée pour CHMP-FM dans le marché de Montréal, COGECO est prête à accepter une condition d'approbation pour porter ce niveau minimum à quatre heures vingt minutes par semaine sur chacune de ces stations.

2573   Toujours si le Conseil accorde l'exception demandée pour CHMP-FM dans le marché de Montréal, COGECO accepte aussi une condition d'approbation exigeant de diffuser un minimum de 50 heures de programmation locale par semaine sur chacune de ces stations.

2574   Nous nous engageons toujours dans le même cas à exploiter ces stations selon la formule de prépondérance verbale.

2575   Troisièmement, au sujet du calendrier de mise en oeuvre du plan de relance des stations régionales et de la création de l'agence de nouvelles.

2576   Si le Conseil accorde l'exception demandée pour CHMP dans le marché de Montréal, nous réitérons d'abord que COGECO est disposée à être assujettie à une condition d'approbation de la transaction portant sur l'implantation de cette agence.

2577   De plus, la mise en place de cette agence se fera de façon progressive à partir de février 2011 et sera complétée du plus tard en juin 2011.

2578   Toujours si le Conseil accorde l'exception demandée pour CHMP-FM dans le marché de Montréal, vu l'urgence de la situation en région, nous confirmons que les engagements proposés pour la programmation de CHLN-FM, CHLT-FM et CJRC-FM entreront en vigueur au plus tard en février 2011.

2579   Par ailleurs, par souci de clarté, nous tenons à clarifier notre réponse d'hier à l'une des questions de madame Louise Poirier.

2580   Nous nous sommes engagés à respecter les engagements et conditions de licence de CFOM-FM, mais contrairement à ce que notre réponse a pu laisser croire, il n'y a pas de condition de licence portant sur un minimum d'heures de créations orales à CFOM-FM.

2581   Ce genre de condition est plutôt rattaché aux licences des stations régionales qui sont exploitées selon une formule de programmation à prépondérance verbale, soit à Trois-Rivières, Sherbrooke et Gatineau.

2582   Alors, voilà, madame la présidente, je pense que ça complète nos réponses à vos questions d'hier.

2583   LA PRÉSIDENTE: Juste un petit point de clarté. Monsieur Mayrand, rappelez-moi parce que je ne connais pas toutes vos lettres d'appel par coeur, CFOM-FM est à Lévis?

2584   M. MAYRAND: C'est une des stations de CORUS de Québec, effectivement listée sous Lévis.

2585   LA PRÉSIDENTE: Parfait. Merci.

2586   M. MAYRAND: Alors, si vous souhaitez poser des questions relativement à ces engagements, nous sommes disponibles pour y répondre maintenant. Si vous préférez, nous pouvons passer à la réplique aux interventions.

2587   LA PRÉSIDENTE: Donnez-moi juste une minute, s'il vous plaît.

2588   M. MAYRAND: Je vous en prie.

--- Pause

2589   CONSEILLER MORIN: Simplement pour les nouvelles locales, on s'entend bien que c'est trois heures... c'était trois heures 40; votre engagement passe à quatre heures 20 par semaine?

2590   M. MAYRAND: Oui. C'est ce qui est marqué dans ce qu'on vous a donné comme document.

2591   CONSEILLER MORIN: Et, ça, c'est sur sept jours?

2592   M. MAYRAND: Sur sept jours par semaine.

2593   CONSEILLER MORIN: Donc, ça fait 40... ça fait 20 minutes, ça fait 40 minutes par station par semaine.

2594   M. MAYRAND: Pardon? De plus?

2595   CONSEILLER MORIN: De plus

2596   M. MAYRAND: De plus, oui, de plus.

2597   CONSEILLER MORIN: Et ça prend... est-ce que vous maintenez ça avec le nombre de journalistes actuels?

2598   M. MAYRAND: Le nombre de journalistes, monsieur Morin, que nous avons indiqués dans un document complémentaire que nous avons produit, là, au dossier, vous savez que c'est un nombre minimum de journalistes. Alors, il pourrait sûrement, avec le temps, s'en rajouter plusieurs autres.

2599   Je dois cependant vous rappeler que, comme nous l'indiquions dans notre présentation principale hier, vous savez, en bout de piste, nous allons nous retrouver avec au plus, tout dépendant de votre décision, au plus 13 stations de radio au Québec. Alors que certains groupes qui en disposent du double ont peut-être une quarantaine de journalistes, nous en proposons 33.

2600   Alors, c'est une proposition claire, non équivoque, minimale, mais en toute honnêteté, monsieur Morin, nous espérons que le Conseil choisira, dans sa sagesse, de ne pas nous imposer un plancher minimum plus grand dès le départ alors que nous avons à gérer la transition, créer l'agence, la mettre en pratique et développer notre plan d'affaires.

2601   CONSEILLER MORIN: Et ce sont, bien sûr, des nouvelles locales. Ça va paraître en ondes cette augmentation-là?

2602   M. MAYRAND: Ce sont des bulletins de nouvelles locales et je pense qu'il faut être... faire très attention de ne pas dire que les bulletins qui sont produits entièrement localement avec des ressources locales pour chacune et par chacune des stations, ne vont traiter que de nouvelles locales.

2603   Je pense qu'on s'entend là-dessus. Ils vont traiter de nouvelles locales, de nouvelles qui ne sont pas nécessairement locales, mais qui ont un aspect local et qui méritent, selon le choix éditorial de chaque station, un traitement local.

2604   Mais je pense qu'il faut faire attention de ne pas dire, là, que toutes les nouvelles à 100 pour cent seront uniquement des nouvelles qui proviennent de la région de Gatineau à Gatineau ou de Trois-Rivières à Trois-Rivières ou de Sherbrooke à Sherbrooke.

2605   M. LACHANCE: Mais on se comprend, monsieur Morin, que ces bulletins de nouvelles-là seront construits dans les stations localement, par des gens, localement.

2606   CONSEILLER MORIN: Est-ce que ce sont des bulletins... est-ce que vous avez, pour atteindre ce chiffre-là, est-ce que vous avez multiplié les bulletins de nouvelles?

2607   M. LACHANCE: Je vais demander à Michel Lorrain qui est dans le cadre du secteur d'Information de vous répondre.

2608   M. LORRAIN: Mais, en fait, encore là c'est un engagement minimum et nous avons déposé au Conseil une grille de bulletins de nouvelles projetée pour la mise en marche de l'agence le plus tôt possible et où on parle de trois heures 53 minutes... de quatre heures 53 minutes par semaine.

2609   Alors, ce qu'on fait tout simplement, c'est... on a des bulletins de nouvelles qui sont prévus à chaque heure, aux heures de grande écoute, je le répète, de 0600 le matin à 1800 le soir et on ajoute du contenu local à l'intérieur de ces bulletins-là, ce qui fait qu'un bulletin de nouvelles peut passer, par exemple, sur une projection minimum de trois minutes, on peut l'amener à quatre, à cinq voir six ou sept minutes.

2610   M. LACHANCE: Je voudrais aussi, monsieur Morin, rassurer le Conseil sur un point. Bien que comme nous vous déposons ici, nous disons bien sûr que l'agence de nouvelles, elle sera progressive, elle aura sa pleine capacité en juin 2011, il est clair que comme le Groupe Simard qui reçoit déjà les nouvelles du Groupe CORUS au jour 1 de la prise de possession de COGECO, le Groupe Simard et les autres stations s'y rattachant qui reçoivent déjà ce service-là continueront à recevoir, bien sûr, le service qui sera dans l'agence de nouvelles de COGECO puisque nous allons continuer dans les différentes stations à faire des nouvelles.

2611   Mais l'entité COGECO nouvelles au complet sera formée d'une façon définitive, prendra vraiment le plein de son envol au mois de juin 2011.

2612   M. LORRAIN: Et dernier point, si vous le permettez, en ce qui concerne les effectifs qui sont de 33 pour notre groupe, j'attire aussi votre attention sur le fait que nous avons eu des manifestations d'intérêt de la part de groupes indépendants à qui nous avons parlé au cours des dernières semaines et au cours des derniers mois.

2613   Vous avez entendu aujourd'hui le Groupe Simard qui ont des journalistes à Rimouski, qui sont à Rivière-du-Loup La Pocatière, qui se retrouvent en Beauce.

2614   Vous avez entendu Yves Hébert et la station CKRS à Chicoutimi. On parle de quatre journalistes supplémentaires.

2615   J'ai parlé à Kenneth Gagné à Matane et il est prêt à mettre en commun ses journalistes avec les nôtres pour travailler. Même chose à Sept-Îles, même chose avec Francis Rémillard à New Carlisle ou, encore, à madame Neveu à Ville-Marie et ainsi de suite.

2616   Si on fait le décompte de ces journalistes-là, on parle de 21 journalistes qui se trouvent actuellement dans des stations indépendantes, qui ont manifesté un intérêt pour notre projet, et si on les ajoute au 33 de notre groupe bien, là on tombe à 50, 53, 54 journalistes qui pourraient composer dès le départ l'agence de nouvelles de COGECO.

2617   M. LACHANCE: Je voudrais aussi rassurer monsieur le conseiller Morin parce que je sais que vous êtes une personne très, très, très proche de l'information, vous en avez fait, vous en consommez encore beaucoup.

2618   Je vous ai entendu poser des questions sur le fait que surtout aux gens de la FPGQ, est-ce que vous pouvez me nommer une nouvelle, entre autres, qui a été reprise ailleurs depuis quelques années, qui sans être un scoop directement, mais au moins une prise d'information importante. Je pense que les journalistes des radios parlées n'ont pas le même mandat que les journalistes des stations musicales.

2619   Dans une station de radio parlée sur ces plate-formes-là, là où COGECO propose de mettre des shows d'information locale le matin et un show d'information locale le midi, il va de soi qu'ils ont dans leur mandat, bien sûr, de faire du journalisme de recherche et, également, d'aller beaucoup plus loin avec l'information, alors que dans une station de radio locale c'est l'essentiel de l'information que l'on retrouve.

2620   M. LORRAIN: Ce qui ne nous empêche pas, par contre, de diffuser des primeurs et nous allons le faire.

2621   LA PRÉSIDENTE: Merci. Vous avez très bien complété les questions qui étaient en suspens et vous pouvez procéder avec votre réplique finale.

2622   M. LACHANCE: Merci, madame Lamarre.

--- Pause

2623   M. MAYRAND: Alors, dans ce cas, madame la présidente, permettez-moi de passer à la partie réplique immédiatement.

2624   Nous désirons d'abord remercier sincèrement les quelque 130 intervenants de toute provenance et groupe d'intérêts qui ont écrit au Conseil pour appuyer la demande déposée par COGECO, et, évidemment, plus particulièrement la douzaine d'intervenants, de provenance et d'intérêts diversifiés aussi qui ont pris la peine de se présenter à cette audience pour demander au Conseil de donner son approbation à notre demande, telle que soumise.

2625   En réplique à l'intervention d'ASTRAL, lors de sa comparution, ASTRAL a dit en substance, primo; qu'il n'y a aucune raison de consentir l'exception demandée par COGECO et que cela constituerait un précédent qui ouvrirait la porte à d'autres demandes comparables ailleurs au Canada; deuxièmement, que consentir l'exception entraînerait un déséquilibre concurrentiel dans le marché de Montréal; troisièmement, que de toute façon, il y aurait des acquéreurs intéressés à acheter CHMP-FM et, enfin, quatrièmement; que le Conseil n'a pas à se préoccuper de l'avenir des stations régionales puisque COGECO continuera d'exploiter les stations régionales même si le Conseil ne lui permet pas d'acquérir CHMP-FM.

2626   Reprenons chacun de ces éléments.

2627   Premièrement, concernant la question des critères sur lesquels le Conseil doit se baser pour consentir à une exception, ASTRAL a totalement occulté l'impact des importants transferts d'écoute francophone dont ses stations de langue anglaise à Montréal profitent très largement.

2628   Comme nous l'avons clairement démontré, ce phénomène est unique à Montréal. Nulle part ailleurs une même titulaire est-elle à la fois un acteur incontournable dans le marché anglophone et un joueur très important dans le marché francophone au sein d'un même territoire bilingue.

2629   Cette situation, unique à Montréal, permet donc à ASTRAL de profiter de sa position dominante dans le marché anglophone de Montréal pour proposer des plans de vente combinés sur ses cinq stations de langues anglaise et française, ce qui assure à ses stations francophones des niveaux de ventes largement supérieurs à leur part d'écoute dans le marché.

2630   Et je vous rappelle que nous vous avons soumis en réplique, en annexe de notre réplique, des copies de certains de ces plans de vente.

2631   Puisque cette situation est propre au marché de Montréal, elle ne pourrait d'aucune façon servir de précédent dans d'autres marchés au Canada pour justifier une exception à la politique sur la propriété commune en radio par marché.

2632   Le Conseil a accordé peu d'exceptions à sa politique, mais chaque fois qu'il l'a fait, comme à Windsor et à St-Johns, il a tenu compte des considérations particulières qui militaient, dans chacun de ces cas, en faveur d'une exception. Il en va de la nature même d'une exception.

2633   Dire oui à notre demande d'exception n'ouvre pas la porte à d'autres demandes basées sur les mêmes motifs puisque la situation sur laquelle est fondée notre requête n'existe nulle part ailleurs au pays.

2634   Deuxièmement, concernant le déséquilibre concurrentiel évoqué par ASTRAL, dans le seul marché francophone de Montréal, COGECO soumet que rien ne va changer au détriment d'ASTRAL à la suite de la transaction au plan des parts de recette publicitaires, puisque comme nous l'avons déjà indiqué, Groupe Force Radio assure déjà, depuis 2007, les ventes nationales des stations détenues par CORUS et COGECO dans le marché de Montréal.

2635   Les parts de marché pour l'ensemble du Québec seront toujours largement favorable à ASTRAL car au moins deux des stations présentement représentées par Groupe Force Radio seront vendues à des tiers, et COGECO sera toujours absente de certaines régions où ASTRAL dispose de stations de radio.

2636   Malgré tous les efforts déployés par Groupe Force Radio et malgré la part d'écoute importante générée par les stations de CORUS et COGECO à Montréal, ces stations ne parviennent toujours pas à accaparer des revenus publicitaires nationaux d'un niveau équivalent à leurs parts d'écoute.

2637   Par ailleurs, COGECO rappelle au Conseil que la part d'écoute d'ASTRAL dans le marché anglophone de Montréal est de 63 pour cent, ce qui, de toute évidence, lui semble parfaitement acceptable, même si une telle emprise ne se retrouve dans aucun autre marché majeur de langue anglaise au pays, ayant plus de 800 000 personnes.

2638   COGECO rappelle aussi que le 19 novembre 2001 lors de l'audience portant sur le transfert des stations de radio de Télémédia à ASTRAL, le président d'Astral Radio, monsieur Jacques Parisien, jugeait alors qu'il n'y avait aucune inquiétude à y avoir en terme de concurrence, du fait de détenir une part de 57 pour cent de l'écoute dans le marché francophone de Montréal et 100 pour cent des parts de l'assiette publicitaire dans des marchés comme Trois-Rivières et Sherbrooke.

2639   Il ajoutait même, en réponse à une question de la présidente de l'audience qu'une telle situation serait profitable au dynamisme de l'industrie de la radio, advenant l'approbation par le Conseil du transfert des stations détenus par Télémédia. Transfert que le Conseil a d'ailleurs approuvé.

2640   Pourquoi, dès lors, le fait de détenir une part d'auditoire supérieure à celle d'ASTRAL dans le seul marché francophone de Montréal devrait-il soudainement être néfaste à l'équilibre concurrentiel dans ce marché? Comme le disait avec humour la conseillère Poirier hier: « Ce qui et bon pour pitou l'est aussi pour minou. »

--- Rires

2641   LA PRÉSIDENTE: Ça va rester. Ça va rester.

2642   M. MAYRAND: Troisièmement, ASTRAL fait valoir que le Conseil n'a pas à craindre d'imposer à COGECO de se départir de CHMP-FM puisque, de toute façon, il y aura des acquéreurs pour acheter cette station et continuer son exploitation.

2643   COGECO n'a jamais prétendu qu'il n'y aurait aucun acheteur éventuel pour la station CHMP-FM dans le cas où le Conseil rejetterait sa demande d'exception pour le marché de Montréal. Nous soumettons, toutefois, que dans un scénario où COGECO serait tenu de se départir de CHMP-FM, rien n'assure que la formule de programmation à prédominance verbale de la station serait préservée. Tout porte à croire le contraire.

2644   Dans son intervention ce matin, Tietolman Tétrault Média a d'ailleurs clairement indiqué que si elle pouvait acquérir cette station, elle la convertirait en station musicale.

2645   Ainsi, on risquerait fort de se retrouver devant la situation paradoxale où on sacrifierait une formule à prépondérance verbale qui remporte un grand succès et contribue à la diversité des contenus dans le marché francophone de Montréal pour une formule musicale dont le succès est plus qu'incertain.

2646   COGECO rappelle à cet égard que CORUS, le propriétaire actuel de CHMP-FM, a mis à l'essai au moins trois formules différentes de programmation de musique populaire sans succès, avant de finalement opter pour la formule actuelle axée sur les informations et les affaires publiques et connaître par la suite une croissance soutenue de son écoute.

2647   Quant à l'idée voulant qu'il faudrait confiner la radio parlée à la bande AM, c'est faire totale abstraction de l'implacable réalité de l'univers de la radio francophone au Québec.

2648   Peu importe les raisons qui ont conduit à cet état de fait, il n'en demeure pas moins que les francophones ont déserté depuis longtemps cette bande de fréquence au profit de la bande FM et qu'un retour en arrière est illusoire.

2649   Par ailleurs, ASTRAL a affirmé que le Conseil n'a pas à se préoccuper de l'avenir des stations régionales, puisque COGECO continuerait à les exploiter, même dans le cas où le Conseil lui refuserait l'exception demandée pour CHMP-FM dans le marché de Montréal.

2650   Soyons réalistes. COGECO poursuivrait à court terme l'exploitation de ces stations avec les moyens réduits qui resteraient à sa disposition. Mais à défaut d'obtenir l'exception demandée pour CHMP-FM et de pouvoir maintenir la synergie avec les stations à prépondérance verbale en région, nous ne pouvons garantir la survie de ces stations fortement déficitaires depuis de nombreuses années.

2651   En réplique à l'intervention de Tietolman Tétrault Média, nous notons que la lettre du 7 juin 2010 déposée ce matin n'est qu'une lettre d'intention non contraignante et sans preuve de financement.

2652   Nous notons également la volonté claire de ce groupe de transformer CHMP-FM à nouveau en station de musique populaire, ce qui mettrait un terme inutilement à une grande réussite dans le marché francophone de Montréal.

2653   Enfin, nous notons que la famille Tietolman a choisi de quitter la radio commerciale il y a fort longtemps et qu'elle ne dispose d'aucune base de fonctionnement en radio actuellement. Pourtant, tout acquéreur éventuel doit pouvoir faire face, pour de nombreuses années à venir, à la formidable machine commerciale d'ASTRAL.

2654   En réplique à Evanov, nous rappelons que nous sommes disposés à mettre en vente CKOY-FM. Nous en ferions de même pour CHMP-FM si le Conseil devait l'exiger. Cependant, cette décision, quant à la vente CHMP, mettrait fin au projet de COGECO Nouvelles et de la mise en place d'une véritable alternative en radio d'information et d'affaires publiques au Québec.

2655   De plus, elle compromettrait la survie des trois stations à prépondérance verbale en région et retrancherait 2,4 millions en avantages tangibles.

2656   Il nous fera plaisir de répondre à vos questions.

2657   LA PRÉSIDENTE: Je vous remercie pour votre réplique.

2658   Madame la secrétaire.

2659   LA SECRÉTAIRE: J'ai seulement quelques petites annonces, madame la présidente, à mettre aux fins du dossier.

2660   J'aimerais simplement indiquer que COGECO a déposé en réponse aux engagements les documents suivants: Les grilles de CORUS CJRC Nouvelles, CHLN Nouvelles, CHLT Nouvelles; les grilles Nouvelles proposées par COGECO pour les mêmes stations; la Liste des radios régionales intéressées par l'agence COGECO Nouvelles; les horaires de programmation pour toutes les stations de CORUS ainsi que la carte de rayonnement élargie de CKAC-AM.

2661   Il y a également à l'Ordre du jour trois demandes qui ne comparaissent pas à cette audience et pour lesquelles des interventions ont été reçues. Alors, le Conseil considérera ces interventions avec les demandes et publiant les décisions à une date ultérieure.

2662   LA PRÉSIDENTE: Merci, madame la secrétaire.

2663   Bien, au nom du Comité d'audition, j'aimerais remercier les équipes de COGECO et de CORUS pour leur collaboration à cette audience publique.

2664   Je tiens à souligner la présence de monsieur Louis Audet qui a été très assidu, qui a été en fait notre fan numéro 1, j'imagine, là, pendant ces deux dernières journées. Votre présence est notée et fort appréciée.

2665   Je tiens aussi à remercier tous les participants du public, qu'ils aient comparu ou non, qu'ils aient déposé des interventions en soutien ou en opposition aux demandes qui sont devant nous. C'est la participation du public qui rend si pertinente l'intervention du Conseil et je remercie les gens de la technique qui ont fait en sorte que ça s'est très bien passé.

2666   Et les derniers toujours, mais non les moindres jamais, je tiens à remercier notre personnel pour le travail excellent qu'ils font toujours pour nous, pour nous soutenir lors des audiences publiques.

2667   Merci beaucoup.

--- Whereupon the hearing concluded at 1611

   REPORTERS

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Johanne Morin         Monique Mahoney

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Madeleine Matte

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